Bibliographie
Beer, Gillian, The Romance, London : Methuen, 1970.
Caserio, Robert, « Politics and Sex in A Glastonbury Romance », Western Humanities Review (2003) : 94-101.
Eliade, Mircéa, Aspects du mythe, Paris : Folio, 1962.
Fryef, Northrop, The Secular Scripture. A Study of the Structure of Romance, Cambridge (Mass) : Harvard UP, 1976.
Hamel, Jean-François, Revenances de l’histoire. Répétition, narrativité, modernité, Paris : Éditions de Minuit, 2006.
Lefevre, Henri, La Production de l’espace (1974), Paris : Éditions Anthropos, 1986.
Lock, Charles, « Polyphonic Powys : Dostoevsky, Bakhtin, and A Glastonbury Romance », University of Toronto Quarterly 55. 3 (1986) : 261-281.
Lukacher, Ned, « “Between Philology and Psychology : Cronos, Dostoievsky and the Language of Myth in John Cowper Powys’s A Glastonbury Romance », Powys Review 9 (1981-1982) : 18-26.
McGann, Jerome, The Scholar’s Art, Chicago UP, 2006.
Millet, Baudoin, « Novel et Romance ; histoire d’un chassé-croisé générique », Cercles 16.2 (2006) : 85-96, http://www.cercles.com/n16/2/millet.pdf
Miller, J. Hillis, Tropes, Parables, Performatives, Durham : Duke UP, 1991.
POWYS, John Cowper, A Glastonbury Romance (1932), N-Y : Overlook Press, 1996.
« Glastonbury : Author’s Review », The Modern Thinker 1.1 (March 1932), reprinted in The Powys Review 9 (1981-1982) : 7-9.
The Meaning of Culture [1929], London : Village Press, 1974.
Rands, Susan, « The Topicality of A Glastonbury Romance », The Powys Review 27-28 (1992-1993) : 42-53.
Saunders Nash, Katherine, « Narrative Progression and Receptivity : John Cowper Powys’s A Glastonbury Romance », Narrative 15.1 (Jan. 2007) : 4-23.
Haut de page
Notes
À titre d’exemple : « And just as in human organisms there are slowly developed changes, sometimes maladies, sometimes regenerations, which take place under the surface and then at a crisis burst out into prominence, so does it happen with any community as old and intricate as this one […] » (540) ; « In all human communities–indeed in all human groups–there are strange atavistic forces that are held in chains deep down the surface. [They] dwell in the nether depths of human nature ready to break forth in blind scoriac fury under a given touch » (569).
On trouve à Glastonbury les traces d’un village lacustre préhistorique où un culte était rendu à la déesse de la fertilité (120, 186, 1117) ; d’anciennes légendes celtiques peuplées de divinité chtoniennes s’y rattachent (696, 807, 811) ; Joseph d’Arimatie y aurait planté son bâton, métamorphosé le jour suivant en aubépine sacrée et sa dépouille y reposerait ; les ruines de la vetusta ecclesia y témoignent de l’installation d’une des plus vieilles communautés chrétiennes en Angleterre (119) ; le Graal y aurait été aperçu et le Roi Arthur y gît, dit-on.
Il y a là un rapprochement possible entre l’œuvre de Powys et celle de Thomas Hardy à propos de laquelle J. Hillis Miller a pu écrire : « This theme of the embodiment of the past in the scene where it once took place recurs all through Hardy’s work in prose and verse » (Miller 126).
Hamel s’intéresse principalement à des auteurs français et allemands (Michelet, Hugo, Baudelaire, Benjamin, Nietszche, Marx, Klossowski, Simon, etc.).
Hamel reprend ici l’opposition établie par Freud lorsque ce dernier distingue « le processus mélancolique » du « travail de deuil » : « Rappelons que Freud définissait la mélancolie comme le processus d’incorporation pathologique d’une perte entraînant une répétition amnésique, du moins soustraite à la conscience, d’où le risque d’un effondrement du sujet. À l’inverse, le travail du deuil supposait selon lui l’intériorisation de la perte comme remémoration libératrice » (Hamel 98).
« L’espace abstrait fonctionne “objectalement” comme ensemble de choses-signes, avec leurs rapports formels. Cet espace formel et quantifié nie les différences, celles en provenance de la nature et du temps […]. La signifiance d’un tel ensemble renvoie à une sur-signifiance qui échappe au sens : le fonctionnement du capitalisme, à la fois éclatant et dissimulé » (Lefebvre 60-61).
