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Histoire

Les barrages‑poids des régions montagneuses d’Arabie du Sud au cours de la période préislamique

The Storage Dams in Mountainous Regions of South Arabia in the pre-Islamic Period
Julien Charbonnier

Résumés

De l’âge du bronze et jusqu’à nos jours, les populations d’Arabie du Sud ont privilégié le détournement des eaux de crue pour irriguer les parcelles cultivées. Au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne toutefois, une nouvelle technique d’irrigation a été adoptée dans les régions montagneuses. Des barrages ont été construits afin de retenir et de stocker l’eau des wadis. Le présent article entend faire un bilan de nos connaissances les concernant et les mettre en rapport avec l’apparition du royaume himyarite.

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Entrées d’index

Géographique :

Arabie du Sud

Chronologique :

période sudarabique
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Texte intégral

1 À la pointe sud de la péninsule Arabique, l’économie de production a probablement été adoptée au cours des 4e et 3e millénaires av. J.‑C. (Costantini, 1990). Dans les régions montagneuses occidentales, les premières communautés agricoles de l’âge du bronze ont tiré parti des pluies et des ruissellements (Ekstrom et Edens, 2003).

  • 1 Au cours de l’âge du bronze, le climat de l’Arabie du Sud était un peu plus humide qu’à l’heure act (...)

2Sur les marges du Ramlat al‑Sab‘atayn et à l’est des hautes‑terres, face à la faiblesse des précipitations1, les populations n’ont eu d’autre choix que de recourir à l’irrigation. La technique la plus employée tout au long de l’âge du bronze et de la période sudarabique était simple, il s’agissait de détourner une partie des crues des wadis à l’aide de digues submersibles placées en travers de leur cours et de les envoyer directement dans les champs grâce à des canaux d’irrigation. De cette manière, l’eau apportait avec elle des sédiments fins qui permettaient la création de sols de culture. Il n’était pas obligatoire de retenir les crues dans des réservoirs puisqu’en Arabie du Sud, elles se produisent au cours de la saison végétative des plantes annuelles, et notamment des céréales.

  • 2 Brunet, Ferras & Théry, 1993, p. 61.
  • 3 Calvet & Geyer, 1992, p. 139.

3 Dans les montagnes, parallèlement à l’utilisation de cette méthode d’irrigation, des barrages ont été employés. Par barrage, nous entendons un ouvrage d’art barrant complètement un cours d’eau pérenne ou épisodique2 et servant soit à élever son niveau, soit à créer un bassin de rétention. Dans le premier cas, on parle de barrages‑seuils, dans le deuxième, de barrages de retenue3.

4Depuis les années 1970, une soixantaine d’ouvrages de ce type ont été recensés par diverses missions archéologiques (fig. 1). Bien qu’ils soient pour la plupart peu documentés, certains ont livré suffisamment d’informations pour que nous puissions réaliser une étude préliminaire. Celle‑ci permettra de faire le bilan de nos connaissances et de préciser les axes de recherches pour de futures études. Il s’agira de comprendre au cours de quelle(s) période(s) et dans quel contexte social et politique ont été construits les barrages.

5Notre propos est organisé en plusieurs parties. Nous nous intéresserons tout d’abord aux caractéristiques architecturales des barrages et nous en proposerons une typologie. Les questions de leur mode de fonctionnement et de leur datation seront ensuite abordées. Dans un dernier temps, nous les replacerons dans le contexte politique de la fin de la période préislamique.

Les techniques de construction des barrages

6Un barrage se compose d’un mur de retenue, qui s’étend d’un bord à l’autre de la vallée afin de la fermer entièrement. D’un point de vue architectural, nous distinguons plusieurs types d’ouvrages, qui s’opposent à la poussée de l’eau de différentes manières. Les barrages‑voûtes ont en plan la forme d’un arc dont les extrémités s’appuient sur les rochers de part et d’autre de la vallée, les rives ont alors une importance statique importante et sont mises à contribution dans la répartition des forces en jeu. Les barrages ancrés sont munis de fondations. Les barrages‑poids retiennent les flots simplement grâce à leur masse. En section, ils sont le plus souvent triangulaires (Calvet et Geyer, 1992 : 139 ; Smith, 1972 : 263‑265).

7Les barrages sont généralement dotés de plusieurs dispositifs d’évacuation contrôlée de l’eau et des sédiments : des déversoirs, des exutoires et des canalisations basses. Les déversoirs évacuent l’excédent d’eau lors des crues, les murs de retenues pouvant se rompre s’ils sont submergés (Bonnin, 1984 : 144). Ils sont en général situés au somment de l’ouvrage. Les exutoires alimentent quant à eux des canaux d’irrigation. De nombreux barrages sont également équipés de canalisations, situées à leur base, par lesquelles peuvent être retirées les alluvions accumulées dans leurs réservoirs. Sans cela, ces derniers se combleraient à plus ou moins long terme.

Les murs de retenue

  • 4 Robin & Dridi, 2004, p. 89 ; Gibson & Wilkinson, 1995, p. 176.
  • 5 Robin & Dridi, 2004, p. 69 ; Lewis, 2005, p.204.

8Tous les ouvrages préislamiques découverts en Arabie du Sud à ce jour sont des barrages‑poids. Presque tous sont rectilignes, posés à même le rocher et implantés en travers d’un wadi, souvent au niveau d’un rétrécissement. Dans quelques cas cependant, la présence d’un saillant rocheux au milieu de la vallée a permis de diviser en deux portions le mur de retenue. Le barrage d’al‑Ghunaymiyya (fig. 2), localisé dans le wadi Shirjān, à l’est de la ville d’al‑Bayḍā’, de même que Sadd Yehjil et Sadd Sijin, installés dans deux vallées parallèles à environ 5 km à l’ouest de Ẓafār, la capitale du royaume himyarite, présentent cette particularité4. L’ouvrage supérieur du wadi dhū al‑Qayl (fig. 3), non loin d’al‑Bayḍā’, et Sadd Tamīm, sur le plateau de Dhamār, font également exception avec leur plan en « L »5.

