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Nukishio Kizō, Assimilation et vestiges des Aïnous – Manifeste précurseur autochtone, trad. par Lucien-Laurent Clercq et Sakurai Norio

Québec, Presses de l’Université du Québec, coll. « Jardin de givre », 2023, 265 p.
Noémi Godefroy
p. 403-410
Référence(s) :

Nukishio Kizō, Assimilation et vestiges des Aïnous – Manifeste précurseur autochtone, trad. par Lucien-Laurent Clercq et Sakurai Norio, Québec, Presses de l’Université du Québec, coll. « Jardin de givre », 2023, 265 p.

Texte intégral

  • 1 Howell David, « Making “Useful Citizens” of Ainu Subjects in Imperial Japan », The Journal of Asian (...)
  • 2 Ont également collaboré à cette traduction Daniel Chartier, auteur de la présentation introductive, (...)

1« Assimilation et vestiges des Aïnous (Ainu dōka to senshō アイヌの同化と先蹤) – Manifeste précurseur autochtone » est un texte rédigé en japonais par un intellectuel aïnou, Nukishio Kizō 貫塩喜蔵 (1907 ou 1908-1985), publié en 1934 à 300 exemplaires, et porté une première fois à l’attention du public anglophone grâce au travail de l’historien spécialiste des Aïnous David L. Howell en 20041. Sa traduction en français par Sakurai Norio et Lucien-Laurent Clercq est parue en 2023 aux Presses de l’Université du Québec, dans la collection « Jardin de givre », et coïncide avec celle des poèmes de l’autrice aïnoue Dobashi Yoshimi 土橋芳美 (née en 1947), Penriuk et sa douleur. Ossements aïnous retenus prisonniers (parus en japonais en 2017 sous le titre Itami no Penriuku. Toraware no Ainu jinkotsu 痛みのペンリウク―囚われのアイヌ人骨)2.

  • 3 Une autre lecture possible est Hōmaku. Howell David, op. cit., p. 21.
  • 4 Voir Godefroy Noémi « Kita no zero nen : Hokkaidō, an zéro – Origines et mise en place d’une transi (...)
  • 5 Voir Howell David, « The Meiji State and the logic of Ainu “protection” », in Helen Hardacre & Adam (...)
  • 6 Voir Hirano Katsuya « The Politics of Colonial Translation: On the Narrative of the Ainu as a “Vani (...)

2L’auteur, Nukishio Kizō, de son nom de plume Hōchin 法枕3, naît dans une famille aïnoue à Shiranuka 白糠, sur la côte orientale de Hokkaido. Depuis l’annexion de l’île par le Japon en 1869, la population autochtone aïnoue fait l’objet d’une succession de mesures d’assimilation, de ségrégation scolaire, de répression linguistique et culturelle, de conversion contrainte à l’agriculture et de déplacements forcés au gré de la distribution des terres aux colons japonais4. Cette série de mesures est parachevée par la mise en place de la Loi de protection des anciens indigènes de Hokkaido (Hokkaidō kyūdojin hogohō 北海道旧土人保護法, ci-après Loi de protection) de 1899, dont l’une des conséquences est de restreindre drastiquement l’accès des Aïnous à la propriété5. En sus, à l’heure où Nukishio écrit son manifeste, nombre de scientifiques et de médias affirment que les Aïnous sont « en voie d’extinction »6.

3C’est donc dans ce contexte que grandit Nukishio, qui se révèle doué pour les études et devient instituteur à l’âge de 18 ans. Converti au christianisme, il se lance par la suite dans le missionnariat en 1929, puis dans la politique, servant de 1942 à 1967 comme conseiller municipal de Shiranuka, où il travaille aussi comme écrivain public. En 1933, il initie la formation du Regroupement pour la régénération des petits peuples de la mer du Nord (Hokkai shōgun kōseidan 北海小群更生談, ci-après Regroupement ; la traduction proposée par Sakurai et Clercq est Regroupement de la mer du Nord pour le renouvellement), et c’est pour financer ce mouvement (p. 169), qu’il publie ce manifeste en 1934.

