La métamorphose d’un héros épique
Résumés
Certains poèmes épiques de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle célèbrent en Henri IV à la fois le héros guerrier et le restaurateur de la paix. La rhétorique de l’éloge, le recours aux métaphores mythologiques et surtout le discours moral néo-stoïcien permettent aux poètes de dépasser cette contradiction apparente.
Plan
Haut de pageTexte intégral
- 1 Sur Henri IV, voir J. -P. Babelon, Henri IV, Paris, Fayard, 1982 ; J. -P. Babelon, « L’Image du Roi (...)
- 2 Sur la question de la guerre et de la paix, voir J. Cornette, Le roi de guerre. Essai sur la souver (...)
1À la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle la poésie épique a contribué à dessiner l’image d’Henri IV, tout comme les proclamations, l’historiographie, l’estampe, la peinture, la sculpture et les médailles. Or la carrière d’Henri IV1 roi de France se divise en deux parties : la période guerrière (1589-1598) et la période pacifique (1598-1610)2. Le travail de réédification politique qui s’effectue au cours de l’ensemble du règne et s’intensifie au début du XVIIe siècle s’accompagne d’une réorientation de l’effort de communication et d’une transformation de l’image du monarque. Les poètes qui racontent le parcours du roi doivent affronter la question de son unité et de sa cohérence.
- 3 Sur ce corpus, voir Marc Angenot, La Parole pamphlétaire. Typologie des discours modernes, Paris, P (...)
- 4 Voir B. Méniel, Renaissance de l’épopée. La Poésie épique, en France, de 1572 à 1623, Genève, Droz, (...)
2Les textes poétiques sur lesquels nous nous appuierons ne sont pas ceux de pièces de circonstances ou d’occasionnels3, qui relatent un événement, une bataille ou une campagne militaire, car ces textes enregistrent une image instantanée du roi, et considèrent rarement son évolution. Dans la perspective que nous avons définie, il a paru plus intéressant d’examiner un corpus moins étudié, celui des textes narratifs longs en alexandrins ou en décasyllabes à rimes plates qui prennent pour thème la vie d’Henri IV ou qui du moins entendent le suivre sur une partie de son itinéraire. Ces textes parfois très élaborés étaient appelés « poèmes héroïques » au XVI e siècle, mais comme nous réservons cette appellation pour des poèmes fondés sur la fable4, nous utiliserons le terme générique de « poème épique ». Ces poèmes, dont la composition a souvent été lente, privilégient une vision surplombante et impliquent un recul dont ne se préoccupent pas les œuvres de circonstance. De plus, ils présentent une certaine homogénéité, puisqu’ils sont favorables au monarque.
- 5 S. Garnier, Les Huict Derniers Livres de la Henriade [IX-XVI], contenans les faicts merveilleux de (...)
- 6 J. Godard, L’Oracle ou Chant de Protée où sont predictes les glorieuses victoires de Henry IIII. tr (...)
- 7 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, où sont contenues les merveilles du tres-illustre, et tresinvi (...)
- 8 Sur A. de Pontaymeri, voir B. Méniel « Écrire noblement au XVIe siècle : les choix formels d’Alexan (...)
- 9 Cl. Binet, Les Destinées de la France […], Paris, Jamet Mettayer et Pierre L’Huillier, 1594, in-4°, (...)
- 10 Ch. de Navières, L’heureuse entrée au ciel du feu Roy Henry le Grand, Paris, P. Mettayer, 1610, in- (...)
- 11 P. de Nancel, De la Souveraineté des Roys, poëme epique, divisé en trois livres, s. l., 1610.
- 12 J. Metezeau, Euloge de la vie heroïque de Henry le Grand IIII. du nom, Roy de France et de Navarre, (...)
- 13 J. Prevost, Apotheose du tres-chrestien roy de France et de Navarre Henry IIII, Poictiers, J. Thore (...)
- 14 P. Boton, Les trois visions de Childeric Quatriesme Roy de France, pronostics des guerres civiles d (...)
- 15 [Pierre-Victor Cayet, dit Palma-] Le Sieur de la Palme, L’Heptameron de la Navarride ou Histoire en (...)
3Les premiers poèmes épiques publiés en l’honneur d’Henri IV datent des années 1593-1594, c’est-à-dire du moment où, par son abjuration, le 25 juillet 1593, et par son sacre, à Chartres, le 27 juillet 1594, le monarque légitime définitivement son pouvoir et manifeste son intention de rassembler tous les Français autour de sa couronne. À cette époque paraissent La Henriade (1593-1594)5 de Sébastien Garnier, L’Oracle (1594)6 de Jean Godard, Le Roy triomphant (1594)7 d’Alexandre de Pontaymeri8, Les Destinées de la France (1594)9 de Claude Binet. Une autre période a été favorable à la composition de poèmes épiques célébrant le premier des Bourbons : les années 1610-1613 qui ont suivi son assassinat : c’est alors que paraissent L’heureuse entrée au ciel du feu Roy Henry le Grand (1610)10 de Charles de Navières, De la Souveraineté des Roys (1610)11 de Pierre de Nancel, l’Euloge de la vie heroïque de Henry le Grand (1611)12 de Jean Metezeau, l’Apotheose du tres-chrestien roy de France et de Navarre Henry IIII (1613)13 de Jean Prevost. Nous tiendrons aussi compte de poèmes publiés entre ces deux périodes, tels que Les trois visions de Childeric (1595)14 de Pierre Boton et L’Heptameron de la Navarride15 (1602) de Pierre Cayet.
- 16 Voir Babelon, « L’Image du Roi », p. 193.