  • 6 Robin & Dridi, 2004, p. 90.
  • 7 de Maigret, 1990, p. 25 et pl. 37a.
  • 8 Ce type d’ouvrage ne doit pas être confondu avec les barrages en enrochement. Alors que ces dernier (...)

9La quasi totalité des barrages sont maçonnés à l’exception notable de celui situé à proximité du site d’al‑Hadīm6 et de la digue d’al‑‘Aqr al‑Maksūr7, dans le Khawlān. Tout comme la Grande Digue de Mārib, ces derniers sont composés de blocs de pierre non équarris recouvrant une levée de terre. Il s’agit donc de barrages en remblais8.

  • 9 Cf. Siewert, 1982.
  • 10 Cf. Robin & Dridi, 2004.
  • 11 Cf. Lewis, 2005. 
  • 12 Cf. Gibson & Wilkinson, 1995. 
  • 13 Cf. de Maigret, 1985.
  • 14 Cf. Ghaleb, 1990.
  • 15 Cf. Robin, Breton & Audouin, 1981 ; Robin & Dridi, 2004.
  • 16 Cf. Gibson &Wilkinson, 1995.

10Les ouvrages maçonnés sont soit constitués d’un noyau de terre et/ou de moellons circonscrits par deux parements, soit de deux murs à double parement séparés par un blocage de blocs de pierre, de briques crues ou de terre (fig. 4). Dans la première catégorie on peut inclure les barrages construits en travers des wadis Doḍān et Ghaylān, au nord de Sanaa9, celui d’Hajar Ṣabāḥ10 (fig. 5), près de Radā’, Sadd Ajma’11, Sijin, Yehjil12 et al‑Wastāh13, dans la région de Dhamār et enfin Sadd Asfal14, près de Qāniya. Sadd ‘Āmir15, dans la région de Niḥm, l’ouvrage du wadi al‑Sadd16, près d’Aḍra‘a, au sud du plateau de Dhamār, ceux du wadi dhū al‑Qayl et Sadd dhū Ḥadīd composent le second groupe. Sadd Bāb al‑Salaba et le barrage supérieur du wadi Doḍān, constitués de trois murs successifs séparés par des bourrages en matériaux divers, représentent tous deux des variantes de ce mode de construction.

  • 17 Cf. Robin & Dridi, 2004.
  • 18 En architecture, un fruit correspond à la diminution de l’épaisseur d’un mur au fur et à mesure qu’ (...)

11Les façades des murs de retenue sont parfois verticales, comme c’est le cas en amont du barrage supérieur du wadi dhū al‑Qayl17, sur celui du wadi Ḥisāya, situé au nord de Radā’, et sur Sadd al‑Kawla (fig. 6), au sud de Dhamār. D’autres présentent un léger fruit18 (Sadd ‘Āmir, Sadd Sijin, Sadd Yehjil et wadi Ghaylān) ou sont caractérisés par des assises disposées en gradin (wadi al‑Sadd, al‑Wāstah, Sadd dhū Ḥadīd, barrage supérieur du wadi Doḍān, wadi dhū al‑Qayl et wadi Ḥisāya).

  • 19 Robin & Dridi, 2004, p. 91.

12La dimension des ouvrages est très variable. Le plus long, Sadd dhū Ḥadīd, implanté dans le wadi du même nom, s’étire sur environ 280 mètres alors que le mur de retenue situé en partie supérieure du wadi dhū al‑Qayl ne dépasse pas 20 mètres de longueur19.

Les dispositifs de franchissement équipant les barrages

13Tous les ouvrages précédemment cités et formant une retenue sont équipés de dispositifs de franchissement. Cinq types de dispositifs peuvent être distingués en fonction, à la fois, de leur utilité et de leur mode de construction : les déversoirs de crue rupestres, les déversoirs aménagés au sommet des murs de retenue, les canalisations permettant l’évacuation des alluvions, les exutoires traversant les murs de retenue et les exutoires rupestres.

  • 20 Robin, Breton & Audouin, 1981, p. 39.
  • 21 Robin & Dridi, 2004, p. 85.
  • 22 Siewert, 1982, p. 194.

14Des déversoirs sont parfois taillés dans les parois rocheuses de la vallée, au niveau de la partie supérieure des barrages. Cela peut être observé sur les ouvrages de Sadd ‘Āmir20, d’al‑Jifjif21, dans le wadi Shirjān, et du wadi Ghaylān22 (ce dernier étant creusé en tunnel dans la paroi rocheuse au nord du mur de retenue ; fig. 7).

15Dans de rares cas, le mur de retenue servait aussi de déversoir. Il était construit de manière à pouvoir être submergé sans se casser. Le barrage implanté sur le wadi Ḥisāya présentait, sur sa face aval, des assises en gradin (fig. 8). Celles‑ci permettaient, outre une meilleure tenue de l’ouvrage, de calmer les flots lorsqu’ils passaient par dessus et empêchaient la formation de tourbillons en arrière du mur.

  • 23 Robin & Dridi, 2004, p. 90‑91.
  • 24 Wilkinson, 2003, p. 192.
  • 25 Robin & Dridi, 2004, p. 72 et 78‑79.
  • 26 La galerie située à la base du barrage supérieur du wadi dhū al‑Qayl mesure, par exemple, environ 1 (...)