4La structure de l’ouvrage est la suivante : quatre chapitres de présentation, d’introduction et d’informations à destination du lectorat (p. 1-51) ; la préface, puis le texte du manifeste (p. 54-140) et ses annexes (p.141-170) ; suivis d’un mot du traducteur (p. 171-176), qui propose par la suite des chronologies afférentes à l’histoire des Aïnous et à la vie de l’auteur (p. 177-248) ; ainsi que des bibliographies indicatives en anglais et en français (p. 263-265). Le texte du manifeste en lui-même est organisé en neuf chapitres thématiques : population aïnoue (4 pages), éducation scolaire (13 p.), degré d’assimilation (10 p.), hygiène et santé (4 p.), industries (4 p.), répartition des biens publics et privés (4 p.), évolution des populations aïnoues (6 p.), mouvement pour la régénération nationale (30 p.), et annexes (30 p.) ; chaque chapitre est divisé en au moins deux sous-parties. Les annexes comportent deux poèmes de jeunes filles aïnoues, témoignant de la visite du fils cadet de l’empereur Taishō (Prince Chichibu) dans leur maison, à Fushiko, en 1928 (17 p.), suivis de douze pages d’informations concernant le Regroupement (hymne, programme, règlement, membres, manifeste personnel de Nukishio), et quelques lignes de l’auteur sur la publication de l’ensemble du texte. L’organisation thématique des chapitres conduit à la répétition de certains arguments centraux, aussi avons-nous fait le choix de ne pas suivre la progression de l’œuvre, mais de proposer une synthèse des idées directrices et des principaux développements argumentatifs.

5L’argumentation de Nukishio est bien construite et soutenue par des données chiffrées nombreuses et précises. Par ailleurs, son érudition apparaît comme évidente à la lecture de ce texte parsemé de références provenant de sources éclectiques et diverses – la Bible, des citations attribuées à Confucius, des ouvrages d’intellectuels japonais (Hirata Atsutane ou Yoshida Shōin), des ouvrages sur les Aïnous (tels les travaux de Neil Gordon Munro), des poèmes rédigés par des femmes aïnoues et par l’empereur Meiji, des essais sur l’assimilation des Aïnous, ou des textes émanant des institutions gouvernementales. Si certaines de ces sources peuvent paraître idéologiquement marquées au lectorat d’aujourd’hui, il faut bien voir que le public-cible de Nukishio est un lectorat japonais. De fait, il dévoile son objectif en préambule : éclaircir la situation passée et présente des Aïnous en abolissant les idées reçues et les erreurs, et leur permettre ainsi d’être sincèrement reconnus comme des membres à part entière de la nation (p. 66). Il faut donc y lire un message de défense des autochtones aïnous dans un cadre idéologique de piété envers l’empereur. Les thèses de Nukishio sont les suivantes : contrairement aux idées reçues, Aïnous et Japonais sont égaux, et ils ont comme devoir commun de servir l’empereur et la nation. Pour sauver le pays de l’état délétère dans lequel il se trouve, il leur faut devenir des « hommes vertueux » ; cette entreprise doit être soutenue par la piété filiale vis-à-vis de l’empereur et de la nature, et par l’aide de Dieu.

