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Hors thème

« Monsieur graine, donneur, mais pas papa » : Le travail narratif des mères seules par don

“Mister Seed, Donor, but not Dad”: the Narrative Work of Single Mothers by Sperm Donation
“Señor Semilla, donante, pero no papá”: El trabajo narrativo de las madres solteras mediante donación de esperma
Margot Lenouvel

Résumés

Cadre de la recherche : La question des origines personnelles évolue au fur et à mesure que se diversifient les manières de faire famille. En France, les parents ayant recours au don de gamètes sont désormais encouragés à transmettre à l’enfant un récit sur les circonstances de sa venue au monde. Ces narrations prennent une place particulière pour les mères seules : il s’agit d’attribuer une place à un donneur dans l’histoire familiale, sans que celle-ci compense l’absence d’un deuxième parent.

Objectifs : L’objectif de cet article consiste à analyser comment les récits sur les origines - ici sur les donneurs - se construisent par les mères seules.

Méthodologie : Dans le cadre d’un travail de thèse, dix-huit entretiens biographiques ont été réalisés auprès de femmes seules devenues mères en ayant recours à un don de sperme, à l’étranger ou en France. Ces entretiens sont complétés par l’analyse d’un groupe en ligne, terrain d’enquête fécond pour observer les intimités familiales.

Résultats : Dévoiler son histoire donne lieu à une variété de pratiques et de stratégies narratives, fondées sur la norme morale d’une double responsabilité des mères seules. Investiguer les narrations donne à voir la place attribuée au donneur. Il incarne une figure symbolique de l’histoire familiale, qui ne fait aucunement concurrence à la parenté et la filiation. Sa place est construite dans un entre-soi féminin au sein des réseaux de mères seules, puis négociée avec l’entourage familial. Plus encore, ces récits se matérialisent à travers la création de supports (livres, images, films, etc.), témoignant de la volonté des mères seules d’affirmer leur modèle familial.

Conclusion : La mise en récit des origines s’insère dans un travail narratif des mères seules à destination de leur enfant et de l’entourage, qui participe à la mémoire familiale.

Contribution : Cet article contribue à une meilleure compréhension de l’expérience parentale des mères seules, et plus globalement de la place accordée à un donneur dans l’histoire des familles issues du don.

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Texte intégral

Introduction

« Le récit, c’est la question centrale. En fait la question de la procréation médicalement assistée [PMA] pour moi, une maman solo, elle est assez peu différente pour un couple. Je trouve que la question qui se pose à nous tous, c’est la question du récit et de l’héritage, de ce qu’on raconte à nos enfants. » (Leïla, 50 ans, documentariste, un enfant de 5 ans, insémination artificielle avec donneur [IAD] en Espagne)

1Les familles issues du don se rassemblent autour d’un parcours procréatif singulier : elles impliquent un tiers donneur. De nouvelles figures émergent dans l’histoire familiale, qui se construisent essentiellement à travers les récits que les parents en font. Cet article porte sur les femmes devenues mères sans être en couple en ayant recours au don et aux narrations qu’elles créent pour expliquer à leurs enfants comment ils ont été engendrés. Dans cette configuration familiale, la place accordée au donneur est d’autant plus fondamentale qu’elle interroge l’absence d’une deuxième figure parentale.

2La question des origines personnelles est au cœur de débats sociaux, scientifiques, juridiques et politiques dans de nombreux pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Elle évolue au fur et à mesure que se diversifient les manières de procréer et de vivre en famille (Martial et al., 2021). Si « l’anonymat organisé » (Trouvé et al., 2004) s’est imposé comme l’un des premiers principes éthiques adoptés par les Centres d’études et de conservation des ovocytes et du sperme humains (CECOS) dans les années 1970, un nouveau discours, soutenu par les expert·es de l’accompagnement psychosocial, met en avant le « droit de connaître » (right to know) son ascendance pour la construction identitaire et le bien-être psychique des individus (Klotz, 2014). Les technologies de communication contemporaines redessinent la construction du secret des familles et des origines (Diasio et Schlagdenhauffen, 2021). Les personnes conçues par don témoignent et les tests génétiques révèlent l’identité des donneurs. Le don n’est plus une affaire privée, mais devient un enjeu social de la filiation (Mehl, 2021). En France, la loi du 2 août 2021 relative à la bioéthique entérine cette évolution par la levée de l’anonymat des dons et l’ouverture de l’accès aux données non identifiantes ou à l’identité des tiers de procréation. Désormais, la connaissance de ses origines s’impose comme un droit fondamental et reconnu. Tout enfant né d’un don pourra, à sa majorité, s’il le souhaite, obtenir une réponse à la question « À qui dois-je d’être né ? » (Théry, 2009). D’un paradigme du silence organisé par les médecins, les parents ayant recours à la médecine reproductive sont aujourd’hui encouragés à projeter leur enfant dans une histoire complète. Cette ambition passe notamment par la construction de récits autour du donneur pour que l’enfant s’approprie son histoire personnelle (Hargreaves et Daniels, 2007 ; Murray et Golombok, 2003).

3Alors que la transparence est prônée, plusieurs études suggèrent qu’en pratique, certains parents, surtout les couples hétéroparentaux, hésitent encore ou refusent de parler à leurs enfants de leurs origines (Isaksson et al., 2016 ; Kalampalikis et al., 2018 ; Readings et al., 2011). Les mères seules sont particulièrement concernées par cette exigence (Bock, 2000 ; Landau et al., 2008 ; Weissenberg et al., 2007), à l’instar des mères lesbiennes (Côté, 2014 ; Côté et al., 2019 ; Côté et Lavoie, 2021 ; Nordqvist, 2014a), car elles doivent non seulement expliquer à leur enfant l’absence d’un père, mais aussi d’un second parent. Les mères seules dérogent à la norme du couple parental : leur parentalité n’est pas ancrée dans un projet conjugal, mais dissociée de la conjugalité. Plus que d’autres, elles doivent réfléchir à la place qu’elles souhaitent accorder au donneur dans leur histoire familiale.

4Ces familles monoparentales « strictes », où l’enfant ne possède qu’un unique lien de filiation, entravent le modèle de parenté occidental fondé sur le biocentrisme (les parents sont présumés géniteur·ices de l’enfant) et la bilatéralité parentale (l’enfant est rattaché à deux lignées, maternelles et paternelles) (Déchaux et Le Pape, 2021). Longtemps perçues comme « incomplètes » par le droit de la filiation et les instances médicosociales (Fine, 2000b: 35), les mères seules sont souvent renvoyées à la déviance de leur modèle familial. En France, la PMA est accessible aux femmes seules et aux couples de femmes seulement depuis 2021, bien qu’un grand nombre d’entre elles y avaient déjà recours à l’étranger, faisant de la législation française l’une des plus restrictives d’Europe en la matière (Rozée et de La Rochebrochard, 2021). Contrairement à l’adoption (Carsten, 2000 ; Roux, 2017) ou à l’accouchement dans le secret (Ensellem, 2004 ; Martial, 2020 ; Rivière, 2009) encadrés par des pratiques d’État, les récits des mères seules françaises se construisent en dehors des institutions et leur expérience demeure largement inexplorée.

5Quelques travaux internationaux, notamment britanniques, mettent en lumière le rôle ambivalent du donneur dans les récits des mères seules. Le donneur est présent « en pensée » dans l’imaginaire familial. La place qui lui est accordée oscille entre « l’absence » et la « présence » : une « présence absente » (an absent presence), figure centrale dans l’histoire familiale, mais absente physiquement ou « inconnue » (the unknown) (Zadeh et al., 2016). Il incarne un « acteur visible » dont la présence est symbolique et ne doit pas être confondu avec un père (Graham, 2014). Son identité est narrative, en ce qu’elle se construit et évolue à travers les narrations des mères. Ces récits permettent à l’enfant d’intégrer la figure du donneur dans l’histoire familiale, et en parallèle, de se situer lui-même dans la famille et le monde social (Ricœur, 1983 ; 1988). En somme, les récits des mères seules par don occupent une place cruciale et suscitent de nombreuses pratiques et stratégies. Les écrits explorent pourtant peu la façon dont ceux-ci sont construits, négociés ou contestés, alors même qu’ils contribuent à mettre à distance leur identité discréditée et ainsi légitimer leur modèle familial (Goffman, 1975).

