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Dossier thématique : hommage à Jacques Perriault
Témoignages

Jacques Perriault (1938-2019). Un humaniste du XXe siècle 

Jacques Perriault (1938-2018). A 20th century Humanist
Annie Fouquet

Résumés

Jacques Perriault fut un pionnier de l’informatique à une époque où ce mot n’existait pas encore. Un fil directeur traverse son œuvre : l’interaction entre Technique et Société. Sa thèse Machines à communiquer et logique de l’usage montre la façon dont les usagers suivent ou détournent les propositions prophétiques des inventeurs. En observant l’introduction de l’informatique dans la production, à l’école et dans l’enseignement à distance (e-learning, open university, il montre les conséquences de l’usage des dispositifs numériques sur la cognition et le risque de fracture sociale. Il inscrit son analyse de l’Empreinte de la Technique sur la société dans l’histoire longue (Mémoires de l’ombre et du son. Une archéologie de l’audiovisuel). Cette perspective historique assoit sa vision prospective qui passe par la création de normes internationales négociées et construites dans le respect des usagers pour en faire des biens publics internationaux. Son intelligence vive et toujours à l’affût, sa transgression permanente des frontières disciplinaires expliquent sa carrière atypique. Les chercheurs lui sont tous reconnaissants de la générosité avec laquelle il leur suggérait de nouveaux regards et ouvrait à l’infini des pistes de recherche inattendues.

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Notes de l’auteur

Ancienne directrice du Centre d’études de l’emploi (CEE), ancienne directrice de l’Animation de la recherche, de l’évaluation et des statistiques (DARES), Inspectrice générale des Affaires sociales honoraire.

Texte intégral

1Jacques Perriault est l’un des premiers chercheurs français à s’être penché sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, en particulier leurs usages et leur appropriation.

2Pionner de l’informatique à une époque où ce mot n’existait pas encore, il a d’abord travaillé sur le traitement automatique du langage, sous toutes ses formes (traduction automatique, documentation, apprentissage assisté par ordinateur, composition automatique), pour se consacrer ensuite longuement à l’usage des nouvelles technologies dans leur diversité (les machines à communiquer) et leurs conséquences, tant en matière d’organisation sociale et d’emploi, qu’en matière de retombées cognitives sur le développement des capacité humaines.

3Ses visions prospectives et géopolitiques s’appuient sur une analyse historique de longue durée depuis la caverne de Platon, ce qu’il a appelé une archéologie de l’audiovisuel, avec une sensibilité particulière à l’importance de la négociation internationale pour un usage pacifié de ces technologies.

Le traitement automatique du langage

  • 1 SYNTOL : conception et réalisation de la chaîne de travail dans un centre mécanisé et d’un programm (...)

4En 1958, Jacques Perriault commence sa carrière au Laboratoire central de l’armement, à Montrouge, où il travaille à l’automatisation de la traduction de l’allemand et du russe, sous la direction du Colonel A. Sestier, directeur du Centre d’études pour la traduction automatique. À la fermeture du CETA en 1962, il continue ses travaux à la Fondation Maison des sciences de l’Homme (FMSH), au Centre d’analyse documentaire pour l’archéologie (CADA) dirigé par Jean-Claude Gardin. Il y crée un des premiers langages de composition automatique, SYNTOL, où il s’interroge déjà sur les conséquences de l’automation sur la chaîne de travail1.

  • 2 Cette collection est désormais hébergée dans une ferme des Landes (2020).

5Dans la lignée de ses travaux avec Jean-Claude Gardin il est, en 1971, le correspondant et responsable administratif des fouilles supervisées par Robert Arambourou sur le site de la villa romaine de Pardies dans les Landes. De son travail sur la documentation automatique des objets du Musée des arts et traditions populaires, il gardera une affection particulière pour les cuillères en bois façonnées chacune en vue d’un usage spécifique, par l’accomplissement d’un geste particulier dans le prolongement de la main et du bras (dans la lignée des travaux de Leroy Gourhan, Le geste et la parole, 1965)2.

  • 3 Aline EPSTEIN, Marie-France HENNEQUIN, Jean-Paul HORNECKER, André KIRCHBERGER, Jacques PERRIAULT, J (...)
  • 4 1968, « l’utilisation des calculateurs dans l’enseignement », Dossier coordonné par Jacques PERRIAU (...)

6En 1963, il participe à la création du Centre de calcul de la Maison des sciences de l’Homme. Il travaille sur les méthodes d’organisation des contenus pour l’enseignement assisté par ordinateur (EAO) qu’il applique à l’apprentissage intensif des langues, puis spécifiquement à la langue allemande en lien avec l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ)3. Il organise, en 1965, un séminaire continu sur l’enseignement programmé, avec André Kirchberger et l’Institut pédagogique national, et collabore activement à la revue L’Enseignement programmé. Il applique également avec succès l’EAO dans la formation des médecins au diagnostic des maladies du sang avec le professeur Jean Bernard et la collaboration d’Anne-Marie Boutin, Jean Donio, et Jean-Pierre Levy4.

  • 5 Jacques Perriault, "Algorithmes dans le texte roussellien" in : Revue du Surréalisme Mélusine numér (...)
  • 6 1968, « Les pièges du langage dans l’Enseignement Programmé ». Dossier coordonné par Jacques PERRIA (...)
  • 7 Jacques Perriault, 2014, « Un projet poétique et social oublié : la littérature illettrée » in Herm (...)

7Durant toute cette période, il explore la notion d’algorithme et son usage dans tous les domaines, et notamment dans la littérature sur les textes de Raymond Roussel5 ; il fréquente l’Oulipo et François Caradec dans une admiration partagée pour Alphonse Allais. Il demande à Raymond Queneau, qui décline, puis à Georges Perec, qui accepte, de rédiger un texte à partir d’un organigramme humoristique fait par des informaticiens de la société Bull6 ; cet article deviendra une pièce de théâtre, L’Augmentation. Son intérêt pour la littérature formelle se retrouve dans l’article de 2014 intitulé : Un projet poétique et social oublié : la littérature illettrée7. En 1973, il réalise avec Brigitte Chapelain, un film intitulé : Qu’est-ce qui fait vivre les automates ? produit par l’Ofrateme.