6Nukishio se positionne donc comme Aïnou, mais aussi comme loyal sujet de l’empereur ; il ne remet pas fondamentalement en cause le fait que les Aïnous et leur territoire fassent partie de l’empire du Japon, ni ne condamne les mesures d’assimilation en bloc. En effet, il loue les progrès des Aïnous, rendus possibles par l’éducation (p. 108), et se montre critique de leur hygiène corporelle ou de leur habitat avant la colonisation (p. 93). En outre, il se montre enthousiaste face au développement industriel autour de l’exploitation des ressources naturelles, se réjouissant que certains Aïnous y soient associés (p.97-98). Et pourtant, il accuse ces mêmes activités d’être néfastes pour les Aïnous, menant à l’oppression et au manque de nourriture (p. 70), tandis que « la proximité avec les Wajin [Japonais] » est désignée comme la cause de l’affaiblissement mental des autochtones (p. 108). En filigrane nous apparaît donc une opinion nuancée selon laquelle les Aïnous doivent être acteurs du progrès et de la modernité, sans les subir, et en s’y adaptant (p. 168). En cela, Nukishio oppose donc deux facettes du colonialisme japonais : des apports positifs (santé, hygiène, éducation) et des conséquences néfastes (alcoolisme, maladies, etc.), qui aboutissent à une infériorisation des populations aïnoues.

7Cette infériorisation est indissociable du préjugé raciste d’une supériorité des Japonais sur les Aïnous ; or, d’après Nukishio, ils sont égaux, tous « [sujets] de l’empire du Japon, où règne de façon ininterrompue la famille impériale, […] dont la magnificence resplendit autant qu’un soleil éternel » (p. 132). Mais une telle égalité est rendue impossible par une discrimination institutionnelle, que fonde la Loi de protection de 1899, et une discrimination discursive. Cette dernière se manifeste à travers des discours racistes, ou considérant les Aïnous comme des objets d’étude à classer dans des musées (p. 109) et en voie de disparition (p. 165). Or, pour Nukishio, si la population autochtone semble baisser, c’est plutôt l’effet de deux phénomènes synchrones : le manque de fiabilité des recensements du fait des métissages et des mariages mixtes, mais aussi la stagnation de la population aïnoue, due à l’alcoolisme, la faim, les maladies contagieuses et l’affaiblissement mental, dans un contexte d’exploitation du territoire et de discrimination (voir p. 67-70, ou parties 4 et 7). D’ailleurs, si la population aïnoue est bel et bien en voie d’extinction, c’est parce que le Japon même est en péril, et que le peuple japonais dans sa globalité risque donc de disparaître (p. 121, 130, 138). Pour Nukishio, les causes de cette situation sont variées : dégradation des valeurs morales, violence sociétale, problèmes économiques, contrôle idéologique, scandales politiques, insouciance généralisée et indigence étatique et nationale (p. 113, 121, 130, 132). Il met également en cause le plus haut sommet de l’État, à l’origine de la perversion des pensées de la nation, qui entraîne la séparation des classes, suscite des conflits entre patronat et syndicats, encourage le socialisme, le communisme, l’anarchisme et les crimes de lèse-majesté bafouant la dignité de l’empereur (p. 165). Mais c’est aussi la discrimination, basée sur la soi-disant légitimité de la loi du plus fort, que Nukishio montre du doigt et qualifie de « paroles imbéciles [d’] hommes médiocres » (p.133).

  • 7 Idée partagée par l’intellectuelle aïnoue chrétienne Kannari Matsu. (« Des récits restés lettre mor (...)
  • 8 Opposition des termes hito, qu’il traduit par « homme vertueux », et ningen, traduit comme « homme (...)
  • 9 C’est également de cette manière que Nukishio rend compatibles les cultes et rites aïnous avec le c (...)

8Pour palier tous ces maux, Japonais et Aïnous doivent coexister fraternellement, et se régénérer par la vertu (voir p. 132, 138 et 168), dans l’optique de « créer un nouvel esprit national et contribuer à la sérénité de notre glorieux empereur » (p. 133). C’est justement cette vertu, et non la race, qui fait la supériorité d’un être (p. 116)7. Pour définir ce qu’il entend par vertu, Nukishio exploite tour à tour des discours idéologiques soutenant le régime impérial, des analyses sémantiques de son cru8 et des principes chrétiens. Pour lui, l’accès à la vertu est rendu possible par la religion et la morale. Par ailleurs, la nature et sa force, tout comme l’empereur, doivent aussi faire l’objet de piété (p. 135). Et c’est précisément la nature qui sert de charnière argumentative vers les grands principes chrétiens9 : la force naturelle, c’est la grâce de Dieu. Il faut donc travailler pour et avec Lui (p. 135), et se convertir (p. 139). À la toute fin de son manifeste, Nukishio fait se répondre une citation issue de l’Apocalypse, une référence à l’« esprit national » et une citation de Confucius pour insister sur la gravité et l’urgence de la mission de devenir des « hommes vertueux » (p. 140).

