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« Je veux obtenir mon diplôme et avoir une relation gay ». Aspirations des gays chinois en mobilité pour études en France

Cai Chen

Résumés

L’arrivée des étudiants internationaux et des migrants qualifiés d’origine chinoise en France depuis le début du nouveau millénaire marque la plus récente vague d’immigration chinoise dans le pays. La diaspora chinoise en France, loin d’être homogène, regroupe des individus aux origines géographique et sociale mélangées, avec des niveaux d’éducation variés, des parcours migratoires diversifiés, ainsi que des identités de genre et de sexualité diverses. Parmi eux se trouvent les primo-arrivants gays, majoritairement les (anciens) étudiants de l’enseignement supérieur français. À travers leur mobilité géographique pour études, les étudiants gays chinois aspirent non seulement à la mobilité sociale, à l’instar de leurs pairs hétérosexuels, mais également à la mobilité sexuelle, exprimant ainsi leur quête de liberté sexuelle.

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Texte intégral

  • 1 Les informateurs ont été pseudonymisés afin de préserver l’anonymat et la confidentialité. Tandis q (...)
  • 2 WeChat, ou Weixin, est une application mobile chinoise largement utilisée tant en Chine qu’à l’étra (...)
  • 3 Le terme « queer » est employé ici en tant que catégorie d’analyse transcendant les dichotomies de (...)
  • 4 Cette recherche a été réalisée dans le cadre d’un mémoire de Master 2 (Université de Lille, 2021), (...)

1En décembre 2020, lors de mon entretien avec Xin1, un jeune homme gay de 25 ans, originaire du nord de la Chine, il venait de terminer son deuxième master à Paris après avoir passé trois ans et demi en France. Xin a exprimé son désir de trouver un emploi afin de s’installer en France car il « préférait le mode de vie français ». Bien que nous ne nous soyons jamais rencontrés en personne auparavant, notre connaissance mutuelle remonte à 2016. Nous avons tous deux suivi des études de premier cycle en études françaises dans des établissements différents en Chine. Après nos études, le destin nous a conduits vers différents continents : je suis parti travailler en Afrique de l’Ouest — précisément au Mali, au Burkina Faso et au Niger — entre 2016 et 2019, tandis que Xin est allé poursuivre ses études en France. Malgré la distance, nous sommes restés en contact via WeChat2. Au fil du temps, j’ai pu observer, à travers ses WeChat Moments (weixin pengyou quan [cercle d’amis], l’équivalent du mur Facebook), l’évolution de l’expression de son identité gay sur cette plateforme chinoise, son enthousiasme pour l’activisme queer3 et sa sociabilité homosexuelle, ce que j’ai décrit ailleurs comme la (re)socialisation sexuelle en contexte de migration (Chen, 2023). C’est cette observation qui m’a inspiré à mener une recherche4 sur l’interrelation entre migration et sexualité chez d’anciens étudiants gays chinois en France (voir Chen, 2021), au moment où moi-même je suis venu étudier dans le cadre du master en migrations transnationales. Néanmoins, je me concentre, dans cet article, sur les différents aspects des aspirations liées à leur mobilité pour études de la Chine vers la France, autrement dit, leurs motifs de migration.

  • 5 Ainsi, la « mobilité sexuelle » ne se limite pas à ce que H. Carrillo (2017) désigne par « migratio (...)

2Quant au parcours migratoire de Xin, il s’éloigne d’une trajectoire linéaire d’un bout à l’autre. Au départ, il avait participé à un échange d’un seul semestre dans le Grand Est grâce à une coopération interuniversitaire, ayant « toujours rêvé d’étudier à l’étranger depuis le début de son cursus ». Aussitôt diplômé en Chine, il est retourné en France, cette fois en Provence-Alpes-Côte d’Azur, pour entreprendre un master en gestion culturelle dans une université, espérant « continuer à profiter d’une vie préférée et d’acquérir une formation professionnelle ». Comme d’autres gays chinois, il aspirait à « vivre dans un endroit où il n’aurait plus besoin de cacher son homosexualité et pourrait être simplement lui-même ». Deux ans plus tard, il a enchaîné avec un autre master dans la même filière, mais au sein d’une Grande École située à Paris, espérant ainsi augmenter ses chances de trouver un emploi en France à l’issue de ses études. Le parcours de Xin met en lumière l’influence de multiples facteurs à l’œuvre dans le processus décisionnel d’étudier, voire de s’installer, en France. Ses aspirations, liées à la mobilité pour études, sont à la fois plurielles et intersectionnelles, tout comme les diverses formes de mobilité enchevêtrées (« tangled mobilities », voir Fresnoza-Flot et Liu-Farrer, 2022) tout au long de sa trajectoire. Il s’agit notamment d’une mobilité géographique, ici interchangeable avec la migration, qui entraine des mobilités sociales et sexuelles5. Ces dernières renvoient à la circulation des individus à travers différents champs sociaux et sexuels, conformément à l’approche de P. Bourdieu (2013) dans un contexte transnational.