Il est question ici de ce bâton que Joseph d’Arimatie aurait planté à Glastonbury et qui se serait transformé le jour suivant en une aubépine sacrée.
« Si l’on entend par aura d’un objet offert à l’intuition l’ensemble des images qui, surgies de la mémoire involontaire, tendent à se grouper autour de lui, l’aura correspond, en cette sorte d’objet, à l’expérience qu’accumule l’exercice dans tous les objets d’usage » (Benjamin cité par Regard, Frédéric, « Réalisme, fragmentation et roman de formation : l’épiphanie du sens chez Rudyard Kipling », Logiques de la fragmentation, ed. J.-P. Mourey (ed.), Saint-Étienne : PU de Saint-Étienne, 1996, 23-34, 29).
« Le régime ancien d’historicité, qui caractérise l’imaginaire européen de la Renaissance à l’ère des révolutions s’inscrit dans une longue durée au sein de laquelle la puissance unificatrice de la tradition joue le rôle de fondement ontologique dévolu à l’éternité dans le régime chrétien » (Hamel 28).
« William Morris is an example of a writer whose attitude to the past is one of creative repetition rather than of return. […] In News from Nowhere, […] the people […] are an equal society of creative workers. They have not returned to the fourteenth century : they have turned it inside out » (Frye 178).
Cette vision rappelle celle de la deuxième version de « l’éternel retour » de Nietzsche telle que l’analyse Jean-François Hamel (88-96). Il est de fait dans l’océan du texte de Powys et les multiples allusions intertextuelles de l’œuvre une référence assez explicite à cet « éternel retour » de Nietzsche : « In that sequence of spiral recurrences–in which past events are eternally returning but with momentous difference » (342) où le terme « spiral » marque bien le caractère non cyclique de ce retour.
Voir les analyses de Miller commentant l’utilisation de la prosopopée chez Hardy et Stevens (Miller 245-255).
Voir à ce sujet les analyses d’Hamel concernant Michelet (41-46).
Voir à ce sujet A Glastonbury Romance (331-333). Si je parle de l’appel de la grotte, c’est en référence aux propos de Jean-Marc Ghitti : « Si le lieu, qu’il soit crevasse dans le roc ou bouche dans le volcan, est essentiellement abîme, ne se donne-t-il pas toujours dans le vertige, et le fond de la possession, “la dernière des ses inspirations’, n’est-ce pas un appel à mourir » (Ghitti, Jean-Marc, La parole et le lieu. Topique de l’inspiration, Paris : Éditions de Minuit, 1998, 123-124).
« And do we not now in comparison with this mystery of the beautiful, begin to detect certain very definite characteristics of the purely poetical ? It seems that we do ; and it seems also as though the chief of these were the presence of something emotional, anthropomorphic, something traditional, customary, ritualistic, something adhering to our race’s inherited sentiments, hs, loves, fears, feelings of bodily ease, feelings of romantic un-ease.
To realize this difference between beauty and poetry one need only visualize for a moment the illuminated body of some swiftly-moving aeroplane, an aeroplane engaged in advertising, let us suppose, some toilet-necessity or some new brand of cigarette, upon a city sky. Such a spectacle might easily be conceived as a genuine revelation, in spheres of form and colour, of beauty considered as a non-human absolute. But with that peculiar quality in things I am trying to indicate as belonging to the essence of poetry such a spectacle would have nothing to do. In fact it would exercise a destructive influence upon the natural poetry of the particular night or twilight when such an occurrence took place » (Powys 1929, 47).
Je garderai le terme anglais, suivant en cela la stratégie de Baudoin Millet (85-96) : « Novel et Romance : deux termes génériques qui, vus de la France, se résorbent en un seul, celui de roman » (Millet 1).
Voir à ce sujet Lukacher, Ned, « Between Philology and Psychology : Cronos, Dostoievsky and the Language of Myth in John Cowper Powys’s A Glastonbury Romance », Powys Review 9 (1981-1982) : 18-26, et aussi Krissdottir, Marine, John Cowper Powys and the Magical Quest, London : Macdonald, 1980.
Frye souligne « the curious polarized characterization of romance, its tendency to split into heroes and villains. Romance avoids the ambiguities of ordinary life » (Frye 50). Ce n’est certes pas un commentaire que l’on peut faire à propos de A Glastonbury Romance.