  • 10 Voir, par exemple, « The Ocean Spiritual Being [Orca] Sings About Himself », transcrit par Chiri Yu (...)
  • 11 Voir, par exemple, Philippi Donald, Songs of Gods, Songs of Humans: The Epic Tradition of the Ainu, (...)
  • 12 Shin.ya Gyō, Ainu minzoku to tennōsei kokka, Tokyo, San.ichi shobō, 1977, p. 364-366.
  • 13 La Bible, Gen. 1, 31, sur le site de l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones (...)

9Malgré son érudition, par excès d’enthousiasme ou de zèle rhétorique, Nukishio fait parfois preuve de naïveté, voire de méconnaissance, de certains sujets. Par exemple, en affirmant que « jadis » l’alcool était absent des rites aïnous (p. 88), il contredit ce qui apparaît dans la tradition orale, qui insiste sur l’appétence des divinités aïnoues pour les boissons alcoolisées fermentées de fabrication aïnoue (tonoto), et plus encore de fabrication japonaise10. Par ailleurs, en affirmant que « la vie des Aïnous de jadis reposait sur la chasse et la pêche » (p. 97), il passe sous silence l’importance primordiale du commerce sur le fonctionnement et la subsistance de la société aïnoue, également illustrée par la tradition orale11. En outre, il affirme que « très peu de terrains [alloués aux Aïnous par la Loi de protection de 1899, et devant être mis en culture dans une limite de quinze ans] ont été saisis » (p. 102), alors qu’une enquête effectuée par Miura Seiji 三浦政治, directeur à l’école pour anciens indigènes de Harutori 春採, entre 1933 et 1936, révèle que la majorité des terrains alloués de son village ont bien été saisis12. Ou encore, pour étayer son argumentation, Nukishio va jusqu’à affirmer que « lors de la Création, Dieu créa d’abord les hommes » (p. 135), alors qu’ils furent créés le sixième jour, d’après la Genèse13.

  • 14 On citera l’oubli de la période Asuka, l’évocation d’une autorité shogunale en 1593 alors qu’il n’y (...)
  • 15 Ferro Marc, Histoire des colonisations. Des conquêtes aux indépendances (xiiie-xxe siècle), Paris, (...)
  • 16 Mason Michele, Dominant Narratives of Colonial Hokkaido and Imperial Japan - Envisioning the Periph (...)
  • 17 Chamberlain Basil Hall, Aino Folk-Tales, Londres, The Folk-lore society, 1888 ; Batchelor John, The (...)
  • 18 Philippi Donald, Songs of Gods, Songs of Humans: The Epic Tradition of the Ainu, Tokyo, University (...)