16De larges ouvertures peuvent être observées à la base de certains barrages, tels ceux des wadis dhū al‑Qayl (fig. 3), ‘Alma (région d’al‑Bayḍā’ ; fig. 9), Ghaylān (fig. 7), dhū Ḥadīd et Hajar Ṣabāḥ (fig. 5). Il en reste de probables vestiges sur l’ouvrage inférieur du wadi dhū al‑Qayl23. T. Wilkinson mentionne la présence de dispositifs similaires sur des barrages de la région de Dhamār24. Dans les wadis dhū al‑Qayl et ‘Alma, ils sont obturés à l’aide de blocs de pierre. H. Dridi propose de les interpréter comme des ouvertures permettant de retirer les alluvions accumulées en arrière des murs de retenue25. Ils sont en effet trop larges pour des conduites d’eau26. Il aurait été difficile de retirer les éventuelles vannes les fermant sans mettre en danger la vie des personnes en charge de cette tâche, surtout si cette opération avait lieu dans le tunnel, car une importante quantité d’eau se serait immédiatement écoulée. De plus, on peut constater que le barrage supérieur du wadi dhū al‑Qayl est équipé d’un autre exutoire, de petite dimension (environ 40 cm de largeur et 15 cm de hauteur) et situé en partie basse de l’ouvrage, qui est clairement destiné à évacuer progressivement l’eau du réservoir (fig. 3). La large conduite localisée à la base de l’ouvrage devait donc servir à vidanger ce dernier. On peut s’interroger sur le mode de fonctionnement d’un tel aménagement. Commentant des galeries similaires visibles sur des barrages espagnols datant du Moyen Âge, mais encore en activité au cours du xxe siècle, N. Smith explique que lorsqu’une quantité importante d’alluvions s’est accumulée dans le réservoir, des ouvriers retirent les blocs ou les panneaux obstruant le tunnel. Les limons étant épais et compacts, l’eau ne peut s’écouler dans la galerie. Les ouvriers se placent alors au sommet du barrage, d’où ils brisent les sédiments à l’aide de longues barres de fer. L’eau s’engouffre alors rapidement dans l’exutoire et emporte avec elle les alluvions (Smith, 1972 : 109‑110 à propos des barrages de l’Espagne chrétienne).

  • 27 de Maigret, 1985, p. 357‑359.
  • 28 Ghaleb, 1990, p. 237.
  • 29 Lewis, 2005, p. 201‑202.

17Certains aménagements alimentaient des canalisations. Les ouvrages d’al‑Wāsta27, de Sadd dhū Ḥadīd28, de Sadd Bāb al‑Salaba, de Sadd Sijin et de Sadd Yehjil étaient équipés d’exutoires taillés dans les parois rocheuses attenantes au mur de retenue. K. Lewis rapporte la présence de dispositifs similaires sur plusieurs autres barrages de la région de Dhamār/Yarīm, parfois d’un seul côté du mur, parfois des deux : Sadd Abu Yabis, Sadd al‑Qa’imah, Sadd Harran, Dhi Ahwad et Sadd Majil. Des encoches verticales, visibles de part et d’autre de certains conduits, permettaient de glisser des panneaux afin d’interrompre le flot d’eau29.

  • 30 Robin & Dridi, 2004, p. 72‑73.
  • 31 Lewis, 2005, p. 201.
  • 32 Les trois conduites qui traversent ce dernier partent d’un massif de plan carré accolé à la façade (...)

18L’eau pouvait également être relâchée grâce à des canalisations aménagées dans le mur de retenue (fig. 10). Dans la région d’al‑Bayḍā’, mentionnons les deux ouvrages du wadi dhū al‑Qayl30 et dans celle de Dhamār, ceux de Sadd Tamīm, Sadd Kharfān, Sadd al‑Ghul, Sadd Yehjil31 et Sadd Aḍra‘a32.

19Les exutoires taillés dans le roc peuvent être observés sur des barrages situés à différents endroits des hautes‑terres (fig. 11). Même constat pour ceux traversant les murs de retenue, qui voisinent souvent avec les premiers. Le choix de l’un ou l’autre dépendait‑il des conditions de terrain ?

20On possède peu d’exemples de dispositifs d’évacuation des crues mais il est probable que la plupart des ouvrages du Yémen en fussent autrefois munis. La partie centrale des barrages ayant en général été emportée par les crues, il est impossible de le savoir.

Des différences régionales en matière d’architecture

  • 33 Un faible nombre de barrages peuvent toutefois être inclus dans notre typologie. En effet, la plupa (...)

21Certains barrages présentent des similarités d’un point de vue architectural. Trois types peuvent être définis, chacun caractérisé par un appareil spécifique33. Les différences constatées entre les types, dans la taille et la mise en œuvre des blocs de pierre, étaient liées bien sûr au contexte géologique, et aux possibilités d’approvisionnement en matériaux de construction, mais dépendaient également des choix opérés par les ouvriers et leurs commanditaires.

  • 34 Francaviglia, 2002, p. 130‑133.
  • 35 Francaviglia, 2002, p. 130‑131.

22Le type 1 regroupe des ouvrages composés de blocs de pierre taillés, de forme quadrangulaire, disposés en panneresse, sans mortier apparent. Ils forment des assises de hauteur irrégulière pseudo isodomes, au sein desquelles les blocs sont de longueur variable. Ces barrages évoquent ainsi les constructions hydrauliques appartenant aux systèmes d’irrigation entourant les cités antiques de Mārib et de Barāqish34. L’ouvrage situé en partie supérieure du wadi Ghaylān et celui de Sadd ‘Āmir appartiennent à ce groupe (fig. 7 et 12). Les massifs semi‑circulaires qui équipent ce dernier se retrouvent sur des ouvrages sabéens, comme par exemple le Bauanlage A, implanté en aval de la Grande Digue de Mārib35.

23Les murs de retenue des barrages de type 2 sont constitués de blocs de pierre souvent non équarris dont la forme et les dimensions sont variables. Leur face visible peut être rectangulaire ou polygonale. Contrairement à ce que l’on a pu observer sur les ouvrages de type 1, ils ne sont pas disposés en assise et des pierres de petit module viennent combler les interstices entre eux. Il s’agit donc d’une sorte d’appareil en opus incertum. Les barrages de Hajar Ṣabāḥ, Sadd Aḍra’a et Sadd al‑Kawla entrent tous trois dans cette catégorie (fig. 5 et 6). Il est à noter que les deux premiers présentent plusieurs ressauts horizontaux en façade.

