Maâ Anissa, « Signer la déportation », Migrations africaines de retours volontaires depuis le Maroc
Maâ Anissa, « Signer la déportation », Migrations africaines de retours volontaires depuis le Maroc. – Bruxelles : Éditions de l’Université de Bruxelles, 2024. – 192 p. ISBN : 978-2-8004-1805-6
Texte intégral
1Ce livre découle de la thèse en sciences politiques et sociales d’Anissa Maâ, soutenue à l’Université libre de Bruxelles. Cette recherche a bénéficié d’un travail collaboratif mené au sein du Group for Research on Ethnic Relations, Migration and Equality, du Centre de Recherche et Études en Politique Internationale, de l’Oxford Départment of International Development, de l’École doctorale thématique en sciences sociales « Migrations et diversité culturelle », du Laboratoire mixte international « Mobilités, voyages, innovations et dynamiques dans les Afriques méditerranéenne et subsaharienne », de l’Institut Convergences Migrations et de l’Atelier d’hybridations anthropologiques.
2Anissa Maâ a mené une recherche au Maroc au sein de plusieurs villes présentant un intérêt stratégique pour l’objet d’étude et ce, entre 2016 et 2018. La recherche se décline en collecte de documents, en observation participante, en discussions informelles, consignées dans un carnet de terrain, et en entretiens semi-directifs. Cinquante-cinq personnes ont été interviewées. Ces personnes sont toutes concernées par les programmes d’Aide au Retour Volontaire et à la Réintégration, elles sont, soit des migrants, soit employées par l’OIM, soit des intermédiaires du retour.
3Ce livre se décline en quatre chapitres qui traitent dans un premier temps de parcours migratoires jalonnés de violence et de mort, ensuite de l’intermédiation qui sert à promouvoir le retour volontaire, pour poursuivre sur l’intermédiation indigène qui fait appel aux pairs pour médiatiser la relation avec les migrants, et le dernier chapitre aborde l’agencéité migrante, autrement dit la capacité des migrants à agir avec la contrainte du retour.
Résumé du contenu
4Anissa Maâ propose dans un premier temps un historique des missions de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Cette organisation voit le jour à la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle est issue du « Comité intergouvernemental provisoire pour les mouvements migratoires d’Europe », créé en 1951. Ce comité organise alors le transport vers l’outre-mer, de personnes pouvant créer des troubles sociaux, et être à l’origine de propagande communiste en Europe. Il prend part également à la réinstallation en métropole de colons belges, français et hollandais lors de l’indépendance de certains pays (RDC, Algérie, Indonésie). Il permet également l’installation de migrants européens en Afrique du Sud sous le régime de l’apartheid. En 1989, ce comité prend le nom d’Organisation Internationale pour les Migrations. En 2019, l’OIM compte 174 membres, son budget provient essentiellement des contributions des bailleurs externes. Cette organisation mène donc des activités répondant aux priorités des États financeurs. Ces activités se résument en programmes d’« aide au retour et à la réintégration » et de « retour volontaire humanitaire » créés en 2017 en réponse aux violences dont sont victimes les migrants en Libye. Ces programmes se veulent répondre selon la devise officielle « pour le bénéfice de tous ». Anissa Maâ montre la complexité et l’ambivalence des missions de l’OIM qui reposent sur l’externalisation du contrôle des frontières de l’Europe dans une logique répressive et la recherche de l’adhésion du migrant ou de la persuasion du migrant d’agir en concordance avec sa volonté de retourner dans son pays d’origine.
5L’autrice s’attache alors à montrer la manière dont le Maroc, pays de transit vers l’Europe, est devenu un acteur central dans la gestion des flux migratoires. Elle parcourt la relation complexe entre les migrants africains, le gouvernement marocain, les institutions internationales comme l’Organisation Internationale pour les Migrations, et les politiques migratoires européennes qui délèguent de plus en plus la gestion des frontières aux pays du sud de la Méditerranée. Elle montre que le Maroc a une capacité d’agir à savoir collaborer avec l’Europe, mais aussi de s’opposer à des injonctions.