4Cette poésie participe d’une vaste entreprise de définition de l’image d’Henri IV, qui a autorisé certains à parler de propagande16. Ce terme est à employer avec précaution dans la mesure où la poésie dont nous parlons n’est pas directement suscitée par le souverain ; elle résulte d’initiatives individuelles qui visent la faveur royale, mais en général ne l’obtiennent pas ; elle a une diffusion limitée. Elle loue le roi de deux manières, en énumérant ses qualités et en racontant ses exploits : elle relève à la fois du discours encomiastique et du récit épique. Or pendant les deux décennies que nous considérons, Henri IV, de roi de guerre contraint à conquérir le territoire qui lui revenait, est devenu roi de paix : les poèmes ne peuvent plus faire l’éloge des mêmes vertus, ni mettre en avant les mêmes actions. Comment l’epos peut-il s’accommoder de cette métamorphose ?
5Il convient d’observer comment, dans les éloges et les récits, l’on passe de l’image d’un roi de guerre à celle d’un roi de paix et de donner sens aux comparaisons par lesquelles les poètes magnifient le Prince ; nous défendrons enfin l’idée que, malgré son évolution, le personnage trouve son unité et sa cohérence dans une identité philosophique qui dépasse l’opposition entre le monarque guerrier et le souverain pacifique.
L’éloge et le récit : l’évolution d’une image
- 17 Voir H. Lausberg, Handbuch der literarischen Rhetorik. Eine Grundlegung der Literaturwissenschaft, (...)
6La poésie épique magnifie ce dont elle parle. Elle incline naturellement à l’éloge. Or, selon la règle rhétorique de la divisio17, louer un homme consiste avant tout à énumérer ses qualités et à montrer leur utilité, leur pertinence dans une situation donnée. Henri de Navarre est présenté comme un guerrier-né, comme un homme accoutumé dès l’enfance aux chevauchées, aux veilles, aux combats, qui a acquis rapidement une endurance et une expérience sans égale. Dans sa Henriade, Sébastien Garnier chante, ainsi que l’indique une manchette, les « Louanges du Roy » en ces termes :
- 18 Foy : fidélité à ses engagements. On se souvient que le consul M. Attilius Regulus, capturé par Ham (...)
- 19 S. Garnier, Les Huict Derniers Livres de la Henriade, IX, p. 20, v. 3-14.
Mais tout ainsi qu’on voit l’Aurore journaliere
Paroistre le matin sur toute autre lumiere,
Ainsi paroist sur tous, le Roy, qui les conduict
Accort, et vigilant, ne dormant jour ne nuict,
Tousjours en action, sans repos et sans cesse,
Un second Charlemagne, en valleur et prouesse,
Un Nestor en Conseil, hardy comme un Cesar,
Un Regulus en foy18, ne craignant nul hazart :
Et brief il n’y a Roy, soubs ceste masse ronde
Tant soit-il valleureux qui l’esgalle ou seconde
Ne s’estonnant de rien, ayant par plusieurs fois,
Esprouvé du Dieu Mars les rigoreuses loix19.
7Henri est présenté comme un roi, mais les vertus qui sont exaltées en lui sont celles d’un guerrier. Son activité incessante est suggérée par l’effet d’accumulation : il veille parce qu’il est la sentinelle de la France, mais aussi parce qu’il conjugue tant de qualités qu’il vit plusieurs vies en une et qu’il n’a pas le temps de dormir. L’éloge, ici, recourt à la comparaison avec les grands personnages de l’histoire, tout en affirmant l’impossibilité de tout parallèle : conformément à un des paradoxes topiques de l’encômion, ce qu’on loue est au-delà de toute louange. Alexandre de Pontaymeri compare lui aussi Henri IV à ses prédécesseurs, pour exalter son courage et son autorité :
- 20 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, p. 53, v. 16-21.
Car a dire le vray de tous les Roys de France,
Aucun n’a voisiné l’honneur de sa vaillance,
Aucun n’a esgalé le pris de sa bonté,
Aucun ne fut jamais en armes redouté,
Comme luy qui jamais n’a sceu que c’est de crainte,
Bien qu’il l’ayt à maints Roys en maintes pars emprainte20.
8L’anaphore met en valeur la supériorité du premier des Bourbons sur les autres rois de France ; elle place sur un même plan aptitudes guerrières et qualités morales, comme le veut l’éthique de la Renaissance, qui considère que toute vertu est d’abord vigueur et bravoure. Ce faisant, Pontaymeri loue Henri IV pour des facultés que l’on pourrait estimer contradictoires : son aptitude à se faire craindre, mais aussi sa bonté. Une tension apparaît entre l’éthique guerrière de l’epos et le discours à tenir pour légitimer le comportement royal sans compromettre une réconciliation nationale. Plus loin, le poète célèbre l’humanité d’Henri IV dans un éloge qu’avec habileté il met dans la bouche d’Alexandre Farnèse, qui juge
- 21 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, p. 55, v. 24-p. 56, v. 9.
[…] La France incapable, indigne d’un tel Roy,
Qui donne aux estrangers une forçante loy,
D’admirer son maintien, et sa grace, et ses armes.
Et comme il est humain aux inhumains gendarmes
Du contraire party, dont les premiers Seigneurs,
Ont parmy leur defaut esprouvé les honneurs,
Le Favorable accueil, la Majesté modeste
Un visage qui n’est à personne funeste,
Une ame liberale, un cœur d’ intégrité,
Un Asil’aux vaincus de toute liberté21.
9Pontaymeri rend ces paroles convaincantes en les attribuant à l’un des plus habiles capitaines du temps, qui est mieux à même que tout autre d’évaluer les qualités militaires d’Henri IV, puisqu’il a été son adversaire. Or il passe rapidement sur les vertus guerrières du roi pour évoquer sa grandeur morale. Il ne manquerait pas de reprocher au roi son arrogance, mais il ne peut que s’incliner devant sa simplicité et son absence de ressentiment, qui s’expriment par une dérivation (« il est humain aux inhumains gendarmes ») et un oxymore (« la Majesté modeste »).
10L’éloge peut prendre un chemin plus tortueux. Dans le poème de Jean Prevost, alors que le roi Henri gouverne son pays en paix depuis de nombreuses années, la furie Alecton, rassemble sa cour maléfique et s’indigne que l’on laisse impunément régner la vertu, la foi, la piété. Dans ce passage qui s’inspire des assemblées infernales de la tradition poétique, dont les dix-neuf premières strophes du chant IV de la Jérusalem délivrée offrent un bel exemple, elle s’adresse ainsi aux puissances démoniaques :
- 22 J. Prevost, Apotheose du tres-chrestien roy de France, I, f. O iij v°, v. 6-11.
