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Dossier

Les vies du puits Hottinguer à Épinac

Histoire et historiographie d’un site emblématique de L’archéologie industrielle en France
The lives of the Hottinguer shaft at Épinac: history of an emblematic site in L’archéologie industrielle en France
Jean-Philippe Passaqui

Résumés

Jusqu’à la fin des années 1970, le puits Hottinguer, à Épinac, ancien bourg minier situé dans le nord de la Saône-et-Loire, n’était qu’un bâtiment industriel parmi d’autres. L’extraction du charbon y a cessé en 1936, précédant de quelques années la fermeture de la centrale thermique implantée sur le site à partir de 1910. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la rareté des bâtiments industriels rend le site, devenu une immense et spectaculaire coquille vide, particulièrement intéressant. Les installations sont reprises par une entreprise de peinture innovante, Bitulac. Des hangars, des bureaux viennent partiellement modifier la physionomie du site, qui conserve malgré tout une grande partie de son intérêt architectural. Cette période est pleine de contradiction. La présence de l’entreprise conduit à l’entretien des bâtiments, mais aussi à leur dénaturation. Surtout, les derniers moments de l’activité industrielle sont marqués par des destructions importantes, avec l’incendie d’un pavillon qui a considérablement dégradé une aile des bâtiments, mais aussi des pollutions importantes. Cette accumulation d’événements a terni l’image du puits Hottinguer auprès de la population locale, au point qu’une partie d’entre elle a souhaité sa démolition. Mais la détermination de la mairie en vue d’assurer sa sauvegarde a pu s’appuyer sur de solides acquis, hérités de la participation de l’entreprise minière à l’Exposition universelle à Paris, en 1878, mais aussi, un siècle plus tard, sur les études menées autour de ce site par Pierre-Christian Guiollard et Maurice Daumas. Depuis 2022, le puits Hottinguer, souvent qualifié de Tour Malakoff, et les vestiges de sa centrale thermique, sont classés Monument historique.

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Notes de l’auteur

Mon intérêt pour le puits Hottinguer est ancien. Il est né de la lecture de la 2e édition de l’ouvrage « Les chevalements des houillères françaises », écrit par Pierre-Christian Guiollard. J’avais fait l’acquisition de ce livre auprès de l’auteur, lors d’une bourse aux minéraux et fossiles organisée à Sainte-Marie-aux-Mines, sans savoir qu’une trentaine d’années plus tard, il serait possible d’échanger avec lui à propos de ce bâtiment remarquable. J’en profite donc pour adresser mes plus sincères remerciements à Pierre-Christian Guiollard pour l’entretien qu’il a accordé à la revue e-Phaïstos à l’occasion de ce numéro, mais aussi et au-delà pour l’importance que ses recherches ont pu avoir sur mes travaux successifs. Je remercie aussi chaleureusement Yves Paquette, pour la documentation qu’il m’a adressée au moment de préparer cet article, mais aussi pour sa capacité à mener à bonnes fins la procédure de retrait du titre de concession d’Épinac, tout en se préoccupant de l’intérêt des vestiges miniers, ce qui nous a conduit tous les deux et avec Dominique Chabard, à organiser un colloque pluridisciplinaire au cours duquel la question de l’après-mine a été plus particulièrement mise en avant. À Épinac même, nos interlocuteurs, passionnés par l’histoire du puits et son devenir, ont été nombreux. Je pense en particulier à Pierre Sallet qui a déployé en faveur de la sauvegarde du puits une énergie constante, à Gilbert Martin dont l’érudition est remarquable. Quelques jours avant de terminer cet article, il a encore été en mesure de répondre à certaines de mes interrogations. Plusieurs maires ont joué un rôle décisif dans la « découverte » du puits et dans sa sauvegarde. C’est grâce à Jean Pelletier que la première visite de l’intérieur des bâtiments avait pu se faire, au moment de la préparation de l’exposition Les routes de l’énergie. Avec la Mission patrimoine, Claude Merckel a donné au site Hottinguer une exposition inédite. Je le remercie pour la confiance dont il a fait preuve en m’associant aux reportages réalisés par les équipes de France TV. Mais que serait aujourd’hui le puits Hottinguer sans l’enthousiasme communicatif du maire actuel, Jean-François Nicolas. Au cours de ses différents mandats, il a toujours manifesté une ferme volonté de sauver le puits Hottinguer avant de lui donner une nouvelle vie. Il est aidé en cela par la Directrice générale des services, Carole Dessertenne, qui a elle aussi pleinement conscience de l’intérêt que présente le site Hottinguer pour une ville comme Épinac, ainsi que David Gérard, qui, en tant que chargé de projet, accompagne et structure l’ambition de réindustrialiser la ville. Cet article et les recherches en cours autour de Zulma Blanchet ont aussi été l’occasion de faire la connaissance de Michel Lejard, de Massay (Cher), qui m’a aidé dans la construction de l’arbre généalogique de Blanchet. Il a aussi redécouvert sa tombe et nous a permis de découvrir que Blanchet avait pu faire construire un château dans son bourg d’origine, au moment où son entreprise se montrait particulièrement généreuse envers lui. Enfin, l’articulation entre les patrimoines géologiques et miniers dont a pu profiter le puits Hottinguer, constitue une des caractéristiques de la démarche entreprise dans le bassin d’Épinac-Autun, en faveur de la mise en valeur d’affleurements, ainsi que des vestiges miniers. Elle n’est possible que grâce aux compétences déployées par l’ancien conservateur du muséum d’Autun, Dominique Chabard, avec qui j’étudie les sites miniers du bassin d’Épinac-Autun depuis… 2002.

Texte intégral

  • 1 https://www.mairie-la-machine.fr/le-musee-de-la-mine.
  • 2 https://www.mineronchamp.fr.
  • 3 https://www.musee-mine-blanzy.fr.

1Au sein de la grande région Bourgogne-Franche-Comté, le patrimoine minier occupe une place de choix. Plusieurs exploitations ont, au moment de leur fermeture, suscité des actions de sauvegarde et de mise en valeur, qui se sont soldées, dans certains cas, par la création de musées de la mine, à l’instar d’un processus qui a accompagné le reflux des industries extractives en France (François 1987, Guiollard 1993). On pense à celui de La Machine, dans la Nièvre1, à celui de Ronchamp, en Haute-Saône2 et, bien évidemment, au musée de la mine de Blanzy, en Saône-et-Loire3. Tous ces lieux sont connus et fréquentés par des passionnés d’histoire et de patrimoine miniers. Toujours en Saône-et-Loire, à quelques kilomètres de la célèbre cité industrielle du Creusot, la petite ville d’Épinac n’a pas négligé la possibilité de valoriser son passé industriel, articulé autour d’une nébuleuse d’entreprises comprenant notamment une verrerie, des fours à chaux (Passaqui 2025) et, plus récemment, des établissements de constructions métalliques et de confection. Mais c’est bien la présence d’une houillère et, précocement, celle d’une ligne de chemin de fer, qui ont scandé les dynamiques économiques et sociales locales (Gueneau 1931-1932 ; Chabard, Passaqui 2007 ; Tillequin 2015).

  • 4 La houille était presque épuisée mais il s’agissait surtout d’orienter la main-d’œuvre épinacoise v (...)

2Pour préserver la mémoire de ces activités industrielles multiples, un musée a été installé dans les caves de la mairie. Il regroupe non seulement quelques objets hérités de la période d’exploitation de la houille, mais aussi ceux issus des équipements ferroviaires et de l’importante verrerie. En marge de ce lieu d’exposition dont le devenir est en cours de réflexion, afin de lui trouver un site plus pratique pour l’accueil du public, le bourg d’Épinac présente la particularité de conserver un nombre important de vestiges hérités de l’extraction de la houille et de la présence d’une communauté de mineurs. En effet, le processus de déconstruction-démolition qui a touché les autres exploitations minières du centre de la France a atteint Épinac plus tôt mais moins fortement, dans la mesure où l’exploitation de la houille a pratiquement cessé pendant la Seconde Guerre mondiale, à la suite de l’arrêt de la centrale thermique4, à un moment où une grande partie des puits avait déjà été abandonnée en raison de l’épuisement du gisement.

  • 5 À Épinac même, les cavaliers réunissant les schistes de lavage ont été repris en 2008 par la SNET e (...)

3Entre 1945 et 1966, la houille a continué à être exploitée dans les environs. Charbonnages de France, à travers les Houillères du bassin de Blanzy, a repris et mis en valeur le petit gisement de Veuvrotte jusqu’en 1966 (Chabard, Passaqui 2007), tout en effectuant à proximité quelques campagnes de prospections infructueuses5. Au regard de la production réalisée à Blanzy-Montceau voire à La Machine, il s’agissait d’une exploitation secondaire, conduite avec des moyens limités, à partir de plans inclinés partant de la surface. À quelques kilomètres de là, le gisement d’Aubigny-la-Ronce était lui aussi remis en exploitation, mais avec des capitaux privés, réunis notamment par des commerçants d’Épinac (Passaqui 2011). Ces derniers étaient soucieux d’éviter un déclin démographique, ce qui passait par le maintien d’une activité industrielle à proximité, dans le but de limiter l’exode des populations de mineurs-paysans encore très présentes dans la région. Mais, faute de moyens d’exhaure adaptés, l’expérience fit long feu. L’activité cessa en 1950, sans provoquer de choc social, dans la mesure où plusieurs entreprises s’étaient implantées à Épinac et à Autun, pour profiter d’une main-d’œuvre abondante et bon marché.

  • 6 Cet ensemble de logements a été abandonné vers 1980, après l’apparition d’une lézarde importante à (...)
  • 7 Entreprise rachetée en 2007 par le groupe Piroux. Nous avions eu la possibilité de visiter les inst (...)

4À Épinac même, les carreaux des puits ont été abandonnés à mesure de la contraction de l’extraction. Plusieurs bâtiments miniers sont encore conservés, tout en ayant bien évidemment perdu leur vocation initiale. Ils ont été transformés en logements collectifs, comme dans le cas du puits de La Garenne6, en lieu de stockage, comme sur le carreau du puits du Curier, etc. Par ailleurs, dans la mesure où les bâtiments industriels restaient rares en France, au moment d’entrer dans les Trente glorieuses, des entreprises qui cherchaient des viviers de main-d’œuvre et du foncier en déshérence ont trouvé à Épinac des conditions idéales pour s’implanter. Par exemple, le puits Saint-Charles est réaménagé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, pour accueillir un établissement de décolletage de métal implanté par la famille Lioret7. Le site est toujours en activité et a notamment profité de l’implantation d’entreprises de mécanique au Creusot, comme Haulotte, constructeur de nacelles élévatrices.

  • 8 La société française des peintures bitumineuses (SFPB BITULAC) a été créée le 25 décembre 1955.
  • 9 Puits Hottinguer, lieu de mémoire et espaces d’aujourd’hui, Dossier de présentation, puits Hottingu (...)
  • 10 Cette entreprise a pris la suite des établissements Martin, qui se sont implantés sur le carreau du (...)

5Quant au puits Hottinguer, il a accueilli pendant cinquante ans, de 1948 à 1998, l’entreprise Bitulac, une période suffisamment longue pour modifier de manière substantielle les bâtiments8. Si l’activité minière a disparu à Épinac même pendant la Seconde Guerre mondiale, la petite ville a donc connu une réindustrialisation sous la forme de l’implantation d’entreprises de taille modeste (PME/PMI) qui constituent encore le cœur de l’activité économique locale9. D’ailleurs, au pied des bâtiments du puits Hottinguer est toujours implantée l’entreprise de métallerie ERCTM10. Cette logique de reprise d’anciens bâtiments industriels, vastes et fonctionnels, par de petites entreprises se retrouve dans d’autres bourgs de mono-activité minière (Gauduchon 2018). Contrairement à ce qui s’est produit à Autun, en 1957, avec la fermeture de l’usine de schistes bitumineux des Télots, le processus de reconversion n’a pas été porté par les pouvoirs publics. Il a présenté une forme spontanée.

  • 11 Blanchet est ingénieur civil des mines. Il est issu de l’École des mines de Saint-Étienne. Avant d’ (...)

6Notre propos se focalisera sur le carreau du puits Hottinguer. En prenant pour ancrage les travaux que lui a consacrés Maurice Daumas, nous étudierons les différentes étapes qui ont conduit à faire de cet édifice imposant, un site précocement et durablement marquant pour la problématique de l’étude et de la sauvegarde des anciennes installations minières. À l’instar du puits du Marais, au Chambon-Feugerolles, dont l’architecture a également retenu l’attention de Maurice Daumas (Rojas 2018), le puits Hottinguer présente la particularité d’avoir été au cœur de l’actualité de l’industrie minérale, en raison des choix techniques de Zulma Blanchet11, qui a conçu un équipement unique, dit tube atmosphérique, que nous décrirons plus loin. Performant, imposant, il a constitué un objet de curiosité pour les ingénieurs des mines au cours des années 1870 et 1880 et pour les visiteurs de l’Exposition universelle de Paris, en 1878.

  • 12 Il est aussi probable que la luminosité à l’intérieur du bâtiment principal ait été beaucoup plus f (...)

7Le système initial a ensuite été remplacé par des équipements d’extraction classiques, avec chevalement et câbles, devant tout de même s’insérer dans la structure existante, tout en laissant des espaces pour des ateliers connexes, dédiés notamment à la production d’électricité. Dès lors et jusqu’en 2016, l’élégance, la légèreté et la symétrie de l’ensemble ont été effacées par des ajouts disgracieux, construits au gré des besoins, sans le souci de conserver au site ses qualités architecturales initiales. Même si les multiples cartes postales éditées au début du XXe siècle laissent bien apparaître la fierté de disposer d’une construction industrielle harmonieuse, de son édification à sa « découverte » par Maurice Daumas, le site du puits Hottinguer est d’abord, voire exclusivement mis en avant pour ses équipements industriels, et notamment une machinerie gigantesque au service de l’élévation d’un train vertical. Son architecture ne retient que peu l’attention des ingénieurs et des industriels amenés à visiter les lieux. Aucun ne fait mention du caractère monumental du bâtiment principal, encombré il est vrai d’un chevalement qui empêche de lui conférer cette forme de croisée du transept dont l’élévation et les ouvertures12 ne sont pas sans rappeler certaines cathédrales pour les visiteurs actuels.

8En définitive, c’est depuis les années 1970, alors que les équipements miniers ont complètement disparu, que l’ambition architecturale initiale a fini par retenir l’attention des premiers spécialistes des installations minières. Avec l’entrée en service de la ligne TGV Paris-Lyon à partir de 1981, la visibilité du puits Hottinguer, que l’on aperçoit depuis le train, s’est trouvée considérablement renforcée. Elle a servi de base d’action à la patrimonialisation, pendant que, progressivement et dans le sillage des premières investigations de Pierre-Christian Guiollard (Guiollard 1993), l’intérêt pour le procédé d’extraction atmosphérique est revenu au premier plan. Une forme de tuilage, très partiel, s’est donc opérée entre une recherche érudite et académique cherchant à comprendre les mécanismes de fonctionnement des installations minières ainsi que leur articulation avec les bâtiments et la progressive prise en compte de l’intérêt patrimonial des lieux, dont le processus débute véritablement, d’un point de vue administratif, par le classement, en 1992, des bâtiments du puits Hottinguer à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques, à l’instigation du maire de l’époque, Patrick Défontaine.

La « découverte » du puits Hottinguer par Maurice Daumas

Épinac, un Eldorado pour les historiens des techniques

  • 13 Actuellement présidé par Jan Roedoe.

9Des ambitions récentes, caractérisées par des travaux d’envergure, sont venues renforcer l’intérêt porté au patrimoine minier épinacois, caractérisé par une certaine unité, mais aussi une qualité de conservation rare, notamment pour des installations minières érigées entre 1830 et 1880. Les anciens sites miniers sont actuellement entre deux mondes. En dépit des travaux pionniers menés à Épinac par Maurice Daumas et Pierre-Christian Guiollard, ils ne disposent pas encore d’une visibilité aussi aboutie qu’à La Machine ou à Blanzy/Montceau. Ils font l’objet d’une attention toute particulière de la part des collectivités locales, en particulier de la mairie, et d’associations patrimoniales, désormais regroupées au sein du Conservatoire du patrimoine industriel, minier et culturel d’Épinac et sa région13. Les multiples visites organisées au cours des dernières années pour faire découvrir les sites miniers, à l’instigation du maire d’Épinac, Jean-François Nicolas, leur exposition médiatique répétée depuis la venue d’une première équipe de France3 en 2010, sur le carreau du puits Hottinguer, sont autant de signes révélateurs d’un changement d’attitude et d’attention par rapport à des bâtiments qui, après la Seconde Guerre mondiale, ont été conservés non pas pour leur intérêt culturel ou patrimonial, mais parce qu’ils répondaient à l’urgence des besoins au moment d’accueillir de nouvelles entreprises industrielles.