6Le Maroc parvient en 2007 à un compromis qui lui permet d’obtenir des financements européens en coopérant avec l’OIM, financements qu’il n’obtient pas lorsqu’il orchestre seul les éloignements des migrants. « En somme, coopérer avec l’OIM permet au Maroc de se positionner comme bénéficiaire prioritaire des financements européens en matière de lutte contre les migrations irrégulières, tout en faisant montre d’indépendance à l’égard de l’UE dans le choix des modalités de sa collaboration. Cette stratégie évite au Maroc de voir sa légitimité politique interne ternie par des accusations de subordination aux puissances extérieures » (cf. page 24). La position du Maroc lui permet d’avoir des relations plus apaisées avec les pays africains proches par le biais des programmes d’Aide au Retour Volontaire et à la Réintégration. De ce fait, le Maroc réintègre ou intègre certaines instances comme l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Comme l’affirme l’autrice, « Coopérer avec l’OIM constitue pour le Maroc une porte d’entrée opportune vers les sphères du dialogue international » (cf. page 26). Néanmoins, faute de moyens, les retours volontaires sont suspendus en 2012, ce qui se traduit par une mobilisation d’acteurs aussi bien parmi les migrants que dans la société civile, en réaction à une montée de violence des forces de sécurité du Maroc. La Caritas (obédience chrétienne), jusque-là plutôt discrète au Maroc, va s’associer à l’OIM pour accompagner les migrants vulnérables. Anissa Maâ se questionne alors sur les points de convergence entre les différents acteurs en présence (l’OIM, le ministère de l’Intérieur du Maroc, certaines associations caritatives et les migrants eux-mêmes) dans la pratique de l’éloignement alors que leurs intérêts singuliers tendraient à les positionner de manière différente.
7Anissa Maâ propose alors de recentrer sa recherche sur « la mise en œuvre des retours volontaires à partir d’un triptyque analytique permettant de saisir les articulations entre violence, intermédiation et agencéité migrante » (cf. page 39).
- 1 Bredeloup, Sylvie (2008) L’aventurier une figure de la migration africaine, Cahiers internationaux (...)
8Lors de son enquête de terrain sur le territoire de l’OIM à Rabat au Maroc, Anissa Maâ observe deux groupes de migrants : l’un est Camerounais, l’autre est Guinéen. Ces jeunes formulent leurs démarches de retour comme une « déportation » qu’ils viennent signer dans les locaux de l’OIM. Les Camerounais sont âgés de 20 à 30 ans, et ont un niveau d’étude universitaire. Les Guinéens sont plus jeunes, mineurs, ils nomment Mamou comme point de départ de leur migration qui est pensée comme une possibilité de « devenir adultes hors des structures sociales de la communauté d’origine1 » (cf. page 44).
- 2 Lire à propos de ces enjeux de terminologie : Lapique Claire et Cassarino Jean-Pierre (2020) Entre (...)
9Anissa Maâ s’interroge sur la posture des migrants dans leur adhésion à leur propre éloignement. Le terme « retour volontaire » est de ce fait questionné. Il s’apparente davantage à un « retour résigné », et l’autrice propose un texte2 dans lequel cette sémantique est interrogée. Le projet migratoire peut à l’inverse s’opposer au retour dans le pays d’origine dans la mesure où ce retour sera vécu comme un échec et occasionne la stigmatisation du migrant. Il peut être à contrario présenté comme la seule protection possible, notamment auprès des femmes.
10Anissa Maâ, au travers de témoignages, montre comment les migrants intègrent la mort et la violence dans leur parcours migratoire lors du passage des frontières. La violence émane des États, mais aussi de pairs qui soumettent les migrants à une dépendance organisationnelle dans des camps déstructurés, au sein de la forêt ou dans des ghettos. Cette brutalité est aussi genrée, les femmes sont plus soumises à des violences physiques et sexuelles. Néanmoins, l’autrice positionne les migrants comme des acteurs capables de regagner une forme de dignité dans l’acceptation de cette violence, en la posant comme une épreuve attestant d’une forme de courage : « Ils se réapproprient la violence des frontières dans un registre moral qui valorise la confrontation à la mort en migration » (cf. page 63).
