Navigation – Plan du site

AccueilNuméros32Comptes rendusSandrine Sorlin, « Des utopies li...

Comptes rendus

Sandrine Sorlin, « Des utopies linguistiques aux langues fantastiques : les cas de Orwell, Burgess, Hoban et Golding »

Frédéric Regard
Référence(s) :

Sandrine Sorlin : « Des utopies linguistiques aux langues fantastiques : les cas de Orwell, Burgess, Hoban et Golding », thèse préparée sous la direction de Frédéric Regard et co-dirigée par Jim Walker, soutenue à l’ENS-LSH Lyon, novembre 2006.

Texte intégral

1Cette thèse s’intéresse aux utopies linguistiques théoriques et fictionnelles, depuis les « langues philosophiques » du xviie siècle jusqu’aux langues internationales du xxe siècle (elles-mêmes issues des projets de langue universelle du xixe), avant de s’attarder sur leurs avatars littéraires au xxe siècle. Quatre romans en particulier sont à l’étude: Nineteen Eighty-Four de George Orwell, A Clockwork Orange d’Anthony Burgess, Riddley Walker de Russell Hoban, et The Inheritors de William Golding. Ces œuvres, écrites dans un anglais altéré, modifié, déformé, sont analysées à la lumière des inventions utopistes de langue afin de déterminer s’il y a filiation, continuité ou rupture.

2Il est proposé une histoire des idées linguistiques mettant l’accent sur la façon dont l’homme conçoit le langage au fil des siècles. Elle révèle que sa conception du langage fait toujours partie intégrante de sa conception du monde. Il s’agit alors de voir dans quelle mesure les utopies linguistiques s’inscrivent dans cette relation que le langage entretient avec le monde.

3Les projets de langue artificielle naissent tous d’une constatation similaire quant à l’ambiguïté des langues naturelles. Les langues philosophiques avaient pour objectif de faire du langage un médium parfaitement adapté à l’expression d’une pensée claire. Les concepteurs de langue universelle entendaient résoudre la complexité et la multiplicité des langues nationales en inventant une langue à l’échelle mondiale. Ces nouvelles langues dépourvues d’ambiguïté devaient rendre impossible toute erreur de compréhension, et donc à la fois favoriser le progrès de la science et mettre fin aux guerres entre les peuples.

4Le xxe siècle se livre aussi à de nouvelles expériences linguistiques qui partent du même postulat de départ : le langage ordinaire est inadéquat. Les logiciens par exemple confectionnent des langages formels, seuls capables, selon eux, de décrire le monde de manière exacte et univoque.

5L’analyse conduite montre que loin de rendre compte du monde de façon objective et neutre, les projets utopiques lui imposent un modèle idéologique toujours déjà linguistique. Les romans du xxe siècle s’inscrivent alors en rupture par rapport à ce rêve d’une humanité réconciliée grâce à un langage unique et parfait. Ils présentent en effet des hommes qui ont perdu leurs repères, et le langage qui les traverse, qualifié de « fantastique », est obscur, parfois méconnaissable, jouant de toutes ses « imperfections ». Mais à travers les déformations qu’il subit, le langage parvient à se libérer du moule idéologique de l’œuvre et à en sublimer le pessimisme, révélant toute sa puissance interne, génératrice d’être.

6Cette thèse met en évidence la capacité du langage à structurer ou à produire le monde, qu’il s’agisse du monde réel (les utopies linguistiques) ou du monde fictionnel (les langues fantastiques).

7Mots clés : utopie, langue artificielle, philosophie du langage, pragmatique, stylistique, fantastique, Orwell, Burgess, Hoban, Golding.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Frédéric Regard, « Sandrine Sorlin, « Des utopies linguistiques aux langues fantastiques : les cas de Orwell, Burgess, Hoban et Golding » »Études britanniques contemporaines [En ligne], 32 | 2007, mis en ligne le 22 septembre 2020, consulté le 10 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ebc/9588 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ebc.9588

Haut de page

Auteur

Frédéric Regard

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search