10Si, désormais, leur conservation semble acceptée par la majorité de la population épinacoise, ils ont pendant longtemps été considérés comme des témoins d’une forme de déclassement, d’abandon, souillés par les fumées, aux abords encombrés de bidons et de déchets peu engageants. Pour les historiens des techniques, cette patrimonialisation en cours fait d’Épinac une sorte d’Eldorado où l’étude des constructions apporte encore des réponses aux interrogations relatives à l’évolution des équipements miniers, aux méthodes d’extraction, de préparation et de circulation de la houille. Comme au temps de Maurice Daumas, Épinac, notamment avec les puits Hottinguer et du Curier, reste un terrain d’investigations particulièrement stimulant. Malgré l’importance de la bibliographie, des sources imprimées et manuscrites, de nombreuses interrogations demeurent quant au fonctionnement de certaines installations. En raison de la complexité des choix techniques opérés, notamment au niveau du puits Hottinguer, une familiarité avec les lieux et la confrontation répétée avec les archives permettent de résoudre patiemment les énigmes pendantes.

11Parallèlement à ces avancées à petits pas de la recherche, il a fallu aussi tenir compte de l’évolution du contexte économique local. Au moment où Daumas découvrait Épinac, c’est-à-dire pendant la seconde moitié des années 1970, le bourg accueillait encore plusieurs PMI. Certains sites sont toujours en activité, d’autres entreprises se sont implantées ou ont été reprises. Mais ici comme ailleurs, la désindustrialisation a provoqué l’abandon des anciens bâtiments miniers du puits Hottinguer, à un moment où ils étaient déjà dans un état de délabrement avancé, signe d’une agonie financière ayant débouché sur une forme de laisser-aller dans leur entretien. La disparition de l’entreprise exploitante, le maintien du site dans les mains d’un acteur privé n’ayant pas la possibilité de faire face à l’ampleur de la tâche en termes de mise en sécurité des installations, ont conduit à une dégradation rapide des couvertures, des charpentes, et même des contreforts qui assuraient la solidité de la partie centrale des anciennes constructions minières. Après une période d’atermoiements qui aurait pu être fatale, des initiatives ambitieuses ont fini par se manifester. Les anciens locaux industriels du site Hottinguer ont été acquis par la mairie, un plan de restauration et une véritable volonté de mise en valeur a émergé, avec les premiers travaux autour du puits Hottinguer, emblématique de l’activité minière à Épinac.

Pourquoi un puits Hottinguer à Épinac ?

12Son fonçage, au début des années 1860, s’inscrit dans le cadre d’une série de grands travaux engagés en vue de renouveler les ressources minières et accroître les capacités d’extraction, à un moment où l’espoir d’un rapprochement commercial avec les usines du Creusot est envisagé.

  • 14 Cette cité a fait l’objet d’une importante exposition médiatique au moment de l’Exposition universe (...)

13Il a été baptisé ainsi dès les premiers coups de pioches, en 1863, en référence à la famille de banquiers Hottinguer, dont les membres, avec d’autres représentants de la Haute Banque parisienne, ont siégé pendant plusieurs générations au sein du Conseil d’administration de cette compagnie minière (Stoskopf 2000 et 2002, Passaqui 2013). Théodore Lissignol, le directeur de la mine d’Épinac, avait décidé de nommer les puits en cours de fonçage, ainsi que les grandes artères de la principale cité ouvrière, en l’honneur des administrateurs de la compagnie. La famille Hottinguer s’est retrouvée doublement mise à l’honneur, non seulement par le puits de mine, mais aussi par une rue située au sein de la cité minière de la Garenne14.

  • 15 La société elle-même a été créée en 1829 à l’instigation de Samuel Blum.

14Le statut de société anonyme accordé en 1850 à la Société des Houillères et du Chemin de fer d’Épinac (HCE) a été à l’origine d’une trajectoire industrielle et financière singulière15. Au début du fonçage du puits, Henry Hottinguer constitue un des participants les plus assidus du Conseil d’administration. Vieillissant et malade, il est remplacé à son décès par son fils Rodolphe. Les Hottinguer sont donc détenteurs d’une partie du capital des HCE. Ils sont aussi les banquiers de l’entreprise, ce qui permet à celle-ci d’obtenir des facilités de trésorerie, notamment lors des périodes de tensions, comme la guerre franco-prussienne de 1870-1871 au cours de laquelle le canon a tonné à quelques kilomètres des installations minières. Par ailleurs, le fait de siéger au sein du Conseil d’administration des HCE n’a rien d’une fonction honorifique et rémunératrice. Elle implique la participation à des réunions le plus souvent hebdomadaires, l’étude des nombreux rapports adressés par les agents à Épinac, ainsi que des déplacements réguliers pour visiter l’exploitation et négocier avec les principaux clients ou fournisseurs. Mais la prudence qui caractérisait les décisions a été prise en défaut au moment d’ériger les installations du puits Hottinguer, marquées par un gigantisme et une ambition technique en rupture avec la trajectoire d’investissements retenue jusqu’à présent. C’est pourquoi ce site méritait une attention particulière.

Maurice Daumas et le “puits d’Épinac”16

  • 16 Nous utilisons à dessein cette expression dans la mesure où dans ses premiers travaux consacrés au (...)
  • 17 Pour Comité d’information et de liaison pour l’étude du patrimoine et de l’archéologie industriels.
  • 18 Voir à ce sujet, l’entretien entre Pierre-Christian Guiollard et le comité de rédaction de la revue (...)

15En fait, le puits Hottinguer a été rapidement mis en avant par les pionniers de l’archéologie industrielle. Il est particulièrement présent dans les publications de Maurice Daumas. Celui-ci l’évoque de manière détaillée dans un des premiers numéros de la revue L’Archéologie industrielle en France. Après deux numéros consacrés à des questions de définitions des concepts et de méthodologie, une étude de cas portant sur un four à chaux situé à Cruas est insérée dans le 3e numéro (CDHT 1978), marquant le début d’une démarche qui se répète par la suite. D’ailleurs, dès le numéro suivant, celui dans lequel est annoncée la création du CILAC17, Maurice Daumas consacre un long texte aux chevalements en maçonnerie18, dont le puits Hottinguer :

  • 19 En fait, même si le nom Épinac-les-mines est encore accolé à la gare d’Épinac, située à quelques mè (...)
  • 20 Il y a confusion entre le site d’exploitation qui a été abandonné en 1942-1943 et la fin de l’extra (...)

« À ces simples tours d’extraction, facilement construites, entourées du minimum d’installations pour les recettes et l’enlèvement immédiat du charbon, il faut comparer un ensemble bâti, unique semble-t-il en France, qui contraste par son imposante composition. Il s’agit des bâtiments d’extraction du siège d’Épinac-les-Mines19… Il ne reste intactes aujourd’hui que les installations d’un seul siège, établies sans doute à la fin des années 1870 dont on comprend en les observant qu’elles aient résisté à l’usure du temps. L’exploitation ne s’est arrêtée que vers 196020 et les lieux sont occupés par une entreprise qui a multiplié autour du noyau des bâtisses légères » (Daumas 1978:20).

16Mais il ne s’agit encore que d’une description imparfaite et imprécise. Daumas en indique d’ailleurs les raisons :

« Nous n’avons pas rencontré d’autres chevalements en maçonnerie encore debout. Il en a certainement existé un plus grand nombre et dans d’autres bassins houillers, mais ils semblent avoir tous disparu sans laisser derrière eux de documents iconographiques. Si même il en existe une trace dans les archives des anciennes compagnies elle ne pourrait être découverte sans doute que par l’effet d’un très heureux hasard dans une masse de documents non accessibles » (Daumas 1978:24).

  • 21 La petite mine de Veuvrotte, exploitée à proximité d’Épinac jusqu’en 1966, constituait d’ailleurs u (...)
  • 22 Cette documentation est désormais communicable aux archives départementales de Saône-et-Loire, au s (...)
  • 23 C’est d’ailleurs en préparant cet article ainsi qu’un ouvrage publié ultérieurement et consacré au (...)

17N’oublions pas qu’au moment où il se lance dans le vaste projet d’étude des bâtiments industriels, les ressources documentaires accessibles sont encore limitées. Il dispose bien de celles réunies au sein du CDHT et aurait sans doute pu profiter de l’existence du fonds patrimonial de la bibliothèque de l’École des mines de Paris, dont l’intérêt a été mis en valeur par Guy Thuillier (Thuillier 1962). Il y avait aussi sans doute matière à glaner, pour ce qui concerne les établissements miniers, au sein des séries S des archives départementales et F14 des archives nationales, déjà classées et souvent riches, mais l’essentiel, les archives des Houillères et du Chemin de fer d’Épinac, n’était pas répertorié, communicable, ni même connu. Elles étaient encore déposées à Montceau-les-Mines, dans les locaux de Charbonnages de France, à la suite de la nationalisation de la concession minière d’Épinac21, au moment de la création des Houillères du bassin de Blanzy22. De même, les archives des établissements Schneider et Cie, au Creusot, qui ont participé à la fourniture des éléments métalliques du système atmosphérique de Zulma Blanchet, destiné à assurer l’extraction par le puits Hottinguer, n’étaient pas encore ouvertes aux chercheurs23.

18Faute de pouvoir disposer des informations nécessaires à la compréhension du site, Daumas se préoccupe presque exclusivement de l’architecture du bâtiment, qu’il décrit avec précision, pour la comparer avec des installations présentant des similitudes de formes et de matériaux. Il évoque à peine les aspects techniques qui sont pourtant ceux qui, jusqu’à la Première Guerre mondiale, ont monopolisé l’attention portée au puits Hottinguer. Daumas esquisse seulement quelques considérations techniques très éloignées de celles qui ont été retenues par les ingénieurs qui se sont succédé à la tête de l’exploitation pendant la période d’activité du puits Hottinguer. Il se contente d’associer au puits Hottinguer les choix qui ont prévalu pour des sites miniers érigés à la même époque et dont l’architecture lui semble proche :

« Le corps central est un double chevalement en maçonnerie ; des faces est et ouest partaient, à travers les hautes baies du milieu, les câbles des molettes qui aboutissaient de part et d’autre à une salle des treuils entre les ailes latérales. Celles-ci étaient les salles des recettes, de tri et de chargement » (Daumas 1978:18).

  • 24 Par ailleurs, les bases de ce chevalement érigé au lendemain de la Première Guerre mondiale étaient (...)
  • 25 Ces bâtiments ont été décrits par Pierre-Christian Guiollard, une douzaine d’années plus tard, dans (...)

19Cette description, associée à d’autres paragraphes renvoyant à une présentation précise des bâtiments, prouve que Daumas s’est attardé sur le site, mais qu’il l’a abordé sans préparation documentaire. Un des flancs de la tour porte bien des traces d’ouverture afin de faire circuler des câbles, mais elles sont postérieures à sa construction24. Sur l’autre côté, aucun saillant n’apparaît. Les installations de triage du charbon ont toujours été situées en dehors des bâtiments. Il s’agissait de constructions légères, dont les faibles dimensions trouvaient leur origine dans la modestie de l’extraction à partir du puits Hottinguer. Par ailleurs, information curieuse, il considère ce puits comme une trace ultime de l’activité minière à Épinac, alors même que la présence de plusieurs bâtiments miniers encore parfaitement identifiables constitue une des caractéristiques locales25.

20Non sans un certain romantisme, Daumas assimile l’architecture minière à l’architecture militaire :

« La forme et la disposition des quatre ailes latérales font songer à quelque site conventuel placé sous la domination ou la protection de la forteresse d’un ordre guerrier surveillant la vallée de la Drée qui court en contrebas sur le flanc sud. Cette assimilation à une architecture militaire austère n’est pas une image fortuite. Elle a été faite à une époque très précoce dès la fin des années 1850 pour désigner des ouvrages de même construction et de même utilisation qui ont fleuri dans le bassin houiller de la Ruhr. Pour les besoins de l’exploitation industrielle, on a établi des chevalements en maçonnerie sur des puits profonds. Les plus anciens connus aujourd’hui datent de 1847 et les plus récents du début des années 1880. Par leur aspect massif et leur type de construction ils présentent de grandes similitudes avec celui d’Épinac qui doit être contemporain des plus tardifs. Un événement de la guerre de Crimée, le siège de Sébastopol, leur a fait donner le nom de tour Malakoff, à cause de la résistance pendant plus de cinq mois de l’ouvrage militaire aux actions répétées de l’armée de Mac-Mahon… Aujourd’hui certains spécialistes allemands se sont consacrés à l’étude de ces robustes monuments du XIXe siècle. Le chevalement d’Épinac est aussi une tour Malakoff à notre connaissance, jusqu’à ce jour le rapprochement n’avait pas encore été fait » (Daumas 1978: 22-24).

  • 26 Sur les cartes postales du début du XXe siècle, une plaque apparaît sur une des façades de la tour (...)
  • 27 Qui allait conduire à la création de la commune de Malakoff en 1882.
  • 28 Œuvre intitulée La Tour Malakoff et le rivage de Trouville, peinte en 1877, ainsi qu’un dessin au c (...)
  • 29 Cette tour est clairement associée à ce fait d’armes majeur, avec la mention : « Gloire immortelle (...)

21Cette dernière phrase signale le retard qu’accusait alors la France dans la recherche sur les bâtiments industriels. On y voit Daumas s’attribuer la paternité de l’association entre les édifices type tour Malakoff et le puits Hottinguer, à Épinac26. Pour autant et à nouveau, son propos est incomplet et en partie erroné. En effet, à partir de 1855, le terme de tour Malakoff ne s’est pas seulement imposé pour désigner des infrastructures minières massives, pouvant s’apparenter à des forteresses, il se répand un peu partout, et notamment en France, certes pour rappeler le courage des troupes russes, mais aussi et d’abord pour conserver le souvenir de la victoire française qui allait mettre un terme à la guerre de Crimée. De la célèbre tour construite à Vanves par Alexandre Chauvelot en 185627 à celle élevée à Trouville-sur-Mer et immortalisée par Eugène Boudin28, en passant par la tour Malakoff voulue par le général de Rochechouart-Mortemart, à Saint-Amand-Montrond, dans le Cher29, de nombreux édifices, au sein desquels les bâtiments industriels sont minoritaires, reçoivent cette appellation alors qu’ils ne présentent aucune unité architecturale (Passaqui 2024).

Fig.1. La tour centrale du puits Hottinguer est-elle une tour Malakoff ?

Fig.1. La tour centrale du puits Hottinguer est-elle une tour Malakoff ?

Cette mosaïque de quatre photos permet de confronter deux sites miniers renommés, tous les deux amputés d’une partie de leur bâti d’origine. À gauche figurent la face arrière (en haut) et la face avant (en bas), du puits Hottinguer. Les deux photographies de droite représentent le puits Zeche Hannover, situé à proximité de Bochum. Depuis Daumas, les deux constructions sont régulièrement associées sous le terme de tour Malakoff. Cette désignation ne figure pas sur le panneau de présentation installé à proximité du puits situé dans la Ruhr. Par contre, elle est mentionnée à Épinac, sur un panneau situé à l’entrée de la zone d’activités implantée au pied de la tour Hottinguer. Pour autant, cette appellation est récente. Elle n’est jamais mentionnée dans les archives de l’entreprise ou dans les revues techniques. Le terme semble s’être imposé dans les années 1980, à la suite de la publication de l’ouvrage de Maurice Daumas. Géographiquement, par rapport à Épinac, le terme présente une certaine logique qui est d’ailleurs apparue a posteriori. La confrontation du puits Hottinguer et du site de Bochum fait ressortir une différence significative qui explique pourquoi il a fallu attendre si longtemps pour que le terme de tour Malakoff soit associée au puits Hottinguer. Dégagé des constructions postérieures, héritées de la période Bitulac, il présente une architecture élégante, élancée, beaucoup moins massive que celle des constructions minières précocement réunies sous le terme de tour Malakoff.

Clichés Jean-Philippe Passaqui

  • 30 D’après Pierre-Christian Guiollard, un seul édifice minier, le puits du Sarteau, à Fresnes-sur-Esca (...)

22Cette publication initiale ne peut constituer une fin pour Daumas. Les puits maçonnés sont à nouveau mis en avant au moment de rédiger L’archéologie industrielle en France. Cette fois, Daumas insiste davantage sur les aspects techniques du puits Hottinguer, en se confrontant au procédé d’extraction. Le chapitre intitulé « Les éléments singuliers du paysage industriel » (Daumas 1980 :39-92) accorde une place centrale aux bâtiments industriels de Bourgogne-Nivernais. La partie « Chevalements et équipements des houillères au jour » (Daumas 1980 :68-92) lui donne l’occasion de revenir sur le puits Hottinguer, cette fois correctement nommé, avec le soutien documentaire de Pierre-Christian Guiollard. D’abord, il présente les puits maçonnés, notamment ceux des Cévennes, puis il se focalise sur les installations minières de plus grandes dimensions : le puits Sarteau 2, à Fresnes30, et le puits Hottinguer, dont il fait le seul exemple de « tour Malakoff » en France (Daumas 1980 :74). La description reprend donc celle de 1978 mais elle s’enrichit d’informations plus détaillées sur les caractéristiques du puits et son rôle pionnier dans l’exploitation des couches de houille profondes. Daumas évoque le système atmosphérique mis au point par Zulma Blanchet, sans l’attribuer à ce dernier et en manifestant une certaine prudence marquée par l’emploi du conditionnel :

  • 31 En fait, c’est une profondeur qui a été atteinte au début des années 1870. En 1863, au commencement (...)

