Noirs ou blancs : une histoire de l'anthropologie biologique de l’Égypte
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- 1 Un grand nombre d'études d'anthropométrie ont jadis été menées sur les crânes égyptiens antiques. C (...)
- 2 Voir la position « hyperdiffusioniste » de G. Elliot Smith dans In the Beginning. The Origin of Civ (...)
1Peu de peuples ont suscité autant de questions, chez le monde savant, que le peuple égyptien. Longtemps décrit comme celui qui permit le passage de la barbarie à la civilisation, le peuple de l’Égypte antique a été assurément un objet privilégié de la curiosité occidentale, comme si le passé le plus lointain formait les racines les plus puissantes de notre présent. La linguistique, la paléontologie, l'anthropologie physique1 et, surtout, l’égyptologie — comme spécialisation de l'archéologie — ont contribué, chacune à leur manière, à faire de l’Égypte — de son passé et de ses populations — le topos de l'« émergence » de la civilisation2.
2Chaque discipline scientifique s'intéressant au passé de l’Égypte a tenté de la faire revivre au gré des nouvelles découvertes archéologiques, mais l'anthropologie physique et, dans une moindre mesure, l'ethnographie, avaient comme particularité de prétendre expliquer les faits du passé par l'observation du présent. L'ethnographie se proposait ainsi d'étudier la rémanence du passé au travers des rites et des croyances, de la technologie ou de l'organisation sociale, alors que l'anthropologie physique étudiait les continuités et les ruptures somatiques entre les peuples présents et passés.
- 3 Boëtsch G, « Égypte noire et Berbérie blanche : l'impossible rencontre de la biologie et de la cult (...)
- 4 Pool génique ou génome : ensemble des gènes d'une population.
3Si l'anthropologie physique du siècle passé a montré qu'il existait des différences morphologiques souvent très prononcées entre groupes d'individus éloignés les uns des autres ou vivant dans des écosystèmes différents, elle n'était capable d'expliquer la cause de la variabilité entre populations que par le phénomène du métissage ; généralement, elle se contentait d'insister sur la visibilité d'un caractère biologique particulier (forme du crâne, stature, couleur de la peau ou forme des cheveux) qui masquait la variabilité biologique réelle existant au sein des populations. D'où l'illusion d'une unité biologique des populations étudiées et la croyance que l'on pouvait découper l'espèce humaine en taxons composés d'individus semblables, reliés entre eux par une origine commune3. Les classifications raciologiques des populations égyptiennes proposées au xixe siècle par les anthropologues reposaient donc essentiellement sur des caractères morphologiques ; un siècle plus tard, l'anthropologie biologique formulera des modèles explicatifs qui chercheront surtout à comprendre les processus de stabilisation des pools géniques4 — anthropologie génétique et anthropologie démographique — et d'adaptation au biotope — anthropologie physiologique —, abandonnant la question généalogique alors centrale.
4D'une façon générale, on peut considérer que l'anthropologie a utilisé l'étude des types physiques égyptiens à la fois pour résoudre des problèmes de « savoir » qui n'avaient rien à voir avec l'Égypte et pour déterminer l'origine de la civilisation égyptienne. Cette préoccupation s'est avérée la plus fertile en polémiques qui durent jusqu'à présent ; les diverses formulations théoriques auxquelles elle aboutit ne sont toutefois pas indépendantes des utilisations strictement disciplinaires.
- 5 Polygénisme : Théorie suivant laquelle l'humanité serait formée de trois grandes espèces humaines ( (...)
- 6 Cf. le travail de Samuel Morton (Morton, op. cit., 1844) sur des crânes antiques égyptiens, dont s' (...)
5Du point de vue disciplinaire, l'Égyptien ancien a toujours eu beaucoup d'importance pour l'anthropologie ; ainsi, les polygénistes5 s'en sont-ils servi — le « matériel » consistait alors en des crânes antiques — pour tenter de démontrer l'ancienneté de la séparation entre types raciaux6. Une autre question qui passionnait et qui semblait laisser perplexe les anthropologues du siècle passé était de savoir quel degré d'analogie les peuples contemporains présentaient avec ceux de l'Antiquité. Dans le cas de l’Égypte, il s'agissait de savoir si le sang des Égyptiens de l'Antiquité était parvenu jusqu'à nous indemne de tout mélange ou si, au contraire, suivant une thèse généralement admise en fonction du principe généalogique, les traces des peuples envahisseurs — en l'occurrence, de nature essentiellement morphologique — étaient inscrites dans leur identité biologique.
- 7 Morgan (de) J., Les premières civilisations, Leroux, Paris, 1909. p. 10.
- 8 Ethnogénie : science de l'origine et de la filiation des peuples et des races.
- 9 Chantre E., Recherches anthropologiques en Égypte, Rey, Lyon, 1904, p. vii. Anthropologue, sous-dir (...)
6Du point de vue de l'intérêt pour l’Égypte elle-même, l'anthropologie physique aura, dès le milieu du xixe siècle, l'ambitieux projet d'être une alternative au manque de documents archéologiques et épigraphiques, c'est-à-dire d'être un instrument de première nécessité pour l'histoire. Mais les historiens considéreront, dans leur majorité, que l'anthropologie physique « a malheureusement donné jusqu'ici beaucoup moins de résultats qu'on attendait d'elle pour les temps modernes aussi bien que pour les époques les plus reculées. Malgré le nombre énorme de travaux parus jusqu'à ce jour, nous ne possédons aucun classement naturel solide des races humaines récentes et, a fortiori, n'en pouvons-nous pas avoir pour les races anciennes, au sujet desquelles les observations sont d'autant plus clairsemées et plus douteuses que le type est plus ancien »7. Cette opinion est bien sûr contredite par les anthropologues physiques eux-mêmes ; ainsi pour Chantre, « l'ethnogénie8 de l’Égypte, dont les bases ont été jetées en grande partie — il faut le reconnaître — par les philologues et les archéologues, n'est véritablement entrée dans une phase de progrès que le jour où les naturalistes leur ont apporté le concours de leur méthode et de leur activité »9.
- 10 Cf. par exemple Serres (de) M., De la cosmogonie de Moïse comparée aux faits géologiques (2 vol.), (...)
- 11 Maillet (de) B., Description de l’Égypte, Rollin, Paris, 1735, p. 27. On voit qu'au XVIlle siècle, (...)
- 12 Maillet (de) B., op. cit. p. 26. Les rapports entre les Égyptiens et les Grecs auraient fonctionné (...)
7Les hypothèses formulées sur l'ethnogénie des populations égyptiennes ont d'abord reposé sur les récits des auteurs anciens puis sur les descriptions des voyageurs modernes. Les récits des Anciens— Hérodote, Diodore de Sicile, Strabon et Manéthon — ont longtemps été considérés comme des sources d'information indiscutées et indiscutables. La Bible (Genèse et Exode) passait quant à elle pour une source scientifique10. Parmi les voyageurs modernes, le plus célèbre est sans nul doute le consul Benoît de Maillet11, dont la Description de l’Égypte (1735) est bien davantage qu'un simple récit de voyage : c'est un véritable essai de synthèse sur ce pays. Décrivant la population égyptienne, il mentionne « les coptes, qui sont les naturels du pays, les Maures, les Arabes, les Turcs, les Grecs, les Juifs, les Arméniens, les Syriens, les Maronites et les Francs. »12. Ceci l'amène à conclure, avec une certaine perspicacité, que « les Égyptiens d'aujourd'hui sont différents de l'ancien peuple ».
- 13 Volney Constantin François de Chasseboeuf, Comte de… (1757-1620). Orientaliste, député aux États gé (...)
- 14 Volney C. F., Œuvres complètes, t. Il : Voyage en Égypte et en Syrie, Bossange, Paris, 1821 (1787).
- 15 Cf. Dieng A. A., « Volney, l'Abbé Grégoire et la thèse de l’Égypte nègre », in H. Khadar (éd.), La (...)
- 16 Poinsinet De sivry, Origines des premières sociétés, Amsterdam, 1769.
- 17 Moreau De Jonnes, Ethnogénie caucasienne, 1860.
- 18 Winkelmann, Histoire de l'an chez les anciens, 1802.
8À la différence de Benoît de Maillet, enthousiasmé par l’Égypte, Volney13 eut de cet « Orient » une vision extrêmement pessimiste ; il y voyait surtout misère et décadence. Mais ce qui est, bien sûr, essentiel dans le récit de Volney est qu'il considère l'élément « nègre » comme le fondement de la brillante civilisation égyptienne14, ce qui fait de lui, pour certains auteurs contemporains, un précurseur de Diop15. D'autres les feront descendre d'une colonie celtique16 ou de Polynésie17, voire de Chine18.
Théories sur l'ethnogénie égyptienne dans la première moitié du xixe siècle
- 19 En mettant en œuvre l'imposante Description de l’Égypte, l'Institut égyptien a proposé une manière (...)
- 20 Larrey Dominique Jean (1766-1842) : chirurgien dans le service de santé de l'armée du Rhin en 1792, (...)
- 21 Larrey D., « Notice sur la conformation physique des Égyptiens et les différentes races qui habiten (...)
- 22 Larrey, op. cit., p. 63.
- 23 Larrey, op. cit., p. 67.
9L'expédition française en Égypte partait avec des projets de différente nature : certains politico-militaires, d'autres scientifiques19. Chirurgien et membre de l'expédition d’Égypte, le docteur Larrey20 tenta de dresser un tableau de la population égyptienne contemporaine en s'appuyant sur sa composition « raciale ». Pour cela, il reprit la classification et l'ethnogénie proposées par Volney en 1787, qui divisent la population égyptienne en quatre « classes » : les « Mamlouks », les « Turks », les « Arabes » et les « Qobtes »21. Toutefois, il apporta quelques modifications sur l'origine des coptes, lesquels seraient, pour lui, les véritables Égyptiens, descendants des Abyssins et des Éthiopiens, à l'instar de ce qu'affirmait Hérodote, et non pas des « nègres de l'intérieur de l'Afrique »22 comme le croyait Volney, lorsqu'il affirmait que « les anciens Égyptiens étaient de vrais nègres de l'espèce de tous les naturels de l'Afrique »23.