11Anissa Maâ montre alors que les études migratoires proposent deux interprétations possibles de la migration, soit les personnes en situation de migration sont les victimes des politiques de contrôle violentes à leur égard, soit ces personnes possèdent des capacités à manifester leur désapprobation et à développer des stratégies de mouvement. Cette autrice fait le choix de rendre compte du pouvoir d’agir des migrants qui acceptent toutefois la procédure de retour proposée par l’OIM. Elle mène sa recherche à partir d’une constatation sur « une observation de l’agencéité dans le cadre d’une pratique d’éloignement et dans un contexte de violence des frontières » (cf. page 33). Elle montre également comment les migrants se sont positionnés collectivement pour contester les procédures de l’OIM, les astreignant à une temporalité d’attente insupportable pour eux. La réponse de l’OIM (accélérer la procédure pour ceux qui renonceront à l’aide à la réintégration) n’a fait qu’augmenter la colère des migrants : « Pour les protestataires, la proposition de l’OIM est révélatrice du mépris pour l’attente endurée jusqu’alors et pour les espoirs de pallier les difficultés du retour au pays » (cf. page 124).
- 3 OIM (2022) Assistance au retour volontaire et à la réintégration au Maroc. Rapport annuel 2021, [en (...)
12La demande de retour est en effet soumise à certains critères de la part de l’OIM, ne pouvant répondre dans une temporalité courte au vu des nombreuses sollicitations. Ces critères reposent sur le degré de vulnérabilité des migrants, qui sont « les victimes de traite, les mineurs non accompagnés et les cas médicaux » (cf. page 120). Des stratégies sont alors sollicitées pour répondre ou pas, à ces conditions, à savoir paraître plus vulnérables pour retourner plus rapidement ou à contrario se déclarer majeurs pour échapper à un contrôle. Anissa Maâ retient la situation des mineurs guinéens qui choisissent de se déclarer majeurs pour échapper à « un encadrement institutionnel » (cf. page 122) et préfèrent ainsi maîtriser de manière plus libre les formalités du retour. Le rapport de 2022 de l’OIM Maroc montre que les Guinéens sont les migrants les plus demandeurs de retour, ils sont en majorité mineurs, bien qu’enregistrés majeurs3.
13Anissa Maâ étudie comment les migrants construisent un parcours marqué par des hésitations entre le désir de retour et l’envie de poursuivre vers l’Europe, et ce, en fonction de ce qu’ils vivent et supportent au quotidien. Elle analyse le retour de certains migrants comme un incontournable, une forme d’arrangement pour répondre à un devoir ou pour accomplir des appétences de réussite, que seuls, d’après eux, le pays d’origine est à même d’offrir. C’est alors une manière de justifier et de maîtriser le retour volontaire. Ce retour implique aussi de prendre soin de soi pour renvoyer à la famille une image attendue de réussite. Elle démontre au travers d’entretiens que le retour volontaire n’est pas toujours la fin du parcours migratoire, certains migrants repartent « en aventure », elle souligne que les projets d’aide à la réintégration peuvent être inadaptés au regard des espérances des migrants de retour.
14Cette autrice fait le constat empirique que, outre l’OIM, d’autres acteurs interviennent comme « intermédiaires du retour ». Elle les nomme les « intermédiaires humanitaires » et les « intermédiaires indigènes ». Ils sont membres de la Caritas par exemple, une institution d’obédience catholique, dépendante des bailleurs européens, ce qui fait qu’ils œuvrent entre les directives de l’OIM et leur mission caritative. S’ils sont européens, ils occupent des postes plutôt de responsabilité et s’ils sont marocains ou originaires de l’Afrique de l’Ouest et centrale, ils sont chargés de missions moindres, mais qui leur permettent une proximité avec les migrants, étant aussi eux-mêmes d’anciens migrants.
15L’OIM au Maroc sollicite également « les acteurs de l’assistance aux migrants et les leaders communautaires » (cf. page 75). Cet appui est stratégique dans le sens où les migrants leur font plus confiance qu’aux représentants de l’État. Ces acteurs sont formés par l’OIM, ce qui représente pour certains une forme de reconnaissance « dans une perspective de professionnalisation » (cf. page 77).
16Anissa Maâ explore le rôle de ces acteurs faisant partie d’organisations diverses de la société civile, comme étant à l’interface dans les relations entre l’OIM et les personnes en situation de migration. Ils bénéficient de la confiance des migrants et sont aussi susceptibles d’être « formatés » par l’OIM.
