Navigation – Plan du site

AccueilNuméros61 PrintempsDéviance urbaine et déviance ruraleLa déviance sociale à Londres vue...

Déviance urbaine et déviance rurale

La déviance sociale à Londres vue par une enquêtrice socialiste française : Flora Tristan et les Promenades dans Londres (1840)

Social Deviance in England Seen through the Eyes of a French Socialist Investigator : Flora Tristan and her London Walks (1840)
Stéphane Michaud

Résumé

As early as the Restoration and even more still during the July Monarchy, many French social investigators chose to study England. They came from all social backgrounds and political parties and analysed the most industrialised country in Europe as the laboratory of the future. They focused on social contrasts and on the miserable living and working conditions of the proletariat. One may therefore wonder where Flora Tristan’s originality lay when she undertook to write about these deviancies. This question is all the more interesting as she was a self-taught writer, her childhood as an orphan having provided her with but a rudimentary education. Do her lack of culture and the difficulty she felt in dealing with her topic objectively impair the quality of the opinions she expressed in her book ? The huge success of London Walks among Socialist groups and the working classes proves the opposite and stresses the novelty of her analyses. Her female condition did not restrict the scope of her understanding of what she examined and her sense of being herself an outcast enabled her to provide an insider’s view of the conditions of the people she came in contact with.

Haut de page

Texte intégral

Ne voit-on pas que si les gouvernements persistent dans leurs systèmes de privilèges, d’entraves commerciales, de taxes sur les travailleurs et d’immenses dépenses improductives, ils devront faire des déportations en masse, dresser en tous lieux des échafauds et armer une moitié de la population pour mitrailler l’autre quand elle viendra demander du pain.
          Promenades dans Londres, « les Prisons ».

... je regardais la mère prisonnière, espérant qu’elle tournerait enfin sa tête vers moi : — elle [...] fixa ses yeux sur moi et nos regards se rencontrèrent. — Oh ! comment peindrais-je tout ce que je vis dans ses yeux de tendresse et de fierté ! tout ce que j’y lus [...]. Pauvre victime de notre état social ! Sa tête me paraissait entourée d’une auréole ! Ses regards voilés par les larmes, le tiraillement de ses muscles, le tremblement de ses lèvres, tout cela était si éloquent, que je l’entendais me dire : — « Oh ! tu es mère, toi ! tu as compris mes angoisses ! comme moi tu aurais volé ; la faim de tes enfants t’en eût aussi donné le courage ! — Tu sens ce qu’il m’a fallu de force pour tout braver. — Merci ! merci, femme, tu m’as comprise ! ... »
          Ibid.

  • 1 François Bédarida en a dressé la liste dans la préface à sa belle réédition des Promenades dans Lon (...)
  • 2 Stendahl, L’Italie en 1818, 30 octobre 1818, in Voyages en Italie, éd. V. Del Litto (Paris : Gallim (...)

1Les enquêteurs sociaux qui prennent l’Angleterre pour objet d’étude sont nombreux en France dès la Restauration et plus encore sous la monarchie de Juillet. Ils appartiennent à toutes les classes sociales comme à tous les partis. Ils viennent étudier le pays le plus industrialisé de l’époque, en quelque sorte le laboratoire de l’avenir1. Les thèmes leur sont largement communs. Tous, en particulier, attirent l’attention sur les contrastes sociaux et l’extrême misère du prolétariat. Stendhal déjà donne le ton : « les nobles et les riches de toute espèce, écrit-il, ont définitivement signé un traité d’alliance offensive et défensive contre les pauvres et les travailleurs2. » À quoi tient donc dans ces conditions l’originalité de Flora Tristan ? La question se pose d’autant plus que l’on sait l’écrivain autodidacte, l’orpheline ayant eu une éducation des plus rudimentaires. Le manque de culture de la jeune femme, la difficulté qu’elle éprouve à établir avec son sujet la distance nécessaire la freineraient-ils, l’empêchant d’atteindre au jugement de ses aînés ou contemporains ?

  • 3 Fl. Tristan, Pérégrinations d’une paria, Paris : Arthus Bertrand, 1837 [l’ouvrage porte imprimée la (...)
  • 4 L’époque voit fleurir les grandes enquêtes dont l’inspiration apparaît clairement dans deux titres (...)
  • 5 G. de Beaumont, L’Irlande sociale, politique et religieuse (Paris, Gosselin, 1839). Trois éditions (...)