6À partir d’entretiens et l’observation d’un groupe de discussion en ligne, cet article analyse la manière dont les mères seules construisent les récits destinés à leur(s) enfant(s) sur leurs origines, tout en examinant, en filigrane, la place accordée aux donneurs. Quelles narrations les mères seules créent-elles autour de leur donneur ? Comment se co-construisent et circulent ces nouveaux récits familiaux ? Sans script social préconçu sur leur parcours ni recommandations officielles des institutions, les mères seules produisent leurs narrations au sein d’un tissu relationnel. Ces récits sont appréhendés comme une composante particulière du « travail procréatif » – travail symbolique et émotionnel derrière l’organisation sociale de la procréation (Hertzog et Mathieu, 2021) – que je nomme « travail narratif ». S’engager dans une démarche d’assistance médicale à la procréation requiert un intense investissement physique, symbolique et émotionnel (Hertzog, 2017 ; Löwy, 2006). Utiliser le terme de travail donne à voir les différentes tâches effectuées par les mères bien souvent invisibilisées, le temps et l’énergie qu’elles recouvrent (ibid.: 3).

7Répondre à ces questions suppose d’abord d’exposer les stratégies de dévoilement des mères seules, fondées sur un principe de double responsabilité. Par la suite, l’article montre que ces récits sont construits collectivement et entretenus au sein de communautés d’expérience, actualisés par l’essor des réseaux sociaux. Pour finir, ils se matérialisent à travers divers supports créés par les femmes rencontrées, témoignant d’une volonté d’affirmer leur modèle familial.

Encadré : Justification terminologique

Le célibat au sens légal, la vie hors couple, les ménages constitués d’une personne et l’isolement sont souvent utilisés de façon interchangeable (Kaufmann, 1994). Les expressions de « maternité solitaire » et de « mères seules » sont ici privilégiées pour appréhender l’objet étudié. Elles marquent une différence avec celle fréquemment utilisée de « mères solo », qui désigne plutôt les parents séparés après l’arrivée de l’enfant (Charpenel
et al., 2021), bien qu’elle décrive parfois les parcours de PMA de femmes seules (Mehl, 2016 ; Rozée et Malmanche, 2023). Par ailleurs, ces termes paraissent plus précis que ceux de maternité et mères « célibataires », adjectif polysémique aux contours indéfinis (Bergström et Vivier, 2020). Ce choix propose un glissement de perspective : il regroupe les mères interrogées sous un dénominateur commun peu utilisé par les sociologues, afin de réhabiliter la notion de solitude – ici conjugale et parentale – généralement mal perçue, en tant que condition plurielle et non définitive (Van de Velde, 2018). Si les femmes interrogées ne se déclarent pas en couple, elles ne sont pas nécessairement sans amour et/ou sexualité, ni sans liens familiaux et/ou amicaux.

Méthodologie

Entretiens biographiques et description du corpus

  • 1 Le travail de thèse s’appuie sur des méthodes mixtes, dont un corpus de cinquante entretiens avec d (...)

8Cet article est issu d’un travail de thèse en sociologie portant sur les maternités solitaires1. Il repose sur un corpus de dix-huit entretiens biographiques (voir annexe) menés entre 2020 et 2023 en France, de visu, par visioconférence ou téléphone, auprès de femmes devenues mères sans être en couple grâce à un don de sperme. Des entretiens exploratoires ont d’abord été conduits avec deux femmes concernées, afin d’élaborer un guide au plus près de leurs expériences. Celui-ci a ensuite été validé au fil des premiers entretiens, étayé et utilisé comme une trame commune comprenant différentes thématiques à aborder (la formulation du projet de maternité et la découverte de la grossesse, la trajectoire conjugale, la trajectoire procréative, l’expérience de la grossesse, l’arrivée de l’enfant, les ressources, le récit des origines et les projections), avec des adaptations selon les situations d’entretiens et les caractéristiques des femmes interrogées. Les questions étaient posées sans ordre préétabli, suivant une « dynamique de conversation » propice aux confidences (Kaufmann, 2014), dans l’optique de favoriser la mise en confiance et la liberté de parole sur le sujet intime qu’est la maternité.

9Plusieurs supports ont été utilisés pour recruter les femmes concernées : les réseaux sociaux, par la publication d’un message d’annonce sur des pages Facebook dédiées aux parents solos et sur le site d’une association regroupant des femmes en parcours de PMA. Cette recherche a été soumise à un comité éthique et enregistrée au registre des activités de traitement de l’Institut national d’études démographiques (Ined). Afin de recueillir l’accord explicite des enquêtées pour participer à la recherche, une charte de confidentialité a été diffusée auprès des femmes rencontrées, présentant la nature et les objectifs du projet, le déroulement des entretiens, les modalités de participation, leurs droits et les mesures de confidentialité. Chaque entrevue a été enregistrée, pseudonymisée, retranscrite puis codifiée à l’aide du logiciel de traitement de données NVivo. Le fichier audio et/ou la transcription étaient systématiquement proposés.

  • 2 Pour en savoir plus sur les profils et trajectoires des femmes qui décident de devenir mères en s (...)
  • 3 Voir lexique en annexe.

10Dans la continuité des travaux français et européens menés sur le sujet, les femmes interrogées appartiennent la plupart du temps à des classes moyennes et supérieures2. Elles occupent toutes un emploi au moment de l’entretien, le plus souvent au rang de cadres (fonctionnaire, orthophoniste, ingénieure, consultante, etc.), à l’exception de Marie (prénom fictif) qui est en arrêt professionnel. Les entrevues ayant été réalisées pour la grande majorité avant la légalisation de la PMA pour toutes en France (entre 2021 et 2022), cette homogénéité sociale peut s’expliquer par le coût de leur parcours, dépendant de ressources économiques concrètes (coût d’une insémination avec donneur, des transports ou encore des logements sur place). Ce critère conditionne largement le projet parental des femmes rencontrées. Alexandra par exemple, auparavant agricultrice, s’est lancée dans un parcours de PMA à 37 ans, parce qu’elle a réussi à mettre de l’argent de côté et a changé de métier. Les participantes avaient entre 33 et 50 ans au moment de l’entretien. Hormis Catherine et Caroline, toutes ont un seul enfant, âgé de 6 mois pour le plus jeune et de 5 ans pour le plus âgé. Elles ont eu recours au don de sperme (13), au double don (3) ou au don artisanal3 (1) dans divers pays d’Europe (Espagne, Italie, Belgique, Danemark ou France). Les analyses doivent donc être interprétées comme résultant de la capacité d’individus dotés socialement à « se raconter ». Les enquêtées partagent un discours particulièrement construit de leur histoire, empreint d’une volonté de rendre visible leur situation familiale minoritaire.

L’observation d’un groupe en ligne

  • 4 Appelées single mothers by choice aux États-Unis et au Royaume-Uni, « madres solteras por elección  (...)

11Les analyses sont complétées d’observations d’un groupe privé Facebook, rejoint « à découvert » après la création d’un compte professionnel dévoilant mon identité de jeune chercheuse et l’objet de l’étude. Les observations ont été effectuées hebdomadairement sur une période de plusieurs mois, selon une approche non participante, en suivant les discussions sans interagir avec les membres. Ce forum regroupe des mères seules françaises par don, considérées de « mamans solo par choix4 » par les utilisatrices. Il n’est pas question d’une ethnographie du numérique, soit d’étudier les pratiques et leurs usages – de « tout voir, de tout capturer » -, mais d’une ethnographie par le numérique (Casilli, 2014). Les données récoltées en ligne, partielles et circonstanciées, ont été sélectionnées puis organisées selon les thématiques des fils de discussion, en particulier ceux portant sur les origines.

