Navigation – Plan du site

AccueilNuméros63 PrintempsComptes rendusRichard Foulkes. Lewis Carroll an...

Comptes rendus

Richard Foulkes. Lewis Carroll and the Victorian Stage. (« The Nineteenth Century Series »)

Annie Escuret
Référence(s) :

Richard Foulkes. Lewis Carroll and the Victorian Stage. (« The Nineteenth Century Series »). Aldershot : Ashgate, 2005. 236 p. ISBN 0-7546-0466-7. £ 45.00.

Texte intégral

1Richard Foulkes enseigne l’Histoire du théâtre à l’université de Leicester. Lorsqu’on enseigne Lewis Carroll à l’université, on sait à quel point cet auteur aimait le théâtre, théâtre de marionnettes ou charades, et Foulkes a eu raison de s’intéresser à cet aspect fondamental de l’auteur d’Alice. Un peu à la façon de Jean Gattegno qui, dans son ouvrage : L’univers de Lewis Carroll (1970), recherchait un fil directeur ou plusieurs pour comprendre (et non pas expliquer) l’œuvre de Carroll, la démarche de Foulkes relève d’une entreprise similaire. Son intérêt pour Carroll remonte à un colloque organisé par l’université de Cardiff en 1998 où il avait fait une communication sur « Lewis Carroll and the Victorian Theatre ». Quelqu’un lui avait fait remarquer que, de toute évidence, il n’aimait guère Carroll (ce qu’il admit sans peine). Notre question aujourd’hui : pourquoi écrire un livre sur un auteur que l’on déteste ? Même s’il s’agit d’un travail sérieux (ainsi qu’en témoigne la liste des documents consultés), on trouve dans cet ouvrage des jugements normatifs regrettables sur le « ton » d’une lettre de Carroll (« rather sanctimonious », p. 1). Ce qui l’a convaincu de terminer son ouvrage, c’est l’amour immodéré de Carroll pour le théâtre, car en consultant les « Lettres », il s’est aperçu que l’auteur avait assisté à 400 représentations en 42 ans (de 1855 à 1897), période pendant laquelle le théâtre avait beaucoup évolué et qui fut le témoin de manifestations de premier plan (comme les prestations de Charles Kean ou de Frederick Robson). Ayant constaté que les critiques ne citent pas souvent l’opinion de Carroll sur le jeu de tel ou tel acteur, il a voulu combler cette lacune. En fait, comme d’autres critiques avant lui, Foulkes cherche à établir un lien entre cette passion de Carroll pour le théâtre amateur à l’époque où il vivait avec les siens avec ses autres passions (les jeux de langage, la photographie, Oxford, le célibat, la logique, l’amateur de petites filles et autres). Le premier chapitre (« Juvenile ») s’ouvre et se ferme avec une citation de Virginia Woolf (« ... his childhood was sharply severed. It lodged in him whole and entire. ») et retrace les influences subies au cours de la jeunesse (en particulier celle du père de Carroll chargé par Edward Bouverie Pusey de traduire Tertullien, auteur d’une condamnation sans appel de toutes les formes de théâtre) et Foulkes se demande si cet amour immodéré (du théâtre) n’est pas venu de cette condamnation excessive pendant son enfance ? Le chapitre 2 (« Unwillingly to School ») se penche sur les années passées à Richmond School de 1844 à 1846, année où il entra à Rugby (où l’on pratiquait un bizutage sévère). Mais ce n’est qu’à Oxford (chapitre 3) que le théâtre commença à jouer un rôle dans la vie de Carroll, même s’il veilla toujours à bien séparer ses deux vies. Le chapitre 4 (Alice) nous amène au cœur du sujet : la passion de Carroll pour le théâtre se retrouve partout dans son œuvre, y compris ses traités de logique où une structure dramatique lui semble souvent plus appropriée pour faire passer un contenu indigeste. On retrouve une passion identique dans les dessins de l’illustrateur de Carroll, Tenniel : Punch avait publié ses illustrations de Shakespeare (1855-1856). Cet ouvrage fourmille de renseignements sur les adaptations d’Alice (auxquelles Carroll avait participé), ses amitiés pour certaines actrices comme Ellen Terry ou les noms de ses dramaturges préférés (Tom Taylor, H. A. Jones et J. M. Barrie). Certes, Foulkes avoue qu’il déteste un peu moins l’auteur d’Alice qu’à l’époque du colloque de Cardiff mais, sans être une spécialiste de Lewis Carroll, on ne peut que regretter certaines lacunes dans la bibliographie (puisque les noms de critiques français comme ceux de Jean-Jacques Lecercle et de Sophie Marret ne sont pas mentionnés) et même si Richard Foulkes a bien consulté les « bons » documents (lettres de Carroll et autres témoignages de son amour pour le théâtre), sa prose manque parfois d’un peu de « passion » pour son sujet.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Annie Escuret, « Richard Foulkes. Lewis Carroll and the Victorian Stage. (« The Nineteenth Century Series ») »Cahiers victoriens et édouardiens [En ligne], 63 Printemps | 2006, mis en ligne le 01 juin 2023, consulté le 17 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cve/13471 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cve.13471

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search