- 24 Larrey, op. cit., p. 69
- 25 Cohen W. B., Français et Africains. Les Noirs dans le régard des Blancs, 1530-1880 (trad. C. Gamier (...)
- 26 Wilkinson J. G., A Popular Account of the Ancient Egyptians (2 vol.), Londres ; Murray,1878 (1836), (...)
- 27 Saint-Germain (de) B., De la diversité originelle des races humaines et des conséquences qui en rés (...)
- 28 Naturaliste et militaire, Bory de Saint Vincent (Jean-Baptiste Geneviève Marcellin, 1778-1846) fut (...)
- 29 Bory de Saint-Vincent, L'homme (Homo), essai zoologique sur le genre humain (2 vol.), Rey et Gravie (...)
10On voit qu'il importait surtout à Larrey de s'opposer à la théorie de Volney, selon laquelle « les hommes noirs ont une intelligence de l'espèce des Blancs »24, théorie révolutionnaire s'il en est et qui sera, comme nous le verrons ultérieurement, fortement combattue par les polygénistes. Pour les savants du début du xixe siède, à l'instar de Larrey, la supériorité intellectuelle du Blanc était tellement évidente que toute création d'ordre culturel, comme les monuments d’Égypte, ne pouvait être attribuée qu'aux seuls Européens25, tout du moins à des peuples partageant la même origine que les populations d'Europe. On voit ainsi l'Égyptien prendre la suite de l'Assyrien dans la lente marche vers la « civilisation ». II est, selon Champollion, Lepsius ou Rougé, de race caucasienne, d'origine asiatique26, et devient en quelque sorte un prototype de la « race » blanche, celle qui « a toujours été en travail pour avancer dans la connaissance du monde invisible et dans la possession du monde visible »27. Cet avis, bien que dominant dans le monde savant, avait pourtant ses détracteurs. Ainsi, pour Bory de St-Vincent28, polygéniste radical, les anciens Égyptiens sont originaires du sud et leur civilisation n'est que l'expression « de la haine des étrangers (…) et de la vie sédentaire »29.
- 30 Né à Philadelphie, S. G. Morton (1799-1851) fut élevé dans une institution de Quakers. Il poursuivi (...)
- 31 Morton S., op. cit., note (1), p. 66.
- 32 Médecin et naturaliste allemand, précurseur de la craniologie, Blumenbach (Johanes Frederik, 1752-1 (...)
- 33 Knox R., The Races of Men, H. Renshaw, Londres, 1850.
- 34 Cf. Pruner BEY G., op. cit. note (1), p. 399-443. Médecin et ethnologue allemand, Pruner Bey (1808- (...)
11Le premier travail de craniométrie sur les populations anciennes d’Égypte est celui de l'américain Samuel Morton30, Crania aegyptica, publié à Philadelphie et à Londres en 1844, et qui deviendra un ouvrage de référence. Pour Morton, les anciennes populations de la vallée du Nil appartenaient à la race caucasoïde — bien qu'affiliées à la branche libyenne —, leur morphologie lui semblant être intermédiaire entre celle des Indo-Européens et celle des Sémites. Le copte moderne serait, lui, un métis, « … a mixture of the Caucasian and the Negro »31, tandis que les fellahs actuels seraient les descendants les plus directs et les plus purs des anciens Égyptiens. Ce sont eux qui appartiendraient à la branche libyenne dans laquelle on retrouve les Touaregs, les Kabyles et les Chleus. Avec cette théorie, basée sur l'observation craniologique, Morton s'opposait à l'anthropologue allemand Blumenbach32 qui avait donné une description de l'ensemble des races égyptiennes endogènes à partir des gravures ornant les monuments antiques. En fait, selon Morton (1844), la description proposée par Blumenbach ne concernerait que les « races » connues des Égyptiens. L'hypothèse de Morton faisant du fellah l'unique descendant de l'antique population égyptienne sera vite rejetée ; déjà, en 1850, l'anthropologue anglais Knox affirmait que les coptes modernes descendaient aussi des anciens Égyptiens33. Morton lui-même reviendra sur ses propres conclusions34.
- 35 Courtet De Lisle M., « Étude sur les anciennes races de l’Égypte et de l'Éthiopie », Nouvelles anna (...)
- 36 Saint-Clavien (de) J., Dictionnaire d'anthropologie ou histoire naturelle de l'homme et des races h (...)
12Courtet de Lisle35 utilisera la classification craniologique de Morton mais en proposera une interprétation originale. L'ethnogénie égyptienne de Courtet de Lisle verra ainsi les castes dirigeantes de l’Égypte ancienne apparaître comme d'origine indo-germanique, position que modérera fortement un autre auteur, Jehan de Saint-Clavien, en remarquant dans les mêmes crânes une « forme propre aux races très anciennement civilisées, je veux dire la forme ovale », mais aussi « un rapprochement avec le caractère africain »36.
L’école anthropologique française et l'Égypte
- 37 Fondée en 1659 à l'initiative de P. Broca, la Société d'anthropologie de Paris regroupa la plupart (...)
- 38 Pruner Bey, op. cit.
- 39 Pruner Bey, op. cit., p. 405.
- 40 Pruner Bey, op. cit., p. 443.
- 41 Le général Faidherbe (Louis Léon César, 1818-1889), après deux mandats de gouverneur au Sénégal, fu (...)
- 42 Faidherbe L. C., « Recherches anthropologiques sur les tombeaux mégalithiques de Roknia », Bulletin (...)
- 43 Faidherbe L. C., « Sur les relations ethniques des Libyens et des Égyptiens », Bulletin de la Socié (...)
13Dès la création de la Société d'anthropologie de Paris37, ses membres s'intéressent aux domaines encore obscurs de l'égyptologie. En 1861, Pruner bey entreprend une recherche sur l’ethnogénie de la race égyptienne38. À partir des séries de crânes mises à sa disposition par Quatrefages et complétées par celles que lui foumit l'égyptologue Prisse d'Avenne, il parvient à distinguer deux types. Le premier, dit « fin », censé représenter les anciennes populations autochtones de l’Égypte, n'est établi qu'à partir dune « série » de quatre crânes. Aussi, afin de pouvoir effectuer l'anthropométrie des Égyptiens de l'Antiquité, Pruner bey doit-il recourir aux informations anthropologiques fournies parles figures antiques et les populations actuelles, car « les momies n'offraient par les caractères du type fin dans toute sa pureté »39. Grâce à ces précautions méthodologiques, il constate que le type « fin » correspond bien sûr aux coptes… mais aussi aux fellahs. Malheureusement pour la démonstration à laquelle il espérait aboutir, le second type, dit « grossier », se rencontre lui aussi parmi les coptes et les fellahs. En réalité, Pruner bey qui, de fait, ne démontre rien, entendait confirmer la théorie de Retzius voulant qu'il existât une forte corrélation entre la morphologie crânienne et le degré d'évolution, les formes fines, arrondies ou ovales marquant seules l'aptitude à la « civilisation ». Le type physique de l'Égyptien ancien — c'est-à-dire le type « fin » — se rapprochant aussi de celui du Berbère actuel, Pruner bey y voyait la preuve d'une appartenance commune à la grande souche libyque. Selon lui, cette théorie serait confirmée par la linguistique, en l'occurence par une analogie entre les idiomes berbères actuels et le copte antique. Cette démarche analogique aurait même pu être poussée plus loin, puisque le type physique « ancien Égyptien » se rapproche aussi, selon lui, de l'Hindou aryen40. Cependant, faute de correspondance linguistique, il abandonnera cette théorie qui, s'il l'avait adoptée, aurait témoigné en faveur d'une colonisation aryenne. L'identification de deux types bien distincts posa problème à Pruner bey dans la mesure où elle infirmait la thèse de l'unité de la « race » égyptienne. Sur le plan ethnogénique, il hésita à trancher, à propos du type « grossier », entre une forme de métissage avec l'élément nègre et l'existence d'une race primitive, antérieure à la formation du rameau libyen. Faidherbe41, qui voulait absolument que les Berbères fussent d'origine européenne42, critiqua cette conception impliquant l'existence d'un fond de population autochtone commun au nord de l'Afrique, jusqu'au moment où il fit un voyage en Égypte qui lui montra « une grande analogie entre les Fellahs et les Berbères »43.
- 44 Périer J. A, N., « Sur l'ethnogénie égyptienne », Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, (...)
- 45 Broca P., Périer J. A, N. et Pruner Bey G., « Sur l'ancienne race égyptienne » (discussion), Bullet (...)
- 46 Sergi G., Africa (Antropologia della stirpe camitica), Bocca, Turin, 1897.
- 47 Zaborowski M., « Races préhistoriques de l'ancienne Égypte », Bulletin de la Société d'anthropologi (...)
- 48 Diop C. A., « Origine des Égyptiens », Histoire générale de l'Afrique. T. Il : L'Afrique ancienne, (...)
- 49 Mariette Bey, Discussion sur les rapports des populations actuelles et des races anciennes de l’Égy (...)
14En 1861, Périer, gendre de Larrey, entreprend de répondre à la théorie de Pruner bey sur l'origine libyenne des Égyptiens. Il ne fait aucun doute pour lui que la civilisation égyptienne « ne relève que d'elle-même »44. La « race » et la civilisation égyptiennes sont autochtones et, même si elles ne l'étaient pas, les regards devraient plutôt se tourner vers l'Inde que vers la Libye. Mais Périer, la même année, rejettera cette hypothèse asiatique au profit d'une hypothèse africaine : « Ce n'est ni de l'Orient, ni de l'Occident, mais du sud que les Égyptiens faisaient venir leur civilisation »45. La « théorie » anthropologique — ce que n'était pas encore le point de vue de Volney — d'une civilisation égyptienne « africano-négroïde » sera reprise ultérieurement par de nombreux auteurs tels Sergi46, Zaborowski47 et, plus récemment, Diop48 qui en fera la théorie officielle des historiens africains. Périer, peu soucieux de démonstrations scientifiques cohérentes puisqu'il venait de rejeter la thèse libyenne, insiste sur le fait que, parmi les populations actuelles de l’Égypte, seuls les coptes demeurent comparables aux anciens Égyptiens et aux Berbères : il n'y aurait donc pas d'unité anthropologique au sein de la population égyptienne. Nous verrons que cette théorie, déjà avancée par Mariette bey49, sera de nouveau utilisée quarante ans plus tard, mais de manière plus élaborée, par Ernest Chantre.