2Le succès du livre, en particulier dans les milieux socialistes et ouvriers français, signale son évidente originalité. En premier lieu, comme dans le cas de l’enquête péruvienne publiée trois ans plus tôt sous le titre de Pérégrinations d’une paria, l’observatrice est femme. Pas plus que dans l’ouvrage précédent, les conventions sociales de l’époque, qui rappellent les femmes au cercle étroit des bienséances, ne limitent la perspective. Ce serait bien mal connaître Flora Tristan que de le craindre3. Au contraire, par un renversement dont l’enquêtrice est coutumière, sa condition fonde une solidarité élémentaire avec les opprimés dont elle décrit le sort. L’écrivain ne se penche pas en philanthrope, en déléguée des classes possédantes, sur la misère des victimes4. Ni condescendance de visiteuse du pauvre ni neutralité ne président à la collecte des matériaux de l’enquête. À l’image de Gustave de Beaumont, ami de Tocqueville et son compagnon de voyage en Amérique, Flora Tristan prend parti. Elle adhère aux analyses de Beaumont. Le penseur politique, partisan convaincu de la démocratie, avait montré l’antagonisme exacerbé qui opposait en Irlande l’aristocratie et les prolétaires, le danger larvé d’explosion sociale et de guerre civile qui menaçait le pays tant que les inégalités ne seraient pas réduites. Le cas irlandais, expliquait-il, suspend un risque direct sur les institutions anglaises. L’Irlande sociale, politique et religieuse, que Flora Tristan lit l’année même de sa publication, en septembre 1839, et qu’elle célèbre comme un acte de foi, ne laisse aucune ambiguïté : l’ouvrage réclame l’abolition de l’aristocratie ; il met son espoir dans l’agitation fomentée par Daniel O’Connell, et conclut sur un constat redoutable : la loi de l’expiation ne connaît pas d’exception ; l’oppresseur doit inévitablement payer pour ses crimes et son égoïsme. Pouvait-on être plus radical5 ?

  • 6 G. de Beaumont et A. de Tocqueville, Note sur le système pénitentiaire aux États-unis (Paris, Fourn (...)

3Sans disposer de la culture du publiciste et du politologue, Flora Tristan épouse ses vues : il a aussi réfléchi sur le système pénitentiaire et, en abolitionniste convaincu, sait de quoi il parle lorsqu’il prononce le mot d’esclavage6. Son identité de femme, sa propre illégitimité dont elle a eu à souffrir, la portent cependant plus loin, s’il est possible. Sous sa plume, la déviance interroge la norme sociale : elle en dévoile l’iniquité fondamentale. La rencontre de l’enquêtrice avec la jeune mère enceinte de six mois avec trois enfants à charge, voleuse enfermée à Newgate dont le crime a été de vouloir nourrir les siens — l’épisode que je plaçais en épigraphe est l’un des signes par lesquels l’enquête échappe à l’objectivité : Flora Tristan s’insurge. Elle n’écrit pas un traité : coulée dans le moule concret et subjectif du témoignage à la première personne, l’enquête mobilise la fierté de l’Andalouse comme son goût du bonheur. Celui-ci flamboie plus intransigeant d’être constamment blessé.

  • 7 M. Perrot, art cité supra, note 4, et M. Baridon, « Flora Tristan peintre de la “ville monstre”, da (...)

4Voyons donc d’un peu plus près ces Promenades dans Londres. Soigneusement rééditées voici un quart de siècle par un historien spécialiste de l’époque victorienne, objet des investigations serrées de Michel Baridon et de Michelle Perrot lors du premier colloque international Flora Tristan de Dijon, en 1984, elles sont depuis retombées dans l’oubli7. Le bicentenaire de la naissance de Flora Tristan, née en 1803, d’un côté, le thème et le lieu de notre réunion, et en particulier le riche panorama que présente la communication de Max Duperray sur « le Promeneur londonien au xixe siècle » invitent à les revisiter.

1 Les conditions de l’enquête

5Deux lettres que Flora Tristan adresse de Londres, en cet été de 1839, à son amie polonaise Olympe Chodzko, restée à Paris, nous feront entrer dans le vif du sujet. Je laisse à chaque document ses abréviations, sinon tout à fait son orthographe, signe du tempérament de feu qui marque les lettres, de la hâte comme de la nervosité qui les strie. La première, que je me permettrai de citer intégralement, est datée du 15 juillet :

  • 8 La Paria et son rêve 112.

Chère amie, vous êtes bien méchante pr moi, vous ne m’écrivez pas — vous oubliez la pauvre exilée ! — si vous saviez combien j’ai besoin de vos lettres ! depuis que je suis dans ce maudit pays, je n’ai pas rencontré une seule femme qui sente la femme. Je mène ici une vie de chien ! — Je n’ai pas embrassé un front d’homme, pas serré la main d’une femme — pas souri à un enfant — pas salué un vieillard — non ; ici tout ce qui est humain me répugne me glace ! — Je crains qu’en arrivant à Dieppe, je n’arrête le pr homme un peu propre pr lui dire — « Mr permettez moi de vous embrasser les cheveux et de lire dans vos yeux que vous seriez susceptible d’amour, et non de chiennerie comme ces maudits Anglais » —
Je ne puis vous dire, chère amie, à quel point cette vie froide, pâle et dénuée de toute affection m’irrite, m’étouffe, me crucifie ! — J’ai bien autour de moi des perches d’hommes bien blonds, bien raides, bien gauches, qui me disent mille compliments stupides sur mes yeux et mes cheveux — thème éternel des amoureux, mais je vous assure que tout cela ne me donne pas l’envie d’embrasser leurs fronts — Je reste jusqu’à la fin du mois parce que j’ai encore du travail par-dessus la tête — oh ! que ce voyage a été dur et pénible pr mon cœur et mes jambes !
Je vous mange de caresses en pensées. — je raffole de vos cheveux noirs et j’abomine les cheveux blonds !
Adieu, chère, ayez un peu de compassion pr ma cruelle position. Songez que j’habite un désert où se grouillent 2 millions d’êtres qui font des petits
Votre très malheureuse amie
          Flora Tristan8

  • 9 Pérégrinations d’une paria 469.