10Il n’en reste pas moins que la lecture de ce manifeste est passionnante, et rendue fluide et agréable par Sakurai et Clercq, dont le travail de traduction soigné ne comporte que de très rares erreurs et coquilles. En outre, la vocation pédagogique de l’ouvrage est perceptible d’emblée ; l’introduction, les chapitres explicatifs (qui totalisent à eux deux 158 pages sur 265), ainsi que l’appareil de notes proposé par Clercq visent à contextualiser l’œuvre dans son époque, mais aussi à faire connaître l’histoire des Aïnous. C’est l’un des objectifs de la « chronologie historique, politique et littéraire du peuple aïnou » (p. 179-242), qui présente toutefois un caractère assez disparate, quelques erreurs14, et dont on pourra se demander s’il était nécessaire de la faire remonter au Pléistocène (la table des ères japonaises qui la précède commence à l’époque d’Edo). Par ailleurs, il aurait été précieux pour un lectorat maîtrisant le japonais de connaître la version originale de certains termes (« État », « État-nation », « peuple », « vertueux », « esprit national », « Aïnous “purs” », etc.). Enfin, malgré le caractère extrêmement utile de la bibliographie des principales sources sur les Aïnous en langue française, on regrettera l’absence de certains travaux de référence : Marc Ferro et Pierre-François Souyri sur la colonisation de Hokkaido, François Macé sur les épopées de la littérature orale, et Noémi Godefroy sur l’histoire des Aïnous, leur société et sur les rapports nippo-aïnous du xviiie au xxe siècle15. Concernant les sources en anglais (bien plus nombreuses de manière générale), les critères selon lesquels ont été sélectionnés les travaux présentés en bibliographie sont peu clairs. En effet, il manque des travaux importants portant spécifiquement sur des thématiques abordées par Nukishio16, ainsi que des sources primaires incontournables (Basil Hall Chamberlain, Henry Savage Landor, ou encore Kindaichi Kyōsuke)17. Par ailleurs, la traduction en français des épopées aïnoues sous la direction de Tsushima Yūko est citée, mais pas les anthologies traduites en anglais, dont l’ouvrage incontournable de Donald Philippi (1979)18.

  • 19 Outre la présente traduction, et la traduction des poèmes de Dobashi Yoshimi (Penriuk et sa douleur (...)

11Cette traduction de grande qualité témoigne du dynamisme grandissant des recherches en sciences humaines et sociales – et en langue française – sur cette population autochtone du Japon et de la Russie19, et vient renforcer les efforts des spécialistes en études japonaises de toutes disciplines autour de la traduction en langue française et de l’édition critique de sources primaires japonaise. Elle constituera une lecture très instructive pour l’ensemble des spécialistes dont les recherches portent sur les Aïnous, sur l’histoire intellectuelle de l’ère Meiji, mais aussi sur le fait colonial en général, et, grâce à l’important travail d’introduction et d’annotation, elle rendra accessible à un large public ce passionnant « manifeste précurseur autochtone », remplissant ainsi pleinement son objectif de mise en lumière de « cultures circumpolaires historiquement minorées » (p. 2).

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Notes

1 Howell David, « Making “Useful Citizens” of Ainu Subjects in Imperial Japan », The Journal of Asian Studies, 63 (1), 2004, p. 5-29.

2 Ont également collaboré à cette traduction Daniel Chartier, auteur de la présentation introductive, mais aussi Étienne Lehoux-Jobin et Jeffry Gayman pour la chronologie.

3 Une autre lecture possible est Hōmaku. Howell David, op. cit., p. 21.

4 Voir Godefroy Noémi « Kita no zero nen : Hokkaidō, an zéro – Origines et mise en place d’une transition coloniale originale (1869-1872) », Cipango Cahier d’études japonaises, 18, 2011, p. 105-134.

5 Voir Howell David, « The Meiji State and the logic of Ainu “protection” », in Helen Hardacre & Adam L. Kern (dir.), New Directions in the Study of Meiji Japan, Leyde, Brill, 1997, p. 612-634 ; Komori Yōichi, « Rule in the Name of “Protection”: The Vocabulary of Colonialism », in Michele M. Mason et Helen J.S. Lee (dir.), Reading Colonial Japan: Text, Context, and Critique, Stanford, Stanford University Press, 2012, p. 57-75.

6 Voir Hirano Katsuya « The Politics of Colonial Translation: On the Narrative of the Ainu as a “Vanishing Ethnicity” », The Asia-Pacific Journal, 7 (4), 2009, ou Ziomek Kirsten, Lost Histories. Recovering the Lives of Japan’s Colonial Peoples, Cambridge, Harvard University Press, 2019.