« Les constructions actuelles du puits Hottinguer ont été élevées dans les dernières décennies du XIXe siècle. Il se pose à leur propos le problème de savoir quel était le moyen d’exploitation pour lequel elles ont été conçues. En effet, le fond de ce puits atteignait six cents mètres déjà au début des années 186031, à une époque où l’on ne disposait pas encore de câbles très résistants. On aurait alors adopté un système dit “sans câbles” qui fonctionnait par effet pneumatique » (Daumas 1980 : 75).

  • 32 Nous ne nous étendons pas sur ce sujet des chemins de fer atmosphériques, en préférant renvoyer le (...)
  • 33 La pose de la première pierre survient à 1872. Elle revient à André Lutscher, administrateur des HC (...)

23Il fait ensuite le lien entre ce mécanisme d’extraction et le chemin de fer atmosphérique conçu pour la ligne de Paris à Saint-Germain qui présente un certain nombre d’analogies avec le procédé de Blanchet32. Comme dans son article de 1978, Daumas reste farouchement attaché à son idée de chevalement double, alors qu’il est désormais acquis que le bâtiment central du puits Hottinguer et l’armature qui soutenait le système atmosphérique ont été construits de concert33 (Passaqui 2025). Il note à ce sujet :

  • 34 En fait, la construction des bâtiments commence après la découverte d’une belle lentille de charbon (...)

« Les bâtiments que l’on voit actuellement auraient été construits en 1870-187134. Pierre-Christian Guiollard, qui a retrouvé ces renseignements, pense que c’est l’emploi du système pneumatique qui a déterminé les dimensions et la disposition des différents bâtiments. Ce point de vue est peut-être exact. Cependant on peut aussi remarquer que cet ensemble correspond très exactement à la configuration d’un double chevalement d’extraction, fonctionnant par câbles… Comme cet ensemble est parfaitement homogène, il est peu probable qu’il ait été modifié à la suite de l’abandon du système pneumatique. On peut donc admettre aussi que les bâtiments construits pour ce dernier ont été démolis et remplacés par ceux que nous voyons aujourd’hui, un peu avant 1890 » (Daumas 1980 :75-76).

24En fait, les renseignements fournis par Pierre-Christian Guiollard se sont avérés corrects. Ce dernier, qui a continué à travailler sur le sujet, s’appesantit longuement sur les bâtiments qui abritaient les chevalements d’Épinac en raison notamment des choix architecturaux très spécifiques par rapport aux autres constructions réalisées en Bourgogne-Nivernais, dans son ouvrage sur les chevalements des houillères françaises (Guiollard 1993).

  • 35 Site que nous avons commencé à suivre à partir de 2003 et, de manière plus intensive et constante, (...)
  • 36 Parfois orthographié Hottinger.
  • 37 C’est sous ce terme qu’il est mentionné dans les actes de sociétés, les encarts publicitaires insér (...)

25Malgré leurs imprécisions, les publications de Daumas ne sont pas restées méconnues à Épinac même, bien au contraire. Elles apportaient une forme de reconnaissance aux vestiges miniers locaux. Au cours des années qui suivent la publication de L’archéologie industrielle en France, le puits Hottinguer reçut une nouvelle identité. Il fut désormais désigné sous le vocable de « tour Malakoff », que lui avait attribué Daumas. Il ressort clairement des échanges avec les habitants d’Épinac35 qu’avant le début des années 1980, jamais le carreau minier n’a été dénommé autrement que par « puits Hottinguer36 » ou « Bitulac », du nom de l’entreprise qui avait pris la suite de l’exploitation de la houille. Il existait bien une association entre un bâtiment industriel et l’expression « tour Malakoff » mais cela concernait un imposant four à chaux construit en 1857-1858 pour l’amendement des terres emblavées situées entre Épinac et Autun37.

  • 38 Voir à ce sujet les illustrations qui accompagnent l’entretien avec Pierre-Christian Guiollard.

26Ajoutons que, par effet de balancier, le terme de « tour Malakoff » est désormais en déclin. Il se signale encore par la présence d’un panneau qui désigne une zone d’activités située à proximité des bâtiments miniers subsistant. À la suite de Daumas, une forme de confusion s’est installée à propos de Malakoff, terme qui peut renvoyer à plusieurs significations, locales ou s’inscrivant dans une dimension européenne. Le plus souvent, il s’agissait d’une mise en relation avec certains puits de mine allemands, belges, dont la construction en briques et le caractère monumental peuvent s’apparenter au choix retenu à Épinac38. Cette dénomination correspond à des bâtiments miniers construits après 1855, dont la forme et le caractère massif présenteraient des analogies avec la célèbre tour Malakoff, élément majeur du dispositif défensif russe, à Sébastopol, pendant la guerre de Crimée.

  • 39 Le château de Sully appartient toujours à ses descendants.
  • 40 Par ailleurs, une des œuvres les plus connues du musée Rolin, à Autun, achevée par Horace Vernet en (...)
  • 41 Si Mac Mahon a effectivement été un acteur important de la victoire des troupes de Napoléon III à l (...)

27L’association avec la redoute Malakoff pouvait aussi sembler pertinente puisque le puits Hottinguer est situé à quelques kilomètres du château de Sully, lieu de naissance de Patrice Mac Mahon39. Par conséquent, le terme Malakoff aurait pu faire référence à la prise de la tour du même nom, non seulement en raison de sa forme, mais aussi du fait de cette relation géographique40. Mac Mahon a toujours constitué un soutien de poids, alors qu’il était officier général, en faveur des industries du bassin d’Épinac-Autun. Son enracinement dans le nord de la Saône-et-Loire ne s’est pas limité aux propriétés familiales. Il a fait ses études au petit séminaire d’Autun. Et, de son côté, la compagnie minière a cherché à flatter le maréchal Mac Mahon, en baptisant Solferino41 l’artère séparant les deux tranches de la grande cité ouvrière de La Garenne.

Les singularités techniques et architecturales épinacoises

Des machines et des briques

  • 42 A. Langlois, élève externe, Mémoire avec atlas sur la houillère d’Épinac (Saône-et-Loire), École de (...)
  • 43 Cette approche est portée par les HCE mais repoussée par Le Creusot qui a pourtant eu recours à cet (...)

28Qu’il s’agisse ou non de « tour Malakoff », le caractère monumental, impressionnant du puits Hottinguer, constitue un des points qui a justifié sa conservation. Mais sa présence ne doit pas faire oublier, à Épinac, d’autres édifices particulièrement intéressants pour l’histoire des techniques minières. Sans protections particulières, plusieurs bâtiments miniers retiennent l’attention. Pendant l’ensemble du XIXe siècle et à partir du bâti retenu pour le puits du Curier en 1826, les principaux sites d’extraction épinacois sont abrités par de vastes bâtiments en briques qui accueillent à la fois machines et chevalements (Taupenot 2003 : 85). Il s’agit de constructions qui détonnent dans le paysage minier de Bourgogne, où les chevalements en bois sont souvent laissés sans autre protection qu’une armature métallique placée au-dessus des molettes. Les installations minières d’Épinac correspondent plutôt à celles qui se sont répandues en Belgique et dans le bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais (Guiollard 1993 : 50). Avant le recrutement de Zulma Blanchet, une grande partie des machines d’extraction vient de Belgique42. Les administrateurs se portent acquéreurs d’équipements miniers auprès des ateliers de Grand-Hornu, en Wallonie, à un moment où les méthodes d’extraction et les matériels miniers belges sont considérés comme une référence à suivre, un véritable modèle, dans le centre de la France43.

  • 44 Les puits postérieurs sont équipés de chevalements métalliques et ne présentent plus d'originalité.
  • 45 Cette hauteur très importante n’est pas sans rappeler les chevalements en bois qui caractérisent le (...)

29Ce choix inclut, outre le puits du Curier, les bâtiments des puits Sainte-Barbe et de la Garenne (Guiollard 1993 : 84-92). Le puits Hottinguer est le dernier à être construit pour abriter l’ensemble des machines44. Par rapport aux vastes bâtiments en briques précédents, il tranche par l’édification d’une tour centrale qui présente une grande élévation. Il s’agit d’une nécessité découlant de la hauteur de la recette supérieure au sommet du tube atmosphérique45. Les installations du puits Hottinguer constituent, en quelque sorte, une hybridation entre les habitudes locales de construction de bâtiments miniers, et un ensemble monumental, capable d’accueillir la machinerie du système atmosphérique.

Fig.2. La machinerie du système atmosphérique vue en coupe dans le bâtiment du puits Hottinguer

Fig.2. La machinerie du système atmosphérique vue en coupe dans le bâtiment du puits Hottinguer

La construction et la mise en service du système atmosphérique associé au puits Hottinguer, à Épinac, ont fait de cette exploitation secondaire un lieu de visite privilégié pour les élèves-ingénieurs de l’École des mines de Paris entre 1876 et 1882, de concert avec la descente dans les travaux souterrains des houillères du Creusot et de Blanzy-Montceau. Ce dessin réalisé par un élève-ingénieur s’appuie certes sur les échanges avec Zulma Blanchet, le concepteur du tube, au moment de son passage à Épinac, mais aussi et comme souvent avec les élèves de l’école des mines, sur la reproduction fidèle d’un dessin publié dans une revue technique. En l’occurrence, une planche associée à un article de Blanchet publié en 1876 dans le Bulletin de Société de l’industrie minérale, située en regard du dessin de l’élève, a constitué la base de travail de cette représentation fidèle. Outre le tube atmosphérique et le système de colonnes en fonte et de poutres en bois qui lui assurent sa stabilité au sein du puits, ce dessin apporte peut-être un éclairage important sur un des points mystérieux du puits Hottinguer. En effet, le système atmosphérique était doublé d’un mode d’extraction classique, avec une machine à vapeur qui avait servi au fonçage du puits. D’une force insuffisante pour assurer une extraction normale, elle permet d’assurer les travaux d’entretien et offre une solution de secours en cas de panne du tube. Mais cette installation reste mal connue. Elle est évoquée par Blanchet sans grands détails. Par ailleurs, des câbles d’extraction sortent d’un des flancs de la tour avant même la construction d’un chevalement métallique à la place du tube. Il est possible que les éléments situés au sommet de la recette supérieure soient les molettes de ce système d’extraction secondaire.

Image de gauche : fonds ancien de l’École Nationale Supérieure des Mines de Paris, photo Passaqui. Image de droite : coupe extraite d’une des planches des atlas annexés aux Bulletins de la Société de l’industrie minérale, collection Passaqui

  • 46 Ce paragraphe est en grande partie inspiré de l’ouvrage suivante : CHABARD, Dominique et PASSAQUI, (...)

30Avec cet équipement, Zulma Blanchet entend redonner à l’exploitation d’Épinac son dynamisme perdu46. Il est issu de l’École des mines de Saint-Étienne où il a notamment reçu les enseignements de Louis Grüner, un des grands ingénieurs des mines du milieu du XIXe siècle (Garçon 2004). Ce dernier est par ailleurs fondateur de la Société de l’industrie minérale. Il milite pour l’expérimentation du procédé atmosphérique dans les houillères à partir de 1855, afin d’exploiter les couches profondes. Les motifs en faveur de la modification des techniques d’élévation du charbon sont multiples. Ils reposent sur des questions de sécurité, liées aux ruptures de câbles, à la déperdition de force qu’impose l’usage des câbles, ainsi qu’à l’encombrement et au poids de ceux-ci.

31La nécessité de remplacer les anciennes méthodes d’exploitation est aussi évoquée dans certains cours d’exploitation de la mine, comme celui de Badoureau (Badoureau, Grangier 1893). Ce dernier estime à son tour que l’élévation du charbon par des différences de pression constitue une voie d’avenir. C’est donc avec l’appui de ses pairs que Blanchet mène ses premières réflexions, bientôt suivies par une campagne d’expérimentations. Ses études s’inscrivent dans un cadre plus large, celui du renouvellement des méthodes d’exploitation. Jusqu’à la nomination de Blanchet à la direction des HCE, le charbon a été extrait sans souci du lendemain, ce qui a débouché sur un gaspillage important et des incendies souterrains qui finissent par devenir incontrôlables. En raison des particularités géologiques du gisement d’Épinac, la reconnaissance des futurs champs productifs passe par un approfondissement important des puits et des quartiers en exploitation. De nouveaux sites sont retenus.

32C’est dans ce contexte qu’est engagé le fonçage du puits Hottinguer, notamment pour retrouver les couches exploitées à partir du puits de la Garenne. En 1867, le puits Hottinguer atteint 295 mètres. À cette profondeur et contrairement aux estimations de Blanchet, les couches de houille ne sont pas recoupées. Malgré les incertitudes qui entourent cette campagne de prospection, Blanchet ne se contente pas de foncer un puits de reconnaissance. Il choisit d’adopter un tube de cinq mètres de large, muraillé en briques sur toute sa hauteur, afin d’assurer sa stabilité, dans un contexte géologique tourmenté. Par conséquent, la volonté manifestée par Blanchet de doter le puits Hottinguer d’un système d’extraction de rupture ne découle pas de la pression des événements. Bien au contraire, Blanchet entend utiliser le puits Hottinguer à des fins expérimentales. C’est d’ailleurs ce qu’il signale dans sa monographie consacrée aux mines d’Épinac qu’il publie en 1867 :

« Le rôle de plus en plus considérable joué par les combustibles minéraux les a rendus chaque jour plus précieux et les exploitants d’Épinac ont été amenés, comme ceux des différents districts houillers, à perfectionner les méthodes d’exploitation pour tirer le meilleur parti possible des concessions… Malgré les perfectionnements apportés à l’extraction dans les mines par les guidages, les cages, les machines à traction directe, etc., le système actuel d’extraction doit subir, dans un avenir plus ou moins rapproché, des changements radicaux. Ces changements seront amenés, d’un côté par les chiffres de plus en plus considérables de la production, de l’autre par les profondeurs de plus en plus grandes auxquelles il faudra aller chercher la houille. Pour descendre à des profondeurs de 1000 mètres, on a recours aujourd’hui à des machines superposées, mais l’emploi de ces machines est dispendieux et difficile. Il est loin de résoudre d’une façon satisfaisante la question de l’exploitation de la houille au point de vue de l’extraction… à de grandes profondeurs, et sous ce rapport, notre avis est que l’avenir appartient aux puits atmosphériques » (Blanchet 1867:137).

Zulma Blanchet et le procédé atmosphérique

33Blanchet plaide donc pour un renouvellement des techniques d’élévation du charbon. La grande originalité du dispositif qu’il brevète en 1876 réside dans le fait qu’aucun câble ne vient relier la cage d’extraction à la surface. Seules les différences de pression dans le tube doivent permettre l’élévation ou, au contraire, la descente du train vertical remplaçant les cages guidées habituelles.

  • 47 Cette lentille s’est avérée, en définitive, d’une extension limitée.

34Au terme de son fonçage, le puits Hottinguer figure parmi les puits les plus profonds de France. Le charbon est atteint en 1871, à plus de 600 mètres de profondeur. Pendant que le tube est approfondi, les premières reconnaissances de l’amas de houille traversé débutent. Blanchet poursuit ses études visant à garantir l’efficacité du procédé atmosphérique qu’il est en train de concevoir. C’est au cours de l’Exposition internationale de Lyon, en 1872, qu’il obtient une première reconnaissance. Il présente une imposante maquette qui est en fait un tube d’essai du procédé. D’une hauteur totale de 29 mètres, l’ensemble est articulé autour d’un tube de 1,6 cm de diamètre. Il est mis en mouvement par une machine à vapeur qui assure le déplacement d’un mobile à la vitesse de six mètres par seconde. Fort du succès rencontré par sa présentation, Blanchet soumet le projet de tube à ses administrateurs, qui l’acceptent, dans la mesure où la présentation survient quelques mois après que l’entreprise et ses ouvriers ont été rassurées par la rencontre du charbon47. L’avancement des travaux, les informations dont disposent les actionnaires semblent lever les incertitudes qui pourraient conduire à davantage de prudence.

  • 48 Dans les projets publiés par Blanchet, deux tubes auraient dû fonctionner en tandem.