6Inutile d’aller chercher loin : le sentiment d’exil qu’éprouve Flora Tristan plonge dans l’expérience immédiate. L’enquêtrice a beau visiter Londres pour la quatrième fois, en cet été de 1839, elle s’y sent étrangère et seule. Tout la repousse : les hommes au premier rang. L’intimité de la correspondance fait entrer dans les pensées les plus secrètes. Elles s’expriment ici librement. Flora Tristan l’amoureuse, qui avait dit l’attrait qu’avait exercé sur elle Chabrié, le capitaine du trois-mâts qui l’avait transportée en Amérique, le charme qu’elle trouvait au colonel Escudero, fringant et généreux second de la maréchale de Gamarra, vraie détentrice du pouvoir suprême dans le Pérou des pronunciamentos, Flora ne supporte plus les Anglais. Après de tels aveux, on ne sera guère tenté de taxer l’auteur d’anglomanie. Il n’en a pas toujours été ainsi. Les Pérégrinations ne peignaient pas défavorablement Alfred David, l’un des associés de Chabrié dans ses aventures commerciales, fashionable et anglomane, ni Valentin Smith, authentique Anglais, non moins dandy au demeurant, compagnon attentionné et délicat sous la conduite duquel la voyageuse quitte Arequipa et traverse le désert pour gagner Lima. Anti-esclavagiste et distinguée, l’Angleterre présentait un visage positif. Une note avait donc été nécessaire dans le cours du récit pour expliquer au lecteur l’épithète de « chien » que les Péruviens appliquaient indistinctement à tout Anglais : la violence des préjugés religieux était responsable de ce débordement ; la haine inter-confessionnelle faisait repousser par les catholiques les représentants de la schismatique Église anglicane9. Le séjour londonien de 1839 balaie toutes les prudences : l’épistolière fait sien le jugement qui la révoltait. Le parti-pris aboutit à la formule finale qui présente Londres comme un « désert où grouillent 2 millions d’êtres qui font des petits ». L’oxymore, expressif du désarroi, est saisissant.

7La seconde lettre, du 1er août, est de peu postérieure :

  • 10 Pérégrinations d’une paria 115.

Oh ! Merci pr votre lettre, ma chère Olympe, elle vient de tomber sur mon cœur comme une suave goutte de rosée ! — Figurez-vous, chère, que depuis 6 jours il fait ici un brigand de temps ! (comme dirait Chabrié). Depuis 6 jours il n’a pas cessé une heure de pleuvoir. Cependant, soyons juste, il y a variété — tonnerre, vent, grêle, neige, froids plus ou moins pénétrant, plus ou moins vif — Ce qu’on nomme le ciel, et qui se compose partout de soleil, d’étoiles, de nappes bleues ou de groupes de nuages de diverses couleurs est ici un énorme lit de plumes gris noir s’abaissant, et fondant en eaux sur la gigantesque et sombre cité — Décidément ce pays n’a de charmes que pour les canards — Quant aux hommes condamnés à patauger dans la boue, et aux malheureux chats qui n’ont pas même l’innocente jouissance de se promener sur les gouttières, leur existence y est profondément misérable ! Je suis en ce moment seule dans ma chambre — venant de faire le dîner le plus pitoyable que prolétaire ou Paria puissent faire — J’avais bien une invitation en ville, mais ici les invitations coûtent si cher — en toilette, en voiture en shellings pour les domestiques et enfin en ennui que, maintenant, j’en accepte le moins que je peux — Oh ! Paris où es-tu10 ?

8L’ironie, la distance auxquelles Flora Tristan s’exerce n’humanisent guère le tableau. L’humanité précisément fait défaut à ce pays. C’est à la météorologie que la voyageuse en demande une nouvelle preuve. Le temps lui paraît si catastrophique qu’il lui rappelle les intempéries qu’elle a essuyées sur le navire qui la transportait vers le Pérou en 1833. La mention de Chabrié, l’expression idiomatique que ce marin avait aux lèvres lorsque le ciel se chargeait ou se déchaînait créent une détente toute passagère. La description de la pluie incessante, la variété des désagréments qu’énumère la lettre culminent dans le spectacle d’un ciel qui formerait « un énorme lit de plumes gris noir s’abaissant, et fondant en eaux sur la gigantesque et sombre cité ». Vision insupportable, Olympe le comprendra aisément, chez une femme qui, à l’image de son père, Péruvien des hauts plateaux né sous le ciel somptueux d’Arequipa, aime la lumière et la chaleur. De physique, car l’enquêtrice vomit le climat comme la nourriture, la souffrance se fait morale. Dès la fin du premier paragraphe de cette longue lettre, elle éclate dans l’aveu : « Oh ! Paris où es-tu ? »

  • 11 « En Angleterre, lorsque les chevaux arrivent à la poste, on s’empresse de leur jeter une housse su (...)

