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L'Italia bizantina: una prospettiva economica

L’économie de la Calabre de la fin du VIe au VIIIe siècle

Ghislaine Noyé
p. 323-388

Résumés

L’histoire de la Calabre de la fin du VIe au VIIIe siècle reste à écrire. L’interprétation de certains textes comme le Liber Pontificalis doit être revue à la lumière des réalités locales et les récits hagiographiques, soumis à une analyse critique, permettent de renouveler la question. L’Empire défendit l’extrémité sud de la péninsule contre les Lombards jusqu’à ce que les ambitions territoriales du duché de Bénévent se reportent vers le nord dans les années 730. Ce furent d’abord les ressources minières de la Calabre qui intéressèrent Byzance, mais d’autres industries jouèrent un rôle tout aussi important, comme la production d’amphores et l’exportation du vin. Cette activité industrielle tirait profit des importantes ressources forestières. Le contrôle de ces richesses fut l’occasion d’un bras-de-fer entre les autorités byzantines et la Papauté jusqu’à ce que Léon III transfère la juridiction des évêchés au patriarcat de Constantinople. Bien que la crise démographique et économique culmine au début du VIIIe siècle, la période qui suit se caractérise par une stabilité politique propice à une exploitation rationnelle des richesses calabraises.

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Texte intégral

  • 1 V. Prigent, « Les évêchés byzantins de la Calabre septentrionale au VIIIe siècle », Mélanges de l’É (...)
  • 2 V. Prigent, « Les empereurs isauriens et la confiscation des patrimoines pontificaux d’Italie du Su (...)

1La Calabre byzantine de la fin du VIe au VIIIe siècle est souvent considérée par les chercheurs comme un simple chemin menant à sa riche voisine sicilienne, l’union administrative des deux provinces portant de plus à envisager les sources dans une optique strictement « insulaire ». Pourtant les récentes recherches en sigillographie1, numismatique2 et archéologie, qui commencent à corriger l’image de cette période longtemps jugée calamiteuse et impénétrable, jettent une nouvelle lumière sur la Calabre et sur les textes, rares et en outre jusqu’ici peu exploités, qui la concernent [Fig. 1]. On peut ainsi tenter de préciser l’emprise des dominations byzantine et lombarde dans le sud de la péninsule entre la fin du VIe et le VIIIe siècle, et expliquer les fluctuations de leurs frontières communes par l’intérêt non seulement stratégique, mais aussi économique que présentait alors la région : s’il est difficile de l’étudier sans se référer à la Sicile, la même démarche devrait être adoptée par les chercheurs opérant au-delà du détroit de Messine. Enfin certaines mentions écrites étant maintenant considérées comme des jalons dans l’évolution de la fiscalité impériale, il faut replacer ces interprétations dans la trame événementielle de l’Italie méridionale pour en mesurer le bienfondé à l’aune des réalités locales : les « byzantinistes » ont-ils assez pris en compte l’appartenance, encore au VIIe siècle, de la Calabre à la sphère occidentale, avant l’hellénisation complète du siècle suivant ?

  • 3 Dénomination antique de l’actuelle Calabre, qui ne sera remplacée qu’à partir du milieu du VIIe siè (...)
  • 4 Paul Diacre, III, 32.
  • 5 Ep. VII, 23.
  • 6 Le propriétaire de plusieurs esclaves et d’un domaine où s’élève une église appartenant à ce diocès (...)
  • 7 C’est du moins à lui que s’adresse Grégoire le grand (Ep. IX, 125) pour faire parvenir une lettre a (...)
  • 8 Le toponyme désigne ici le castrum fondé par les autorités byzantines avant la fin du VIe siècle et (...)
  • 9 Voir en dernier lieu G. Noyé, « Aristocrazia, ‘Barbari’, guerra e insediamenti fortificati in Itali (...)
  • 10 Sur la construction du phrourion par les Grecs : G. got. III, 23.
  • 11 Georgii Cypri descriptio orbis romani, éd. H. Gelzer, Leipzig, 1890, p. 28-29 et 90-91 ; E. Honigma (...)

2L’étude de l’économie et de la société doit s’encadrer dans l’histoire politique, plus qu’on ne l’a fait dans la bibliographie récente qui s’intéresse, à juste titre d’ailleurs, aux structures plus qu’aux évènements : je commencerai donc par évoquer cet aspect, tout austère qu’en soit l’énoncé et sans dissimuler le caractère hypothétique de certaines propositions. Le Bruttium3, à peine récupéré par Constantinople au terme de la guerre « gréco-gothique », est envahi dès la fin du VIe siècle par les Lombards, qui atteignent rapidement le détroit de Messine par la route côtière tyrrhénienne4 et suivent ensuite le littoral ionien vers le nord jusqu’à Crotone, prise vers 5965, tandis que d’autres groupes remontent la vallée du Crati en direction de Cosenza6, qui ne quittera plus l’orbite du duché, puis de la principauté de Bénévent. Au terme de cette campagne, l’Empire ne garde, sous la lointaine tutelle du magister militum de Naples7, que quelques îlots dont Reggio, capitale de la province, et un petit nombre de villes portuaires puissamment défendues sur la côte orientale, comme Scolacium8 et sans doute les phrouria de Thurii9 [Fig. 2] et de Tarente10 ; la partie authentique de l’œuvre du géographe Georges de Chypre, rédigée entre 591 et 603, ne place en effet que Reggio et Squillace dans l’obédience impériale11.

  • 12 Crotone n’est pas fortifiée au début de la guerre (G. got. III, 28 et 30), mais soutient ensuite un (...)
  • 13 G. Noyé, « La Calabre et la frontière (VIe -Xe siècle) », Castrum IV. Frontière, peuplement et habi (...)
  • 14 Cf. supra n. 8, p. 324 et n. 1, p. 325.
  • 15 G. got. III, 6 et 8.
  • 16 G. Noyé, « L’espressione architettonica del potere. Praetoria bizantini e palatia longobardi nell’I (...)
  • 17 Ibid.
  • 18 G. Noyé, « Le città calabresi dal IV al VII secolo », Le città italiane tra la tarda Antichità e l’ (...)
  • 19 Cf. supra n. 6, p. 324 ; il s’agit d’un site stratégique de hauteur aux puissantes défenses naturel (...)
  • 20 Ep. IX, 206 et 207.

3Plusieurs phénomènes contribuent à expliquer ce désastre, mais la géographie des conquêtes lombardes est d’abord liée à l’emplacement des fortifications réalisées en Italie méridionale par les autorités byzantines depuis le milieu du VIe siècle. Durant la guerre « gréco-gothique », l’insuffisance numérique des troupes face à la nécessité de tenir les territoires a fait évoluer la tactique militaire vers une guerre de sièges. Les villes portuaires garantissant l’arrivée des renforts, du ravitaillement et, d’une manière générale, les communications avec Constantinople12 ont été munies d’enceintes maçonnées qui fournissaient les points d’appui indispensables à l’installation d’unités de l’armée tout en assurant la sécurité des autochtones et donc leur fidélité à l’Empire13. Des murs furent ainsi édifiés à Tarente et Crotone durant le conflit14 ; ceux de Naples et de Bénévent, démantelés par Totila15, furent reconstruits16 ; les enceintes de Salerne17 et de Vibona18 furent sans doute mises en place ; quant aux castra de Squillace19 et de Gallipoli20, ils firent leur apparition avant la fin du VIe siècle.

  • 21 Certains castra furent édifiés sur des propriétés ecclésiastiques, comme Gallipoli dans la massa po (...)
  • 22 Celui d’Otrante est commandé par un tribun (Ep. IX, 206 et 207) et des magistri militum sont présen (...)
  • 23 Ep. III, 43 et Ep. IV, 5 (en 593) ; Ep. V, 55.
  • 24 Ep. V, 9 (en 594).
  • 25 Celui-ci réside, avec sa fille, dans la ville où il a affranchi deux esclaves en faveur desquels il (...)
  • 26 A. M. Ardovino, « Edifici ellenistici e romani ed assetto territoriale a nord-ovest delle mura di R (...)
  • 27 Ep. V, 9 ; Vibona, sans doute protégée, comme la précédente, par une enceinte surmontée d’une acrop (...)
  • 28 Ep. VII, 23.

4Les travaux, auxquels l’Église prend une part active21, se poursuivent après la fin du conflit suivant la même logique, c’est-à-dire essentiellement sur la côte orientale de l’Apulie/Calabre (actuel Salento) et du Bruttium ; la défense de ces castra est confiée aux habitants encadrés par une élite locale dont la militarisation est déjà bien amorcée et, pour les plus importants d’entre eux, à de véritables garnisons22. À Reggio, ville que ne semblent avoir abandonnée ni son évêque Bonifatius, ni son clergé régulier et séculier23, et où séjourne le notaire Petrus, recteur du patrimoine dans le Bruttium24, la mention d’un excubite pourrait être liée à la présence d’un détachement de l’armée centrale25. La ville a dû résister victorieusement, mais les installations métallurgiques qui fonctionnaient au nord sont détruites et doivent se replier à l’intérieur des murs26. Quant à Squillace, elle abrite encore les ministeria de l’évêché de Myria en 59427. Crotone en revanche, défendue par des stratiôtai dans les années 550, ne semble plus l’être, vers la fin du siècle, que par les habitants, menés par les nobiles, ce qui explique sans doute sa chute28.

  • 29 La chronologie des mentions de la fuite du clergé ou des possessores, et celle des demandes de ranç (...)
  • 30 Necropoli e insediamenti fortificati nella Calabria settentrionale. I, Le necropoli altomedievali, (...)
  • 31 Il ne quitte guère les zones plates : déjà suivi par Bélisaire à peine débarqué de Sicile (G. got. (...)
  • 32 Ep. II, 35 ; la vacance d’un siège n’est pas obligatoirement un signe d’invasion, mais tel est auss (...)
  • 33 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 580 et 590. Des an (...)

5À l’arrivée des Lombards, le Bruttium se compose de divers espaces socio-économiques et à chaque situation répondra, de leur part, un type d’appropriation spécifique. Installés depuis trois décennies à Bénévent, les envahisseurs possèdent une bonne connaissance des lieux : ainsi ils n’attaquent pas de front les zones fortifiées. Comme le montre la correspondance de Grégoire le Grand29, ils choisissent la route tyrrhénienne, moins défendue et à proximité de laquelle s’étaient déjà installés des groupes venus de Bénévent30 ; cet itinéraire commode31 était en outre jalonné de stationes prospères, à commencer par celle de Blanda, dont le siège épiscopal est d’ailleurs vacant en 59232. Les Lombards cherchent certes à amasser butin et rançons, mais ils se sont aussi fixé d’autres objectifs, à commencer par l’acquisition de nouvelles terres cultivables, qu’ils trouvent par exemple dans la vallée du Crati où ils s’installent de manière stable. Ils recherchent aussi des débouchés sur l’Adriatique et ses routes commerciales, qu’ils atteignent d’emblée victorieusement au nord par la Daunia, puis au sud en contournant l’Aspromonte, ainsi que les métaux précieux, l’or des mines d’Altomonte au nord-ouest et de Luzzi sur les marges occidentales de la Sila, et peut-être l’argent extrait à Longobucco, pour battre monnaie33.

  • 34 La massa de Tropea apparaît dans le Liber pontificalis vers le milieu du même siècle (L. P. I, XXXI (...)
  • 35 Var. VIII, 32 et 33.
  • 36 Noyé, « Aristocrazia », cité n. 7, p. 324, ici p. 7-11.
  • 37 Il dirige la défense de Rome en 595 (Ep. V, 36) et s’y trouve encore en 598 (Ep. IX, 78).
  • 38 Ep. IX, 61 (Campanie) ; Ep. IX, 62 et 126 (Bruttium).
  • 39 Les forêts du Poro, qui ravitaillaient auparavant Rome et sans doute l’arsenal de Vibona, étaient e (...)

6Les provinces méridionales, et particulièrement le Bruttium, incluaient dans l’Antiquité de vastes aires appartenant au fisc, dont certaines avaient été ensuite achetées ou usurpées par des personnes privées, tandis que d’autres étaient entrées par donation impériale dans le patrimoine pontifical, probablement dès la première moitié du IVe siècle34. Il s’agissait essentiellement des montagnes occupant toute la partie septentrionale de la province : l’Appenin constituait ainsi, au nord-ouest, un saltus divisé en massae gérées par des possessores et surtout des conductores et qui, à part quelques zones plus favorables comme le haut plateau du Vallo di Diano, restait dédié à l’économie forestière et à l’élevage. Ce saltus était occupé par des pasteurs à cheval, ainsi que par des colons et des esclaves fugitifs35 et, dans ces contrées échappant en bonne part au contrôle public, les habitants, même sédentaires, n’étaient guère prêts à combattre pour leurs domini, sauf en cas de péril commun36. On y trouvait aussi des emphytéotes de l’Église de Rome, comme Grégoire, ex-préfet du prétoire37 possessionné dans le Mezzogiorno38, qui y exploitait des forêts de haute futaie mieux conservées que dans d’autres aires montagneuses voisines comme l’arrière-pays de Vibona39.