8De 1970 à 1972, directeur d’études à l’École pratique des hautes études (VIe section), il anime un séminaire sur « l’Informatique en sciences sociales ». Sa fréquentation assidue des chercheurs en sciences sociales et de leur aspiration quasi religieuse pour la technique informatique, le conduit à rédiger l’ouvrage de 1972 : Pour un dialogue avec l’informaticien, où il dénonce l’idolâtrie des profanes pour la technique. Le séminaire se poursuivra jusqu’en 1984, avec une audience internationale, sur la prospective et l’impact des nouvelles technologies sur la société, thème qu’il poursuivra tout au long de ses travaux de recherche.

L’informatique à l’école

  • 8 Jacques Perriault, 1978, La photo buissonnière. L’expérience d’une école de village. Fleurus, Avant (...)
  • 9 Jacques Perriault, 1983, L’enseignement assisté par ordinateur (avec Guy Jobert), 207 p. Revue Éduc (...)

9En 1971, fondateur et directeur du Département de la recherche et de la formation à l’OFRATEME (Office français des techniques modernes d’éducation), puis à l’INRP (Institut national de la recherche pédagogique) il observe comment les élèves s’emparent des techniques, aussi bien de l’appareil photo8, de la vidéo que de l’ordinateur. Il est chargé notamment du projet dit « des 58 lycées » qui introduisit l’informatique dans l’éducation nationale9.

  • 10 Jacques Perriault, 2003, Éducation et nouvelles technologies, Théories et pratiques. Nathan Univers (...)

10Lors du colloque sur l’informatique à l’école secondaire qui se tint au Centre international d’études pédagogiques de Sèvres du 9 au 14 mai 1970, il défendit une position qui sera peu comprise : avant de lancer les élèves sur des machines aux programmes préformatés, mieux vaudrait leur enseigner les règles de construction et d’organisation de l’information : la logique de l’information avant l’emprise des logiciels10.

11C’est dans cet esprit qu’il introduisit en France le langage LOGO, développé par Seymour Papert au MIT (Massachusetts Institute of Technology). Pour éviter le risque d’aliénation de l’enfant à une technologie coercitive, cet outil part de l’activité et de l’initiative de l’enfant. L’outil LOGO permet de faire découvrir et pratiquer la programmation aux tout petits dès l’école primaire, en faisant déplacer un robot (une « tortue ») sur le sol : 1 pas à droite, 2 pas à gauche, etc., dessinant un trajet et des formes géométriques (rectangle, carré, losange, trapèze…).

  • 11 Jacques Perriault, 1997, « The New Learning Environment: a global perspective » avec Anne-Nelly Per (...)

12À l’Université de Neuchâtel avec Anne-Nelly Perret-Clermont et les travaux de Piaget, il s’interroge sur l’empreinte du numérique (enseignement assisté par ordinateur, jeux vidéo…) sur la cognition, et examine comment l’outil technologique modifie l’apprentissage parce qu’il transforme les activités, les relations aux pairs et à l’enseignant (travaux synthétisés et présentés en 1997 à l’ICDE (International Council for Open and Distance Education11).

13De 1980 à 1984, il est responsable de la RCP (Recherches concertées programmées) 697 du CNRS : « Pratique active de l’informatique par l’enfant ». Il s’engage dans l’action CNDP/INRP « Le jeune téléspectateur actif » (1979/1984).

  • 12 Martial Vivet, Didactique et intelligence artificielle, 1994, Le Mans, IREM de Nantes. Et Jacques P (...)
  • 13 Jacques Perriault, 1978, La photo buissonnière, avec Guy Puyo, Fleurus, Avant-propos d’Armand Bianc (...)
  • 14 Représentations des TIC en milieu migrant :Claire Scopi, le cas des « boutiques de communication » (...)

14Il nourrit sa pensée théorique de nombreuses expériences et observations de terrain qu’il a initiées : pédagogie et robotique (Martial Vivet)12, usage de la photo dans une école de village à classe unique13, usage de la vidéo communautaire au Québec comparée à celle de la Villeneuve de Grenoble, rock et informatique chez des jeunes déscolarisés du XIIIe arrondissement de Paris (1985), boutique téléphonique des quartiers nord de Paris (Claire Scopsi)14.

Militant de la culture technique15

  • 15 Jacques Perriault, 1998, « Culture technique. Éléments pour l’histoire d’une décennie singulière 19 (...)
  • 16 Jacques Perriault, 2007, « Technique, art et mouvement social dans la genèse des théories de la com (...)
  • 17 Thierry Gaudin, 2020, « A propos de Jacques Perriault », Cahiers de la SFISC, n° 16.

15Convaincu que la technique doit faire partie de la culture au même titre que l’art ou la littérature16, il est un des membres fondateurs du groupe « Ethnotechnologie » créé par Thierry Gaudin avec Bernard Demory, Robert Jaulin, Philippe Mallein, Jocelyn de Noblet, Jacques Perriault, Philippe Roqueplo, Jean-François Quilici, Claude Schnaidt, André Staropoli et Yves Stourdzé17.

  • 18 Jacques Perriault, 1982, « Le concept de machine et de système chez Ledoux, Sade et Vaucanson », Cu (...)
  • 19 Cette revue est aujourd’hui accessible en ligne sur le site de l’INIST, sur la suggestion de Jacque (...)
  • 20 Jacques Perriault, 1981, « L’empreinte de la technique », Culture Technique n° 4, CRCT, Neuilly-sur (...)