3La trajectoire de Xin souligne trois problématiques essentielles qui sont abordées dans cet article. Premièrement, l’impact des représentations de la France et de son enseignement supérieur sur la motivation des jeunes Chinois aspirant à y étudier. Deuxièmement, les liens entre les études à l’étranger et la mobilité sociale ascendante en Chine contemporaine, et comment les étudiants gays s’approprient cette aspiration normative pour entreprendre une migration « autorisée » — tant par les États que par leur famille. Troisièmement, le rôle de la quête de liberté sexuelle dans la prise de décision de partir étudier et vivre en France. Cette recherche montre que l’Hexagone représente non seulement une destination d’études idéale pour diverses raisons, mais aussi un « paradis gay » qui attire ces jeunes gays chinois. Étudier à l’étranger est devenu une normativité, en Chine contemporaine, pour les familles chinoises des classes moyenne et supérieure, ce qui a été approprié par ces étudiants gays comme un moyen de s’échapper d’un environnement homophobe. Ces migrants aspirent à une mobilité sociale ascendante grâce à l’obtention d’un diplôme étranger — fruit d’une mobilité géographique à des fins éducatives — survalorisé sur le marché du travail en Chine. Cette aspiration est intrinsèquement associée à leur quête de liberté sexuelle, ou à la mobilité sexuelle. Ces résultats empiriques fournissent un cas d’étude unique et stimulant pour examiner comment la sexualité peut motiver la migration des minorités sexuelles et de genre, en conjonction avec d’autres facteurs socio-économiques.

  • 6 Cet acronyme fait référence aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres/transsexuelles (...)

4Étudier les étudiants gays comme cas d’étude constitue, d’une part, une rupture avec les catégories migratoires définies par les régimes de migration des États-nations, telles que réfugié, demandeur d’asile, étudiant, travailleur qualifié ou migrant irrégulier. D’autre part, cela remet en question la littérature existante sur les migrations internationales des minorités sexuelles et de genre, ou des personnes LGBT+6, qui se concentre principalement sur les migrations dites « forcées » ou « irrégulières » vers les pays néolibéraux perçus comme queer friendly. Située à l’interface des études sur la mobilité étudiante et des recherches sur la migration queer, cette étude vise à ne pas réduire les motivations et aspirations des migrants à des catégories administratives préétablies, souvent rigides et statiques. En se focalisant sur un groupe spécifique — les étudiants gays chinois en France —, cet article se veut une invitation à accorder une plus grande attention à la multiplicité des aspirations, des trajectoires, des statuts et des expériences vécues des personnes LGBT+ en migration, indépendamment de leur statut administratif.

Sexualité, études et migration

5Au cours des dernières décennies, les théories de migration, allant au-delà de la rationalité économique, s’orientent vers une exploration approfondie des processus migratoires complexes, des expériences vécues diverses et de la subjectivité des individus appartenant à divers groupes nationaux, ethniques, de genre, de classe sociale et de sexualité (Carling et Schewel, 2018 ; de Haas, 2021 ; Fresnoza-Flot, 2024). Cette évolution transcende le modèle conventionnel « push-pull », réorientant la recherche vers l’examen des « moteurs » (drivers) — plutôt que des « déterminants » ou des « causes » — de migration du point de vue externe, ainsi que des « aspirations » ou des « désirs » des migrants, tout en considérant l’interaction entre la structure et l’agentivité des individus (Carling et Collins 2018). Dans le sillage des conceptualisations de la notion de « migration aspiration » (aspiration migratoire) par J. Carling et K. Schewel (2018, pp. 953‑954), cette étude empirique appréhende celle-ci comme une comparaison à la fois de lieux — et des significations qui leur sont attribuées — et de projets — élaborés dans divers contextes socioculturels avec des attentes spécifiques —, ainsi qu’une question d’identité, en l’occurrence, l’identité sexuelle dans cette recherche. En outre, ces trois approches de l’aspiration migratoire s’entrelacent et se renforcent mutuellement à travers l’espace-temps, forgées dans une interaction entre des facteurs macro, méso et micro (Fresnoza-Flot, 2024).