Chetives soeurs à qui tout fait la guerre
Au Ciel les Dieux, et Henry sur la terre !
Endurrons nous que ce Prince honoré
Rameine ainsi le vieil age doré ?
Que la vertu, que la foy, qu’à leur suitte
La pieté regnent sous sa conduite22 ?
- 23 Voir Claudien, In Rufinum, v. 51-54. Nous remercions Jean-Louis Charlet pour cette référence.
11Transposant Claudien23, Prevost tourne en dérision le bellicisme à tout crin, et fait l’éloge indirect d’Henri IV, défenseur de la paix, en évoquant l’indignation qu’il suscite chez les créatures infernales.
12Certains poètes attribuent à Henri IV de telles qualités qu’après son assassinat, ils n’hésitent pas à en faire un être divin. Selon le poème De la Souveraineté des Roys composé par Pierre de Nancel, Henri IV sait
- 24 P. de Nancel, De la Souveraineté des Roys, II, p. 42, v. 1-2.
Estre si fort aimé, si bon, si juste encore,
Que presque comme un Dieu sa Province l’adore […]24.
13Le titre du poème de Prevost est éloquent : Apotheose du tres-chrestien roy de France et de Navarre Henry IIII. Dans cette œuvre, après la mort du souverain, l’Éternel s’adresse à son messager en lui déclarant :
- 25 J. Prevost, Apotheose du tres-chrestien roy de France, I, f. Qvij r°, v. 16-17.
Icy je veux, qu’assis au plus haut lieu
Le grand Henry paroisse un nouveau Dieu25.
14La grandeur d’Henri IV ne peut être uniquement fondée sur sa vaillance. Il faut qu’elle soit spirituelle pour que sa mort ne soit pas une victoire de Satan, mais la promesse d’un accès au statut divin.
15Le poème épique, lorsqu’il pratique l’éloge, suggère qu’Henri IV mêle à ses vertus martiales des qualités propres à restaurer la concorde ; mais le poème épique, aussi et surtout, raconte : il évoque le monarque sur le champ de bataille, l’arme à la main. À de telles représentations peuvent plus difficilement, ensuite, se superposer des images d’apaisement.
16Le poète se trouve pris entre des exigences contradictoires. D’une part, Henri ne peut être un personnage épique que s’il emporte l’adhésion de la nation entière – et nous avons vu que les poèmes qui content sa geste paraissent précisément aux moments historiques où cette unanimité a pu cristalliser ; d’autre part, il ne peut être un héros que s’il participe à l’action ; or dans un contexte de guerre civile, tout combat est fauteur de désunion.
- 26 Dans Le Couronnement de Louis, Charlemagne se retire, car, bien que sa volonté reste intacte, il a (...)
17Le poème épique représente Henri IV donnant l’assaut. En effet, depuis le Moyen Âge, le Roi doit participer en personne à l’exercice de la justice. Il doit donc être capable de faire la guerre pour permettre le triomphe du droit. Cela exige de lui non seulement le courage, mais la force du bras26. Comme la chanson de geste, le poème épique de la Renaissance montre le roi non seulement commandant ses troupes, mais donnant la mort. Il est vrai que mourir frappé par un guerrier tel qu’Henri IV est un honneur. Ainsi, dans Le Roy triomphant de Pontaymeri, le souverain, avant de tuer le comte d’Aiguemont, lui déclare :
- 27 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, p. 33.
[…] mon guerrier
Tu seras glorieux des tiens tout le dernier,
Qui bien-heurant ton sort ployeras ton eschine
Sous l’homicide acier de ma lame divine,
Remarquable en ta mort, va t’en compter la bas
Comme ores je te fais le butin du trespas .
”Il y a de l’honneur en la mort souveraine,
” S’elle vient par la main d’un vaillant Capitaine27.
18Même dans ce passage d’une rudesse rare, l’ennemi n’est pas humilié ; honneur lui est rendu. La grandeur chevaleresque du geste homicide fait oublier sa violence.
19Certains poètes évoquent la participation d’Henri IV aux guerres civiles de loin, sans s’attarder sur les détails. Ils ne retiennent que les noms des batailles et composent leur poème à partir d’eux, en les plaçant souvent à la rime. C’est le cas de l’Euloge de Jean Metezeau. Voici les vers évoquant Henri de Navarre dans sa résistance aux attaques de la Ligue, après le double assassinat de Blois de 1588 :
- 28 J. Metezeau, Euloge de la vie heroïque de Henry le Grand IIII. du nom, col. 2, v. 39-50.
Henry le Grand soudain se fait revoir aux champs,
Prend Niort, Maillezay, de mesme S. Maixants,
Chastellerault, Loudun, et plusieurs autres villes,
Que la Ligue tenait sous ses pates servilles :
Oubliant le passé il avole au secours
Du dernier des Vallois assiegé dedans Tours
Qu’il delivre aussitôt que l’on le vit paroistre,
Le rend entierement de la campagne maistre,
Fait fuir devant luy la Ligue à sa mercy,
Emporte dessus elle avec luy Baugency,
Force avec luy Gergeau, Estampes, et Ponthoise,
Seyne revit son Roy, comme l’avoit veu Oyse […]28.
20Ainsi Jean Metezeau utilise le pouvoir de suggestion des noms propres, fréquemment placés à la rime, pour évoquer la conquête du territoire par Henri de Navarre. Il suscite l’idée d’une avancée-éclair et estompe les horreurs de la guerre. Pour lui, Henri IV n’a pas dévié : il s’est d’abord consacré à la libération de la France, puis à son rétablissement :
- 29 J. Metezeau, Tombeau de Henry le Grand IIII. de ce nom, p. 10, v. 27-p. 11, v. 6.