  • 40 C’est ce que suggère la description des nécropoles (supra n. 2, p. 327).
  • 41 G. Noyé, « Economia e insediamenti nell’Italia meridionale tra VII e X secolo », L’héritage byzanti (...)
  • 42 Ils résistent pourtant sans doute, au moins pour certains, à Constant II et jouent un rôle dans les (...)

7On y observe une pénétration capillaire des Lombards qui s’installent progressivement sur un certain nombre de sites aux côtés des autochtones, peut-être dès les années 56040. Ce modèle d’intégration, pacifique semble-t-il, démontre la facilité avec laquelle les agroikoi accueillent alors les nouveaux venus et explique, comme pour d’autres zones du Bruttium, la survie des vici au-delà de la disparition des possessores et conductores. L’existence d’une situation potentiellement « révolutionnaire » dans la première moitié du VIe siècle s’en trouve confirmée : l’invasion pouvait apparaître comme une sorte de libération. Les Lombards s’en prennent en effet aux propriétaires de la terre qui, en outre, tentent probablement de leur résister, mais ils ont tout intérêt à épargner la main d’œuvre rurale. Enfin, il s’agit de sites de hauteur aux fortes défenses naturelles, échelonnés sur les axes de pénétration vers le sud, et dont la prise de contrôle relève de la stratégie. Dès le VIIe siècle, de nouveaux centres urbains viennent d’ailleurs renforcer cette amorce de réseau aux endroits névralgiques : les futurs gastaldats de Cassano et Laino, ainsi probablement que Bisignano, évêché connu au siècle suivant et enfin Malvito et Cirella, qui jalonnent l’une des voies isthmiques41. Même si ces établissements ne sont fortifiés qu’au VIIIe siècle42, le caractère défensif des sites, pour être « passif », n’en est pas moins réel et la « fondation » ou l’urbanisation de points d’appui fortifiés, chefs-lieux de l’administration publique et religieuse, si elle constitue l’une des manifestations les plus éclatantes de la présence impériale en Italie, est aussi pratiquée par le duché de Bénévent à la même époque.

  • 43 G. P. Givigliano, « La topografia della Calabria attuale in età greca e romana », AA. VV., Calabria (...)
  • 44 Noyé, « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 507, avec bibliographie.
  • 45 Noyé, « Economia e insediamenti nell’Italia meridionale », cité n. 1, p. 329.
  • 46 Bien que cette massa n’apparaisse qu’au début du VIIe siècle dans la documentation écrite (F. Russo (...)

8Le saltus couvrait également la Sila43, particulièrement au nord de Crotone44 ; le fisc avait probablement conservé des domaines sur le versant ionien du massif, où s’installèrent avant la fin du VIe siècle une série d’établissements de culture hellénisante et de caractère stratégique, insérés dans le réseau d’échanges de l’Adriatique, et qui restèrent occupés au siècle suivant45. La massa silana du patrimoine romain devait couvrir une bonne partie de ces montagnes46, dont certains secteurs durent entrer dans l’orbite de Bénévent.

  • 47 Pour le ravitaillement de Rome : Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, (...)
  • 48 Ep. I, 42 ; Ep. I, 70.
  • 49 Ep. IX, 89 : Romain, qui possède des propriétés dans toutes les provinces méridionales, veut être r (...)
  • 50 Ep. IX, 61 (litige avec l’évêque de Reggio) et Ep. IX, 126 ; sur sa carrière à Rome et ses démêlés (...)
  • 51 M. Buonocore, Regio III. Regium Iulium. Locri. Taurianum. Trapeia. Vibo Valentia. Copia Thurii. Bla (...)
  • 52 Qui se lit par exemple dans les nécropoles de Tropea et sur les sites d’habitat du promontoire : G. (...)
  • 53 Ep. I, 42 ; Ep. VI, 4 pour la Sicile.
  • 54 Le monastère sancti Archangeli in Tropeis est très appauvri (Ep. II, 1 en 591).
  • 55 Cf. supra n. 7, p. 326.
  • 56 Les lamentations de Grégoire-le-Grand à propos des sommes déboursées abondent dans son épistolaire  (...)
  • 57 Ep. V, 36 (à propos du siège de Rome) ; Ep. VI, 33.

9Deux autres massae pontificales couvraient le fertile massif du Poro et les collines de Nicotera, ainsi que la plaine adjacente, zones qui étaient désormais dédiées à la production de blé et de vin47. Pour favoriser les travaux de bonification, l’Église de Rome s’efforçait de ne pas concéder de terre à de grands conductores absentéistes, privilégiant les contrats d’emphytéose qui ne pouvaient excéder trente ans48. Il y avait des exceptions comme l’ex-préfet Romain49 ou l’ex-préfet Grégoire, déjà cité, mais ce dernier, après avoir pris sa retraite et réglé ses comptes avec l’administration impériale, séjournait parfois sur ses terres du Bruttium50 ; quant à la conduct [rix]… Hireni…, son train de vie ne semble pas s’être notablement différencié de celui des autres occupants de la m [assae] Trapeianae51. Cette habitude pontificale, apparemment déjà bien ancrée, et une sollicitude certaine envers les coloni de la familia ecclésiastique semblent avoir produit une société plus égalitaire que dans le reste des provinces méridionales52, ce qui expliquerait le caractère exceptionnel des riches résidences sur le territoire ; les terres étaient souvent gérées directement par des subordonnés, sous la houlette des recteurs53. La région, si elle n’est pas totalement épargnée par les Lombards54, n’est donc pas occupée, d’autant que le castrum de Vibona en barre l’accès55 ; on n’observe aucun fléchissement dans l’arrivée des amphores calabraises à Rome. Les Lombards entretenaient en effet, par le biais des rançons de captifs56, des rapports réguliers avec le pape qui faisait figure de pourvoyeur de fonds et s’efforçait par ailleurs toujours de temporiser et faciliter la conclusion de trêves, au risque d’être accusé de traîtrise57.

  • 58 Les édifices religieux étaient jusque là modestes, peu visibles et souvent réaménagés dans des bâti (...)
  • 59 À Vibona et Scolacium ; G. Noyé, « Social Relations in Southern Italy », The Ostrogoths from the Mi (...)
  • 60 Ep. III, 41 ; Ep. IV, 6, 11 et 15 ; Ep. V, 9 ; Ep. VII, 35 ; Noyé, « Les villes des provinces », ci (...)
  • 61 Buonocore, Regio III, cité n. 4, p. 330, n o 7 et 8 ; Ep. VII, 35 (Myria).
  • 62 Ep. VII, 35 : […] ut de argento Meriensis ecclesiae cuius miles esse dinoscitur.

10Mais il ne faut pas confondre patrimoine pontifical et Églises locales : les sièges épiscopaux s’étaient notablement enrichis depuis le Ve siècle58, au point de susciter dans les années 490, de la part de gentes appauvries par les raids « barbares », une convoitise qui se traduisait par des tentatives d’usurpation59. Les Églises, épiscopales ou non, possédaient des terres et des esclaves ainsi que des richesses mobilières, vases sacrés et métal précieux ou espèces, destinés à assurer la célébration du culte et à alimenter les œuvres de charité (pour cette raison, ces biens étaient inaliénables)60. En raison de la rareté des centres urbains, d’ailleurs réduits pour certains à l’importance de grands villages, près de la moitié des évêques siégeaient, comme celui de Tauriana61, dans des stationes/praetoria, nés auprès de grandes résidences aristocratiques, aux occupants desquelles ils étaient liés, ne serait-ce que par leur attachement commun à Constantinople, garante de la propriété des terres. Ces sites possédaient parfois un caractère défensif, fortification sur le modèle de Quote San Francesco, au voisinage de la Locres antique, ou petite garnison62.

  • 63 Scolacium et Reggio (supra n. 1, p. 327).
  • 64 Ep. II, 15 ; Ep. II, 16.
  • 65 Ep. IX, 30.
  • 66 Vita S. Phantini, fol. 197 v, lignes 196-205.
  • 67 Ep. VII, 35.
  • 68 Le modèle est assez proche de ceux de Myria et Tauriana pour inciter à situer cet établissement dan (...)
  • 69 Occasione dispersi barbarica (Ep. I, 39).
  • 70 Ceux de Myria entre Squillace et Messine (Ep. V, 9 ; Ep. VII, 35).
  • 71 Ep. VII, 23.

11Le clergé séculier et régulier de ces établissements ruraux, tous situés sur les routes suivies par les Lombards, avait donc fui à leur approche soit vers les castra voisins63, soit vers la Sicile pour les occupants de Tauriana et, en partie, ceux de Myria, ainsi que l’évêque Dulcinus de Locres. Sans doute à cause de leur caractère aristocratique, ces sites furent durement touchés : si le sauve qui peut général avait été préventif, le temps qui s’écoula avant le retour de certains prélats dans leurs sièges indique que ceux-ci avaient été bel et bien occupés. C’est le cas pour Tauriana, dont l’évêque, installé par le pape Grégoire à Lipari64, n’était rentré chez lui qu’en 59965, limitant jusque là sa cure pastorale à des visites régulières de son diocèse d’origine, où les sources écrites mentionnent d’autre part d’importantes destructions66. Parfois les dégâts sont tels que la vie ne peut y reprendre : ainsi le pape tente sans succès de faire élire un évêque à Myria, qui maxime desolata est pour qu’il récupère les ministeria de son église : trois ans après le miles Faustinus doit se rendre en Sicile pour récupérer le restant de la somme nécessaire au rachat de ses filles67. La prise d’un habitat par l’ennemi en provoque rarement l’abandon définitif, mais il s’agit ici d’établissements déjà éprouvés par le début d’une crise économique et démographique : ainsi Carina est unie à Reggio68. L’urgence se lit d’autre part dans l’errance du clergé de Tauriana à travers la Sicile69, dans la dispersion de certains ministeria70 que des laïcs tentent même de s’approprier71.

  • 72 En Campanie, les domini ruinés ne pouvaient racheter leurs propres esclaves (Ep. VI, 32).
  • 73 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 586-587.

12Au sud et à l’est, les Lombards se heurtèrent aux villes fortifiées : lorsqu’elles résistèrent victorieusement, ils poursuivirent leur chemin après avoir dévasté le plat pays. Lorsque, à l’instar de Crotone, elles se rendirent, elles fournirent butin et captifs à rançonner ; les nobiles qui s’y étaient retranchés furent cependant incapables de s’acquitter du prix exigé, ce qui suggère une diminution sévère de leurs ressources72. Quand on pense à la résistance acharnée qu’ils avaient opposée aux Vandales et aux Ostrogoths, il est clair qu’il s’agit d’un groupe social affaibli, ce que confirme le nombre de villae déclassées ou abandonnées. Or une grande partie de l’économie était aux mains de l’aristocratie foncière ; ainsi les réseaux de commercialisation du vin se trouvèrent désorganisés73. Il subsistait certes des notables urbains, mais la hiérarchie était très atténuée, et dans les campagnes restées byzantines, les paysans ou ex-colons dont les petites fermes avaient été englobées dans les massae récupérèrent leur indépendance juridique.

  • 74 Le fait se déduit des mesures fiscales byzantines du VIIe siècle.
  • 75 Les armées furent mobilisées contre les Perses, les Slaves, qui infiltraient les Balkans depuis la (...)
  • 76 P. Lemerle, « Invasions et migrations dans les Balkans depuis la fin de l’époque romaine jusqu’au V (...)
  • 77 Si le but était d’organiser au mieux la défense, la réunion entre les mains d’un seul personnage de (...)
  • 78 En 616, 619 et 642 : Haldon, Byzantium in the Seventh Century, cité n. 2, p. 333, ici p. 62-63 ; Pr (...)
  • 79 F. Burgarella, « Bisanzio in Sicilia e nell’Italia meridionale : riflessi politici », Storia d’Ital (...)