6D’autant plus, la distinction entre les valeurs instrumentales et intrinsèques de la migration (Carling, 2024, pp. 1772-1774 ; de Haas, 2021, pp. 18‑19) constitue un point commun entre ces trois approches. La dimension instrumentale de l’aspiration migratoire, largement étudiée dans les recherches sur les migrations et les mobilités, considère la migration comme un moyen fonctionnel ou utilitaire servant des objectifs précis : fuir la guerre ou la persécution, accéder à un meilleur salaire et de meilleures conditions de vie, ou encore favoriser l’ascension sociale. Cette approche s’aligne avec l’analyse rationnelle des motivations des migrants. À l’inverse, la dimension intrinsèque renvoie aux valeurs et significations personnelles associées à l’expérience migratoire, autrement dit aux aspirations de vie intrinsèquement valorisées en contexte de migration. Un exemple marquant est celui des recherches sur « lifestyle migration » (migration liée au style de vie, voir Benson et O’Reilly, 2009), qui soulignent le rôle, partiel ou intégral, d’aspirations telles qu’une meilleure qualité de vie, le bien-être, la liberté sexuelle ou la reconnaissance sociale dans le processus décisionnel de migration. Il convient de noter que ces deux dimensions ne sont pas exclusives : elles peuvent se manifester simultanément et se renforcent souvent mutuellement (Carling, 2024 ; de Haas, 2021). Ainsi, la mobilité pour études des gays chinois ne se résume pas à une simple recherche instrumentale d’épanouissement professionnel ou d’ascension sociale ; elle est également portée par un désir intrinsèque d’un « autre » mode de vie, d’exploration culturelle, d’affirmation identitaire et de liberté sexuelle.

  • 7 Pour une analyse similaire du cas des réfugiés et des demandeurs d’asile LGBT+, voir F. Chossière ( (...)

7Les travaux anglo-saxons sur la migration queer ou sexuelle ont joué un rôle central dans l’introduction de la sexualité dans les discussions sur les moteurs de migration (Gorman-Murray, 2007 ; Luibhéid, 2008 ; Mai et King, 2009 ; Manalansan IV, 2006). Des chercheurs tels que L. Cantú (2009) et H. Carrillo (2017) ont souligné l’importance de fuir l’oppression sexuelle, qu’elle émane de la famille ou de la société, ainsi que le désir de la liberté sexuelle en tant que principaux moteurs de migration pour des hommes gays et bisexuels mexicains. Les recherches francophones ont également mis en lumière le rôle crucial de la sexualité dite non normative dans la prise de décision d’émigrer, notamment chez les migrants subsahariens (Awondo, 2009) et maghrébins (Gouyon, 2010), ainsi que parmi les réfugiés et demandeurs d’asile (Bouchet-Mayer, 2023 ; Chossière, 2022a). Il est important de noter que certains auteurs reconnaissent explicitement que, pour des individus, en particulier ceux issus de milieux sociaux défavorisés, leur prise de décision d’émigrer peut être façonnée par une combinaison de libération sexuelle et d’opportunités socio-économiques (par exemple Carrillo, 2017, p. 68). Cependant, pour ceux que les régimes de migration catégorisent comme « migrants réguliers »7, tels que les étudiants internationaux ou les migrants qualifiés, leurs aspirations migratoires tendent à être réduites à des catégories préétablies, rigides et statiques, ce qui limite l’examination de leurs motivations individuelles et de leurs aspirations intrinsèques au-delà de la valeur instrumentale de la migration.

