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Notes de lecture

La médiatisation de la formation et de l’apprentissage : rôles et effets des dispositifs médiatiques

Mélanges offerts à Daniel Peraya
Jacques Wallet
Référence(s) :

Claire Peltier (dir), La médiatisation de la formation et de l’apprentissage : rôles et effets des dispositifs médiatiques, Mélanges offerts à Daniel Peraya, coll. Culture et communication, DeBoeck, 20141

Notes de la rédaction

« Depuis près d’un siècle et demi, l’usage existe dans le monde universitaire d’offrir à un maître un volume d’articles rédigés en son honneur par ses élèves, ses collègues et ses amis, soit en français des « mélanges » …

Ainsi commence un article de Françoise Waquet2, qui se penche sur le genre universitaire bien particulier des "mélanges". Au cours de ses analyses, elle décrit la cérémonie au cours de laquelle ils sont remis puis exprime – et argumente - une inquiétude (…) "ouvre-t-on et lit-on l’ouvrage dans ces cérémonies-là ? Au mieux, on parcourt la liste de ceux qui ont contribué à la publication et on admire la qualité de l’impression. (…). Les mélanges n’auraient-ils donc pas pour raison première d’être remis, c’est-à-dire mis dans les mains de leur dédicataire afin de l’honorer et de lui dire, lors d’une manifestation publique et solennelle, ce que « par routine ou par pudeur, on n’a jamais su exprimer » Alors, les articles qu’ils contiennent peuvent fort bien ne jamais être lus".

Bien convaincus du contraire, et désireux que les lecteurs de DMS ouvrent eux-mêmes ces mélanges offerts à Daniel Peraya, soutien indéfectible de D&S, puis de DMS, nous avons demandé à Jacques Wallet de s’y plonger, et d’en livrer sa propre lecture. Puis nous avons emprunté à Claire Peltier, qui a dirigé l’ensemble de l’ouvrage, la présentation des contributions de chaque auteur, et attirons l’attention sur l’impressionnante "Bibliographie sélective, reflets d’un parcours en quelques cailloux blancs : bibliographie sélective des travaux de Daniel Peraya", courant sur pas moins de 23 pages.

Texte intégral

1Sous la direction de Claire Peltier, cet ouvrage se différencie de la plupart des mélanges par le fait qu’il présente des études inédites et poursuit un objectif double : celui de mettre conjointement en valeur un collègue prestigieux et un (son) cadre de recherche multiréférencé. Cet ouvrage se situe donc au croisement de plusieurs disciplines « non pas comme une suite de textes cloisonnés dans leurs champs disciplinaires respectifs », mais plutôt comme une sorte dialogue avec Daniel Peraya, « à travers sa principale thématique de recherche : l’articulation de la médiatisation des dispositifs de formation et de leurs effets ».

2Il est impossible de résumer dans cette présentation un tel ouvrage tant il est riche et pluriel.

3L’ouvrage est divisé en quatre parties

  • sémiotique et communication éducative médiatisé

  • les dispositifs de formation éducative médiatisés et leurs effets, réflexions théoriques et méthodologiques

  • médiation culturelle et sociale dans le processus de mise en usage des dispositifs de formation médiatisée

    • 3 Immodestie des chercheurs ? On pourrait penser en effet que l’inverse : « les concepts à l’épreuve (...)

    des pratiques pédagogiques à l’épreuve des concepts de médiation et de médiatisation3

4Le casting des contributeurs est impressionnant et souligne la richesse de la pensée francophone dans le domaine : Jean-Paul Bronckart , Jean-Pierre Meunier,.Alain Jaillet , Geneviève Jacquinot-Delaunay, Bernadette Charlier, Christian Depover, Geneviève Lameul, Mireille Bétrancourt ,Pierre Mœglin Jean-François Cerisier, Philippe Bonfils, Didier Paquelin, Pierre-Jean Loiret , François Larose et Vincent Grenon.

5Dans la postface de ces mélanges, Daniel Peraya , affirmant sa pensée systémique qui prend ses racines lors de l’émergence de l’audiovisuel, répond a certains des auteurs, prolongeant sur certains points un débat conceptuel qui, comme il le souligne, « se nourrit de liens forts, tressés progressivement au cours de collaborations nées, puis consolidées dans le cadre de projets suisses, européens et internationaux. Il démontre, s’il fallait encore, que la recherche est plus que jamais l’affaire de réseaux et de collectifs, de communautés d’intérêt et de pratique au sein desquelles la littérature, mais surtout la réalité du terrain l’ont montré, la socialité et la convivialité ont leur place. »

6Bien sûr, la lecture de l’ouvrage nous montre que certaines des contributions sont plus « intemporelles » que d’autres, chacun sait que dans le domaine de la technologie éducative et des médias en général, les usages se modifient rapidement comme les concepts plus ou moins pérennes qui leur sont liés… Mais cet ouvrage reste, n’ayons pas peur de le dire, indispensable pour tout laboratoire de sciences humaines ; pour tout chercheur, novice ou vétéran, dans le domaine des formations médiatisée.

