Liang Mingyue. Music of the Billion. An introduction to Chinese musical culture
Liang Mingyue. Music of the Billion. An introduction to Chinese musical culture. Paperbacks on Musicology 8, Heinrichshoffen Edition, New York, 1985, 311 p.
Full text
1Le principal reproche qu’on fera à cet ouvrage n’est pas adressé à l’auteur mais à l’éditeur francophone qui, après en avoir annoncé la parution, a décidé de ne pas le publier. Écrit en anglais par un Chinois de Taïwan installé aux États-Unis, il a été publié sous les auspices de l’International Institute for Comparative Music Studies de Berlin sous la direction du Hongrois Ivan Vandor, et le seul moyen fiable de l’obtenir est de le commander en Allemagne (Heinrichs-hoffen’s Verlag, Liebigstrasse 12, D-2940 Wilhelmshaven, R.F.A.). Que de détours pour avoir enfin sous la main l’ouvrage clair, documenté, accessible (pour ceux qui lisent l’anglais ...) qu’on attendait sur la musique des Chinois ... mais s’agit-il vraiment, comme le laissse entendre le titre, de la musique d’un cinquième de la population mondiale vivante ? Certainement pas, et c’est la principale ambiguïté de ce livre, ambiguïté qui nous renvoie à la double appartenance culturelle de son auteur, né à Pékin, élevé à Taïwan, ayant fait ses classes à l’école des comparatistes allemands et vivant en Amérique du Nord. A la fois insider et outsider par rapport à sa propre culture, Liang se réclame d’une approche objective de la musique chinoise, tout en usant de son expérience vécue de musicien et de Chinois pour nous faire percevoir les pensées et les émotions internes d’un pratiquant. Cette dichotomie apparaît dans la division en deux parties de l’ouvrage : une histoire de la musique calquée sur la très orthodoxe division en dynasties, introduite par un aperçu des principes esthétiques fondamentaux, suivie d’une série d’études thématiques (esthétique encore, notation,, art de la cithare qin, musiques régionales et opéras) ; ce plan est complété avec bonheur par les annexes nécessaires : description des instruments, bibliographie, discographie, index et illustrations (en grande partie reprises de publications de Chine populaire).
- 1 LIANG Ming-yüet (David Ming yüet Liang), The Chinese Ch’in, its history and music. San Francisco, (...)
2La place qui est faite au qin, instrument par excellence des lettrés, et dont Liang a fait l’objet de son travail de doctorat1, l’est au détriment d’une étude systématique des genres et de leur interférences ; on regrettera l’absence des musiques rituelles. Music of the Billion s’inscrit dans la ligne de l’affirmation d’une sinéité somme toute problématique, compte tenu de l’importance historique des cultures qui ne sont pas celles du bassin du Fleuve jaune (minorités montagnardes du Sud, nomades du Nord, civilisations de l’Asie centrale, Inde), ainsi que de la faveur que le milliard de Chinois réels accorde aux instruments importés (de la vièle huqin au luth pipa), qui va de pair avec l’oubli de leurs propres instruments nationaux (les carillons viennent à peine d’être redécouverts). Il faut rappeler, d’autre part, l’importance — toujours passée sous silence — des traditions préservées dans les pays voisins (gagaku ou shômyô au Japon, pompa’ae et musique confucéenne en Corée, ensembles de tambours de bronze ou d’orgues à bouche du Sud, traditions vivantes, manuscrits ou instruments), ainsi que les travaux d’érudition des non-Chinois (Japonais ou Occidentaux).
3Entre les lignes d’un ouvrage de référence par ailleurs fiable et complet, se lisent les lacunes de l’approche d’un musicien imprégné de philosophie de l’art, obsédé par les références taoïstes. Il eut été nécessaire de les valider par une confrontation avec les musiques rituelles ; ces limites n’apparaîtront qu’à ceux qui pourront (obstacle de la langue !) faire la part du travail du compilateur érudit et de celui du chercheur. Celui-ci laisse apercevoir ses faiblesses par l’emploi inadéquat du sonagraphe (p. 73) pour mesurer des fréquences dont l’exactitude constitue un enjeu scientifique et idéologique qui nécessite plus que du bricolage.
4Reste que la référence de l’auteur aux travaux des grands musicologues chinois de ce siècle, au premier rang desquels maître Yang Yinliu (1899-1984), constitue la base solide et le point de départ d’études plus détaillées pour tous ceux qui souhaitaient une introduction à une des plus riches cultures musicales du monde, traditionnelle et vivante.
Notes
1 LIANG Ming-yüet (David Ming yüet Liang), The Chinese Ch’in, its history and music. San Francisco, 1972.
Top of pageList of illustrations
Title | Fig. 1 : Scène de variété sanqu |
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Caption | fresque murale de l’époque Song (reproduite dans Liang Ming-Yue). |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ethnomusicologie/docannexe/image/2359/img-1.jpg |
File | image/jpeg, 1.0M |
References
Bibliographical reference
François Picard, “Liang Mingyue. Music of the Billion. An introduction to Chinese musical culture”, Cahiers d’ethnomusicologie, 2 | 1989, 280-281.
Electronic reference
François Picard, “Liang Mingyue. Music of the Billion. An introduction to Chinese musical culture”, Cahiers d’ethnomusicologie [Online], 2 | 1989, Online since 15 September 2011, connection on 04 December 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ethnomusicologie/2359
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