9Les lettres cependant ne passent pas directement dans les Promenades dans Londres. Ou plutôt, si elles inspirent les tout premiers chapitres — sur la géographie urbaine, « le climat de Londres », « le caractère des Londoniens » et « les étrangers à Londres » — qui dessinent un portrait-charge, le livre est le fruit d’une maturation. Il obéit surtout à une plus haute inspiration. Sans jamais perdre cette identité de Parisienne qui lui colle à la peau et qui, dans sa radicalité républicaine, laïque et sociale, constitue l’une de ses meilleures chances, Flora Tristan s’informe, visite, multiplie les rencontres et lectures. La documentation française et anglaise dont elle fait état est impressionnante. Cependant, la résistance que rencontre en elle le pays, et qui s’élève jusqu’à une forme visionnaire et prophétique, tient moins à une nation particulière qu’au déséquilibre social qu’elle observe, à la monstruosité d’une civilisation bâtie sur un pacte odieux : l’exploitation sauvage du pauvre par le riche. Or Flora n’accepte à aucun moment que l’humanité soit souillée dans ses frères et sœurs humains, que l’animal l’emporte sur l’homme dans le cynique marché quotidien auquel le prix de la vie d’un cheval est supérieur à celui de la vie d’un homme11.

2 Résistance et fascination : « la sainte ligue des peuples »

  • 12 PdL, chap. 8, « Filles publiques » 130-131.

10La force du livre vient de la foi qui le soulève. Si les Pérégrinations mettaient parfois cette ardeur au service d’une cause personnelle, tâchant de prêter à la narratrice et héroïne du récit des traits exemplaires, la cause cette fois est clairement celle de l’humanité. Flora Tristan se fait le champion de l’homme contre la domination de l’argent et de la machine. La protestation ultime s’élève contre la perversion qui, non contente de livrer l’individu à la misère, le ravale au rang d’instrument, le monnaie comme machine à plaisir. La prostitution que pratiquent les hautes classes avilit à dessein la femme victime. Les finishes, distraction réservée à l’aristocratie, se distinguent par le sadisme d’une humiliation froidement infligée : les femmes les plus élégantes, soûlées à mort, se confondent à terre, au petit matin, avec les liqueurs et immondices que les lords ont répandues sur elles12.

  • 13 Michel Baridon, le premier, a souligné la parenté des Promenades dans Londres avec l’esthétique got (...)

11Flora Tristan envisage les multiples aspects de la ville, ses promenades, ses théâtres. Elle décrit encore les séances des chambres du Parlement, auxquelles elle a réussi à assister en tournant l’interdiction faite aux femmes d’y pénétrer. Elle s’est déguisée en diplomate turc pour tromper la vigilance des appariteurs. Ce à quoi néanmoins son attention va de façon privilégiée, c’est l’envers de la société : les usines à gaz, où les ouvriers qui alimentent les fours quittent des salles surchauffées pour se jeter, le temps de la pause, sur une paillasse exposée au vent glacial, infailliblement promis aux congestions pulmonaires ; les quartiers du crime et de la prostitution, les prisons la requièrent encore. Sa lecture sémiologique embrasse d’autant plus les côtés fantastiques de la ville que Londres lui apparaît, par son extension, les vices qu’elle cache et l’exploitation qu’elle favorise, comme « la ville-monstre13 ». L’expression, qui donne son titre au chapitre 1, saisit si fidèlement la réalité du livre que l’une de ses rééditions, en 1842, se fera sous ce titre. L’enquêtrice met la déviance sociale au cœur de son propos. Les proportions vertigineuses auxquelles elle atteint flétrissent radicalement à ses yeux, comme jadis à ceux de William Blake, la morale qui soutient l’édifice social. « Brothels are built with the stones of law », proclamaient les Chants d’expérience et d’innocence. Quarante ans plus tard, les Promenades dans Londres confirment l’actualité de l’assertion.

  • 14 Promenades dans Londres, (Paris & Londres, Delloye & Jeffs, 1840), chap. 25, « Théâtre anglais » 27 (...)

12Qu’on ne juge donc pas Flora Tristan hors de son terrain. La littérature n’est pas son fort, et telle phrase sur Shakespeare par exemple, selon laquelle « les drames de Shakespeare ont fait leur temps ; ils n’émeuvent plus le public » brille par son imprudence14. L’auteur ne tarde pas à s’en rendre compte, qui écarte le chapitre sur les théâtres de la seconde édition. Flora Tristan n’est pourtant pas sans lucidité lorsqu’elle écrit, quelques lignes plus haut :

  • 15 Promenades dans Londres 267.

Shakespeare est un exemple frappant que le génie est indépendant des études livresques, et que celui-là en est doué qui sait lire dans le grand livre de la nature15.