24Les façades des barrages de type 3 sont composées de blocs de pierre posés en assises régulières. Ces blocs sont grossièrement taillés — dans un granit local —, à peu près quadrangulaires et de longueurs variables. Ils sont liés au mortier et disposés en léger retrait les uns par rapport aux autres, ce qui fait que les murs de retenue se rétrécissent vers le haut. Les ouvrages des wadis dhū al‑Qayl, ‘Alma, Ḥisāya, Samhā et Shirjān forment ce groupe (comparer fig. 2, 3, 9 et 13). Les deux premiers sont par ailleurs équipés de dispositifs de vidange très similaires (une large galerie de section trapézoïdale d’environ 1 m de haut).

  • 36 Robin, Breton & Audouin, 1981, p. 39.

25Les barrages de type 3 sont tous localisés dans les régions de Radā’ et d’al‑Bayḍā’, ceux de type 2 au sud du plateau de Dhamār et ceux de type 1 au nord de la capitale yéménite (fig. 14). Sadd ‘Āmir est implanté dans le Niḥm, c’est‑à‑dire sur le territoire de la tribu de Sam‘ī. Au cours de la période sudarabique, cette dernière était dans l’orbite du royaume de Saba’36, ce qui pourrait expliquer les ressemblances entre Sadd ‘Āmir et plusieurs ouvrages hydrauliques sabéens. En matière d’architecture des barrages, plusieurs traditions régionales semblent avoir coexisté car certains ouvrages appartenant aux types 1 et 2 peuvent être datés de la période himyarite grâce à leurs inscriptions de fondation, nous reviendrons sur ce point.

Les différentes fonctions des barrages

  • 37 Robin & Dridi, 2004, p. 90 et 100‑101.
  • 38 Parallèlement, l’eau contenue dans les réservoirs pouvait servir à l’alimentation humaine ou animal (...)
  • 39 Robin & Dridi, 2004, p. 91.
  • 40 Robin & Dridi, 2004, p. 90.

26Les barrages peuvent servir à irriguer des champs, à stocker l’eau pour l’alimentation humaine ou animale, à produire de l’énergie (moulin), ou à protéger les établissements des crues des cours d’eau. D’après son inscription de fondation, c’est cette dernière fonction que remplissait l’ouvrage Ta‘ūd situé non loin du site d’al‑Hadīm, l’antique Hidū37. La plupart des barrages des hautes‑terres étaient toutefois destinés à l’irrigation des champs, comme nous l’indiquent les inscriptions de fondation de certains d’entre eux38. Les murs de retenue entravant les cours des wadis Kharfān, Makhliq et Ḥisāya fonctionnaient comme des barrages‑seuils. Le premier détournait les crues vers la vallée du wadi dhū Ḥadīd, via un canal dont les vestiges sont encore visibles, où elles étaient utilisées pour irriguer des parcelles39. Le dernier haussait le niveau des flots du wadi Ḥisāya et leur permettait de franchir un seuil et de se déverser dans une autre vallée. Celle‑ci débouchait sur une plaine située au pied du site d’al‑Mi‘sāl, l’antique ville de Wa‘lān, localisée environ 10 km à l’est de l’ouvrage40.

  • 41 Voir par exemple MAFRAY‑Makhliq 1, MAFRAY‑dhū Hadīd 1 et 2, MQ‑Ḥayd Mūsà 1 dans Robin & Dridi, 2004
  • 42 Lewis, 2005, p. 205.

27Les barrages servaient dans leur grande majorité à créer des retenues permanentes, ce que confirment certaines inscriptions commémoratives41. Ils barraient entièrement les vallées et étaient munis d’exutoires de petites dimensions permettant de relâcher l’eau par intermittence tout en contrôlant son débit (comme nous l’avons vu, certains pouvaient être refermés à l’aide de vannes). Cela montre qu’elle était stockée dans les réservoirs pendant une période assez longue. La présence de mortier étanche sur les faces amont de certains ouvrages (Sadd Sanaban, Sadd al‑Aymah, Sadd Bāb al‑Salaba, Sadd Sijin, Sadd al‑Asfal, Sadd Aḍra‘a, wadi dhū al‑Qayl) le prouve42.

  • 43 Rigot, 2006, p. 24.

28Rappelons qu’en Arabie du Sud, du fait du rythme de la mousson, l’essentiel des précipitations s’abattait durant les mois d’avril–mai et de juillet–août. Sans l’aide des barrages, c’est uniquement au cours de ces deux saisons que les céréales pouvaient être semées, après les pluies ou le passage des crues. L’eau contenue dans leurs réservoirs était probablement relâchée progressivement afin d’irriguer les parcelles sur une plus grande durée43 et d’augmenter ainsi le nombre de récoltes annuelles. Cela constituait un bon moyen d’accroître les rendements dans une région où les sols cultivables étaient souvent confinés dans les fonds de vallées et où, contrairement aux basses‑terres, l’espace manquait pour étendre à loisir les champs et les canaux.

  • 44 Gibson & Wilkinson, 1995, p. 176.
  • 45 Pirenne, 1987, p. 100‑101.

29Du fait de l’occupation continue des montagnes jusqu’à nos jours, il ne reste malheureusement que des lambeaux des systèmes d’irrigation associés aux barrages. Des canaux ont été découverts en aval de quelques‑uns d’entre eux, tels Sadd Ajma’ et Sadd Aḍra‘a44. Autour de la ville himyarite de Baynūn, au nord‑est du plateau de Dhamār, plusieurs ouvrages étaient associés à des canalisations, sur le parcours desquelles deux tunnels ont été aménagés afin que l’eau puisse rejoindre une vallée située au pied du site45.

Des barrages datant de la période himyarite

  • 46 Il est possible que certains barrages soient plus récents. De manière générale, notre étude prend u (...)
  • 47 Cf. Robin & Dridi, 2004.