35En parallèle, Blanchet a profité de sa présence à Lyon pour entrer en contact avec des entreprises métallurgiques et de constructions mécaniques, de la région stéphanoise en particulier, afin de pouvoir disposer des équipements nécessaires. Les ateliers de la houillère ont été en mesure de construire la maquette envisagée par Blanchet, mais les machines et le tube présentent une complexité qui rend indispensable le recours à des fournisseurs extérieurs, spécialisés dans les constructions mécaniques de grandes dimensions. Blanchet démarche ensuite les établissements du Creusot pour qu’ils fabriquent l’ensemble des viroles du puits, ce qui représente une commande complexe à réaliser rapidement. Sans solution commerciale alternative, les HCE doivent se soumettre aux obligations imposées par les établissements Schneider. Sous une forme dégradée, encore éloignée du projet conçu par Blanchet, le tube commence à fonctionner à partir de 1876. Le train vertical, dont le diamètre est limité par l’étroitesse du tube atmosphérique48, comprend trois étages dans sa version expérimentale. Faute de moyens, d’autorisations administratives et surtout de charbon, le mobile définitif n’a jamais été installé. Les premières utilisations suscitent un engouement dont l’écho atteint le ministère des Travaux publics, le Conseil général des mines, la Société de l’industrie minérale et l’École des mines de Paris. L’Exposition universelle de Paris, en 1878, entretient l’enthousiasme initial.

36Il n’y avait donc pas, à l’intérieur de la tour, un chevalement simple ou double, comme dans les autres puits épinacois dédiés à l’extraction de la houille, mais une structure capable de soutenir les équipements du procédé atmosphérique. Le tube dépasse d’une trentaine de mètres la base du puits. Cette dimension est liée à la forme du piston/train vertical qui élève la houille et forme l’équivalent de la cage d’extraction d’un puits classique. Pour remonter un volume significatif de charbon, il est prévu que le piston compte neuf étages et que deux tubes soient installés en tandem à l’intérieur du puits. Il serait impossible de vider les neuf paliers simultanément. C’est pourquoi, en même temps qu’il dépose un brevet pour son système atmosphérique, Blanchet présente son train vertical avec trois mouvements successifs afin que les wagonnets puissent être déchargés trois par trois (fig.3).

Fig.3. Fonctionnement du procédé atmosphérique conçu par l’ingénieur civil des mines Zulma Blanchet

Fig.3. Fonctionnement du procédé atmosphérique conçu par l’ingénieur civil des mines Zulma Blanchet

Ces deux coupes présentent les grands principes de fonctionnement du procédé atmosphérique imaginé par Zulma Blanchet, ingénieur-directeur des Houillères et du Chemin de fer d’Épinac. Le document de gauche provient des archives de l’INPI. Il est identique aux dessins utilisés par Blanchet pour illustrer son article de 1876 dans le Bulletin de la Société de l’industrie minérale, mais aussi celui de 1878 inséré dans les Annales des Mines. Le tube n’occupe qu’une partie du puits. De même que les cages d’extraction, l’escalier de secours, la gaine d’aérage et le tuyau d’échappement, le tube est maintenu à l’intérieur du puits par un ensemble de moises. Malgré les frottements inévitables, l’ensemble produit beaucoup moins de chocs qu’une cage d’extraction classique. Les coupes situées sur la planche de droite représentent ce que Blanchet qualifie de train d’essai. Il s’agit en fait du mobile vertical utilisé pendant l’ensemble de la période d’activité du système atmosphérique, de 1876 à 1887, l’absence de ressources charbonnières ayant conduit la compagnie à ne jamais donner à l’installation sa forme définitive. Le train d’essai comprend en fait une cage de trois étages, qui permettent, chacun, de placer une berline de houille. Il était prévu au départ d’équiper le tube avec un train vertical de neuf étages, qui, en raison de la souplesse d’utilisation du procédé atmosphérique, aurait permis d’assurer la sortie de la houille en trois mouvements, par les niveaux de la recette.

Image de gauche : INPI. Image de droite : planche extraite d’un atlas du Bulletin de la Société de l’industrie minérale. Collection Passaqui

37La logique est la suivante : les étages ainsi que la recette supérieure sont équipés afin d’assurer trois manœuvres de chargement/déchargement quasi-simultanément. Au même niveau, une benne pleine sort par une porte pendant qu’une benne vide la remplace par une porte située sur l’autre face du tube, et ceci sur les trois niveaux de l’étage. Les neuf berlines de houille peuvent être vidées et remplacées au terme de trois manœuvres qui s’opèrent selon le rythme suivant :

  • 1re manœuvre : 1 – 4 – 7

  • 2e manœuvre : 2 – 5 – 8

    • 49 Costeau, Journal de Voyage, note relative à l’exploitation de la houille à grande profondeur, EMP, (...)

    3e Manœuvre : 3 – 6 – 949

  • 50 La période est caractérisée par la multiplication des coups de grisou dans les houillères du Centre (...)

38Dans la réalité, le dispositif qui a effectivement fonctionné à partir de 1876 n’a reçu que trois et non neuf niveaux, en raison de la faiblesse des ressources charbonnières découvertes et des contraintes imposées par l’administration des Mines. Celle-ci refuse que le puits Hottinguer puisse être considéré comme un puits d’exploitation, non pas à cause de l’originalité du système atmosphérique, mais pour des raisons de sécurité, dans la mesure où il n’est relié à un aucun autre puits, ce qui aurait permis d’assurer un courant d’air50.

39Par ailleurs, pour augmenter la masse utile avec un système dont la puissance reste à l’origine limitée, le piston est assemblé avec des matériaux qui doivent garantir sa légèreté. C’est pourquoi le bois et d’autres matériaux légers comme le caoutchouc et le liège occupent une place importante au sein de la structure. Le machiniste peut suivre et assurer le mouvement du train vertical dans le tube avec autant de précisions que dans le cas d’un procédé d’extraction classique. Il observe le mouvement du train dans le tube, en utilisant des baromètres et des manomètres qui mesurent et maîtrisent la pression de l’air qui environne le piston. Il suit aussi le déplacement de la cage à l’intérieur du tube grâce à des baromètres reliés à des tubes métalliques que rencontre le mobile au cours de sa mise en mouvement dans le tube (Fontenay 1877 : 301).

  • 51 Le progrès de la Côte-d’Or, 28 juillet 1876 et Frédéric Delafond, Procès-verbal de visite du puits (...)
  • 52 Par la suite, certains utilisateurs seront confrontés à des nausées, des vomissements et aux bourdo (...)

40Après quelques voyages expérimentaux, la présentation officielle des résultats obtenus survient les 23 et 24 juillet 1876, avec la circulation du train vertical au sein de l’ensemble du puits. Le premier convoi comprend Blanchet, un de ses ingénieurs et deux maîtres-mineurs. Au cours de la descente suivante, Blanchet est accompagné des deux représentants locaux de l’administration des Mines, Jutier, ingénieur en chef et Delafond, son ingénieur ordinaire51. La description qu’en dresse Delafond dans son procès-verbal fait ressortir le caractère très abouti du dispositif et la maîtrise des premiers déplacements verticaux. Il insiste sur la douceur du mouvement par rapport aux cages habituelles, mais aussi sur sa lenteur. Une vingtaine de minutes sont nécessaires à cette occasion, sans d’ailleurs qu’il soit possible d’envisager une circulation plus rapide, tant que la machine pneumatique définitive n’est pas installée52. Il faut se contenter, pour fournir la force motrice, de la machine d’extraction provisoire installée au moment des travaux de reconnaissance. Avec la machine définitive, le déplacement est trois fois plus rapide et la charge utile multipliée par six (Habets 1880 : 170). Au moment où les entreprises françaises de constructions mécaniques, qu’il s’agisse de concevoir des locomotives ou des machines d’extraction, sont pionnières dans la recherche des économies de combustibles, Blanchet inaugure une nouvelle voie. À quantité de houille extraite équivalente, la consommation de charbon avec le tube est nettement inférieure aux résultats obtenus avec un dispositif d’extraction classique.

41La tour est construite autour du puits et du tube pendant leur aménagement. Une visite du site réalisée au cours de l’année 1877 par une société savante ne fait pas encore mention de la grande tour de briques (Fontenay 1877 : 298), mais la première pierre des bâtiments a été posée en 1872.

  • 53 INPI, Zulma Blanchet, Système atmosphérique d’extraction Zulma Blanchet pour l’exploitation des min (...)

42Le tube sort de terre pour atteindre la recette supérieure. Celle-ci est en fait un assemblage de colonnes de fonte et de moises d’une vingtaine de mètres de hauteur qui soutiennent à la fois la partie supérieure du tube ainsi que les planchers de réception des bennes de houille et des hommes. Les dimensions correspondent à la taille du train, à celle des taquets qui permettent de fixer le train pendant les manœuvres d’engagement et de dégagement, ainsi qu’à la prise d’air de la machine pneumatique (Blanchet 1878 : 304). Le tube est recouvert d’un couvercle, en fait une soupape. Un dispositif identique est placé à la base du tube pour protéger l’autre extrémité. L’ensemble est contrôlé par un dispositif très perfectionné de touches à leviers qui commandent les différents clapets par lesquels sont ouverts ou fermés les orifices d’échappement ou d’aspiration d’air53.

Fig.4. Le fonctionnement du tube atmosphérique du puits Hottinguer

Fig.4. Le fonctionnement du tube atmosphérique du puits Hottinguer

En dehors des croquis réalisés par l’ingénieur-directeur Zulma Blanchet, ou repris de ses publications, les représentations du tube atmosphérique situé dans le puits Hottinguer sont rares et présentent certaines libertés par rapport au procédé conçu par Blanchet. L’image de gauche est extraite de l’ouvrage classique Les mines, les minières et les carrières, publié en 1892 par Badoureau, ingénieur en chef du Corps des mines, connu pour avoir été proche de Jules Verne. La représentation du puits Hottinguer est étonnante dans la mesure où le système atmosphérique était abandonné depuis cinq ans au moment de la publication de l’ouvrage. Le dessin n’est pas original. Il reprend une version publiée par la revue Le magasin pittoresque au moment de la mise en service du puits. Les deux mineurs situés au-dessus du train vertical/mobile conçu par Blanchet sont là à titre indicatif, pour donner l’échelle du tube. Les autres éléments présents, et notamment les différentes viroles reliées pour constituer le tube, ainsi que les éléments du mobile lui-même correspondent aux différents plans dessinés ou publiés par Blanchet. La représentation qu’en donne La Nature fait suite à un premier article présentant le système atmosphérique. À la demande de ses lecteurs, la revue proposa un second texte, accompagné de cette gravure présentant le projet initial de Blanchet, avec deux tubes situés dans le puits, au sein desquels les mobiles auraient circulé alternativement.

Badoureau Albert, Grangier Pierre, Les mines, les minières et les carrières. Paris, Librairies-imprimeries réunies, 1892, p. 156 ; « Puits atmosphérique des houillères d’Épinac », La Nature, 1877, 2e trimestre, p. 197.

  • 54 Voir à ce propos l’entretien avec Pierre-Christian Guiollard, dans ce même numéro.

43Si le tube entre en activité en 1876, la clé de voûte de l’arche marquant l’entrée dans le bâtiment porte la mention MDCCCLXXVIII54. Elle comprend aussi la marque de l’entreprise : deux pics entrelacés et une masse.

  • 55 Le tube avait été renversé le 28 juillet, sans grands dommages, ce qui avait permis sa remise en ma (...)

44La construction d’un bâtiment monumental pour protéger la recette supérieure du tube s’est avérée nécessaire dans la mesure où, par rapport aux chevalements contemporains en bois, la structure supérieure du dispositif atmosphérique est légère et serait incapable de résister à de fortes bourrasques, comme en atteste d’ailleurs le sort de la maquette en bois présentée à Lyon quelques années plus tôt et qui avait été couchée au sol par une tempête55.

45L’extraction de charbon par le puits Hottinguer est restée anecdotique, très inférieure aux attentes des exploitants, non pas en raison des caractéristiques techniques retenues, mais parce que la houille est toujours restée rare. Après les premières découvertes qui ont bercé d’illusions Blanchet, la poursuite des travaux de reconnaissance constitue une source de déception qui ne cesse d’empirer. Quand la machine pneumatique définitive est livrée par les établissements Révollier-Biétrix et Cie, de Saint-Étienne, elle déploie une puissance hors de proportion par rapport au niveau de l’extraction et aux dimensions du train vertical provisoire.

46Par ailleurs, en raison de la dégradation du marché charbonnier, l’entreprise n’est plus en mesure d’assurer l’achèvement des équipements miniers sur la base des plans tracés par Blanchet, tout en poursuivant la reconnaissance du gîte et la mise en relation souterraine du puits Hottinguer avec celui de la Garenne, afin de répondre aux exigences de sécurité imposées par le Corps des mines.

47La jonction est péniblement réalisée en 1884, deux ans avant la mort soudaine de Blanchet et trois ans avant l’arrêt du système atmosphérique. En 1887, l’entreprise ne conserve que le dispositif d’appoint, doté d’une machine d’extraction classique, à la puissance limitée, associée à une cage d’extraction de secours. Ce fut d’ailleurs une des premières mesures de Nougarède, le directeur nommé après le décès de Blanchet. Le Conseil d’administration lui impose un programme drastique de compression des coûts, pendant que Georges Blanchet, fils du directeur précédent et ingénieur principal des HCE, quitte l’entreprise, en raison du double dépit qu’il subit : ne pas prendre la suite de son père et devoir supporter la mise hors service de l’installation que ce dernier avait imaginée.

Un puits d’extraction associé à une centrale thermique, au début du XXe siècle

48Au cours des années 1890, les travaux à la base du puits Hottinguer restent le plus souvent limités à des galeries de reconnaissance fournissant un peu de charbon. La rentabilité est à peu près nulle dans la mesure où les chantiers en activité sont dispersés. Les tentatives répétées pour augmenter les ressources accessibles par ce puits et regrouper les ouvriers dans des quartiers plus productifs donnent des résultats mitigés. C’est aussi à partir du puits Hottinguer que sont réalisées, en 1901, les premières tentatives pour mécaniser les travaux du fonds, avec des perforatrices associées à une station d’air comprimé. Aussi faible qu’elle soit, l’extraction de la houille par le puits Hottinguer participe tout de même, au début du XXe siècle, à l’augmentation de la production de l’ensemble de la houillère. Le puits Hottinguer trouve aussi sa place en tant que lieu d’expérimentation au sein du plan de relance mis en œuvre par l’ingénieur des mines Charles Destival. Ce dernier a pris la suite de Nougarède, comme ingénieur-directeur, en 1899. Dans un contexte morose, marqué par une diminution de la production dans la plupart des exploitations de la région, en raison de la pression commerciale des houillères du Nord et du Pas-de-Calais, la houillère d’Épinac voit son extraction passer de 136 141 tonnes à 144 085 tonnes, entre 1903 et 1904.

Fig.5. À l’intérieur du puits Hottinguer (1901)

Fig.5. À l’intérieur du puits Hottinguer (1901)

Les photographies de l’intérieur du puits Hottinguer sont extrêmement rares. Il s’agit même des deux seules connues. Elles sont datées de 1901 et ont été réalisées en même temps, dans la mesure où les deux protagonistes présents sur la photographie de droite sont aussi sur celle de gauche. Ces clichés peuvent être identifiés sans difficulté dans la mesure où la photographie de gauche a été prise devant une plaque sur laquelle apparaissent les indications suivantes : Houillères d’Épinac, extraction atmosphérique, système Z. Blanchet, Révollier- Bietrix. Il est difficile de situer précisément l’emplacement de cette prise de vue. Une visite sur le site n’a pas apporté d’informations précises. Une partie des protagonistes est sur le point de descendre dans le puits, comme en attestent leur équipement et la présence d’une lampe de mine allumée. Par ailleurs, devant la fenêtre, un garde-corps a le même profil que celui représenté sur les plans de Blanchet. La machine de la photographie de droite est en état de marche. Elle n’a rien de commun avec la machine pneumatique. Au regard des éléments identifiables, il s’agit plus vraisemblablement de la machine d’extraction qui a permis de maintenir le puits en activité après 1887.

Photographies datées de 1901, collection Passaqui

  • 56 À la fin des années 1920, la puissance de la centrale s’élève à 17 000 kW.

49Jusqu’à la Première Guerre mondiale, le puits Hottinguer a constitué une curiosité technique et architecturale qui en faisait un lieu de rendez-vous incontournable pour les ingénieurs des mines. Il fut ensuite oublié avec le déclin des houillères d’Épinac, le démantèlement du système d’extraction, qui a cédé la place à une centrale thermique. Construite à partir de 1910, elle a progressivement gagné en puissance, ce qui a profondément modifié la physionomie du site56.

