The Sun-fish
Eiléan Ní Chuilleanáin, The Sun-fish, Loughcrew, Gallery, 2009, 61 p., ISBN 978 1 85235 482 4
Full text
1Publié quelques mois après le volume des Selected Poems d’Eiléan Ní Chuilleanáin, qui réunit des textes composés entre 1972 à 2001 (extraits de Acts and Monuments, Site of Ambush, The Second Voyage, The Rose Geranium, The Magdalene Sermon, The Brazen Serpent et The Girl Who Married the Reindeer), The Sun-fish propulse l’œuvre de l’écrivain dans des sphères encore non explorées. Ce recueil fait partie des œuvres sélectionnées par le jury du prestigieux prix T. S. Eliot (dont le lauréat sera connu en janvier 2010) – œuvres de dix poètes qui, selon Simon Armitage, « ont rêvé et ont osé ». Rêve et audace sont, en effet, plus que jamais prégnants dans les vers d’Eiléan Ní Chuilleanáin, dont l’univers poétique oscille entre le merveilleux, le fantastique et le réel. Plus exactement, celle-ci parvient, dans ces poèmes ô combien « étranges et pénétrants », à recréer et faire coïncider divers plans de conscience, en un flot d’images, de sensations et de perceptions troublantes, éthérées, composites, intensément présentes.
2Parfois, le sujet sort du monde du « rêve » pour rejoindre le réel : « And the door discreetly closed and turned from a celestial arch / Into merely a door, leaving us cold on the outside. » (« The Door »). Le plus souvent, plusieurs plans coexistent, le quotidien venant s’inscrire dans le « merveilleux » qui le transmute : « She swam at once inside a fluent pantry, […] The silk scarves / Came flying at her face like a car wash » (« The Witch in the Wardrobe »). Le recueil s’ouvre sous l’égide des histoires, des légendes et des contes, « The sleeping beauty in her high tower / With her talking cat asleep / Solid between her feet », pour livrer une poésie mystérieuse, plus énigmatique encore que celle des précédents recueils. Comme l’évoque l’énonciatrice de « After Drinking the Dragon’s Blood », « All this tuning holds back meaning / While setting it free ».
3On retrouve, bien entendu, les tropes essentiels de l’univers poétique d’Eiléan Ní Chuilleanáin : l’omniprésence de l’élément aquatique (comme en témoigne le choix des titres, « The Flood », « The Water », « The Sun-fish », « The Liners »), les images de dissolution, le mouvement continu de flux et de reflux. Toutefois, ces dynamiques sont poussées à l’extrême. Ainsi, la dissolution touche à la désincarnation (« She could no longer see / Her body, its flesh without stain, its innocent skin »). Le flux de l’eau se fige temporairement, pour mieux retrouver sa mobilité. Le motif de la glaciation sous-tend en effet l’ensemble des poèmes, associé au processus inverse (et inversé) de la fonte : « the melting drops on the railings / […] Each one sagging, reflecting the world upside-down. » La glace, le gel, suspendent le mouvement sans pour autant l’arrêter, « in this frosted rush of stasis » (« The Flood »). Souvent, glaciation et pétrification vont de pair :
« The ferry slips like chalk
Leaving its friable mark, like ice gliding
On a marble counter, its shadow melting in the light »
(« Sicily: Ceres and Persephone »)
4Dans ces poèmes, la pierre – monumentale ou gravée – est associée à l’histoire, parfois oblitérée, et à la mémoire : « Write / For those who never made it to the promised shore […] / How they came to a well-made pillar of stone » (« Ascribed »). Tous ces textes mènent une fascinante réflexion sur l’écriture et sur les mots. « A Bridge Between Two Counties » unit ainsi le flot de la marée et celui des consonnes, l’ancrage/encrage du souvenir dans le flux de l’eau, la brume des voyelles vaporeuses, et la dureté minérale du verre et de la pierre :
« So her words
Floated out on the water consonants
Hardly visible in the mist vowels
Melting and the scatter of foam
Like the pebble damage
On a sheet of strong glass. »
5Œuvre de la trace et du signe, la poésie d’Eiléan Ní Chuilleanáin est tramée de lumière. Aveuglante ou visionnaire, cette présence s’allie, dans ce recueil, aux tonalités continues et subtiles de la musique. Sous le titre « The Score », le second poème de « In His Language » fusionne ainsi les vibrations de la lumière et celles de la musique : « hush, the dangling / Strings of glitter hymn the air ». Une telle alliance est constitutive de l’écriture envoûtante d’Eiléan Ní Chuilleanáin, qui convie notre imagination, notre intellect et notre intuition à la profondeur des êtres et du monde.
References
Bibliographical reference
Pascale Amiot, “The Sun-fish”, Études irlandaises, 35-1 | 2010, 164-165.
Electronic reference
Pascale Amiot, “The Sun-fish”, Études irlandaises [Online], 35-1 | 2010, Online since 30 September 2010, connection on 04 December 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesirlandaises/1866; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesirlandaises.1866
Top of pageCopyright
The text only may be used under licence CC BY-NC-SA 4.0. All other elements (illustrations, imported files) are “All rights reserved”, unless otherwise stated.
Top of page