13On considère généralement que les Lombards se sont retirés assez rapidement du Bruttium, mais rien ne vient étayer cette hypothèse, et ils conquirent finalement bel et bien une grande partie de la province comme de l’Apulia. Seuls quelques îlots entourant les places-fortes (Reggio, Squillace), ainsi que les massae de Tropea et Nicotera restèrent sous la domination de Constantinople74. L’empire était réduit à l’immobilité par la gravité de la situation politique et militaire sur son front oriental75 ; les Musulmans en particulier amorcèrent tôt leur progression vers l’ouest. Dans la péninsule même la crise financière, qui ralentissait le paiement des soldes, la régionalisation progressive du recrutement et les querelles religieuses76 furent à l’origine de révoltes internes que favorisa la création, sous Maurice, des deux exarchats d’Afrique et d’Italie77. On compte trois rébellions dans la péninsule pour la seule première moitié du VIIe siècle78, dont celle de l’exarque Olympius mobilisé en Sicile dans les années 65079.

  • 80 Ep. VI 23 ; Ep. VI 32.
  • 81 Ep. IX, 126, adressée à Aréchis : […] ut actionarii vestri qui in loco sunt deputetis, et plus loin (...)
  • 82 I. P. X, passim ; Noyé, « La Calabre et la frontière », cité n. 2, p. 325, ici p. 295.
  • 83 Pour les conciles du VIIe siècle, I. P. X ; L. Duchesne, « Les évêchés de Calabre », Mélanges Paul (...)

14Dans une partie du Bruttium une situation de guérilla dut se maintenir un certain temps comme en Campanie80, créant une grande insécurité sur les routes et généralement dans les campagnes. Mais Bénévent semble avoir rapidement implanté une administration dans les aires occupées de manière stable81. Les relations du duc avec le pape se normalisèrent tout aussi vite : si l’on en croit l’épisode des troncs d’arbre destinés à ses basiliques, l’Église romaine continua à exploiter ses domaines en terre lombarde et les évêques circulaient librement d’un siège épiscopal à l’autre82 ; ceux des régions sans doute occupées quelques décennies comme Tauriana, Locres et Crotone se rendirent d’ailleurs au concile de Rome en 64983.

  • 84 À propos de la captivité du pontife : Regesta pontificum romanorum ab condita ecclesia ad annum MCX (...)
  • 85 G. Minasi, Le chiese di Calabria dal quinto al duodecimo secolo, Naples, 1896, p. 111 ; F. Russo, « (...)

15Cette situation de fait fut entérinée par l’apparition d’une double appellation : celle de Bruttium ou Brettia, qui désignait jusque là l’ensemble de la province, fut réservée au territoire relevant au nord des Lombards, alors que la partie méridionale de la province fut dénommée Calabria à partir des années 650, où cette appellation apparaît avec son nouveau sens dans la vie du pape Martin84. Je pense qu’il faut remettre à l’honneur la vieille théorie de G. Minasi, tombée dans l’oubli avant d’être reprise par V. Russo85, car les souscriptions des évêques de la province aux conciles romains reflètent précisément cette bipartition, de nature surtout politique à l’origine, même si elle correspond aussi en gros à une division nord/sud.

  • 86 M. Van Esbroeck, U. Zanetti, « Le dossier hagiographique de S. Pancrace de Taormine », Studi della (...)
  • 87 Vie de Pancrace ; j’utilise ici l’édition de 1976 d’A. N. Veselovsky, et non l’édition critique de (...)

16D’esprit nettement iconodoule et philoromain, la vie de saint Pancrace de Taormine a probablement été composée en Sicile dans une période comprise entre le VIIIe et le début du IXe siècle, mais l’auteur utilise une trame événementielle antérieure86. Il ne faut évidemment pas chercher les éléments d’une chronologie absolue dans ce document qui se réfère explicitement à l’époque évangélique en ce qui concerne les œuvres de Pancrace, et à celle d’Alexandre le Grand pour la vie du héros mythique Tauros, dont le récit est inséré dans la narration principale. Mais le texte, s’il abonde en anachronismes et fantaisies hagiographiques, est tout aussi riche en informations dignes de foi87, comme l’existence d’au moins deux invasions lombardes du Bruttium décalées dans le temps, dont la première correspond certainement à l’épisode de la fin du VIe siècle, tandis que l’autre, présentée comme plus récente mais forcément antérieure à la fin du VIIIe siècle, désigne probablement les campagnes de Romuald de Bénévent dans les années 680.

  • 88 A. Acconcia Longo, « La vita e i Miracoli di S. Fantino di Tauriana e l’identificazione dell’impera (...)
  • 89 S. Settis, « Tauriana (Bruttium) : note storico-archeologiche », Atti dell’Accademia nazionale dei (...)
  • 90 Vita S. Phantini, fol. 197 v, lignes 172-193.
  • 91 Vie de Pancrace, p. 211.
  • 92 Cf. supra n. 4, p. 335 : seul le fleuve a donc conservé le nom de la ville grecque disparue, qui s’ (...)
  • 93 Vita S. Phantini, fol. 197 v, ligne 194 sq.
  • 94 Vie de Pancrace, p. 107.

17Toutes les données topographiques qui émaillent la « vie de Tauros », comme celles qui se rapportent à l’habitat, sont exactes et reflètent bien l’état de l’occupation du sol calabrais durant le haut Moyen Âge. Certains traits d’une grande précision, qui se retrouvent en outre dans la Vita S. Phantini, rédigée avant la fin du VIIIe siècle et donc presque contemporaine, par l’évêque Pierre de Syracuse88, sont inspirés de traditions littéraires antiques89. Saint Phantin était un esclave qui gardait les troupeaux de chevaux de son maître sur les hauteurs et dans les prairies des Salines, arrosées par le Metauros (actuel Petrace) [Fig. 3], appellation qui peut s’expliquer de différentes manières, énumérées par l’hagiographe. Elle pourrait d’abord avoir une origine naturelle : le cours impétueux du fleuve, qui descend de montagnes abruptes, ou le grand nombre de ses affluents (καὶ ἑτέρων ῥείθρων τῶν εἰσρεόντων εἰς αὐτον, et τὰ γὰρ πάντα τῶν εἰσρεόντων ἐν αὐτῷ ὕδατα δεχόμενος ποταμῶν)90, phénomène qui trouve un écho direct dans la dénomination Ἑπταδελφοῦ, employée par la Vie de Pancrace pour désigner le Metauros91, et se réfère également à une tradition des « 7 fleuves » connue dès l’Antiquité dans la vallée des Salines92. Une autre étymologie possible commémorerait la fondation, par le héros Tauros, de la ville de Tauriana, dont les vestiges antiques s’étendaient encore à l’époque de Phantin sur les deux rives du fleuve93 ; elle est encore plus intéressante puisqu’elle se retrouve, avec plus de détails, dans la Vie de Pancrace, où l’établissement est désigné sous le nom de Taurianas tas mikras94.

  • 95 Et ce sans préjuger de la forme urbaine ou non de l’oppidum des Tauriani qui aurait déjà acquis tou (...)
  • 96 Noyé, « Quelques observations », cité n. 5, p. 330, ici p. 92-95 ; Ead., « Economia e società nella (...)
  • 97 Noyé, « Les recherches archéologiques de l’École française de Rome », cité n. 6, p. 324, ici p. 108 (...)
  • 98 Pour la Sicile p. 323 : Prigent, « Le ‘mythe du mancus’ », cité n. 2, p. 323.

18Ce dernier épisode présente une vraisemblance historique même s’il s’agit sans doute, comme ce fut souvent le cas au Moyen Âge, de la simple « refondation » d’un habitat plus ancien, alors promu au statut de ville : la statio de Tauriana, qui s’était développée autour d’une riche villa impériale95, était devenue au IVe siècle le siège d’un évêché, mais elle avait subi, on l’a vu, de graves dommages lors de l’invasion de la fin du VIe siècle96. Un autre phénomène, bien réel, de la vie de Tauros est l’importance que revêtent alors, en Sicile comme en Calabre, l’extraction et le travail des métaux ; ces activités se retrouvent dans d’autres sources écrites qui, en raison sans doute de leur dispersion dans le temps et de leur typologie variée, n’avaient pas retenu jusqu’ici l’attention, mais auxquelles l’archéologie a restitué toute leur valeur97. Des gisements d’or et d’argent existent bien dans la chaîne des Serre au nord de Reggio et, au nord-est de la Sicile, dans l’arrière-pays de Taormine, deux régions de même configuration géologique98. La liste des informations fournies par la Vie de Pancrace et dont la véracité ne peut être mise en doute serait longue ; bornons-nous ici à indiquer l’insistance avec laquelle sont soulignés les multiples rapports qui unissent alors la Calabre et la Sicile.

  • 99 Noyé, « La Calabre et la frontière », cité n. 2, p. 325, ici p. 297-298.
  • 100 Le « lieu glacé » doit correspondre aux hautes montagnes de l’Aspromonte.
  • 101 Les variantes des différents manuscrits, pour la partie qui nous intéresse, se trouvent dans F. Ang (...)
  • 102 Il ne s’agit sans doute pas de Paleocastro (contra Angiò, « Tauro, Taureana e le Saline », cité sup (...)
  • 103 Que je n’ai pu identifier.
  • 104 Je pense qu’il faut choisir la variante τοῦ ῥοικοῦ, qui s’applique bien au tracé du Petrace pour l’ (...)
  • 105 Le toponyme désigne un bois de chêne : G. Rohlfs, Dizionario toponomastico e onomastico della Calab (...)
  • 106 Vie de Pancrace, p. 95-96.

19C’est pourquoi j’ai tenté d’utiliser ce texte comme source pour l’histoire événementielle et économique de la Calabre, et d’abord pour dresser la carte des appartenances lombardes en Italie du sud entre la fin du VIe et la fin du VIIIe siècle99. Deux souverains se partageraient alors la province : le domaine de Rémindos, centré sur l’ἐπαρχία Σαλινῶν, partait de l’Adriatique [Fig. 3] – ἀπò πελάγους τῆς παραλίας Καλαβρίας [Ἀδρίας], traversait l’Aspromonte au voisinage de Reggio100, englobait le promontoire du Pellaro – καὶ ὡς κατέρχεσθαι διὰ Ῥιγίου τόπου κρυώδους οὕτω101, καὶ Πελούρου ἀνανεῦον, pour rejoindre Oppido – καὶ κάστρου τοῦ Παλαιοῦ102, puis Trafica103, avant de suivre les eaux sinueuses du fleuve aux sept ramifications104 depuis les hauteurs de Karou105 jusqu’à la côte des Salines – καὶ Τραφικῆς καὶ Τουρικοῦ ὕδατος Ἑπταδελφοῦ δὲ Κάρου τὰς ὑψηλὰς, καὶ ἕως τῆς παραλίας τῶν Σαλινῶν106.

  • 107 Le terme grec signifie « chaîne de montagnes aux pics dentelés » ; le toponyme Prionia se retrouve (...)
  • 108 Angiò, « Tauro, Taureana e le Saline », cité n. 5, p. 337, ici p. 64.
  • 109 G. Noyé, C. Raimondo, A. Ruga, « Les enceintes et l’église du Monte Tiriolo en Calabre », Mélanges (...)
  • 110 J’avais d’abord attribué l’indécision des copistes à l’abandon définitif de l’établissement, que le (...)

20Quant à Aquilinos [Fig. 4], il dominait une vaste région très peuplée, aux villes puissamment fortifiées, depuis la même côte des Salines (les deux ensembles possédaient donc une frontière commune) en passant par les Serre107 et la Sila, jusqu’à Tarente et Tiriolo ou Thurii ; puis la limite en redescendait vers le sud en longeant le Coscile – ἀπò τῆς αὑτῆς παραλίας ἕως Πριωνικῶν ὁρέων καὶ Σιλανικῶν καὶ ἕως πόλεως Ταραντοῦ (ou Τυροπόλεως) καὶ ὡς κατέρχεται μέχρι Κογχύλου ποταμοῦ. Il est difficile de choisir, tant elles sont nombreuses, entre les différentes leçons du toponyme désignant la ville qui précède108, dans la description, le fleuve Coscile actuel affluent du Crati : Tiriolo, au centre de l’isthme de Catanzaro, me semble exclue, même si une fouille a permis de dater la fortification byzantine au VIIe siècle109, car l’énumération de l’hagiographie suit un parcours géographique logique. Tarente n’est par ailleurs occupée par les Lombards qu’à la fin du même siècle lors de l’offensive menée par Romuald I ; peut-être s’agit-il donc en fait de Thurii, cité épiscopale qui s’était transférée au VIe siècle sur une hauteur des contreforts de la Sila, au sud de son site d’origine (la ville gréco-romaine de Sibari/Copia, à l’embouchure du Crati)110.