- 50 Médecin de formation, Hamy (Théodore Jules Ernest, 1842-1908), qui tenait d'Auguste Mariette son go (...)
- 51 HAMY E., « Aperçu sur les races humaines de la basse vallée du Nil », Bulletin de la Société d'anth (...)
- 52 « La langue copte n'est autre que la langue égyptienne dans sa dernière période. » A. Mallon, Gramm (...)
- 53 Hamy E., op. cit., p. 13.
- 54 Wiseman N., Discours sur les rapports entre la science et la religion révélée, Lecoffre, Paris, 184 (...)
15En 1886, le docteur Hamy50 présente à la Société d'anthropologie de Paris une communication énumérant une série de considérations sur les races de la basse vallée du Nil, communication qui s'avère une véritable attaque contre les hypothèses de Volney et de Périer consacrant le « Nègre » comme bâtisseur de la civilisation égyptienne. Pour Hamy, si « le Fellah est demeuré toujours le même », le copte, en revanche, « type sans caractère parce qu'il les a tous, peuple sans passé comme sans avenir, produit bâtard et dégénéré »51, ne peut être considéré comme l'héritier des anciens Égyptiens sous le seul prétexte que la langue antique a subsisté dans la liturgie52. Comme Larrey, il refusera de voir la moindre influence négroïde dans la race égyptienne, bien qu'ils aient tous deux constaté une présence importante de Noirs en Égypte : « Les faits que nous connaissons depuis la sixième dynastie prouvent que les millions de Noirs enlevés du Soudan ont disparu sans laisser de trace sur la terre des pharaons. »53 II réfute aussi rapidement la pertinence des descriptions des Anciens : « La meilleure solution, selon moi, serait de dire que l’Égypte était le pays où les Grecs voyaient plus facilement les habitants de l'intérieur de l'Afrique. (…) Ils les considéraient comme une partie de la population indigène. »54
- 55 Firmin, Noir de la Caraïbe et diopien avant la lettre, attribue à Black Athena l'origine de la scie (...)
- 56 Mortillet (de) G., « Nègres et civilisations égyptienne », Mat. Hist. Prim. Nat. Homme I (3e série) (...)
- 57 Mortillet (de) G., op. cit., p. 119.
- 58 Naville E., « L'origine africaine de la civilisation égyptienne ». Revue archéologique, Il, 1913, p (...)
16II convenait, en fait, d'exclure radicalement de la négritude les représentants du « génie égyptien » en fonction du paradigme, alors dominant, selon lequel les grandes civilisations ne pouvaient être associées qu'au type caucasoïde. Cette position fut critiquée à l'époque par un auteur comme Firmin55 mais cette critique s'accordait mal à l'idéologie du temps. Les discours scientifiques n'étaient pourtant pas toujours aussi nets et il ne faudrait pas confondre la domination d'une théorie avec l'existence d'un véritable monisme théorique ; ainsi Gabriel de Mortillet faisait-il venir d'Afrique le fer indispensable à l'épanouissement de la civilisation égyptienne et notait-il : « C'est donc à l'Afrique habitée par des Nègres que l’Égypte est redevable de sa remarquable civilisation »56, tout en constatant, en tant que polygéniste, que « les populations nègres sont inférieures aux populations blanches »57. Cet argument sera repris ultérieurement par Naville dans son article sur l'origine africaine de la civilisation égyptienne58.
- 59 L'étude des peintures égyptiennes permit à Hamy de retrouver les descendants des Routennou blonds d (...)
- 60 Owen R., « Contribution to the Ethnology of Egypt », Joumal of the Royal Anthropological Institute (...)
- 61 Owen R., op. cit., p. 227.
17Ceci ne peut que souligner davantage l'importance que les anthropologues accordaient aux principes généalogiques : l'ethnogénie et la filiation permettaient de trouver des lignes de continuité entre les populations du passé et celles d'aujourd'hui. Les réponses qui n'étaient pas fournies par la mesure craniologique devaient alors être trouvées dans l'interprétation des peintures anciennes59. ou encore au moyen de l'ethnographie comparée. C'est ce qu'entreprit Owen60 en utilisant des éléments ethnographiques (objets comme le boomerang, comportement social, circoncision…) et des éléments d'anatomie comparée (dentition, mode d'attache musculaire) pour montrer le niveau de métissage des Égyptiens anciens avec les syro-araméens, les aborigènes d'Australie et ceux des îles Adamans. Une distinction est cependant faite, grâce à l'anatomie comparée, entre les classes dominantes du pays, représentées par des statues — « the general character of the face recalls that of the northern german »61 —, et les autres classes, qui sont toujours décrites comme présentant un caractère « grossier » et seraient d'origine méridionale.
Les recherches d'Ernest Chantre
- 62 Chantre E., op. cit. note 9, p. xi.
18Dans l'introduction de son ouvrage, Emest Chantre constatait avec raison que « si les populations anciennes de l’Égypte ont été beaucoup étudiées par les philologues, les archéologues et mêmes les anthropologistes, il n'en est pas de même des populations actuelles. Elles ont attiré, certes, l'attention des voyageurs, mais lorsque ceux-ci n'étaient ni des savants médecins, ni des naturalistes avisés, elles ont été le plus souvent négligées »62. Le travail de Chantre est imposant : il représente plus de vingt années de travail. L'ouvrage se présente en deux parties : la première propose une synthèse sur les populations anciennes à partir des peintures, mais aussi des mesures et observations effectuées sur les ossements (en partant du travail de Morton) ; la seconde partie présente l'anthropologie des populations égyptiennes actuelles, entendues dans un sens très large : Égyptiens (coptes et fellahs), Arabes-Bédouins, Bedja (Éthiopiens ou Nubiens), Soudanais orientaux (Chillouk, Dinka, Nouer, Tchadiens, Nubiens).
- 63 Manouvrier L., Capitan L., « Étude anthropologique et archéologique de l’Égypte », Revue de l'École (...)
- 64 Omalius D'Alloy J. B. J., Des races humaines ou éléments d'ethnographie, Lacroix et Baudry, Paris, (...)
- 65 « Les Coptes sont simplement une secte religieuse (…). Ils sont de la même race que les Fellahs. » (...)
- 66 Chantre E., op. cit. p. 305.
- 67 Chantre E., op. cit. p. 309.
19En ce qui concerne les Égyptiens tels qu'il les définit (coptes et fellahs), la proposition de Chantre est simple ; l'opposition que l'on peut observer entre coptes et fellahs n'est pas raciale, puisqu'ils formeraient une seule et même « race égyptienne » ; elle est simplement linguistique et religieuse. Ainsi, dans son commentaire de l'ouvrage, Manouvrier constate que les photographies ainsi que les mensurations de coptes et de fellahs présentent une « ressemblance très grande »63. Cette hypothèse avait déjà été avancée par l'anthropologue monogéniste Omalius d'Alloy64 ainsi que par l'égyptologue Mariette bey65, mais l'originalité de Chantre (de son point de vue comme du point de vue de l'histoire de la discipline) est de vouloir démontrer cette unité grâce à l'anthropométrie : « II faut remarquer que la plupart de ceux qui ont étudié l'ethnogénie de l’Égypte ont toujours confondu la question de l'origine de la race et celle de la civilisation. Pour moi, préoccupé ici surtout de l'ethnologie — tout en tenant compte des données multiples de l'ethnographie —j'accorde plus volontiers la prépondérance aux résultats de l'anthropométrie. »66 Chantre pose un problème extrêmement important pour l'époque : l'indépendance qui pourrait exister (contre, par exemple, le déterminisme étroit de la théorie de Retzius) entre une « race » et sa « civilisation », en un mot (contemporain), l'autonomie du culturel par rapport au biologique. En conclusion de ses travaux67, il ressort que :
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les types égyptiens anciens et modernes présentent une unité remarquable et les invasions « n'ont eu aucune influence sur le type » ;
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la ressemblance avec les Berbères prouve « non une filiation, mais une communauté d'origine » ;
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cette origine est autochtone pour les Égyptiens et ils doivent vraisemblablement être apparentés à ceux que les anciens historiens ont appelé les « Libyens » ;
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la civilisation égyptienne est donc autochtone, comme le peuple qui l'a créée.
- 68 Sergi G., Origine e diffusione della stirpe mediterranea, D. Alighieri, Rome, 1895. The Mediterrane (...)
- 69 Pour un plus long développement, se reporter à BOËTSCH G. & FERRIE J. N., « Sergi et la "race" médi (...)
20Cette conclusion rejette donc toute migration vers l’Égypte de peuples exogènes porteurs de quelque « génie », que ceux-ci viennent du nord (hypothèse caucaso-centrique) ou du sud (hypothèse afro-centrique). Elle reprend ainsi à son compte — sans la citer — la thèse de Sergi sur la « race » méditerranéenne68, thèse faisant de la Méditerranée un centre et non plus une périphérie fécondée par le « génie » nordique69.
L’anthropologie physique en Égypte durant la première moitié du xxe siècle
- 70 Randall-Maciver D., « Récent Anthropometrical Work in Egypt », JRAI, 30, 1900, p. 95-103.
- 71 Flinders Petrie W. M., « The Races of Early Egypt », JRAI, 31,1901, p. 248-255.
- 72 Thomson A. & Randall-Maciver D., The Ancient Races of the Thebaïd, Oxford, 1905.
- 73 Tonnini S., « Alcuni appunti di antropologia della stirpe camitica », Richerche di psichiatria e ne (...)
