Ahmad Yahyà al-Dhayfanî, La tendance nationaliste dans le mouvement des Yéménites libres
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YEMChronologique :
XXe siècleTexte intégral
1Quelle était la nature du mouvement connu sous le nom des « Yéménites libres » dans la première moitié du XXe siècle ? Telle est la question à laquelle Ahmad al-Dhayfanî tente de répondre dans son ouvrage. Il retrace tout d’abord la genèse du mouvement, né d’oppositions individuelles et dispersées au régime de l’imam Yahyà après le départ des Turcs. Dans les années 1930, le mouvement cristallisa, d’abord à Sanaa, puis à Ta‘izz, l’opposition de trois groupes bien distincts, familles concurrentes de l’imam, hommes de religion ou de savoir et commerçants opposés à la politique commerciale de l’imam. Il apparaît ainsi comme le résultat de l’alliance entre deux catégories sociales différentes, une partie de l’élite politique et religieuse et certains milieux commerçants. L’auteur y voit, entre autres, une conséquence de la politique de l’imam qui avait conduit à réduire l’influence politique exercée par l’élite traditionnelle. Au cours de la décennie suivante, le mouvement, pourchassé par l’imam, franchit les frontières et tenta de s’appuyer à la fois sur les expatriés yéménites et sur les autres pays arabes.
2A l’aide d’une riche documentation, Ahmad al-Dhayfanî tente d’analyser dans une deuxième partie les idées qui sous-tendaient l’action des « Yéménites libres ». Il montre qu’il s’agissait avant tout pour eux de restaurer la religion musulmane et l’attachement à la « nation » arabe dévoyés par l’imam. Comme le montrent les lettres écrites par les membres du mouvement, ceux-ci croyaient profondément en la capacité de la Ligue arabe à soutenir leur cause et cherchèrent en retour à soutenir, par exemple, la cause palestinienne dès 1947. Le nationalisme arabe est donc loin d’être absent de la pensée des « Yéménites libres ».
3Dans une troisième partie, l’étude de la révolution de 1948, fruit de la lutte du mouvement, confirme d’ailleurs, que la question du nationalisme arabe y tint une grande importance, mais d’une manière inattendue pour le mouvement. La Ligue arabe n’apporta pas son soutien au soulèvement. Le régime saoudien, et les autres régimes arabes dans une moindre mesure, jouèrent même un rôle central dans l’échec de la révolution et la prise de Sanaa.
4Au terme de ce parcours, les enjeux de l’ouvrage de Ahmad al-Dhayfanî apparaissent clairement. Il s’agit pour lui d’une part de montrer l’enracinement de la révolution yéménite de 1962, fille de celle de 1948 selon l’auteur, dans le nationalisme arabe. D’autre part, il met bien en lumière l’opposition des régimes arabes des années 1940 au nationalisme, tout en insistant sur la collusion des intérêts de ces régimes avec ceux des puissances coloniales. Il y voit en définitive une contribution à l’affaiblissement de la « nation » arabe.
Pour citer cet article
Référence électronique
Hassan Ali Eissa, « Ahmad Yahyà al-Dhayfanî, La tendance nationaliste dans le mouvement des Yéménites libres », Chroniques Yéménites [En ligne], 8 | 2000, mis en ligne le 06 septembre 2007, consulté le 18 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cy/42 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cy.42
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