8En France, les recherches sur les migrations étudiantes ont connu une croissance significative au cours de la dernière décennie (par exemple Li, 2016 ; Niandou, 2017). Ce corpus de littérature, explorant les déplacements des individus à des fins d’éducation internationale, se situe à l’interface entre l’offre de l’industrie globalisée de l’éducation, qui propose un enseignement supérieur d’élite à but lucratif, et la demande des étudiants aspirants et de leur famille, désireux d’accumuler le capital social et culturel au service de la (re)production des inégalités sociales dans leur pays d’origine (Findlay, 2011 ; Jamid et al., 2020). L’augmentation marquée du nombre d’étudiants chinois inscrits dans les universités françaises, y compris les Grandes Écoles, constitue un exemple remarquable dans ce contexte, donnant naissance à une nouvelle vague d’immigration chinoise (Attané, 2022 ; Du et al., 2021 ; Wang, 2020). Cependant, les étudiants sont des sujets complexes, qui peuvent être également des membres de la famille, citoyens de leur pays, travailleurs, réfugiés ou demandeurs d’asile, et appartenir à des groupes minoritaires marginalisés (sexuels, religieux, ethniques, racisés, etc.). Par conséquent, ils méritent d’être étudiés à l’intersection de multiples positions et sphères sociales (King et Raghuram, 2013). Ainsi, l’examen des aspirations migratoires d’étudiants gays chinois en France constitue une étude empirique rafraîchissante qui met en lumière les valeurs intrinsèques de la migration pour études. Dans une perspective heuristique, les éclairages empiriques de cet article visent à approfondir les discussions sur les multiples facettes des aspirations liées à la mobilité des étudiants et des minorités sexuelles, grâce à une base de données ethnographiques recueillies par Internet auprès d’(anciens) étudiants gays d’origine chinoise en France.

Une enquête ethnographique par Internet

  • 8 On peut citer comme exemples le Collectif Sésame F (zhima she), basé à Paris, et le Ouzhou Huaren T (...)
  • 9 La grille d’entretien est structurée autour des trois phases migratoires : avant, pendant et après (...)

9L’ethnographie dite « virtuelle » (Hine, 2000) a été employée dans le cadre de cette étude en raison de la nature de l’hyperconnectivité numérique des LGBT+ chinois (voir Chen, 2024), ainsi que de l’influence, dans une moindre mesure, de la pandémie de COVID-19. Les méthodes de collecte de données comprenaient des observations participantes effectuées entre 2020 et 2021 sur diverses plateformes en ligne, notamment dans le cyberespace queer (forums, sites web, médias sociaux tels que WeChat, Facebook, Instagram) et des applications de rencontres géolocalisées comme Grindr, Romeo et Blued, ainsi que par la participation à 14 événements en ligne organisés par des associations LGBT+ de et pour la diaspora chinoise8. De plus, des entretiens semi-directifs ont été menés à distance avec 16 informateurs par le biais de visioconférences ou d’appels. Les entretiens, d’une durée moyenne d’une heure et 22 minutes, ont été conduits en mandarin à l’aide d’un guide structuré selon une perspective de parcours de vie9. Le consentement préalable a été obtenu, et les entretiens ont été enregistrés — à l’exception d’un seul, à la demande de l’informateur — puis retranscrits pour l’analyse thématique.

10Les 16 informateurs, âgés de 22 à 38 ans, étaient tous nés en Chine continentale et avaient suivi, au moins en partie, leurs études de premier cycle là-bas. La majorité provenait de milieux urbains aisés et poursuivait ou avait déjà obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur en France. Cependant, malgré certaines similitudes, ce groupe d’informateurs restait hétérogène à divers égards, notamment le lieu de naissance, le parcours éducatif (discipline et niveau d’études), la révélation de leur orientation sexuelle, l’emploi, la durée de leur séjour en France (allant d’un à 16 ans) et la vie intime (cinq étaient en couple). Parmi ces informateurs, huit étaient encore étudiants au moment des entretiens. Quatre d’entre eux étaient retournés en Chine après avoir passé plusieurs années à étudier (et à travailler) en France, tandis que les quatre autres étaient restés en France en tant que migrants qualifiés ou jeunes diplômés à la recherche d’emploi.

Étudier en France : entre stratégies et imaginaires

11En raison de l’émergence de la classe moyenne chinoise et l’évolution de la stratification sociale depuis la réforme et l’ouverture (gaige kaifang) du pays en 1978, la Chine a enregistré une croissance exponentielle du nombre d’étudiants à l’étranger au cours des vingt dernières années, devenant ainsi l’une des principales sources d’étudiants internationaux, en particulier vers l’Occident (Xiang et Shen, 2009). En 2020, la France, classée sixième pays d’accueil de mobilité étudiante dans le monde, comptait 27 479 étudiants chinois inscrits pour l’année 2020-2021. Cela plaçait la Chine en troisième position parmi les pays d’origine des étudiants étrangers en France, juste derrière deux pays francophones, à savoir le Maroc et l’Algérie (Campus France, 2023). Depuis le début du XXIe siècle, ce nouveau flux s’inscrit dans une longue histoire de l’immigration chinoise, entrainant une évolution de la composition sociodémographique de la diaspora chinoise (Attané, 2022). En comparaison avec les vagues précédentes, ces étudiants ou migrants qualifiés, eux aussi formés en France, proviennent généralement de milieux sociaux plus favorisés, ont des origines géographiques diversifiées et disposent de ressources économiques et culturelles plus importantes.