16Jacques Perriault présida le Centre de recherche ethnotechnologique18, et fut administrateur fondateur du Centre de recherche sur la culture technique, créé en 1978, présidé par Maurice Magnien, directeur de la recherche d’EDF, et de la Revue Culture technique qui publie 30 numéros de 1979 à 1995 sous la direction de Jocelyn de Noblet19. Dans le n° 4 de Culture technique, publié en 1981, Jacques Perriault rédige un article sur « l’empreinte de la technique », terme qui est repris comme titre du numéro, où il décrit les effets en retour de la technique sur la société, comme autant de pistes de recherche20. Il est cosignataire du Manifeste pour le développement de la culture technique en 1981, préfacé par André Leroy-Gourhan (CRCT).

17Membre du Comité d’orientation de la Cité des sciences et des techniques de la Villette, il participe à la rédaction du Manifeste à propos de la Villette (1982). Membre du comité de rédaction de la revue Alliages, fondée par Jean-Marc Levy-Leblond, il défend dans le même esprit l’importance de valoriser la culture technique et en analyser les usages et les interactions avec la société. Depuis sa création, il est un membre actif du conseil d’administration de l’association Sciences techniques et sociétés (ASTS), qui anime des ateliers d’éducation populaire.

  • 21 Quatre magazines reprenant les émissions furent alors vendus en kiosque. « TIFY. Comprendre l’infor (...)

18Soucieux de rendre la culture de l’informatique accessible au plus grand nombre, il fut le conseiller technique de la série d’émissions TIFY, diffusées sur la première chaîne à une heure de grande écoute, juste avant le journal télévisé, en 1983-198421. Il participa à de nombreuses émissions avec Georges Charbonnier, Le courrier des sciences et des techniques, sur France Culture entre 1978 et 1982. Ses travaux inspirèrent la création du Centre mondial informatique.

  • 22 H.N. Fyssen Réflexions faites... En perruque, Paris, FeniXX, 1981, 308 p.

19Ses travaux de recherche sur technique et cognition furent remarqués par un industriel, Heraclios Fyssen22, président-directeur fondateur de la SINTRA, qui souhaitait léguer sa fortune à une fondation de recherche à créer sur « l’ontogénèse et la phylogénèse des primates humains et non humains » (1979) ; il fit appel à Jacques Perriault pour l’aider à en constituer le conseil scientifique et pour présider le comité de rédaction des Annales de la Fondation Fyssen.

L’archéologie de l’audiovisuel et la lanterne magique

  • 23 Jacques Perriault, 1976, Documents sur l’éducation des adultes au XIXème siècle, Paris, Ofrateme.
  • 24 Jacques Perriault, 2010, « Projections lumineuses pour l’instruction des adultes en France. Le rôle (...)
  • 25 Jacques Perriault, 2004, « L’apport des archives du film pédagogique et scientifique aux sciences d (...)

20La découverte de six tonnes de plaques de verre destinées à l’éducation des adultes, entreposées et oubliées dans les caves du Lycée Saint-Louis, qu’il sauva et fit archiver au Musée de l’éducation de Rouen23, l’incita à plonger dans l’histoire longue des formes éducatives anciennes24, et notamment celles utilisant l’image et le son à une époque où on ignorait l’audiovisuel : Projections lumineuses pour l’instruction des adultes en France. Le rôle des mouvements philanthropiques et des politiques publiques pendant la ‘longue dépression‘ (1837-1896)25.

  • 26 Jacques Perriault, 2016, « Le désir et le sacré dans l’image projetée », Cahiers de la SFSIC n° 12, (...)

21Son ouvrage Mémoires de l’ombre et du son. Une archéologie de l’audiovisuel publié en 1981, et réédité en 2008, fait remonter l’antériorité de ces formes jusqu’à la caverne de Platon avec la fille du potier de Sicyone, et donne la part belle aux innovations jésuites du XVIIe siècle et aux travaux d’Athanase Kircher (Ars magna Lucis et Umbrae, 1646) dont la formule le séduit : si rectangula habes, quidquid volueris demonstrare potest (avec des images projetées, tu peux démontrer ce que tu veux). Ses recherches l’entrainèrent à Rome au Collège romain où le Jésuite avait expérimenté ses projections d’apparitions, et lui ouvrirent la Bibliothèque Vaticane sur la recommandation du professeur Franco Cagnetta, réactivant ainsi ses études latines26.

22Continuant le fil de l’histoire, l’ouvrage nous fait vivre les fantasmagories de Robertson sous la Révolution, puis les plaques de lanterne diffusées par les colporteurs dans toute la France au 19e.

  • 27 Jacques Perriault, 2013, « Le corps artefact. Archéologie de l’hybridation et de l’augmentation », (...)

23Cet ouvrage relate les tentatives réitérées au fil des siècles pour imiter le fonctionnement humain27 ; Jacques Perriault l’analyse comme une tentative désespérée de combler l’absence par des artefacts construits en vue de toujours « mieux duper les sens » : par exemple nous devons l’invention du téléphone à Graham Bell qui espérait ainsi remédier à la surdité de son épouse. Il construit des généalogies de conceptualisation et d’invention : la description mécaniste du corps humain de Rabelais inspire les automates du XVIIIe siècle. Thème qu’il reprendra à propos du transhumanisme : Le corps artefact. Archéologie de l’hybridation et de l’augmentation (2013).

24À la Cinémathèque française, Jacques Perriault a animé un séminaire sur les usages anciens de l’audiovisuel ; il organisa des séances de projection de plaques animées à l’ancienne avec une lanterne magique restaurée par Jacques Braquemont.

25En 2014, il publie les archives d’origine sous forme de dialogues scénarisés, dans l’ouvrage Dialogues autour d’une lanterne.

