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Bazantay Jean, Le nom formel japonais mono. Approche sémantique, syntaxique et énonciative

Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2021, 380 p.
Simon Tuchais
p. 433-434
Référence(s) :

Bazantay Jean, Le nom formel japonais mono. Approche sémantique, syntaxique et énonciative, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2021, 380 p.

Texte intégral

1Le mot japonais mono présente une plus grande complexité que ne le laisse penser la traduction des dictionnaires par « chose ». Il suffit de penser au rôle qu’il joue dans les énoncés clôturés par mono da, sans parler des emplois où il fonctionne comme particule finale. L’ouvrage a pour but d’appréhender la variété de ces emplois tout en montrant l’unité et la cohérence qui peut s’observer derrière cette diversité.

2La première partie, consacrée à la question de savoir à quoi réfère le nom mono, propose une analyse de ses caractéristiques sémantiques et syntaxiques, suivie d’un examen de son fonctionnement référentiel centré sur la distinction entre ses emplois comme « nom substantiel » – où la référence s’effectue de manière autonome – et comme « nom formel » – nécessitant une détermination qui apporte un contenu référentiel.

3La deuxième partie est consacrée aux phrases nominales en mono da. Après un examen du statut possible de mono da dans la phrase – simple prédicat nominal mis en relation avec un sujet, nom formel nominalisant l’ensemble de la phrase, voire auxiliaire modal – un chapitre propose une typologie sémantique de ce type d’énoncé, non seulement des cas souvent étudiés où c’est la phrase qui est nominalisée pour exprimer une vérité générale, avec selon les contextes diverses valeurs – norme, injonction, habitude du passé, surprise, désir – mais également des phrases à prédicat nominal canonique, ce que l’on ne trouve pas dans les études antérieures.

4La troisième partie aborde mono dans le cadre d’une approche modale et énonciative. Un chapitre examine notamment les interactions de mono avec les différentes modalités ainsi que les valeurs modales qu’il peut exprimer. Le chapitre suivant se concentre sur l’un de ces emplois, relevant de la modalité explicative, où le rôle de connecteur que joue alors mono da est examiné à travers des analyses de discours détaillées. Enfin, le dernier chapitre est consacré à l’emploi de mono comme particule finale énonciative, utilisée par le locuteur pour se justifier, emploi le plus fréquent de la forme abrégée mon. En conclusion, l’ouvrage montre comment la diversité des emplois de mono peut être vue comme le résultat d’un processus de grammaticalisation.

5Ce qui frappe à la lecture de l’ouvrage, et ce dont ne permettent pas de rendre compte les quelques lignes qui précèdent, c’est l’exhaustivité avec laquelle mono est examiné sous toutes ses facettes. Comme le titre l’indique, l’auteur multiplie les approches pour cerner son objet et à chaque étape, l’utilisation de différents niveaux d’analyse permet des examens approfondis, mettant à profit les principaux corpus du japonais actuellement disponibles.

6L’ouvrage se caractérise également par la clarté des explications, due notamment à la présentation détaillée des notions linguistiques convoquées, ainsi qu’à sa structure même, chaque chapitre s’appuyant sur les résultats des précédents. Par exemple, les traits sémantiques mis en lumière dans l’analyse du premier chapitre, notamment les traits [+ matériel] et [+ stable], permettent de comprendre la valeur fondamentale d’affirmation d’une vérité générale que prend mono da dans son emploi de nom formel nominalisant une phrase, ainsi que le rôle de justification de la particule finale, qui pose le contenu propositionnel comme une réalité incontournable.

7En plus d’offrir une compréhension approfondie de mono, l’ouvrage est l’occasion de découvrir de nombreux aspects de la linguistique japonaise et de son histoire à travers les multiples développements présentés en éclairage des analyses. On peut ainsi comprendre la genèse de la notion de « nom formel », propre à la langue japonaise. On trouve également une présentation détaillée des théories de la modalité développées au Japon (ce qui permet de comprendre la notion de « modalité explicative », qui n’a pas cours dans la linguistique française), ainsi que des différentes approches des phrases à prédicat nominal du japonais.

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Pour citer cet article

Référence papier

Simon Tuchais, « Bazantay Jean, Le nom formel japonais mono. Approche sémantique, syntaxique et énonciative »Ebisu, 61 | 2024, 433-434.

Référence électronique

Simon Tuchais, « Bazantay Jean, Le nom formel japonais mono. Approche sémantique, syntaxique et énonciative »Ebisu [En ligne], 61 | 2024, mis en ligne le 25 décembre 2024, consulté le 18 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ebisu/10629 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/13147

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Auteur

Simon Tuchais

Professeur à l’université Sophia

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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