30Une bonne partie des barrages repérés dans les hautes‑terres ont été construits au cours de la période sudarabique46. Plusieurs sont datés grâce à leur inscription de fondation, gravée sur un rocher localisé à proximité ou directement sur l’ouvrage. La liste en a été dressée par C. Robin 47, que nous reprenons ci‑dessous :

Sadd ‘Āmir : iieier siècle av. J.‑C. (daté sur critères paléographiques, cf. MAFRAY‑ Sadd ‘Āmir 3)

Barrage sur le wadi ‘Alma : ier siècle ap. J.‑C. (daté sur critères paléographiques, cf. MQ‑‘Alma 2)

Sadd Yan‘im à Hajar Ṣabāḥ : vers 40–70 ou vers 85–100 ap. J.‑C. (daté en fonction d’un personnage mentionné dans l’inscription, cf. Hajar Ṣabāḥ 1)

Barrage al‑‘Ādī sur le wadi dhū Ḥadīd : vers 74–85 ap. J.‑C. (daté en fonction d’un personnage mentionné dans l’inscription, cf. MAFRAY‑dhū Ḥadīd 12)

Barrage Ta‘ūd près d’al‑Hadīm : vers 74–85 ap. J.‑C. (daté en fonction d’un personnage mentionné dans l’inscription cf. MQ‑Hadīm 1)

Barrage du wadi Kharfān : vers 85 à 100 ap. J.‑C. (daté en fonction d’un personnage mentionné dans l’inscription, cf. MAFRAY‑dhū Ḥadīd 2)

Barrage du wadi Makhliq : vers 100–120 ap. J.‑C. (daté en fonction d’un personnage mentionné dans l’inscription, cf. MAFRAY‑Makhliq 1)

Barrage Ghaylān Yafuḍḍ : 100–120 ap. J.‑C. (daté en fonction d’un personnage mentionné dans l’inscription, cf. MQ‑Ṣanā‘ Āl Zayn 3)

Barrage d’al‑As‘adī sur le wadi Ḥisāya : vers 100–120 ap. J.‑C. (daté en fonction d’un personnage mentionné dans l’inscription, cf. MAFRAY‑Ḥisāya 1)

  • 48 Cet ouvrage n’est pas mentionné dans Robin & Dridi, 2004. À son propos voir Charloux et alii, 2009, (...)

Barrage inférieur du wadi Ḥarīr : début du iie siècle ap. J.‑C. 48

Barrage d’al‑Jifjif sur le wadi Shirjān : réparation vers 242 (plus ou moins 11 ans) ap. J.‑C. (date précise exprimée dans le calendrier himyarite, cf. MQ‑al‑Jifjif 1)

Barrage d’al‑Ḥāṭ sur le wadi Shirjān : vers 268 (plus ou moins 11 ans) ap. J.‑C. (date précise exprimée dans le calendrier himyarite, cf. MQ‑al‑Ḥāṭ 1)

  • 49 Ce barrage n’apparait pas dans la liste de C. Robin. À son propos voir Wilkinson & Edens, 1999, p.  (...)

Sadd al‑Hanūq : 389 de l’ère himyarite, c'est‑à‑dire vers 274 ap. J.‑C. (date précise exprimée dans le calendrier himyarite)49

Barrage supérieur du wadi dhū al‑Qayl : vers 280 ap. J.‑C. (date précise exprimée dans le calendrier himyarite, cf. MQ‑Ḥayd Mūsà 1 ‑ RES 4196)

Barrage inférieur du wadi dhū al‑Qayl : vers 280 ap. J.‑C. (date précise exprimée dans le calendrier himyarite)

Barrage d’al‑Ghunaymiyya sur le wadi Shirjān : ive siècle ap. J.‑C. (daté en fonction de personnages mentionnés dans l’inscription, cf. Ja 1818 = MQ‑Shirjān 26)

31Les inscriptions de fondation révèlent parfois la date d’achèvement de l’ouvrage mais il faut souvent se contenter de la mention d’un personnage officiel ou d’un souverain, voir de comparaisons paléographiques. Comme l’indique C. Robin, le premier mode de datation est le plus précis et le moins susceptible d’être mis en doute. Dans le second cas, il faut se contenter d’une fourchette de temps. Les études menées par les épigraphistes ont toutefois permis de bien connaître la succession des rois et des personnages officiels au cours de la période himyarite. C. Robin estime ainsi que « la période d’activité [des personnes prises en compte] est établie avec une bonne approximation » (Robin et Dridi, 2006 : 96). Comme il l’observe lui‑même, dater en fonction de la graphie du texte est plus hasardeux (Robin et Dridi, 2006 : 96). Ce mode de datation ne repose en effet que sur une comparaison de la forme des lettres, celles‑ci évoluant au cours du temps. Ce critère n’a toutefois été utilisé que dans deux cas.

  • 50 En Arabie du Sud, le seul barrage qui pourrait leur être antérieur est celui qui bloquait le cours (...)
  • 51 Car il est justement daté d’après des critères paléographiques ; cf. Robin & Dridi, 2004, p. 96.

32Tous les ouvrages qui sont accompagnés d’une inscription de fondation remontent à la période himyarite, c’est à dire à la première moitié de l’ère chrétienne50, à l’exception de Sadd ‘Āmir, mais ce dernier n’est pas daté avec certitude51. On retiendra de l’étude de C. Robin que les deux principales phases de construction semblent se situer entre le ier et le début du iie siècle ap. J.‑C. (8 ouvrages) et entre le milieu du iiie et le ive siècle ap. J.‑C. (6 ouvrages).

  • 52 Ne prendre en compte que la moitié inférieure de l’ouvrage, la partie supérieure ayant été manifest (...)

33À cette liste nous pouvons ajouter quatre ouvrages présentant une parenté architecturale avec un ou plusieurs barrages datés par inscription. Bien qu’il ne soit pas possible de préciser au cours de quel siècle les barrages concernés ont été construits, ces similarités indiqueraient qu’ils remontent à la période himyarite (dans les deux premiers cas). L’appareillage de Sadd al‑Kawla et Sadd Aḍra‘a évoque celui de Sadd Yan‘im (à Hajar Ṣabāḥ) et ils sont par ailleurs implantés à quelques kilomètres de lui (type 2). Comme les ouvrages des wadis Shirjān, ‘Alma et dhū al‑Qayl, dont il est voisin, le mur de retenue du wadi Samhā est composé de longs blocs disposés en assises régulières, elles‑mêmes en léger retrait les unes par rapport aux autres52 (type 3). De la même manière, on peut rapprocher le Sadd ‘Āmir et le barrage du wadi Ghaylān (type 1).

