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2008

Panayota Volti, Les couvents des ordres mendiants et leur environnement à la fin du Moyen Âge. Le nord de la France et les anciens Pays-Bas méridionaux

Max Lejbowicz
Référence(s) :

Panayota Volti, Les couvents des ordres mendiants et leur environnement à la fin du Moyen Âge. Le nord de la France et les anciens Pays-Bas méridionaux, Paris, CNRS Éditions, 2003, 312 p., 17x24cm, deux index de noms (des lieux et des personnes), bibliographie, un cahier de 73 illustrations en noir et blanc et en couleurs paginé en chiffres romains de I à XL
ISBN 2-271-06163-6

Texte intégral

1Panayota Volti étudie très exactement 126 couvents appartenant aux quatre principaux ordres mendiants (Dominicains, Franciscains, Augustins et Carmes, en incluant leur branche féminine trop souvent délaissée par les études consacrées aux mendiants). Les édifices retenus se trouvent dispersés dans 62 villes au total. Le terminus ad quem de l’enquête est la fin du XVIe siècle. La relative accalmie religieuse qui marque ces années est propice à l’émergence de nouvelles normes architecturales; elles inspirent la réparation ou à la reconstruction des couvents dévastés ou détruits au plus fort des guerres de religion. Durant les près de quatre siècles ainsi couverts, les limites provinciales des ordres et territoriales des provinces religieuses ont trop varié pour fournir un cadre spatial à l’enquête. La limite méridionale du Nord de la France où les villes retenues se trouvent est celle des actuelles régions de la Basse et Haute-Normandie, de l’Île-de-France, de la Champagne-Ardenne et de la Lorraine. Quant aux anciens Pays-Bas méridionaux, que l’histoire rend effectivement solidaires de la France septentrionale médiévale, ils comprennent la Flandre occidentale de la Belgique actuelle, la partie occidentale de la Flandre orientale et la partie extrême occidentale du Hainaut.

2Panayota Volti commence par aller des principes (chap. I, Les conditions spirituelles et sociales de l’établissement matériel) à leur mise en œuvre (chap. II, Le projet d’implantation). Elle poursuit en partant du particulier (chap. III, Microtopographie: l’espace conventuel et IV, Le complexe conventuel) pour atteindre le général (chap. V, Macrotopographie: l’espace conventuel dans la ville et VI, Analyse et interprétation de la prégnance architecturale et urbanistique mendiante). Les mailles d’un tel filet sont on ne peut plus resserrées. Elles ne laissent échapper aucun détail des édifices présentés, aucune singularité architecturale ou décorative, aucun développement sur des points remarquables. L’exhaustivité visée est d’autant mieux réalisée que la documentation s’appuie aussi bien sur la lecture des sources éditées que sur le dépouillement des archives communales, départementales et nationales (inventoriées respectivement aux pp. 276-280 et 269-276; l’accès aux archives est sans doute l’une des justifications des limites géographiques de l’enquête). C’est dire l’ampleur des informations qui ont été réunies et qui sont exposées à l’intérieur du cadre précédemment évoqué. La masse documentaire ainsi brassée induit un style d’écriture descriptif à l’extrême, qui procède par accumulation d’indications ponctuelles, par rassemblement de renseignements parfois infimes. La lecture en devient par moment quelque peu lassante, même si l’auteur maintient fermement le cours principal de son propos. On peut s’interroger sur la présentation la plus appropriée à une documentation aussi abondante et aussi minutieuse. Est-ce que la mise au point d’un modèle de fiche qui aurait été remplie pour chacun des 126 ensembles architecturaux n’aurait pas été plus adaptée au projet? Étant entendu que le matériel brut ainsi produit aurait pu être précédé par une présentation générale et suivie par un commentaire synthétique.

3Des respirations apparaissent de temps en temps au cours de la lecture, sous la forme de renvois à l’une des 73 illustrations en noir et blanc ou en couleurs, réunies dans un cahier sur papier glacé inséré vers la fin du volume, entre les pages 296 et 297. Lorsque, arrivé à la dernière page, le lecteur revient plus particulièrement sur ce cahier, les déficiences qui l’altèrent éclatent. Les reproductions sont parfois si réduites que leurs légendes ou annotations sont peu lisibles, sinon illisibles. Quelle portée attribuer à la dominante rouge de la vue occidentale du couvent franciscain de Douai (n° 7) et à la dominante verte de la vue occidentale du couvent dominicain de la même ville (n° 13)? Le lecteur cherche les raisons de la distribution des illustrations. Elle n’est assurément pas géographique: le couvent franciscain de Reims apparaît aux figures 10 (vue générale) et 19 (charpente de la salle des assemblées); le couvent dominicain de Gand aux figures 19 (vue nord-est), 40 (plan) et 58 (salle du chapitre); etc. Aucune raison de classement– par thème, par point de vue, …– n’apparaît clairement, sauf celle qui consiste à caser le maximum d’illustrations dans le minimum d’espace. On comprend que, dans ces conditions, les illustrations du cahier ne soient pas l’occasion d’une table: elle aiderait sans doute à en déceler les carences. Il convient de dépasser un constat aussi négatif. La leçon des ordres mendiants mériterait probablement d’être mieux entendue par les historiens du XXIe siècle. Est-ce que les frères n’ont pas permis l’adaptation de l’Église aux conditions particulières du XIIIe siècle? Pourquoi le médiéviste n’adapterait-il pas sa recherche à celles de son siècle? Il pourrait tirer parti des ressources techniques du cédérom pour reproduire avec ce procédé infiniment plus efficace et infiniment moins onéreux que l’imprimé les documents figurés qu’il utilise. L’imprimé est dans son ordre irremplaçable. Il ne l’est plus dès qu’il s’agit d’images.

4J’ai vanté l’exhaustivité des propos. Elle n’est pas totale. Dans l’Histoire du christianisme publiée en quatorze tomes par une équipe animée par Charles Pietri, je relève: « Leurs couvents (ceux de Dominicains à partir de 1233 et des Franciscains un peu plus tard) devinrent, dans les régions contaminées par l’hérésie, des tribunaux où l’on procédait à l’interrogatoire des suspects et parfois des prisons (t. 5, pp. 788et 826-831) ».Les Dominicains et Franciscains de Panayota Volti s’immergent dans les études et la prière et se consacrent à la prédication et à la liturgie, bien que leur région ne soit pas exempte d’hérésie. C’est tout à leur honneur. Ce n’est pas à celui de l’historienne. Tout au plus consacre-t-elle deux pages aux « groupes marginaux », où elle passe sans ciller des juifs aux prostituées (pp. 228-230)… Confusion aux conséquences moins fâcheuses: la « Jeanne de Navarre »de l’Index des noms de personnes peut difficilement être la femme de Philippe le Bel (p. 91) et en même temps celle de Charles le Mauvais (p. 207); la première est morte en 1305; la seconde en 1373 et Philippe le Bel était son arrière grand-oncle.

5Les déficiences dont il vient d’être question ne doivent pas masquer la richesse de l’information de première main que ces 352 pages contiennent. L’ouvrage est indispensable aux historiens qui recherchent des renseignements sur l’architecture originelle des mendiants et, plus généralement, sur l’ordinaire de la vie mendiante à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Max Lejbowicz, « Panayota Volti, Les couvents des ordres mendiants et leur environnement à la fin du Moyen Âge. Le nord de la France et les anciens Pays-Bas méridionaux »Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], Recensions par année de publication, mis en ligne le 15 juillet 2008, consulté le 01 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/258 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crm.258

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Auteur

Max Lejbowicz

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