  • 111 Vie de Pancrace, p. 97.
  • 112 Noyé, « La Calabre et la frontière (VIe-Xe siècle) », cité n. 2, p. 325, ici p. 298.
  • 113 Cf supra n. 4, p. 337.
  • 114 Vie de Pancrace, respectivement p. 102 et p. 94.
  • 115 Noyé, « La Calabre et la frontière (VIe-Xe siècle) », cité n. 2, p. 325.
  • 116 Qui est allé dans l’Aspromonte : Vie de Pancrace, p. 122-123.

21La situation politique ainsi dépeinte ne peut guère être celle que pouvait observer l’auteur de l’hagiographie à la fin du VIIIe ou au début du IXe siècle, car la Calabre avait alors été reprise en mains par Byzance. Le récit situe d’ailleurs l’histoire de Tauros à une époque reculée, ce qui confirme bien l’utilisation d’une source de la seconde moitié du VIIe /début du VIIIe siècle. Les deux basileis de la Calabre sont nettement différenciés : Rémindos (ou Rémaldos, que le premier éditeur traduit par Romuald111) appartient à une « race blonde », ce qui indique une origine germanique ou nordique ; il pourrait donc être l’un des deux Romuald de Bénévent, Romuald I (671-687) ou II (706-731/732)112. Cependant son domaine, qui semble contourner ou englober113 Reggio capitale de la province byzantine, est une éparchie, tandis que lui-même est qualifié de toparque114 ; son épouse Menna est par ailleurs macédonienne et, même s’il paie un tribut à Aquilinos, ce dernier cherche à l’anéantir militairement et finit par le tuer. Mon hypothèse est donc qu’un Remindos non identifié administrait son territoire sous le contrôle de Byzance, tout en jouissant d’une large autonomie115, un système qui, mutatis mutandis, évoquerait les rapports des rois ostrogoths avec l’empire grec. Aquilinos en revanche a été rapproché d’Agilmund, premier roi lombard, l’Agulant des chansons de geste franques116, et son royaume semble correspondre aux aires occupées en Calabre par le duché de Bénévent au terme de sa première phase d’expansion ; la description laisse en outre supposer que ce territoire contournait les limites des massae pontificales.

  • 117 Le premier après l’agression perpétrée par Aquilinos contre Rémindos, qui avait recueilli et élevé (...)
  • 118 L. P. I, p. 343, repris par Paul Diacre, V, 11, p. 149-150 : […] omnia quae fuerant antiquitus inst (...)
  • 119 L. P. I, p. 346 et Paul Diacre, ibid. ; Noyé, « Les villes des provinces », cité n. 2, p. 331, ici (...)
  • 120 Paul Diacre, V, 13 ; Gesta episcoporum Neapolitanorum, éd. G. Waitz, dans Monumenta Germaniae Histo (...)
  • 121 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 288 ; la production dom (...)
  • 122 Cette interprétation de la vie de Tauros a suscité une vive opposition de la part de Vera von Falke (...)

22De nombreuses similitudes existent entre Tauros et Constant II, qui fondèrent en partie leur puissance sur les métaux : tous deux, originaires de l’Orient, furent vainqueurs des Lombards dans le sud-ouest de la Calabre117 et s’installèrent en Sicile, base arrière d’expéditions sur le continent. Après la mort de Rémindos, Tauros épousa Menna, magicienne experte dans l’art de fondre les métaux qui, dès son arrivée dans l’île, s’enquit des gisements métallifères auprès de son devin. De son côté Constant II avait fait main basse sur le métal des statues de Rome, dépouillant même l’ex-Panthéon de sa toiture118 et n’eut de cesse de récupérer les ministeria et trésors des Églises méridionales, suscitant ainsi les lamentations du pape119 ; mal en prit d’ailleurs peut-être aux Byzantins car, à peine connue la mort du souverain, les Arabes d’Alexandrie vinrent piller Syracuse, emportant avec eux ce précieux butin120 ; ce fut par ailleurs sous le règne de Constant II que l’atelier monétaire sicilien, transféré de Catane, siège du préteur selon la règle, à Syracuse augmenta considérablement la frappe de l’or121. On peut donc supposer que les péripéties de l’épisode italien qui clôt le règne de l’empereur ont été utilisées pour étoffer et actualiser la légende d’un héros mythique qui était célébré en Calabre depuis l’Antiquité mais connu aussi en Sicile, où furent composées les deux hagiographies de Pancrace et de Phantin l’Ancien ; peut-être les moines transfuges qui, vers la fin du VIe siècle, sauvèrent les ministeria de Tauriana emportèrent-ils aussi des ouvrages ou y transcrivirent-ils des traditions littéraires122.

  • 123 L. P. LXXVIII, vie de Vitalien (657-672), p. 343 : […] reversus Neapolim, inde terreno (Tyrreno) it (...)
  • 124 Sans doute postérieure à 650 puisqu’elle emploie le terme de « Calabre », elle est proche d’un cata (...)
  • 125 Honigmann, Le Synecdémos d’Hieroclès, cité n. 9, p. 324, ici p. 53, n o 600. La leçon Kαλαβρίας τῆς (...)

23La vie de Tauros présenterait donc la situation – désastreuse pour Byzance – de la Calabre dans la première moitié du VIIe siècle, c’est-à-dire, dans la logique de mon hypothèse, avant l’intervention de Constant II [Fig. 2]. Du côté lombard, l’accent est mis en revanche sur le nombre d’établissements présentés comme urbains, fortifiés et peuplés, une image qui se rapproche de celle que nous avons décrite plus haut. Après son séjour romain, l’empereur se rendit de Naples en Sicile par voie de terre et, chemin faisant, envoya une troupe soumettre la vallée du Crati123. La source utilisée par Landolf Sagax, historien bénéventain du Xe siècle, pour décrire le repeuplement de Naples par Bélisaire, qui compte parmi les civitates Calabriae, Regium, Malvitum, Consentiam, doit en effet dater peu ou prou de cette époque124. Puis Constant II dut reconquérir le sud-est de la Calabre soit en poursuivant sur la même lancée, soit plus tard, au cours d’expéditions dirigées depuis la Sicile, terme de son voyage. L’interpolation de Georges de Chypre, composée entre 650 et 680, semble rendre compte de ces succès puisqu’elle place dans l’obédience byzantine les villes de Tauriana, Vibona, Locres et même Crotone125 [Fig. 5].

  • 126 La fidélité des habitants du golfe de Tarente est obtenue, durant la guerre gréco-gothique, grâce a (...)
  • 127 Cf. supra, n. 4 et 5, p. 336.
  • 128 Pour la fouille : C. M. Lebole Di Gangi, « Saggio nell’abitato altomedievale di Paleapoli », Mélang (...)
  • 129 Vie de Pancrace, p. 103 (il s’agit de la fondation de Taormina) ; pour Squillace : Noyé, « Economia (...)
  • 130 Voir les réflexions de F. Marazzi à propos de Rome (F. Marazzi, « Roma, il Lazio, il Mediterraneo : (...)

24Constant II s’efforça en outre de consolider les positions reconquises, par une série d’initiatives qui relevaient aussi d’une programmation publique de la défense civile ; les rapports des populations locales avec l’Empire semblent en effet avoir été régis par une sorte de contrat implicite, les premières se soumettant au paiement de l’impôt contre une protection efficace126. Le souverain fonda Hagia-Agathè et « refonda », une fois reprise aux Lombards, Tauriana127 et peut-être Locres/Paleapoli128. Cette campagne de fortification s’inscrivait encore dans la politique justinienne de restauration des villes ; la vie de Tauros nous a aussi transmis, à propos de la Sicile, les modalités de cette opération de caractère éminemment public, déjà réalisée un siècle auparavant à Scolacium qui en est l’illustration parfaite129. On note le soin avec lequel sont choisis les sites, assez vastes et, comme le révèle l’étude topographique, toujours protégés par le relief. La première étape est la construction du praitôrion, lieu de pouvoir omniprésent dans l’ensemble de l’hagiographie : c’est une sorte d’arsenal pourvu de grandes citernes où est conservé le trésor ; le ravitaillement en eau est aussi assuré par un aqueduc. L’aire est alors entourée d’un mur et on y stocke le grain fourni par les campagnes environnantes, précision qui montre la place désormais tenue, au VIIIe siècle, par l’impôt foncier en nature ; enfin, on y aménage des bains et de luxueuses demeures pour les mégistasin, que Constant II espérait certainement attirer en Italie130.

  • 131 Gesta episcoporum Neapolitanorum, cité n. 3, p. 340, ici I, 31, p. 419 : gens Sarracenorum […] Sici (...)
  • 132 Noyé, Raimondo, Ruga, « Les enceintes », cité n. 5, p. 338.
  • 133 G. Noyé, « Byzance et l’Italie méridionale », Byzantium in the Ninth Century : Dead or Alive ?, éd. (...)

25Mais l’implantation, sur des sites de hauteur, d’un réseau de « grandes enceintes-refuges » qui semblent caractéristiques de cette période, en Sicile131 et en Calabre, à Tiriolo, Amantea et peut-être aussi à l’emplacement de l’antique Temesa (Pian della Tirrena)132, laisse supposer que l’importance acquise par les villages fut aussi prise en compte au VIIe siècle par les autorités. Offrant un refuge aux populations rurales des habitats ouverts qui les entouraient, elles servaient aussi de point d’appui à des garnisons. La fortification de Tiriolo est formée de trois grandes aires entourées de murs, qui sont juxtaposées au sommet de la montagne et protégées par des à-pics rocheux ; ce site exceptionnel, qui contrôle ensemble les côtes tyrrhénienne et ionienne, constituait le pivot d’une chaîne de kastra barrant l’isthme de Catanzaro. Placée à l’extrémité de l’éperon qui en constitue aussi le point le plus élevé, la citadelle était alimentée en eau par une grande citerne et comptait au moins deux grandes salles appuyées à l’enceinte et aménagées pour le séjour d’un groupe humain consistant, qu’on suppose militaire, avec des fosses de stockage ; la deuxième enceinte, la plus vaste, finit par abriter, vers le XIe siècle, un habitat permanent de l’importance d’une ville, desservi par une grande église de plan basilical. C’était sans doute aussi un lieu d’échanges, sorte d’emporium au contact d’une économie montagnarde et de la plaine agricole de l’isthme. Les autres enceintes actuellement connues sont entourées de chôria qui apparaissent dans les sources des IXe -Xe siècles, ainsi par exemple du kastellion de Hagia-Christinè dans la riche région des Salines133.

  • 134 Haldon, Byzantium in the Seventh Century, cité n. 2, p. 333, ici p. 60-61.
  • 135 Codex Carolinus, éd. W. Gundlach, dans Monumenta Germaniae Historica, Epistulae, 3, Berlin, 1892, p (...)
  • 136 C. Raimondo, « Aspetti di economia e società nella Calabria bizantina : le produzioni ceramiche del (...)
  • 137 Noyé, « Economia e insediamenti nell’Italia meridionale », cité n. 1, p. 329.

26La mort de Constant II donna le signal d’une tentative d’usurpation134 et d’une nouvelle vague d’invasion lombarde en Calabre, dont les péripéties sont mal connues, sans doute parce que certaines régions comme la vallée du Crati durent se soulever, à l’imitation de la Sicile, et repasser aux Lombards sans coup férir. Le silence des sources n’implique pas une situation militaire stable : ainsi même Otrante fut provisoirement perdue peu après par Byzance, au début du VIIIe siècle, sans que les textes ne s’en fassent l’écho, alors qu’il s’agissait de l’une des principales places-fortes grecques en Italie méridionale135. Crotone était peut-être restée aux mains de Bénévent tandis que sur l’acropole du castrum de Squillace a été mis en évidence un épisode guerrier de la même époque, accompagné d’une destruction partielle des fortifications, et suivi d’une phase de régression démographique et économique bien lisible dans le bâti et le mobilier archéologiques136. Ces fluctuations continues de la frontière, qui se traduisent par le passage répété et parfois spontané de certaines villes ou même de certaines régions d’une domination à l’autre, ne sauraient surprendre si on envisage le sort des marges orientales de l’empire (en Thrace, Cappadoce ou Arménie), dans une situation politique semblable à celle de l’Italie : la prise d’une ville n’est jamais définitive si celle-ci n’abrite pas de garnison ou si les soldats laissés sur place sont trop isolés. Le même phénomène est d’ailleurs bien illustré par le caractère éphémère des conquêtes réalisées en Pouille par Constant II137.

  • 138 Pour Duchesne, « Les évêchés de Calabre », cité n. 3, p. 334, ici p. 5, et Gay, « Les diocèses de C (...)
  • 139 Paul Diacre, VI, 1, p. 164, § 1 : et omnem illam quae in circuitu est latissimam regionem suae dici (...)
  • 140 L. P., I, LXXXI, p. 350.