« But if romance so often appears as a kind of naive social snobbery, what becomes of the revolutionary quality in it that we mentioned earlier, the proletarian element rejected by every cultural establishment ? We remember that we found the focus of this revolutionary quality near the end of a romantic story […]. It appears in […] the point that expresses the reader’s identity with a power of life strong enough to smash through any kind of barrier or danger » (Frye 163).
« It is clear that the novel was a realistic displacement of romance » (Frye 38).
Powys déstabilise le roman réaliste de bien d’autres manières. Si je ne me hasarde pas à les analyser, c’est qu’elles ne me paraissent pas directement liées à sa reprise du genre du romance — sujet qu’il faudrait probablement approfondir. Difficile toutefois de passer sous silence le rôle du narrateur dans A Glastonbury Romance, narrateur dont la voix n’est qu’une voix parmi d’autres. C’est le narrateur, nous le savons, qui, à la fin du 19e et au début du 20e siècle, subit de plein fouet la rupture épistémologique. Voir à ce sujet l’article de Charles Lock, « Polyphonic Powys : Dostoevsky, Bakhtin, and A Glastonbury Romance », University of Toronto Quarterly 55. 3 (1986) : 261-281.
De façon symptomatique elle est principalement associée à Philip Crow le capitaliste : il découvre de l’étain, donc il fait bâtir une route et un pont pour acheminer cet étain vers l’étranger et donc il fait venir des travailleurs d’ailleurs et reconfigure le paysage social.
Powys n’écrivait-il pas dans une auto-interview : « What force produces the denouement of the plot ? » « I have already explained that this tale is so prolific in plots and denouements that the outcome, like that of life itself, will appear in different forms to different readers. » « What ends it then ? What excuses did you find for writing “Finis” ? » « The excuse found by God when his world got beyond his control. » « What was that ? » « The Flood » (Powys « Glastonbury : Author’s Review », 8-9).
Millet indique que l’éviction du romance par le novel s’est faite selon le critère de vraisemblance : « [Les causes de cette éviction] sont sans doute à trouver dans la valorisation d’un mode de lecture du texte romanesque qui repose sur la notion de vraisemblance ou probability, opposée au romanesque » (12) ; « C’est, semble-t-il ce critère de la vraisemblance, aussi nettement associé au mot novel qu’il est opposé au mot romance, et qui renvoie autant au contenu du roman qu’à l’expérience de la lecture, qui a été la raison suffisante de l’éviction du romance par le novel » (13). Révélateur est à cet égard un passage de l’œuvre de Powys, véritable commentaire méta-fictionnel : « The composers of fiction aim at an aesthetic verisimilitude which seldom corresponds to the much more eccentric and chaotic dispositions of Nature » (666).
Certes Micheline Tison-Braun indique à propos de la description : « On croit que la description peint des objets. Il n’en est rien : elle propose des significations » (Tison-Braun, Micheline, Poétique du paysage, Paris : Librairie Nizet, 1980, 15). Il me semble toutefois que ce ne soit guère le cas dans certains passages de A Glastonbury Romance si l’on songe à des significations susceptibles de se rapporter au[x] sens de l’œuvre, pour autant que l’on puisse les identifier.
Le passé n’est pas ici convoqué à dessein dans un but politique ou religieux et sa résurgence évite ce faisant les pièges du dogmatisme ou du fanatisme grégaire. Le passé est ici en dormance pour qui sait en accueillir les flux et s’en laisser traverser. Difficile de ne pas songer à Howards End de Forster et à ce commentaire de Catherine Lanone : « l’arbre n’est pas ici une machine binaire agençant les dichotomies, un arbre historique ou généalogique menant de ses racines au faîte […]. L’orme mythique de Forster pousse “au milieu”, comme l’herbe de Deleuze, dans le bruissement de la suspension entre passé et avenir, disséminant les moments présents comme autant de lignes de fuite » (Lanone, Catherine, Odyssée d’une écriture, Toulouse : PU Mirail, 1998, 151).
Aussi peut-on comprendre que McGann ait parlé de Powys comme d’un artiste « whose work our scholarship, to its cost, has been strengthless to imagine » (McGann, xii). Deux tentatives aux résultats diamétralement opposés ont ces derniers temps été proposées. Toutes deux s’intéressent aux stratégies de lecture requises. Si Caserio propose une « lecture pénétration », Saunders Nash en revanche plaide pour « une érotique de la lecture ». Ces stratégies différentes sont révélatrices au premier chef des grilles de lecture propres aux critiques.
Haut de page