- 74 Flinders Petrie W. M., « Migrations », JRAI. 31, 1906, p. 248-255.
- 75 Myers C. S., « Contributions to Egyptian Anthropometry », JRAI, 33,1903, p. 82-89 ; 35,1905, p. 80- (...)
- 76 Keitha., « Egypt : Craniology » Man, 5, 1905, p. 91-96. « Were the Ancient Egyptians of Dual Race ? (...)
- 77 Elliot Smith G., « The Influence of Racial Admixture in Egypt », Eugenics Review, 7, 1915, p. 163-1 (...)
21La mise sous tutelle de l’Égypte par l'Angleterre (1882) va voir le développement des travaux britanniques d'anthropologie physique dont la présence ne sera marquante qu'à partir du début du xxe siècle (Randall-Maciver, 1900 ; Myers, 1905, etc.). À cette époque, les productions des écoles française ou italienne étaient bien plus importantes. Le premier travail de « synthèse » britannique est dû à Randall-Maciver70 qui entend établir, à partir de quelques indices craniométriques et de gravures, qu'il était peu probable que les anciens Égyptiens aient eu une origine négroïde ou européenne. Leur origine se situerait en Asie ou, plus vraisemblablement, au nord-ouest de l'Afrique, et ils ressembleraient beaucoup aux Kabyles modernes. Cette théorie, qui était déjà celle de Pruner bey, sera reprise l'année suivante par Petrie71 qui, tout en allant dans le même sens, rejette l'hypothèse mésopotamienne. Ce qui marque le début du xxe siècle, c'est la domination des thèses centrées sur l’autochnonie au détriment des thèses antérieures, qui reposaient principalement — nous venons de le voir — sur l'idée de migration, d'apports culturels et biologiques exogènes. Alors que les travaux de Thomson et Randafl-Maciver72 et leur commentaire par Tonnini73 continuent d'insister sur une nette dualité raciale dans l'ancienne Égypte entre races négroïde et caucasoïde, les travaux de Rinders Petrie74, de Myers75 ainsi que les critiques de Keith76 contre Thomson et Randall-Maciver vont insister sur une plus grande complexité de la réalité, estimant que plusieurs types morphologiques auraient coexisté. Certes, la dualité des types demeure, mais elle serait gouvernée par des Influences génétiques extérieures77, des métissages (ou l'influence du milieu pour certains) qui expliqueraient la variabilité interne de la population, et non plus des migrations de populations entières.
- 78 Myers C. S., « Contributions to Egyptian Anthropometry II: The Comparative Anthropometry of Most An (...)
- 79 Myers C, S., op. cit. p. 82.
- 80 Cette hypothèse induisant des différences biologiques entre coptes et musulmans sera rejetée ultéri (...)
22Lorsque Myers78, inspiré des méthodes statistiques de Pearson, entreprend de travailler sur la population égyptienne, il éprouve un certain embarras dans l'étude des séries craniométriques dont il dispose : l'échantillon cairote sur lequel il travaille présente un écart-type très élevé, semblable à un échantillon de référence extrêmement hétérogène comprenant des crânes australiens, esquimaux, chinois, etc. Embarrassé par cette absence de caractère spécifique, il étudie alors une population vivant autour du site de Nakada « in the same region of the Valley of the NiIe as did their Nakada ancestors about 5000 B. C. »79, et constatera alors qu'il n'y a pas de différence craniométrique essentielle entre les populations anciennes et modernes de Haute-Égypte. Mais, parce que la méthode biométrique lui aura permis de constater des différences entre coptes et fellahs80, il rejettera les conclusions de Chantre sur la relative homogénéité « raciale » de la population égyptienne.
- 81 Myers C. S., « Contributions to Egyptian Anthropometry V : General Conclusions », JRAI, 38,1908, p. (...)
- 82 Myers C. S., « Contributions to Egyptian Anihropomeiry III : The Anthropometry of the Modem Mahomme (...)
- 83 Myers C. S., op. cit. p. 103.
23L'interprétation qu'effectue Myers nous est livrée dans la conclusion générale de son étude81. Il parle d'un accroissement régulier des caractères négroïdes au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la Méditerranée (ce qui peut sembler fort logique), prouvant (évidemment) la présence ancienne de deux « races », l'une négroïde et l'autre méditerranéenne ou libyenne, qui auraient subi un brassage — même si « tne Copts are relatively less negroïd than the Moslems »82 —, ce qui expliquerait l'homogénéité actuelle de la population. Ainsi, et contrairement à ses attentes, les caractères anthropométriques n'ont pas pu montrer que la population égyptienne « past or présent, is composed of several different races »83. Myers reconnaît qu'avant ces résultats, il avait une opinion diamétralement opposée car il croyait en une opposition de caractères biologiques très tranchée au sein de cette population égyptienne.
- 84 Morant G. M., « A Study of Egyptian Craniology from Prehistoric to Roman Times », Biometrika, 17,19 (...)
24Revenant sur la question du brassage ancien entre des populations fort différenciées, Morant, dans son étude sur la craniologie égyptienne entre la préhistoire et la période romaine, constatera la présence initiale de deux types physiques bien différenciés occupant respectivement le nord et le sud du pays et formant les types extrêmes de la population égyptienne. Cependant, si le type de Basse-Égypte n'a pas changé entre l'Ancien Empire et la période de Ptolémée, le type de Haute-Égypte se serait modifié en devenant un type moyen entre deux extrêmes. Morant expliquera ce phénomène par l'action de l'environnement ou du métissage84.
La théorie de la « race » brune méditerranéenne
- 85 Sergi G., 1895, op. cit. ; 1901, op. cit.
- 86 Guiffrida-Ruggerl G., « Were the Predynastic Egyptians Libyans or Ethiopians ? » Man, XXXII, 1915, (...)
- 87 Elliot Smith G., The Ancient Egyptians and their Influence on the Populations of Europe, Harperand (...)
- 88 MacGaffey W., « Concepts of Race in the Historiography of Northeast Africa », Journal of African Hi (...)
- 89 Ferrié J. N., « Sciences coloniales », centralité scientifique et périphérie savante. Le Maghreb et (...)
25À la même époque, les anthropologues originaires du sud de l'Europe, comme l'Italien Sergi85, se livreront à des recherches anthropologiques sur l'unité d'une race « brune » ou « méditerranéenne » dont l’Égypte, puis la Grèce et Rome, auraient été les lieux d'épanouissement intellectuel. Le taxon de « race brune » proposé par Sergi, repris par Guiffrida-Ruggeri86 et par bien d'autres87, s'avère hybride dès sa conception car, s'il met en œuvre une méthodologie « scientifique », ce n'est quasiment que pour régler une question idéologique. Il s'agit, comme le fait remarquer Macgaffey88, de contrer la théorie d'une race aryenne « supérieure » en lui opposant une race méditerranéenne génitrice des grandes civilisations antiques. Pas plus que les autres explications biologiques de phénomènes sociaux et culturels, la « race » brune méditerranéenne ne fournira d'explication scientifique satisfaisante, puisqu'elle ne visait qu'à reprendre le discours des spécialistes de l'Antiquité pour le transférer dans le domaine du biologique89.
- 90 Hartmann R., Les Peuples de l'Afrique, Germer Balllière, Paris, 1880, p. 14.
- 91 Cette idée de fixation de caractères morphologiques au sein d'un groupe humain repose sur un concep (...)
- 92 Lenormant F., Histoire ancienne de l'Orient, t.1 : Les origines, les races et les langues, Lévy, Pa (...)
- 93 Maspero G,, Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique, Hachette, Paris,1895.
- 94 « L'Égypte très peuplée n'a jamais été une colonie de peuplement. » AYROUT H., Mœurs et coutumes de (...)
26Pour d'autres savants comme l'Allemand Hartmann, généralement opposé aux théories de ses collègues germaniques, « aucun indice physique important ne peut faire présumer d'une origine sémitique des Égyptiens »90 : le type primitif de la population se serait sensiblement transformé par l'adjonction de Perses, de Grecs, de Syro-Arabes et d'éléments négritiens. De là, l'idée d'une sorte de métissage différentiel, d'un contact plus étroit avec les populations voisines de l’Égypte pour les fellahs, alors que les coptes se seraient davantage refermés sur eux-mêmes91. Certains égyptologues français comme Lenormant92 ou Maspero93 avaient déjà une conception davantage basée sur des faits lorsqu'ils avancèrent la théorie du peuplement méditerranéo-africain. Ils insistèrent sur la continuité morphologique que les Égyptiens présentent avec les populations voisines, ce qui revenait à rejeter définitivement toute théorie de peuple exogène ayant porté avec lui le génie égyptien94.
Marqueurs génétiques et brassage de populations
- 95 Lansteiner découvrit vers 1900 qu'un individu pouvait agglomérer les globules rouges d'un autre suj (...)
- 96 Sousha A. T., Biochemical Race Index of Egyptians, Egypt Med. Jour., XI (1), 1928, p. 4-11.
- 97 Parr L. W., « Blood Studies on Peoples of Western Asia and North Africa », American Journal of Phys (...)
- 98 Boyd W. C. & Boyd L. G., « New Data on Blood Groups and Other Inherited Factors in Europe and Egypt (...)
27La découverte des marqueurs génétiques date de Lansteiner95 et le premier travail sur la population égyptienne est celui de Sousha, publié en 192896, dans lequel il ne trouve pas de différences significative entre les échantillons musulmans et coptes. Parr confirmera ces résultats à partir d'un autre échantillon égyptien et montrera qu'il existe une hétérogénéité hémotypologique entre Égyptiens et Arabes du Moyen-Onent97. Pour le système MN comme pour le système ABO, Boyd & Boyd98 ne trouveront pas d'écart significatif entre coptes et musulmans de la ville du Caire ; les seules différences seront observables dans la couleur des cheveux et de l'iris ainsi que dans le teint de la peau ; les mêmes remarques s'appliquent entre les deux groupes vivant dans la ville d'Assiout.
