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Book reviews

Odland Portisch Anna, A Magpie’s Tale. Ethnographic and Historical Perspectives on the Kazakh of Western Mongolia

New York, Oxford, Berghahn Books, Lifeworlds : knowledges, politics, histories, 2023, 282 pages, 20 illustrations, ISBN 978-1-80073-796
Gaëlle Lacaze
Référence(s) :

Odland Portisch Anna, A Magpie’s Tale. Ethnographic and Historical Perspectives on the Kazakh of Western Mongolia, New York, Oxford, Berghahn Books, 2023

Texte intégral

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Crédits : Berghahn Books

1Le livre A Magpie’s Tale. Ethnographic and Historical Perspectives on the Kazakh of Western Mongolia, écrit par Anna Odland Portisch, dépeint dans un style sensible, à la première personne du singulier, sa vie au cours de plusieurs années passées sur le terrain au cœur de la province la plus occidentale de Mongolie, Bajan-Ölgij, en particulier dans les cantons de Sogah et Ulaanhus, ainsi qu’à Ölgij.

2L’ouvrage se compose de sept parties, qui rassemblent cinquante-deux petits chapitres à déguster avec délectation, les uns après les autres jusqu’à la dernière page. Ces brefs récits thématiques alternent des épisodes de terrain et des données informationnelles, historiques, ethnographiques, politiques, etc., savamment reliées à la vie des Kazakhs que les lecteurs et lectrices suivent au gré des pérégrinations de l’autrice. Le texte décrit les moments partagés par Anna Odland Portisch avec ses informateurs et informatrices, leurs histoires de vie, ainsi que ses questionnements et leurs doutes, ses étonnements et leurs incompréhensions, ses émotions et leurs probables ressentis, etc. La fluidité de l’écriture donne envie d’utiliser différents stratagèmes pour retarder la lecture de la dernière page de l’index (pp. 260-267).

3La première partie (« First introductions » : pp. 7-40) introduit les personnages centraux de la famille d’accueil d’A. O. Portisch sur le terrain, Adilbek et Elnara. Elle commence par une description détaillée des lieux, partant de l’atmosphère domestique pour s’étendre à la ville d’Ölgij, la capitale de la province, et au canton d’Ulaankhus. Elle se termine par le voyage vers Sogakh et l’arrivée dans une famille rurale, vivant à quelques kilomètres du centre du sum.

4La seconde partie (« Transitions » : pp. 43-84) s’arrête sur la biographie du père, le chef de famille, Adilbek. Elle décrit sa jeunesse, son mariage, la naissance de ses enfants ainsi que la crise post-socialiste des années 1980-1990 que lui et sa famille ont traversée.

5La troisième partie (« Decisions » : pp. 87-116) décrit les choix ouverts aux enfants d’Elnara et Adilbek, alors que le Kazakhstan appelle au rapatriement des Kazakhs de l’étranger, en particulier de Mongolie. Suivant leur fils Amanzhan, qui entreprend d’émigrer au Kazakhstan, A. O. Portisch évoque le mouvement des Oralmandar, les « retournés » kazakhs de Mongolie qui ont répondu à l’appel de l’ancien président N. Nazarbaïev à repeupler leur « terre ancestrale ».

6La quatrième partie (« Into the past » : pp. 119-156) aborde la vie du frère d’Elnara, Danijar, et permet d’introduire les générations antérieures aux protagonistes principaux du récit. Elle constitue un aparté historique lié aux histoires de vie de leurs ancêtres. Elle se termine par la vie de Kairat, l’arrière-grand-père d’Elnara. Ainsi, l’autrice replace les mouvements migratoires contemporains dans la profondeur historique des migrations des communautés kazakhes en Mongolie, en Chine, au Kazakhstan et en Russie. Elle évoque ce faisant comment la transition démocratique des années 1990 et l’avènement d’une économie de marché dans cet ancien pays communiste a entraîné des problèmes socioéconomiques, ainsi que des questions de santé publique comme l’alcoolisme et les violences conjugales. L’autrice évoque alors les difficultés à conduire des recherches de terrain dans ce contexte.

7La cinquième partie (« New futures » : pp. 159-196) suit toujours Kairat au moment de la construction des Républiques socialistes en Asie du Nord-Est. Elle décrit les conflits sino-soviétiques qui ont agité la région de l’Altaï au début du xxe siècle. Elle se termine par l’épisode de la collectivisation et la création de la province de Bajan-Ölgij, à la fin des années 1920, début 1930. Elle relie ses événements historiques à la vie d’Adilbek et d’Elnara, ainsi qu’à celle de leurs enfants et aux changements contemporains. Ainsi, les liens familiaux tissés de part et d’autre de l’Altaï au cours des mouvements migratoires du xxe siècle offrent des opportunités de mouvement aux Oralmandar, terme vernaculaire désignant les « rapatriés », les Kazakhs retournés au Kazakhstan dans le cadre de l’appel à la re-kazakhisation lancé par le président après 1990.

8La sixième partie (« Broken ties » : pp. 199-223) souligne comment ce monde interstitiel autant en termes d’espace que de temps offre des modèles complexes avec plusieurs identités, entre un pays natal et une terre ancestrale, entre des traditions bien ancrées (kidnapping de la fiancée) et un attrait pour la modernité (voyage à Londres), entre islam et chamanisme, etc.

9La septième partie (« New worlds, old ties » : pp. 227-252) clôt le récit par l’évocation du mariage interethnique entre Kharlyghash et un volontaire américain, Peter, ainsi que du voyage de sa mère aux États-Unis pour l’occasion. Elle évoque également le mariage de l’autrice et la naissance de sa fille lors de leur voyage pour prendre part au mariage. Le livre se termine par la mention des doutes de l’autrice concernant le ton adopté dans cet ouvrage, à la veille de sa publication.

10En quelque 250 pages, Anna Odland Portisch transporte ses lecteurs chez les Kazakhs de Mongolie que nous apprenons à connaître à travers les histoires de vie de certains d’entre eux. Les descriptions sensibles de l’espace, des événements, des protagonistes, ainsi que de leurs impressions ou sentiments, nous plongent au cœur de moments que nous partageons également, au fil des mots. Nous prêtant ses yeux, l’autrice nous autorise une approche phénoménologique de son terrain, car c’est l’ensemble de son corps qu’elle nous offre pour comprendre ce qu’elle a vécu sur le terrain, comme pour percevoir, entre autres, l’ambiance des soirées d’hiver passées au fin fond de la Mongolie.

11L’ouvrage d’A. Odland Portisch, dont le titre A Magpie’s Tale évoque un conte pour enfants, constitue un récit dont le ton empreint de tendresse invite à imaginer les situations vécues par l’autrice. On se la figure aisément tant chacune de ses phrases décrit précisément la posture qu’elle adopte et tous ses gestes. Ce livre se dévore. Cette riche ethnographie chez les Kazakhs de Mongolie s’illustre aussi en termes de réflexivité, d’éthique et de déontologie.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Gaëlle Lacaze, « Odland Portisch Anna, A Magpie’s Tale. Ethnographic and Historical Perspectives on the Kazakh of Western Mongolia »Études mongoles et sibériennes, centrasiatiques et tibétaines [En ligne], 55 | 2024, mis en ligne le 19 août 2024, consulté le 01 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/emscat/6582 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/126m1

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Auteur

Gaëlle Lacaze

Sorbonne Université

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