12À la fois publics et privés, les réseaux sociaux constituent de nouveaux terrains d’enquête pour les recherches sur la famille (Bjork-James, 2015 ; Balleys et al., 2018). Les plateformes numériques représentent une ressource majeure pour les femmes qui ont recours à la procréation médicalement assistée à l’étranger, car les informations recueillies sur Internet les aident à élaborer leur projet parental (Rozée et Malmanche, 2024). Ce groupe en ligne est utilisé comme un instrument pour enrichir l’objet de recherche étudié et compléter les données. Rassemblant principalement des femmes en parcours, les informations, les échanges et les témoignages qu’il contient mettent en lumière la construction en train de se faire des récits autour des donneurs. En ce sens, ce groupe s’avère un outil fécond pour analyser l’importance accordée à la question des origines par les mères seules.

Analyses empiriques

Dire son histoire : les implications d’un idéal de transparence

  • 5 Les auteur·ices citent la Suède, la Suisse (1998), l’Autriche (1992), l’Islande (double guichet dep (...)

13Dans le domaine de la procréation assistée, la question des origines s’est formée autour de deux principes : l’anonymat des dons de gamètes et le secret sur le recours au don. Cette anonymisation légale était établie dans l’intérêt des parents receveurs, des donneurs et de la norme familiale. Ce faisant, le couple protégeait la révélation de son infertilité, était assuré de l’impossibilité d’une revendication de paternité de la part du géniteur ; et le donneur, protégé de l’intrusion d’un enfant dans sa vie personnelle (Mehl, 2021). À l’encontre d’un régime du secret et du silence, la parole sur les origines est désormais favorisée. Un « idéal de transparence » (Mehl, 2008 ; Théry, 2010), érigé comme un impératif éthique voire une nouvelle injonction (Nordqvist, 2014 ; 2021), se succède au modèle « ni vu ni connu ». En France, comme dans d’autres pays européens et d’Amérique du Nord5 (Martial, 2023 ; Martial et al., 2021), les enfants ont le droit de savoir « qui ils sont » et les parents sont incités à raconter leur histoire procréative.

Des stratégies de dévoilement plurielles

14La décision d’enfanter seule, au-delà du désir personnel de devenir mère, s’inscrit dans un processus de plusieurs années, un « cheminement psychologique » ponctué de doutes et d’une longue réflexion sur le rapport au couple et à la parentalité des femmes concernées (Rozée, 2013 ; Mehl, 2016). Il leur faut être en mesure de s’autoriser à recourir à une modalité procréative minoritaire pour fonder une famille qui s’écarte des normes. Avant de se lancer dans un parcours de PMA, les participantes ont élaboré leur projet parental, ce qui consiste à réunir les ressources relationnelles, matérielles et symboliques nécessaires à la réalisation de leur maternité. Sans figure paternelle, sans présence identifiée d’un deuxième parent, elles réfléchissent très tôt au récit qu’elles transmettront à leur enfant concernant les circonstances de sa conception et tentent de « construire une narrativité » (Leïla). Pour certaines comme Laure, ayant choisi d’aller au Danemark précisément pour trouver un donneur semi-anonyme, la question du récit conditionne le projet parental : « Ce que je vais raconter à mon enfant, c’est une question que je me suis posée avant même de commencer. Je me voyais pas me lancer sans être au clair là-dessus ! ».

15Si toutes les femmes rencontrées ont traversé des périodes plus ou moins longues de questionnements avant de décider de dire ou de taire leur histoire, elles mettent l’accent sur l’importance de « dire la vérité ». L’idéal de transparence se retrouve parmi les récits recueillis : leur enfant se doit de connaitre son histoire personnelle et les circonstances qui précèdent sa venue au monde. Ces observations rejoignent les recherches récentes, valorisant le récit des origines comme une condition de l’épanouissement et de la réalisation de soi (Indekeu et al., 2013 ; Martin, 2022). Révéler à l’enfant son histoire évite les effets dévastateurs du mensonge ou d’un dévoilement accidentel. Cela lui permet aussi de s’approprier son récit familial afin d’anticiper et de prévenir le discrédit potentiel de l’entourage. D’après les participantes et observations, cet idéal de transparence est encouragé par les psychologues responsables de l’évaluation psychosociale dans les cliniques de fertilité durant le parcours d’une receveuse de don. Les entretiens psychologiques sont des étapes obligatoires dans plusieurs CECOS et l’avis des psychologues est attendu (voir schéma en annexe).

16Le dévoilement de son histoire, au contraire des idées reçues, n’est pas un acte défini une fois dans le temps, mais apparaît plutôt comme un processus diffus dans le quotidien (Indekeu et al., 2013 ; Kirkman, 2003 ; Mac Dougall et al., 2007), qui peut être sélectif en fonction des personnes de l’entourage (Readings et al., 2011). La question d’un potentiel effet de révélation et de ses retombées sur la construction identitaire des enfants est toujours abordée, mais les pratiques ne font pas l’objet d’un consensus : certaines femmes expliquent « tout raconter », d’autres ne rapportent qu’une « partie » de leur histoire. Kévin Lavoie et Isabel Côté, en interrogeant les logiques de secret et de dévoilement dans les récits de conception par don d’ovules, identifient deux stratégies narratives utilisées par leurs informatrices (Côté et Lavoie, 2016) : la « contribution oblitérée » (le refus de dévoiler son histoire), et le « dévoilement progressif » (l’histoire est révélée à l’enfant dès les premières questions formulées). Les entretiens menés développent ces observations.

17Le dévoilement progressif est la stratégie narrative la plus observée. Les femmes rencontrées entrent dans la catégorie des passive disclosers identifiées par Maren Klotz (2014) : celles-ci attendent que leur(s) enfant(s) posent les premières questions pour intégrer le don comme l’une des manières de « faire des bébés ». Ici, l’enfant est l’acteur actif du processus de dévoilement, car ses questions et réactions influencent les intentions des mères. Il s’agit de « distiller l’information au fur et à mesure » décrit Isabelle, afin qu’elle devienne « une non-information acquise dès le départ », un « non évènement » : « Je pars du principe que l’effet d’annonce "attends il faut que je te parle" quand il a 15 ans ça marche pas, je préfère distiller. […] C’est quand ça se présente » (Isabelle, 43 ans, consultante en informatique, enfant de 2 ans, FIV [fécondation in vitro] en Espagne). Cette stratégie implique une ou plusieurs annonces selon l’âge et la sophistication des questions de l’enfant. Les propos de Laure éclairent ce point :

« Ma fille, je lui raconte son histoire sans tabou. J’en parle devant elle à des adultes, sans tabou. Par contre, c’est vrai que c’est quand même difficile de savoir exactement à quel moment je vais mettre quels mots sur l’histoire. Aujourd’hui, elle a un peu plus d’un an. Je vais pas lui raconter dans le détail. Donc, je me dis voilà, je vais calibrer au fur et à mesure qu’elle va grandir et qu’elle posera des questions. » (Laure, 34 ans, ingénieure, un enfant de 14 mois, IAD au Danemark).