Machines à communiquer et logique de l’usage

26Jacques Perriault synthétise ses nombreux travaux de recherche dans sa thèse sur « Les machines à communiquer », – titre choisi en hommage aux travaux de Pierre Schaeffer­ ­–, soutenue à Bordeaux en 1985 sous la direction d’Anne-Marie Laulan. Sa thèse, enrichie, est publiée sous le titre : La logique de l’usage. Essai sur les machines à communiquer en 1989 avec une préface de Pierre Schaeffer (seconde édition en 2008).

27Le concept de machines à communiquer, que l’on doit à Pierre Schaeffer, réunit dans une même vision tous les instruments et outils qui permettent un échange entre un émetteur et un récepteur : aussi bien le téléphone, la radio, la télévision, l’ordinateur, les jeux vidéo, Internet... Les machines à communiquer ont une fonction de régulation des déséquilibres et d’organisation des rapports dans la société.

28La logique de l’usage analyse la façon dont le message est reçu, approprié, détourné et éventuellement retourné contre l’émetteur : « L’individu détient fondamentalement une part de liberté dans le choix qu’il fait d’un outil pour s’en servir conformément ou non à son mode d’emploi ». Ainsi l’usage proposé par les premiers producteurs de téléphones visait-il la retransmission de pièces de théâtre ou d’opéras à domicile, usage domestique futile destiné aux loisirs des femmes oisives de la haute société, alors que son utilité s’avéra déterminante dans son usage militaire dans les tranchées de la guerre de 14.

29La réédition de 2008 donne l’occasion à Jacques Perriault de préciser sa pensée : « D’un côté les inventeurs, qui poursuivent leur rêve de perfectionner une technologie de l’illusion, et leur entourage technicien, qui élabore sans cesse des propositions. De l’autre, les profanes, les usagers éventuels, qui reçoivent sans cesse ces offres, qui tentent de les introduire dans leur logique propre, ne partageant que rarement les fantasmes de ceux qui les leur proposent » (p. 20).

30Jacques Perriault reprend la notion d’empreinte de la technique via la logique de l’usage : « elle influe sur celui qui s’en sert et crée une empreinte qui modifie progressivement le milieu » (p. 201). Elle est « un facteur d’inertie, dans la mesure où elle stabilise les positions acquises et où elle façonne en retour ceux qui la pratiquent » (p. 222). Il anticipe ce qu’il conceptualisera plus tard sous le nom de « l’effet diligence » : une innovation s’inscrit dans les habitus existants d’une société : les premiers wagons de trains de voyageurs reproduisaient le modèle de la diligence : ils étaient conçus comme une succession de diligences accolées. Le futur s’inscrit dans la trajectoire du passé.

31Passant du passé au futur, Jacques Perriault s’interroge sur les conséquences de l’informatisation sur les formes cognitives humaines, et prédit un avenir où, avec l’informatique et l’intelligence artificielle, « le langage est en train de quitter l’homme » (en écho à Leroi-Gourhan).

32Ses liens et son amitié de nature filiale avec Pierre Schaeffer étaient ancrés dans la durée. Jacques Perriault a notamment conçu la série d’émissions consacrées à la vie et l’œuvre de Pierre Schaeffer, réalisées par Michel Huillard en 1990 dans la collection « Océaniques » : Pierre Schaeffer, ingénieur et artiste.

L’industrie de la connaissance et l’e-learning

  • 28 1985, Éducation, Formation, Société, Recherches pour demain, CNDP-INRP, 356 p.

33En 1985, il est appelé par le ministre de l’Éducation nationale Jean-Pierre Chevènement à organiser un colloque national sur la recherche en éducation28, puis à en appliquer les conclusions en prenant la direction de l’INRP, proposition qu’il refuse faute des moyens demandés. Il poursuit alors sa carrière au Centre national d’enseignement à distance qu’il contribue à délocaliser sur le site du Futuroscope créé par René Monory, quand ce dernier était ministre de l’Éducation nationale (1986-1988).

34En 1986, il organise au Collège de France un séminaire annuel sur le thème : « Publics, contenus et médias de l’enseignement à distance », où il invite notamment Pierre Schaeffer et Georges Duby.

  • 29 Jacques Perriault, 1996, La communication du savoir à distance, L’Harmattan, 258 p. et 2011 « Ingén (...)
  • 30 Devenu depuis le réseau UNINETTUNO.
  • 31 Jacques Perriault, 2002, L’accès au savoir en ligne, Paris, O. Jacob, coll. Le champ médiologique, (...)

35Directeur de la Recherche et de l’innovation du CNED, Jacques Perriault y crée en 1994 le laboratoire LARIC, laboratoire de recherche sur l’industrie de la connaissance, concept qu’il introduit en France pour englober le potentiel démultiplicateur des usages de ce qui va devenir l’intelligence artificielle29. Dans la lignée de la mission de Michel Serres sur les compétences (1992) à laquelle il a participé, et avec le soutien du Recteur Michel Moreau, il développe l’activité du CNED en direction des universités. C’est dans cet esprit qu’il noue des liens avec le Consortium italien NETTUNO30 dirigé par la Recteure Ana-Maria Garito31, et l’Open University britannique (dirigée par Sir John Daniel), et participe au réseau de l’International Council for Open and Distant Learning (ICDE). À sa suggestion, le réseau NETTUNO qui émet sur tout le bassin méditerranéen reprit la diffusion des émissions du CNDP quand la télévision nationale hertzienne leur supprima l’accès à l’antenne à la fin des années 1990.

  • 32 Jacques Perriault, 1982, « Jeunes, multinationales et informatique, in Le Genre Humain, n° 3.
  • 33 Jacques Perriault, 2002, Les espaces publics d’accès à internet, PUF, 219 p (avec Michel Arnaud).
  • 34 Jacques Perriault, 1992, Le travail en puces, avec Danièle Linhardt et la collaboration d’Annie Fou (...)

