Auteur en 1998 d’une remarquable Poétique de la Nouvelle Histoire, Philippe Carrard a poursuivi dans la singulière veine qui est la sienne en faisant paraître en 2011 « Nous avons combattu pour Hitler », essai à la croisée de l’histoire et de l’analyse littéraire d’une part, des champs universitaires français et anglo-saxon d’autre part. Il s’attaque cette fois à des sources primaires et réunit un corpus original de trente-deux Mémoires de volontaires francophones (la grande majorité français, quelques-uns originaires d’Alsace annexée, de Belgique et de Suisse) ayant combattu pour le IIIe Reich. Ces textes, publiés entre la fin des années 1940 et les années 2000, plongent le lecteur dans l’univers de la collaboration militaire, qui constitue l’un des pans les moins étudiés de l’historiographie de la Seconde Guerre mondiale.
C’est que la mémoire qui se donne ici à lire est à la fois méconnue et gênante : méconnue, parce que les batailles sur le lointain front de l’Est sont auréolées d...