27Au concile romain de 680 [Fig. 6], les évêques de Cosenza138, Temesa, Scolacium et Crotone sont indiqués comme appartenant au Bruttium, tandis que les sièges de Locres, Tropea, Vibona et Tauriana gravitent toujours dans l’orbite impériale ainsi que ceux de Tarente et de Thurii, qui seront cependant perdus dans les années suivantes lorsque Romuald I, en dirigeant cette fois une véritable campagne militaire, s’emparera de Brindisi et du golfe de Tarente139. Mais l’évêque de Temesa est tout de même dépêché à Constantinople par le pape Agathon avec l’évêque de Reggio en 679-680 parce qu’il parle grec, ce qui donne la mesure de l’hellénisation de cette forteresse140 ; la frontière se stabilise ainsi à la hauteur de l’isthme de Catanzaro.

  • 141 Théophane, Theophanis chronografia, éd. C. de Boor, I, Leipzig, 1883, 22-23, p. 398. Les diverses t (...)
  • 142 Cf supra n. 3, p. 341 ; l’expression pourrait même suggérer une datation un peu plus basse pour l’é (...)
  • 143 L. P. I, LXXXIII, p. 366.
  • 144 L. P. I, LXXXV, p. 368-369.

28Selon Théophane, le stratège de Sicile, Serge, après avoir fait proclamer empereur en 717 un aristocrate d’origine constantinopolitaine, se réfugie chez les Lombards de la Calabre dès qu’arrive l’envoyé de Léon III (προσέφυγεν εῒς τοùς πλησιάζοντας τῇfi Καλαβρίᾳ Λογγιβάρδους)141. Cet épisode, qui met en lumière les bons rapports entretenus par le stratège avec les Lombards et la proximité géographique de ceux-ci avec l’île, confirme aussi l’étroitesse de la Kalabria tès katô142 byzantine. En 685-686, Jean V, ancien émissaire d’Agathon à Constantinople, obtint de l’empereur un allègement fiscal (sur lequel nous reviendrons) pour le patrimonium Siciliae et Calabriae143, complété en 686-687 par une mesure identique concernant cette fois le patrimonius Brittius et Lucania144. Les deux noms avaient désormais acquis une acception géographique, suite logique de l’évolution antérieure : Calabria désignait la partie méridionale du patrimoine et le Salento, qui formait un tout avec l’île, tandis que le Brittius couvrait le nord de la province, au contact de la Lucanie avec laquelle il serait bientôt soustrait de manière définitive à l’Empire [Fig. 6]. Ces passages du Liber pontificalis confirment d’autre part qu’une partie des conquêtes de Romuald Ier, dont le récit précède d’ailleurs celui de la mort du duc chez Paul Diacre, a bien été réalisée seulement après le dégrèvement de 686-687 (qui sans cela n’aurait pas lieu d’être), c’est à dire à l’extrême fin de son règne.

  • 145 Voir infra.

29L’expédition de Constant II est parfois présentée comme un échec, mais s’il en était ainsi, les pires ennemis de l’empereur en Italie, la papauté, sous la plume du rédacteur du Liber pontificalis, et Paul Diacre n’auraient pas manqué d’insister sur ces résultats négatifs, ce qui n’est pas le cas. Et de fait, non seulement Constant II reconquit la toute nouvelle Calabre, mais surtout il entreprit une importante restructuration administrative et fiscale, et fit construire une flotte locale145.

  • 146 Borsari, « L’amministrazione del tema di Sicilia », cité n. 6, p. 333, ici p. 138-139 ; V. von Falk (...)

30L’action de Constant II trouva son point d’orgue dans la création du duché, dont les liens étroits avec l’île amenèrent le rattachement au thème de Sicile, à peine celui-ci fut-il créé, sans doute par Justinien II entre 692 et 695146. Cette nouvelle circonscription, destinée à regrouper les lambeaux de territoire conservés par l’Empire au sud de Bénévent, incluait la terre d’Otrante et devait faciliter la coordination de la résistance aux Lombards et aux Arabes.

  • 147 Voir les réflexions de F. Marazzi, « Il Sud dell’Italia fra i secoli VII e VIII », 711. Arqueologia (...)

31Les Lombards et les Byzantins se disputèrent donc avec acharnement le contrôle de l’actuelle Calabre : on considère en général que l’intérêt porté par Byzance à ce pays de faible, pensait-on, rendement économique était uniquement stratégique. Il s’agissait de l’antichambre de la Sicile, qui gardait avec cette dernière le détroit de Messine, passage le plus commode entre les deux parties du bassin méditerranéen. C’était d’autre part le seul territoire continental resté, avec le sud de la péninsule salentine, aux mains de l’Empire après la perte de l’île, et donc la plate-forme indispensable à toute velléité de reconquête de la péninsule. Dans le même ordre d’idées, l’expédition de Constant II a longtemps été attribuée à sa volonté de récupérer cet avant-poste en Méditerranée occidentale, et plus récemment à celle d’affirmer, face aux Lombards, le contrôle de l’Empire sur les ports de l’Italie méridionale147, toujours cependant dans une optique strictement militaire et politique.

  • 148 Noyé, « Les recherches archéologiques de l’École française de Rome », cité n. 6, p. 324 ; Ead, « By (...)

32Toutes ces considérations gardent leur valeur, mais ne doivent pas masquer l’importance fondamentale d’autres éléments de caractère économique que nous allons maintenant examiner. Vivien Prigent, après avoir repris une thèse traditionnelle en insistant sur la volonté de Constant II et celle des Musulmans eux-mêmes de transférer le centre de la lutte en Méditerranée occidentale, a préféré mettre en évidence l’intérêt que présentait une Sicile vouée à la céréaliculture et dont la prospérité s’était maintenue, alors que l’Égypte était définitivement perdue pour le ravitaillement de Constantinople. J’ai pour ma part insisté sur la recherche désespérée de métaux précieux qui sous-tend une partie des entreprises de Constant II, phénomène amplement illustré par la numismatique148.

  • 149 N. Novelli, R. Veneziano, « Mineralizzazioni cuprifere ed attività metallurgica in Calabria », Arch (...)
  • 150 P. G. Guzzo, « Due crogioli per oro da Scalea », Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, (...)
  • 151 M. Guarascio, « Un contributo di dati e metodi della ricerca geomineraria in archeologia : il caso (...)

33La richesse la plus évidente de la Calabre tient à la diversité des métaux présents en abondance dans le sous-sol, et tout particulièrement l’or et l’argent [Fig. 7] ; les mines calabraises, connues et exploitées de toute antiquité149, constituaient un enjeu d’importance majeure. Les gisements d’or du nord-ouest de la région (Altomonte, San Donato di Ninea), déjà exploités à l’époque romaine150, furent tôt inclus dans les possessions lombardes, et peuvent certainement expliquer, au moins en partie, les efforts déployés par le duché de Bénévent pour fixer sa frontière méridionale sur le cours du Crati. Mais Temesa était elle aussi déjà réputée dans l’Antiquité pour ses mines de cuivre et d’argent, et une forge fonctionnait à l’époque romaine sur la hauteur de Pian della Tirena, dans une zone qui fut âprement disputée entre Lombards et Byzantins151.

  • 152 Noyé, « Les recherches archéologiques de l’École française de Rome », cité n. 6, p. 324, ici p. 108 (...)
  • 153 Var. IX, 3, supra, p. 331.
  • 154 Ep. V, 9 et VII, 35 ; sur Myria : V. von Falkenhausen, « Ecclesia myriensis oppure ecclesia mystien (...)
  • 155 Cf. supra n. 2, p. 340.

34Il existait deux autres pôles miniers importants, dont le plus commode à exploiter était, grâce à la proximité de la capitale provinciale et à celle de la Sicile, celui de la chaîne des Serre où les gisements aurifères de Caulonia, Bivongi et Roccella étaient complétés par l’argent de Stilo152. C’est peut-être dans cette zone que s’étendait la massa Rusticiana où Cassiodore, natif de la ville relativement proche de Scolacium, et donc bien au fait des ressources locales, ordonna d’effectuer des prospections dans les montagnes puis d’ouvrir des mines et de construire des bas-fourneaux153. À la fin du VIe siècle, les ministeria des Églises calabraises étaient pour partie constitués de métal précieux, d’argent notamment pour Myria154, ce qui explique la fuite du clergé, désireux de mettre ces valeurs à l’abri des Lombards, puis leur « récupération », un peu plus tard, par Constant II155.

  • 156 R. Spadea, « Crotone : problemi del territorio fra tardoantico e medioevo », Mélanges de l’École fr (...)
  • 157 Vie de Pancrace, p. 103-105.
  • 158 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 590.

35Des bijoux circulaient sur toute la côte ionienne et adriatique jusqu’à la Lucanie et étaient exportés en Albanie : les « bratteate » ou fibules discoïdales d’argent recouvertes d’or et décorées de paons affrontés ou de la figure des rois mages, et les boucles d’oreille en argent avec pendentif en forme de cône concave, imitées d’exemplaires siciliens156. Deux centres de production ont été jusqu’ici identifiés, qui ont été actifs au moins jusqu’au IXe siècle : Reggio même qui, selon la Vie de Pancrace, devait sa fortune aux métaux précieux157 et Siderno, où est attesté le travail des feuilles d’or par la présence d’un outil spécifique158. Ces joyaux ont été le plus souvent retrouvés à proximité de colonies hébraïques qui en assuraient la commercialisation par voie maritime (Reggio, Lazzaro, Bova Marina et, dans le nord, Rossano).

  • 159 L’or et l’argent étaient également travaillés en Sicile du VIe au IXe siècle : L. Cracco-Ruggini, « (...)
  • 160 Morrisson et Prigent, « La monetazione in Sicilia », cité n. 4, p. 340 ; Prigent, « Le “mythe du ma (...)
  • 161 Morrisson, « Le zecche nell’Italia bizantina », cité n. 5, p. 327, ici p. 418.
  • 162 D. Castrizio, « La zecca bizantina di Reggio dopo la conquista araba di Siracusa », XII. Internatio (...)
  • 163 Prigent, « Le ‘mythe du mancus’ », cité n. 2, p. 323.
  • 164 Voir supra n. 4, p. 340.
  • 165 Noyé, « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 514-515.
  • 166 Noyé, « Aristocrazia », cité n. 7, p. 324.
  • 167 Il s’agirait d’une spécificité du thème de Sicile : Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre  (...)

36L’atelier monétaire de Syracuse159 utilisait un alliage de métaux provenant de deux sites d’extraction dont l’un était certainement local et l’autre pouvait être calabrais160 ; on y produisait aussi des monnaies de bronze. Or son activité se maintint jusqu’au milieu du IXe siècle, ce qui indique une notable continuité dans le ravitaillement en métaux précieux161. Transféré à Reggio après la prise de Syracuse par les Arabes, la « zecca » y poursuivra d’ailleurs son activité sans problème162, ce qui semble confirmer la pluralité des sources d’approvisionnement traditionnelle ; il est même possible que l’or calabrais ait été exporté à Ravenne et à Constantinople163. Pour en revenir à Constant II, l’intensification de la frappe de l’or pendant son séjour sicilien164 suffirait à expliquer l’intérêt porté par l’empereur aux deux versants de la chaîne des Serre, et la fortification du débouché offert aux métaux par la vallée des Salines, où étaient concentrées trois de ses fondations. La présence de fonctionnaires civils ou militaires semble attestée à l’est par les monnaies d’or retrouvées à Locres, Paleapoli165 et Castiglione di Paludi/Thurii166. Des topotérètes de ville ont été en outre identifiés à Tropea comme en Sicile ; selon Vivien Prigent, ils auraient commandé des contingents détachés dans les provinces directement soumises aux services centraux : ainsi une partie au moins de l’Opsikion semble stationner dans l’île sous Constant II167.

  • 168 Ardovino, « Edifici ellenistici », cité n. 6, p. 326 ; Spadea, « Lo scavo », cité n. 6, p. 326.
  • 169 L. Costamagna, « La sinagoga di Bova Marina nel quadro degli insediamenti tardoantichi della costa (...)
  • 170 Spadea, « Lo scavo », cité n. 6, p. 326.
  • 171 Pour la continuité de cette industrie jusqu’au XIe siècle : Noyé, « Economia e società nella Calabr (...)