36Jacques Perriault a conceptualisé l’intuition qui avait présidé à la création du Futuroscope (favoriser la création d’emploi par les nouvelles technologies32) et l’a appliquée dans l’expérience de la Maison du Savoir de Saint-Laurent-de-Neste dans les Pyrénées portée par la sénatrice Josette Durrieu, et plus généralement dans la diversité des lieux publics d’accès à Internet33. Depuis ses tout premiers travaux sur la composition automatique, Jacques Perriault a toujours été très soucieux de l’impact social des NTIC sur la transformation des procès de travail et sur l’emploi. Voir l’ouvrage qu’il a co-dirigé avec Danièle Linhardt, Le travail en puces (1992)34, ou ses travaux avec Denis Ettighoffer sur les applications de la micro-informatique à la création de métiers nouveaux dans le cadre de l’association d’aide à l’insertion fondée par le patron de Darty.

37En 1988, il est interpellé par un membre de la représentation de l’Ukraine à l’Unesco qui demande l’aide de la France pour des formations à distance destinées aux soignants suite à la catastrophe de Tchernobyl. Faute de relais politique, cet appel restera lettre morte. Il en reste une cassette VHS sur les suites directes de la catastrophe à Pripiat, offerte en sous-mains.

38Au tournant du siècle, il est nommé expert auprès de la Commission européenne pour évaluer des projets de recherche et porteur de nombreux appels d’offres européens sur l‘enseignement à distance.

Les sciences de l’information et de la communication 

  • 35 Jacques Perriault, 2010, Racines oubliées des sciences de la communication, CNRS Éditions (coll. Le (...)
  • 36 Jacques Perriault, 2012, « Effet diligence, effet Serendip et sciences de l’information », Cahiers (...)
  • 37 Jacques Perriault, 2010, « Ethnométhodologie, machines à communiquer et logique de l’usage », p. 21 (...)

39Durant sa présidence de la Société française des sciences de l’information et de la communication, SFSIC (1998-2000), il enracine les sciences de l’information et de la communication dans l’histoire et la longue durée, avec l’ouvrage Racines oubliées des sciences de la communication (2010)35. Il plaide pour un renouveau des sciences de l’information face au défi du numérique en « intégrant les dimensions cognitives, sociales et technologiques de la construction des communications dans les sociétés industrialisées »36. Il s’agit de penser en même temps l’empreinte de la technique (l’effet diligence), et l’effet Serendip (ou le hasard de la recherche) considérablement accru par l’Internet. Il plaide encore et toujours pour une recherche et une théorisation qui passe par l’observation de terrains37.

  • 38 « Du travail au 21e siècle sous l’effet des réseaux et des ordinateurs » Hugues de Jouvenel (dir.), (...)

40Dans les années 1994/2003, il est un membre de l’Institut Eurotechnopolis, fondé par Denis Ettighoffer et, en tant qu’expert des usages des NTIC dans l’enseignement, il participe à la rédaction de : Du travail au 21e siècle sous l’effet des réseaux et des ordinateurs auprès d’Hugues de Jouvenel, de Bernard Perret, Gérard Blanc, Anne de Beer, Pierre Lévy, Denis Ettighoffer et l’américain Howard Rheingold qui travaillait sur les applications de la réalité virtuelle38.

Normes et standards, des biens publics internationaux

  • 39 Jacques Perriault, 2011, « Normes numériques, éthique et sciences sociales », in Jacques Perriault, (...)

41Jacques Perriault s’investit dans la négociation internationale des normes et standards pour ouvrir l’accès aux formations distribuées par internet. De 2002 à 2012, il préside la commission française de l’Afnor sur les normes numériques pour l’enseignement en ligne (SC36), qui négociait ces normes au niveau mondial. Il considérait le travail de normalisation comme un outil d’ouverture au public des formations proposées, à l’inverse des logiciels propriétaires (« fermés »)39.

  • 40 Jacques Perriault, 2013, « Deux disciplines en germe : la normalisation et l’évaluation des politiq (...)

42Il introduisit la notion de bien public dans le travail de normalisation, considéré à l’instar du débat démocratique, comme un travail de construction d’un bien public collectif dans une démarche bottom-up partant des acteurs de terrain et des pratiques effectives. Cette vision de la construction des normes avec et pour les acteurs rejoint celle de l’évaluation des politiques publiques telle que préconisée par la Société française de l’évaluation40.

  • 41 Jacques Perriault, 2011, « Pensée complexe, pensée chinoise, mondialisation », Hermès n° 60.

43Cette expérience de négociation internationale le conduit à réfléchir aux formes de pensée et de négociation radicalement différentes entre la Chine où le yin et le yang cohabitent et s’harmonisent, d’une part, et le monde occidental pour lequel le tiers est exclu, d’autre part, ce qui rend le négociateur occidental prévisible et donc fragilise sa position41.

Critique de la raison numérique

  • 42 Jacques Perriault, 2004, Critique de la raison numérique, Revue Hermès 39 et 2004 « Le numérique un (...)
  • 43 Jacques Perriault, 2002, « Les identifiants numériques humains. Éléments pour un débat public », Le (...)
  • 44 Jacques Perriault, 2013, « Le corps artefact. Archéologie de l’hybridation et de l’augmentation », (...)
  • 45 Jacques Perriault, 2012, « Évaluation, communication sociale, communication politique ». Les Cahier (...)

44Sa vision de long terme alliant le passé à la prospective lui permet une vision critique des usages du numérique42. Il met en garde contre une restriction des libertés43, et analyse le transhumanisme comme un avatar du fantasme ancien et récurrent des hommes (mâles) pour traiter le corps comme un artefact44 (fantasme déjà présent dans les automates de Vaucanson au 18e siècle décrits dans Mémoires de l’ombre [] , op. cit.). Il plaide pour un débat public de ces nouveaux outils, à l’instar de l’évaluation des politiques publiques (voir Évaluation, communication sociale, communication politique, 201245).