Fig.6. L’extension des capacités de production de la centrale thermique Hottinguer

Fig.6. L’extension des capacités de production de la centrale thermique Hottinguer

En raison de la faiblesse de l’extraction par le puits Hottinguer et des dimensions considérables des bâtiments, il est décidé d’utiliser le carreau du puits pour d’autres usages et, en particulier, la construction d’une centrale thermique décidée en 1910. La présence des installations ferroviaires et de l’évolution du centre de gravité de la production sont aussi à prendre en compte. Ces cartes postales sont regroupées chronologiquement. Pour autant, celle située en bas à gauche, bien que correspondant à la période de l’entre-deux-guerres, comme en atteste la présence des deux poussards qui sortent du flanc gauche de la tour Hottinguer, fait apparaître la première tranche de la station installée dans un bâtiment latéral qui accueillait, à l’origine, la machine pneumatique générant le vide dans le tube atmosphérique. Un pavillon similaire, aujourd’hui pratiquement rasé, a été construit à proximité, lui aussi pour accueillir des turbo-alternateurs. Les cartes postales suivantes présentent un autre stade du développement de la centrale, sur l’autre flanc des installations. Ce bâtiment est encore en très bon état de conservation. Le rez-de-chaussée servait notamment de lieu de vie aux ouvriers de l’ancienne usine Bitulac. Le sommet propose un panorama remarquable sur la tour, ses ailes et le sommet du pavillon qui accueillait la machine pneumatique, partie du site fortement dégradée à la suite d’un incendie. La carte postale en bas à droite correspond aux derniers développements de la centrale thermique, avec, au premier plan, un portique métallique. Il réceptionnait le charbon acheminé depuis le puits Saint-Charles par un convoyeur aérien.

Cartes postales anciennes, première moitié du XXe siècle, collection Passaqui

50L’installation des premiers turbo-alternateurs était contemporaine d’une dynamique commune à l’ensemble des grandes houillères régionales. Une centrale avait été érigée à La Machine, en 1893, notamment pour favoriser l’électrification des équipements du jour et faciliter l’aérage des chantiers souterrains (Gribet 1999), pendant que Blanzy entamait l’exploitation d’une première centrale, connue par la suite sous le nom de Lucy I (Passaqui 2010). Mais il s’agissait de nouvelles installations quand Épinac se contente de reprendre un bâtiment existant, dont les dimensions dépassent les besoins de l’extraction. Se lancer dans la production d’électricité constituait une nécessité pour des exploitations confrontées à une proportion croissante de charbons non marchands et à la perte d’une partie de la clientèle industrielle. À Épinac, la production de coke cessa en 1899. Celle de briquettes, qui reprit en 1904, était certes rémunératrice mais elle représente des volumes faibles. En raison de l’étroitesse de l’aire dans laquelle les charbons épinacois s’écoulent sans être confrontés à une concurrence farouche, il s’avéra préférable de les brûler sur place pour produire de l’électricité. C’est ce que signalent d’ailleurs les administrateurs des houillères d’Épinac au moment de présenter cet investissement majeur à leurs actionnaires :

« Il y a donc un intérêt vital pour l’avenir de notre société à rechercher des débouchés rémunérateurs pour nos déchets de triage et de lavage ainsi que pour les charbons bruts de nos couches les plus barrées (Chabard, Passaqui 2007) ».

51Or, l’augmentation de la production ne peut être obtenue qu’en extrayant des charbons qui, auparavant, n’auraient pas été considérés comme commercialisables. Jusqu’au début des années 1930, la centrale thermique constitue la principale source de bénéfices de l’entreprise. À cette époque, le bâtiment, en lui-même, ne retient quasiment plus l’attention des visiteurs. Le site est photographié de la toute fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, pendant l’âge d’or des cartes postales. Il s’agit de prises de vues extérieures, souvent panoramiques, intéressantes pour suivre l’évolution du site à la suite de la construction des différentes tranches de la centrale thermique attenante. Les cartes postales de l’entre-deux-guerres et semi-modernes sont plus rares. Elles permettent tout de même de découvrir dans quelles conditions a été installé le chevalement logé à l’intérieur du puits au lendemain de la Première Guerre mondiale, en lieu et place du tube atmosphérique et de son dispositif auxiliaire.

Fig.7. Le chevalement métallique du puits Hottinguer et ses traces au sein des installations actuelles

Fig.7. Le chevalement métallique du puits Hottinguer et ses traces au sein des installations actuelles

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la compagnie des Houillères et du Chemin de fer d’Épinac (HCE) entreprend des travaux d’envergure pour maintenir, voire augmenter le niveau de la production. C’est dans ce contexte que l’outillage du puits Hottinguer est profondément transformé. Le système d’élévation dit provisoire, utilisé depuis la construction du puits et maintenu après 1887, année de l’abandon du procédé atmosphérique, est remplacé par un chevalement métallique. Comme cela a déjà été le cas quelques années plus tôt au niveau du puits de La Garenne, autre site emblématique des houillères d’Épinac, le chevalement est inséré à l’intérieur des bâtiments miniers. En raison de la hauteur de la tour centrale, il n’est pas nécessaire de percer la toiture. Il a été assemblé sur le carreau du puits avant d’être remonté à l’intérieur. Deux ouvertures sont réalisées sur une des ailes de la tour pour laisser passer les jambes de force du chevalement, qui ne tiennent pas dans la tour centrale. Dans les ailes (clichés du bas), deux imposants massifs en pierres sont construits pour assurer leur appui au sol.

Image 1 : carte postale ancienne, années 1920, collection Passaqui. Image 2 : photographie sans date, entre-deux-guerres (https://monumentum.fr/​monument-historique/​pa00113565/​epinac-puits-de-mine-hottinguer-avec-sa-centrale-electrique). Image 3 et 4 : clichés de l’auteur.

52Les installations décrites par Daumas correspondent donc bien à celles édifiées par les HCE à l’instigation de Zulma Blanchet. L’ensemble a ensuite été aménagé, mais n’a pas connu de transformations ou de destructions majeures jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et même au-delà. Le site comprend donc une tour, avec des ailes est et ouest présentant une symétrie parfaite (fig.8).

Fig.8. Le puits Hottinguer, hier et aujourd’hui

Fig.8. Le puits Hottinguer, hier et aujourd’hui

Cette confrontation entre une carte postale datée des toutes premières années du XXe siècle et une photographie prise au cours de l’été 2024 est riche d’enseignement. Tout d’abord, les commentaires sur la carte sont, ce qui est assez rare, en relation avec la photographie qui l’illustre, non seulement sur la face reproduite mais aussi sur le revers, avec des commentaires sur l’approvisionnement en houille des machines à vapeur de Nolay, petite ville de Côte-d’Or, alimentées, d’après le rédacteur de la carte, par le charbon du puits Hottinguer. En un peu plus d’un siècle, la physionomie des bâtiments du puits Hottinguer a connu des changements importants. Seule la tour dans laquelle le puits atmosphérique était logé émerge encore. Les protections des fenêtres, qui réduisaient considérablement la luminosité à l’intérieur du bâtiment, sont désormais retirées. De chaque côté émergent les deux ailes latérales avec des charpentes et des toitures refaites dans leur intégralité. Une seule des deux cheminées a été conservée. Sa partie sommitale a été abaissée. Cette confrontation aboutit à la découverte de deux paysages qui ont connu une évolution sensible. Les haies et les bosquets sont beaucoup plus nombreux ; la culture a laissé la place à l’élevage, avec, en l’occurrence, des fenaisons qui viennent de s’achever. Enfin, ces deux documents renvoient parfaitement au projet patrimonial et touristique « Les routes de l’énergie », conçu par le muséum d’histoire naturelle d’Autun. En effet, au pied des installations du puits Hottinguer a été installé, discrètement, un champ de panneaux photovoltaïques, dans le sillage d’une réflexion nationale menée sur la valorisation des friches industrielles.

Image du haut : carte postale ancienne, collection Passaqui. Image du bas : photographie Passaqui

53Les ailes étaient prolongées par des bâtiments qui ont connu des sorts variables. Un des pavillons latéraux est déjà en ruine à la fin des années 1950. Le second a subi un incendie en 1989 qui a fait disparaître sa toiture et a fragilisé les murs.

Fig.9. Vue aérienne du puits Hottinguer dans les années 1950. 

Fig.9. Vue aérienne du puits Hottinguer dans les années 1950. 

Les photographies postérieures à l’arrêt de l’extraction et de la centrale électrique sont rares. Cette carte postale semi-moderne du carreau du puits Hottinguer fait partie d’une série, dont deux autres exemplaires sont en accès libre sur le site des archives départementales de Saône-et-Loire. Le démantèlement du site a déjà commencé. Sur la partie droite des installations, le portique automatique qui assurait la réception du charbon par convoyeur aérien, depuis le puits Saint-Charles, afin d’alimenter la centrale thermique, a déjà été enlevé, sans doute pour être ferraillé. Les deux trémies en béton visibles sur la photo étaient encore en place au début des années 2000. La grande chaufferie a été rasée au milieu de la Seconde Guerre mondiale, en vue de déplacer ses équipements vers le site des Télots, aux portes d’Autun, dédié à la production de carburants et de lubrifiants à partir d’huiles de schistes bitumineux. L’aile dans laquelle était située la machine d’extraction associée au chevalement métallique semble avoir été éventrée. Enfin, au premier plan, le crassier sur lequel était déversé les scories et les cendres issues de la combustion du charbon à la centrale est encore intact. 

Carte postale semi-moderne, collection Passaqui

De l’étude à la reconnaissance patrimoniale

Abandon, contestations, la marche interrompue vers la démolition…

54C’est donc au moment de la disparition de Bitulac, l’entreprise résidente depuis la fin des années 1940, que des questions de pollution, de mise en sécurité, et de sauvegarde des bâtiments, se sont posées. Dans ce long processus de reconnaissance de l’intérêt historique, technique et patrimonial du puits Hottinguer, plusieurs étapes ont été marquantes.

  • 57 Actes du Colloque CILAC 2004, « 30 ans de patrimoine industriel en France ». L’archéologie industri (...)

55Le 26 novembre 1992, le puits Hottinguer a fait l’objet d’une inscription à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques (Passaqui 2006 : 90-91). En 2004, il a accueilli les membres du CILAC, dans le cadre du colloque célébrant les trente ans de l’association au Creusot57. Puis, en 2010, il a constitué le terme de l’excursion du colloque Deux siècles de législation minière en France, organisé conjointement à Autun par le muséum d’histoire naturelle d’Autun, l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et la Société de l’Industrie minérale (Paquette et Passaqui 2010 : 139). Mais en parallèle à cette reconnaissance nationale, à Épinac même, une partie de la population était loin de considérer favorablement d’éventuels efforts en vue de sauvegarder le bâtiment du puits Hottinguer. Au-delà de son intérêt architectural et patrimonial, le puits Hottinguer est entaché d’un passé industriel post-minier à l’origine d’une forte crispation au sein d’une partie de la population, qui s’était regroupée derrière l’Association de lutte contre les pollutions créée en 2001. Celle-ci militait en faveur du démantèlement du site en raison du coût supposé de sa restauration, mais aussi et surtout des conséquences sanitaires potentielles des activités industrielles passées.

56Le combat mené par cette association a retenu l’attention de médias nationaux, et en particulier de l’hebdomadaire L’Express qui lui a consacré un article retentissant en 2003. Le texte publié occulte les aspects patrimoniaux et architecturaux, l’intérêt du site en tant que lieu d’accueil d’un système original d’extraction au profit d’un sensationnalisme susceptible de glacer d’effroi le lecteur :

« Depuis quelques mois, une rumeur insistante court les cafés, les marchés, le parvis de l’église : elle affirme que les cas de cancer se multiplient à un rythme alarmant parmi les habitants de la commune. Et désigne le responsable de cette “épidémie” : la pollution chimique provoquée par une usine de peinture et d’enduits spéciaux, Bitulac, fermée depuis 1998 ».

  • 58 DRIRE : Direction régionale de la recherche, de l’industrie et de l’environnement, aujourd’hui DREA (...)
  • 59 Direction départementale des affaires sanitaires et sociales.
  • 60 Cette étape a été menée sous la conduite locale d’Yves Paquette, qui outre ses fonctions au sein de (...)

57Il est vrai que cette dernière n’a pas fait preuve de beaucoup de précautions dans la gestion de ses déchets. Mais, entre 2002 et 2004, une campagne de dépollution a été menée avec des fonds publics (DRIRE, ADEME, ENERIS58), aboutissant à une dépollution complète du site. La DDASS s’est montrée rassurante, en s’appuyant sur les échanges entre les médecins locaux et l’ancien médecin du travail en charge du suivi du personnel de Bitulac59. Un problème juridique est apparu à propos du titre minier. Bien que l’exploitation de la houille ait cessé au début des années 1940, la concession minière d’Épinac était toujours valide, détenue par Charbonnages de France. Dans le cadre de la dissolution annoncée de cet ÉPIC (établissement public à caractère industriel et commercial), il fallut engager une procédure de retrait des concessions minières, notamment celle d’Épinac. Cette phase a été précédée par une étude des différents puits de mine et la rédaction d’un imposant mémoire d’arrêt des travaux miniers. Cette étape a été menée en altérant le moins possible les différents sites d’extraction et en mettant en sécurité les accès aux parties souterraines (puits, fendues, galeries à flanc de coteau) (Charbonnages de France, 2006)60.

  • 61 Une partie de cette exposition est toujours visible au premier étage du muséum, associée à la prése (...)

58En parallèle, sous l’impulsion de Dominique Chabard, le muséum d’histoire naturelle d’Autun a proposé, en 2007, une exposition temporaire intitulée Les routes de l’énergie. Celle-ci faisait la part belle au patrimoine minier épinacois (Chabard, Passaqui 2007 ; Chabard 2013 : 201-202)61. Sortant des murs et dépassant les collections du muséum, le projet se plaçait au cœur d’une logique territoriale, dans la mesure où il était accompagné d’un inventaire des anciens sites miniers (schistes bitumineux, houille, uranium et fluorine) de l’Autunois-Morvan et les débuts d’une réflexion sur la place du bois comme ressource énergétique et matière première des industries chimiques. Depuis les salles du musée, les visiteurs étaient incités à découvrir sur le terrain les principaux vestiges des activités minières locales, en partant de la friche industrielle des Télots, aux portes d’Autun, pour rejoindre Épinac et terminer le parcours avec la découverte du puits Hottinguer. Si l’initiative n'a pas débouché sur une réalisation concrète, elle a tout de même permis aux élus locaux d’être sensibilisés à l’intérêt de ce type de patrimoine ou, dans le cas d’Épinac, de voir leurs actions en cours recevoir une forme de légitimité scientifique.

Des initiatives spontanées à une démarche patrimoniale ambitieuse

59Si, dans un premier temps, la volonté de faire disparaître les bâtiments du puits Hottinguer a rencontré un écho plutôt favorable au sein de la population, une partie de celle-ci a été sensible à la nécessité, pour l’ancien bourg minier, de conserver son site emblématique. Le projet de déclassement du puits Hottinguer a fini par émouvoir. Le préfet de région s’y est opposé pendant que, en parallèle, à Épinac même, une pétition était lancée en vue d’assurer la préservation du site. Elle a rencontré un succès important. Par ailleurs, les événements culturels organisés à Épinac, et parfois même au sein ou à proximité des bâtiments du site Hottinguer, ont suscité un engouement inattendu.

60C’est dans ce contexte qu’a été créée, en novembre 2006, la SPIE (Sauvegarde du patrimoine industriel épinacois), animée pendant des années avec enthousiasme et abnégation par Pierre Sallet, descendant de mineurs épinacois. Le rôle joué par ce dernier et des membres de son association, on pense à Gilbert Martin, est essentiel pour comprendre comment le passé minier d’Épinac, véritable repoussoir pour une partie de la population locale, est devenu depuis quelques années un motif de fierté, un signe d’appartenance malgré le renouvellement de la population. Si, aujourd’hui, plus personne ne semble remettre en cause le bien-fondé des travaux de nettoyage, consolidation et mise en valeur du site, c’est un long combat qu’ont dû mener les maires successifs pour parvenir à atténuer les tensions qui ont émergé au sein de leurs administrés.

61Le puits Hottinguer est devenu un vecteur d’animations touristiques et culturelles. Récemment, la présence dans le périmètre de la commune d’associations ayant des buts proches, le renouvellement des acteurs locaux en raison du vieillissement des pionniers dans la valorisation du patrimoine local, la nécessité aussi de disposer d’un accompagnement scientifique des projets, a conduit à la fusion de la SPIE et de l’association en charge du musée de la mine et du chemin de fer d’Épinac, au sein du Conservatoire du patrimoine industriel, minier et culturel d’Épinac évoqué en introduction. En parallèle, afin d’atteindre ses propres objectifs, mais aussi en soutien des activités de ce conservatoire, la Commune d’Épinac vient de créer un poste de chargé de projet de reconversion de friches. Il s’agit de répondre à la problématique suivante :

  • 62 https://www.emploi-territorial.fr/offre/o071240201359617-charge-projet-reconversion-friches.