7La lecture de l’ouvrage pourra être linéaire, mais faite aussi en fonction d’auteurs à découvrir ou à redécouvrir, peut être aussi à partir du précieux index qui souligne en creux, s’il en était besoin, que notre vocabulaire « scientifique » de recherche, fût-il plus ou moins unifié, reste largement (et cela laisse la place pour de nombreux ouvrages futurs) polysémique…

Claire Peltier, extrait de l’introduction aux "Mélanges", p. 16-18

8"La première partie de cet ouvrage, intitulée « Sémiotiques et communication éducative médiatisée », constitue une première incursion dans l’exploration du cadre de recherche développé par Daniel Peraya. Nous l’avons souligné, les aspects communicationnels, notamment sémiotiques et sémiopragmatiques, qui fondent l’ensemble de ses recherches constituent une part importante de son apport au domaine de la communication et de la formation médiatisées.

9Le chapitre 1, rédigé par Jean-Pierre Meunier, co-auteur avec Daniel Peraya d’un important ouvrage de référence dans le domaine des théories de la communication5, fait le lien entre deux des mondes dans lesquels a évolué Daniel Peraya durant près de quarante ans : les sciences de la communication et les sciences de l’éducation, tout en abordant l’articulation entre sémiotique et cognition sous l’angle d’un nouveau regard : celui de la réflexivité.

10Le chapitre 2, écrit par Alain Jaillet et intitulé « Daniel Peraya, un homme dans les nuages », semble d’emblée teinté d’une coloration toute personnelle. Pourtant, la question abordée dans ce texte porte avant tout sur la lecture des « interfaces des plateformes d’enseignement à distance » d’un point de vue sémiologique. Abordée il y a plusieurs années par Daniel Peraya et collaborateurs (Peraya, 1998, Peraya et Collard, 2008), la question des métaphores dans les environnements technopédagogiques est revue par Alain Jaillet à la lumière des notions d’affordances et de neurones miroirs, dans une perspective compréhensive des éléments qui président à la construction du sens et à l’activité humaine au sein de ces environnements.

11Le chapitre 3 est l’oeuvre de Geneviève Jacquinot-Delaunay, dont les travaux ont toujours été considérés par Daniel Peraya comme précurseurs dans le domaine de la communication éducative médiatisée. La complicité intellectuelle – mais aussi amicale – qui les lie est bien palpable à la lecture de ce texte conçu comme une partition à deux voix dont les mélodies se répondent. Geneviève Jacquinot-Delaunay revient ainsi sur ce qui constitue un parcours similaire – les missions de coopération en Afrique, le regard sémiologique porté sur certaines situations éducatives médiatisées, le potentiel cognitif des « technologies de l’intelligence » –, mais aussi sur quelques divergences, notamment en ce qui concerne l’hybridation des formations universitaires.

12Dans le chapitre 4 ouvrant la deuxième partie de ces Mélanges intitulée « Les dispositifs de formation médiatisée et leurs effets : réflexions théoriques et méthodologiques », Bernadette Charlier nous propose une réflexion autour d’un point de tension que l’on rencontre souvent à la croisée des chemins pluridisciplinaires de l’étude des dispositifs de formation médiatisée. Ce point de tension se cristallise autour de la question du dispositif en tant qu’objet d’analyse de l’activité pédagogique et des caractéristiques à prendre en compte dans cette perspective. Les propositions de Bernadette Charlier s’élaborent autour d’un point de vue qualifié de « constructiviste », mis en opposition avec le point de vue plus « objectivant » des sciences de l’information et de la communication.

13Dans le chapitre 5, Christian Depover, revient sur la question récurrente de l’efficacité des médias dans le cadre d’un apprentissage médiatisé et de son abord méthodologique en mettant l’accent sur la nécessaire prise en compte des scénarios pédagogiques (objectifs poursuivis, moyens mis en oeuvre, activités proposées) pour analyser les effets des médias et surtout sur l’importance de la dimension innovante pour en actualiser le potentiel.

14Le chapitre 6, rédigé par Geneviève Lameul, examine avec attention une des formes de médiations récemment identifiée par Peraya et Peltier (2012) dans le cadre d’une étude empirique : la médiation posturale. Le texte de Geneviève Lameul ouvre des perspectives intéressantes pour le développement d’un angle de vue particulier articulant l’appropriation des dispositifs de communication et de formation médiatisées et les tensions identitaires que ce processus soulève chez les apprenants et les enseignants.

15Dans le chapitre 7 intitulé « L’évaluation des effets des dispositifs de formation médiatisée : la vision de l’ergonomie », Mireille Bétrancourt propose de résoudre la tension qui a longtemps opposé les approches qualifiées d’ « holistiques » et les approches dites « factorielles ». La perspective ergonomique suggérée par Mireille Bétrancourt incite à prendre en compte l’activité et son contexte, en cherchant à exploiter ce que chaque approche peut amener dans la compréhension et le constat des effets de ces dispositifs.

16La troisième partie de ce volume, « Médiations culturelle et sociale dans le processus de mise en usage des dispositifs de communication et de formation médiatisées », aborde des questions plus particulièrement prégnantes en sciences de l’information et de la communication ainsi que dans le domaine de la sociologie des usages.