  • 53 Ces rapprochements se fondent là aussi sur l’appareillage des murs de retenue. Voir Gibson & Wilkin (...)

34Dans la région de Dhamār, quatre autres ouvrages (Sadd Ajma’, Yehjil, Sijin et Bāb al‑Salaba) peuvent être datés de l’époque himyarite en raison de leur ressemblance avec des bâtiments de cette période53.

  • 54 Robin & Dridi, 2004, p. 111.

35Les premiers siècles de l’ère chrétienne correspondent à une phase d’intense activité hydraulique dans la région des hautes‑terres (fig. 15). En l’état actuel des données, il semble que l’adoption du barrage de retenue remonte à cette époque54.

L’impact du développement du royaume himyarite sur l’activité hydraulique dans les hautes‑terres

  • 55 Bāfaqīh, 1990, p. 62‑66.

36Les barrages dont nous connaissons le commanditaire ont été bâtis sur ordre de souverains himyarites ou de qayl-s, personnages officiels placés à la tête d’une tribu ou d’une fédération tribale (dont ils n’étaient toutefois pas forcément issus). Ces derniers étaient vassaux des rois même s’ils jouissaient d’une très large autonomie55.

  • 56 Robin & Dridi, 2004, p. 85‑88 et 90.
  • 57 Robin & Dridi, 2004, p. 85.
  • 58 Robin & Dridi, 2004, p. 82.
  • 59 Robin & Dridi, 2004, p. 92.

37Des qayl-s ont ainsi ordonné l’édification de la digue située près d’al‑Hadīm et le barrage al‑Ghunaymiyya, dans le wadi Shirjān56. L’ouvrage d’al‑Ḥāṭ, situé en amont du même wadi, doit son existence à un client du seigneur Far‘ān Yāzil57. Ce même personnage, qayl des tribus de Qashamum et de Maḍḥiyum, est à l’origine des deux retenues du wadi dhū al‑Qayl58. Le barrage du Ghayl Qaṭṭār a été bâti par le roi ‘Amdān Bayān Yuhaqbiḍ (Robin et Dridi, 2004 : 90), celui du wadi dhū Ḥadīd par le qayl Makhṭarān As’ar59. L’inscription MAFRAY‑al‑Mi’sāl 13, du iie siècle ap. J.‑C., rapporte la construction de retenues et de canaux d’irrigation près de la ville de Wa‘lān par un qayl de la tribu de Radmān et Khawlān.

  • 60 Wilkinson, 2003, p. 191.

38En l’absence d’inscription de fondation pour l’ensemble des barrages, nous ne pouvons affirmer que tous ont été élevés sur ordre des élites politiques. Toutefois, ils ont dû représenter un investissement important, dépassant sans doute les moyens de petites communautés agricoles60. Leur apparition dans les hautes‑terres semble par ailleurs corrélée au développement d’Ḥimyar, au tournant de l’ère chrétienne. Les ouvrages datés par une inscription ont, comme nous l’avons vu, été bâtis entre le début du ier et le début du iie siècle et entre le milieu du iiie et la fin du ive siècle ap. J.‑C. Une alliance se forme entre les tribus himyarites et le royaume sabéen au début de l’ère chrétienne et se maintient tout au long du ier siècle, jusqu’à ce que Saba’ échappe à la tutelle de Ḥimyar et reprenne son indépendance. S’ensuivent d’incessants conflits entre les deux entités. Au cours du iiie siècle, les Abyssins occupent la Tihāma et l’ouest des montagnes. Le royaume himyarite annexe à nouveau Saba’ à la fin de ce même siècle, ouvrant une ère de relative stabilité. Au vie siècle, la région devient un enjeu politique pour les grandes puissances du Proche‑Orient. Les conflits religieux entre chrétiens et juifs entraînent l’intervention des Abyssins et des Perses. Les barrages dont nous connaissons la date de fondation ont donc été construits au cours des périodes politiquement stables, lorsque le pouvoir s’est renforcé.

Conclusion

  • 61 Robin & Dridi, 2004, p. 111‑112.

39Les résultats de cette étude sont préliminaires. La typologie architecturale que nous avons proposée mériterait d’être complétée et précisée. Elle se fonde pour l’instant uniquement sur l’appareil visible des murs de retenue, à défaut d’informations suffisantes sur leur structure interne et leur mode de construction. Le fonctionnement des barrages doit également être éclairci. Leur mode de gestion nous échappe encore complètement, à défaut de source écrite venant l’éclairer. Ces ouvrages étaient‑ils gérés par les qayl‑s ou collectivement, par les communautés paysannes ? Parallèlement, la chronologie de cette technique doit être précisée. Les barrages ont‑ils été utilisés uniquement au cours de la première moitié du ier millénaire ap. J.‑C., comme les données actuelles le laissent à penser ? Quand ont‑ils été abandonnés ? Sont‑ils issus du savoir‑faire hydraulique local, développé tout au long de l’âge du bronze et de la période sudarabique, ou sont‑ils tributaires de techniques importées du Proche‑Orient, comme certains chercheurs en ont fait l’hypothèse61 ? La première hypothèse semble la plus probable mais reste à démontrer.

  • 62 Gibson & Wilkinson, 1995, p. 181.
  • 63 À ce propos voir Charbonnier, 2011.

