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Comptes rendus de lecture

Ireland’s Misfortune

Nathalie Sebbane
p. 135-136
Référence(s) :

Elisabeth Kehoe, Ireland’s Misfortune: The Turbulent Life of Kitty O’Shea, London, Atlantic Books, 2008, 586 p., ISBN 978-1-84354-561-3

Texte intégral

1L’ouvrage d’Elisabeth Kehoe est la quatrième monographie sur Katherine O’Shea, la première datant de 1975 et la plus récente de 2005. Kehoe propose un travail historique intéressant, même si quelquefois hésitant, et une analyse du rôle politique et public joué par une femme qui n’est malheureusement connue que pour avoir brisé les rêves d’indépendance de toute une génération en entraînant la chute de l’une des figures politiques les plus charismatiques de l’histoire du pays.

2L’ouvrage, composé de vingt chapitres, est très riche et très dense mais la lecture fluide et souvent passionnante.

3Après cinq chapitres introductifs dans lesquels Kehoe passe en revue les enfances respectives de Katherine Wood, William O’Shea et Charles Stewart Parnell, elle entre au cœur de l’histoire irlandaise dans les chapitres 6 à 9, en décrivant l’ascension politique de Parnell, son engagement dans la Land League, son emprisonnement et sa libération.

4Les chapitres 10 à 15 dévoilent une Katie O’Shea inconnue. En effet, l’on y apprend qu’elle a activement participé à la vie politique de son pays, sortant ainsi, stricto sensu, de la sphère privée à laquelle étaient reléguées la plupart des femmes de sa génération, pour entrer dans la sphère publique. Katherine était une femme intelligente, cultivée et qui avait de nombreuses relations. Elle est parvenue à promouvoir la carrière politique de son mari à de nombreuses reprises. Mais surtout, encouragée par son amant, elle a intercédé auprès du Premier Ministre Gladstone lors des multiples négociations sur le Home Rule. Kehoe explique, à juste titre, que ce sont davantage les révélations entourant la participation politique de Katie que celles concernant sa liaison avec Parnell qui précipitèrent la chute du « roi sans couronne d’Irlande ». Il était, en effet, inadmissible qu’une femme, adultère de surcroît, pût jouer un rôle aussi important dans des négociations aussi cruciales. En outre, l’existence de la liaison entre Katie et Parnell, qui dura plus de 10 ans, ne pouvait être restée secrète, et le capitaine O’Shea ne pouvait ignorer que le leader irlandais habitait sous son propre toit en son absence. Les deux époux fonctionnaient sur la base d’un accord tacite qui convenait parfaitement à O’Shea puisqu’il dépendait financièrement de sa femme. Lorsque la tante bienfaitrice de Katie meurt et que Katie est déclaré seule héritière, O’Shea demande le divorce en citant Parnell comme co-défenseur.

5Les chapitres 16 à 18 sont consacrés à ce tournant dans la vie de Katie. Les deux années qui suivent sont douloureuses pour les deux amants. Parnell se défend mal et refuse de renoncer à ses responsabilités politiques. Son aura et son image sont irrémédiablement salies et sa santé se dégrade. Les espoirs d’accéder au Home Rule s’évanouissent. Le divorce est finalement prononcé et Katie et Parnell se marient ; le décès de Parnell survient trois semaines plus tard.

6Les deux derniers chapitres de l’ouvrage sont consacrés à la vie de Katie après le décès de Parnell et notamment à sa situation financière précaire et à la publication de ses mémoires. À cet effet, on peut déplorer que l’historienne termine un ouvrage de cette qualité de manière un peu légère et avec un certain manque de profondeur historique. De même, il aurait été judicieux d’expliquer pourquoi, alors que, dès l’incipit, elle explique que seuls les détracteurs les plus virulents de Katie l’ont jamais appelée « Kitty », Kehoe choisit d’utiliser ce nom dans le titre de son ouvrage.

7Cependant, l’ouvrage soulève la question cruciale des sources, dans la mesure où les mémoires de Katie – source primaire privilégiée de l’ouvrage – sont sujettes à caution puisque Katie a choisi de publier exclusivement des extraits des lettres de Parnell et non celles qu’elle-même lui a adressées. À ce titre, il est difficile de vérifier la véracité de ses dires et nombre d’historiens, spécialistes de Parnell, l’accusent d’avoir altéré la vérité. En outre, il semblerait que Katie ait décidé de publier cet ouvrage pour des raisons financières.

8Il n’en demeure pas moins que le livre est une analyse fine et bien documentée d’une page de l’histoire irlandaise. Même si elle hésite souvent entre romance et histoire, et même si l’absence de sources fiables laisse de nombreuses questions sans réponse, Kehoe s’attache à réhabiliter une femme qui a indéniablement joué un rôle considérable dans le combat politique d’un grand leader nationaliste.

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Pour citer cet article

Référence papier

Nathalie Sebbane, « Ireland’s Misfortune »Études irlandaises, 34-2 | 2009, 135-136.

Référence électronique

Nathalie Sebbane, « Ireland’s Misfortune »Études irlandaises [En ligne], 34-2 | 2009, mis en ligne le 30 juin 2011, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesirlandaises/1704 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesirlandaises.1704

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Auteur

Nathalie Sebbane

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-SA-4.0

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