« La ville d’Épinac est propriétaire d’un ancien site d’extraction de la houille : le puits Hottinguer. Cet édifice classé Monument Historique est remarquable pour son architecture. Depuis 2010, la ville œuvre pour sa sauvegarde et sa valorisation et l’a inclus dans sa politique de revitalisation. Situé dans la zone d’activité industrielle de la Tour Malakoff, à proximité immédiate et en connexion directe avec le cœur de bourg par la voie verte, l’objectif est de faire du Puits Hottinguer un lieu protéiforme, accueillant des activités culturelles et touristiques tout en perpétuant la tradition industrielle du site62 ».

  • 63 Pour une présentation du projet soutenu par la Fondation du patrimoine, cf. https://www.fondation-p (...)
  • 64 https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/puits-hottinguer-a-epinac.

62Le puits Hottinguer et les campagnes de travaux menées sur le site au cours des dernières années ont connu une exposition médiatique importante et répétée, y compris au niveau national, pendant que des travaux universitaires venaient confirmer l’intérêt du lieu (Tillequin 2016). Le site a été mis en avant dans le cadre de la Mission Patrimoine menée par Stéphane Bern, en partenariat avec la Fondation du patrimoine63, avec le soutien du ministère de la culture et de la FDJ64, notamment à la suite des démarches engagées par Claude Merckel, alors maire d’Épinac. Preuve de l’intérêt du lieu, en Bourgogne, le puits Hottinguer et les forges de Buffon ont été les seuls sites associés au patrimoine industriel à bénéficier d’une exposition aussi forte et répétée.

  • 65 L’émission est visible à partir de ce lien : https://www.youtube.com/watch ?v =0an9WDnyXao.
  • 66 Voir notamment, https://www.youtube.com/watch ?v =gwnLa5umYCs.

63Les équipes de France TV sont venues à plusieurs reprises, tout d’abord dans le cadre de l’Émission patrimoine, associé à la première saison du loto du patrimoine65, puis au moment du passage du Tour de France à proximité du puits. L’aboutissement des travaux de mise hors d’eau et de restauration ont aussi fait l’objet d’un intérêt soutenu de la part de France3 Bourgogne-Franche-Comté66. Une campagne de dons a été lancée en 2015 avec le soutien de la Fondation du patrimoine, quelques mois après les premiers chantiers de restauration.

64Les campagnes de travaux successives ont abouti à la consolidation de la Tour, à la reprise de sa charpente et de sa couverture. Les toitures des bâtiments adjacents, très dégradées, ont fait l’objet d’une remise en état complète, garantissant la pérennité du site. Ces ailes ont été restaurées entre 2019 et 2021. Avec la mise en œuvre des premières tranches de restauration du site, et suivant une volonté manifestée par la municipalité d’Épinac, propriétaire des lieux depuis 2010, l’ensemble du site du puits Hottinguer, y compris les éléments subsistants de la centrale thermique attenante, est classé monument historique depuis le 11 octobre 202267.

65Au terme de ces étapes menées entre 2010 et 2024, le changement est spectaculaire. Le site a été purgé de ses déchets. Le caractère monumental mais aussi élancé du bâtiment ressort après qu’une grande partie des hangars situés de part et d’autre de la tour a été démantelée. Cela a notamment permis de redécouvrir, depuis l’extérieur, le rez-de-chaussée du bâtiment. De même, les arbres et buissons qui s’immisçaient le long des contreforts ont été enlevés. Une partie des joints a été reprise pour limiter les infiltrations et, dans la même logique, les gouttières ont été réparées. Enfin, pour ce qui concerne la tour elle-même, les huisseries des ouvertures, qui avaient été opacifiées, ont été enlevées, ce qui donne à la tour, depuis l’intérieur, une luminosité inédite et remarquable.

66Il n’en demeure pas moins que son état présente encore quelques motifs d’inquiétudes. La tour est un bâtiment élégant dont les parois sont relativement minces. C’est ce qui justifie la présence de quatre contreforts, auxquels s’ajoutent des renforts correspondants aux séparations entre le rez-de-chaussée et le 1er étage, puis entre celui-ci et le 2e étage. Le même dispositif est présent dans le sens vertical. La série d’étages et d’ouverture correspond aux différentes recettes du tube atmosphérique. La base du bâtiment est beaucoup plus solide, même si, à l’emplacement du puits, des poutres, peut-être liées aux installations d’origine, donnent des signes de faiblesse. Les pignons latéraux profitent enfin de la présence des ailes qui jouent aussi un rôle d’arcs-boutants dans le maintien de la tour.

  • 68 Puits Hottinguer, lieu de mémoire et espaces d’aujourd’hui, Dossier de présentation, puits Hottingu (...)

67Ces actions menées au profit de la préservation du site s’inscrivent dans un programme plus vaste, les Petites Villes de Demain, qui « vise à donner aux élus les moyens de concrétiser leur projet de territoire pour conforter son statut de ville dynamique, respectueuse de l’environnement où il fait bon vivre68 ». Une partie de cet engagement renvoie à une place centrale accordée aux nouvelles orientations énergétiques. Les cendres de la centrale thermique répandues au pied des installations minières ont fini par représenter une masse importante de mâchefer. Celui-ci a été réutilisé pour obtenir des matériaux isolants. Désormais, ces abords sont occupés par un champ de panneaux photovoltaïques, suffisamment discret pour ne pas altérer les caractéristiques paysagères du quartier de la tour Malakoff.

  • 69 Dossier de présentation du puits Hottinguer, et entretien avec Patrick Pommier, expert en reconvers (...)
  • 70 Il convient de rappeler l’énergie déployée à ce sujet par Jacky Royet, à l’origine de ces démarches (...)

68Afin de donner une dimension opérationnelle à cette réflexion engagée depuis 2014, la commune d’Épinac s’est rapprochée, fin 2022, de la société « ima’friches » chargée de concevoir un projet de valorisation du site69. En parallèle, depuis 2021, dans la continuité de ce qui avait été réalisé à la friche industrielle des Télots, la commune d’Épinac a établi un partenariat avec l’ENSAM de Cluny et l’institut Image du laboratoire LISPEN, en vue de proposer un film permettant de cheminer virtuellement dans le bâtiment, tout en découvrant les aménagements envisagés70. Il serait intéressant que ce projet ambitieux et déjà bien abouti puisse trouver un prolongement en se concentrant sur la tour elle-même.

69Dans la mesure où celle-ci est devenue une coquille vide, après l’enlèvement du système atmosphérique puis du chevalement métallique, et étant donné que le tube lui-même est très documenté grâce aux planches publiées par Zulma Blanchet, il semble tout à fait envisageable de s’appuyer sur la réalité augmentée, afin de lui faire virtuellement retrouver sa place. Cet objectif serait d’autant plus utile que le bâtiment et le tube atmosphérique n’ont jamais été considérés comme un tout. Du XIXe siècle ne restent que les descriptions techniques proposées par Blanchet ou par les visiteurs des installations minières. De la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle, on retient un bâtiment à l’architecture hardie, qui n’avait jamais reçu la moindre reconnaissance pendant qu’il appartenait aux HCE.

  • 71 https://www.epinac.fr/decouvrir-epinac/tourisme/activites-nature/.

70Dans l’optique de donner un nouveau souffle au projet « Les routes de l’énergie », l’offre de visites guidées pourrait être renforcée par cet appui technologique. Reconvertis pour certains, en cours de restauration pour d’autres, les principaux édifices légués par l’industrie minière sont déjà au cœur d’une promenade culturelle, dite Circuit des Gueules noires, formant une boucle de près de 10 km71. Le parcours, partant de la cité minière de la Garenne, propose de passer à proximité des dix puits de mine les plus marquants de l’histoire de l’exploitation de la houille à Épinac. Les bâtiments d’exploitation de cinq d’entre eux sont encore dans un état de conservation satisfaisant. Hormis le puits Saint-Charles, le plus récent, mis en service au lendemain de la Première Guerre mondiale (Chabard, Passaqui, 2007), ils renvoient tous à la singularité des choix architecturaux épinacois, avec des bâtiments en briques au sein desquels étaient logés chevalements et machines d’extraction (Blanchet 1867, Guiollard 1993).

71Par le passé, l’affluence enregistrée dans le cadre des Journées européennes du patrimoine a suffisamment prouvé qu’un public motivé par les anciens sites industriels existait en dehors du territoire couvert par la Communauté Urbaine Creusot-Monceau.

Conclusion

72Objet de curiosité au moment de sa mise en service entre 1876 et 1878, symbole des difficultés financières de l’entreprise ensuite, repoussoir d’une société marquée par le discours post-industriel, où la réflexion patrimoniale ne peut plus se soustraire aux enjeux environnementaux (Jarrige, Le Roux 2021), le puits Hottinguer n’a jamais laissé insensible. Au fil des décennies, il est resté un site minier visité, non seulement pendant sa période d’activité, mais aussi et plus récemment, comme laboratoire de l’archéologie industrielle, au moment où celle-ci était en cours de définition en France, avant que le fruit de ces découvertes ne soit repris pour légitimer le processus de patrimonialisation.

73Au cours de cette nouvelle vie, le puits Hottinguer a bénéficié d’une exposition médiatique remarquable, lié à l’engagement successif des maires, en particulier MM. Merckel et Nicolas, surtout au regard du faible poids démographique d’Épinac. Son image au sein de la population s’est modifiée au cours des dernières années. Le site, rejeté à cause des nuisances environnementales et parce qu’il renvoyait à un passé douloureux, est désormais davantage perçu comme un édifice fédérateur, non seulement par la prouesse technique qui a été à l’origine de sa construction, mais aussi, désormais, du fait de la monumentalité des bâtiments.

74Plusieurs pistes sont envisagées en vue d’apporter une présence pérenne au sein des installations. L’état d’une partie des bâtiments industriels construits à l’époque de Bitulac est susceptible d’intéresser un atelier ou une entreprise industrielle, et ceci d’autant plus que les hangars industriels inoccupés se font de plus en plus rares. Enfin, d’autres réflexions sont engagées, en vue d’accueillir une galerie d’art contemporain, un lieu de restauration, qui pourrait profiter notamment de la magnifique vue panoramique depuis le sommet de l’ancien poste de transformation électrique. Le carreau du puits Hottinguer réunit de multiples potentialités. S’il constitue un ensemble vide, le bâtiment central reste impressionnant et singulier. Il est, par ses dimensions, l’ordonnancement symétrique qui le caractérise, unique parmi les houillères du Centre-Midi de la France. Sur ce point, Maurice Daumas ne s’était pas trompé tout comme il lui revient d’avoir été un des premiers à mettre en avant son intérêt dans l’architecture minière.

Fig.10. Quelques étapes de la restauration du puits Hottinguer

Fig.10. Quelques étapes de la restauration du puits Hottinguer

Cette mosaïque de six photographies présente quelques étapes de la restauration de l’intérieur et des parties externes de la tour Hottinguer ainsi que de ses bâtiments annexes. La charpente de la tour, ainsi que la couverture, ont été reprises au cours d’une campagne de travaux menée en 2016. Elle a permis d’interrompre la dégradation de l’intérieur de la tour, caractérisée depuis quelques années par des infiltrations en raison de la dégradation des gouttières et de la chute d’ardoises au moindre aléa météorologique. Des arbres avaient aussi commencé à pousser dans les arrêtes de la tour, fragilisant la maçonnerie. Cette campagne de travaux a aussi abouti à l’installation du chien-assis retiré lors d’une restauration antérieure, à l’époque où le site était exploité par Bitulac. La 2e photographie à gauche présente le site en 2008, avant son acquisition par la commune d’Épinac. La partie avant des bâtiments est encore encombrée de constructions élevées par Bitulac. Le panneau de cette entreprise figure d’ailleurs sur la façade. Ces éléments ont depuis été retirés afin de redonner à la tour son caractère majestueux initial. Après l’enlèvement des déchets associés à l’activité de Bitulac, outre la couverture, des travaux lourds, ayant conduit à la mise en place d’échafaudages, ont porté notamment sur la consolidation des contreforts de la tour ainsi que sur la reprise de la charpente et de la couverture en tuiles mécaniques des deux ailes. 

Photographies 1 (2021), 2 (2024), 3 (2008), 5 (2021) et 6 (2021) : Passaqui. Photographie 4 (2016) : Carole Dessertenne, mairie d’Épinac

75Enfin, au moment où certaines communes découvrent combien leur patrimoine religieux peut s’avérer d’un entretien hors de leurs possibilités financières, les ressources mises en œuvre par Épinac pour porter un projet aussi ambitieux que celui de la restauration d’un ensemble de bâtiments de grandes dimensions offrent des points de comparaisons stimulants. Comme ailleurs en France, il est apparu que la forme associative présentait des limites pour mener un projet aussi ambitieux que celui d’une réhabilitation qui permettrait d’accueillir, à l’intérieur des bâtiments du puits Hottinguer, du public et des entreprises. Il a donc fallu que les collectivités locales assurent et coordonnent le projet.

Fig.11. Couverture de la plaquette de présentation du puits Hottinguer

Fig.11. Couverture de la plaquette de présentation du puits Hottinguer

La vue du puits Hottinguer fait ressortir son état actuel. Plusieurs étapes du processus de sauvegarde sont visibles, au niveau de la toiture, avec les ardoises posées pour combler les vides, le chien-assis d’origine, retrouvé au moment des travaux et replacé au sein de la toiture. De ce côté du puits, la hauteur de la tour centrale est d’autant plus importante qu’elle est amplifiée par les remblais placés au moment de la construction, afin de donner de la stabilité au site. Les toitures des ailes ont été elles-aussi complètement refaites, de la charpente aux tuiles. Enfin, la partie inférieure des bâtiments latéraux fait apparaître les modifications liées aux activités successives. Dans l’aile située à gauche de la tour, de grandes ouvertures ont été percées pour accueillir le laboratoire de Bitulac. Celui-ci était dirigé par Gaston Lassus qui présentait la particularité d’avoir travaillé au sein des HCE, puis de la Société minière des Schistes Bitumineux, et enfin de Bitulac. 

David Gérard, chargé de projet, commune d’Épinac

  • 72 Il s’agit de l’entreprise Dufraigne qui fait partie du Groupement des entreprises de restauration d (...)
  • 73 Il s’agit de David Gérard, avec lequel nous avons échangé à plusieurs reprises au moment de rédiger (...)

76Il a fallu faire appel à des équipes capables de se confronter à un site à la fois dégradé et monumental. Mais la région n’est pas exempte de ressources. La présence d’un patrimoine bâti dense, sous la forme de châteaux, d’édifices religieux remarquables, a permis à Dufraigne, une entreprise autunoise, de disposer des compétences nécessaires pour affronter de pareils chantiers. Elle a réalisé la consolidation de la tour centrale du site Hottinguer72. Par ailleurs, la question de la mise en valeur de bâtiments industriels ne se limite pas, à Épinac, au puits Hottinguer. Dans une France qui risque prochainement de manquer de sites capables d’accueillir des ateliers ou des usines, Épinac présente de nombreux atouts73. Au fil des ans, la stabilité des orientations culturelles et patrimoniales a fini par démontrer qu’un site qui semblait dépasser les moyens humains et financiers d’une petite ville pouvait en définitive concourir à son développement économique. Cette dynamique touche d’autres endroits de cette France dite périphérique, pleine de ressources et qui s’avère capable de renaître à l’ambition tout en échappant à la fatalité du déclassement.

77Depuis qu’elle a racheté les anciens bâtiments miniers, la mairie d’Épinac a fait de la réhabilitation de la tour Hottinguer et de ses ailes un de ses chantiers phares, tout en faisant en sorte que le coût des travaux ne grève pas ses capacités d’investissement. Elle y consacre des moyens financiers certes non négligeables, qui restent supportables en raison des soutiens financiers et des subventions qui les accompagnent.

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Notes

1 https://www.mairie-la-machine.fr/le-musee-de-la-mine.

2 https://www.mineronchamp.fr.

3 https://www.musee-mine-blanzy.fr.

4 La houille était presque épuisée mais il s’agissait surtout d’orienter la main-d’œuvre épinacoise vers le site des Télots où étaient produits des carburants de remplacement.

5 À Épinac même, les cavaliers réunissant les schistes de lavage ont été repris en 2008 par la SNET en raison de leur teneur en carbone non négligeable, pour être utilisé en mélange avec des charbons sud-africains, consommés à la centrale thermique Lucy III, de Montceau-les-Mines.

6 Cet ensemble de logements a été abandonné vers 1980, après l’apparition d’une lézarde importante à proximité de l’ancien tube du puits. Le bâtiment qui accueillait les équipements miniers a dû être détruit (Témoignage de M. Gilbert Martin).

7 Entreprise rachetée en 2007 par le groupe Piroux. Nous avions eu la possibilité de visiter les installations du puits Saint-Charles en compagnie de MM. Lioret père et fils, en 2003.

8 La société française des peintures bitumineuses (SFPB BITULAC) a été créée le 25 décembre 1955.

9 Puits Hottinguer, lieu de mémoire et espaces d’aujourd’hui, Dossier de présentation, puits Hottinguer, ville d’Épinac, p. 3.

