Winston Churchill (1874-1965) a publié de nombreux livres au cours de sa vie – qu’il a lui-même écrits, pour la plupart – et vécu de ses droits d’auteur au moins autant que de ses émoluments en tant qu’élu. Son heure de gloire ne vint que plus tard, à la faveur de la grande crise de 1940, qui le consacra chef de guerre et sauveur de la Grande Bretagne – après la capitulation de la France, et avant le ralliement de l’Union soviétique et des États-Unis, lorsque l’Empire britannique se retrouva bien seul à tenir encore debout. Il faut bien comprendre que pour Churchill, il n’y avait pas une mais deux guerres : la première se jouait en Europe contre les nazis, et elle fut une victoire. Mais la deuxième, pour sauver l’Empire, se déroulait dans le monde entier, et ne connut évidemment pas le même dénouement en fin de compte. Le récit en six volumes qu’en a fait Churchill, La Seconde Guerre mondiale (1948-54), reste un modèle du genre aux yeux de nombreux autres auteurs, dont le philosophe Isaiah Berlin ou l’homme politique Boris Johnson. Et la figure inoxydable du « lion rugissant », immortalisée par le photographe Yousuf Karsh, n’a fait que confirmer la fascination qu’exerce le personnage.
Winston Churchill (1874-1965) published many books during his lifetime – and he actually wrote most of them himself, making his living as a professional author as much as a politician. His final eminence came late in life, as Britain’s indispensable war leader in the great crisis of 1940. With France out of the war, and the Soviet Union and the United States not yet in it, the British Empire indeed stood alone. We need to remember that for Churchill there were really two wars. One was in Europe to defeat the Nazis, with ultimate victory. But the other, waged worldwide to save the Empire itself, had an inevitably different long-term outcome. The six volumes of Churchill’s own account, The Second World War (1948-54) remain contested by subsequent writers, from the philosopher Isaiah Berlin to a latter-day politician like Boris Johnson. And the abiding image of ‘The Roaring Lion’ left by the photographer Yousuf Karsh holds its own fascination.