Apres avoir du tout la France liberée,
Il s’employe aux moyens de la voir restaurée,
Pardonne à ses subjects qui s’estoient rebellez,
Rappelle les bannis qui restoient exilez,
Réunit les esprits divisez de nature,
Remet les Arts en vogue, aux champs l’Agriculture,
Aux villes le commerce, et au lieu du harnois,
Faict reflorir par tout, les lettres et les lois […]29.
21Ainsi s’explique la continuité entre le règne pacifique d’Henri IV et non seulement son règne guerrier, mais les règnes de ses prédécesseurs. Le Roi sauve et perpétue un ordre mis à mal par les troubles civils. La guerre n’était que le moyen d’éteindre la guerre. Dès les premiers poèmes écrits en son honneur, le guerrier Henri IV est donc porteur d’un espoir de paix : ses qualités et ses actions laissent espérer qu’il restaurera la concorde.
22La forme des poèmes épiques ne réside pas seulement dans l’alternance du discours et du récit. Elle se caractérise aussi par l’emploi insistant de figures d’analogies, métaphores et comparaisons, qui contribuent à magnifier le héros. Au moment où l’estampe diffuse des portraits mythologiques d’Henri IV, la poésie épique assimile le monarque à Apollon et à Hercule.
Les métaphores mythologiques : d’Apollon à Hercule
23Henri IV descend par sa mère des Fébus, et notamment de Gaston Fébus, dans le château duquel il est né, à Pau, et dont il aurait hérité son goût pour la chasse. Pierre Cayet joue sur l’homonymie et présente Henri comme celui des souverains qui brille avec le plus d’éclat :
- 30 P. Cayet, L’Heptameron de la Navarride, p. 711, v. 5-10.
Henry est donc le Phoebus à bon comte,
Des autres Roys : comme Phoebus surmonte
Au firmament en splendeur et clarté,
Ainsi Henry en douceur et bonté :
Va surmontant les meilleures natures,
De tout son siecle […]30.
24Ce rapprochement entre Henri IV et Phœbus Apollon est légitimé par l’aura solaire du monarque, mais aussi par son rôle historique. L’image solaire du roi est attestée depuis Henri II, et son utilisation devient plus fréquente sous le dernier des Valois et le premier des Bourbons. Le poète Claude Binet dédie son œuvre à Henri IV, comme à une divinité solaire qui aurait par sa lumière dispersé les ténèbres des guerres civiles. Parlant de sa Muse, il s’adresse au Roi en ces termes :
- 31 Cl. Binet, Les Destinées de la France, p. 4, v. 9-16.
[…] Vous estes l’Apollon
Qui la sçait manier par son vif aiguillon.
A vous son œuvre est deu, Icy souz l’ombre obscure
De noz troubles civils s’espand la clarté pure
De voz hautes vertus, qui ont de ceste nuict
Fait sortir vostre chef qui tant plus reluit,
Ainsi que le Soleil quand il sort de l’ombrage
D’une nuë espessie en brille davantage […]31.
25De même, Pontaymeri chante les « Louanges du Roy Triomphant » en évoquant l’audace excessive d’un chef espagnol qui s’est attaqué à ce Soleil qu’est Henri IV :
- 32 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, Cambrai, p. 85, v. 15-p. 86, v. 24 ; Lyon, p. 74, v. 6-p. 75, (...)
C’estoit un Capitaine en valeur nompareil
Si temeraire il n’eust defié le Soleil,
Le Soleil de nos jours, le Soleil de nos vies,
Qui seroyent à la nuict Hespaignole asservies,
Sans luy qui est nostre œil, qui est nostre clarté,
Sans luy qui donne encor’à la France lumiere,
A la France qui est comme dans une biere
Chez soy ensevelie, et qui n’ha rien de bon,
Que la gloire des Roys le genereux Bourbon32.
- 33 N. Conti, Mythologiae, sive explicationis fabularum, libri decem, IV, 10, Paris, Hubert Hunot, 1605 (...)
26Pour Natale Conti, Apollon, assimilé au Soleil, chasse les ténèbres de l’ignorance, et restaure l’harmonie. En effet, le Soleil « est situé au beau milieu des autres planetes, comme leur seigneur et prince, desquels les Pythagoriciens ont creu que les mouvement rendoyent un concert et harmonie merveilleusement douce et agreable33 ». Si Henri IV est comparé à Apollon, c’est donc qu’il a su faire passer la France de la nuit des guerres intestines au jour de la concorde retrouvée.
- 34 Sur Hercule, voir Marc-René Jung, Hercule dans la Littérature française du XVIe siècle, De l’Hercul (...)
- 35 N. Conti, Mythologia, VII, 1, p. 677.
- 36 Cl. Binet, Les Destinées de la France, p. 46, v. 19-20.
- 37 P. Boton, Les trois visions de Childeric, p. 25, v. 23.
27Henri IV est comparé à un autre héros solaire, Hercule34 . C’est, le plus souvent, parce que celui-ci a combattu et tué Géryon, « Hispaniae re [x]35 ». Ainsi, dans Les Destinées de la France, Jupiter avertit les ennemis de la France qu’il protège « l’Hercule François,/Qui cerclera l’Espagne aux chainons de ses loix36. » A la différence de son prédécesseur Henri III, volontiers assimilé à l’Hercule gaulois subjuguant les hommes par son éloquence, il est plutôt rapproché de l’Hercule grec aux douze travaux. Même si Pierre Boton le compare à « Hercule, et Thebain et Gallique37 », il pense surtout au premier : comme celui-ci, Henri est né dans un siècle d’airain ; il sera plein de vertu ; il éliminera des monstres, ceux de la Ligue. Le poète rappelle qu’il n’y a pas de gloire sans épreuve et que l’adversité est la condition de la vertu :
- 38 P. Boton, Les trois visions de Childeric, p. 26, v. 19-24.
Qui a fait veoir Hercule, et sa force indomptee,
Sinon un Geryon, un Cacus, un Antee ?