- 99 Ammar A., « Physical Measurements and Serology of the People of Sharqiyya », JRAl of Great Britain (...)
- 100 Ammar A., « Racial Elements in the North-Eastern Province of Egypt. A study of Ethnic Stocks in Sha (...)
- 101 Batrawi A., The Racial History ol Egypt and Nubia. Part II: The Racial Relationships of the Ancient (...)
- 102 Ceci rejoindrait le concept de cline formulé par Livingstone suggérant une opposition entre l'exist (...)
- 103 Dart P., « Population Fluctuation over 7 000 Years in Egypt », Trans. Roy. Soc. South Africa, 27,19 (...)
- 104 Falkenburger F., « La composition raciale de l'ancienne Égypte », L'anthropologie, 51 (2), 1947, p. (...)
- 105 Falkenburger F., op. cit., p. 244.
28Le travail de Ammar sur la province de Sharqiyya, province nord-orientale de l’Égypte, montre à son tour une influence importante de l'élément « arabe » dans le pool génique et dans la morphologie99 de la population de cette région100. Batrawi101 proposera une synthèse à partir des travaux de divers auteurs — Chantre, Boyd & Boyd, Ammar, Matta, Sousha… — en s'appuyant sur des données sérologiques et anthropométriques. Il reprendra les hypothèses de Morant, constatant à la fois une grande homogénéité biologique du peuple égyptien en même temps que des génotypes et des morphotypes différenciés entre les populations les plus éloignées géographiquement, c'est-à-dire celles de Haute et Basse-Égypte102. Dart aboutira à des résultats opposés pour les périodes anciennes puisque, sur un échantillon de 3 000 crânes antiques, il distingue 9 types raciaux103. Falkenburger constate aussi une grande hétérogénéité dans les mesures prise sur 1 800 crânes égyptiens. À partir d'indices exprimant la forme de la face, du nez et des orbites, Falkenburger répartit les anciens Égyptiens suivant quatre types — type cro-magnon, type négroïde, type méditerranéen et type mixte, issu du mélange des trois premiers104 ; il insiste sur l'influence africaine dans l’Égypte antique en montrant que l'on trouvait davantage d'éléments « négroïdes » dans les sépultures anciennes que dans les récentes105.
- 106 Mourant A. E., Kopec A. C., Domaniewska-Sobczak K., The Distribution of the Human Blood Groups and (...)
- 107 Cavalli-Sforza L. L., Menozzi P., Piazza A, The History and Geography of Human Genes, Princeton Uni (...)
29Les données hématologiques mondiales ont été analysées par l'équipe de Mourant, qui montre pour l’Égypte une ethnogénie ayant pour berceau d'origine un lieu situé quelque part vers la Palestine106. Les analyses phylogénétiques les plus récentes placent les Égyptiens dans le sous-ensemble génétique « berbère », proches des Libyens, des Tunisiens et des Bédouins107.
Les études de morphologie humaine depuis le milieu du siècle
- 108 Mitwalli M., « The Population of the Egyptian Oases », Bulletin de la Société royale de géographie (...)
- 109 Rife D. C., « Dermatogliphics of Egyptians », Human biology, 25, 1953, p. 154-158.
- 110 Michalski I., « Remarks about the Anihropological Structure of Egypt », Publications of the Joint A (...)
- 111 Mitwalli reprend les conclusions déjà formulées sur Siwa dans Cline A., « Anthropometric Notes on t (...)
- 112 Michalski, op. cit., p. 220.
- 113 Idem, p.228.
30Depuis la dernière guerre, peu de travaux d'anthropologie biologique ont été effectués sur les populations égyptiennes contemporaines. On peut citer les travaux de Mitwalli sur les populations des oasis108, le travail de Rife sur les dermatoglyphes de la population égyptienne109 ou ceux de l'expédition égypto-polonaise sur un échantillon hétérogène de 678 Égyptiens adultes110. Mitwalli réunit un échantillon de 1082 hommes appartenant à 5 oasis (Siwa, Baharia, Farafra, Dakhia et Kharga) et observe, à partir de données morphologiques, un processus de métissage entre Libyens et autochtones des oasis très important dans le nord — en particulier Siwa111 — et beaucoup plus faible dans le sud. De son côté, Michalski, anthropologue polonais de la mission égypto-polonaise, constate une grande hétérogénéité de la population égyptienne ; il tente d'en déceler les différents apports « raciologiques » : il trouve un apport « berbère » représentant 21 % de la population, un apport « méditerranéen » en représentant 19 % et un apport « oriental » équivalent à 17 %. Pour le reste, il y a, en quatrième place, un facteur « nordique », difficilement décelable puisqu'il s'agit en réalité d'Égéens fortement métissés avec des Égyptiens autochtones et, en cinquième place, l'influence de l'élément « arménoïde ». L'influence « négroïde » n'arriverait qu'ensuite112. Pour cet auteur, l’Égypte est un domaine privilégié de variétés de la « race » blanche qui entrerait de manière prépondérante, à la fois qualitativement et quantitativement, dans la composition « raciologique » des Égyptiens modernes, bien avant l'apport asiatique ou africain113.
- 114 Idem.
- 115 Michalski I., « Typy antropologiczne egiptu », Calowick w czale i przestrzeni, 1 (4), 1958, p. 192- (...)
- 116 Wiercinski A., « Introductory Remarks Concerning the Anthropology of Ancient Egypt », Bulletin de l (...)
- 117 Berry A. C., Berry R. J., Ocko P. J., « Genetical Change in Ancient Egypt », Man, IV (2), 1967, p. (...)
- 118 Billy G., « Les grands courants du peuplement égypto-nubien jusqu'à l'époque romaine », L'anthropol (...)
- 119 Mourant A. E., op. cit., p. 85.
31Cette hiérarchie des apports doit néanmoins être nuancée par deux remarques : d'une part, l'auteur explique en préambule que la structure anthropologique de l’Égypte est extrêmement complexe et que, de plus, son échantillonnage est assez faible ; comment, alors, peut-il déceler l'influence de 14 « groupes raciaux »114 ? D'autre part, tout en reconnaissant avoir sous-estimé l'influence « raciologique » de l'élément noir africain dans un précédent travail115, il ne lui, fait pas une plus grande place dans celui-ci. Ses conclusions vont dans le même sens que celles de Wiercinski, qui n'accordait pas une grande place à l'élément « négroïde » dans la composition « raciale » de l’Égypte ancienne mais montrait, au contraire, l'importance des influences hamitique, méditerranéenne, orientale et arménienne, avec, de surcroît, la présence d'éléments morphologiques provenant d'une « race jaune » qu'il faisait venir de la partie ouest de l'Asie centrale116. L'introduction de méthodes d'analyse statistique plus sophistiquées que les simples moyennes et variances sur les séries de crânes pourra aussi bien montrer une grande homogénéité biologique des populations de l'ancienne Égypte117 qu'un gradien sud-nord de l'influence « négroïde »118. Mais malgré sa position entre l'Afrique, l'Asie et l'Europe et le brassage génétique dont elle semble avoir été marquée, la population égyptienne garderait remarquablement constants les grands caractères de sa morphologie119.
Conclusion
- 120 G. d'Eichthal fera de la « race » blanche une « race mâle » et de la « race » noire une « race feme (...)
32Toute critique de l'histoire d'une discipline implique la reconnaissance de l'altérité du passé, empêchant par là même tout jugement de valeur anachronique. En ce qui concerne les études « raciologiques » sur l’Égypte, on aurait pu penser que le débat sur la question de l'apport du « nègre » à la « civilisation » était un débat anthropologique du xixe siècle120. C'était, en effet, un débat logique à une époque marquée par un très fort déterminisme biologique et par une idéologie européanocentrique. Dans le cas de l’Égypte, il était difficile, pour la majorité des historiens et des anthropologues, d'admettre la présence de caractères biologiques « négroïdes » chez les peuples créateurs des civilisations méditerranéennes. Dans les phantasmes des savants occidentaux du xixe siècle, les coptes se retrouvent descendants d'une population génitrice d'un passé glorieux qui ne peut l'être pleinement que dans le rejet absolu de l'influence « noire ».
- 121 Cf. par exemple Crichton J. M., « A Multiple Discriminant Analysis of Egyptian and African Negro Cr (...)
- 122 Williams C., The Destruction of Black Civilisation. Great Issues of Race from 4500 B. C. to 2000 A. (...)
- 123 Froment A., « Origine et évolution de l'homme dans la pensée de Cheikh Anta Diop », Cahiers d'étude (...)
- 124 Ortiz de Montellano B. R., « Melanin, Afrocentrism and Pseudoscience », Year book of Physical Anthr (...)
- 125 BARNES C., Melanin: The Chemical Key to Black Greatness, Houston ; C. B. Publishers, 1968.
- 126 Cf. Boëtsch G. & Ferrie J. N. « Le paradigme berbère : approche de la logique classificatoire des a (...)
33Pourtant ce débat n'est pas clos et différentes recherches continuent sur ce thème121. La nature profonde — celle qui se situerait dans son identité biologique — de la population égyptienne demeure sous les projecteurs de la science (et de l'idéologie) avec les positions des « diopiens »122 et des « anti-diopiens »123. Le débat semble se situer à la fois sur un plan historique — avec le problème de l'apport culturel des peuples africains dans l'émergence des civilisations — et sûr un plan biologique — avec celui de l'identité (blanche ou noire) des anciens Égyptiens. Sur ce dernier point, l'anthropologie biologique n'en finit pas d'être interpellée : récemment, un article124 entreprenait de réfuter les hypohèses émises par une école de pensée américaine afro-centrique expliquant que les Noirs (parmi lesquels sont inclus les anciens Égyptiens) seraient supérieurs aux Blancs sur les plans physique, intellectuel et supra-normal grâce à l'action spécifique de la mélanine125. Ainsi, chassé par une porte, le déterminisme biologique rentre par une autre. Il ne faudrait pas pour autant recommencer à prendre les objets sociaux pour des objets biologiques, c'est-à-dire reconstruire un paradigme analogue à celui de l'anthropologie typologiste126, que l'anthropobiologie avait déconstruit grâce aux découvertes de la génétique des populations.