13D’une certaine façon, c’est sa propre manière qu’elle définit par ricochet. Si le style de Flora Tristan est inégal, il tire sa plus grande force de l’observation. La femme écrivain a plus lu qu’on ne l’admet souvent. Mais là où elle est maître, c’est dans le combat qu’elle livre les mains nues contre un système si universellement accepté que les pauvres eux-mêmes y souscrivent. Flora Tristan sait voir, et sa vision ne nous quitte plus. Elle oppose à l’inhumanité coutumière un adversaire à sa taille : indignée, farouche, la femme écrivain ne lâche pas pied. Elle mobilise les ressources les plus primitives de la langue et de la rhétorique — les symboles (la ville-monstre, la cuiller de fer), les images (l’enfer) etc. — pour que le scandale crie jusqu’au ciel.

14Qu’est-ce qui soutient ici le combat ? Une conviction forgée sur le terrain, puisée au spectacle de ce qu’elle a vu de ses yeux, éclairée, nous l’avons dit, par les analyses de Gustave de Beaumont :

  • 16 PdL, chap. 5, « Les Chartistes » 85.

La grande lutte, celle qui est appelée à transformer l’organisation sociale, c’est la lutte engagée d’une part, entre les propriétaires et capitalistes qui réunissent tout, richesse, pouvoir politique, et au profit desquels le pays est gouverné, et, d’autre part, les ouvriers des villes et des campagnes, qui n’ont rien, ni terres, ni capitaux, ni pouvoirs politiques, qui payent, cependant, les deux tiers des taxes, fournissent les recrues de l’armée et de la flotte, et que les riches affament, selon leur convenance, afin de les faire travailler à meilleur marché16.

  • 17 PdL, chap. 5, « Les Chartistes » 101.

15Mais la grande lutte, à ses yeux, est déjà tranchée. Le peuple, fût-il souterrain, l’emportera. À terme, la victoire est aussi sûre que celle des premiers chrétiens persécutés par l’empire romain. L’avenir appartient à ces hommes de l’ombre, unis dans la réclamation du suffrage universel. Les ouvriers obtiendront le droit de vote, croit-elle, illusionnée par l’ampleur du mouvement chartiste qui ne manquera pas de retomber après 1839. Les chartistes ont pour eux des leaders charismatiques, James Feargus O’Brien, Feargus O’Connor. Ils ont gagné de très jeunes militants. Flora Tristan décrit un jeune homme de vingt ans, « pâle, maigre », qui jette toute l’ardeur de son imagination exaltée dans le combat : « Le pauvre enfant, note Flora Tristan, croit au dévouement, aux femmes et à Dieu17. » Si la cause aura ses martyrs, la trilogie est gagnante aux yeux de celle qui, détachée de toute Église, croit au message libérateur de Jésus et aux vertus de l’apostolat. Car autant elle dénonce comme odieuse et ridicule la volonté de briser la résistance des condamnés (voleurs ou criminels) en les moralisant à outrance, en leur prêchant la soumission aux prétendus desseins du ciel et en leur distribuant des Bibles, autant la solidarité des ouvriers et la cause des peuples paraissent « saintes ». Comme la justice, elles se fondent en Dieu.

  • 18 La Paria et son rêve 131, 132.
  • 19 PdL 317 (chap. « Owen », dans l’édition de 1840).

16Imagination et raison entrent dans une audacieuse combinaison chez Flora Tristan. Elle admire pour son pragmatisme Richard Owen, qu’elle a rencontré à Paris, en juillet 1837. Avec une délégation de Français, elle lui apporte son soutien lors du congrès du mouvement à Leeds18. La militante se méfie des idées, des théories qui ne débouchent pas sur l’action. Insoucieuse de se ranger à aucune école, elle déclare hautement qu’elle n’est « ni saint-simonienne, ni fouriériste, ni owénienne19 ». À chacune, elle doit quelque chose. Mais la détermination lui est propre, et elle n’admet pas d’être déviée.

17Surtout, il est un guide, inconnu en France, que Flora salue : Mary Wollstonecraft. C’est sur cette haute figure qu’elle clôt son livre, au chapitre « Les femmes anglaises », avant de ne proposer plus que quelques « Crayonnages », dont nous verrons qu’ils ne sont pas tous insignifiants :

  • 20 PdL, chap. 17, « Les femmes anglaises » 276.

Mary Wollstonecraft publiait, en 1792, les mêmes principes que Saint-Simon a répandus plus tard, et qui se propagèrent avec tant de rapidité à la suite de la révolution de 1830. Sa critique est admirable ; elle fait ressortir dans toutes leurs vérités les maux provenant de l’organisation actuelle de la famille ; et la force de sa logique laisse les contradicteurs sans réplique. Elle sape hardiment cette foule de préjugés dont le monde est enveloppé ; elle veut, pour les deux sexes, l’égalité des droits civils et politiques, leur égale admission aux emplois, l’éducation professionnelle pour tous, et le divorce à la volonté des parties. « Hors de ces bases, dit-elle, toute organisation sociale qui promettra le bonheur public mentira à ses promesses. »
Le livre de Mary Wollstonecraft est une œuvre impérissable ! Elle est impérissable, parce que le bonheur du genre humain est attaché au triomphe de la cause que défend A Vindication of the Rights of Women. Cependant, ce livre existe depuis un demi-siècle, et personne ne le connaît20 !...