18Il est ainsi question de trouver le « moment opportun » pour formuler un récit, parce qu’il suppose un vocabulaire spécifique et des connaissances sur la sexualité, la reproduction, la fertilité, qui peuvent apparaître contraires aux attentes culturelles de ce qu’un enfant est en mesure de savoir et de comprendre. D’après Leïla, « un exercice un peu barré » : « En fait, on essaie d’expliquer à un gamin qu’il n’est pas né de la même manière que les autres, à un âge où il n’a aucune idée de comment on fait les enfants ! » Ce constat est d’autant plus souligné par les femmes ayant eu recours au double don, qui doivent expliciter le rôle d’un donneur et d’une donneuse à leur enfant. Le don d’ovule soulève des enjeux singuliers, en ce que les liens génétiques entre mère et enfant sont reconnus comme significatifs dans les modèles de parenté (Hammond, 2018). C’est le cas de Caroline : à 44 ans, elle décide d’avoir recours à la PMA seule. Les médecins l’orientent directement vers un double don et elle donnera naissance à des jumeaux un an plus tard. Dans son petit village qu’elle considère « vieille France », elle « ne parle pas trop fort » de son histoire, par peur du jugement. Ses enfants ont trois ans au moment de l’entretien. Ils connaissent chacun son parcours en Espagne, l’existence d’un donneur, mais celle d’une donneuse est difficile à aborder. Elle leur révèlera « quand ils seront en âge de découvrir » : « Je sais qu’ils m’aiment directement, ils ne vont jamais me dire, tu n’es pas maman… Je le ferai, mais je n’arrive pas encore à leur dire que j’ai eu un double don avec une femme ».

19Le dévoilement de son histoire auprès de l’enfant dépend aussi d’évènements ou de circonstances extérieures, souvent en lien avec l’institution scolaire. Par exemple, Alexandra, Estelle et Johanna mentionnent avoir saisi l’occasion de la fête des Pères à la crèche pour amorcer le sujet. Lors de cette première fête, le fils d’Estelle, âgé de trois ans, lui a demandé : « Maman, pourquoi je n’ai pas de papa ? » Quant à Leïla, elle a eu une discussion avec son enfant à la suite d’un devoir assigné par la maîtresse, qui consistait à ce que chaque élève présente sa famille devant la classe. Une « occasion pour parler et faire un dessin » : « il y avait maman, papi et mamie […] et puis, dans un petit coin, le donneur et la donneuse qui avaient donné chacun une petite graine ». L’école, en tant qu’institution sociale et instance de socialisation, interroge les normes familiales dominantes.

20Cette stratégie narrative est suivie du « dévoilement anticipé » : ici, les mères dévoilent à leur enfant une histoire complète, sans attente d’une maturité atteinte, et ce parfois même avant l’accouchement. Elles apparaissent comme des actives disclosers (Klotz, 2014) : l’enfant connait son histoire depuis toujours. Cette stratégie ne suppose pas d’annonce. Elle est préventive et proactive. Les femmes rencontrées transmettent le récit de conception dès les premiers instants afin de normaliser leur situation, parfois même avant la naissance de l’enfant, durant la grossesse ou au berceau. Kevin Lavoie parle à ce titre d’un récit génésiatique : le parcours procréatif est indissociable de l’histoire familiale (Lavoie, 2019: 289). À titre d'exemple, Isabelle, Louise, Chloé, Marie et Catherine racontaient leur histoire à leur enfant encore dans leur ventre. Pour Leïla, c’était le premier matin à la maternité.

21Parfois, cette volonté de « tout dire tout raconter » s’explique par le parcours de vie des femmes rencontrées, marqué par une transmission de « non-dits », ou bien d’une importance donnée à la parole. Les socialisations familiales contribuent à la fabrique des dispositions à se taire ou à dire. Leïla, documentariste, décide dès les premiers instants de raconter son histoire à son enfant, parce que le récit occupe une place singulière aussi bien dans sa vie professionnelle que dans sa vie familiale et personnelle. Le décès de son père, survenu alors qu’elle était très jeune, lui a toujours été raconté. Elle tisse un lien entre son histoire familiale et celle qu’elle construit avec son propre enfant :

« J’ai une histoire compliquée, et c’est une histoire que ma mère m’a racontée, répétée, rerépétée. […] J’aime beaucoup le fait de ne pas avoir un trou noir, de ne pas avoir découvert une histoire triste de mon passé… Ça me constitue. C’est ni mal ni bien, ça fait partie de moi. Et donc je me suis dit que c’est comme ça aussi que je voulais faire. » (Leïla, 50 ans, documentariste, enfant de 5 ans, IAD en Espagne).

Le principe de double responsabilité des mères seules

22Le dévoilement à l’enfant des conditions de sa naissance varie selon les configurations familiales. Tout comme les familles homoparentales, et au contraire de couples hétérosexuels ayant recours au don, les mères seules ne sont pas en mesure de choisir de dévoiler leur histoire procréative au risque de mentir sur la reproduction. C’est ce qu’explique Laure :

« Quand on est maman solo c’est un peu difficile de cacher ça à l’enfant, à moins de lui mentir totalement sur comment on fait un bébé ! Ce qui paraît un peu compliqué. »

  • 6 Cette idée est formalisée par Pietra Nordqvist, qui utilise les notions de social script et reprodu (...)

23Ce dévoilement s’inscrit plus précisément dans un principe de « double responsabilité » des mères seules. D’une part, celle d’annoncer à l’enfant les circonstances de sa venue au monde. Les femmes rencontrées sont les instigatrices et les annonciatrices de l’histoire du don. Comme le soulignent d’autres études, souvent conduites auprès de couples hétérosexuels, les femmes sont généralement celles qui parlent au(x) enfant(s) (Blake et al., 2010) et qui ont le devoir de le faire, éclairant l’organisation genrée de la procréation, caractérisée par une asymétrie d’investissement entre les hommes et les femmes (Martin, 2022 : 191). De l’autre, elles portent la responsabilité éducative d’expliquer « comment faire des bébés » à leur enfant, tout en dissociant sexualité, procréation et filiation. Quelle que soit la configuration familiale, les mères assument le plus souvent la responsabilité principale d’aborder des questions sur la sexualité avec leur enfant. Placées en première ligne pour assurer leur éducation sexuelle (Bajos et al., 2008), elles sont considérées les « gardiennes » des valeurs familiales et de la moralité sexuelle. Ce constat se trouve exacerbé dans le cas des mères seules : sans script social préétabli sur le modèle de leur famille (Nordqvist, 2021), elles doivent expliciter la disjonction entre la filiation et les origines personnelles auprès de leur enfant et parfois même de leur entourage. En effet, la procréation est une activité socialement encadrée par « scripts sociaux ». Il est communément admis qu’une famille se compose d’une mère, d’un père et de leurs enfants biologiques. Cette histoire normative de la procréation – l’histoire d’un couple hétérosexuel avec des enfants biologiques – est si répandue qu’elle représente une évidence. Ce « scénario type » peut être conçu tel un « script procréatif », soit un scénario culturel, structuré par un enchaînement codifié de séquences et de pratiques, qui fonctionne comme un modèle collectivement partagé et intériorisé par les individus (Gagnon et Simon, 1986: 98)6. Comme le fait remarquer Chloé, les mères seules ayant recours au don se retrouvent contraintes de transformer les scripts existants pour normaliser leur histoire procréative :

« Moi je suis pas militante pour un sou. Mais il y a quelque chose que j’arrête pas de dire à mes amis, à tout le monde : c’est “arrêtez d’expliquer à un enfant que pour exister il faut un père et une mère”. Non ! Pour exister, il faut un homme et une femme. […] J’ai pas du tout envie de casser le schéma papa maman. Il marche très bien, mais pour que nos enfants puissent être acceptés plus tard, génétiquement parlant, il faut un homme et une femme, il faut pas un père et une mère. C’est pas toujours facile que les gens comprennent. […] Le père et la mère c’est ceux qui élèvent, c’est pas ceux qui ont donné les gènes. » (Chloé, 39 ans, directrice audit, enfant de 2 ans, IAD en France).

24Pour elle, il n’est pas question de « casser le schéma papa maman », mais de montrer que les gènes ne font pas la famille. Ses propos soulèvent un paradoxe : ils opèrent une disjonction entre la filiation sociale et biologique, tout en acceptant la donnée biologique et hétéronormative « qu’il faut un homme et une femme » pour faire un enfant. Ils permettent néanmoins de comprendre la responsabilité qui incombe aux mères seules ayant recours au don.