Notes
1 Un grand nombre d'études d'anthropométrie ont jadis été menées sur les crânes égyptiens antiques. Cf. Morton, Crania Aegyptica, Philadelphie/Londres, Penington/Londres (tiré de la traduction de la Société américaine de philosophie, IX), 1844 ; Pruner Bey, Recherches sur l'origine de l'ancienne race égyptienne, Mémoires de la société d'anthropologie de Paris, 1,1863, p. 399-443 ; Périer, Sur l'ethnogénie égyptienne. Mémoires de la société d'anthropologie de Paris, I (1re série), 1863, p. 435-504 ; Quatrefages et Hamy, Crania ethnica, Baillière, Paris, 1882… Pour une revue générale des études anthropobiologiques sur les populations égyptiennes récentes, cf. E. Stouhal, « Rassengeschichte Ägypiens », dans Rassengeschichte der Menscheit. 3 -1 Nord-und mittelafrika, R. Otenbourg, Munich, Vienne, p. 9-89.
2 Voir la position « hyperdiffusioniste » de G. Elliot Smith dans In the Beginning. The Origin of Civilisation, Gerald Howe, Londres, 1928.
3 Boëtsch G, « Égypte noire et Berbérie blanche : l'impossible rencontre de la biologie et de la culture », Cahiers d'Études africaines n0129 (numéro spéc. « Mesurer la différence : l'anthropologie physique »), 1993, p. 73-98.
4 Pool génique ou génome : ensemble des gènes d'une population.
5 Polygénisme : Théorie suivant laquelle l'humanité serait formée de trois grandes espèces humaines (blanche, jaune, noire) qui proviendraient de souches différentes ; pour les polygénistes, il s'agit d'« espèces » (dont le nombre varie d'ailleurs fortement selon les auteurs) et non de « races ». Cette théorie, dont l’instigateur est La Peyrère (1655), fut défendue par Virey, Bory de Saint-Vincent, Desmoulins, Knox, Morton… Elle s'oppose à celle dite du « monogénisme », théorie scientifique affirmant l'unité de l'espèce humaine, laquelle se subdiviserait en plusieurs « races ». Les races actuelles descendraient d'une même population originelle et leur diversité ne serait que l'expression de l'adaptation au milieu. Cette théorie, dont la dimension théologique n'est pas absente, était défendue par Prichard, Omalius d'HaIloy et Quatrefages. Les dernières découvertes de la paléontologie et de la génétique des populations humaines confirment l'hypothèse d'une origine monophylétique de l'humanité.
6 Cf. le travail de Samuel Morton (Morton, op. cit., 1844) sur des crânes antiques égyptiens, dont s'inspireront ses élèves, les anthropologues polygénistes américains Nott et Gliddon, pour justifier l'esclavage des Noirs américains (Notti. C. and Gliddon G. R., Types of mankind, Lippincott, Grambo & Co, Philadelphie, 1854 ; Des mêmes auteurs, Indigenous Races of the Earlh, Lippincott, Philadelphie - Trübner, Londres, 1857. Le contenu de ces deux ouvrages — un réductionnisme déjà jugé peu acceptable pour l'époque — fut rapidement critiqué (cf. Castaing A., « L'Unité de l'espèce humaine et les ethnographes des Etats-Unis », Revue orientale et américaine, II, 1859, p. 389-430).
7 Morgan (de) J., Les premières civilisations, Leroux, Paris, 1909. p. 10.
8 Ethnogénie : science de l'origine et de la filiation des peuples et des races.
9 Chantre E., Recherches anthropologiques en Égypte, Rey, Lyon, 1904, p. vii. Anthropologue, sous-directeur au muséum d'histoire naturelle de Lyon et fondateur de la société d'anthropologie de cette ville en 1881. Ernest Chantre (1843-1924) fut essentiellement un homme de terrain. Il mena des recherches anthropologiques dans de nombreux pays (Grèce, Turquie, Russie, Arménie, Égypte, Tripolitaine, Algérie…).
10 Cf. par exemple Serres (de) M., De la cosmogonie de Moïse comparée aux faits géologiques (2 vol.), Lagny, Paris, 1841 (2e édition revue et considérablement augmentée).
11 Maillet (de) B., Description de l’Égypte, Rollin, Paris, 1735, p. 27. On voit qu'au XVIlle siècle, la classification raciale opérée pour l'ensemble des populations du nord de l'Afrique était beaucoup plus riche que celle observable juste après 1830, qui devint essentiellement binaire. Consul en Égypte, Benoît de Maillet (1656-1736) fut un des précurseurs du transformisme dans son célèbre « Telliamed » ; il pressentit la transformation des êtres aquatiques en êtres terrestres et aériens.
12 Maillet (de) B., op. cit. p. 26. Les rapports entre les Égyptiens et les Grecs auraient fonctionné selon une relation nord-sud sur le plan du mouvement des hommes, mais sud-nord sur celui des idées. Hérodote pensait déjà que la religion des Grecs était d'origine égyptienne ; mais, comme le souligne Hartog, l'admiration des Grecs pour la science égyptienne ne les empêchait pas de rejeter le peuple égyptien dans le domaine de la Barbarie, non pour des différences d'ordre biologique, mais parce que ces Barbares ignoraient la polis et vivaient soumis à un roi : cf. Hartog F., « Les Grecs égyptologues », Annales ESC, 5, 1966, p. 953-967.
13 Volney Constantin François de Chasseboeuf, Comte de… (1757-1620). Orientaliste, député aux États généraux, il s'intéressa à l'enseignement des langues orientales et à la création d'un alphabet universel. Un prix linguistique porte son nom ; Renan y présentera l'esquisse de son Histoire générale et système comparé des langues sémitiques en 1847.
14 Volney C. F., Œuvres complètes, t. Il : Voyage en Égypte et en Syrie, Bossange, Paris, 1821 (1787).
15 Cf. Dieng A. A., « Volney, l'Abbé Grégoire et la thèse de l’Égypte nègre », in H. Khadar (éd.), La Révolution française et le monde arabo-musulman, Alif, Tunis, 1989.
16 Poinsinet De sivry, Origines des premières sociétés, Amsterdam, 1769.
17 Moreau De Jonnes, Ethnogénie caucasienne, 1860.
18 Winkelmann, Histoire de l'an chez les anciens, 1802.
19 En mettant en œuvre l'imposante Description de l’Égypte, l'Institut égyptien a proposé une manière nouvelle et originale de faire de la science. À leur retour en France, la plupart des savants continueront de servir l'État et conserveront cet état d'esprit consistant à rassembler systématiquement des données (cf. Gillispie C. C., « Scientific Aspects of the French Egyptian Expédition 1798-1801 », Proceedings of the American Philosophical Society,133 (4), 1989, p. 447-474.
20 Larrey Dominique Jean (1766-1842) : chirurgien dans le service de santé de l'armée du Rhin en 1792, il dévint chirurgien en chef à 28 ans et fit, à ce titre, les campagnes d'Italie, d'Orient, d'Allemagne, d'Espagne, de Russie. Membre de l'Institut d’Égypte et de l'Académie de Médecine, il sera fait baron en 1809 et entrera à l'Institut de France en 1829.
21 Larrey D., « Notice sur la conformation physique des Égyptiens et les différentes races qui habitent en Égypte », Description de l’Égypte, recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, T. XVIII (2e partie), Panckroucke, Paris, 1829 (1813), p. 59.
22 Larrey, op. cit., p. 63.
23 Larrey, op. cit., p. 67.
24 Larrey, op. cit., p. 69
25 Cohen W. B., Français et Africains. Les Noirs dans le régard des Blancs, 1530-1880 (trad. C. Gamier), Gallimard, Pans, 1981 (1980), p. 297.
26 Wilkinson J. G., A Popular Account of the Ancient Egyptians (2 vol.), Londres ; Murray,1878 (1836), vol. l, p. 302.
27 Saint-Germain (de) B., De la diversité originelle des races humaines et des conséquences qui en résultent, Leclerc, Paris, 1848, p. 59.
28 Naturaliste et militaire, Bory de Saint Vincent (Jean-Baptiste Geneviève Marcellin, 1778-1846) fut envoyé dans les mers du sud, après les guerres révolutionnaires, comme zoologiste avec Le Naturaliste et Le Géographe. Après une période d'activité qui dura jusqu'à la fin de l'empire, il entreprit une carrière scientifique comprenant à la fois des travaux de synthèse (L'homme, 1827 ; Dictionnaire classique d'histoire naturelle en 17 volumes, 1822-1831) et des missions de terrain (Grèce et Algérie).
29 Bory de Saint-Vincent, L'homme (Homo), essai zoologique sur le genre humain (2 vol.), Rey et Gravier, vol. 11, Paris, 1827, p. 211.
30 Né à Philadelphie, S. G. Morton (1799-1851) fut élevé dans une institution de Quakers. Il poursuivit ses études de médecine à l'Université de Pensylvanie et fut reçu docteur en 1820. Il partit en Irlande rejoindre son oncle qui lui fit suivre des cours à l'Université d'Edimburg, où il soutint une thèse intitulée De corporis dolore en 1823. Revenu à Philadelphie, il enseigna l’anatomie au Pennsylvania Collège de 1829 à 1843. Membre de l'Académie des sciences de Philadelphie, Morton, fondateur de l'anthropologie physique américaine et chef de l'École polygénisle, dut surtout sa célébrité, sur le plan scientifique, à la collection de crânes qu'il avait réunis et qui aboutit à la publication de Crania americana (1839) et de Crania aegyptica (1844).
31 Morton S., op. cit., note (1), p. 66.
32 Médecin et naturaliste allemand, précurseur de la craniologie, Blumenbach (Johanes Frederik, 1752-1840) utilisa cette discipline pour classer l'humanité en cinq races : caucasique, mongolique, éthiopique, américaine et malaise. Partisan de l'unité de l'espèce humaine, il fut un des premiers monogénistes.