10 Cette entreprise a pris la suite des établissements Martin, qui se sont implantés sur le carreau du puits Hottinguer, et plus particulièrement dans une partie des locaux de l’ancienne centrale thermique, au cours des années 1950 (Témoignage de M. Gilbert Martin).

11 Blanchet est ingénieur civil des mines. Il est issu de l’École des mines de Saint-Étienne. Avant d’être recruté comme simple ingénieur et de connaître en l’espace de quelques années une ascension rapide, qui le porte à la tête de l’exploitation, il est passé par les houillères de Montrambert, dans la Loire, puis par celles de Ferrières, dans l’Allier.

12 Il est aussi probable que la luminosité à l’intérieur du bâtiment principal ait été beaucoup plus faible qu’aujourd’hui dans la mesure où, sur les cartes postales anciennes, les grandes fenêtres semblent masquées par des panneaux. Jusqu’à ces dernières années, ce sont d’ailleurs les ouvertures dans la toiture provoquées par la chute d’ardoises qui permettaient de découvrir une charpente encore en bon état.

13 Actuellement présidé par Jan Roedoe.

14 Cette cité a fait l’objet d’une importante exposition médiatique au moment de l’Exposition universelle de Paris, en 1867, notamment à la suite d’initiatives conduites par le journaliste-ingénieur civil des mines Louis Simonin. La rue Hottinguer a depuis été rebaptisée.

15 La société elle-même a été créée en 1829 à l’instigation de Samuel Blum.

16 Nous utilisons à dessein cette expression dans la mesure où dans ses premiers travaux consacrés au puits Hottinguer, Daumas ne le désigne pas.

17 Pour Comité d’information et de liaison pour l’étude du patrimoine et de l’archéologie industriels.

18 Voir à ce sujet, l’entretien entre Pierre-Christian Guiollard et le comité de rédaction de la revue d’histoire des techniques e-Phaïstos dans ce même numéro.

19 En fait, même si le nom Épinac-les-mines est encore accolé à la gare d’Épinac, située à quelques mètres du puits Hottinguer auquel Daumas fait référence sans le désigner précisément, la ville a repris son nom initial, Épinac, en 1968.

20 Il y a confusion entre le site d’exploitation qui a été abandonné en 1942-1943 et la fin de l’extraction dans le bassin d’Épinac-Autun, mais en dehors d’Épinac, en 1966.

21 La petite mine de Veuvrotte, exploitée à proximité d’Épinac jusqu’en 1966, constituait d’ailleurs un des centres d’activités des HBB, au même titre que les mines de La Machine et celles de Montceau-les-Mines.

22 Cette documentation est désormais communicable aux archives départementales de Saône-et-Loire, au sein de la série 1ETP. Les HBB ont ensuite été intégrées au sein des HBCM.

23 C’est d’ailleurs en préparant cet article ainsi qu’un ouvrage publié ultérieurement et consacré au parcours de l’ingénieur-directeur Zulma Blanchet que nous avons pu retrouver au sein des archives de l’Académie François Bourdon, au Creusot, le contrat signé entre Schneider et Cie d’une part et les administrateurs des HCE, d’autre part, en vue de la fourniture des viroles destinées à être assemblées pour former un tube de près de 600 mètres de longueur. Académie François-Bourdon (AFB), 0064Z0872, registre de copies de marchés.

24 Par ailleurs, les bases de ce chevalement érigé au lendemain de la Première Guerre mondiale étaient masquées, jusqu’à une date récente, par des cloisons posées par la société Bitulac.

25 Ces bâtiments ont été décrits par Pierre-Christian Guiollard, une douzaine d’années plus tard, dans son ouvrage sur les chevalements des houillères françaises (Guiollard 1993).

26 Sur les cartes postales du début du XXe siècle, une plaque apparaît sur une des façades de la tour Hottinguer. Elle portait sans doute le nom du puits, mais il n’a pas été possible de trouver des vues sur lesquelles le texte serait visible. Le système d’attache existe encore sur la tour.

27 Qui allait conduire à la création de la commune de Malakoff en 1882.

28 Œuvre intitulée La Tour Malakoff et le rivage de Trouville, peinte en 1877, ainsi qu’un dessin au crayon noir, intitulé La tour Malakoff vue de la jetée promenade de Trouville et réalisé en 1894-96. https://www.musee-orsay.fr/fr/oeuvres/la-tour-malakoff-vue-de-la-jetee-promenade-trouville-225854.

29 Cette tour est clairement associée à ce fait d’armes majeur, avec la mention : « Gloire immortelle à l’Armée d’Orient-8 septembre 1855 ».

30 D’après Pierre-Christian Guiollard, un seul édifice minier, le puits du Sarteau, à Fresnes-sur-Escaut, dans le Nord, classé au titre des monuments historiques le 9 mars 1999, présente des similitudes avec le puits Hottinguer (Guiollard, 1993), mais il a perdu toute vocation industrielle au moment même où le puits Hottinguer était achevé. L’ambition architecturale initiale est beaucoup plus modeste qu’à Épinac. Le bâtiment, dont l’usage était limité à l’exhaure de quartiers souterrains peu profond, est à la fois beaucoup plus massif, moins aérien que le bâtiment du puits Hottinguer qui comprend par ailleurs, des ailes et des pavillons latéraux, absents au puits du Sarteau.

31 En fait, c’est une profondeur qui a été atteinte au début des années 1870. En 1863, au commencement du fonçage du puits Hottinguer, il n’est pas envisagé d’atteindre des profondeurs aussi importantes. Ce sont les caractéristiques géologiques du bassin, moins favorables qu’anticipé, qui sont à l’origine de l’approfondissement considérable du puits.

32 Nous ne nous étendons pas sur ce sujet des chemins de fer atmosphériques, en préférant renvoyer le lecteur au remarquable article publié par Paul Smith à ce sujet : Paul Smith, « Les chemins de fer atmosphériques. Première partie », In Situ [En ligne], 10 | 2009, mis en ligne le 19 mai 2009, consulté le 14 novembre 2019. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/4192 ; DOI : 10.4000/insitu.4192 et Paul Smith, « Les chemins de fer atmosphériques. Deuxième partie », In Situ [En ligne], 10 | 2009, mis en ligne le 19 mai 2009, consulté le 01 mai 2019. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/4236; DOI : 10.4000/insitu.4236

33 La pose de la première pierre survient à 1872. Elle revient à André Lutscher, administrateur des HCE et, par ailleurs, lui aussi membre de la haute-banque parisienne.

34 En fait, la construction des bâtiments commence après la découverte d’une belle lentille de charbon à la base du puits en 1871.

35 Site que nous avons commencé à suivre à partir de 2003 et, de manière plus intensive et constante, à partir de 2007 dans le cadre du projet patrimonial « Les routes de l’énergie ».

36 Parfois orthographié Hottinger.

37 C’est sous ce terme qu’il est mentionné dans les actes de sociétés, les encarts publicitaires insérés dans la presse locale, mais aussi dans deux publications éditées à l’instigation des HCE (Gislain 1861 et Blanchet 1867). Secrétaire général des HCE, Gislain avait fait publier une carte précise des établissements industriels du bassin d’Épinac-Autun (POTIQUET, Alfred. Carte industrielle du bassin d’Autun dressée sur la demande de MM. les membres du Conseil d’administration de la société anonyme des houillères et du chemin de fer d’Épinac d’après les documents de M. H. Gislain, secrétaire général, 1861). Il avait été érigé au moment où Horace Vernet achevait de peindre le célèbre tableau représentant Mac Mahon au moment de prononcer, au sommet de la tour Malakoff, le « J’y suis, j’y reste » qui allait l’accompagner pendant toute sa carrière. Au cours des années suivantes, de nombreux édifices, plus ou moins massifs, des phares, des prisons, des donjons et des bâtiments industriels, ont été surnommés ainsi, sans que cela ne renvoie à une technique ou à une architecture particulière.

38 Voir à ce sujet les illustrations qui accompagnent l’entretien avec Pierre-Christian Guiollard.

39 Le château de Sully appartient toujours à ses descendants.

40 Par ailleurs, une des œuvres les plus connues du musée Rolin, à Autun, achevée par Horace Vernet en 1858, est intitulée La prise de la tour Malakoff.

41 Si Mac Mahon a effectivement été un acteur important de la victoire des troupes de Napoléon III à la bataille de Solférino, c’est bien quelques jours plus tôt, à la bataille de Magenta, qu’il est couvert de gloire, cequi lui a permis de recevoir le titre de Duc de Magenta. Le titre de duc de Malakoff est revenu au général Pélissier qui a été doublement mis en avant, en recevant également le bâton de maréchal quelques jours plus tard.

42 A. Langlois, élève externe, Mémoire avec atlas sur la houillère d’Épinac (Saône-et-Loire), École des mines de Paris (EMP), M (1856), n° 602, 35 pages.

43 Cette approche est portée par les HCE mais repoussée par Le Creusot qui a pourtant eu recours à cette pratique auprès de petits maîtres de forges au cours des années précédentes.

44 Les puits postérieurs sont équipés de chevalements métalliques et ne présentent plus d'originalité.

45 Cette hauteur très importante n’est pas sans rappeler les chevalements en bois qui caractérisent les installations minières du bassin de Commentry, dans les années 1840-1850, que Blanchet connaît bien puisqu’il y a travaillé quelques années comme ingénieur au service des établissements Bouguéret, Martenot et Cie.

46 Ce paragraphe est en grande partie inspiré de l’ouvrage suivante : CHABARD, Dominique et PASSAQUI, Jean-Philippe. Les routes de l’énergie, Épinac-Autun-Morvan, Muséum d’histoire naturelle Jacques de la Comble, 2007. Pour une présentation plus étoffée de l’histoire du puits Hottinguer, nous renvoyons à l’ouvrage suivant, à paraître : PASSAQUI, Jean-Philippe. Zulma Blanchet, de Saint-Étienne à Épinac, itinéraire d’un ingénieur solitaire.

47 Cette lentille s’est avérée, en définitive, d’une extension limitée.

48 Dans les projets publiés par Blanchet, deux tubes auraient dû fonctionner en tandem.

49 Costeau, Journal de Voyage, note relative à l’exploitation de la houille à grande profondeur, EMP, J (1872), 456.

50 La période est caractérisée par la multiplication des coups de grisou dans les houillères du Centre de la France. À Épinac même, une explosion a fait dix morts au puits de la Garenne, en 1870.

51 Le progrès de la Côte-d’Or, 28 juillet 1876 et Frédéric Delafond, Procès-verbal de visite du puits Hottinguer, juillet 1876, archives DREAL, concession d’Épinac.

52 Par la suite, certains utilisateurs seront confrontés à des nausées, des vomissements et aux bourdonnements d’oreilles habituels avec ce type d’installations.

53 INPI, Zulma Blanchet, Système atmosphérique d’extraction Zulma Blanchet pour l’exploitation des mines à toute profondeur, Épinac-les-Mines, 18 novembre 1876, p. 5.

54 Voir à ce propos l’entretien avec Pierre-Christian Guiollard, dans ce même numéro.

55 Le tube avait été renversé le 28 juillet, sans grands dommages, ce qui avait permis sa remise en marche quotidienne dès le 25 août.

56 À la fin des années 1920, la puissance de la centrale s’élève à 17 000 kW.

57 Actes du Colloque CILAC 2004, « 30 ans de patrimoine industriel en France ». L’archéologie industrielle en France, 2004, no 45, p. 118-119.

58 DRIRE : Direction régionale de la recherche, de l’industrie et de l’environnement, aujourd’hui DREAL ; ADEME : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, aujourd’hui ADEME-Agence de la transition énergétique ; INERIS : Institut national de l’environnement industriel et des risques.

59 Direction départementale des affaires sanitaires et sociales.

60 Cette étape a été menée sous la conduite locale d’Yves Paquette, qui outre ses fonctions au sein de Charbonnages de France et d’INERIS, est un grand connaisseur du patrimoine minier et notamment de celui d’Épinac. C’est en sa compagnie que nous avons pu réaliser une visite étendue du puits Hottinguer, dans le cadre du colloque consacré à l’évolution du droit minier en France, de la loi du 21 avril 1810 à la situation de l’après-Mine.

61 Une partie de cette exposition est toujours visible au premier étage du muséum, associée à la présentation des collections paléontologiques des terrains permo-carbonifères.

62 https://www.emploi-territorial.fr/offre/o071240201359617-charge-projet-reconversion-friches.

63 Pour une présentation du projet soutenu par la Fondation du patrimoine, cf. https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/puits-hottinguer-a-epinac.

64 https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/puits-hottinguer-a-epinac.

65 L’émission est visible à partir de ce lien : https://www.youtube.com/watch ?v =0an9WDnyXao.

66 Voir notamment, https://www.youtube.com/watch ?v =gwnLa5umYCs.

67 https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00113565. La notice du site suivant reprend une confusion fréquente, issue des travaux de Daumas, en évoquant un exemple de chevalement maçonné en briques au XIXe siècle, alors qu’il s’agissait d’un bâtiment ayant accueilli le système atmosphérique puis un chevalement. https://monumentum.fr/monument-historique/pa00113565/epinac-puits-de-mine-hottinguer-avec-sa-centrale-electrique.

68 Puits Hottinguer, lieu de mémoire et espaces d’aujourd’hui, Dossier de présentation, puits Hottinguer, ville d’Épinac, p. 4.

69 Dossier de présentation du puits Hottinguer, et entretien avec Patrick Pommier, expert en reconversion des friches, EODD, Cabinet de conseil, d’ingénierie et bureau d’études spécialiste de l’environnement et de l’énergie, voir https://www.eodd.fr. Par contre, la ville d’Épinac n’est pas intégrée au dispositif 55 sites clés en main – France 2020, contrairement, pour ce qui concerne la Saône-et-Loire, à Montceau-les-Mines et Chalon-sur-Saône. https://www.economie.gouv.fr/actualites/foncier-industriel-rapport-accelerer-lidentification-50-nouveaux-sites-industriels.

70 Il convient de rappeler l’énergie déployée à ce sujet par Jacky Royet, à l’origine de ces démarches.

71 https://www.epinac.fr/decouvrir-epinac/tourisme/activites-nature/.

72 Il s’agit de l’entreprise Dufraigne qui fait partie du Groupement des entreprises de restauration des monuments historiques. Elle a notamment été impliquée dans la restauration de la Villa Perrusson. https://www.dufraigne-batiment.com.

73 Il s’agit de David Gérard, avec lequel nous avons échangé à plusieurs reprises au moment de rédiger cet article. Qu’il soit ici remercié pour sa disponibilité, sa curiosité et la précision de ses réponses.