25Du « dévoilement progressif » au « dévoilement anticipé », le récit des origines passe par différentes stratégies de dévoilement, fondées sur la norme morale d’une double responsabilité des mères seules. Celles-ci ne font pas toujours l’objet d’un consensus: elles se dessinent comme des pratiques diversifiées qui varient selon l’âge de l’enfant, le parcours procréatif des femmes rencontrées, et sont intimement liées à leurs histoires personnelles.

Construire une identité narrative au donneur : un travail collectif

26Dévoiler l’histoire des origines auprès de son enfant implique de « trouver les bons mots » (Solène) pour la raconter. Comment nommer le donneur en clarifiant son rôle dans la composition de la famille, sans que la place qui lui est accordée vienne compenser l’absence d’un deuxième parent ? Si les mères seules sont majoritairement soutenues par leur entourage durant leurs parcours, lorsqu’il s’agit de construire une narration, les réseaux sociaux supplantent les liens familiaux et amicaux. Les entretiens et observations révèlent un processus de co-construction représentationnelle des donneurs. Les mères seules partagent un vocabulaire spécifique, qui prend corps dans une communauté d’expérience.

Situer le donneur

  • 7 De nombreux ouvrages sont cités par les femmes rencontrées, la majorité est écrite par des mères ay (...)

27Pour les femmes rencontrées, une première étape est de situer le donneur dans l’histoire de la famille. La diversité des modes de désignation de la parenté est structurante dans la constitution des identités (Segalen, 2002). En réfléchissant à la place du donneur, les mères seules définissent non seulement leur propre rôle et celui de leur(s) enfant(s) au sein de la famille, mais aussi le rôle potentiel qu’un père pourrait jouer. À cet égard, une logique d’homophilie prime : elles évoquent leurs doutes et leurs questions à des femmes ayant vécu ou étant susceptibles de vivre le même parcours procréatif, proches en âge et en caractéristiques sociales. Les entretiens soulignent l’importance d’Internet et des forums de discussion, qui incarnent des espaces d’entraide et de débats sur la question des origines personnelles. En ligne, de nombreuses vidéos présentent des mères seules devenues « expertes » partageant leurs conseils et recommandations, accompagnées de listes de livres destinés à aider les mères à raconter leur histoire. Ces ressources apparaissent comme de nouveaux « canons d’annonce7 » (Klotz, 2014 ; Martin, 2022). Chloé relate avoir abandonné le terme de « père biologique » au profit de celui de « donneur », car elle « [l’a] appris sur les réseaux » :

« Ah bah on se cultive au bout d’un moment ! […] Donc, des mamans m’ont expliqué : père biologique ça veut dire qu’il y a un parcours de vie avec la maman. Il y a eu séparation après. D’une certaine manière, il y a une histoire ou une construction de couple avec la mère. Géniteur, c’est quelqu’un qui a pas reconnu l’enfant, mais qui était quand même aussi en contact avec la mère qu’elle connaît. Le donneur, c’est pas pareil. C’est quelqu’un qu’on ne connaît pas. »

28Le terme « géniteur » est associé aux hommes qui ont vécu « une histoire » avec la mère sans avoir reconnu leur enfant, tandis que celui de « père biologique » implique un « parcours de vie » avec elle. Les observations complètent ces constats. Lorsque certaines femmes utilisent le terme de géniteur ou de père biologique sur le groupe en ligne, elles font l’objet de rappels à l’ordre de la part d’autres utilisatrices, qui participent à affirmer la place accordée aux donneurs dans l’histoire familiale. Plusieurs abordent ce sujet parmi les publications. En guise d’illustration, l’une d’entre elles pose la question suivante : « Comment répondre à son enfant quand il demande s’il a un père ? » et les commentaires affluent.

Extraits de commentaires : « Comment répondre à son enfant quand il demande s’il a un père ? »

« Le donneur est un père biologique scientifique parlant. Ou un géniteur si on préfère ce terme. Mais ça n’en fait pas un père pour autant, et encore moins un papa ».

« Le terme géniteur est assez banalement utilisé pour les mecs qui ont abandonné leur enfant. C’est pour ça que je ne l’aime pas beaucoup. C’est péjoratif. »

« Le mot géniteur peut avoir une connotation négative : son seul lien avec l’enfant, c’est la génétique. »

« Dans notre société, j’ai remarqué que géniteur est utilisé pour parler d’un père absent, mais ce n’est pas sa définition. »

« Le père engendre une responsabilité, un engagement que n’auront jamais ces messieurs. »

29Le donneur ne peut être qualifié de géniteur, un terme péjoratif, et encore moins de père biologique. S’interroger sur sa désignation dévoile en miroir le rôle social d’un père tel que le conçoivent les mères seules : une parenté pratique, qui suppose un « engagement » et une « responsabilité » envers l’enfant et la famille. Ainsi, les discours des participantes nous renseignent sur leurs représentations de la parentalité. Tout comme les familles lesboparentales, c’est bien « le quotidien qui fait le parent » et dessine les frontières de la famille (Côté, 2014). La grande majorité des femmes rencontrées, à l’image de Roxane, s’accordent pour dire que la biologie ne fait pas la famille :

« Pour moi, la parentalité, c’est un rôle. Ce n’est pas lié au sang, au gène ou à un acte civil. C’est un rôle qu’on endosse, c’est-à-dire qu’on est là le matin quand on se lève, on fait des choses avec, on assume financièrement, on fait des câlins, on raconte des trucs. Donc, ce n’est pas un père. Le mot de père biologique, pour moi, n’a pas de sens. » (Roxane, 40 ans, responsable en ressources humaines, un enfant de 2 ans, IAD en Espagne)

Nommer le donneur

30Plusieurs travaux menés sur les configurations familiales contemporaines, notamment recomposées et homoparentales, ont souligné l’inventivité des parents et des enfants pour désigner des relations dans le système de parenté n’ayant pas d’équivalent dans le modèle traditionnel de filiation (Gross, 2017 ; Théry, 1991). De même, les « termes d’adresse » pour évoquer le donneur représentent des indicateurs pertinents pour aborder la manière dont les mères seules articulent conformité à la norme et innovations face au modèle biparental. Elles utilisent divers appellatifs qui mettent en avant son rôle spécifique, tout en circonscrivant sa place au sein de la famille. Dans leurs discours, le registre de la magie et la signification du don en tant que « cadeau » sont récurrents :

« On reste sur la notion de graines, de notions magiques. Pour l’instant, c’est pas identifié comme une personne. Je ne sais pas du tout comment je vais introduire la notion de papa […]. Au début, pour lui, tous les messieurs étaient des papas, à la crèche il l’entendait. Mais a priori, il n’y a pas du tout de confusions de sa part. » (Maude, 41 ans, couturière, un enfant de 3 ans, don artisanal)

« Je lui explique que je suis allée en Belgique, que je voulais très fort avoir un enfant, que j’avais pas d’amoureux, et que pour faire un enfant il faut deux graines, une graine d’une dame et une graine d’un monsieur, et qu’il y a un monsieur qui était très très gentil avec maman qui a accepté de donner une graine à maman pour faire un bébé et voilà. Je lui explique avec ces mots. Mais attention c’est pas un papa, c’est un monsieur graine. » (Clotilde, 37 ans, cadre en entreprise, un enfant de 3 mois, IAD en Belgique)

« Je sais qu’il y en a qui l’appellent monsieur graine, des trucs un peu plus édulcorés, mais je me dis en fait le mot donneur il est bien, c’est quelqu’un qui a fait un don et en plus, c’est un geste beau donc autant le reconnaître. » (Laure, 34 ans, ingénieure, un enfant de 14 mois, IAD au Danemark)