33 Knox R., The Races of Men, H. Renshaw, Londres, 1850.
34 Cf. Pruner BEY G., op. cit. note (1), p. 399-443. Médecin et ethnologue allemand, Pruner Bey (1808-1882) arriva au Caire après un séjour à Paris. En Égypte, il devint professeur d'anatomie, directeur de l'hôpital militaire et médecin de 'Abbas Pacha (1834). Fondateur — parmi d'autres — de la pathologie comparée, il a soutenu la théorie de la persistance des types dans les temps anciens.
35 Courtet De Lisle M., « Étude sur les anciennes races de l’Égypte et de l'Éthiopie », Nouvelles annales des voyages et des sciences géographiques, 1re partie, 1847, p. 326-340.
36 Saint-Clavien (de) J., Dictionnaire d'anthropologie ou histoire naturelle de l'homme et des races humaines. Nouvelle encyclopédie théologique, Migne, Montrouge, 1853, p. 410.
37 Fondée en 1659 à l'initiative de P. Broca, la Société d'anthropologie de Paris regroupa la plupart des grands de l'anthropologie physique et de l'ethnologie françaises du xixe siècle. Sa création coïncida avec deux événements marquants : la confirmation publique de la découverte de Boucher de Perthes, qui reculait considérablement dans le temps l'antiquité de l'homme ; et la publication de L'origine des espèces de Darwin.
38 Pruner Bey, op. cit.
39 Pruner Bey, op. cit., p. 405.
40 Pruner Bey, op. cit., p. 443.
41 Le général Faidherbe (Louis Léon César, 1818-1889), après deux mandats de gouverneur au Sénégal, fut commandant de la subdivision de Bône de 1867 à 1870. Il entreprit alors des recherches paléontologiques dans la grotte du Thaya et reprit, après Bourguignat, la fouille des dolmens de Roknia. Membre de la Société d'anthropologie de Paris, il publia les Instructions pour l'anthropologie de l'Algérie (1873).
42 Faidherbe L. C., « Recherches anthropologiques sur les tombeaux mégalithiques de Roknia », Bulletin de l'Académie d'Hippone, 4, 1867, p. 1-76. « Dolmens et hommes blonds de la Libye », Matériaux pour l'histoire de l'homme, 7 (2e série), 1669, p. 341 -344. « Sur l'ethnographie du nord de l'Afrique », Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris, V (2e série), 1870, p. 48-57.
43 Faidherbe L. C., « Sur les relations ethniques des Libyens et des Égyptiens », Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris, VII (2e série), 1872. p. 612-614.
44 Périer J. A, N., « Sur l'ethnogénie égyptienne », Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, l (1re série), 1863, p. 502.
45 Broca P., Périer J. A, N. et Pruner Bey G., « Sur l'ancienne race égyptienne » (discussion), Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris, II (1re série), 1861, p. 552.
46 Sergi G., Africa (Antropologia della stirpe camitica), Bocca, Turin, 1897.
47 Zaborowski M., « Races préhistoriques de l'ancienne Égypte », Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris, IX (4e série), 1898. p. 597-612. « Origines africaines de l'ancienne Égypte », Revue scientifique, XI (4e série), 1899, p. 289-296.
48 Diop C. A., « Origine des Égyptiens », Histoire générale de l'Afrique. T. Il : L'Afrique ancienne, Unesco, Paris, 1981, p. 39-72.
49 Mariette Bey, Discussion sur les rapports des populations actuelles et des races anciennes de l’Égypte. Séance (de l'Institut égyptien) du 29 septembre 1864, Bulletin de l'Institut égyptien (1re série), 9, 1866, p. 99-106.
50 Médecin de formation, Hamy (Théodore Jules Ernest, 1842-1908), qui tenait d'Auguste Mariette son goût pour l'archéologie, étudia l'anthropologie sous la direction de Paul Broca. En 1870, il publia un Précis de paléontologie humaine et, deux ans plus lard, obtint le poste d'aide-naturaliste au Muséum auprès d'A. de Quatrefages. Il organisa également de nombreuses missions scientifiques. Il devint directeur du musée d'ethnographie du Trocadéro en 1880. En 1892, il obtint la chaire d'anthropologie du Muséum. Avec Quatrefages, il se consacra durant sept ans (1875-1882) à l'édition de Crania ethnica qui devait rester, jusqu'à la première décennie de notre siècle, la « base essentielle » des études anthropologiques.
51 HAMY E., « Aperçu sur les races humaines de la basse vallée du Nil », Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris, IX (5e série), 1887, p. 718-743.
52 « La langue copte n'est autre que la langue égyptienne dans sa dernière période. » A. Mallon, Grammaire copte. Guilmoto, Paris, 1907 (1904), p. 1. Ceci est logique historiquement, puisque le copte remonte à la période grecque, et ne prouve rien sur le plan de l'ethnogénie puisque l'alphabet copte comporte les lettres grecques plus sept caractères démotiques égyptiens.
53 Hamy E., op. cit., p. 13.
54 Wiseman N., Discours sur les rapports entre la science et la religion révélée, Lecoffre, Paris, 1845 (4e édition), p. 105.
55 Firmin, Noir de la Caraïbe et diopien avant la lettre, attribue à Black Athena l'origine de la science et de la philosophie occidentale : Firmin A., De l'égalité des races humaines. Pichon, Paris, 1885.
56 Mortillet (de) G., « Nègres et civilisations égyptienne », Mat. Hist. Prim. Nat. Homme I (3e série), 1884, p. 120.
57 Mortillet (de) G., op. cit., p. 119.
58 Naville E., « L'origine africaine de la civilisation égyptienne ». Revue archéologique, Il, 1913, p. 47-65.
59 L'étude des peintures égyptiennes permit à Hamy de retrouver les descendants des Routennou blonds du tombeau de Rakhmara en la personne des habitants » blonds » de la montagne des Ansariés au Liban (cf. HAMY, « Études sur les peintures ethniques d'un tombeau thébaïde de la xviiie dynastie ». Revue d'ethnographie, III, 1884. p. 273-294.). De façon générale, l'interprétation de ces peintures fut pleine de contradidions, notamment en ce qui concerne les principes classificatoires proposés par les anthropologues. Piétrement fut troublé par la place donnée aux Européens dans la « hiérarchie » raciale des Égyptiens : « J'ai honte à le dire puisque notre race est la dernière et la plus sauvage de la série » (Piétrement M., « Note sur la valeur des renseignements que les anciennes peintures égyptiennes peuvent fournir aux naturalistes, aux ethnographes et aux historiens », Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris, VI (3e série), 1883, p. 861.
60 Owen R., « Contribution to the Ethnology of Egypt », Joumal of the Royal Anthropological Institute (JRAI), 4, 1875, p. 223-254.
61 Owen R., op. cit., p. 227.
62 Chantre E., op. cit. note 9, p. xi.
63 Manouvrier L., Capitan L., « Étude anthropologique et archéologique de l’Égypte », Revue de l'École d'anthropologie, XV, 1905, p. 18-30.
64 Omalius D'Alloy J. B. J., Des races humaines ou éléments d'ethnographie, Lacroix et Baudry, Paris, 1859.
65 « Les Coptes sont simplement une secte religieuse (…). Ils sont de la même race que les Fellahs. » (Mariette BEY, op. cit. p. 102).
66 Chantre E., op. cit. p. 305.
67 Chantre E., op. cit. p. 309.
68 Sergi G., Origine e diffusione della stirpe mediterranea, D. Alighieri, Rome, 1895. The Mediterranean Race: a Study of the Origine of European Peoples, W. Scott, Londres, 1901.
69 Pour un plus long développement, se reporter à BOËTSCH G. & FERRIE J. N., « Sergi et la "race" méditerranéenne », Rivista di Antropologia, 1995 (sous presse).
70 Randall-Maciver D., « Récent Anthropometrical Work in Egypt », JRAI, 30, 1900, p. 95-103.
71 Flinders Petrie W. M., « The Races of Early Egypt », JRAI, 31,1901, p. 248-255.
72 Thomson A. & Randall-Maciver D., The Ancient Races of the Thebaïd, Oxford, 1905.
73 Tonnini S., « Alcuni appunti di antropologia della stirpe camitica », Richerche di psichiatria e nevrologia, antropologia e filosofia dedicate al Prof. Enrico Morselli nel XXV anno del suo insegnamente universitario, Vallardi, Milano, 1907, p. 533-549.
74 Flinders Petrie W. M., « Migrations », JRAI. 31, 1906, p. 248-255.
75 Myers C. S., « Contributions to Egyptian Anthropometry », JRAI, 33,1903, p. 82-89 ; 35,1905, p. 80-9.1 ; 36,1906, p. 237-271.
76 Keitha., « Egypt : Craniology » Man, 5, 1905, p. 91-96. « Were the Ancient Egyptians of Dual Race ? » Man, 6,1906, p. 3-5.
77 Elliot Smith G., « The Influence of Racial Admixture in Egypt », Eugenics Review, 7, 1915, p. 163-183.
78 Myers C. S., « Contributions to Egyptian Anthropometry II: The Comparative Anthropometry of Most Ancient and Modem Inhabitants », JRAI, 35,1905, p. 80-91.
79 Myers C, S., op. cit. p. 82.
80 Cette hypothèse induisant des différences biologiques entre coptes et musulmans sera rejetée ultérieurement par de nombreux auteurs, principalement généticiens (Shousha, 1928 op. cit. ; Parr, 1931, op. cit. ; et surtout Batrawi, 1946, op. cit.) Ceci est un faux débat qui animera longtemps l'anthropologie physique, alors même que Broca, en 1866, avait déjà insisté sur la véracité des observations de Pruner-Bey (existence d'un type « fin » et d'un type « grossier » aussi bien chez les coptes que chez les fellahs). Cf. Broca, 1866, op. cit. p. 578)
81 Myers C. S., « Contributions to Egyptian Anthropometry V : General Conclusions », JRAI, 38,1908, p. 99-102.
82 Myers C. S., « Contributions to Egyptian Anihropomeiry III : The Anthropometry of the Modem Mahommetans ; IV : The Comparison of the Mahommetans with the Copts and wilh the Mixed Group », JRAI, 36, 1906, p. 237-263.
