Étendre la « littérature contemporaine » aux littératures pour la jeunesse ? Témoignage d'une étudiante en master sur ce que représente pour elle la littérature contemporaine
A master's student talks about what contemporary literature means to her
Texte intégral
1Comment définiriez-vous la littérature contemporaine ?
- 1 Pour une définition de cette expression, nous renvoyons à celle proposée par Marlène Foucherand : (...)
2Pour moi, l’expression « littérature contemporaine » a deux acceptions : celle des études de lettres et celle qui est « grand public ». Mais j'ai du mal à me souvenir d’un cours ayant cherché à définir précisément la littérature contemporaine. Je dirais donc que c'est une littérature qui va de la fin du XXe siècle ou de l’après-guerre jusqu'à nos jours. J'hésite à inclure le Nouveau Roman dans cette catégorie. C’est sans doute un peu stéréotypé, mais je l’imagine plus conceptuelle, assez difficile à comprendre et peu accessible. On pourrait également donner une définition purement autocentrée et individuelle de la littérature contemporaine. Elle commencerait au moment de la naissance de chacun·e – pour moi, dans les années 2000. Il faudrait alors inclure les auteur·ices jeunesse, la bande dessinée, la littérature Young Adult1, les albums pour enfants : c’est une littérature plus accessible, plus grand public, que l’on peut partager avec sa famille ou avec ses ami·es, quand bien même ils/elles n’auraient pas fait d’études de lettres.
3Quel était votre rapport à la littérature à l’issue de la classe de terminale ? A-t il évolué depuis ?
4Au lycée, j'ai commencé à lire beaucoup et à m’intéresser vraiment au monde littéraire. J'ai donc voulu poursuivre des études qui me permettraient d'approfondir ce domaine et suis allée en khâgne A/L. Auparavant, dans un cadré privé, je lisais principalement des romans destinés aux adolescent·es : de la science-fiction comme Les Chevaliers d’Émeraude d'Anne Roubillard, mais aussi de la « variété française », comme Comment bien rater ses vacances d'Anne Percin. J'ai aussi lu des fan-fiction sur des plateformes en ligne, des bande-dessinées (De Capes et de Crocs d'Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou, Marsupilami d'André Franquin, Le Scrameustache de Gos...) et les œuvres d'Alexandre Dumas (Les Trois mousquetaires, Robin des Bois, Le Chevalier de Maison-Rouge). Mais pendant mes trois années de classe préparatoire, je n’ai plus eu que des lectures académiques. À cette occasion, j'ai découvert beaucoup de zones littéraires que j'ignorais : Les Chroniques romanesques de Giono, Flaubert mais surtout le théâtre du Moyen Âge. En classe préparatoire, il n'y avait pas vraiment de réflexion autour de la littérature contemporaine française. Les découpages ne se faisaient pas en fonction des dates mais des thématiques, suivant une approche conceptuelle. C’est peut-être la raison pour laquelle je ne parviens pas à la définir aujourd'hui ni à déterminer si Francis Ponge et Marguerite Duras en font partie. Globalement, la littérature du XXIe siècle était dénigrée. On nous avait conseillé de ne pas utiliser d’exemples tirés de textes très récemment publiés puisqu'il n'y avait pas un retour suffisant sur ces œuvres. Il en était de même pour la littérature jeunesse récente qui n'était pas non plus considérée comme étant porteuse d'intérêts littéraires.
5Mon année à l’université Bordeaux Montaigne m’a permis d’adopter une approche plus historique de la littérature. J’ai aussi participé à deux séminaires portant sur des œuvres contemporaines : l’un sur la littérature québécoise (Alain Farah, Eric Plamondon), l’autre sur l'autothéorie (Didier Eribon, Maggie Nelson, Geoffroy de Lagasnerie, Paul B. Preciado).
6Y a-t-il un hiatus entre vos lectures personnelles et celles effectuées dans le cadre des cours ? Comment les deux interagissent-elles ?
7La littérature jeunesse – à destination des enfants plutôt que des adolescent·es – demeure la principale constante de mes lectures. Je découvre chaque année huit auteur·ices et illustrateur·ices à l’occasion d’un salon du livre jeunesse dans lequel je suis bénévole depuis mes treize ans. Je ne m'en rendais pas particulièrement compte, mais c'est la littérature la plus récente que je lis. Le premier auteur auquel je pense quand on dit « littérature contemporaine » est Émile Bravo, un auteur et illustrateur de bandes dessinées.
Notes
1 Pour une définition de cette expression, nous renvoyons à celle proposée par Marlène Foucherand : « On désigne sous l’expression Young Adult un univers romanesque spécialement conçu pour les adolescents et jeunes adultes actuels, mettant en scène des récits initiatiques imaginaires ayant pour cadre les genres de la fantasy, de la dystopie et de la romance sentimentale », Marlène Foucherand, « Laurent Bazin, La littérature Young Adult », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 28 mai 2020. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lectures/41702, consulté le 25 juin 2024.
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Référence électronique
Judith Mazière, « Étendre la « littérature contemporaine » aux littératures pour la jeunesse ? Témoignage d'une étudiante en master sur ce que représente pour elle la littérature contemporaine », Essais [En ligne], 22 | 2024, mis en ligne le 09 décembre 2024, consulté le 06 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/essais/14066 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12wqp
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