Réflexion internationale sur l’architecture des espaces matériel et numériques dans l’enseignement supérieur
Albero B.et al. (dir.), Réflexion internationale sur l’architecture des espaces matériels et numériques dans l’enseignement supérieur, Éditions Raison et passion, avril 2018. ISBN 978-2-917645-61-1
Plan
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1Les Éditions « Raison et passion » nous proposent un ouvrage dirigé par Brigitte Albero, Teresa Yurén et Jérome Guérin sur la question des architectures des configurations spatiales de l’enseignement supérieur, en lien avec ses pratiques sociales, tout particulièrement à l’heure du développement massif des pratiques numériques.
2Les travaux s’inscrivent dans une démarche pluridisciplinaire, croisant les approches liées aux enseignements et celles liées à l’architecture, et binationale, associant la France et le Mexique.
Architecture et éducation : une relation ancienne
3Si la question des relations entre architecture et éducation est désormais ancienne, les travaux scientifiques restent peu nombreux sur le sujet, et les écrits existants concernent plutôt la forme scolaire qu’universitaire.
4Les premiers chapitres visent à fournir des éléments de cadrage précis qui étayent la recherche conduite. Les auteurs s’attachent à décrire le contexte et à fournir des éléments de problématisation, mettant en particulier en perspective le changement de nature et de culture du travail universitaire, sous l’influence notamment de la massification et de l’intrusion massive du numérique. La culture numérique de chacun et sa capacité à mobiliser des compétences occupent progressivement une place croissante face aux contenus du cours magistral et des fonds des bibliothèques, élaborant peu à peu un changement profond.
5Le projet social de chaque université est profondément marqué par ces évolutions, dans un contexte laissant une large place à des composantes comme la marchandisation, l’employabilité, et la formation du citoyen, le tout à l’heure du numérique. Les innovations pédagogiques instrumentées, conjuguant médiation et médiatisation, investissent les espaces existants, les recomposent, jusqu’à les redéfinir quand le temps est venu de constructions, reconstructions, restructurations.
Quel cadre théorique ?
6Le chapitre 2 vise à fournir un cadre épistemo-théorique et méthodologique, donnant une large place aux approches de l’Acteur-réseau dans l’analyse des relations entre humains et artefacts. Alternant des points de vue holistiques et analytiques, les auteurs nous proposent une variété d’approches, notamment sous l’angle de l’analyse sociotechnique, et de l’analyse de dispositifs instrumentaux.
7Après nous avoir présenté une analyse de la littérature et un bilan des connaissances sur le sujet, l’ouvrage nous soumet un ensemble de points de vue et réflexions permettant d’éclairer les relations entre les espaces physiques et la pratique universitaire. Denis Lemaitre nous propose notamment une analyse du décorum, particulièrement prégnant dans les grandes écoles françaises. À l’heure de l’internationalisation, de la dématérialisation et de la mise en concurrence des établissements, le décorum prend une importance accrue dans la construction de l’image, peut-être jusqu’à remettre en cause la conception même de curricula.
8Sur un plan spécifiquement architectural, c’est la mise en tension entre espace fonctionnel et espace vital qui prévaut, entre les représentations traditionnelles de l’amphi comme espace du cours magistral et de la salle de cours comme espace des travaux dirigés et aujourd’hui des formes plus souples, plus hybrides et reconfigurables pour prendre en compte les besoins des travaux individuels et collectifs.
9Mais cette dynamique est puissamment encadrée par les contraintes des configurations architecturales, entre la définition des politiques publiques, les normes et règlements associés et le cadre toujours contraint des moyens disponibles.
10Le croisement entre espaces physiques et numériques conduit à analyser la conjugaison du lieu et du flux, dans la « recherche d’organisation, de planification, de vie et de pensée de la société, un certain type de société ».
Mieux comprendre l’apport des architectes
11Les chapitres 9 à 13 sont consacrés à la formation des architectes, au Mexique et en France, permettant de mieux comprendre à la fois les modalités de la prise en compte des besoins de l’usage, mais aussi son extraordinaire complexité.
12Le chapitre 14 enfin, dernier de l’ouvrage sans être conclusif, aborde la question de la transformation numérique : hybridation des espaces, flexibilité des configurations spatiales, mutualisation des ressources, développements d’espaces immersifs et collaboratifs, ouvertures vers de nouveaux publics ou usages... Autant de dimensions nouvelles qui doivent trouver des concrétisations dans les travaux architecturaux des années à venir.
L’impossible conclusion
13À cet ouvrage, point de conclusion comme il est d’usage d’en trouver habituellement. Il ne s’agit pas de clore une étude, mais au contraire d’ouvrir une réflexion large croisant la conception des espaces universitaires avec les missions de l’enseignement supérieur.
14Il est difficile de rendre compte d’un ouvrage aussi riche et foisonnant, chaque phrase de cette note conduisant à éluder ou à travestir le propos des auteurs. Le travail accompli pour jeter les bases d’une réflexion collective mérite l’attention de chacun. Le cadre théorique et méthodologique proposé, en particulier, présente une richesse et une pertinence qui pourra servir de socle à un large éventail de travaux et réflexions, tant pour des activités de recherche que pour la participation à des travaux de conception ou de construction.
15Un ouvrage à avoir sur sa table de nuit, pour tous ceux qui sont impliqués dans des travaux de conception, construction, restructurations d’espaces d’enseignement !
Pour citer cet article
Référence électronique
Gérard Puimatto, « Réflexion internationale sur l’architecture des espaces matériel et numériques dans l’enseignement supérieur », Distances et médiations des savoirs [En ligne], 23 | octobre 2018, mis en ligne le 04 janvier 2019, consulté le 04 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/dms/2575 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/dms.2575
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