37La Vie de Pancrace fait état d’une exploitation aussi intense des autres ressources minières du sud de la Calabre : à Reggio toujours étaient fabriquées des armes et des pièces d’armures au moins jusqu’au VIIIe siècle. Un bas-fourneau de bronzier fonctionna de fait à l’extérieur des murs de la ville du ive à la fin du VIIe siècle, sans doute ravitaillé par les mines de cuivre et de calcopirite dont regorgent également les Serre168, tandis que l’étain, en provenance peut-être des bassins du Savuto et du Corace au nord-ouest de la Calabre elle-même, transitait par le port, tout proche de la ville ; les artisans durent ensuite se replier, on l’a vu, à l’abri de l’enceinte urbaine. L’existence d’un autre atelier méridional, resté en activité jusqu’au Xe siècle, a été mise en évidence à Decastadium, statio qui s’élevait sur la rive du fleuve Melito169. L’un ou l’autre de ces centres devait produire les fibules de bronze qui circulaient aux VIe -VIIe siècles sur la côte ionienne, où elles ont été retrouvées en grand nombre autour de Catanzaro, dans les nécropoles disséminées sur le versant oriental de la Sila, au nord de Crotone170, et à Celimarro. Le bois indispensable aux transformations du minerai arrivait directement de l’Aspromonte et des Serre par flottage171.

  • 172 Cf. supra n. 6, p. 324 et 8, p. 325.
  • 173 Lebole di Gangi, « Saggio nell’abitato altomedievale di Paleapoli », cité n. 3, p. 342. On ne dispo (...)
  • 174 Pour la trouvaille de scories : F. Cuteri, « L’insediamento tra VIII e XI secolo. Strutture, oggett (...)

38Tous les centres où étaient travaillés la calcopyrite et le cuivre des versants est et sud de la Sila ont été puissamment et tôt fortifiés par Byzance : la grande enceinte de Tiriolo abritait un atelier où était réalisée la première phase de la réduction du fer et de nombreuses scories du même métal ont été retrouvées à Scolacium dans les niveaux archéologiques des VIIe -IXe siècles172. Le travail du fer et du bronze est d’ailleurs attesté dans la plupart des habitats byzantins de cette époque qui ont été fouillés en Calabre, à commencer par Locres-Paleapoli173, mais la métallurgie est aussi pratiquée en contexte rural comme dans le chôrion de Santa Severina au VIIe siècle, avant la fondation du kastron homonyme174. On observe donc la même décentralisation de l’artisanat du métal que dans la France mérovingienne et carolingienne où il a presque systématiquement été repéré sur les sites de village et de curtis.

  • 175 Les sociétés de publicains, puis les sénateurs qui y étaient largement possessionnés exploitaient à (...)
  • 176 Cf. supra n. 6, p. 328 ; le port de la ville (Bivona) devint impraticable au Ve siècle (G. Lena, «  (...)
  • 177 Le port de Sibari/Thurii s’ensable à partir du début de notre ère : Guzzo, « Il territorio dei Brut (...)
  • 178 Voir infra.
  • 179 Var. VIII, 31 ; Cassiodore, Institutiones, éd. R. A. B. Mynors, Oxford, 1937, p. 74 ; G. goth. III, (...)

39Les forêts de la Calabre, et la science de ses charpentiers occupaient une place centrale dans ce domaine essentiel de la défense qu’était la marine, et peut-être la création du duché est-elle liée aussi à l’importance de ces ressources : le bois et la poix étaient en outre exportés vers le centre et le nord de la péninsule [Fig. 8]. L’exploitation intensive des époques républicaine et impériale175 avait détruit l’équilibre écologique de certaines zones, entraînant la disparition de forêts proches des lieux d’embarquement, comme celles de l’arrière-pays de Vibona176, tandis que s’accumulaient d’énormes dépôts d’alluvions à l’embouchure des fleuves, celle du Crati par exemple177. La baisse démographique qui s’enregistre partout à partir du Ve siècle et le refroidissement climatique, la reconversion économique de certains secteurs de la Calabre sans doute aussi178 favorisèrent un certain reboisement, qui apparaît déjà en filigrane dans les sources écrites du VIe siècle179.

  • 180 Ep. IX, 124, 125, 126 et 128.
  • 181 L. P. I, LXXXVI, p. 375 : […] et trabes fecit de Calabria adduci et quae in eadem basilica vetustis (...)
  • 182 L. P. I, XCI : Hic maximam partem basilicae beati Pauli apostoli quae ceciderat, allatis de Calabri (...)
  • 183 Codex Carolinus, cité n. 3, p. 343, no 65, p. 593.
  • 184 Scolacium, Gerace, Santa Severina (Noyé, « Byzance et l’Italie méridionale », cité n. 1, p. 343, ic (...)

40Les montagnes fournirent alors de nouveau – ou encore – des troncs de haute futaie, d’un diamètre et d’une longueur suffisants pour la charpente des grands édifices, un besoin créé par l’évolution des techniques architecturales et la construction, ou les restaurations des basiliques chrétiennes. Du coup, les massae pontificales approvisionnèrent les grands chantiers religieux : outre les fameuses lettres adressées par Grégoire-le-Grand à Aréchis, au recteur du patrimoine du Bruttium et aux évêques de Vibona et Temesa au tournant des VIe-VIIe siècles180, le Liber Pontificalis mentionne spécifiquement l’importation de bois calabrais à Rome vers la fin du VIIe siècle181 et encore au début du siècle suivant182. Dans ce domaine, la ville semble dépendre étroitement des possessions méridionales de la papauté : on en veut pour preuve la lettre adressée par Hadrien Ier à Charlemagne après la rupture avec Byzance, où il demande à l’empereur d’intervenir auprès du duc de Spolète pour que celui-ci lui fournisse le bois nécessaire aux toitures qui, dit la missive, in nostris finibus minime reperitur183. Tous les sites archéologiques, ruraux et urbains, de la Calabre présentent d’autre part, aux VIe-XIe siècles, non seulement des bâtiments à solins de pierres et élévation de terre crue, mais aussi des constructions sur poteaux plantés184.

  • 185 C. F. Crispo, « I viaggi di M. T. Cicerone a Vibo », Archivio storico per la Calabria e la Lucania, (...)
  • 186 P. Orsi, « XVIII. Reggio Calabria. Scoperte negli anni dal 1911 al 1921 », Not. Scavi Antichità, 19 (...)
  • 187 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 582.
  • 188 On pense évidemment à la reconquête du littoral sud-est de la Calabre.
  • 189 Haldon, Byzantium in the Seventh Century, cité n. 2, p. 333, ici p. 35.
  • 190 L. P. I, LXXVIII, p. 344.

41Mais le bois et la poix calabrais furent aussi employés pour la construction de navires : un chantier naval fonctionna sans doute dès l’époque romaine à Vibona, grande base navale et principal port d’embarquement du bois et de la poix185 ainsi qu’à Reggio186. Constant II y eut certainement recours pour une de ses réalisations majeures, qui fut l’armement d’une flotte en Méditerranée occidentale187, pour contrer les Lombards188 et les Arabes189. Selon le Liber pontificalis, tales afflictiones posuit populo seu habitatoribus vel possessoribus provinciam Calabriae, Siciliae vel Sardiniae per diagrafa seu capita atque nauticationes per annos plurimos, quales a seculo numquam fuerunt, ut etiam uxores a maritos vel filios a parentes separarent190.

  • 191 À cette époque des chelandie : Βίος καὶ πολιτεία τοῦ ὁσίου Πατρὸς ἡμών Νείλου τοῦ Νέου, éd. G. Giov (...)
  • 192 C. Zuckerman, « Learning from the Enemy and More : Studies in “Dark Centuries” Byzantium », Milleni (...)
  • 193 Zuckerman, « Learning from the Enemy and more », cité supra, n. 1, p. 297 ; ainsi se trouve d’aille (...)
  • 194 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 622.
  • 195 Constant II est le seul empereur qui ait participé à une bataille navale, celle des Masts ; il étai (...)
  • 196 Ce que ne font pas toujours les chercheurs qui ont relu ces sources : Prigent, « Topotérètes de Sic (...)

42Je reviendrai plus loin sur le fait que les trois mots diagrafa seu capita forment, dans la phrase, un ensemble indépendant des nauticationes qui, à mon avis, ne doivent être interprétées comme un simple système de réquisition d’hommes et de navires. Mon hypothèse est que le terme évoque une taxation semblable à celle qui fut imposée, en 965, à toutes les villes portuaires du thème de Calabre, provoquant une révolte conduite par Rossano : il s’agissait d’obliger ces établissements à financer et réaliser la construction d’un certain nombre de navires191, en fournissant sans doute, au VIIe comme au Xe siècle, non seulement des matériaux, mais aussi du savoir-faire et de la main d’œuvre, ce qui en dit long sur le bon état économique de la Calabre aux deux époques concernées. J’avais attribué le recrutement forcé qu’évoque la dernière partie de la phrase aux besoins de l’armée de terre, mais Constantin Zuckerman, dont je ne partage pas toutes les hypothèses à ce sujet, a certainement raison d’y voir la formation d’équipages ; les Calabrais étaient en effet des armateurs et des marins, et le restèrent jusqu’à l’époque normande192. Est-ce que le fait d’embarquer sur un navire de guerre entraînait de longues séparations entre les marins et leur famille ? Il est difficile de répondre à cette question, mais annos plurimos peut signifier que ces mesures furent renouvelées sur plusieurs années, ce qui était le cas du système arabe qui pourrait avoir inspiré cette mesure193. À partir du moment où l’on admet qu’une flotte importante, indispensable à la reconquête des côtes méridionales de la péninsule au large desquelles elle patrouille d’ailleurs régulièrement par la suite194, a été armée en Occident sous Constant II195 et financée grâce à l’ampleur nouvelle des émissions monétaires siciliennes, il est logique de rapprocher le phénomène des nauticationes196. Il est clair en tout cas qu’au VIIe siècle la concurrence entre les besoins rivaux de la papauté et de Byzance prit aussi de ce point de vue une acuité particulière.

  • 197 Var. VIII, 33.
  • 198 Voir par exemple C. Beck-Bossard, A.-M. Flambard, E. Gareri, G. Noyé, « Nuovi scavi nel castello di (...)
  • 199 Notamment par les Aurelii (Var. I, 4 ; II, 31 ; XII, 4).
  • 200 Vita S. Phantini, p. 40-42, 53, 55, 61 et 68-69.

43Toujours dans le domaine de l’économie montagnarde, on ne possède plus, après le VIe siècle, d’informations sur l’élevage des bœufs, jusque-là taxé par l’annone : les troupeaux, qui alimentaient encore un marché privé dans la première moitié du même siècle, remontaient vers Rome par la via Popilia197 et ce système dut être désorganisé par l’invasion lombarde ; la transhumance à court rayon, entre la Sila et la plaine de Sibari, put en revanche se maintenir jusqu’aux conquêtes de Romuald à la fin du VIIe siècle. L’activité en ce domaine se réduisit ensuite à une échelle domestique, pour les besoins des transports et des labours autant que pour la consommation, car les bovins figurent à égalité avec les ovicaprins et les suidés dans l’alimentation carnée des sites archéologiques médiévaux198. L’élevage des chevaux, qui avait été développé dans le Bruttium par les grands propriétaires fonciers dès les Ve-VIe siècles199, fut poursuivi en revanche jusqu’à la fin du VIIIe siècle, sur les deux versants de la chaîne montagneuse des Serre et dans les Salines, pour satisfaire au mode de vie aristocratique et fournir la cavalerie de la militia, comme cela avait été le cas pour l’armée ostrogothique200.

  • 201 Noyé, « Les villes des provinces », cité n. 2, p. 331, ici p. 101-103.
  • 202 Ibid. ; Theodosiani libri XVI. II, Leges Novellae ad Theodosianum pertinentes, éd. T. Mommsen, P. M (...)

44Dans le domaine agricole, la Calabre se caractérise, tout au long de son histoire, par des rapports complexes et changeants entre le milieu naturel, l’« ambiente » italien, c’est-à-dire la géomorphologie et le système écologique, et le « paysage » qui résulte des transformations induites sur les précédents par les groupes humains. Il existait aussi dans la province des coteaux ensoleillés favorables aux vignes qui s’y développèrent tôt, mais l’annone, quand elle fut instituée vers la fin du IIIe siècle, ne porta que sur la production la plus traditionnelle de la région, c’est-à-dire l’élevage des bœufs, alors que le vin était peu taxé201. Au départ, les propriétaires fonciers devaient en effet verser 17500 amphores aux suarii pour compenser les pertes qu’occasionnait le long voyage des troupeaux de porcs vers Rome, et 7500 amphores aux curiales en cas d’adaeratio202.

  • 203 Cette hypothèse se fonde sur le fait que tous les fours à amphore jusqu’ici identifiés sont situés (...)
  • 204 Pour la viticulture et les amphores : Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n (...)