17Le discours véhiculé lors des séances de formation à l’attention des « intermédiaires » tend à démontrer que le retour n’est pas un échec, au contraire, la décision du retour est annoncée comme une force, la souffrance vécue se transforme alors en « compétences mobilisables » (cf. page 79). Les intermédiaires humanitaires ont parfois un discours qui se veut plus persuasif que l’OIM. En effet, sous couvert de soutien à des migrants qu’ils pensent vulnérables, ils incitent fortement au retour, Anissa Maâ nomme cette pratique « répression compassionnelle » (cf. page 88). Les intermédiaires sont recrutés aussi parmi les migrants repérés comme subsahariens, pour véhiculer plus de crédibilité au discours tenu, ils sont nommés « éducateurs pairs » (cf. page 94). En effet, le recrutement se positionne alors non pas sur des capacités professionnelles, mais sur une proximité qui sous-tend des capacités naturelles. Ce statut permet à ces intermédiaires, avec le temps d’être régularisés et de devenir salariés contractuels dans le cadre de programmes AVRR. Ils deviennent alors « des artisans à part entière du contrôle de leurs pairs », écrit l’autrice page 96. Toutefois, leur position est parfois en contradiction avec ce qui est attendu de l’OIM. Des relations de proximité peuvent engendrer des soutiens préférentiels en fonction de la nationalité ou des engagements politiques des migrants et ainsi créer des distorsions dans les accompagnements. Certains se désengagent du discours de l’OIM en montrant leur désapprobation quant au retour volontaire. Anissa Maâ nomme ces personnes « des intermédiaires indigènes » qui voient dans leur fonction une reconnaissance qu’ils revendiquent auprès de l’OIM, tout en étant parfois ambigus dans la manière de gérer leur mission, et « profiter de la dépendance des migrants à leurs égards pour monnayer leurs services, « participant aux retours volontaires, tout en facilitant simultanément la circulation de leurs pairs vers l’Europe » (cf. page 108). Ces intermédiaires sont complexes, ils peuvent être à la fois reconnus, mais également désavoués, ce qui les fragilise.
18Néanmoins, l’autrice propose de s’interroger sur le fait que cette intermédiation puisse « échapper au contrôle de l’OIM » (cf. page 37). Une explication de ce phénomène repose sur l’hypothèse que les migrants aient une capacité d’agir qui leur permet une forme de résistance mêlant les incontournables et ce qui est envisageable.
19La recherche d’Anissa Maâ se questionne sur les campagnes d’information de l’OIM véhiculant un discours de dissuasion de la migration irrégulière ou de retour volontaire et sur les méthodes employées. Elles sont diverses et s’appuient sur différents canaux qui peuvent passer par des artistes, sénégalais, guinéens, entre autres.
Analyse critique
20Anissa Maâ observe le profil des migrants africains qui traversent le Maroc en espérant atteindre l’Europe. Ces migrants viennent de divers pays africains subsahariens et traversent de rudes épreuves, des conditions de vie inhumaines et précaires et affrontent l’incertitude quant à leur avenir. Elle reprend le vocabulaire très imagé et empreint de violence, employé par les migrants pour qualifier ces périples, ce qui met en valeur sa recherche empirique. La « frappe » est une technique collective de franchissement des grillages aux frontières, les « choqueurs » sont les migrants qui utilisent cette technique. Le « slackman » est celui qui a peur et qui recule face au danger (cf. page 56). Elle met bien en évidence comment le Maroc, souvent perçu comme une terre de passage, devient pour beaucoup un espace de stagnation forcé et résigné où les possibilités de poursuivre le voyage s’anéantissent.
21Le livre propose une analyse critique des programmes dits de « retour volontaire » mis en place par des institutions comme l’OIM. Sous couvert d’offrir une alternative humanitaire aux migrants bloqués au Maroc, ces programmes s’inscrivent dans une logique plus large de contrôle migratoire. Anissa Maâ montre bien alors comment le terme « volontaire » peut être tronqué. En effet, les migrants, confrontés à l’absence de perspectives, sont souvent poussés à signer leur propre retour faute d’autres options, ce qu’ils nomment « la déportation ».
22L’ouvrage pose clairement les accords entre le Maroc et l’Union européenne pour gérer les flux migratoires. Anissa Maâ montre comment le Maroc est devenu un partenaire incontournable de l’Europe dans l’externalisation des frontières européennes et ce, en renforçant la surveillance de ses frontières et en participant à la gestion des retours. Ces accords ont des conséquences directes sur les migrants, qui se trouvent vulnérabilisés entre des politiques restrictives et un manque de protection.