La France revoltee et le Ligueur felon
Sera le champ d’honneur de Henry de Bourbon,
Qui sera surnommé Le Grand, et par ses gestes
Se fera renommer jusqu’aux voutes celestes38.
28Cette idée d’une économie cosmique des vices et des vertus ouvre la voie à une interprétation stoïcienne du mythe d’Hercule, que les contemporains n’ont pas dédaignée.
Le discours moral : le portrait d’un roi néo-stoïcien
- 39 N. Conti, Mythologie, trad. Jean de Montlyard, VII, 1, p. 725 (comparer avec Mythologia, p. 697).
29Le mythe d’Hercule est, au XVIe siècle, interprété tantôt dans une perspective évhémériste, tantôt dans une perspective morale. Le traducteur de la Mythologia, Jean de Montlyard, enrichissant le texte de Conti d’un développement de son cru, suppose qu’Hercule a été un chef de guerre qui se serait donné la mission de « delivrer le pauvre peuple des oppressions et violences des plus forts » et de « reduire par mesme moyen les peuples brutaux à plus douce et civile façon de vivre, les poliçant à cette fin de bonnes loix et ordonnances qu’il establissoit par tout où il passoit39 » : Hercule est un héros moins guerrier que civilisateur. Il n’use de violence que pour mettre à bas la tyrannie et restaurer la loi. Cette lecture de la légende n’exclut pas le recours au symbole. Hercule est une figure de la vertu et de la constance. Natale Conti affirme que certains
- 40 N. Conti, Mythologia, VII, 1, p. 696-697 : Alii apo tès aretès a virtute scilicet hoc nomen deductu (...)
tirent son nom du mot Areté, c’est à dire vertu, n’estant Hercule autre chose que valeur, magnanimité, prudence, et la raison qui est en nous avec constance : et parce que telles qualitez n’escheent à personne sans la bonté divine, et bonne affection de courage, c’est pourquoy l’on dit Hercule estre fils de Jupiter, et d’Alcmene, ou constance, car toute probité a besoing de s’armer de patience ès adversitez, et pour vaincre ses appetits et convoitises de la chair ; et de la bonté de Dieu qui luy serve de guide et de conduite, consideré que nulle puissance humaine n’est de soy suffisamment puissante40.
- 41 N. Conti, Mythologia, VII, 1, p. 698: animorum motus (trad. Jean de Montlyard, p. 726).
30Les monstres qu’Hercule élimine sont des figures de ces « troubles d’esprit41 » que sont l’orgueil, l’arrogance, la cruauté, la colère. Incarnation de la vertu, le héros combat les vices qui corrompent la vie humaine. De même, Vincenzo Cartari écrit que
- 42 V. Cartari, Le imagini de i dei de gli antichi (1556), éd. G. Auzzas, F. Martignago, M. Pastore Sto (...)
d’autant qu’il n’y a monstres plus epouventables, ny plus cruels tirans contre les hommes, que sont les vices de l’ames, aucuns ont voulu dire, que la force d’Hercule fut la force de l’esprit, et non du corps : avec laquelle il surmonte tout appetit desordonné, qui est rebelle à la raison : et comme monstres les plus feroces, troublent l’homme continuellement, et le travaillent42.
31En comparant Henri IV à Hercule, les poètes épiques suggèrent que son combat est tout autant intérieur qu’extérieur. Selon un lieu commun des « miroirs du Prince » médiévaux, qu’ont repris les « institutions du prince » humanistes, le roi, pour exercer convenablement sa mission, doit d’abord se dominer lui-même. Dans le poème de Jean Prevost, Henri l’explique au Dauphin :
- 43 J. Prevost, Apotheose du tres-chrestien roy de France, I, f. Pviij v°, v. 13-19.
”Se commender est une monarchie.
”Lors à bon droict d’autruy seras tu Roy
”Si tu peux l’estre auparavant de toy,
”A qui peut tout la licence effrenee
”Des passions se laisse abandonnee
”Porter au pire, on est plus inhumain
” Où la vengeance est plus pres de la main43.
32La guerre fait naître des passions telles que l’appétit de vengeance, la cruauté, l’orgueil. Celui qui y succombe est voué à perpétuer la guerre. Le roi doit y résister pour obéir à la Providence et préparer l’avènement de la paix. Dans le poème de Sébastien Garnier, Henri adresse à Dieu, avant la bataille d’Ivry, une prière qui, enchaînant trois groupes de six vers, donne sens à son engagement dans la guerre :
- 44 S. Garnier, Les Huict Derniers Livres de la Henriade, IX, p. 16, v. 29-p. 17, v. 14.
Si tu congnois Seigneur que la guerre je fais
Pour espandre le sang, ennemy de la paix :
Je veux mon Dieu, je veux, que toute leur armee,
Vienne droict dessus moy se jetter animee,
Coulpable du malheur que ton peuple innocent
Par les effects divers de la guerre ressent .
Mais si l’amour aussi que j’ay à la patrie
Et le salut commun me faict mettre ma vie
En un si grand hazard : fais par ta grand’bonté
Que mon ennemy soit vaincu et surmonté,
Me donnant à bon droict dessus luy la victoire
Dont a toy en sera, et l’honneur, et la gloire .
Je te requiers aussi de bon coeur que le cours
Tu n’allonges, Seigneur, plus long temps de mes jours
Que tu recongnoistras que je seray utile
A ce pauvre pays languissant et debile,
Et que le bien commun de toute Chrestienté
Sentira par effect ma bonne volonté44.
- 45 Voir D. Crouzet, chap. « Du stoïcisme comme système de désangoissement : l’idéologie royaliste », L (...)
33Si Henri faisait la guerre par goût du sang ou même par aspiration à la gloire, il pourrait être tenu pour responsable des souffrances des hommes ; or il agit en considérant l’intérêt collectif, et, au-delà, la volonté divine. Il fait à Dieu don de lui-même, revendiquant le statut de pur instrument de la volonté céleste, qui ne durera que tant qu’il sera utile. Il ne veut vaincre que pour la gloire de Dieu. Les poèmes que nous étudions dessinent la figure d’un roi stoïcien, que Denis Crouzet a mise en évidence45.