  • 46 Jacques Perriault, Jacques Perriault, 2006, « Plans de secours d’information et gestion de crise en (...)

45Ses derniers travaux portaient sur la communication en cas de catastrophes (tremblements de terre, tsunamis, attentats, migrations, pandémies…)46 sous le titre générique : « la communication en milieu désorganisé ». Il animait un séminaire sur ce thème à l’ISCC (Institut des Sciences de la Communication du CNRS) avec Claude Meyer. Travaux prémonitoires…

46Et pour s’évader de la noirceur des images de catastrophes, il rédigeait les anecdotes drolatiques qui émaillent une vie de chercheur quand la mort l’a surpris, une nuit dans son sommeil.

47Ses collègues et amis ont donné des témoignages à vif, un mois après son décès, dans la revue Hermès n° 85 de décembre 2019. Les chercheurs lui sont tous reconnaissants de la générosité avec laquelle il leur suggérait de nouveaux regards et ouvrait à l’infini des pistes de recherche inattendues. Les universitaires, tout en lui reconnaissant son implacable capacité de conceptualisation et de théorisation, se montrent quelque peu déstabilisés par son esprit foisonnant, irrespectueux des cloisonnements disciplinaires et des savoirs constitués.

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Annexe

Jacques Perriault (1938-2019)

Jacques Perriault, né le 3 octobre 1938 à Paris et mort le 16 septembre 2019, est un médiologue français. Professeur en Sciences de l’information et de la communication à l’Université de Paris X, il est l’un des premiers chercheurs français à s’être penché sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, en particulier leurs usages et leur appropriation.

Paralysé à 9 ans par la poliomyélite pendant plus d’une année, il se remet debout à force de volonté et passe son baccalauréat à 15 ans. Étudiant à la Hochschule für Politik, Berlin-Ouest (1956-1958), membre de la Conference Olivaint (1957-1959), il est titulaire d’un diplôme de programmeur IBM en 1958, d’une licence ès sciences économiques (ancien régime en 4 ans) en 1964, d’un doctorat d’État en Sciences de l’information et de la communication en 1985 (Bordeaux III), et d’un Habilitation à diriger des recherches en 2000.

De 1958 à 1962, au Centre d’études pour la traduction automatique, il découvre la programmation sur les premiers ordinateurs (calculatrices universelles), avec le traitement du langage et la notion d’algorithme dans la littérature. De 1962 à 1971, ingénieur CNRS à la FMSH, puis directeur d’étude à l’EPHE, il participe à la création du Centre de calcul où il se frotte à l’utilisation de l’informatique dans les sciences sociales, et réalise les premières expériences d’enseignement programmé.

De 1971 à 1986, directeur-fondateur du service de la recherche sur les applications éducatives des Technologies de communication, à l’Ofrateme puis à l’INRP, il ouvre son champ d’expérimentation à l’ensemble des nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC) et leur usage dans l’enseignement. Avec un regard à la fois historique, prospectif et international, il examine comment l’outil technologique modifie l’apprentissage parce qu’il transforme les activités, les relations aux pairs et à l’enseignant, et comment la technique imprime sa marque sur la société.

De 1986 à 1998, directeur de la recherche au CNED, professeur des universités à Poitiers en 1995, il fonde le laboratoire de recherche sur l’industrie de la connaissance (LARIC) et développe la recherche et l’innovation sur l’e-learning et la formation à distance pour favoriser l’emploi.

À partir de 1998, professeur en sciences de l’information et de la Communication à l’université de Paris X La Défense, directeur du laboratoire CRIS-SERIES, puis nommé professeur émérite en 2008 et 2013, conseiller du directeur de l’ISCC (Institut des sciences de la communication du CNRS), Dominique Wolton, il s’engage dans les travaux de normalisation internationale et porte un regard critique sur les usages du numérique.

Ses deux ouvrages majeurs sont : Mémoires de l’ombre et du son. Une archéologie de l’audiovisuel, paru en 1981 et Les machines à communiquer : La logique de l’usage paru en 1989 et réédité en 2009.

Ouvrages

2014, Dialogues autour d’une lanterne. Une brève histoire de la projection animée, L’Harmattan (DesHauts&Débats), 92 p.

2011, La norme numérique. Savoir en ligne et Internet, (dir.) CNRS éditions, 264 p.

2010, Racines oubliées des sciences de la communication, (dir.) CNRS éditions (coll. Les essentiels d’Hermès) 168 p.

2004, Critique de la raison numérique (dir. avec V. Paul), Hermés 39.

2003, Éducation et nouvelles technologies, Théories et pratiques. Nathan Université, 128 p

2002, Laccès au savoir en ligne. Paris, O. Jacob, coll. Le champ médiologique, 2002, 266 p.

2002, Les espaces publics d’accès à internet, PUF, 219 p (dir. avec Michel Arnaud)

1996, La communication du savoir à distance. Autoroutes de l’information et télé-savoirs, L’Harmattan, 258p.

1992, Le travail en puces, dir. avec Danièle Linhardt et Annie Fouquet, PUF. 296 p.

1989, La logique de l’usage, Essai sur les machines à communiquer, Flammarion, 256 p.

1985, Éducation, Formation, Société, Recherches pour demain, CNDP-INRP, 356 p.

1983, L’enseignement assisté par ordinateur (avec Guy Jobert), 207 p. Revue Éducation permanente, Numéro spécial EAO n° 70-71

1981, Mémoires de l’ombre et du son, Une archéologie de l’audiovisuel, Flammarion, 1981 ; 2e édition L’harmattan, 2008.

1978, La photo buissonnière, Fleurus, Avant-propos d’Armand Biancheri, 208 p.