7 Idée partagée par l’intellectuelle aïnoue chrétienne Kannari Matsu. (« Des récits restés lettre morte ? Les représentations des rapports nippo-aïnous dans les contes en prose retranscrits par Kannari Matsu », conférence donnée par Sakata Minako au 15e colloque de la Société française des études japonaises le 16 décembre 2023).

8 Opposition des termes hito, qu’il traduit par « homme vertueux », et ningen, traduit comme « homme ordinaire » (p. 121-125), et analyse du caractère d’origine japonaise (ateji) hataraku 働く, dont le sens serait « les hommes vertueux respectent la puissance de la nature » (p. 135).

9 C’est également de cette manière que Nukishio rend compatibles les cultes et rites aïnous avec le christianisme (voir p. 86).

10 Voir, par exemple, « The Ocean Spiritual Being [Orca] Sings About Himself », transcrit par Chiri Yukie et traduit dans Strong Sarah, Ainu Spirits Singing: The Living World of Chiri Yukie’s Ainu Shin’yoshu, Honolulu, University of Hawai’i Press, 2011, p. 231-236.

11 Voir, par exemple, Philippi Donald, Songs of Gods, Songs of Humans: The Epic Tradition of the Ainu, Tokyo, University of Tokyo Press, 1979, p. 175-184 ; ou Tsushima Yūko (dir.), Tombent, tombent les gouttes d’argent – Chants du peuple aïnou, Paris, Gallimard, collection « L’aube des peuples », 1996, p. 303-311 ; mais aussi Testart Alain, Les chasseurs-cueilleurs ou l’origine des inégalités, Paris, Gallimard, 1982 ; et Godefroy Noémi, « Domination et dépendance : l’évolution du statut des chefs aïnous en Asie orientale (XVIIe-XVIIIe siècle) », Extrême-Orient Extrême-Occident, 41, 2017, p. 207-239.

12 Shin.ya Gyō, Ainu minzoku to tennōsei kokka, Tokyo, San.ichi shobō, 1977, p. 364-366.

13 La Bible, Gen. 1, 31, sur le site de l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones : https://www.aelf.org/bible/Gn/1.

14 On citera l’oubli de la période Asuka, l’évocation d’une autorité shogunale en 1593 alors qu’il n’y en avait pas, ou l’utilisation du terme « ère » pour désigner l’époque d’Edo.

15 Ferro Marc, Histoire des colonisations. Des conquêtes aux indépendances (xiiie-xxe siècle), Paris, Éditions du Seuil, 1994, Souyri Pierre-François, « Une forme originale de domination coloniale ? Les Japonais et le Hokkaidō avant l’époque Meiji », in Martine Godet, Muriel Carduner-Loosfelt, Hélène Coq-Lossky (éd.), De Russie et d’ailleurs : Feux croisés sur l’histoire – Pour Marc Ferro, Paris, Institut d’Études Slaves, 1995 ; « La colonisation japonaise : un colonialisme moderne mais non-occidental », in Marc Ferro, Le livre noir du colonialisme : xvie-xxie siècle, de l’extermination à la repentance, Paris, Hachette littératures, 2003, p. 545-574 ; Macé François, « Rythmes humains, rythmes divins dans les épopées ainu », Diogène, 181, janvier-mars 1998, p. 29-38 ; et travaux cités en notes 5, 12 et 22 pour Godefroy.

16 Mason Michele, Dominant Narratives of Colonial Hokkaido and Imperial Japan - Envisioning the Periphery and the Modern Nation-State, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2012 ; Frey Christopher, « Ainu schooling: Globalization and self-determination », Christopher Bjork, Gary DeCoker Gary (dir.), Japanese Education in the Era of Globalization, New York, Teachers College Press, 2013, p. 101-114 ; ou encore Oguma Eiji, Boundaries of « the Japanese », volume 2 – Korea, Taiwan and the Ainu 1868-1945, Tokyo, Trans-Pacific Press, 2017, par exemple.