45Les possessores-negotiantes du Bruttium, frange la plus dynamique des entrepreneurs, profitèrent alors de la crise de la viticulture dans le nord de l’Italie, où elle était lourdement taxée : ils investirent les richesses amassées grâce au saltus, dont l’exploitation restait de toutes façons rentable, dans le développement des vignobles et la fabrication des amphores, pour la fiscalité et la commercialisation du vin à longue distance, opération qu’ils étaient seuls en mesure d’organiser et de cautionner203 [Fig. 9]. Les amphores calabraises de type Keay LII se répandirent dans toute la Méditerranée occidentale jusqu’en Grèce à partir du milieu du IVe siècle204.

46Lorsque les petits viticulteurs et les villae d’importance moyenne eurent été ruinés par les raids vandales du Ve siècle, la production du Bruttium méridional et oriental fut entièrement gérée par les grands propriétaires ; dès ce moment sans doute, avec la perte provisoire de la Tunisie et de la Sicile, le prélèvement annonaire dut se faire plus lourd en ce domaine, car le pourcentage des amphores calabraises, qui représentaient 15 % du total des amphores retrouvées à Rome et Ostie, s’éleva à 25 % dans la première moitié du VIe siècle, à égalité avec les exemplaires orientaux. L’aderatio, alors devenue la règle, était immédiatement suivie de la coemptio du vin méridional, mais le marché libre devait aussi occuper une place.

  • 205 L. P. I, XXXIII, p. 174 (Vie du pape Silvestre, 314-335) ; je pense que la mass. Trapeas, territuri (...)

47L’annone vinaire devait peser aussi sur les massae pontificales, mais on ne dispose d’aucune donnée archéologique précise à cet égard, sinon que les Keay LII retrouvées à Rome indiquent l’existence de plusieurs sources de ravitaillement sur le territoire de l’actuelle Calabre et, peut-être, en Sicile. La riche massa de Tropea205 incluait certainement une partie de l’aire viticole qui s’étendait sur la côte tyrrhénienne au nord de l’agglomération, et les exportations dirigées vers Rome et Capoue devaient donc être embarquées dans le port de Vibona (Bivona), sur le site duquel ont été retrouvées des Keay LII.

  • 206 G. Di Gangi, C. M. Lebole, « La Calabria bizantina (VI-XIV secolo) : un evento di lunga durata », H (...)
  • 207 Rotella, Sogliani, « Il materiale ceramico », cité n. 6, p. 350.
  • 208 Noyé, « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 484, avec bibliographie.
  • 209 Rotella, Sogliani, « Il materiale ceramico », cité n. 6, p. 350.

48On ne peut exclure que ces récipients aient été fabriqués aussi à Tropea, même s’ils n’y ont pas été encore identifiés, car l’abondance, l’homogénéité et l’originalité de la céramique retrouvée dans les nécropoles du promontoire suggèrent l’existence, dès le Ve siècle, d’une production locale de terres cuites qui pouvaient inclure, comme on l’a souvent observé sur les sites artisanaux, des amphores vinaires206. Des exemplaires ont été en revanche retrouvés dans la zone portuaire qui desservait la massa de Nicotera207, et un four à Crotone, centre qui pouvait drainer et exporter la production de la massa silana208 ; mais on ne peut, dans le premier cas, faire la part de ce qui correspond à la consommation locale209.

  • 210 Voir supra.
  • 211 Voir le cas de Faragola, en Capitanate : Faragola. 1, Un insediamento rurale nella Valle del Carape (...)
  • 212 Novelle 9 de Valentinien III, en 440 (Code théodosien, cité n. 6, p. 354, ici p. 90).

49L’invasion lombarde avait achevé l’œuvre des Ostrogoths en décapitant la pyramide sociale210. Or les sources écrites et les vestiges de résidence rurale d’un luxe extrême mis au jour tant dans le Bruttium qu’en Pouille et en Lucanie, suggèrent que, dans la première moitié du VIe siècle, quelques familles concentraient désormais une grande partie des terres et des richesses211. Cette élite, qui s’était armée vers le milieu du Ve siècle à la demande de Valentinien III212, avait pris le parti de Constantinople pendant la guerre gréco-gothique et Totila s’en était vengé ; elle fut ensuite la victime désignée des Lombards. Une spécificité des aires restées dans l’orbite impériale, par rapport aux régions tôt passées sous le contrôle de Bénévent, réside dans la survie d’une petite frange de cette haute aristocratie, phénomène signalé par les vestiges de villae qui restent occupées au VIIe siècle sans subir de déclassement social et reçoivent encore des sigillées d’Afrique et d’Orient ; tel fut aussi le cas des massae pontificales et de leurs riches emphytéotes.

  • 213 L. Saguì, M. Ricci, D. Romei, « Nuovi dati ceramologici per la storia economica di Roma tra VII e V (...)
  • 214 G. Di Gangi, C. M. Lebole Di Gangi, « Anfore Keay LII e altri materiali ceramici da contesti di sca (...)

50La conséquence économique fut la restructuration de la production du vin, phénomène amplifié par la conquête byzantine qui intensifia les échanges avec l’Orient, tandis qu’était organisé le ravitaillement des forces armées. Dans la deuxième moitié du VIe siècle, on voit d’abord apparaître les amphores calabraises qualifiées de « descendantes » ou « succédanées » de la Keay LII, toujours présentes à Rome dans la première moitié du siècle suivant, mais en quantité très réduite (5 % du total), et qui disparaissent ensuite213. Elles sont remplacées par un nouveau type d’amphores imité, fait significatif, des « Late roman 2 » orientales ; leur appellation rend compte du profil caractéristique du fond et de la panse : ces « amphores à fond arrondi ou ombiliqué », ou « amphores globulaires » circulent dans tout l’Empire aux VIIe-VIIIe siècles214.

  • 215 P. Arthur et al., « Fornaci medievali ad Otranto. Nota preliminare », Archeologia Medievale, 19, 19 (...)
  • 216 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 297.
  • 217 Ibid., avec citation de O. Karagiorgiou, « LR2 : A Container for the Military “Annona” on the Danub (...)
  • 218 C. Raimondo dans Noyé, Raimondo, Ruga, « Les enceintes », cité n. 5, p. 338.
  • 219 G. Murialdo, « Le anfore di trasporto », S. Antonino : un insediamento fortificato nella Liguria bi (...)
  • 220 Cf. supra n. 6, p. 357 ; Raimondo, « Aspetti », cité n. 1, p. 344.
  • 221 Pour la production d’amphores dans la zone Paleapoli-Gerace : Lebole Di Gangi, « Saggio nell’abitat (...)

51La Calabre est l’une des régions de production de ces nouveaux conteneurs : il faut donc supposer que, dans un laps de temps réduit, la place laissée vide par les possessores fut occupée par de nouveaux ateliers qui n’ont pas encore été identifiés. L’exemple d’Otrante suggère que cet artisanat fut alors associé aux grandes villes tenues, même avec des intervalles lombards, par Byzance, à Crotone par exemple215. La capacité des ces amphores, de 25 à 30 litres, pourrait correspondre à la ration de vin mensuelle d’un soldat dans le cadre de l’annone de la fin du VIe siècle216 ; comme leur modèle oriental, elles sont liées aux nouveaux réseaux de la fiscalité217 et leur forme pourrait être mise en relation avec un mode de stockage dans des fosses218. Elles alimentaient, entre autres, l’armée cantonnée dans les grandes forteresses (Perti dans le nord219, Tiriolo et Scolacium dans le sud220) et les fonctionnaires (palatium de Quote San Francesco221), et le vin calabrais était selon toute vraisemblance encore expédié vers la Méditerranée orientale.

  • 222 Particulièrement Ep. I, 42 et IX, 15.

52Deux passages du Liber pontificalis ont été récemment utilisés, de manière d’ailleurs souvent contradictoire, par les historiens byzantinistes. Malgré tout le respect que méritent ces publications, il me semble qu’elles ont péché de deux manières : d’une part en laissant de côté la situation immédiatement antérieure aux réformes dont leurs auteurs se font les champions, situation bien connue grâce à l’épistolaire de Grégoire-le-Grand222, et en mésestimant d’autre part la langue claire et rigoureuse du Liber pontificalis, ainsi que la place prépondérante qu’occupaient alors encore la papauté et Rome dans le Sud.

  • 223 L. Ruggini, Economia e società nell’Italia annonaria. Rapporti fra agricoltura e commercio dal IV a (...)
  • 224 On ne possède pas toutefois de traces écrites à cet égard.

53Au tournant des VIe-VIIe siècles, l’annone due en blé par le patrimoine pontifical en Italie méridionale est entièrement convertie par adaeratio ; tous les paiements des coloni ou rustici223 sont réalisés en espèces : la pensio ou loyer, l’impôt foncier et la burdatio. L’autonomie du recouvrement des taxes, dans le cadre de l’autopragie du domaine, y est totale, et on peut supposer qu’il en est de même pour les grands propriétaires laïcs, puisque les conductores de la familia ecclésiastique, même s’ils sont de plus humble condition, sont eux-mêmes chargés de cette tâche. Le grain est susceptum, c’est-à-dire qu’il est prélevé auprès des contribuables au moyen de la coemptio : les colons accordent un droit de préemption tacite à leur propriétaire (ils n’ont d’ailleurs guère le choix) ; la quantité de blé et le prix d’achat sont fixés à l’avance, en principe suivant les prix du marché, mais cette pratique donne lieu à de nombreux abus, les employés du rector se livrant à des spéculations sur les interpretia. À cette occasion, on demande aux colons de verser une petite quantité d’argent supplémentaire comme indemnité pour les dommages occasionnés par le transport, puis le stockage. Une fois ces sommes acquittées, les cultivateurs sont libres de vendre leur blé sur le marché, mais l’administration ecclésiastique peut leur acheter des quantités supplémentaires, de même qu’elle est libre d’utiliser de cette manière le montant de la pensio224.

  • 225 L. Cracco-Ruggini, « Vicende rurali dell’Italia antica dall’età tetrarchica ai Longobardi », Rivist (...)

54L’annone est donc concentrée en nature dans les horrea ecclésiastiques, des fosses-silos sans doute le plus souvent pour les grains, au terme de cette première coemptio qui, après avoir pesé un temps sur les negotiatores, semble, malgré la Pragmatique sanction de 554, être de nouveau à la charge des possessores. Mais comme l’avait souligné L. Cracco-Ruggini, il s’agit de la frange supérieure des grands propriétaires, dont fait partie l’Église de Rome : cette catégorie sociale dispose du personnel nécessaire et de ses propres navires, mais peut aussi utiliser ceux des patrons endettés ou commendati225. L’État, en la personne du curator sitonici, prélève son dû en trois échéances : tant que l’annone civique existe, les autorités publiques trouvent plus commode de toucher l’imposition en nature, au terme d’une ultérieure reconversion dont elles ne veulent rien savoir, et de la faire transporter à Rome sur les navires du pape. Ces pratiques sont obligatoirement sous-tendues par l’existence d’archives, sinon d’un cadastre au sens moderne du terme, au moins de listes de colons tenues à jour pour répartir et toucher le montant de l’impôt ; ces documents servent également à la perception de la pensio. Il faut bien avoir à l’esprit que le fisc n’en dispose pas : quand ces archives viennent à manquer, généralement en cas de troubles (par exemple lorsque les possessores du Bruttium sont anéantis) ou lorsque des territoires sont récupérés (sur les Lombards ou après la confiscation du patrimoine pontifical), les autorités impériales se trouvent dépourvues. Elles doivent alors établir de nouveaux rôles d’impôt, une démarche logique même si elle est souvent diabolisée par les clercs.

  • 226 […] et omnis tritici quantitas quae in horreis ecclesiae nostrae suscepta fuerat, vobis tradi per o (...)
  • 227 […] durum ac erat omnino difficile, ut res, quae nec servari, nec eo tempore ad emendum poterat inv (...)
  • 228 […] quae summa eiusdem sitonici ab horreariis ecclesiae sit suscepta, prodi inter acta publica debu (...)
  • 229 Ruggini, Economia e società nell’Italia annonaria, cité n. 4, p. 358, ici p. 211-220.

55Il arrive que les choses se compliquent quand, pour des nécessités publiques urgentes et imprévues, le pape se voit notifier l’ordre de verser tout ou partie de son impôt en blé tôt dans l’année, c’est-à-dire avant la récolte et/ou après qu’il a déjà utilisé de bonnes quantités de grains, surtout en cas de prélèvements majorés226, et de le faire en nature car c’est la solution qui convient le mieux à l’État comme en cas de coemptio normale. Les bureaux du rector ne disposent pas alors des stocks nécessaires et ne trouvent sur place aucun autre blé à acheter ; il faut donc faire venir ces céréales à grands frais227. Dans ce cas, ce qui est touché en avance est défalqué de l’impôt228 et, du coup, le pape demande à être exempté de toute autre coemptio, ce qui indique que cette éventualité existait et que des prélèvements en sus étaient régulièrement effectués. Nous avons ici le second type de coemptio, lié à des questions de calendrier et/ou correspondant à des superindictiones229.