40Seuls des programmes de recherche multidisciplinaires pourraient répondre à toutes ces questions. Des études architecturales permettraient de mieux comprendre le mode de construction des barrages et de les comparer à des ouvrages hydrauliques appartenant à d’autres régions d’Arabie du Sud et du Proche‑Orient. L’étude en coupe des sédiments apporterait de précieuses informations sur leur fonctionnement, leur date d’abandon et, éventuellement, les causes de celui‑ci. De nos jours, certains sont encore utilisés mais ils ont en général été reconvertis en murs de terrasse. Ils ont donc perduré, mais en se voyant attribuer une nouvelle fonction dans le paysage62. D’éventuels documents nous donnant des indications sur la gestion des barrages, comme il en existe dans les basses‑terres, restent à découvrir. Enfin il faudrait replacer ces ouvrages dans leur contexte archéologique et tenter, par exemple, de voir s’ils étaient associés à d’autres aménagements et à des sites63.

Fig. 1 – Répartition des barrages dans les hautes‑terres.

Fig. 1 – Répartition des barrages dans les hautes‑terres.

Fig. 2 – Barrage d’al‑Ghunaymiyya dans le wadi Shirjān, depuis l’aval (cliché : Mission Qatabān).

Fig. 2 – Barrage d’al‑Ghunaymiyya dans le wadi Shirjān, depuis l’aval (cliché : Mission Qatabān).

Fig. 3 – Barrage supérieur du wadi dhū al‑Qayl, depuis la rive gauche (cliché de l’auteur).

Fig. 3 – Barrage supérieur du wadi dhū al‑Qayl, depuis la rive gauche (cliché de l’auteur).

Fig. 4 – a : profils des barrages ; b : modes de construction des barrages.

Fig. 4 – a : profils des barrages ; b : modes de construction des barrages.

Fig. 5 – Le barrage Yan‘im près de Hajar Ṣabāḥ, depuis l’aval (Robin & Dridi, 2004, p. 40).

Fig. 5 – Le barrage Yan‘im près de Hajar Ṣabāḥ, depuis l’aval (Robin & Dridi, 2004, p. 40).

Fig. 6 – Sadd al‑Kawla, détail de la face aval (cliché de l’auteur).

Fig. 6 – Sadd al‑Kawla, détail de la face aval (cliché de l’auteur).

Fig. 7 – Élévation du barrage du wadi Ghaylān, depuis l’aval (Siewert, 1982, p. 56)

Fig. 7 – Élévation du barrage du wadi Ghaylān, depuis l’aval (Siewert, 1982, p. 56)

Fig. 8 – Le barrage du wadi Ḥisāya, depuis la rive droite (cliché : Mission Qatabān).

Fig. 8 – Le barrage du wadi Ḥisāya, depuis la rive droite (cliché : Mission Qatabān).

Fig. 9 – Le barrage du wadi ‘Alma, depuis la rive droite (Robin & Dridi, 2004, fig. 33)

Fig. 9 – Le barrage du wadi ‘Alma, depuis la rive droite (Robin & Dridi, 2004, fig. 33)

Fig. 10 – L’exutoire du barrage inférieur du wadi dhū al‑Qayl, depuis l’aval (cliché de l’auteur).

Fig. 10 – L’exutoire du barrage inférieur du wadi dhū al‑Qayl, depuis l’aval (cliché de l’auteur).

Fig. 11 – Répartition des différents types de dispositifs de franchissement des barrages.

Fig. 11 – Répartition des différents types de dispositifs de franchissement des barrages.

Fig. 12 – Barrage de Sadd ‘Āmīr, depuis l’aval. Au premier plan : môle encadrant la prise d’eau du déversoir (Robin & Dridi, 2004, p. 48).

Fig. 12 – Barrage de Sadd ‘Āmīr, depuis l’aval. Au premier plan : môle encadrant la prise d’eau du déversoir (Robin & Dridi, 2004, p. 48).

Fig. 13 – Barrage du wadi Samhā, depuis l’aval (cliché : J. Schiettecatte).

Fig. 13 – Barrage du wadi Samhā, depuis l’aval (cliché : J. Schiettecatte).

Fig.14 – Répartition des différents types de barrages.

Fig.14 – Répartition des différents types de barrages.

Fig. 15 – Répartition des barrages datés de la fin de la période sudarabique.

Fig. 15 – Répartition des barrages datés de la fin de la période sudarabique.

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Notes

1 Au cours de l’âge du bronze, le climat de l’Arabie du Sud était un peu plus humide qu’à l’heure actuelle. Il s’est aridifié progressivement dès les 4e et 3e millénaires av. J.‑C. (Coque‑Delhuille, 1998, p. 23 ; Wilkinson, 2003, p. 152‑153).

2 Brunet, Ferras & Théry, 1993, p. 61.

3 Calvet & Geyer, 1992, p. 139.

4 Robin & Dridi, 2004, p. 89 ; Gibson & Wilkinson, 1995, p. 176.

5 Robin & Dridi, 2004, p. 69 ; Lewis, 2005, p.204.

6 Robin & Dridi, 2004, p. 90.

7 de Maigret, 1990, p. 25 et pl. 37a.

8 Ce type d’ouvrage ne doit pas être confondu avec les barrages en enrochement. Alors que ces derniers sont composés d’un amas de blocs de pierre, le barrage en remblais est constitué de matériaux meubles (Bonnin, 1984).

9 Cf. Siewert, 1982.

10 Cf. Robin & Dridi, 2004.

11 Cf. Lewis, 2005. 

12 Cf. Gibson & Wilkinson, 1995. 

13 Cf. de Maigret, 1985.

14 Cf. Ghaleb, 1990.

15 Cf. Robin, Breton & Audouin, 1981 ; Robin & Dridi, 2004.

16 Cf. Gibson &Wilkinson, 1995.

17 Cf. Robin & Dridi, 2004.

18 En architecture, un fruit correspond à la diminution de l’épaisseur d’un mur au fur et à mesure qu’il s’élève.

19 Robin & Dridi, 2004, p. 91.

20 Robin, Breton & Audouin, 1981, p. 39.

21 Robin & Dridi, 2004, p. 85.

22 Siewert, 1982, p. 194.

23 Robin & Dridi, 2004, p. 90‑91.

24 Wilkinson, 2003, p. 192.

25 Robin & Dridi, 2004, p. 72 et 78‑79.

26 La galerie située à la base du barrage supérieur du wadi dhū al‑Qayl mesure, par exemple, environ 120 cm de haut pour 80 cm de large.

