Quels sites, quels outils pour lire Jeremy Bentham sur Internet ?
- 1 Nous laissons pour l’instant de côté la question de la langue des ressources trouvées.
- 2 Les ressources secondaires disponibles sur Bentham et sa pensée feront l’objet d’un second article (...)
Dès que l’on décide de travailler sur la pensée de Jeremy Bentham se pose la question de l’édition des textes d’une part, et de leur disponibilité d’autre part. Dès que l’on décide d’utiliser internet comme un outil de recherche se pose la question de la gratuité ou non des informations d’une part, et des droits d’auteur des textes présents d’autre part. Ces quatre questions sont inextricablement liées à l’heure des projets de bibliothèques universelles.1 Le but de ce court article n’est pas de relancer le débat de la question des droits d’auteurs ou de l’utilité, ou non, d’internet pour la recherche. Il s’agit plus modestement de se placer du point de vue d’un(e) étudiant(e) ou d’un(e) chercheur(se) qui décide de s’intéresser à la pensée de Jeremy Bentham et d’utiliser internet pour ses recherches et de faire le point – non exhaustif – sur les données disponibles. Par données nous entendrons dans un premier temps2 : textes de Jeremy Bentham et non textes sur Jeremy Bentham. Nous ne nous intéresserons donc qu’aux éléments de bibliographie primaire.
Bien évidemment, les moteurs de recherche constituent le premier réflexe de recherche sur internet. Et bien évidemment, il sera possible de trouver des informations en entrant, par exemple, les mots « textes Bentham ». Cependant, intéressons-nous tout de suite à l’une des ressources les plus sûres et surtout les plus complètes sur Jeremy Bentham, à savoir le site du Bentham Project de University College de Londres (http://www.ucl.ac.uk/Bentham-Project/). Les indications sur les textes disponibles en ligne se trouvent sur la page consacrée aux outils de recherche (Research tools) grâce au lien Bentham texts online (http://www.ucl.ac.uk/Bentham-Project/info/wwwtexts.htm). Les cinq ressources alors identifiées concernent toutes des données en langue anglaise. Dans un premier temps, une liste de textes librement téléchargeables classés par ordre alphabétique nous est proposée, allant de Defence of Usury à Truth versus Ashhurst. La mise en page des documents est disparate, cela va du simple texte mis en ligne sans utilisation des avantages du langage html (Elements of the Art of Packing) à de véritables textes html utilisant pleinement les liens hypertextes et les balises, permettant ainsi une navigation aisée (Pannomial Fragments) en passant par les fichiers pdf (An Introduction to the Principles of Morals and Legislation). Certaines différences sont à signaler entre les textes html : présence ou non d’une table des matières avec liens hypertextes, fond de page en couleur ou non qui peut parfois gêner la lecture, entre autres. Signalons que les textes proposés ne sont pas issus de l’édition scientifique du Bentham Project, la provenance des textes étant de toute façon indiquée sur les pages correspondantes. La majeure partie de ceux-ci proviennent du Liberal Arts Computer Lab of the University of Texas at Austin et de sa partie consacrée à Jeremy Bentham : Jeremy’s Labyrinth : A Bentham Hypertext (http://www.la.utexas.edu/research/poltheory/bentham/index.html). La provenance et l’édition utilisée sont ici particulièrement explicites et explicitées. Les autres ressources signalées (Collectd Works of Jeremy Bentham, Correspondence ou le catalogue des manuscrits benthamiens) sont également proposées mais via des sites payants, que nous n’avons donc pas pu tester. Une ressource non listée permet de disposer du premier volume de l’édition de 1834 de la Déontologie, ou Science de la morale (qui a dernièrement fait l’objet d’une édition papier chez Encre Marine) en format word, rtf ou pdf à l’adresse suivante :
http://classiques.uqac.ca/classiques/bentham_jeremy/deontologie_tome_1/deontologie_t1.html
Une bibliographie de l’ensemble des textes de Jeremy Bentham est disponible sur http://socserv.mcmaster.ca/%7Eecon/ugcm/3ll3/bentham/benbib.htm qui devra cependant être complété par celle que le Centre Bentham met en ligne sur son propre site – ne serait-ce que pour avoir accès aux traductions françaises (http://bentham.free.fr/Biblio_traductions.htm).