12Pour la plupart des informateurs, étudier à l’étranger constituait un moyen d’accéder à une meilleure éducation, de renverser la situation des « perdants » du gaokao (baccalauréat chinois) — caractérisé par une forte pression et une compétition brutale —, ou d’échapper à ce dernier en entamant des études supérieures dans des universités prestigieuses à l’étranger. Romain, migrant qualifié de 35 ans, partage son expérience :

« Lorsque j’étais en première année [d’université], j’étais frustré. J’avais obtenu plus de 600 [sur 750] au gaokao, mais je me suis retrouvé dans cette université « pourrie ». [...] J’ai toujours eu honte de porter cette étiquette [de mon université]. Un jour, mon professeur d’anglais de l’époque nous a dit qu’il n’était pas si cher d’étudier en Europe de l’Ouest, par exemple la France et l’Allemagne. Comme la situation financière de ma famille le permettait, j’ai commencé à me demander si j’irais en France ou en Allemagne pour obtenir un diplôme plus valorisé. » (Entretien réalisé le 22 avril 2021)

13Malgré les pays anglophones dominant la hiérarchie, la France se positionne, pour les étudiants chinois, comme une destination d’études stratégique et attrayante pour diverses raisons : des frais d’inscription nettement moins élevés que dans les pays anglo-saxons, la qualité de son enseignement supérieur, le riche patrimoine culturel, incluant l’envergure mondiale de la langue française, et la valorisation du diplôme étranger sur le marché du travail chinois. Tao, étudiant en licence de 22 ans, s’est inscrit dans une université française après deux ans de cursus préparatoire et linguistique en Chine, grâce à un programme de partenariat bilatéral. Il partage lors d’entretien :

« Avec mes résultats du gaokao, je ne serais jamais admis dans l’une des meilleures universités chinoises. […] Initialement, je songeais à étudier au Royaume-Uni ou aux États-Unis, mais il est trop cher d’étudier là-bas et je voulais soulager le fardeau financier de ma famille […]. En plus, j’étais passionné par l’apprentissage de nouvelles langues, en particulier le français, que je considérais comme un atout pour ma future carrière. Je croyais fermement que la combinaison d’une éducation et d’une expérience de travail à l’étranger renforcerait ma compétitivité sur le marché du travail. » (Entretien réalisé le 20 décembre 2020)

14Certes, étudier en France confère aux étudiants des avantages dits supplémentaires dans la concurrence intense pour les ressources limitées et les opportunités d’ascension sociale de plus en plus restreintes en Chine.

  • 10 Avant leur arrivée en France, ces informateurs partageaient une perception idéalisée de l’Occident (...)

15À la différence de Tao, six informateurs, parmi lesquels Xin (mentionné ci-avant), ont obtenu une licence en études françaises en Chine. Pour eux, étudier en France représentait une progression naturelle et logique, d’autant plus qu’ils bénéficiaient du soutien familial. Malgré les parcours éducatifs divers, leur passion commune pour les langues et cultures occidentales, que l’on pourrait qualifier de « rêve cosmopolite », a émergé dès leur adolescence à la découverte de ces horizons. Avec l’avènement des technologies de l’information et de la communication, divers produits culturels occidentaux tels que le cinéma, les séries et la musique, ainsi que les représentations des sociétés occidentales, se sont répandus en Chine post-maoïste. Lorsque ces informateurs partageaient leurs perceptions ou leurs imaginaires de la France, tous évoquaient une « autre vie » imaginée où « la société est plus libre et ouverte en général, et favorable aux minorités sexuelles en particulier », le « mariage pour tous » étant souvent cité comment argument10. Jie, étudiant en master de 26 ans, commente ainsi :

« Mon objectif primaire était de poursuivre un master, voire un doctorat, en France, mais l’environnement sociétal gay-friendly constituait également un avantage supplémentaire. » (Entretien réalisé le 20 janvier 2021)

