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2023

Cecilia Sideri, La fortuna di Diodoro Siculo fra Quattrocento e Cinquecento. Edizione critica dei volgarizzamenti della « Biblioteca storica », libri I-II, 2022

Silvère Menegaldo
Référence(s) :

Cecilia Sideri, La fortuna di Diodoro Siculo fra Quattrocento e Cinquecento. Edizione critica dei volgarizzamenti della « Biblioteca storica », libri I-II, Berlin / Boston, De Gruyter (« Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie » 471), 2022, 875 p.

ISBN 978-3-11-074043-1

Texte intégral

  • 1 Pour une approche générale sur le sujet, voir notamment Nigel G. Wilson, De Byzance à l’Italie, tra (...)

1Le volume que publie Cecilia Sideri (CS) dans la prestigieuse collection des « Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie » (anciennement des éditions Niemeyer, dorénavant intégrée aux éditions De Gruyter) n’offre pas seulement, si l’on peut dire, une édition de texte, mais plus encore et peut-être avant tout (comme le laisse entendre le choix du titre et du sous-titre) une importante contribution à l’étude de la réception des textes grecs antiques dans l’Europe de la fin du Moyen Age, contribution qui permet une nouvelle fois de mettre en évidence le rôle moteur joué par l’Italie dans ce domaine1, suivant en général un double processus de traduction, du grec vers le latin puis du latin vers la langue vulgaire, comme c’est le cas ici avec la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile, vaste chronique universelle originellement composée entre les années 60 à 30 du Ier siècle avant Jésus-Christ, et dont seule une partie des quarante livres nous est parvenue (précisément trois pentades ou groupes de cinq livres sur huit, soit les livres I-V et XI-XX).

2Non contente, en effet, de procurer l’édition des deux plus anciens volgarizzamenti italiens des livres I et II de la Bibliothèque historique, l’un (volgarizzamento « A ») de la seconde moitié du XVe siècle et probablement d’origine florentine, l’autre (volgarizzamento « B ») du début du XVIe siècle, CS remonte également à la source commune de ces deux textes pourtant indépendants, à savoir la traduction latine des cinq premiers livres (comptant elle-même six livres, puisque dans cette tradition le premier livre de Diodore, plus long, est divisé en deux) que Poggio Bracciolini acheva en 1449 à la demande du pape Nicolas V, traduction dont l’étude qui est livrée ici constitue en soi un apport particulièrement important du travail de CS. C’est, logiquement, sur cette base que CS peut ensuite étudier la manière de traduire des deux volgarizzamenti anonymes et émettre quelques hypothèses, toujours très étayées et prudentes, afin de mieux cerner les milieux culturels dont ils sont issus, voire d’en identifier les possibles auteurs.

3En adoptant une démarche avant tout philologique, comme en témoignent au premier chef les nombreux tableaux comparant et analysant différentes leçons grecques, latines ou italiennes, CS se livre ainsi à un quadrillage pour ainsi dire systématique de son champ de recherche, dont les résultats sont consignés dans une copieuse introduction de près de quatre cents pages (399, pour être tout à fait précis), qui d’ailleurs ne se présente pas comme une introduction à proprement parler, mais comme une série de six chapitres conduisant à l’édition des deux textes en vis-à-vis (chap. 7) puis aux notes, glossaire, bibliographie et index (chap. 8 à 13).

  • 2 Citons tout de même dans ce champ l’article important d’A. Cohen-Skalli et D. Marcotte, « Poggio Br (...)

4Ainsi, après un chapitre liminaire (p. 1-13) permettant de situer rapidement les deux volgarizzamenti dans le contexte plus large de la redécouverte de Diodore de Sicile en Italie, dont la Bibliothèque historique commence à circuler probablement à la toute fin du XIVe siècle à Florence, CS aborde dans un second et important chapitre (p. 15-98) la traduction latine de Poggio Bracciolini (1380-1459), qui bénéficie pour la première fois2 d’une étude poussée prenant en compte l’ensemble de la tradition manuscrite, particulièrement fournie (46 témoins recensés et brièvement décrits, p. 21-29), étude qui permet après collation de différents passages représentant environ 20% du texte (p. 35) de confirmer l’existence de deux familles de manuscrits, d’ailleurs également représentées par les deux volgarizzamenti, « A » dérivant d’un manuscrit de la famille β, « B » de la famille α. Les deux chapitres suivants (chap. 3 et 4, p. 99-171 et 173-251) se livrent à une analyse approfondie de ces deux volgarizzamenti et de leur manière de traduire, diamétralement opposée (voir p. 185), « A » se caractérisant par une « stretta letteralità e aderenza al modello latino » (p. 99), mais aussi par le recours inattendu, dans une trentaine de passages, à une autre traduction latine que celle du Pogge, de la main de Cristoforo Landino, traduction qui n’a pas circulé (elle est conservée dans un unique manuscrit de la Biblioteca Riccardiana de Florence), ce qui inviterait logiquement à situer le volgarizzamento dans les années 1460 ou 1470, « entro l’ambiente di Landino, dunque a Firenze, prima culla della ricezione occidentale di Diodoro ai tempi del Crisolora » (p. 119) et à envisager finalement comme auteur le plus probable le propre fils du Pogge, Jacopo Bracciolini, déjà connu pour avoir traduit en italien deux autres œuvres latines de son père, sa traduction de la Cyropédie de Xénophon et ses Historiae Florentini populi (voir la démonstration complète, qui envisage encore d’autres hypothèses, y compris celle de Landino lui-même, p. 142-164) ; le volgarizzamento « B », conservé dans une unique copie qui était certainement un « esemplare di lavoro » (p. 174), offrant au contraire « una traduzione molto libera, svincolata dal latino sotto il profilo non solo sintattico, ma talvolta persino concettuale e contenutistico, e caratterizzata da frequente ricorso a strategie di sintesi, compendio e stralcio testuale » (p. 185), et c’est apparemment ce même texte qui a servi de base à l’édition des Antique historie fabulose, autrement dit des cinq premiers livres de la Bibliothèque historique imprimés à Florence en 1526, et à d’autres impressions ultérieures. Enfin les deux derniers chapitres (chap. 5 et 6, p. 253-351 et 353-396) sont consacrés à l’étude des manuscrits et de leurs rapports, dans le cas du volgarizzamento « A » qui est conservé dans deux témoins, ainsi qu’à une description de leurs caractéristiques linguistiques.

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Notes

1 Pour une approche générale sur le sujet, voir notamment Nigel G. Wilson, De Byzance à l’Italie, trad. fr. H. D. Saffrey, Paris, Les Belles Lettres, 2015 (original anglais de 1992), ouvrage que l’on s’étonne un peu de ne pas trouver cité dans la bibliographie pourtant fournie de CS, p. 807-833.

2 Citons tout de même dans ce champ l’article important d’A. Cohen-Skalli et D. Marcotte, « Poggio Bracciolini, la traduction de Diodore et ses sources manuscrites », Medioevo greco, 15, 2015, p. 63-107.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Silvère Menegaldo, « Cecilia Sideri, La fortuna di Diodoro Siculo fra Quattrocento e Cinquecento. Edizione critica dei volgarizzamenti della « Biblioteca storica », libri I-II, 2022  »Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], Recensions par année de publication, mis en ligne le 03 août 2023, consulté le 26 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/18415 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crmh.18415

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Auteur

Silvère Menegaldo

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