27 de Maigret, 1985, p. 357‑359.

28 Ghaleb, 1990, p. 237.

29 Lewis, 2005, p. 201‑202.

30 Robin & Dridi, 2004, p. 72‑73.

31 Lewis, 2005, p. 201.

32 Les trois conduites qui traversent ce dernier partent d’un massif de plan carré accolé à la façade amont du mur de retenue ; Gibson & Wilkinson, 1995, p. 176.

33 Un faible nombre de barrages peuvent toutefois être inclus dans notre typologie. En effet, la plupart demeurent trop peu documentés pour pouvoir être étudiés d’un point de vue architectural.

34 Francaviglia, 2002, p. 130‑133.

35 Francaviglia, 2002, p. 130‑131.

36 Robin, Breton & Audouin, 1981, p. 39.

37 Robin & Dridi, 2004, p. 90 et 100‑101.

38 Parallèlement, l’eau contenue dans les réservoirs pouvait servir à l’alimentation humaine ou animale.

39 Robin & Dridi, 2004, p. 91.

40 Robin & Dridi, 2004, p. 90.

41 Voir par exemple MAFRAY‑Makhliq 1, MAFRAY‑dhū Hadīd 1 et 2, MQ‑Ḥayd Mūsà 1 dans Robin & Dridi, 2004

42 Lewis, 2005, p. 205.

43 Rigot, 2006, p. 24.

44 Gibson & Wilkinson, 1995, p. 176.

45 Pirenne, 1987, p. 100‑101.

46 Il est possible que certains barrages soient plus récents. De manière générale, notre étude prend uniquement en compte les ouvrages qui ont été datés de la période sudarabique.

47 Cf. Robin & Dridi, 2004.

48 Cet ouvrage n’est pas mentionné dans Robin & Dridi, 2004. À son propos voir Charloux et alii, 2009, p. 245‑246.

49 Ce barrage n’apparait pas dans la liste de C. Robin. À son propos voir Wilkinson & Edens, 1999, p. 8.

50 En Arabie du Sud, le seul barrage qui pourrait leur être antérieur est celui qui bloquait le cours du wadi Dhana en amont de l’oasis de Mārib. Les vestiges visibles de cet ouvrage datent toutefois des premiers siècles de l’ère chrétienne (cf. Robin, 1988 et Vogt, 2004). Si l’on sait que d’autres constructions l’ont précédé au même emplacement, on n’est pas assuré qu’elles barraient complètement le wadi.

51 Car il est justement daté d’après des critères paléographiques ; cf. Robin & Dridi, 2004, p. 96.

52 Ne prendre en compte que la moitié inférieure de l’ouvrage, la partie supérieure ayant été manifestement remaniée.

53 Ces rapprochements se fondent là aussi sur l’appareillage des murs de retenue. Voir Gibson & Wilkinson, 1995, p. 172 et Lewis, 2005, p. 213.

54 Robin & Dridi, 2004, p. 111.

55 Bāfaqīh, 1990, p. 62‑66.

56 Robin & Dridi, 2004, p. 85‑88 et 90.

57 Robin & Dridi, 2004, p. 85.

58 Robin & Dridi, 2004, p. 82.

59 Robin & Dridi, 2004, p. 92.

60 Wilkinson, 2003, p. 191.

61 Robin & Dridi, 2004, p. 111‑112.

62 Gibson & Wilkinson, 1995, p. 181.

63 À ce propos voir Charbonnier, 2011.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Répartition des barrages dans les hautes‑terres.
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Titre Fig. 2 – Barrage d’al‑Ghunaymiyya dans le wadi Shirjān, depuis l’aval (cliché : Mission Qatabān).
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Titre Fig. 3 – Barrage supérieur du wadi dhū al‑Qayl, depuis la rive gauche (cliché de l’auteur).
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Titre Fig. 4 – a : profils des barrages ; b : modes de construction des barrages.
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Titre Fig. 5 – Le barrage Yan‘im près de Hajar Ṣabāḥ, depuis l’aval (Robin & Dridi, 2004, p. 40).
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Titre Fig. 6 – Sadd al‑Kawla, détail de la face aval (cliché de l’auteur).
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Titre Fig. 7 – Élévation du barrage du wadi Ghaylān, depuis l’aval (Siewert, 1982, p. 56)
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Titre Fig. 8 – Le barrage du wadi Ḥisāya, depuis la rive droite (cliché : Mission Qatabān).
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Titre Fig. 9 – Le barrage du wadi ‘Alma, depuis la rive droite (Robin & Dridi, 2004, fig. 33)
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Titre Fig. 10 – L’exutoire du barrage inférieur du wadi dhū al‑Qayl, depuis l’aval (cliché de l’auteur).
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Titre Fig. 11 – Répartition des différents types de dispositifs de franchissement des barrages.
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Titre Fig. 12 – Barrage de Sadd ‘Āmīr, depuis l’aval. Au premier plan : môle encadrant la prise d’eau du déversoir (Robin & Dridi, 2004, p. 48).
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Titre Fig. 13 – Barrage du wadi Samhā, depuis l’aval (cliché : J. Schiettecatte).
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Titre Fig.14 – Répartition des différents types de barrages.
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Titre Fig. 15 – Répartition des barrages datés de la fin de la période sudarabique.
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Pour citer cet article

Référence électronique

Julien Charbonnier, « Les barrages‑poids des régions montagneuses d’Arabie du Sud au cours de la période préislamique »Chroniques Yéménites [En ligne], 17 | 2012, mis en ligne le 02 décembre 2012, consulté le 14 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cy/1795 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cy.1795

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Auteur

Julien Charbonnier

Post-doctorant, UMR 7041 – ArScAn, équipe « Du village à l’état au Proche et Moyen‑Orient », Paris

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