Sobrement intitulés de l’appellation générique « Mémoires », les Mémoires de Beate et Serge Klarsfeld s’inscrivent dès leur seuil dans un genre bien défini et relativement peu employé lorsqu’il s’agit d’évoquer la Shoah.
Or l’on sait que les écritures sur et après la Shoah ont suscité de vifs débats quant à l’utilisation de la fiction pour dire une expérience dont seul le témoignage pourrait rendre compte. L’émergence de l’« ère du témoin » a consolidé le statut privilégié de ce genre qui a été pendant longtemps l’un de nos principaux modes de représentation du génocide. Bien que ce soit d’abord pour sa valeur documentaire qu’il a été reçu, le témoignage a aujourd’hui acquis pleinement le statut d’œuvre littéraire. Mais avec la disparition des témoins, ce sont aujourd’hui les enquêtes non fictionnelles consacrées aux victimes anonymes de la Shoah qui prédominent.
On peut donc s’interroger sur le choix d’un genre si manifestement en décalage avec nos attentes contemporaines, et sur la ...