17Dans le chapitre 8, Pierre Moeglin revient sur le débat qui l’a opposé à Daniel Peraya à l’occasion de la publication de son ouvrage intitulé « Outils et Médias éducatifs. Une approche communicationnelle » (Moeglin, 2005) en argumentant en faveur de l’élargissement du cadre d’analyse des médias éducatifs adopté par Daniel Peraya au mode de production et de réception des médias et, plus particulièrement, de leur dimension industrielle.

18Jean-François Cerisier, dans le chapitre 9, montre comment l’omniprésence des technologies de la communication, loin d’engendrer un enfermement idéologique, ouvre tout un champ de possibles à travers un processus de genèse instrumentale incorporant une dimension culturelle et sociale. Ainsi la « désintermédiation » constitue-t-elle, sous la plume de Jean-François Cerisier, une opportunité de redistribution entre médiation humaine et médiation instrumentale et un enrichissement du cadre d’analyse des technologies de la communication à la lumière de différents travaux, notamment ceux de Daniel Peraya sur les différentes formes de médiations.

19Dans le chapitre 10, Philippe Bonfils, considère les environnements numériques comme des espaces matériels et sémiotiques dans lesquels les acteurs entrent, vivent des expériences et se forgent des représentations. Il propose d’analyser les logiques d’appropriation et de construction de sens de ces « environnements immersifs », sous l’angle communicationnel et pragmatique proposé notamment par Daniel Peraya, en soulignant l’apport de différents cadres dans l’explicitation de la relation entre ce qui est vécu et ce qui est signifiant pour les sujets.

20Nous retrouvons dans le chapitre 11 proposé par Didier Paquelin, le processus d’appropriation abordé cette fois-ci sous l’angle de la persévérance des apprenants dans les dispositifs de formation à distance. La confrontation entre ce qui est attendu et vécu par les acteurs de ces dispositifs offre une grille de lecture de ce qui se joue dans la mobilisation des différentes formes de médiations et, plus particulièrement dans le cas de cette étude, de leurs aspects socio-affectifs.

21Enfin, la quatrième partie de ce livre « Des pratiques pédagogiques à la lumière des concepts de médiatisation et médiation » confronte le cadre d’analyse de la communication et de la formation médiatisées développé par Daniel Peraya à la réalité du terrain pédagogique.

22Dans le chapitre 12 Pierre-Jean Loiret et Alain Jaillet posent un regard réflexif sur un dispositif hybride de formation développé dans le cadre de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et destiné à la formation d’instituteurs à Madagascar, en le mettant en regard avec certains des travaux fondateurs de Daniel Peraya, notamment ceux portant sur les huit fonctions constitutives des dispositifs de formation médiatisée (2003) ou encore ceux, plus récents, sur les dispositifs hybrides de formation réalisés collectivement dans le cadre du projet Hy-Sup (Deschryver et Charlier, 2012).

23Dans le chapitre 13, François Larose et Vincent Grenon, confrontent les deux « construits » de médiatisation et de médiation, tels qu’élaborés par Daniel Peraya, au cadre traditionnel de la psychopédagogie et à la réalité d’un exemple de terrain issu de l’enseignement secondaire québécois. Le propos de ces auteurs suit le fil de trois questions interrogeant tout d’abord la relation entre une forme de médiation qualifiée de « pédagogicodidactique » et l’usage du numérique en milieu scolaire, l’importance des postures pédagogiques dans les scénarios d’usage ensuite, le lien entre pratiques sociales des apprenants et authenticité de l’apprentissage enfin.

24L’épilogue de ces Mélanges est confié à Daniel Peraya qui, dans une postface prolongeant le dialogue avec les contributeurs, nous propose de revenir sur quelques-unes des questions abordées au fil de l’ouvrage et qui contribuent à faire de l’ensemble de ses recherches une œuvre ouverte telle que définie par Umberto Eco en préambule de cette introduction."

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Notes

2 Waquet Françoise, « Les « mélanges »: honneur et gratitude dans l'Université contemporaine », Revue d’histoire moderne et contemporaine 3/ 2006 (no 53-3), p. 100-121 www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2006-3-page-100.htm

1 http://superieur.deboeck.com/titres/132241_3/la-mediatisation-de-la-formation-et-de-l-apprentissage.html 315 pages (dont un index et une biographie scientifique de Daniel Peraya)

3 Immodestie des chercheurs ? On pourrait penser en effet que l’inverse : « les concepts à l’épreuve de pratiques pédagogiques » n’est pas moins légitime…

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Pour citer cet article

Référence électronique

Jacques Wallet, « La médiatisation de la formation et de l’apprentissage : rôles et effets des dispositifs médiatiques »Distances et médiations des savoirs [En ligne], 7 | 2014, mis en ligne le 25 février 2017, consulté le 20 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/dms/793 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/dms.793

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Auteur

Jacques Wallet

Université de Rouen

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Droits d’auteur

CC-BY-SA-4.0

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