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Table des illustrations

Titre Fig.1. La tour centrale du puits Hottinguer est-elle une tour Malakoff ?
Légende Cette mosaïque de quatre photos permet de confronter deux sites miniers renommés, tous les deux amputés d’une partie de leur bâti d’origine. À gauche figurent la face arrière (en haut) et la face avant (en bas), du puits Hottinguer. Les deux photographies de droite représentent le puits Zeche Hannover, situé à proximité de Bochum. Depuis Daumas, les deux constructions sont régulièrement associées sous le terme de tour Malakoff. Cette désignation ne figure pas sur le panneau de présentation installé à proximité du puits situé dans la Ruhr. Par contre, elle est mentionnée à Épinac, sur un panneau situé à l’entrée de la zone d’activités implantée au pied de la tour Hottinguer. Pour autant, cette appellation est récente. Elle n’est jamais mentionnée dans les archives de l’entreprise ou dans les revues techniques. Le terme semble s’être imposé dans les années 1980, à la suite de la publication de l’ouvrage de Maurice Daumas. Géographiquement, par rapport à Épinac, le terme présente une certaine logique qui est d’ailleurs apparue a posteriori. La confrontation du puits Hottinguer et du site de Bochum fait ressortir une différence significative qui explique pourquoi il a fallu attendre si longtemps pour que le terme de tour Malakoff soit associée au puits Hottinguer. Dégagé des constructions postérieures, héritées de la période Bitulac, il présente une architecture élégante, élancée, beaucoup moins massive que celle des constructions minières précocement réunies sous le terme de tour Malakoff.
Crédits Clichés Jean-Philippe Passaqui
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ephaistos/docannexe/image/13546/img-1.jpg
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Titre Fig.2. La machinerie du système atmosphérique vue en coupe dans le bâtiment du puits Hottinguer
Légende La construction et la mise en service du système atmosphérique associé au puits Hottinguer, à Épinac, ont fait de cette exploitation secondaire un lieu de visite privilégié pour les élèves-ingénieurs de l’École des mines de Paris entre 1876 et 1882, de concert avec la descente dans les travaux souterrains des houillères du Creusot et de Blanzy-Montceau. Ce dessin réalisé par un élève-ingénieur s’appuie certes sur les échanges avec Zulma Blanchet, le concepteur du tube, au moment de son passage à Épinac, mais aussi et comme souvent avec les élèves de l’école des mines, sur la reproduction fidèle d’un dessin publié dans une revue technique. En l’occurrence, une planche associée à un article de Blanchet publié en 1876 dans le Bulletin de Société de l’industrie minérale, située en regard du dessin de l’élève, a constitué la base de travail de cette représentation fidèle. Outre le tube atmosphérique et le système de colonnes en fonte et de poutres en bois qui lui assurent sa stabilité au sein du puits, ce dessin apporte peut-être un éclairage important sur un des points mystérieux du puits Hottinguer. En effet, le système atmosphérique était doublé d’un mode d’extraction classique, avec une machine à vapeur qui avait servi au fonçage du puits. D’une force insuffisante pour assurer une extraction normale, elle permet d’assurer les travaux d’entretien et offre une solution de secours en cas de panne du tube. Mais cette installation reste mal connue. Elle est évoquée par Blanchet sans grands détails. Par ailleurs, des câbles d’extraction sortent d’un des flancs de la tour avant même la construction d’un chevalement métallique à la place du tube. Il est possible que les éléments situés au sommet de la recette supérieure soient les molettes de ce système d’extraction secondaire.
Crédits Image de gauche : fonds ancien de l’École Nationale Supérieure des Mines de Paris, photo Passaqui. Image de droite : coupe extraite d’une des planches des atlas annexés aux Bulletins de la Société de l’industrie minérale, collection Passaqui
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ephaistos/docannexe/image/13546/img-2.jpg
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Titre Fig.3. Fonctionnement du procédé atmosphérique conçu par l’ingénieur civil des mines Zulma Blanchet
Légende Ces deux coupes présentent les grands principes de fonctionnement du procédé atmosphérique imaginé par Zulma Blanchet, ingénieur-directeur des Houillères et du Chemin de fer d’Épinac. Le document de gauche provient des archives de l’INPI. Il est identique aux dessins utilisés par Blanchet pour illustrer son article de 1876 dans le Bulletin de la Société de l’industrie minérale, mais aussi celui de 1878 inséré dans les Annales des Mines. Le tube n’occupe qu’une partie du puits. De même que les cages d’extraction, l’escalier de secours, la gaine d’aérage et le tuyau d’échappement, le tube est maintenu à l’intérieur du puits par un ensemble de moises. Malgré les frottements inévitables, l’ensemble produit beaucoup moins de chocs qu’une cage d’extraction classique. Les coupes situées sur la planche de droite représentent ce que Blanchet qualifie de train d’essai. Il s’agit en fait du mobile vertical utilisé pendant l’ensemble de la période d’activité du système atmosphérique, de 1876 à 1887, l’absence de ressources charbonnières ayant conduit la compagnie à ne jamais donner à l’installation sa forme définitive. Le train d’essai comprend en fait une cage de trois étages, qui permettent, chacun, de placer une berline de houille. Il était prévu au départ d’équiper le tube avec un train vertical de neuf étages, qui, en raison de la souplesse d’utilisation du procédé atmosphérique, aurait permis d’assurer la sortie de la houille en trois mouvements, par les niveaux de la recette.
Crédits Image de gauche : INPI. Image de droite : planche extraite d’un atlas du Bulletin de la Société de l’industrie minérale. Collection Passaqui
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ephaistos/docannexe/image/13546/img-3.jpg
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Titre Fig.4. Le fonctionnement du tube atmosphérique du puits Hottinguer
Légende En dehors des croquis réalisés par l’ingénieur-directeur Zulma Blanchet, ou repris de ses publications, les représentations du tube atmosphérique situé dans le puits Hottinguer sont rares et présentent certaines libertés par rapport au procédé conçu par Blanchet. L’image de gauche est extraite de l’ouvrage classique Les mines, les minières et les carrières, publié en 1892 par Badoureau, ingénieur en chef du Corps des mines, connu pour avoir été proche de Jules Verne. La représentation du puits Hottinguer est étonnante dans la mesure où le système atmosphérique était abandonné depuis cinq ans au moment de la publication de l’ouvrage. Le dessin n’est pas original. Il reprend une version publiée par la revue Le magasin pittoresque au moment de la mise en service du puits. Les deux mineurs situés au-dessus du train vertical/mobile conçu par Blanchet sont là à titre indicatif, pour donner l’échelle du tube. Les autres éléments présents, et notamment les différentes viroles reliées pour constituer le tube, ainsi que les éléments du mobile lui-même correspondent aux différents plans dessinés ou publiés par Blanchet. La représentation qu’en donne La Nature fait suite à un premier article présentant le système atmosphérique. À la demande de ses lecteurs, la revue proposa un second texte, accompagné de cette gravure présentant le projet initial de Blanchet, avec deux tubes situés dans le puits, au sein desquels les mobiles auraient circulé alternativement.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ephaistos/docannexe/image/13546/img-4.jpg
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Titre Fig.5. À l’intérieur du puits Hottinguer (1901)
Légende Les photographies de l’intérieur du puits Hottinguer sont extrêmement rares. Il s’agit même des deux seules connues. Elles sont datées de 1901 et ont été réalisées en même temps, dans la mesure où les deux protagonistes présents sur la photographie de droite sont aussi sur celle de gauche. Ces clichés peuvent être identifiés sans difficulté dans la mesure où la photographie de gauche a été prise devant une plaque sur laquelle apparaissent les indications suivantes : Houillères d’Épinac, extraction atmosphérique, système Z. Blanchet, Révollier- Bietrix. Il est difficile de situer précisément l’emplacement de cette prise de vue. Une visite sur le site n’a pas apporté d’informations précises. Une partie des protagonistes est sur le point de descendre dans le puits, comme en attestent leur équipement et la présence d’une lampe de mine allumée. Par ailleurs, devant la fenêtre, un garde-corps a le même profil que celui représenté sur les plans de Blanchet. La machine de la photographie de droite est en état de marche. Elle n’a rien de commun avec la machine pneumatique. Au regard des éléments identifiables, il s’agit plus vraisemblablement de la machine d’extraction qui a permis de maintenir le puits en activité après 1887.
Crédits Photographies datées de 1901, collection Passaqui
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ephaistos/docannexe/image/13546/img-5.jpg
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Titre Fig.6. L’extension des capacités de production de la centrale thermique Hottinguer
Légende En raison de la faiblesse de l’extraction par le puits Hottinguer et des dimensions considérables des bâtiments, il est décidé d’utiliser le carreau du puits pour d’autres usages et, en particulier, la construction d’une centrale thermique décidée en 1910. La présence des installations ferroviaires et de l’évolution du centre de gravité de la production sont aussi à prendre en compte. Ces cartes postales sont regroupées chronologiquement. Pour autant, celle située en bas à gauche, bien que correspondant à la période de l’entre-deux-guerres, comme en atteste la présence des deux poussards qui sortent du flanc gauche de la tour Hottinguer, fait apparaître la première tranche de la station installée dans un bâtiment latéral qui accueillait, à l’origine, la machine pneumatique générant le vide dans le tube atmosphérique. Un pavillon similaire, aujourd’hui pratiquement rasé, a été construit à proximité, lui aussi pour accueillir des turbo-alternateurs. Les cartes postales suivantes présentent un autre stade du développement de la centrale, sur l’autre flanc des installations. Ce bâtiment est encore en très bon état de conservation. Le rez-de-chaussée servait notamment de lieu de vie aux ouvriers de l’ancienne usine Bitulac. Le sommet propose un panorama remarquable sur la tour, ses ailes et le sommet du pavillon qui accueillait la machine pneumatique, partie du site fortement dégradée à la suite d’un incendie. La carte postale en bas à droite correspond aux derniers développements de la centrale thermique, avec, au premier plan, un portique métallique. Il réceptionnait le charbon acheminé depuis le puits Saint-Charles par un convoyeur aérien.
Crédits Cartes postales anciennes, première moitié du XXe siècle, collection Passaqui
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ephaistos/docannexe/image/13546/img-6.jpg
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Titre Fig.7. Le chevalement métallique du puits Hottinguer et ses traces au sein des installations actuelles
Légende Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la compagnie des Houillères et du Chemin de fer d’Épinac (HCE) entreprend des travaux d’envergure pour maintenir, voire augmenter le niveau de la production. C’est dans ce contexte que l’outillage du puits Hottinguer est profondément transformé. Le système d’élévation dit provisoire, utilisé depuis la construction du puits et maintenu après 1887, année de l’abandon du procédé atmosphérique, est remplacé par un chevalement métallique. Comme cela a déjà été le cas quelques années plus tôt au niveau du puits de La Garenne, autre site emblématique des houillères d’Épinac, le chevalement est inséré à l’intérieur des bâtiments miniers. En raison de la hauteur de la tour centrale, il n’est pas nécessaire de percer la toiture. Il a été assemblé sur le carreau du puits avant d’être remonté à l’intérieur. Deux ouvertures sont réalisées sur une des ailes de la tour pour laisser passer les jambes de force du chevalement, qui ne tiennent pas dans la tour centrale. Dans les ailes (clichés du bas), deux imposants massifs en pierres sont construits pour assurer leur appui au sol.
Crédits Image 1 : carte postale ancienne, années 1920, collection Passaqui. Image 2 : photographie sans date, entre-deux-guerres (https://monumentum.fr/​monument-historique/​pa00113565/​epinac-puits-de-mine-hottinguer-avec-sa-centrale-electrique). Image 3 et 4 : clichés de l’auteur.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ephaistos/docannexe/image/13546/img-7.jpg
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Titre Fig.8. Le puits Hottinguer, hier et aujourd’hui
Légende Cette confrontation entre une carte postale datée des toutes premières années du XXe siècle et une photographie prise au cours de l’été 2024 est riche d’enseignement. Tout d’abord, les commentaires sur la carte sont, ce qui est assez rare, en relation avec la photographie qui l’illustre, non seulement sur la face reproduite mais aussi sur le revers, avec des commentaires sur l’approvisionnement en houille des machines à vapeur de Nolay, petite ville de Côte-d’Or, alimentées, d’après le rédacteur de la carte, par le charbon du puits Hottinguer. En un peu plus d’un siècle, la physionomie des bâtiments du puits Hottinguer a connu des changements importants. Seule la tour dans laquelle le puits atmosphérique était logé émerge encore. Les protections des fenêtres, qui réduisaient considérablement la luminosité à l’intérieur du bâtiment, sont désormais retirées. De chaque côté émergent les deux ailes latérales avec des charpentes et des toitures refaites dans leur intégralité. Une seule des deux cheminées a été conservée. Sa partie sommitale a été abaissée. Cette confrontation aboutit à la découverte de deux paysages qui ont connu une évolution sensible. Les haies et les bosquets sont beaucoup plus nombreux ; la culture a laissé la place à l’élevage, avec, en l’occurrence, des fenaisons qui viennent de s’achever. Enfin, ces deux documents renvoient parfaitement au projet patrimonial et touristique « Les routes de l’énergie », conçu par le muséum d’histoire naturelle d’Autun. En effet, au pied des installations du puits Hottinguer a été installé, discrètement, un champ de panneaux photovoltaïques, dans le sillage d’une réflexion nationale menée sur la valorisation des friches industrielles.
Crédits Image du haut : carte postale ancienne, collection Passaqui. Image du bas : photographie Passaqui
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ephaistos/docannexe/image/13546/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 266k
Titre Fig.9. Vue aérienne du puits Hottinguer dans les années 1950. 
Légende Les photographies postérieures à l’arrêt de l’extraction et de la centrale électrique sont rares. Cette carte postale semi-moderne du carreau du puits Hottinguer fait partie d’une série, dont deux autres exemplaires sont en accès libre sur le site des archives départementales de Saône-et-Loire. Le démantèlement du site a déjà commencé. Sur la partie droite des installations, le portique automatique qui assurait la réception du charbon par convoyeur aérien, depuis le puits Saint-Charles, afin d’alimenter la centrale thermique, a déjà été enlevé, sans doute pour être ferraillé. Les deux trémies en béton visibles sur la photo étaient encore en place au début des années 2000. La grande chaufferie a été rasée au milieu de la Seconde Guerre mondiale, en vue de déplacer ses équipements vers le site des Télots, aux portes d’Autun, dédié à la production de carburants et de lubrifiants à partir d’huiles de schistes bitumineux. L’aile dans laquelle était située la machine d’extraction associée au chevalement métallique semble avoir été éventrée. Enfin, au premier plan, le crassier sur lequel était déversé les scories et les cendres issues de la combustion du charbon à la centrale est encore intact. 
Crédits Carte postale semi-moderne, collection Passaqui
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ephaistos/docannexe/image/13546/img-9.jpg
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Titre Fig.10. Quelques étapes de la restauration du puits Hottinguer
Légende Cette mosaïque de six photographies présente quelques étapes de la restauration de l’intérieur et des parties externes de la tour Hottinguer ainsi que de ses bâtiments annexes. La charpente de la tour, ainsi que la couverture, ont été reprises au cours d’une campagne de travaux menée en 2016. Elle a permis d’interrompre la dégradation de l’intérieur de la tour, caractérisée depuis quelques années par des infiltrations en raison de la dégradation des gouttières et de la chute d’ardoises au moindre aléa météorologique. Des arbres avaient aussi commencé à pousser dans les arrêtes de la tour, fragilisant la maçonnerie. Cette campagne de travaux a aussi abouti à l’installation du chien-assis retiré lors d’une restauration antérieure, à l’époque où le site était exploité par Bitulac. La 2e photographie à gauche présente le site en 2008, avant son acquisition par la commune d’Épinac. La partie avant des bâtiments est encore encombrée de constructions élevées par Bitulac. Le panneau de cette entreprise figure d’ailleurs sur la façade. Ces éléments ont depuis été retirés afin de redonner à la tour son caractère majestueux initial. Après l’enlèvement des déchets associés à l’activité de Bitulac, outre la couverture, des travaux lourds, ayant conduit à la mise en place d’échafaudages, ont porté notamment sur la consolidation des contreforts de la tour ainsi que sur la reprise de la charpente et de la couverture en tuiles mécaniques des deux ailes. 
Crédits Photographies 1 (2021), 2 (2024), 3 (2008), 5 (2021) et 6 (2021) : Passaqui. Photographie 4 (2016) : Carole Dessertenne, mairie d’Épinac
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ephaistos/docannexe/image/13546/img-10.jpg
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Titre Fig.11. Couverture de la plaquette de présentation du puits Hottinguer
Légende La vue du puits Hottinguer fait ressortir son état actuel. Plusieurs étapes du processus de sauvegarde sont visibles, au niveau de la toiture, avec les ardoises posées pour combler les vides, le chien-assis d’origine, retrouvé au moment des travaux et replacé au sein de la toiture. De ce côté du puits, la hauteur de la tour centrale est d’autant plus importante qu’elle est amplifiée par les remblais placés au moment de la construction, afin de donner de la stabilité au site. Les toitures des ailes ont été elles-aussi complètement refaites, de la charpente aux tuiles. Enfin, la partie inférieure des bâtiments latéraux fait apparaître les modifications liées aux activités successives. Dans l’aile située à gauche de la tour, de grandes ouvertures ont été percées pour accueillir le laboratoire de Bitulac. Celui-ci était dirigé par Gaston Lassus qui présentait la particularité d’avoir travaillé au sein des HCE, puis de la Société minière des Schistes Bitumineux, et enfin de Bitulac. 
Crédits David Gérard, chargé de projet, commune d’Épinac
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ephaistos/docannexe/image/13546/img-11.jpg
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Pour citer cet article

Référence électronique

Jean-Philippe Passaqui, « Les vies du puits Hottinguer à Épinac  »e-Phaïstos [En ligne], XII-2 | 2024, mis en ligne le 26 octobre 2024, consulté le 15 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ephaistos/13546 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12rzn

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Auteur

Jean-Philippe Passaqui

Jean-Philippe Passaqui est docteur en histoire contemporaine et professeur de chaire supérieure en CPGE, détaché au sein du ministère des armées. Spécialiste d’histoire des entreprises et des ingénieurs, il a notamment publié La stratégie des Schneider en 2006, (réed. 2015) et Les voyages forment l’ingénieur, Paris, Classiques Garnier, en 2015. Avec Marco Bertilorenzi et Anne-Françoise Garçon, il a dirigé les actes du colloque Entre technique et gestion, une histoire des ingénieurs civils des mines, Paris, Presses des Mines, 2016 ; avec Marco Bertilorenzi et Nadine Dubruc, il a publié Henri Fayol, les multiples facettes d’un manager, Paris, Presses des Mines, 2019 et enfin, avec Marco Bertilorenzi, Armand Hatchuel et Blanche Segrestin, l’introduction critique de l’ouvrage Henri Fayol, Le Traité et la Notice, paru en 2020 aux Presses des Mines. Il vient de diriger, avec François Duffaut, les actes du colloque La chimie du bois en Nivernais (2024). Au sein de différentes associations, il participe aux travaux de sauvegarde et de valorisation du patrimoine industriel en Bourgogne-Franche-Comté. Il est par ailleurs chargé de mission auprès du Bureau de l’Académie François-Bourdon et dirige la revue d’histoire de la métallurgie Marteau Pilon.

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