« Prophète des temps modernes », pour Le Monde des religions, « prophète laïc de l’insoumission » dans un billet de blog du Monde, « prophète né à la gauche française », dans le Journal du Dimanche, « prophète en son pays » dans Causeur, « un prophète » tout court dans Bibliobs… les références explicites ou implicites à cette figure abondent dans les articles publiés du vivant ou après la mort de Stéphane Hessel, à 95 ans, en février 2013. Elles ont bien sûr un sens qui n’est pas strictement religieux.
La stature qu’a acquise Stéphane Hessel renvoie à celle de l’intellectuel engagé, « prophète de l’universel », militant libre et désintéressé des valeurs humaines. Comme l’a rappelé Gisèle Sapiro, l’intellectuel engagé peut apparaître comme l’héritier du prophète décrit par Max Weber, détenteur d’un « charisme personnel » qui le distingue du prêtre, attaché à une institution et dont les services sont monnayables. L’intellectuel engagé tire son autorité d’un capital symbolique acquis ai...