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Débat discussion

Rapports de force institutionnels et flexibilité des postures : deux approches singulières pour interroger l’évolution du cours magistral et contribuer au débat

Claire Peltier

Texte intégral

1Dans le texte d’introduction au débat proposé cette année dans la rubrique « Débat-discussion » de Distances et médiations des savoirs (Peltier, 2024), nous évoquions, en référence au texte d’Aïm et Depoux (2015) choisi pour nourrir les échanges, le cours magistral comme un dispositif communicationnel en pleine mutation.

2Les événements liés à la pandémie de Covid-19 ont permis l’expérimentation de situations d’enseignement et d’apprentissage inédites plus ou moins appréciées des personnes enseignantes et des étudiantes (Granjon, 2021). Ces différentes expériences vécues jouent sans doute un rôle dans l’évolution actuelle des pratiques et des besoins en matière de formation et d’apprentissage, sans qu’il soit toutefois possible de démêler ce qui relève d’un « effet pandémie » ou d’une évolution naturelle.

3Le renouvellement du contrat de communication du cours magistral et de ses caractéristiques est donc au cœur du questionnement que nous avons soumis aux contributrices et contributeurs sollicités pour participer au débat ouvert en 2015 par Aïm et Depoux (2015) dans leur article consacré à l’évolution de l’ethos professoral dans les MOOC. Deux premières interventions, celles d’Amélie Duguet (2024) et de Didier Paquelin (2024) dans le numéro 45, ont abordé cette question sous l’angle de l’évolution historique du cours magistral et de ses caractéristiques intrinsèques (A. Duguet), ainsi que sous celui d’un dispositif pédagogique à co-construire entre étudiants et enseignants (D. Paquelin).

4Les deux interventions proposées dans ce nouveau numéro de Distances et médiations des savoirs prolongent, d’une certaine façon, ces premières contributions. Bertrand Mocquet aborde le cours magistral du point de vue de l’évolution systémique de l’enseignement supérieur français depuis 2015 et des nouveaux rapports de force qui s’instaurent aujourd’hui dans les universités à l’aune des changements législatifs et d’une compétition renforcée entre institutions. Tout comme A. Duguet et D. Paquelin, B. Mocquet considère les interactions entre enseignants et étudiants comme une nécessité pour répondre aux exigences de qualité imposées par le contexte institutionnel actuel, mais aussi pour répondre aux besoins exprimés par les différents acteurs depuis la pandémie pour soutenir la motivation et l’engagement des étudiants dans leurs apprentissages. La réduction d’une forme de magistralité verticale au profit d’une approche davantage centrée sur la personne étudiante son expérience d’apprentissage semble être la piste à privilégier. Cette suggestion, qui n’est d’ailleurs pas nouvelle, appelle à s’interroger sur les conditions de cette modification de l’une des caractéristiques intrinsèques du cours magistral qu’est la posture de son principal acteur.

5Le texte de Chrysta Pélissier apporte une piste intéressante à cette épineuse question. L’auteure aborde la notion de flexibilité sous l’angle des gestes professionnels et des postures enseignantes. Sur la base des travaux menés par Bucheton et Soulé (2009), C. Pélissier propose une comparaison MOOC/cours magistral à partir d’une typologie de six postures d’enseignement. L’auteure souligne la diversité des postures susceptibles d’être associées au cours magistral, dont certaines entérinant une forme de magistralité plus ouverte et plus souple. Elle permet en outre de sortir d’une vision binaire (vertical/horizontal, interactif/non interactif) et de considérer les postures comme relevant d’un choix dépendant d’un ensemble de représentations et de valeurs et non d’une évolution linéaire prédéterminée. Différents niveaux de flexibilité « inter-dispositifs » sont ainsi identifiés. Ceux-ci reflètent des orientations individuelles prises en fonction d’un certain nombre de perceptions (C. Pélissier évoque « la limite d’acceptation d’un écart entre un niveau de départ et le niveau recherché en tant qu’objectif ») en lien avec les caractéristiques singulières de contextes différents.

6Le regard systémique apporté par B. Mocquet ainsi que l’approche nuancée autour des postures enseignantes proposée par C. Pélissier contribuent à dessiner de nouvelles facettes au débat initié lors du dernier numéro. Les points de vue exprimés jusqu’ici trouvent leur d’ancrage en sciences de l’éducation et de la formation. L’approche communicationnelle reflétée par le texte d’Aïm et Depoux demande encore à être saisie. C’est ce que nous tenterons d’encourager dans les deux prochains numéros.

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Bibliographie

Aïm, O. et Depoux, A. (2015). D’une magistralité [à] l’autre. Remédiation de l’ethos professoral par le dispositif du MOOC. Distances et Médiations des Savoirs, 9. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/dms.983.

Bucheton, D. et Soulé, Y. (2009). Les gestes professionnels et le jeu des postures de l’enseignant dans la classe : un multi-agenda de préoccupations enchâssées. Éducation et didactique, 3(3), 29-48.

Duguet, A. (2024). Le cours magistral et ses différentes formes de magistralité. Éléments de discussion. Distances et Médiations des Savoirs, 45. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/dms.9957.

Granjon, Y. (2021). La perception de l’enseignement à distance par les étudiants en situation de confinement : premières données. Distances et Médiations des Savoirs, 33. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/dms.6166.

Paquelin, D. (2024). La magistralité, une approche attentionnelle. Distances et Médiations des Savoirs, 45. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/dms.9954.

Peltier, C. (2024). La rubrique « Débat-discussion » fait peau neuve. Distances et Médiations des Savoirs, 45. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/dms.9952.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Claire Peltier, « Rapports de force institutionnels et flexibilité des postures : deux approches singulières pour interroger l’évolution du cours magistral et contribuer au débat »Distances et médiations des savoirs [En ligne], 46 | 2024, mis en ligne le 24 juin 2024, consulté le 16 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/dms/10285 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11vlj

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Auteur

Claire Peltier

Université Laval, claire.peltier@fse.ulaval.ca ; Université de Genève, claire.peltier@unige.ch

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