34Ainsi se trouve dépassée l’opposition entre guerre et paix. La guerre que pratique le roi de France n’est que le moyen de parvenir à la paix. L’une et l’autre sont des effets de la Providence. La grandeur d’Henri IV est de s’être soumis à Dieu et de l’avoir servi dans les deux cas avec le même zèle.
- 46 Voir Cicéron, Pro Marcello, III, 8 et 12 ; Pro Ligario, XII, 37-38 ; Sénèque, De Clementia, 2e part (...)
35Aucun thème ne montre avec davantage de netteté ce lien dialectique entre la guerre et la paix que celui de la clémence, qui devient prépondérant au moment du ralliement progressif des chefs ligueurs à Henri IV. Les poètes s’emparent de ce thème qui renvoie alors à des réalités politiques et financières concrètes, mais auxquels les stoïciens antiques, notamment Cicéron dans ses discours Pro Marcello et Pro Ligario et Sénèque dans son De Clementia46, ont donné une dignité philosophique. Cayet rapporte qu’après sa victoire à Coutras, Henri de Navarre a relâché les prisonniers sans rançon :
- 47 P. Cayet, L’Heptameron de la Navarride, VI, p. 741, v. 16-23.
Il exposa sa vie propre au hazar (sic).
Et en gaigna la victoire Royalle,
Monstrant son ame, encore plus loyalle,
Envers plusieurs, qui s’y trouverent pris,
Qu’il renvoya sans rançon et sans pris,
Dequoy les siens, luy faisant remonstrance,
Vous n’estes pas, pour estre Roy de France,
Leur dit-il lors47.
36Claude Binet écrit d’Henri IV que
- 48 Cl. Binet, Les Destinées de la France, p. 42, v. 1-2.
Clemence il engendre, amiable Deesse,
Et qui est sans s’armer des armes la maistresse48.
37Le poète qui chantera sa geste
- 49 Cl. Binet, Les Destinées de la France, p. 48, v. 19-20.
dira sa Clemence, et comme son amour
Reconquist son Royaume et son peuple en un jour49.
- 50 Sur les jugements contrastés que suscite la clémence d’Henri IV, voir M. De Waele, « Image de force (...)
38La clémence est parfois considérée comme une indulgence coupable50 et certains poètes font mine de la juger sévèrement. Par exemple Pierre Cayet écrit :
- 51 Pierre Cayet, L’Heptameron de la Navarride, Paris, P. Portier, 1602, VI, p. 710, v. 28-p. 711, v. 4
Et jamais nul de Henry n’entendit,
Mesmes par ceux qui cherchent sa ruine,
Nul mal sinon que bonté luy domine,
Faisant du bien à ceux qui à grand tort,
Cherchent sa vie et procurent sa mort51.
39Sous couvert de reproche, le poète reste dans le panégyrique : il sait bien que son lecteur interprétera ce refus de toute vengeance comme un signe de la magnanimité du roi. La clémence est cet amour qui est victoire sur les passions, comme l’a bien vu Du Bartas :
- 52 Guillaume de Salluste Du Bartas, Cantique de la victoire d’Yvry in Suites des Œuvres […] contenant (...)
O vrayment invincible, et plus qu’Auguste Roy,
Qui triomphes, heureux, du triomphe et de toy,
Et qui rends tous contans, ton ost de la victoire,
Le vaincu du pardon, et tous deux de ta gloire52 !
40La clémence permet à la guerre de s’effacer devant la paix sans laisser de ressentiment ni d’arrière-pensée. Or cette victoire suprême est d’ordre éthique : elle est la victoire que le vainqueur remporte sur lui-même. La constance, la maîtrise des passions, le consentement à la Providence, l’aptitude à la clémence, toutes ces qualités érigent Henri IV en héros néo-stoïcien.
Conclusion
41La question de la guerre et de la paix est centrale pour qui analyse le traitement du personnage épique d’Henri IV. En effet, la forme épique est choisie par les poètes notamment parce qu’elle permet de s’adresser directement au Prince, de le louer, de célébrer ses actions, mais elle leur impose une éthique belliciste qui entrerait en contradiction avec le sens que ce Prince entend donner à son combat. Les poètes sont donc conduits à modifier la forme de leurs œuvres, à l’infléchir vers l’éloge, à augmenter la proportion du discours par rapport à celle du récit, à proposer des préceptes et à multiplier les sentences.
42À la question « comment terminer une guerre ? », la poésie apporte bien une réponse, mais, si le discours l’emporte sur le récit, c’est que cette réponse est d’ordre philosophique. La soumission à la Providence et la pratique de la clémence tracent les linéaments du néo-stoïcisme royal. La guerre est un désordre qui donne au Prince l’occasion de manifester sa vertu et sa magnanimité, avant de rétablir une paix conforme à l’harmonie cosmique.
Notes
1 Sur Henri IV, voir J. -P. Babelon, Henri IV, Paris, Fayard, 1982 ; J. -P. Babelon, « L’Image du Roi », Henri IV et la reconstruction du royaume, Catalogue, Paris, Réunion des musées nationaux/Archives nationales, 1989 ; Quatrième Centenaire de la bataille de Coutras, Pau, J & D Editions/Association Henri IV, 1989 ; Henri IV, le roi et la reconstruction du royaume, Pau, J & D Editions/Association Henri IV, 1990 ; C. Vivanti, Guerre civile et paix religieuse dans la France d’Henri IV, Paris, Desjonquères, 2006 ; M. De Waele, Réconcilier les Français : Henri IV et la fin des troubles de religion, 1589-1598, Québec, Presses de l’Université Laval, 2010 ; M. Cassan, La Grande Peur de 1610. Les Français et l’assassinat d’Henri IV, Seyssel, Champ Vallon, 2010.
