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AccueilNuméros34-1Comptes rendus de lectureMadness and Murder

Comptes rendus de lecture

Madness and Murder

Nathalie Sebbane
p. 184-185
Référence(s) :

Pauline M. Prior, Madness and Murder: Gender, Crime and Mental Disorder in Nineteenth Century Ireland, Dublin, Irish Academic Press, 2008, 258 p., ISBN 978-071-652-9378 and 9385

Texte intégral

1L’ouvrage de Pauline M. Prior, préfacé par sa cousine Angela Bourke, auteure du remarquable The Burning of Bridget Cleary, a pour ambition de mettre à jour les liens ambigus et très étroits qui existaient entre les notions de crime et de folie au dix-neuvième siècle en Irlande. Il nous invite à suivre l’évolution des débats idéologiques autour du crime et du châtiment et de leurs interactions avec les troubles mentaux, ou folie comme on l’appelait à l’époque.

2Prior explique qu’à l’origine, elle avait envisagé d’utiliser les archives du Central Criminal Asylum, qui a ouvert ses portes à Dundrum en 1850, pour raconter les histoires d’hommes et de femmes qui, accusés d’homicides volontaires ou involontaires, avaient néanmoins été jugés « plus fous que mauvais » et avaient séjourné dans cette institution.

3L’ouvrage est organisé en deux parties. La première est précisément relative au contexte et l’auteure y analyse les rapports entre criminalité et folie d’une part et criminalité et genre d’autre part. Dans le contexte de la première moitié du dix-neuvième siècle, un très grand nombre de crimes étaient relatifs à la terre et à des disputes agraires et pauvreté et criminalité étaient indissociables. À cet effet, il est tout à fait singulier que les oeuvres de Michel Foucault ne soient à aucun moment signalées dans cette partie consacrée à la folie, à la criminalité et au châtiment.

4Dans la seconde partie de son ouvrage, Prior aborde des catégories spécifiques de crimes : les hommes qui ont tué de femmes, les femmes qui ont tué des enfants, les femmes qui ont tué des hommes et les meurtres commis par plusieurs membres de la même famille. Dans chacune de ces catégories, elle montre, à la lumière de témoignages des autorités policières, judiciaires mais également grâce aux témoignages des accusés, comment le système judiciaire utilisait la notion de folie et de déraison pour placer des individus à Dundrum au lieu de les envoyer en prison. À n’en pas douter, l’argument fut utilisé à l’excès dans bien des cas et il répondait à des exigences économiques propres à l’époque. L’ouvrage apporte un éclairage nouveau sur la question des infanticides et met en lumière un des nombreux paradoxes de la société irlandaise en matière de genre et du traitement des femmes. En effet, si ladite société n’hésitait pas à exclure et rejeter les femmes ayant un enfant illégitime, les tribunaux se montraient particulièrement cléments lorsqu’il s’agissait de juger et condamner ces femmes. Prior nous révèle que, selon la loi, les femmes reconnues coupables d’infanticide étaient passibles de la peine de mort. Or, aucune d’entre elles ne fut exécutée en Irlande pour ce crime. La peine était commuée en emprisonnement, notamment dans l’institution de Dundrum, et bien souvent, les femmes en ressortaient quelques années plus tard et bon nombre d’entre elles émigraient. En effet, les magistrats considéraient que ces femmes n’étaient pas dans leur état normal lorsqu’elles avaient commis ce crime et que l’emprisonnement n’était pas une punition adéquate. La complexité du châtiment était liée à la nature même du crime ainsi qu’à la nature de la société.

5Importante contribution à l’histoire des femmes en Irlande, cet ouvrage est également très intéressant du point de vue de la méthodologie puisque Prior utilise des sources jusque-là inexplorées, notamment les archives de l’institution de Dundrum, les procès verbaux des procès, et les dossiers du ministère de la justice.

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Pour citer cet article

Référence papier

Nathalie Sebbane, « Madness and Murder »Études irlandaises, 34-1 | 2009, 184-185.

Référence électronique

Nathalie Sebbane, « Madness and Murder »Études irlandaises [En ligne], 34-1 | 2009, mis en ligne le 30 juin 2011, consulté le 03 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesirlandaises/1578 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesirlandaises.1578

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Auteur

Nathalie Sebbane

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