Luciana PENNA-DIAW : La musique vocale de trois régions du pays wolof au Sénégal. Étude comparative
Luciana PENNA-DIAW : La musique vocale de trois régions du pays wolof au Sénégal. Étude comparative. Thèse de doctorat en ethnomusicologie, soutenue le 8 octobre 2008 à l’EHESS, Paris. Directeurs de thèse: Simha Arom et Francesco Giannattasio. 1 volume (330 pages, y compris annexes: 63 transcriptions musicales, 82 traductions des paroles des chants), 3 CD.
Full text
1Il n’existait à ce jour pratiquement aucune publication consacrée à la musique wolof. L’enjeu de cette étude était de déterminer s’il existe une musique wolof ou bien plusieurs, qui correspondraient chacune à l’un des trois anciens royaumes, Kajoor, Saalum et Waalo. Il s’agissait en outre de savoir quels répertoires ont survécu. Ce travail, qui adopte un double point de vue – synchronique et diachronique –, s’appuie sur des enregistrements effectués en des périodes distinctes: les plus récents ont été effectués par l’auteur durant 6 ans (390 pièces ont été collectées de 2000 à 2006); les autres sont le fruit des recherches menées entre 1950 et 1970 par Herbert Pepper et Gilbert Rouget. Les enquêtes ont donné lieu à des descriptions minutieuses, dans une perspective organologique et d’anthropologie musicale.
2L’observation des circonstances de la pratique musicale a permis de constater l’appauvrissement ou la banalisation de certains rituels liés à la royauté, à la circoncision et au mariage, dont seuls les Anciens se souviennent encore. Il a donc fallu « reconstruire» des circonstances qui, aujourd’hui, sont tombées dans l’oubli. D’autres rituels ont survécu jusqu’à nos jours, tout en se renouvelant. En cela, ils sont à l’image du peuple wolof, dont l’existence est marquée par la rencontre avec d’autres cultures et la confrontation entre tradition et modernité. La musique reflète cette évolution.
3Dans la société wolof, la figure du gewel, le griot, détenteur du savoir musical, est centrale. S’il était autrefois l’unique détenteur de la tradition, le seul à chanter et danser – méprisé par une autre figure, celle du noble, située à l’opposé de la hiérarchie sociale –, son rôle a aujourd’hui considérablement changé. Au sein de la communauté, chaque groupe social s’efforce désormais de s’approprier ses compétences. L’équilibre social, mais aussi la détention de la tradition musicale en sont profondément déstabilisés, voire menacés.
4Sur la base de critères musicaux, paramusicaux et non musicaux, une catégorisation vernaculaire et analytique du patrimoine musical a été établie, fondée sur l’existence de traits qui s’opposent. Elle fait appel aux circonstances, qui regroupent des répertoires, qui sont autant de catégories musicales. Ainsi, à l’audition de tout chant, les Wolofs sont capables d’identifier la catégorie dont il relève. Quant aux traits, ils sont de différentes natures (mesuré/non mesuré; avec ou non la présence d’instruments de musique; voix solo/chant collectif). Toutefois, ils ne permettent pas toujours d’identifier les catégories; ce sont alors les paroles des chants qui servent à les distinguer. La mise en correspondance des circonstances sociales et des catégories musicales révèle un mode de classification vernaculaire parfaitement cohérent.
5Cette étude fait apparaître que, sur le plan tant anthropologique que musical, aucune caractéristique ne différencie une région d’une autre. Tous les répertoires, dans les trois régions, sont partagés par l’ensemble des Wolofs, et procèdent d’un seul et même idiome musical.
References
Bibliographical reference
“Luciana PENNA-DIAW : La musique vocale de trois régions du pays wolof au Sénégal. Étude comparative”, Cahiers d’ethnomusicologie, 22 | 2009, 309-310.
Electronic reference
“Luciana PENNA-DIAW : La musique vocale de trois régions du pays wolof au Sénégal. Étude comparative”, Cahiers d’ethnomusicologie [Online], 22 | 2009, Online since 18 January 2012, connection on 02 December 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ethnomusicologie/1024
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