« À choisir je préfère donneur, parce que c’est effectivement cette notion de don désintéressé, et puis on peut plus facilement le rapprocher d’un don d’organe ou d’un don du sang, Quelque part on donne la vie quand on donne, donc voilà je préfère ce terme-là honnêtement, que je trouve beau. » (Estelle, 46 ans, avocate, un enfant de 5 ans, IAD en Belgique)

31Tout comme la sélection et l’utilisation des prénoms constituent des pratiques familiales, « nommer » le donneur auprès des enfants fait office de support à la mémoire de la famille et l’identification des sujets (Halbwachs, 1925). Au contraire des mères lesbiennes pour qui le donneur peut être connu et parfois proche de la famille (Côté et al., 2019), dans les discours des mères seules, le donneur se caractérise par son anonymat et l’absence de relation concrète avec lui. Son identité est narrative, car elle se construit à travers les récits que celles-ci élaborent et transmettent à leur(s) enfant(s). La métaphore de la graine, déjà citée dans de précédentes études (Doumergue et Kalampalikis, 2014), illustre son rôle distant. En empruntant un nom commun, assez abstrait pour ne pas incarner une personne réelle (« monsieur graine » et non « papa graine », « c’est » plutôt que « il est »), il désigne un parfait inconnu, sans existence concrète, tout en symbolisant un lien singulier de parenté. La place accordée au donneur n’est pas figée : il est déshumanisé, mais s’inscrit dans le parcours procréatif et prend une place dans l’histoire de la famille. La transparence sur son histoire n’implique aucunement la parenté et la filiation. La relation aux donneurs est impossible, car elle ne fait pas partie des règles du « jeu » (Martin, 2019). « Il ne faut surtout pas donner vie à un papa. Il y a un géniteur, un donneur, mais ce n’est pas un papa », résume Victoria.

32En mettant l’accent sur le geste du don, les femmes rencontrées construisent une histoire familiale fondée sur un geste altruiste et un désir profond de devenir mère. Plusieurs d’entre elles établissent des comparaisons avec d’autres modèles familiaux afin de valoriser et légitimer leur parcours de maternité solitaire. Recourir à un donneur engendre moins de souffrance pour l’enfant qu’une séparation ou un abandon du père de ses responsabilités parentales, une situation fréquente dans leur entourage. Chloé décrit l’histoire de sa propre mère : née d’une relation extraconjugale, elle a été reconnue par le mari de sa mère en sachant qu’il n’était pas son père biologique. « C’est une histoire assez dure, et du coup quand j’ai fait les démarches, ma mère m’a bien dit “écoute l’histoire de [ton enfant] elle sera beaucoup plus simple que la mienne. On parle pas de quelqu’un qui n’a pas voulu reconnaître l’enfant, c’était clair dès le début”. »

Des pratiques négociées auprès de l’entourage

33« Trouver les bons mots » auprès de son enfant, c’est aussi trouver ceux que l’on communique à son entourage. Le dévoilement de son histoire configure le rapport à soi et surtout aux autres. Nommer le donneur apparaît de ce fait comme une pratique négociée. Catherine, 33 ans, qui a eu ses deux enfants par PMA, a récemment introduit le terme de « monsieur graine », parce qu’elle le considère « plus simple à s’approprier pour les enfants pour ensuite le redire à leurs copains ». À ce sujet, de nombreuses enquêtées soulèvent des confusions ou maladresses de la part des grands-parents de leur enfant ou de l’entourage familial proche (oncles et tantes), qui emploient le terme de « papa » et sont alors corrigés. Les membres de la famille peuvent partager des normes et des valeurs différentes et être moins conscients de l’importance donnée aux mots. Ces décalages générationnels sont souvent cités durant les entretiens et font l’objet de multiples fils de discussion en ligne. Parmi les commentaires, une mère seule ayant eu recours au don se confie : « Moi hier soir, ma mère m’a parlé du “père” de ma fille… Comme à chaque fois je l’ai reprise en disant “donneur”. Elle m’a dit qu’elle n’aimait pas ce mot, et que je devrais trouver un petit nom sympathique. Elle m’a suggéré geni'cœur ! » (utilisatrice anonyme). Ces observations montrent que les récits sur les origines ne concernent pas uniquement les mères seules et leur enfant, mais aussi la famille au sens large. La question de l’histoire procréative est relationnelle, en ce qu’elle est abordée à travers et par des réseaux familiaux (Nordqvist, 2014a ; 2014b).

34Construire une identité narrative au donneur apparaît comme une pratique centrale du travail narratif des mères seules par don. Il incarne une figure symbolique de l’histoire familiale et une nouvelle catégorie relationnelle. Sa place dans la famille est construite et négociée avec autrui : au sein des réseaux de mères seules, mais aussi auprès de l’entourage familial. Ces constats illustrent l’importance des réseaux sociaux dans la manière dont la quête des origines est accomplie et gérée, non pas du côté des enfants (Thomson-Sweeny, 2021), mais de celui des mères. Ils montrent que l’expérience commune du don est créatrice de relations, par-delà la distance géographique.

Créer des supports pour affirmer son modèle familial

35Le travail narratif des femmes rencontrées ne se réduit pas à la parole : les récits créés se matérialisent également à travers divers supports. En tant que configuration familiale minoritaire, peu de ressources sont à la disposition des mères seules pour transmettre leur histoire auprès de leur(s) enfant(s). Les configurations familiales nées du don sont moins représentées que les familles traditionnelles ou recomposées dans les médiums conventionnels, tels que les livres ou les médias. Dès lors, elles conservent et produisent des « traces » de leurs parcours, fruits d’initiatives personnelles, qui agissent comme des remparts à l’absence de figure paternelle ou au secret légal entourant l’identité des donneurs. L’enjeu est d’offrir à l’enfant les supports d’une mémoire familiale singulière dont l’anonymat peut le priver. Dans le même temps, ces initiatives répondent à la volonté de créer « sa propre histoire avec son enfant » (Marie). Hors des institutions, ces productions incarnent une forme d’écriture féminine (Fine, 2000a) symbolisant l’acquisition de leur statut de mère, et plus particulièrement, leur position en dehors des normes traditionnelles de la parenté.

Conserver des « traces » de son parcours procréatif

36Les mères seules conservent des traces de leur parcours procréatif qui facilitent la mise en récit. Le recours aux archives, aux papiers, aux photographies – des traces dépourvues de technicité contemporaine – est exclusivement mobilisé pour exprimer les histoires personnelles des individus (Martial, 2020). Le capital culturel des enquêtées joue un rôle important dans la mise en place de ces productions. Alexandra, photographe amatrice, a créé de toutes pièces un album photos de ses allers-retours en Belgique :

« J’ai fait un carnet du parcours en fait, où il y a aussi un peu de mes réflexions du moment, de mes difficultés, des explications des va-et-vient, parce que je me dis que si elle me pose des questions, dans plus de dix ans, il y a peut-être des choses que j’aurais oubliées. Il y a même des photos des lieux, de la clinique où je suis allée, des transports, des endroits où j’ai dormi. Après, moi je suis passionnée de photographie. Donc, c’est peut-être ça. »

37Clotilde a conservé une boîte à souvenirs : « il y a mon test de grossesse dedans, son petit bracelet de maternité, son petit bonnet. J’ai gardé plein de choses quoi ». Chloé, quant à elle, a commandé un livre personnalisé illustré : « Ils m’ont posé 30 questions sur le parcours de PMA tout ça, ça va s’appeler la petite histoire de [Prénom enfant] et ça explique tout le parcours. Qu’est-ce que maman faisait avant sa naissance, que concevoir c’était une sacrée aventure, qu’elle l’avait vraiment voulu, qu’un médecin est venu pour lui donner une graine », avant de préciser : « Bon le prix n’est pas neutre hein ça m’a coûté 60 euros ! »

  • 8 Nous reprenons la traduction de l’anglais, effectuée par Nicoletta Diasio et Régis Schlagdenhauffen (...)