2 Sur la question de la guerre et de la paix, voir J. Cornette, Le roi de guerre. Essai sur la souveraineté dans la France du Grand Siècle (1re éd. 1993), Paris, Payot et Rivages, 2000 ; P. Mironneau et I. Pébay-Clottes, Paix des armes, paix des âmes, Paris, Société Henri IV/Imprimerie Nationale Éditions, 2000.
3 Sur ce corpus, voir Marc Angenot, La Parole pamphlétaire. Typologie des discours modernes, Paris, Payot, 1982, p. 27-45 ; Le pamphlet en France au XVIe siècle, Paris, Cahiers V. L. Saulnier, Collection de l’École Normale Supérieure de Jeunes Filles n° 25, 1983 ; J. K. Sawyer, Printed Poison. Pamphlet Propaganda, Faction politics and the Public Sphere in Early Seventeenth-Century France, Berkeley/Los Angeles/Oxford, University of California Press, 1990 ; David El Kenz, « La propagande et le problème de sa réception, d’après les mémoires-journaux de Pierre de L’Estoile », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 90-91, 2003, 19-32 ; Tatiana Debbagi Baranova, À coups de libelles. Une culture politique au temps des guerres de religion (1562-1598), Genève, Droz, 2012. Selon David El Kenz, le nombre de pamphlets publiés pendant les troubles civils est proche du millier.
4 Voir B. Méniel, Renaissance de l’épopée. La Poésie épique, en France, de 1572 à 1623, Genève, Droz, 2004.
5 S. Garnier, Les Huict Derniers Livres de la Henriade [IX-XVI], contenans les faicts merveilleux de Henry, roy de France et de Navarre […], Blois, Veuve B. Gomet, 1593, in-4°, VI f. -148 p. -V f. ; Les Huict Premiers Livres de la Henriade, contenans les faits admirables de Henry roy de France […], [ne comprend que les livres I-II], Blois, Gomet, 1594, in-4°, XII f. -39 p.
6 J. Godard, L’Oracle ou Chant de Protée où sont predictes les glorieuses victoires de Henry IIII. tres-Chrestien et tres-victorieux Roy de France et de Navarre […] Ensemble les Trophees dudict Seigneur […], Lyon, Th. Ancelin, 1594, XII f. -134 p.
7 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, où sont contenues les merveilles du tres-illustre, et tresinvincible Henri IIII. par la grace de Dieu Roy de France et de Navarre, Cambray, P. des Bordes, 1594, in-4°.
8 Sur A. de Pontaymeri, voir B. Méniel « Écrire noblement au XVIe siècle : les choix formels d’Alexandre de Pontaymeri », Le Statut littéraire de l’écrivain, Travaux de Littérature, XX (2007), p. 247-268.
9 Cl. Binet, Les Destinées de la France […], Paris, Jamet Mettayer et Pierre L’Huillier, 1594, in-4°, 54 p.
10 Ch. de Navières, L’heureuse entrée au ciel du feu Roy Henry le Grand, Paris, P. Mettayer, 1610, in-8°.
11 P. de Nancel, De la Souveraineté des Roys, poëme epique, divisé en trois livres, s. l., 1610.
12 J. Metezeau, Euloge de la vie heroïque de Henry le Grand IIII. du nom, Roy de France et de Navarre, tiré d’un plus long poëme, Paris, J. Le Clerc, 1611, plano ; Tombeau de Henry le Grand IIII. de ce nom, Roy de France et de Navarre, tiré d’un plus long poëme de sa vie heroïque, Paris, Rolin Thierry, 1611, in-8°, 15 p. Il s’agit de deux poèmes différents, mais portant sur le même sujet et avec de nombreux réemplois. Le premier est imprimé sous forme de placard.
13 J. Prevost, Apotheose du tres-chrestien roy de France et de Navarre Henry IIII, Poictiers, J. Thoreau, 1613.
14 P. Boton, Les trois visions de Childeric Quatriesme Roy de France, pronostics des guerres civiles de ce Royaume, et la Prophetie de Basine sa femme, sur les victoires et conquestes de Henry de Bourbon […] Plus le Triomphe de la liberté Royalle, sur la prinse des villes de Bourgoigne, Paris, Féderic Morel, 1595.
15 [Pierre-Victor Cayet, dit Palma-] Le Sieur de la Palme, L’Heptameron de la Navarride ou Histoire entiere du Royaume de Navarre depuis le commencement du monde, tirée de l’Espagnol de Dom-Charles Infant de Navarre. Continuée de l’Histoire de Pampelonne de N. l’Evesque, jusques au Roy Henry d’Albret, et depuis par l’Histoire de France jusques au Roy Tres-Chrestien Henry IIII. Roy de France, et de Navarre, VI, Paris, P. Portier, 1602.
16 Voir Babelon, « L’Image du Roi », p. 193.
17 Voir H. Lausberg, Handbuch der literarischen Rhetorik. Eine Grundlegung der Literaturwissenschaft, Max Hueber Verlag, Münich, 1960, § 245 et 1129.
18 Foy : fidélité à ses engagements. On se souvient que le consul M. Attilius Regulus, capturé par Hamilcar, fut envoyé à Rome pour y obtenir un échange entre lui-même et des prisonniers carthaginois. Il s’était engagé à retourner auprès de ses geôliers si le Sénat en décidait autrement, et il tint parole (Cicéron, De Officiis, III, 99-101).
19 S. Garnier, Les Huict Derniers Livres de la Henriade, IX, p. 20, v. 3-14.
20 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, p. 53, v. 16-21.
21 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, p. 55, v. 24-p. 56, v. 9.
22 J. Prevost, Apotheose du tres-chrestien roy de France, I, f. O iij v°, v. 6-11.
23 Voir Claudien, In Rufinum, v. 51-54. Nous remercions Jean-Louis Charlet pour cette référence.
24 P. de Nancel, De la Souveraineté des Roys, II, p. 42, v. 1-2.
25 J. Prevost, Apotheose du tres-chrestien roy de France, I, f. Qvij r°, v. 16-17.
26 Dans Le Couronnement de Louis, Charlemagne se retire, car, bien que sa volonté reste intacte, il a perdu sa force (voir Le Couronnement de Louis, III, v. 20-26).
