Et pourtant l’enfance est bien un champ de l’histoire, qui retravaille et réutilise continuellement l’histoire personnelle au cœur de chaque présent.
– Landscape for a Good Woman, p. 128.
Dans sa contribution au présent volume, Carolyn Steedman revisite deux thèmes majeurs de son livre de 1986, Landscape for a Good Woman : pourquoi raconter son histoire personnelle d’une part, et quel est le rapport du livre avec l’écriture historienne d’autre part. Landscape s’achève lui-même sur la première question, et laisse sans réponse le « So wo what ? » du titre. Dans le dernier chapitre de Landscape (« Histories »), Steedman retrace le processus qui mène de l’histoire personnelle à l’Histoire tout court, à travers la vie de deux filles du xixe siècle, la « Dora » de Freud et la « petite vendeuse de cresson » d’Henry Mayhew. Mais la trajectoire qui conduit Steedman à trouver un sens historique à sa propre histoire personnelle est délibérément laissée inachevée dans le livre. Le lecteur ne peut...