18Mais la foi que Flora Tristan met en la victoire est à la mesure de l’injustice qu’elle constate, et dont elle laisse à la dernière page de son livre un symbole inoubliable : « la cuiller de fer » qui pend attachée à une chaîne aux bornes-fontaines de Londres. Le son des deux métaux qui s’entrechoquent au moindre souffle de vent, le fer de la cuiller venant battre contre le fer de la fontaine, la hante comme un cauchemar. Car l’eau offerte, loin d’être un secours pour les pauvres, est leur plus sûre condamnation. Souillée par les pires miasmes, infecte, elle ne peut que causer la perte de qui y étanche sa soif. Les riches, eux, le savent, « qui, à Londres, ne boivent jamais d’eau. » Aussi le livre se ferme-t-il sur un avertissement aux lords d’Angleterre :

  • 21 PdL, chap. 17, « Les femmes anglaises ».

Il y a cinquante ans que le peuple en France brûlait les châteaux, et vingt fois l’Europe en armes a été impuissante pour empêcher sa cause de triompher. Actuellement, l’Angleterre retentit en tous lieux des cris de révolte et de destruction. Oh ! lords, repentez-vous, redoutez la vengeance du peuple, apaisez son indignation, et rappelez-vous cet adage, aussi vieux que le monde : « Vox populi, vox Dei21 ! » ...

  • 22 À Charles Poncy, 20 janvier 1843, in La Paria et son rêve 157. Voir encore 160, 192, 201, 251.
  • 23 L. Scheler avait pour le centenaire de 1848 publié de très utiles Morceaux choisis de Fl. Tristan, (...)
  • 24 Pérégrinations d’une paria, t. 1, chap. 8, « Arequipa », p. 292. Il s’agit d’une citation de Mahome (...)
  • 25 Stendahl, Promenades dans Rome, « Avertissement », in Voyages en Italie 598.

19Les Promenades ouvrent à notre auteur le chemin du monde ouvrier français. C’est par leur truchement qu’elle s’introduit dans le milieu des écrivains prolétaires, le poète toulonnais Charles Poncy d’abord, mais surtout les organisateurs qui ont prise sur le compagnonnage ou toute autre structure. Moreau, Perdiguier et Vinçard, qui seront ses premiers informateurs et alliés dans le combat pour l’Union ouvrière en 1843, 1844, reçoivent successivement son livre « sur les Misères des ouvriers anglais22 ». Même corrigé dans l’édition populaire de 1842 par le sous-titre « l’aristocratie et les prolétaires anglais », le titre pourtant fait le choix de la légèreté. Lucien Scheler y devinait une réminiscence du Stendhal des Promenades dans Rome (182923). La chose est d’autant plus probable que les Pérégrinations reprenaient déjà une citation de Voltaire que Le Rouge et le Noir avait placée en épigraphe de l’un de ses chapitres24. Stendhal, l’égotiste, avait été l’un des premiers à dénoncer le succès de la conjuration que les Anglais avaient scellée le jour de Waterloo, en jurant la perte des pauvres. Flora Tristan pouvait souscrire à la déclaration selon laquelle, comme son lointain répondant, son ouvrage n’a « jamais l’intention de tromper, de flatter, de dénigrer25 ». Le titre annonce des scènes et des croquis pris sur le vif, en différents points de Londres.

  • 26 Expression rapportée par Fl. Tristan elle-même dans la lettre citée du 1er août 1839 à Olympe Chodz (...)
  • 27 Fl. Tristan, Le Tour de France, éd. J.-L. Puech, introduction nouvelle et notes complémentaires par (...)

20La modération respecte le lecteur de bonne volonté, qu’un titre plus agressif aurait eu toutes chances de décourager ou de braquer. C’est pourtant une vraie dynamite sociale qui se cache sous ces allures modestes. L’Angleterre ne s’y trompe pas, qui fait courir le bruit en 1839, pendant le séjour de Flora Tristan à Londres, que celle-ci serait « une révolutionnaire, une Jacobine, une sanguinaire26 » et enterre le livre, lors de sa parution, sous un silence absolu. Aucun compte rendu ne paraît outre-Manche. L’admiration que l’auteur exprime pour la Révolution française, sa passion de l’égalité dans un pays qui ne connaît que la liberté, et la cultive sans frein au mépris de toute humanité, heurtaient de front les habitudes anglaises. Mieux valait, la Grande-Bretagne l’avait compris avant la police de Louis-Philippe qui traquera bientôt Flora Tristan sur les routes du Tour de France27, chercher à étouffer dans l’œuf le germe insurrectionnel.

Haut de page

Bibliographie

De Beaumont, G. L’Irlande sociale, politique et religieuse. Paris : Gosselin, 1839.

De Beaumont, G. et A. De Tocqueville. Note sur le système pénitentiaire aux États-Unis. Paris : Fournier, 1831.