83 Myers C. S., op. cit. p. 103.
84 Morant G. M., « A Study of Egyptian Craniology from Prehistoric to Roman Times », Biometrika, 17,1925, p. 1-53.
85 Sergi G., 1895, op. cit. ; 1901, op. cit.
86 Guiffrida-Ruggerl G., « Were the Predynastic Egyptians Libyans or Ethiopians ? » Man, XXXII, 1915, p. 51-56.
87 Elliot Smith G., The Ancient Egyptians and their Influence on the Populations of Europe, Harperand Bro., Londres, 1911. Weisgerber H., Les Blancs d'Afrique. Doin, Paris, 1910.
88 MacGaffey W., « Concepts of Race in the Historiography of Northeast Africa », Journal of African History, 7, 1966, p. 1-17.
89 Ferrié J. N., « Sciences coloniales », centralité scientifique et périphérie savante. Le Maghreb et l’Égypte comme applications locales d'un discours global », Annales islamologiques. XXVIII, lfao,1994, p. 231-257.
90 Hartmann R., Les Peuples de l'Afrique, Germer Balllière, Paris, 1880, p. 14.
91 Cette idée de fixation de caractères morphologiques au sein d'un groupe humain repose sur un concept précis d'isolement des populations, « l'isolat ». Ce concept repose sur un mode particulier de pratiques matrimoniales — l'endogamie — pouvant être appliqué au sein d'une population ; un groupe humain sera considéré comme une population génétique si l’endogamie esl le système matrimonial dominant ; de plus, une des conditions à remplir pour que la transmission des gènes ne subisse pas de variation dans le temps est que l'effectif de la population soit suffisamment grand pour que certains gènes ne soient pas éliminés par effet de « dérive génique ». Jusqu'à l'introduction des concepts de la génétique des populations dans la formalisation des études d'anthropologie biologique, les travaux s'appuyaient uniquement sur quelques caractères phénotypiques d'individus qu'ils regroupaient afin de former des « races » et non sur ce que serait une « race » au sens génétique du terme, c'est-à-dire un groupe d'individus possédant un génome collectif significativement différent de celui d'un autre groupe.
92 Lenormant F., Histoire ancienne de l'Orient, t.1 : Les origines, les races et les langues, Lévy, Paris, 1881.
93 Maspero G,, Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique, Hachette, Paris,1895.
94 « L'Égypte très peuplée n'a jamais été une colonie de peuplement. » AYROUT H., Mœurs et coutumes des Fellahs, Payot, Paris, 1938, p. 91.
95 Lansteiner découvrit vers 1900 qu'un individu pouvait agglomérer les globules rouges d'un autre sujet de la même espèce, ce qui montrait qu'il existait dans notre espèce différents types de sang (les groupes sanguins). La classification proposée en 1910 par Von Dungern et Hirszfeld — le système ABO — fut retenue. Ce furent les premiers qui étudièrent les fréquences de la distribution géographique mondiale des groupes sanguins à partir d'échantillons de populations (8 000 soldats furent « typés ») durant la guerre des Balkans, à Salonique.
96 Sousha A. T., Biochemical Race Index of Egyptians, Egypt Med. Jour., XI (1), 1928, p. 4-11.
97 Parr L. W., « Blood Studies on Peoples of Western Asia and North Africa », American Journal of Physical Anthropology, 16,1931, p. 15-29.
98 Boyd W. C. & Boyd L. G., « New Data on Blood Groups and Other Inherited Factors in Europe and Egypt », American Journal of Physical Anïhropology XXIII (1), 1937-38, p. 49-70.
99 Ammar A., « Physical Measurements and Serology of the People of Sharqiyya », JRAl of Great Britain and Ireland, LXX (2), Londres, 1940, p. 147-170.
100 Ammar A., « Racial Elements in the North-Eastern Province of Egypt. A study of Ethnic Stocks in Sharqiyya ». JRAI of Great Britain and Ireland, CLIX, Londres, 1941, p. 159-169, p. 347-361 ; CLXIll, 1942, p. 119-128.
101 Batrawi A., The Racial History ol Egypt and Nubia. Part II: The Racial Relationships of the Ancient and Modern Populations of Egypt and Nubia », JRAI of Great Britain and Ireland, 73, Londres, 1946, 131-146.
102 Ceci rejoindrait le concept de cline formulé par Livingstone suggérant une opposition entre l'existence de races (discontinuité biologique) et une continuité biologique : Livingston F. B., « On the Non-Existence of Human Races », Current anthropology, 3 (3), 1962, p. 279.
103 Dart P., « Population Fluctuation over 7 000 Years in Egypt », Trans. Roy. Soc. South Africa, 27,1940, p. 95-145.
104 Falkenburger F., « La composition raciale de l'ancienne Égypte », L'anthropologie, 51 (2), 1947, p. 239-250.
105 Falkenburger F., op. cit., p. 244.
106 Mourant A. E., Kopec A. C., Domaniewska-Sobczak K., The Distribution of the Human Blood Groups and Others Polymorphisms (2e éd.), Oxford University Press, Londres, 1976 (Ch. 16 : The Near East : Arabs and Jews, p. 76-81 ; Ch. 17 : North Africa : p. 83-88).
107 Cavalli-Sforza L. L., Menozzi P., Piazza A, The History and Geography of Human Genes, Princeton University Press, 1993.
108 Mitwalli M., « The Population of the Egyptian Oases », Bulletin de la Société royale de géographie d’Égypte, XXI (2), p. 109-138 ; XXI (3-4), 1945-1946, p. 289-312.
109 Rife D. C., « Dermatogliphics of Egyptians », Human biology, 25, 1953, p. 154-158.
110 Michalski I., « Remarks about the Anihropological Structure of Egypt », Publications of the Joint Arabic-Polish Anthropoiogical Expedition 1958/1959, Part. Il, Warszawa-Poznan-Cairo, 1964, p. 209-231.
111 Mitwalli reprend les conclusions déjà formulées sur Siwa dans Cline A., « Anthropometric Notes on the Natives of Siwa Oasis », Harward African Studies, 10, 1932, p. 1-17.
112 Michalski, op. cit., p. 220.
113 Idem, p.228.
114 Idem.
115 Michalski I., « Typy antropologiczne egiptu », Calowick w czale i przestrzeni, 1 (4), 1958, p. 192-203.
116 Wiercinski A., « Introductory Remarks Concerning the Anthropology of Ancient Egypt », Bulletin de la Société royale de géographie d’Égypte, XXXI, 1958, p. 73-84.
117 Berry A. C., Berry R. J., Ocko P. J., « Genetical Change in Ancient Egypt », Man, IV (2), 1967, p. 551-568.
118 Billy G., « Les grands courants du peuplement égypto-nubien jusqu'à l'époque romaine », L'anthropologie, 79 (4), 1975, p. 629-657.
119 Mourant A. E., op. cit., p. 85.
120 G. d'Eichthal fera de la « race » blanche une « race mâle » et de la « race » noire une « race femelle » (le monde sauvage de Rousseau). Le produit des deux termes du couple, le métis, sera l'enfant commun de l'Humanité nouvelle. Cf. Eichthal (d') G., Urbain I., Lettres sur la race noire et la race blanche, Paulin, Paris, 1839,
121 Cf. par exemple Crichton J. M., « A Multiple Discriminant Analysis of Egyptian and African Negro Crania », Papers Peabody Museum, 57 (1), 1966, p. 47-67 ; Rabino-Massa E., Reddavid M., Gilli B., Belliza l., « Analyses paléosérologiques des restes humains non osseux ». Paléobios, 6 (1), 1990, p. 5-10 ; Keita S. 0. Y, « Further Studies of Crania from Ancient Northem Africa: an Analysis of Crania from First Dynasty Egyptian Tombs, Using Multiple Discriminant Fonctions », American Journal of Pnysical Anthropology, 87,1992, p. 245-254.
122 Williams C., The Destruction of Black Civilisation. Great Issues of Race from 4500 B. C. to 2000 A. C., Third World Press, Chicago, 1974 ; Bernal M., Black Athena. The AfroAsiatic Roots of Classical Civilisation, vol. 2, The Archealogical and Documentary Evidence, Free Association Book, Londres ; Lam A. M., De l'origine égyptienne des Peuls, Présence africaine, Paris, 1993 ; Gome E., « Critique de la critique. Alain Froment, sa critique de la pensée du savant africain Cheikh Anta Diop : science ou idéologie », Nomade, 3, 1991, p. 50-72.
123 Froment A., « Origine et évolution de l'homme dans la pensée de Cheikh Anta Diop », Cahiers d'études africaines, XXXI, 1991, p. 121-122, p. 29-64 ; 125, p. 129-141 ; « Origines du peuplement de l’Égypte ancienne : l'apport de l'anthropobiologie », Archéonil, 2,1992, p. 79-98.
124 Ortiz de Montellano B. R., « Melanin, Afrocentrism and Pseudoscience », Year book of Physical Anthropology, 36,1993, p. 33-58.
125 BARNES C., Melanin: The Chemical Key to Black Greatness, Houston ; C. B. Publishers, 1968.
126 Cf. Boëtsch G. & Ferrie J. N. « Le paradigme berbère : approche de la logique classificatoire des anthropologues français du XIXe siècle, Bulletins et mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, l (nouvelle série), 3-4, 1989, p. 257-267.
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Référence papier
Gilles Boëtsch, « Noirs ou blancs : une histoire de l'anthropologie biologique de l’Égypte », Égypte/Monde arabe, 24 | 1995, 113-138.
Référence électronique
Gilles Boëtsch, « Noirs ou blancs : une histoire de l'anthropologie biologique de l’Égypte », Égypte/Monde arabe [En ligne], 24 | 1995, mis en ligne le 15 mars 2016, consulté le 19 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ema/643 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ema.643
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