27 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, p. 33.
28 J. Metezeau, Euloge de la vie heroïque de Henry le Grand IIII. du nom, col. 2, v. 39-50.
29 J. Metezeau, Tombeau de Henry le Grand IIII. de ce nom, p. 10, v. 27-p. 11, v. 6.
30 P. Cayet, L’Heptameron de la Navarride, p. 711, v. 5-10.
31 Cl. Binet, Les Destinées de la France, p. 4, v. 9-16.
32 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, Cambrai, p. 85, v. 15-p. 86, v. 24 ; Lyon, p. 74, v. 6-p. 75, v. 7.
33 N. Conti, Mythologiae, sive explicationis fabularum, libri decem, IV, 10, Paris, Hubert Hunot, 1605, p. 360 : Hic medius inter caeteros planetas tanquam dominus caeterorum collocatur, quorum motus incredibilem efficere harmoniae suauitatem crediderunt Pytagorici, quare musicae autor putatus est (N. Conti, Mythologie, trad. Jean de Montlyard, Lyon, Paul Frelon, s. d., p. 354).
34 Sur Hercule, voir Marc-René Jung, Hercule dans la Littérature française du XVIe siècle, De l’Hercule courtois à l’Hercule baroque, Genève, Droz, 1966 ; C. Vivanti, « Henri IV, the Gallic Hercules », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, vol. 30, 1967, p. 176-197 ; C. Vivanti, Guerre civile et paix religieuse dans la France d’Henri IV, Paris, Desjonquères, 2006, p. 79-88.
35 N. Conti, Mythologia, VII, 1, p. 677.
36 Cl. Binet, Les Destinées de la France, p. 46, v. 19-20.
37 P. Boton, Les trois visions de Childeric, p. 25, v. 23.
38 P. Boton, Les trois visions de Childeric, p. 26, v. 19-24.
39 N. Conti, Mythologie, trad. Jean de Montlyard, VII, 1, p. 725 (comparer avec Mythologia, p. 697).
40 N. Conti, Mythologia, VII, 1, p. 696-697 : Alii apo tès aretès a virtute scilicet hoc nomen deductum crediderunt, cum Hercules fortitudo sit, et prudentia, et ratio quae est nobis, et constantia : quae quoniam sine diuina bonitate, optimoque animi affectu nemini contingunt, idcirco Iouis filius Hercules dictus est, et Alcmenae siue constantiae. Omnis enim probitas et patientia indiget in rebus aduersis, aut in voluptatibus superandis et diuina bonitate tamquam duce, qua gubernetur, cum nulla vis humana satis sit per se potens (trad. Jean de Montlyard, p. 724).
41 N. Conti, Mythologia, VII, 1, p. 698: animorum motus (trad. Jean de Montlyard, p. 726).
42 V. Cartari, Le imagini de i dei de gli antichi (1556), éd. G. Auzzas, F. Martignago, M. Pastore Stocchi, P. Rigo, Vincenza, Neri Pozza, 1996, p. 309-310 : « Ma perché non sono più brutti né più spaventolevoli mostri né tiranni più crudeli fra’mortali de i vizi dell’animo, hanno voluto dire alcuni che la fortezza di ercole fu dell’animo, non del corpo, con la quale ei superò tutti quelli appetiti disordinati li quali ribelli alla ragione come ferocissimi mostri turbano l’uomo del continuo e lo travagliano » (Les Images des Dieux des Anciens […], trad. Antoine Du Verdier, Tournon, Claude Michel, 1603, p. 524).
43 J. Prevost, Apotheose du tres-chrestien roy de France, I, f. Pviij v°, v. 13-19.
44 S. Garnier, Les Huict Derniers Livres de la Henriade, IX, p. 16, v. 29-p. 17, v. 14.
45 Voir D. Crouzet, chap. « Du stoïcisme comme système de désangoissement : l’idéologie royaliste », Les Guerriers de Dieu, t. II, Seyssel, Champ Vallon, 1990, p. 554-574 ; D. Crouzet, « Les fondements idéologiques de la royauté d’Henri IV », Henri IV, le roi et la reconstruction du royaume, Pau, J & D Editions/Association Henri IV, 1990, p. 164-194.
46 Voir Cicéron, Pro Marcello, III, 8 et 12 ; Pro Ligario, XII, 37-38 ; Sénèque, De Clementia, 2e partie.
47 P. Cayet, L’Heptameron de la Navarride, VI, p. 741, v. 16-23.
48 Cl. Binet, Les Destinées de la France, p. 42, v. 1-2.
49 Cl. Binet, Les Destinées de la France, p. 48, v. 19-20.
50 Sur les jugements contrastés que suscite la clémence d’Henri IV, voir M. De Waele, « Image de force, perception de faiblesse : la clémence d’Henri IV », Renaissance and Reformation/Renaissance et Réforme XVII/4, automne 1993, p. 51-60.
51 Pierre Cayet, L’Heptameron de la Navarride, Paris, P. Portier, 1602, VI, p. 710, v. 28-p. 711, v. 4.
52 Guillaume de Salluste Du Bartas, Cantique de la victoire d’Yvry in Suites des Œuvres […] contenant Les Peres. La Loy. Les Trophees, La Magnificence. L’Histoire de Jonas […] Plus, un fragment ou commencement de Preface. La Lepanthe. Cantique de la victoire d’Yvry, avec les Prefaces, Sommaires, et Annotations de S. G. S. [Simon Goulart Senlisien], [Genève], Jacques Chouët, 1601, p. 205, v. 377-380.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Bruno Méniel, « La métamorphose d’un héros épique », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 29 | 2015, 373-389.
Référence électronique
Bruno Méniel, « La métamorphose d’un héros épique », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 29 | 2015, mis en ligne le 30 avril 2018, consulté le 11 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/13791 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crm.13791
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page