17 Chamberlain Basil Hall, Aino Folk-Tales, Londres, The Folk-lore society, 1888 ; Batchelor John, The Ainu of Japan: the Religion, Superstitions, and General History of the Hairy Aborigines of Japan, Londres, Religious Tract Society, 1892 ; Landor Henry Savage, Alone with the Hairy Ainu or, 3,800 Miles on a Pack Saddle in Yezo and a Cruise to the Kurile Islands, Londres, J. Murray, 1893 ; Kindaichi Kyōsuke, Ainu Life and Legends, Tokyo, Board of Tourist Industry, Japanese Government Railways, 1941.

18 Philippi Donald, Songs of Gods, Songs of Humans: The Epic Tradition of the Ainu, Tokyo, University of Tokyo Press, 1979 ; Association for the Ainu Folklore (éd.), Stories of Men – Reports on the Ainu folklore, Sapporo, Association for the Ainu Folklore, 1982 ; Kayano Shigeru, The Romance of the Bear God: Ainu Folktales, Tokyo, Taishukan, 1985 ; ou la base de données https://ainu.ninjal.ac.jp/folklore/en/.

19 Outre la présente traduction, et la traduction des poèmes de Dobashi Yoshimi (Penriuk et sa douleur – Ossements aïnous retenus prisonniers), publiée dans la même collection en 2023, parmi les publications des cinq dernières années, on pourra citer Berthon Alice, « De l’exhibition dans les expositions coloniales au nouveau Musée national aïnou », Sociétés plurielles, 2023 ; Godefroy Noémi, « La minorité aïnoue dans le Japon moderne et contemporain », Patrick Kulesza (dir.), Peuples autochtones d’Asie, quel avenir ?, Paris, L’Harmattan, 2023, p. 375-395 ; Godefroy, « La minorité aïnoue dans le Japon moderne et contemporain. D’“anciens indigènes”, de nouveau(x) autochtones (1869-2019) », Ebisu, Études japonaises, 56, 2018, p. 255-287 ; Iboshi Hokuto, Tsukahara Fumi et Blanche Patrick (trad.), Chant de l’étoile du Nord – Carnet de Iboshi Hokuto, poète aïnou, Paris, Éditions des Lisières, 2018 ; Godefroy, « L’altérité au prisme de la rencontre : Deux visions des Aïnous dans les Notes sur des Récits à propos d’Ezo (Hokkaido) de Matsumiya Kanzan (1710) », Julien Bouvard et Cléa Patin (dir.), Autour de l’image : arts graphiques et culture visuelle au Japon Actes du douzième colloque de la Société française des études japonaises, Arles, Éditions Picquier, 2017, p.703-714 ; Batut Romane, « Inviter l’ours au pays des Aïnous. Les relations à l’ours brun chez les Aïnous de Hokkaido au Japon », Karen Hoffmann-Schickel, Pierre Le Roux, Éric Navet (dir.), Sous la peau de l’ours – L’humanité et les ursidés : approche interdisciplinaire, Saint-Denis, Connaissances et Savoirs, 2017, p. 421-452.

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Pour citer cet article

Référence papier

Noémi Godefroy, « Nukishio Kizō, Assimilation et vestiges des Aïnous – Manifeste précurseur autochtone, trad. par Lucien-Laurent Clercq et Sakurai Norio »Ebisu, 61 | 2024, 403-410.

Référence électronique

Noémi Godefroy, « Nukishio Kizō, Assimilation et vestiges des Aïnous – Manifeste précurseur autochtone, trad. par Lucien-Laurent Clercq et Sakurai Norio »Ebisu [En ligne], 61 | 2024, mis en ligne le 25 décembre 2024, consulté le 18 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ebisu/10552 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/13141

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Auteur

Noémi Godefroy

Maîtresse de conférences à l’Inalco

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