38Ces pratiques narratives permettent d’éviter les biais de mémorisation de son histoire. Elles remplissent plusieurs fonctions dans la mémoire familiale, qui s’apparentent à celles identifiées par Anne Muxel (1996). Une fonction de partage et de transmission, en particulier au sein de cette configuration familiale composée du duo mère-enfant. Si Alexandra crée de toutes pièces ce carnet de parcours, elle le fait dans un souci de projection : ces traces feront office de support qu’elle léguera à sa meilleure amie, marraine de son enfant, « si malheureusement il [lui] arrivait quelque chose ». Les femmes rencontrées conscientisent de manière accrue leur responsabilité en tant qu’unique figure parentale et désignent souvent des tuteur·ices pour leurs enfants. Cette injonction à conserver des traces entretient plus spécifiquement la construction d’une post-mémoire : « une forme puissante et très particulière de mémoire, précisément parce que son lien avec son objet ou sa source est médiatisé non pas par le souvenir, mais par un investissement et une création imaginatifs. La post-mémoire caractérise l’expérience de ceux qui grandissent dominés par des récits qui ont précédé leur naissance. » (Diasio et Schlagdenhauffen, 2021: 22)8 Dans le cadre de cette démarche, Louise, comme d’autres participantes le feront après elle, exprime à la fin de notre entretien son souhait de conserver l’enregistrement de notre échange :

« C’est bien, tu vois comme ça peut-être que je ferai écouter mon entretien à ma fille. Peut-être qu’un jour je peux lui faire écouter en lui disant “ça, c’est quand j’ai parlé de ma maternité”. Il y a plein de choses que je raconte là qu’elle pourra comprendre quand elle sera plus grande. » (Louise, 43 ans, juriste, un enfant de 2 ans, IAD en Espagne).

39Parmi les discours recueillis se trouvent d’autres pratiques qui ne font pas directement appel à la matérialité. Catherine explique qu’il est important pour elle d’emmener ses enfants sur leur lieu de naissance. Ce moment représente comme un rituel, qui symbolise, selon ses mots, « un pèlerinage » : elle souhaite « leur montrer ce lieu qui est quand même chargé émotionnellement positivement pour [elle] ».

Fabriquer des supports à soi

40Ces initiatives incluent la fabrique de supports après la naissance (livres, lettres, images, etc.). Clotilde, depuis le premier jour où elle a commencé sa démarche, a « écrit » et continue encore de le faire aujourd’hui. Toute son histoire est racontée avec soin dans un « journal intime », qu’elle compte lire « petit bout par petit bout » avec sa fille, pour lui céder ensuite, « quand elle saura lire toute seule ». Quant à Isabelle, elle a fabriqué un « livre doudou » :

« C’est des livres en tissu où on choisit les photos qu’on veut, un petit texte, les tissus tout ça. Je lui avais fait faire ça avec les photos de la famille, notamment pour qu’il l’amène à la crèche et qu’il puisse montrer ses grands-parents, ses oncles et tantes. »

41La marraine de l’enfant de Maude, une « petite BD » :

« Je lui lis régulièrement ce petit bouquin pour qu’il s’identifie un peu à ce personnage. […] “Maman voulait vraiment avoir un enfant, elle est allée au royaume du nord, elle a rencontré un magicien sur un forum qui lui a offert une potion magique” […]. Cette histoire-là reste très magique. Il y a un magicien, des potions. »

42De son côté, Caroline, aidée par un réalisateur, monte de toutes pièces un film pour ses enfants. Composé de vidéos de son séjour à Barcelone et d’une auto-interview, elle y aborde durant les dernières minutes son recours au double don, un sujet qu’elle peine encore à expliquer à ses enfants. Elle prévoit de leur offrir « quand ils seront en âge de voir [leur histoire], de [la] comprendre et de [la] découvrir dans les détails ».

43Ces productions créatives deviennent des supports de la mémoire familiale, qui mêle mémoire concrète (des lieux, des objets, des photos), mémoire des sens (la vue, le toucher, l’ouïe) et discours et images sur la famille. À l’image d’autres objets de famille investis par les sociologues (photographies par exemple), « par eux, la mémoire familiale devient concrète, compréhensible, partageable » (Muxel, 1996: 149). La collecte de « traces » du passé et la création de « supports » pour des projections futures ancrent les récits des mères dans une temporalité étendue et continue.

44Ces observations suggèrent que l’absence d’une deuxième figure parentale est ici compensée par une attention singulière portée à l’archivage mémoriel : quelque part, créer des supports matérialise l’absence. Associées aux récits des mères seules, ces initiatives se transforment en souvenirs tangibles pour leurs enfants, permettant d’affirmer leur modèle familial. Elles rejoignent leur travail narratif, qui suit un objectif précis : celui d’intégrer la particularité de leur parcours dans l’ordinaire des façons de faire famille.

Conclusion et discussion

45Pour les mères seules par don, raconter à l’enfant les conditions de sa venue au monde représente un travail narratif, entendu comme un ensemble de pratiques et de stratégies narratives qui se déploient autour de la « production socialement organisée » (Hertzog et Mathieu, 2021: 5) que constitue la procréation. La notion de travail objective les tâches – souvent longues, contraignantes, négociées – et l’énergie investie par les mères seules dans la mise en récit de leur histoire procréative. Cette question du récit intervient dès les premiers instants, car elles porteront la « double responsabilité » d’annoncer à l’enfant les circonstances de sa venue au monde et d’expliciter la disjonction entre la filiation et les origines personnelles. Ce travail apparaît comme une forme encore non institutionnalisée de récits sur les origines, construite et entretenue dans un entre-soi féminin. Les femmes rencontrées construisent les représentations du donneur avec l’aide des psychologues, mais surtout avec d’autres mères seules. L’appartenance au même genre (la classe des femmes) et le vécu d’une expérience partagée (devenir mère par don) agissent ainsi en tant qu’opérateurs de solidarité. Il se poursuit à travers la création de supports personnels enrichissant la mémoire de ces familles, qui manquent de visibilité.

46Ces pistes d’analyse contribuent à la réflexion sur le devenir parent en ayant recours au don. Comment les figures des tiers donneurs s’inscrivent-elles dans la mémoire des familles ? Quel sens donner aux liens fondés par l’acte procréatif ? Elles donnent à voir la distinction de plus en plus nette entre origine et filiation : les relations liées aux origines, ici envisagées à travers la figure du donneur, forment des liens singuliers qui ne font aucunement concurrence à la parenté ni à la filiation (Martial et al., 2021). Elles sont éminemment liées à la construction des identités personnelles. Tout l’enjeu est de savoir quelle place attribuer au donneur, rendu invisible par l’anonymat. On peut alors se demander quelles prescriptions seront produites et ouvertes par la récente loi bioéthique élargissant le droit d’accès aux origines des enfants nés par don et PMA en France.

47Ces constats démontrent l’importance des productions narratives en tant qu’objets sociologiques féconds et instruments de la mémoire des familles. Ce travail narratif n’est pas l’exception des familles issues du don. Il peut s’appliquer à bien d’autres situations, notamment monoparentales. La question de l’absence d’un deuxième parent est un sujet peu investi dans les écrits sur la monoparentalité, abordée principalement sous un angle matériel comme un désavantage social et économique (Pailhé et al., 2019), ou celui des conséquences de la rupture conjugale – remettant en question la résidence des enfants ou le potentiel désengagement des pères (Martial 2013 ; Quéniart 1999 ; Régnier-Loilier 2016). Investiguer les mises en récit s’avère pourtant heuristique pour comprendre les différentes modalités de cette absence et sa portée symbolique sur la construction des identités et des rôles sociaux. Se pencher sur les réceptions de ces narrations, de la même manière qu’Amélie Baumann (2021) ou Anaïs Martin (2022) l’ont fait auprès de personnes conçues par don de sperme, serait une autre façon d’approfondir ces réflexions. Les principaux destinataires de ces récits, les enfants des mères seules, opteront-ils pour des partages de scripts à leur tour ? À plus long terme, qu’adviendront ces discours quand ces derniers seront en mesure de raconter leur histoire ?