La mobilité sociale ascendante : une aspiration normative

16Tous les informateurs sont ou étaient des étudiants autofinancés, à l’exception de Pengfei, doctorant de 26 ans, qui a obtenu des bourses françaises pour son master et son doctorat. Ils dépendent largement du soutien financier de leur famille pour concrétiser leur projet d’études. En outre, ce projet bénéficie du soutien émotionnel de leur famille, l’enseignement supérieur étant perçu dans la Chine contemporaine comme un levier d’ascension sociale. À travers l’éducation internationale de leurs enfants, les « nouveaux riches » chinois transforment leur capital économique en capital culturel et social reconnu à l’échelle internationale (Xiang et Shen, 2009). Ce dernier peut ensuite être converti en capital symbolique (Bourdieu, 1986), facilitant l’atteinte ou la sécurisation d’un statut social privilégié en Chine. Néanmoins, au-delà de l’accumulation, la convertibilité entre différentes formes de capital joue un rôle crucial dans ce processus de (re)production des inégalités sociales, en particulier au moment du retour de ces diplômés dans un contexte local (Niandou, 2017 ; Waters, 2009). Ainsi, l’éducation internationale est devenue une aspiration normative et partagée parmi les familles chinoises urbaines des classes moyenne et supérieure.

17Comme Tao l’a souligné précédemment, ses études en France étaient perçues par sa famille et lui-même comme un investissement rationnel dans le capital humain, c’est-à-dire l’ensemble des compétences et de l’expérience acquises à l’étranger, en adéquation avec les exigences du marché du travail en Chine. Dans le contexte actuel où un grand nombre de « diplômés de retour » (surnommés haigui, « tortues marines ») rejoignent le marché du travail chinois, de nouvelles perceptions critiques émergent à l’égard des diplômes étrangers (Li, 2020). C’est pourquoi Tao envisageait non seulement de maîtriser une seconde langue étrangère, mais aussi d’acquérir une expérience professionnelle en France avant de retourner en Chine, plutôt que de se contenter d’une simple expérience éducative à l’étranger. Cependant, tous les informateurs n’étaient pas certains de retourner à la fin de leurs études. Bien que leurs parents souhaitent en général qu’ils retournent immédiatement après l’obtention de leur diplôme, beaucoup envisageaient de travailler en France, voire ailleurs en Europe, pendant au moins quelques années, afin de profiter d’une vie « libérale » et acquérir des expériences valorisées s’ils trouvaient des opportunités. Dans le cas contraire, le retour en Chine n’était pas exclu non plus.

18En somme, la mobilité géographique des étudiants chinois est étroitement liée à leur mobilité sociale, tandis que la famille y joue un rôle central en leur apportant un soutien financier et émotionnel, que ces fils gays ont approprié comme un moyen d’émancipation. Quant à l’homosexualité, elle semble donc constituer un moteur significatif, bien que souvent discrète.

La quête de liberté sexuelle : une aspiration intrinsèque

19L’homosexualité, considérée comme contre nature et non reproductive, a été stigmatisée par la société chinoise et réprimée par l’État au XXe siècle, tandis que l’érotisme entre personnes de même sexe a longtemps coexisté avec le mariage hétérosexuel et a été toléré tout au long de l’histoire de la Chine (Chou, 2000). La réforme et l’ouverture ont apporté non seulement le capitalisme, mais aussi des changements socioculturels à la société chinoise postsocialiste, sans pour autant indiquer une évolution fondamentale de l’éthos social à l’égard de l’homosexualité ni l’adoption de droits égaux pour les minorités sexuelles et de genre (Wei, 2020). Se trouvant dans les contradictions entre les politiques sexuelles néolibérales — la libération sexuelle et l’émergence des identités LGBT+ — et le famillisme néo-traditionnel ou « néo-confucéen » (Luo et al., 2022) — la pitié filiale et les obligations de se marier et se reproduire —, les Chinois LGBT+ cherchent à s’échapper d’un environnement familial et sociétal homophobe et hétéronormatif à travers la mobilité géographique, qu’elle soit interne ou transnationale (voir aussi Kam, 2020 ; Luo, 2022 ; Miège, 2020 ; Wang et Rault, 2022). Il convient de souligner que, pour les jeunes issus de familles privilégiées, vivre ou expérimenter la vie « libérale » et « ouverte » en Occident, imaginée comme un « paradis gay », devient dès lors une aspiration intrinsèquement liée à leur mobilité pour études, même si celle-ci n’est pas divulguée à leur famille.