L’énorme avantage de tous ces textes, même si les formats et les présentations sont disparates, est de pouvoir utiliser pleinement – même au prix de quelques manipulations – les opérations offertes par les fichiers numériques : recherche de termes, copier/coller…
Il serait difficile de ne pas évoquer ici la bibliothèque numérique de google (http://books.google.fr) car certains textes de Bentham sont non seulement disponibles mais également téléchargeables dans leur intégralité. Une partie des textes édités par Etienne Dumont sont ainsi disponibles (Traité des preuves judiciaires et Théorie des peines et des récompenses), une partie des volumes édités par John Bowring et les cinq volumes de Rationale of Judicial Evidence. Si ces textes sont une source extrêmement intéressante pour qui veut étudier Bentham, l’offre de google n’est pas exempte de défauts : les documents téléchargés sont au format pdf – ce qui aurait pu laisser augurer une grande maniabilité – mais il s’avère que ce sont des fichiers images issus de scans « simples » convertis ensuite au format pdf. Leur qualité est d’ailleurs aléatoire. De plus, aucune recherche par terme n’est possible, ni manipulation sur le texte, de type copier/coller, par exemple. Si l’on ne souhaite pas télécharger le livre entier, il est possible de le lire page par page à l’intérieur de son navigateur, la navigation étant aisée et agréable, même si le sommaire renvoie aux pages de la table des matières du livre et n’offre donc pas de liens hypertextes vers chaque partie, chapitre ou paragraphe. A contrario, la recherche des termes s’avère extrêmement précise et efficace.
Il serait tout aussi difficile de ne pas parler du projet Gallica de la Bibliothèque Nationale de France (http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/). Des textes en anglais et en français de Bentham sont disponibles et peuvent être facilement obtenus à partir de la page de recherche. Certes, ils ne sont pas nombreux mais l’interface s’avère particulièrement bien faite et agréable à utiliser. La qualité des scans est constante et offre une très bonne lisibilité. Les outils et options proposés sont extrêmement complets : téléchargement, envoi par email, plein écran, recherche par termes etc… Le volet situé à gauche de l’écran offre plusieurs possibilités de navigation et, contrairement à google, permet une navigation à partir de la table des matières. Ces deux outils combinés donnent donc accès à des éditions originales d’une partie des textes de Jeremy Bentham.
Nous terminerons cet article en évoquant ce qui nous apparaît être l’outil de consultation en ligne le plus abouti à ce jour et qui est disponible sur le site www.questia.com. Certes la solution est payante, et cela sera rédhibitoire pour nombre d’entre nous, – 80$ pour une souscription d’un an donnant accès à l’ensemble du catalogue constitué de livres, articles, revues… – mais si les éditions Bowring ne sont pas disponibles, une partie des Collected Works et l’ensemble de la correspondance sont consultables. L’approche est cependant radicalement différente : les livres ne sont pas téléchargeables ; il s’agit plutôt de donner à travers une interface web l’accès à une bibliothèque virtuelle et d’effectuer toutes les opérations possibles à partir d’une édition papier : surlignage de phrases, citations, création d’une bibliographie, prise de notes… le tout organisé en projets et donc à disposition quel que soit le lieu de consultation. Il est possible d’effectuer la création de bibliographies qui pourront être utilisées dans un logiciel de traitement de texte, comme d’ailleurs les citations (avec référence : en effet, la pagination originale est respectée). Une démonstration en ligne permet d’avoir un aperçu des possibilités de cet outil (http://www.questia.com/ginger/indexTools.jsp) et une période d’essai gratuite permet de se rendre pleinement compte des étonnantes possibilités offertes. Nous pouvons donc nous prendre à rêver à ce que pourrait donner un tel outil une fois la généralisation des hot-spots wifi achevée et leur catalogue regroupant tous les ouvrages de Bentham édités…
La cohabitation d’outils gratuits et payants est devenue un « classique » sur internet, mais nous pouvons remarquer ici qu’il existe une réelle différence entre les bibliothèques numériques ou les textes disponibles online et questia, qui propose un véritable outil de travail. Ceci dit, et c’est également devenu un « classique », un chercheur devrait avoir les moyens d’utiliser toutes les possibilités, y compris payantes, afin de mener au mieux ses recherches et de bénéficier pleinement des apports indéniables de l’outil informatique.
Notes
1 Nous laissons pour l’instant de côté la question de la langue des ressources trouvées.
2 Les ressources secondaires disponibles sur Bentham et sa pensée feront l’objet d’un second article qui sera publié dans le prochain numéro.
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