1976, Documents sur l’éducation des adultes au XIXe siècle, Paris, Ofrateme

1972, Eléments pour un dialogue avec l’informaticien, Mouton (EHESS Textes sociologiques 7), 237 p.

Télévision

1973, « Qu’est-ce qui fait vivre les automates ? » avec Brigitte Chapelain, Ofrateme.

1978-1982, interventions fréquentes sur France Culture dans « le Courrier des Sciences et des Techniques », de Georges Charbonnier

1984 « TiFY » série d’émission de vulgarisation scientifique, 1983-1984, France Télévision. Et ses quatre magazines publiés par supports papier « TIFY. Comprendre l’informatique ». ALP et Cie /TF01 éd., ISBN 2-7365-006-7.

1990, « Pierre Schaeffer, ingénieur et artiste », Collections Océaniques de P.-A Boutang, interviewer Jacques Perriault, réalisateur Michel Huillard.

Quelques distinctions

Président de la Commission française de l’AFNOR sur les normes et standards pour la formation en ligne SC36, (2002-2012).

Président de la SFIC (1998-2000)

Président du comité de rédaction des Annales de la Fondation Fyssen (1979-2008)

Membre du comité de rédaction de la Revue Culture technique (1979- 1995)

Membre de l’ International Council for Open and Distant Learning (ICDE), 1986-2000.

Membre du conseil d’administration de l’association Sciences Techniques et Sociétés (ASTS),

Membre du comité de rédaction de la Revue Alliages

Membre du conseil d’administration de l’association des Amis du Musée de la Photographie de Bièvres

Décorations

Grand Prix de l’histoire de la photographie pour son ouvrage Mémoires de l’ombre et du son (1981)

Officier des Palmes académiques

Officier dans l’Ordre National du Mérite (2003)

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Notes

1 SYNTOL : conception et réalisation de la chaîne de travail dans un centre mécanisé et d’un programme de composition automatique des textes par ordinateur pilotant une photocomposeuse.

2 Cette collection est désormais hébergée dans une ferme des Landes (2020).

3 Aline EPSTEIN, Marie-France HENNEQUIN, Jean-Paul HORNECKER, André KIRCHBERGER, Jacques PERRIAULT, Jean-Marc ZEND, « Éléments pour un apprentissage intensif de l’allemand » publié avec le concours de l’Office franco-allemand pour la jeunesse. Éditeur : Association pour le développement des méthodes d’enseignement intensif (ADMEI) » Lyon, Paris 1966.

4 1968, « l’utilisation des calculateurs dans l’enseignement », Dossier coordonné par Jacques PERRIAULT Revue enseignement programmé Mars 1968, n° 1. Revue du Centre de Documentation sur l’Enseignement Programmé (INFA), Dunod Hachette. Introduction Jacques PERRIAULT : « Domaines actuels d’utilisation des calculateurs dans l’enseignement » pages 11-22 ; et dans le même numéro : Jean DONIO « Une utilisation du calculateur pour l’enseignement en médecine », pages 41-50.

5 Jacques Perriault, "Algorithmes dans le texte roussellien" in : Revue du Surréalisme Mélusine numéro 6 : Raymond Roussel en gloire, Éditions L’Age d’homme, Lausanne, Suisse, 1984, p. 81-90

6 1968, « Les pièges du langage dans l’Enseignement Programmé ». Dossier coordonné par Jacques PERRIAULT, Revue enseignement programmé, décembre 1968 n° 4. Revue du Centre de Documentation sur l’Enseignement Programmé (INFA), Dunod, Hachette. « Introduction » de Jacques PERRIAULT, pages 7-11 ; articles de François CARADEC « Le singe nul », pages 37-44 ; et de Georges PEREC : « L’art et la manière d’aborder son chef de service pour lui demander une augmentation » pages 45-68.

7 Jacques Perriault, 2014, « Un projet poétique et social oublié : la littérature illettrée » in Hermès n° 70, p. 131-139.

8 Jacques Perriault, 1978, La photo buissonnière. L’expérience d’une école de village. Fleurus, Avant-propos d’Armand Biancheri, 208 p.

9 Jacques Perriault, 1983, L’enseignement assisté par ordinateur (avec Guy Jobert), 207 p. Revue Éducation permanente, Numéro spécial EAO n° 70-71. Article introductif : « Vingt ans d’E.A.O. : usages, outils, diversifications » p. 7-17.

10 Jacques Perriault, 2003, Éducation et nouvelles technologies, Théories et pratiques. Nathan Université, 128 p.

11 Jacques Perriault, 1997, « The New Learning Environment: a global perspective » avec Anne-Nelly Perret-Clermont, 18th ICDE World Conference ICDE (International Council for Open and Distant Learning), The Pennsylvania State University, 2-6 juin.

12 Martial Vivet, Didactique et intelligence artificielle, 1994, Le Mans, IREM de Nantes. Et Jacques Perriault, 2000, « Martial, souvenir et repères théoriques » in « Education et Informatique. Hommages à Martial Vivet », Sciences et techniques éducatives, n° 1/ 2000.

13 Jacques Perriault, 1978, La photo buissonnière, avec Guy Puyo, Fleurus, Avant-propos d’Armand Biancheri, 208 p.

14 Représentations des TIC en milieu migrant :Claire Scopi, le cas des « boutiques de communication » de Château-Rouge, sous la direction de Jacques Perriault, 2004.

15 Jacques Perriault, 1998, « Culture technique. Éléments pour l’histoire d’une décennie singulière 1975-1985 » in Les cahiers de médiologie 1998/2 (N° 6), pages 197 à 214.

16 Jacques Perriault, 2007, « Technique, art et mouvement social dans la genèse des théories de la communication. 1950-1975. » Hermès 48, p. 23.