20C’est le cas de la plupart des informateurs de cette étude. Shuai, étudiant en licence de 27 ans, déclare : « J’avais deux objectifs pour étudier en France : l’un était d’avoir une relation amoureuse [avec un homme], l’autre était d’obtenir le diplôme. » Bien que Romain ait mis l’accent sur son souhait d’accéder à une meilleure éducation (voir ci-avant), il aspire également à une vie homosexuelle occidentale comme montrent les séries américaines :

« Je me souviens que lorsque j’étais en troisième année de licence, il y avait une série américaine intitulée « Queer as Folk » dont j’ai regardé tous les épisodes. Bien sûr, je rêvais de ce genre de vie. Je voulais partir à l’étranger, et ce désir est devenu de plus en plus fort. » (Entretien réalisé le 22 avril 2021)

21Certes, « Queer as Folk » a été pris comme un exemple remarquable par plusieurs informateurs qui rêvaient de « ce genre de vie gay ». Hao, diplômé de master de 26 ans, était certain qu’il aurait plus de liberté en tant que gay en France s’il pouvait un jour y étudier. Il raconte :

« Je voulais étudier à l’étranger pour découvrir la vie que j’avais vue dans des séries ou des films étrangers [...] non seulement sur les scènes gays, mais aussi sur la société et la culture libérales au sens large. » (Entretien réalisé le 23 décembre 2020)

22La quête de liberté sexuelle se traduit par leur désir d’« être vraiment eux-mêmes » et de « cesser de cacher leur homosexualité », ce qui occupe une place essentielle dans leurs aspirations aux études dans un « pays plus ouvert et plus favorable aux minorités sexuelles ». La migration étudiante est ainsi mobilisée comme une stratégie pour fuir, même si temporairement, les contradictions entre le néolibéralisme et le néo-traditionalisme en Chine, tout comme le cas des étudiantes chinoises en Australie cherchant à négocier les normes sociales genrées (Martin, 2022).

Vers une approche des aspirations migratoires tout au long du parcours de vie

23En conclusion, il est possible de considérer la quête de liberté sexuelle comme une aspiration intrinsèque, mêlée à celle instrumentale — soit la mobilité sociale — dans le contexte de la mobilité pour études chez d’(anciens) étudiants gays chinois en France. Toutefois, la séparation des dimensions instrumentales et intrinsèques des aspirations migratoires ne suggère pas qu’elles sont parallèles, mais plutôt qu’elles sont entrelacées et co-constitutives. Tandis que l’aspiration intrinsèque est souvent éclipsée par une motivation dite « principale », plus socialement acceptable, tenter d’identifier une motivation dominante ou universelle risquerait de nous enfermer dans une vision réductrice supposant une « cause fondamentale » à la migration.

24Lorsque je leur ai posé la question : « Quand pourriez-vous envisager de sortir du placard ? », les réponses étaient assez similaires : ils n’envisageraient pas de révéler leur orientation sexuelle à leurs parents sans qu’ils n’aient atteint l’autonomie financière, c’est-à-dire un emploi stable et bien rémunéré, et que cela ne soit justifié par la mise en relation durable avec leur compagnon. Sinon, ils préféraient vivre une « double vie » en cachant leur homosexualité à leurs parents, sous le prétexte de ne pas vouloir se marier. Plus qu’une simple solution temporaire, étudier à l’étranger permet à certains gays chinois, d’une part, d’envisager une installation permanente en Europe pour embrasser pleinement leur homosexualité — malgré les politiques migratoires sélectives —, et d’autre part, d’augmenter leurs chances de trouver un emploi au retour dans de grandes villes chinoises. Le retour valorisé leur permettrait d’avoir un confort matériel et de profiter du milieu urbain plus tolérant, tout en maintenant une distance avec leur famille natale.

25En d’autres termes, les futures recherches sur les motifs de migration, en particulier celles concernant des sujets complexes comme les étudiants internationaux, ne doivent pas se confiner aux aspects purement instrumentaux de la mobilité humaine. Ces étudiants méritent d’être analysés à l’intersection de multiples positionnalités et domaines de vie sociaux (King et Raghuram, 2013). De plus, leurs motivations à étudier à l’étranger ne peuvent être dissociées de leurs aspirations ni de celles de leurs parents, tout au long de leur parcours de vie (Findlay et al., 2012). Malgré l’accent mis, dans le présent article, sur le niveau micro, on ne pourrait pas négliger l’interaction entre les structures macrosociales telles que le changement social, les normes et les politiques, les facteurs au niveau méso comme la famille, les représentations sociales et l’infrastructure migratoire, ainsi que la subjectivité, les émotions et l’agentivité des individus (Fresnoza-Flot, 2024). Évidemment, l’expérience des étudiants internationaux gays ne peut pas représenter l’ensemble des migrants queer, qu’ils soient en statut migratoire régulier ou non. Néanmoins, cette étude pourrait se vouloir plaider en faveur d’une approche holistique pour appréhender les motifs d’émigrer des personnes LGBT+, en combinant les valeurs instrumentales et intrinsèques de la migration dans le parcours de vie des individus (voir aussi Ponce et Chen, 2023 ; Chossière, 2022b ; Wimark, 2016).