De Beaumont, G. Marie ou l’esclavage. Paris : Gosselin, 1835.

De Gérando, Jean-Marie. Le Visiteur du pauvre. Paris, 1820.

Marbeau, Firmin. Politique des intérêts ou Essais sur les moyens d’améliorer le sort des travailleurs sans nuire aux propriétaires. Paris, 1834.

Michaud Stéphane éd. Un fabuleux destin, Flora Tristan. Dijon : Éditions universitaires de Dijon, 1985.

Michaud Stéphane (dir.) Un fabuleux destin, Flora Tristan. Dijon : Presses Universitaires de Dijon, 2002.

Perrot, Michelle. Les Femmes ou les Silences de l’histoire. Paris, Flammarion, 1998.

Perrot, Michelle. Les Ombres de l’histoire. Crime et châtiment au xixe siècle. Paris : Flammarion, 2001.

Stendahl. Voyages en Italie. 1817. 1818. 1826. Ed. V. Del Litto. Paris : Gallimard, « Bibl. de la Pléiade », 1973.

Tristan, Flora. Pérégrinations d’une paria. Paris : Arthus Bertrand, 1837. Deuxième édition sous le titre Mémoires et Pérégrinations d’une paria. Paris : Ladvocat, 1838. Réédition Stéphane Michaud. Arles : Actes Sud, coll. « Babel », 2004.

Tristan, Flora. Promenades dans Londres. 1840. Ed. François Bédarida. Paris : Maspero, coll. « Centre d’histoire du syndicalisme », 1978 (ouvrage, qui reproduit l’édition populaire de 1842, sous le sigle PdL).

Tristan, Flora. Le Tour de France. 1843-1844. Ed. J.-L. Puech. Introduction nouvelle et notes complémentaires Stéphane Michaud. Paris : Maspero, coll. « La Découverte », 1980. 2 vol.

Tristan, Flora. Lettres. Éd. Stéphane Michaud. Paris : Éd. du Seuil, 1980.

Tristan, Flora. La Paria et son Rêve : correspondance. Éd. Stéphane Michaud 2e éd. revue et complétée. Préface de Mario Vargas Llosa. Paris : Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2003.

Haut de page

Notes

1 François Bédarida en a dressé la liste dans la préface à sa belle réédition des Promenades dans Londres (Paris : Maspero, coll. « Centre d’histoire du syndicalisme », 1978) 14-18. Je renvoie à cet ouvrage, qui reproduit l’édition populaire de 1842, sous le sigle PdL. L’édition originale publiée deux ans auparavant, Paris/Londres, Delloye et Jeffs, 1840, ne saurait cependant être négligée. Elle diffère sur plusieurs points de cette seconde, plus militante, dédiée « Aux classes ouvrières ».

2 Stendahl, L’Italie en 1818, 30 octobre 1818, in Voyages en Italie, éd. V. Del Litto (Paris : Gallimard, « Bibl. de la Pléiade », 1973) 258. Le passage est cité par F. Bédarida in PdL 17.

3 Fl. Tristan, Pérégrinations d’une paria, Paris : Arthus Bertrand, 1837 [l’ouvrage porte imprimée la mention 1838]. Deuxième édition sous le titre Mémoires et Pérégrinations d’une paria, Paris, Ladvocat, 1838. Je cite d’après la réédition que j’en ai donnée : Arles, Actes Sud, coll. « Babel », 2004.

4 L’époque voit fleurir les grandes enquêtes dont l’inspiration apparaît clairement dans deux titres qu’à la suite de Michelle Perrot je retiendrai pour symboliques : Le Visiteur du pauvre de Jean-Marie de Gérando (Paris, 1820) et Politique des intérêts ou Essais sur les moyens d’améliorer le sort des travailleurs sans nuire aux propriétaires de Marbeau (Paris, 1834). Sur le phénomène de l’enquête en France et en Angleterre, et la manière dont Fl. Tristan se place par rapport à lui, voir M. Perrot, « Flora Tristan enquêtrice », in S. Michaud éd., Un fabuleux destin, Flora Tristan (Dijon : Éditions universitaires de Dijon, 1985) 82-94 et notes correspondantes, art. repris in M. Perrot, Les Femmes ou les Silences de l’histoire, Paris, Flammarion, 1998. Sur l’ouvrage de Gérando, on lira avec profit M. Perrot, « L’Œil du baron ou le visiteur du pauvre », in M. Perrot, Les Ombres de l’histoire. Crime et châtiment au xixe siècle (Paris : Flammarion, 2001) 101-108.

5 G. de Beaumont, L’Irlande sociale, politique et religieuse (Paris, Gosselin, 1839). Trois éditions se succèdent cette même année. La lecture par Fl. Tristan de l’ouvrage est attestée par deux lettres à Olympe Chodzko. Voir mon édition des Lettres (Paris : Éd. du Seuil, 1980) 109, 111. La seconde lettre est reprise dans ma plus récente édition de la correspondance de Fl. Tristan, La Paria et son Rêve, 2e éd. revue et complétée, préface de Mario Vargas Llosa (Paris : Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2003) 123, 124.