23Elle restitue la dimension humaine des migrations et des retours forcés. Elle raconte des histoires individuelles de migrants qui, malgré leurs efforts pour atteindre l’Europe, se retrouvent dans une impasse dans laquelle seul le retour paraît envisageable. La « volonté » de retour est souvent un choix par défaut, rendu nécessaire par des circonstances oppressantes, comme la violence, l’épuisement, ou la peur de l’arrestation. Mais l’autrice propose aussi d’analyser ces retours par le biais d’une certaine forme de dignité dont les migrants font preuve. Elle permet de suivre le parcours complexe de certaines personnes, et montre bien la dichotomie entre la vulnérabilité et le pouvoir d’agir, même faible, des migrants. Ces histoires de vie singulières sont retracées et analysées en mettant en valeur toute la complexité des acteurs.
24Son analyse est nuancée et évite les jugements réducteurs. En effet, tout en dénonçant les politiques migratoires injustes, elle reconnaît les dilemmes auxquels sont confrontés les acteurs marocains. Le texte met également en lumière le rôle ambigu du Maroc dans cette gestion des migrations, à la fois protecteur de ses propres intérêts géopolitiques et acteur d’un système de contrôle migratoire sous-traité par l’Europe. À travers sa recherche empirique qualitative, fondée sur des entretiens et des témoignages, elle parvient à démontrer que le concept de « retour volontaire » est souvent un leurre administratif qui masque des réalités beaucoup plus subtiles.
- 4 Senovilla-Hernández Daniel (2021) Légitimité et enjeux méthodologiques lors du travail de recherche (...)
25L’ouvrage d’Anissa Maâ montre également son engagement, son rôle va au-delà de la simple chercheuse, elle se positionne dans l’accompagnement des migrants dans leurs démarches. Cette pratique tend à interroger la position du chercheur. Se situer ainsi dans la recherche fait écho au texte de Daniel Senovilla Hernandez4, dans lequel il explicite que s’engager dans la recherche est éthiquement nécessaire : « Notre contribution sur le terrain a fondamentalement relevé de l’apport d’information juridique et, à différentes occasions, d’actions individuelles d’accompagnement et de soutien. Lors d’accompagnements en audience judiciaire, en ambassade ou en cabinet d’avocats, les jeunes acceptaient de nous livrer des informations sur leur histoire personnelle qui auraient été extrêmement compliquées (et inappropriées) d’aborder dans le cadre de nos autres actions de recherche Ces informations pourraient constituer une sorte de contre-don en échange et reconnaissance tacite de notre engagement et assistance ».
Notes
1 Bredeloup, Sylvie (2008) L’aventurier une figure de la migration africaine, Cahiers internationaux de sociologie, 125 (2) : 281-306.
Dessertine, Anna (2015) Rencontre et mise en scène de soi. De la construction des réseaux chez les migrants guinéens de Rabat, in Nadia Khrouz et Nazarena Lanza Éds., Migrants au Maroc. Cosmopolitisme, présence d’étrangers et transformations sociales, Rabat, Centre Jacques-Berque, pp. 38-44.
2 Lire à propos de ces enjeux de terminologie : Lapique Claire et Cassarino Jean-Pierre (2020) Entre expulsion et retour volontaire, la frontière est fine, CNRS, [en ligne]. URL : https://lejournal.cnrs.fr/nos-blogs/dialogues-economiques-leco-a-portee-de-main/entre-expulsion-et-retour-volontaire-la
3 OIM (2022) Assistance au retour volontaire et à la réintégration au Maroc. Rapport annuel 2021, [en ligne]. URL : https://morocco.iom.int/sites/g/files/tmzbdl936/files/documents/fr_rapport_annuel_avrr.pdf
4 Senovilla-Hernández Daniel (2021) Légitimité et enjeux méthodologiques lors du travail de recherche auprès des mineurs et jeunes migrants non accompagnés, Hommes & migrations, 1333, pp. 21-29. | 2021, [en ligne]. DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/hommesmigrations.12545
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Référence électronique
Marie José Gauthier Pagnon, « Maâ Anissa, « Signer la déportation », Migrations africaines de retours volontaires depuis le Maroc », e-Migrinter [En ligne], 25 | 2025, mis en ligne le 01 avril 2024, consulté le 29 avril 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/e-migrinter/4766 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/13r3g
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