Texte intégral
1Presque toujours conçu comme un prolongement du corps humain, l’instrument de musique est à la fois le lieu, le témoin et le révélateur du travail qui se fait en l’homme lorsqu’il joue : « Sur la lyre je résous mon énigme », dit le psaume.
2Construit pour vibrer à la moindre sollicitation, l’instrument de musique est, par excellence, un objet animé. Véritable matière spiritualisée, chargée de toute une symbolique, il incarne, parfois mieux que toute autre chose, le génie d’un peuple. Parce qu’il n’est pas doué de parole, l’instrument parle au-delà du langage, et c’est souvent à travers lui que l’homme communique avec le Divin.
3La beauté des formes de certains instruments, la perfection de leurs proportions et la richesse de leur timbre témoignent d’une science qui n’a cessé d’émerveiller des générations de musiciens et de mélomanes. Il n’est donc pas étonnant qu’elle ait aussi fasciné de nombreux musicologues. Reflet de cette vieille fascination, ce Cahier se veut une contribution nouvelle à une branche bien vivante de la connaissance musicale : l’organologie.
4Le rôle d’une organologie intégrale est, non seulement de prendre en considération les concepts morphologiques, terminologiques et classificatoires des artisans-musiciens traditionnels ; il lui faut aussi élargir son horizon, habituellement limité à la facture instrumentale, pour s’occuper des conditions dans lesquelles l’instrument est pensé et conçu, cela malgré son éventuelle rusticité, qui est souvent le signe de l’adaptation au milieu socioculturel dont il est issu. Une organologie ouverte se doit donc de vérifier tous les paramètres technologiques qui font d’un instrument de musique un objet très perfectionné, même si son aspect extérieur ne le laisse pas nécessairement deviner au premier abord.
5Certains des articles réunis dans ce dossier sont des monographies exemplaires, qui nous permettront d’approfondir notre connaissance d’instruments déjà connus et répertoriés ; d’autres, se situant aux confins de l’organologie, contribuent à remettre en cause les limites du champ de cette discipline ; d’autres encore, par un abord original, fournissent les éléments d’une prise de conscience nouvelle des responsabilités du facteur d’instrument et du musicien, tout en élargissant le champ de nos réflexions sur la nature même de la musique.
La Rédaction
Pour citer cet article
Référence papier
« Éditorial », Cahiers d’ethnomusicologie, 2 | 1989, 9.
Référence électronique
« Éditorial », Cahiers d’ethnomusicologie [En ligne], 2 | 1989, mis en ligne le 15 septembre 2011, consulté le 14 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ethnomusicologie/2323
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page