6 G. de Beaumont et A. de Tocqueville, Note sur le système pénitentiaire aux États-unis (Paris, Fournier, 1831) ; G. de Beaumont, Marie ou l’esclavage (Paris : Gosselin, 1835).

7 M. Perrot, art cité supra, note 4, et M. Baridon, « Flora Tristan peintre de la “ville monstre”, dans les Promenades dans Londres », in S. Michaud dir., Un fabuleux destin, Flora Tristan 38-51. J’avais moi-même participé au débat : « Flora Tristan, les Promenades dans Londres », in 1848 : les utopismes sociaux, ouvrage collectif publié sous le patronage de la Société d’Histoire de la révolution de 1848, préface de Maurice Agulhon (Paris, SEDES, 1981) 139-150. La récente et très rudimentaire réédition des Promenades dans Londres (Paris, Indigo & Côté femmes Éditions, 2001) ne saurait suppléer l’édition Bédarida, hélas épuisée.

8 La Paria et son rêve 112.

9 Pérégrinations d’une paria 469.

10 Pérégrinations d’une paria 115.

11 « En Angleterre, lorsque les chevaux arrivent à la poste, on s’empresse de leur jeter une housse sur les reins, d’essuyer leur sueur, de leur laver les pieds ; puis on les fait entrer dans une écurie bien close, garnie de litière bien sèche. Il y a quelques années qu’on rapprocha les relais après avoir reconnu que les distances auxquelles ils étaient placés abrégeaient la vie des chevaux par leur trop grande longueur. Oui, mais un cheval coûte 40 à 50 livres sterling à l’industriel, tandis que le pays lui fournit des hommes pour rien ! ... » (PdL, chap. 7, « Ouvriers des manufactures », p. 121).

12 PdL, chap. 8, « Filles publiques » 130-131.

13 Michel Baridon, le premier, a souligné la parenté des Promenades dans Londres avec l’esthétique gothique (art. cité supra, note 4).

14 Promenades dans Londres, (Paris & Londres, Delloye & Jeffs, 1840), chap. 25, « Théâtre anglais » 275.

15 Promenades dans Londres 267.

16 PdL, chap. 5, « Les Chartistes » 85.

17 PdL, chap. 5, « Les Chartistes » 101.

18 La Paria et son rêve 131, 132.

19 PdL 317 (chap. « Owen », dans l’édition de 1840).

20 PdL, chap. 17, « Les femmes anglaises » 276.

21 PdL, chap. 17, « Les femmes anglaises ».

22 À Charles Poncy, 20 janvier 1843, in La Paria et son rêve 157. Voir encore 160, 192, 201, 251.

23 L. Scheler avait pour le centenaire de 1848 publié de très utiles Morceaux choisis de Fl. Tristan, précédés d’une ample étude : « La Geste romantique de Flora Tristan » (Paris, La Bibliothèque française, coll. « Le Pays de la diversité », 1948).

24 Pérégrinations d’une paria, t. 1, chap. 8, « Arequipa », p. 292. Il s’agit d’une citation de Mahomet, que Stendhal place en épigraphe au chapitre 42 du Rouge et le Noir.

25 Stendahl, Promenades dans Rome, « Avertissement », in Voyages en Italie 598.

26 Expression rapportée par Fl. Tristan elle-même dans la lettre citée du 1er août 1839 à Olympe Chodzko (Fl. Tristan, La Paria et son Rêve 117).

27 Fl. Tristan, Le Tour de France, éd. J.-L. Puech, introduction nouvelle et notes complémentaires par mes soins, Paris, Maspero, coll. « La Découverte », 1980, 2 vol. La traque commence à Lyon, avec la perquisition à son hôtel, et se poursuit à toutes les autres étapes.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Stéphane Michaud, « La déviance sociale à Londres vue par une enquêtrice socialiste française : Flora Tristan et les Promenades dans Londres (1840) »Cahiers victoriens et édouardiens [En ligne], 61 Printemps | 2005, mis en ligne le 14 mars 2024, consulté le 08 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cve/14118 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11s9a

Haut de page

Auteur

Stéphane Michaud

Stéphane Michaud, professeur de littérature comparée à l’université de la Sorbonne Nouvelle, Paris 3, a en particulier travaillé sur les femmes dans la littérature et l’histoire aux xixe et xxe siècles. Parmi ses publications récentes : une biographie de Lou Andreas-Salomé (Lou Andreas-Salomé, l’alliée de la vie, Éd. du Seuil, 2000) et les éditions suivantes de Flora Tristan, qu’il a contribué à faire redécouvrir : sa Correspondance, sous le titre La Paria et son rêve (préface de Mario Vargas Llosa, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2003) ; Pérégrinations d’une paria (Actes Sud, coll. « Babel », 2004). Il a dirigé l’ouvrage suivant : collectif autour de Mario Vargas Llosa, De Flora Tristan à Mario Vargas Llosa, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2004. Il traduit actuellement la correspondance entre Anna Freud et Lou Andreas-Salomé (Hachette, à paraître).

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search