17 Thierry Gaudin, 2020, « A propos de Jacques Perriault », Cahiers de la SFISC, n° 16.

18 Jacques Perriault, 1982, « Le concept de machine et de système chez Ledoux, Sade et Vaucanson », Culture Technique n° 7. CRCT.

19 Cette revue est aujourd’hui accessible en ligne sur le site de l’INIST, sur la suggestion de Jacques Perriault.

20 Jacques Perriault, 1981, « L’empreinte de la technique », Culture Technique n° 4, CRCT, Neuilly-sur-Seine. p 123.

21 Quatre magazines reprenant les émissions furent alors vendus en kiosque. « TIFY. Comprendre l’informatique ». ALP et Cie /TF01 éd., ISBN 2-7365-006-7.

22 H.N. Fyssen Réflexions faites... En perruque, Paris, FeniXX, 1981, 308 p.

23 Jacques Perriault, 1976, Documents sur l’éducation des adultes au XIXème siècle, Paris, Ofrateme.

24 Jacques Perriault, 2010, « Projections lumineuses pour l’instruction des adultes en France. Le rôle des mouvements philanthropiques et des politiques publiques pendant la ‘longue dépression‘ (1837-1896) ». In Françoise Laot dir. L’image dans l’histoire de la formation des adultes, GEHFA, L’Harmattan, p. 15-29.

25 Jacques Perriault, 2004, « L’apport des archives du film pédagogique et scientifique aux sciences de l’homme et de la société », introduction de l’ouvrage collectif dirigé par Béatrice de Pastre-Robert, Cinéma pédagogique et scientifique. A la redécouverte des archives, ENS Éditions, p. 7-19.

26 Jacques Perriault, 2016, « Le désir et le sacré dans l’image projetée », Cahiers de la SFSIC n° 12, p. 172-176.

27 Jacques Perriault, 2013, « Le corps artefact. Archéologie de l’hybridation et de l’augmentation », in Edouard Kleinpeter coord., L’Humain Augmenté, CNRS Editions (coll. Les essentiels d’Hermès) p. 37-54.

28 1985, Éducation, Formation, Société, Recherches pour demain, CNDP-INRP, 356 p.

29 Jacques Perriault, 1996, La communication du savoir à distance, L’Harmattan, 258 p. et 2011 « Ingénierie de la connaissance, industrie de la connaissance », in T. Stenger et A. Coutant coord., Geneviève Jacquinot-Delaunay et Jacques Perriault, superviseurs : « Ces réseaux numériques dits sociaux », Revue Hermès n° 59, p 163-164.

30 Devenu depuis le réseau UNINETTUNO.

31 Jacques Perriault, 2002, L’accès au savoir en ligne, Paris, O. Jacob, coll. Le champ médiologique, 2002, 266 p.

32 Jacques Perriault, 1982, « Jeunes, multinationales et informatique, in Le Genre Humain, n° 3.

33 Jacques Perriault, 2002, Les espaces publics d’accès à internet, PUF, 219 p (avec Michel Arnaud).

34 Jacques Perriault, 1992, Le travail en puces, avec Danièle Linhardt et la collaboration d’Annie Fouquet, Collection Nouvelle Encyclopédie Diderot. PUF. 296 p.

35 Jacques Perriault, 2010, Racines oubliées des sciences de la communication, CNRS Éditions (coll. Les essentiels d’Hermès) 168 p. Présentation générale : « Les origines méconnues des sciences de la communication » p. 9-19.

36 Jacques Perriault, 2012, « Effet diligence, effet Serendip et sciences de l’information », Cahiers de la SFSIC.

37 Jacques Perriault, 2010, « Ethnométhodologie, machines à communiquer et logique de l’usage », p. 21-30 Cahiers d’ethnométhodologie n° 4, 2010, Les Presses du LEMA, Université Paris 8.

38 « Du travail au 21e siècle sous l’effet des réseaux et des ordinateurs » Hugues de Jouvenel (dir.), Bernard Perret, Gérard Blanc, Anne de Beer, Pierre Lévy, Denis Ettighoffer, Jacques Perriault et l’américain Howard Rheingold.

39 Jacques Perriault, 2011, « Normes numériques, éthique et sciences sociales », in Jacques Perriault, La norme numérique. Savoir en ligne et Internet, CNRS Éditions.

40 Jacques Perriault, 2013, « Deux disciplines en germe : la normalisation et l’évaluation des politiques publiques », Hermès 67.

41 Jacques Perriault, 2011, « Pensée complexe, pensée chinoise, mondialisation », Hermès n° 60.

42 Jacques Perriault, 2004, Critique de la raison numérique, Revue Hermès 39 et 2004 « Le numérique une question politique » Hermès n° 38.

43 Jacques Perriault, 2002, « Les identifiants numériques humains. Éléments pour un débat public », Les cahiers du numérique 2002/2. Éditions Lavoisier, p 169-182. Et 2009, « Traces numériques personnelles, Incertitude et lien social », Revue Hermès n° 53 p. 13-20.

44 Jacques Perriault, 2013, « Le corps artefact. Archéologie de l’hybridation et de l’augmentation », in Edouard Kleinpeter coord., L’Humain Augmenté, CNRS Éditions (coll. Les essentiels d’Hermès) p. 37-54.

45 Jacques Perriault, 2012, « Évaluation, communication sociale, communication politique ». Les Cahiers de la SFIC, n° 7, printemps 2012. Pages 71-77.

46 Jacques Perriault, Jacques Perriault, 2006, « Plans de secours d’information et gestion de crise en situation d’urgence : une culture du risque à créer », avec Brigitte Juanals, revue Communication et Organisation 06/2006.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Annie Fouquet, « Jacques Perriault (1938-2019). Un humaniste du XXe siècle  »Distances et médiations des savoirs [En ligne], 37 | 2022, mis en ligne le 08 mars 2022, consulté le 20 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/dms/7588 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/dms.7588

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