  • 9 La maternité de substitution est définie comme la pratique par laquelle une mère porteuse accepte d (...)

48Comme le souligne la sociologue Petra Nordqvist (2021), la question du secret et de la narration concerne également des expériences courantes liées à la procréation, entendue au sens large, telles que l’avortement, la fausse couche ou d’autres impliquant une tierce personne (comme la maternité de substitution9), sans qu’il existe de scripts sociaux établis pour « savoir s’il faut en parler et comment » (ibid.: 691). Raconter des histoires procréatives qui s’écartent des normes demeure chargé de stigmatisation et de tabou. La notion de script social se présente alors aux chercheur·es comme un outil d’analyse pertinent pour le domaine de la procréation.

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Annexe

Schéma : Le parcours « type » d’une receveuse de don*

* Ce schéma a été conçu à partir des entretiens menés et des observations en ligne. Il faut noter que le nombre de consultations avec des psychologues peut varier en fonction des pays. Elles ne sont pas obligatoires en Espagne, mais le sont en Belgique et en France.

Tableau des enquêtées

Prénom fictif

Âge à la naissance de l’enfant

Situation professionnelle

Âge(s) enfant(s)

Conception

Statut du donneur

Marie

40

psychiatre (en arrêt)

6 mois

PMA (IAD) en France

semi-anonyme

Sophie

38

orthophoniste

2,5 ans

PMA (IAD) en Espagne

anonyme

Alexandra

38

institutrice (auparavant technicienne agricole)

2 ans

PMA (IAD) en Belgique

anonyme

Clotilde

37

cadre en entreprise

3 mois

PMA (IAD) en Belgique

anonyme

Isabelle

43

consultante informatique

2 ans

PMA (FIV) en Espagne

anonyme

Laure

33

ingénieure

1 an et 2 mois

PMA (IAD) au Danemark

semi-anonyme

Louise

41

juriste en entreprise

2 ans

PMA (FIV) en Espagne

double don anonyme

Maude

38

couturière

3 ans

Don artisanal

semi-anonyme

Catherine

33

cheffe de service

5 ans et 3 ans

PMA (IAD) en Espagne

anonyme

Elena

34

écrivaine

8 mois

PMA (IAD) en Espagne

anonyme

Johanna

33

coiffeuse

3 ans

PMA (IAD) en Italie

anonyme

Solène

30

cadre dans la fonction publique

3 ans

Début PMA puis naturelle

-

Roxane

40

responsable en ressources humaines

2 ans

PMA (IAD) en Espagne

anonyme

Victoria

33

manager en développement personnel

11 mois

PMA (IAD) en Espagne

anonyme

Chloé

39

directrice audit

2 ans

PMA (IAD) en France

semi-anonyme

Leïla

45

documentariste

5 ans

PMA (FIV) en Espagne

double don anonyme

Caroline

44

employée chargée de clientèle

3,5 ans (jumeaux)

PMA (FIV) en Espagne

double don anonyme

Estelle

41

avocate

5 ans

PMA (IAD) en Belgique

anonyme



Lexique et sigles

  • CECOS : Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains.

  • La procréation médicalement assistée (PMA), aussi appelée assistance médicale à la procréation (AMP), regroupe deux principales techniques médicales qui peuvent se décliner selon différentes modalités :

  • IA ou IAD : l’insémination artificielle ou insémination artificielle avec donneur. Le sperme du conjoint ou d’un donneur est déposé dans l’appareil reproductif de la femme.

  • FIV : fécondation in vitro. Lorsque la fécondation a lieu en éprouvette, les embryons pouvant être issus des gamètes des parents ou de donneurs (donneuse d’ovocytes, donneur de sperme, double don ou accueil d’embryon).

  • Un don artisanal désigne une insémination de sperme avec pipette sans assistance médicale, réalisée par les femmes elles-mêmes.

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Notes

1 Le travail de thèse s’appuie sur des méthodes mixtes, dont un corpus de cinquante entretiens avec différents profils de femmes devenues mères sans être en couple. Cet article utilise uniquement les entretiens menés avec des mères seules par don, car il suit des logiques spécifiques pour ces dernières, du fait de l’anonymat des donneurs et de leur recours à la PMA.

2 Pour en savoir plus sur les profils et trajectoires des femmes qui décident de devenir mères en solo en recourant à la PMA, voir l’article récent d’Hélène Malmanche et Virginie Rozée dans la même revue : « Pour être “seule aux manettes” : parcours solo de la PMA en France », Enfances Familles Générations, no 44.

3 Voir lexique en annexe.

4 Appelées single mothers by choice aux États-Unis et au Royaume-Uni, « madres solteras por elección » en Espagne, il faut préciser qu’il n’existe pas d’équivalent consensuel de cette catégorie en France.

5 Les auteur·ices citent la Suède, la Suisse (1998), l’Autriche (1992), l’Islande (double guichet depuis 1996), l’État de Victoria en Australie (1995), la Norvège (2003), les Pays-Bas (double guichet en 2002 et levé de l’anonymat en 2004), la Nouvelle-Zélande (2004), le Royaume-Uni (2005), la Finlande (double guichet et levé de l’anonymat en 2006), la Belgique (double guichet depuis 2007) qui ont changé tour à tour leurs législations visant à abandonner ou limiter l’anonymat.

6 Cette idée est formalisée par Pietra Nordqvist, qui utilise les notions de social script et reproductive storytelling, sans faire appel au terme de « script procréatif » ici proposé. Elle se réfère aux travaux de John Gagnon et de Wiliam Simon sur la théorie des « scripts sexuels », qui ont fait l’objet de différentes publications entre 1973 et 1990. Les scripts sexuels y sont définis comme des « schèmes cognitifs structurés […] sans lesquels les acteurs ne pourraient pas reconnaître le caractère potentiellement sexuel de la situation » (Gagnon, 1999: 73) et s’opèrent à trois niveaux : « l’intrapsychique, l’interpersonnel et les scénarios culturels » (p. 76). Cette notion fait l’objet de réinterprétations et a été appliquée à d’autres domaines que la sexualité (comme la conjugalité, voir la thèse d’Elsa Boulet, 2020).

7 De nombreux ouvrages sont cités par les femmes rencontrées, la majorité est écrite par des mères ayant elles-mêmes vécu un parcours de PMA. Les entretiens ont permis d’établir une liste, parfois diffusée à certaines mères lorsqu’elles soulignaient manquer ou ne pas trouver de livres racontant leur histoire.

8 Nous reprenons la traduction de l’anglais, effectuée par Nicoletta Diasio et Régis Schlagdenhauffen, dans leur article : « Déplier le secret sur et dans la famille », Revue des sciences sociales, 2021.

9 La maternité de substitution est définie comme la pratique par laquelle une mère porteuse accepte d’être enceinte et d’accoucher pour ensuite renoncer à ses droits parentaux sur l’enfant en faveur d’un autre couple (les « parents d’intention »).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Margot Lenouvel, « « Monsieur graine, donneur, mais pas papa » : Le travail narratif des mères seules par don »Enfances Familles Générations [En ligne], 46 | 2024, mis en ligne le 14 octobre 2024, consulté le 10 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/efg/20680

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Auteur

Margot Lenouvel

Doctorante en sociologie, Institut national d’études démographiques (Ined), unité de recherche « Fécondité, Familles, Conjugalités », Aubervilliers (France) et Sorbonne Université, Groupe d’études des analyses sociologiques de la Sorbonne (GEMASS), Paris (France), margot.lenouvel@ined.fr

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Droits d’auteur

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