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Bibliographie

Attané, Isabelle (2022) L’immigration chinoise en France, Population, vol. 77, n°2, pp. 229‑262.

Awondo, Patrick (2009) Trajectoires homosexuelles et migration transnationale  : expériences de Camerounais en couple avec des Français à Paris, Diasporas : histoire et sociétés, n°15, pp. 37‑51.

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Notes

1 Les informateurs ont été pseudonymisés afin de préserver l’anonymat et la confidentialité. Tandis que la plupart portent un nom chinois, deux ont reçu un nom français, conformément à leur préférence dans la vie réelle.

2 WeChat, ou Weixin, est une application mobile chinoise largement utilisée tant en Chine qu’à l’étranger.

3 Le terme « queer » est employé ici en tant que catégorie d’analyse transcendant les dichotomies de genre et de sexualité, plutôt qu’une simple catégorie identitaire.

4 Cette recherche a été réalisée dans le cadre d’un mémoire de Master 2 (Université de Lille, 2021), co-dirigé par Nathalie Coulon et Asuncion Fresnoza-Flot, à qui j’exprime ma gratitude. L’article issu de cette recherche a bénéficié des commentaires enrichissants des évaluateurs anonymes.

5 Ainsi, la « mobilité sexuelle » ne se limite pas à ce que H. Carrillo (2017) désigne par « migration sexuelle », un concept également discuté dans la partie suivante de cet article (voir aussi la conceptualisation de la « mobilité sexuelle » par J. Farrer, 2022).

6 Cet acronyme fait référence aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres/transsexuelles et à d’autres individus non conformes. Cette recherche se concentre sur les hommes gays en raison des différences entre des sous-groupes concernant la sociabilité et les normes sociales genrées.

7 Pour une analyse similaire du cas des réfugiés et des demandeurs d’asile LGBT+, voir F. Chossière (2022b).

8 On peut citer comme exemples le Collectif Sésame F (zhima she), basé à Paris, et le Ouzhou Huaren Tongzhi Zhongxin (Centre européen des LGBT+ chinois, traduction de l’auteur), situé à Prague en République tchèque.

9 La grille d’entretien est structurée autour des trois phases migratoires : avant, pendant et après les études en France. Il accorde une attention particulière aux trajectoires familiales, éducatives, professionnelles et conjugales des informateurs, ainsi qu’à l’évolution de leurs statuts et rôles : du passage de l’adolescence à l’âge adulte, du lycée à l’université, de l’étudiant au travailleur, du célibat à la vie de couple, et à leur relation d’interdépendance avec le parcours de vie de leurs parents.

10 Avant leur arrivée en France, ces informateurs partageaient une perception idéalisée de l’Occident comme un « paradis gay », en opposition à une Chine perçue comme homophobe et conservatrice. Cependant, leur vie post-migratoire a vite été marquée par une désillusion face au racisme anti-asiatique, au racisme sexuel dans la communauté LGBT+ et à l’homonationalisme. En réalité, la dichotomie « oppression » versus « libération » est une perception simpliste qu’il convient de déconstruire. Leurs expériences migratoires, qu’elles soient internes ou internationales avant leur arrivée en France, la persistance de l’homophobie au sein de la communauté diasporique et la perspective d’un éventuel retour au pays natal après leurs études complexifient cette opposition. Ces enjeux, hors du cadre de cet article, ont été traités ailleurs (voir Chen, 2023 ; Chen et Ponce, 2024).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Cai Chen, « « Je veux obtenir mon diplôme et avoir une relation gay ». Aspirations des gays chinois en mobilité pour études en France »e-Migrinter [En ligne], 25 | 2025, mis en ligne le 01 avril 2025, consulté le 30 avril 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/e-migrinter/4731 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/13r39

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Auteur

Cai Chen

Doctorant-assistant, Université libre de Bruxelles (ULB), Laboratoire d’anthropologie des mondes contemporains (LAMC), Bruxelles, Belgique ; cai.chen[at]ulb.be

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Droits d’auteur

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