Contrairement à ce que nous répètent les manuels sur les écrits à la première personne, les Mémoires ne sont pas la préhistoire de l’autobiographie, autrement dit, ils ne se réduisent pas aux siècles classiques, laissant place ensuite à une forme de récit de soi plus moderne nommée autobiographie. La production mémoriale ne s’est en effet jamais interrompue. Il y eut certes un creux au tournant du xxe siècle, mais la Seconde Guerre mondiale en a relancé le cours, et cela jusqu’à aujourd’hui où il suffit de regarder quelques catalogues d’éditeurs pour constater qu’il se publie autant sinon plus de Mémoires que d’autobiographies ou de témoignages. Ce ne sont donc pas les Mémoires qui ont disparu, ce sont les discours critiques à travers lesquels nous appréhendons les récits à la première personne qui ont nettement basculé du côté de l’introspection.
Les années 1960 ont en particulier vu l’émergence d’une production de Mémoires en série, dont on trouve un précédent dans les « ateliers d...