  • 230 Durliat, De la ville antique à la ville byzantine, cité n. 6, p. 354, ici p. 271.
  • 231 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 269 : « l’approvisionne (...)
  • 232 Marazzi, « Roma, il Lazio, il Mediterraneo », cité n. 5, p. 342, ici p. 271.

56Pour le VIIe siècle, la rareté des sources écrites est en partie compensée par les monnaies et les sceaux. Les annones de Rome et de Constantinople sont toutes supprimées en 618230, mais si les denrées ne sont plus distribuées gratuitement ou vendues à prix cassés, les autorités n’en continuent pas moins de veiller au ravitaillement des deux capitales, l’empereur pour Constantinople231 et le pape pour Rome où il continue à faire convoyer blé et vin. Les prélèvements fiscaux restent les mêmes, de même d’ailleurs que leurs modalités générales, mais l’État les utilise désormais différemment : outre les quantités qui restent nécessaires pour la capitale, l’armée et la militia, lorsqu’elles sont rassemblées et même si la solde est versée en espèces, doivent trouver des denrées alimentaires à acheter ; il y a aussi les unités stationnées dans les fortifications au VIIe siècle. En fonction de la conjoncture, notamment militaire, la répartition du blé et du vin entre les besoins habituels de l’Église et de Rome, et ceux de l’État va être l’objet de discussions ardues, même si l’empereur tient à assurer le calme dans la ville, surtout en période de rapports difficiles avec la papauté232.

  • 233 Durliat, De la ville antique à la ville byzantine, cité n. 6, p. 354, ici p. 123-160.
  • 234 Di Gangi, Lebole Di Gangi, « Anfore Keay LII », cité n. 2, p. 357. Mais on se heurte à un vide docu (...)
  • 235 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323 ; voir infra.
  • 236 Il vetro in Calabria. Contributo per una carta di distribuzione in Italia, éd. A. Coscarella, Sover (...)

57Les amphores calabraises à fond arrondi ou ombiliqué sont donc toujours acheminées à Rome par Ostie jusqu’au premier tiers du VIIIe siècle233, un flux qui n’est semble-t-il interrompu que par la confiscation des massae. Les exemplaires du VIIIe siècle retrouvés à Crotone et, en grand nombre, à Tropea234 montrent que la viticulture a pu y être auparavant intensifiée. La fourniture de blé et de vin évolua donc sans solution de continuité de la coemptio protobyzantine à l’impôt foncier directement prélevé en nature que constitue la coemptio/ sunonè médiobyzantine et le flux d’amphores ne fut interrompu, à Rome, que par la confiscation du patrimoine calabrais ; il serait donc intéressant de tenter d’affiner la chronologie des derniers arrivages en vue de confirmer la date proposée par Vivien Prigent pour le coup d’éclat de Léon III (le pontificat de Zaccharie Ier)235. Ajoutons que la céramique locale rejoignait également Rome comme marchandise d’accompagnement et que de récentes études ont mis en évidence une production locale de verre aux VIIe-VIIIe siècles236.

  • 237 Théophane, cité n. 6, p. 344, ici p. 296 (récit de la révolte d’Héraclius l’Ancien, qui bloque le d (...)
  • 238 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 289. Pour l’Égypte, ibi (...)

58Le nouveau système démarre donc en 619, alors que la première conquête de l’Égypte, par les Sassanides, provoque une crise frumentaire à Constantinople, et dans un contexte général de graves problèmes militaires et financiers. La capitale ne dispose plus que de deux sources d’approvisionnement, qui avaient d’ailleurs été déjà régulièrement utilisées : l’Afrique237, qui contribuait aussi au ravitaillement de Rome, et surtout la Sicile, « recours naturel lors de disettes » précédentes238.

  • 239 Voir infra.

59Selon Vivien Prigent, l’État décide alors de prélever intégralement le montant de l’impôt sicilien en espèces, une petite révolution donc, destinée à obtenir l’or dont la guerre créait un besoin pressant, puis il achète tout de même les grains de l’île avec de la monnaie de bronze. Il recycle à cet effet une quantité massive de vieux folles stockés à Constantinople, qui sont revêtus d’une contremarque. Cette situation inédite peut être gérée de deux manières : l’État se procure le blé soit directement auprès des colons ou emphytéotes, soit auprès des conductores et du rector du patrimoine pontifical, si leur personnel l’a déjà racheté. Il s’agit dans tous les cas de coemptiones qui se rapprochent, après ce tour de passe-passe, d’un achat réquisitionnel. Il est vraisemblable que la deuxième solution fut adoptée, en raison de l’urgence et surtout de l’impossibilité d’improviser le réseau nécessaire à la première solution : on peut considérer que, dès ce moment, le recours aux commerciaires est en germe239.

  • 240 En 639, les troupes de Rome pillent le Latran où l’argent de leur solde serait caché : Prigent, « L (...)

60Plusieurs problèmes se posent alors : Vivien Prigent démontre, chiffres à l’appui, que le blé sicilien suffisait alors à couvrir la totalité des besoins de la capitale ; même si le nombre d’habitants est revu à la baisse par ses soins, on peut cependant supposer qu’une telle ponction aura accaparé intégralement la production de l’île, dont la marge excédentaire devait être relativement réduite. Comment une telle opération, même si l’Afrique du Nord fonctionnait alors comme grenier de la péninsule, n’a-t-elle pas provoqué à Rome de crise frumentaire génératrice de révoltes, alors que Constantinople peinait déjà à assurer le paiement de la milice urbaine240 ?

  • 241 G. goth. III, 28.
  • 242 Crotone : Noyé, « Les Bruttii », cité n. 8, p. 325, ici p. 508 ; Ead., « Le città calabresi », cité (...)
  • 243 La production de la région est assez connue pour que la Vita S. Phantini la mentionne (fol. 196 v, (...)
  • 244 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 587-588.
  • 245 Var. VIII, 31.
  • 246 D. Vera, « Aristocrazia romana ed economie provinciali nell’Italia tardoantica : il caso siciliano  (...)
  • 247 G. Noyé, « Anéantissement et renaissance des élites dans le sud de l’Italie, Ve -IXe siècles », Les (...)
  • 248 Ruggini, Economia e società nell’Italia annonaria, cité n. 4, p. 358 ; L. Cracco-Ruggini, « Vicende (...)
  • 249 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 588.

61Il est donc permis de supposer que les massae calabraises ont été mises à contribution. Les zones a priori favorables sont peu nombreuses dans le duché [Fig. 8], mais la céréaliculture y était florissante aux époques grecque et romaine dans la vaste plaine de Sibari, où les armées byzantine et ostrogothique avaient encore pu se ravitailler pendant la guerre241, ainsi que dans l’arrière-pays de Crotone, à Scolacium242 et à Tauriana243, où elle se maintint au moins jusqu’au VIIIe siècle244. Il est cependant surprenant que Cassiodore place le blé en tête des productions du Bruttium245 : après l’accaparement de la production égyptienne et africaine par l’annone de Constantinople, les sénateurs ne s’étaient pas contentés d’intensifier la céréaliculture en Sicile, mais avaient réalisé la même reconversion sur le continent. La spéculation sur les grains semble d’ailleurs être à l’origine d’émeutes urbaines dès la fin du Ve siècle246, et avoir provoqué l’absorption de nombreuses petites propriétés par les massae des possessores247 ; ces manœuvres étaient aussi le fait des fonctionnaires, souvent les mêmes personnages248. Les céréales restent ensuite très présentes dans les sources calabraises jusqu’aux IXe-Xe siècles249.

62Autre problème : Vivien Prigent admet que les fonctionnaires n’auraient jamais accepté d’être rétribués « en pièces de bronze qui se dévaluaient sans cesse » : en tolérant ce type de paiement, qui ne peut guère constituer une opération diplomatique, la papauté et les aristocrates fonciers ne font-ils pas figure de dindons de la farce ? On peut certes admettre que l’État, même s’il avait moins que jamais, les moyens d’être accommodant, a alors augmenté le montant de la coemptio aux fins de conciliation, mais même ainsi, comment Honorius Ier a-t-il pu acquérir, avec des monnaies de bronze contremarquées, les quantités de métaux précieux qu’il offre alors aux Églises romaines ?

  • 250 Dans les lexiques gréco-latins occidentaux ; cf. W. Brandes, Finanzverwaltung in Krisenzeiten. Unte (...)
  • 251 M. F. Hendy, The Economy, Fiscal Administration and Coinage of Byzantium, Northampton (Variorum Rep (...)
  • 252 Ibid.

63Suite logique de son évolution, le mot coemptio (= achat), est au VIIe siècle synonyme de commercium, mais aussi de συνωνή (= impôt foncier en nature)250. De l’avis de nombreux chercheurs, le glissement vers l’intégration de la ponction exceptionnelle en nature de l’époque protobyzantine aux exigences régulières du trésor se produit entre le milieu du VIIe siècle et le milieu du VIIIe siècle, à travers une systématisation de ces réquisitions remboursées. Mais le nom reste le même251, ce qui rend toute précision chronologique ultérieure difficile pour un changement qui en outre s’est fait progressivement, à des dates qui varient en fonction des provinces. Toujours au VIIe siècle, les commerciaires, d’abord employés des douanes préposés à l’achat de produits de luxe comme la soie et responsables des magasins publics, commencent à gérer le grain fiscal prélevé par le biais des coemptiones, et qui va désormais confluer dans leurs apothèques. Ces dépôts, après le milieu du VIIe siècle et de manière plus systématique à partir de Constantin IV (668-685), sont rattachés à des provinces et apparaissent d’abord dans les régions où se déroulent des opérations militaires252.

  • 253 Ibid. ; contra Hendy et Haldon, cités supra, n. 1.

64Une administration est mise en place dans l’Ifrîquiya à partir de 618-620, lorsque l’organisation du ravitaillement de Constantinople en grains doit être repensée ; les sceaux des commerciaires en question sont donc logiquement contemporains des contremarques siciliennes ; mais la fonction n’apparaît pas encore dans l’île où le besoin s’en fait pourtant sentir (l’Afrique fait alors figure de champ d’expérimentation). Les commerciaires africains sont en charge du stockage et de la redistribution fiscale servant aussi à ravitailler l’armée ; leurs fonctions n’indiquent toutefois pas nécessairement un prélèvement direct en nature253.

  • 254 Années indiquées par le seul sceau de commerciaire qui ait pu être précisément daté (ibid.).
  • 255 Diverses solutions ont été alors adoptées pour ce fret (par exemple des contrats passés avec des ar (...)
  • 256 C. Morrisson, « La Sicile byzantine : une lueur dans les siècles obscurs », Numismatica e antichità (...)
  • 257 Ensuite en charge de l’exaction fiscale.
  • 258 Prigent, « Le rôle des provinces », cité n. 1, p. 364, ici p. 291.
  • 259 Des fosses silos ont été mises en évidence dans les praetoria des kastra de Squillace et de Hagia-K (...)
  • 260 Prigent, « Le rôle des provinces », cité n. 1, p. 364, ici p. 294.

65Qu’en est-il du dossier italien ? L’existence d’un kommerkion Sikelias est attestée à partir de 652-654254, date à laquelle il peut être mis en rapport, dans la logique de M. Hendy et J. Haldon, avec la révolte de l’exarque Olympius. Joue aussi je suppose le fait que les negotiatores, atteints au même titre que les possessores dans la seconde moitié du VIe siècle, peinent peutêtre à assurer le transport des denrées, ce qui expliquerait le maintien des commerciaires dans l’île pendant toute la seconde moitié du siècle suivant255. Toutefois ceux-ci ne gèrent pas plus une ponction en nature que leurs homologues d’Afrique ; rappelons que le second quart du VIIe siècle vient de voir dans l’île une radicalisation du prélèvement de l’impôt foncier en or, lié à l’excellent niveau de monétarisation locale256. Un nouveau revirement serait donc surprenant, d’autant que cette réforme ne se répand dans le reste de l’Empire qu’à partir de Constantin IV. Même l’apparition d’un genikos logothète257 de l’apothèque de Sicile en 696-697, première et seule mention de cette fonction dans l’île, semble surtout due à la grande expédition maritime vers Carthage258 ; cependant on a vu que l’organisation d’entrepôts publics s’y justifie pleinement259. Les sceaux carthaginois montrent par ailleurs que l’envoi de blé par l’Afrique, qui s’était sensiblement intensifié après la perte définitive de l’Égypte, cette fois du fait des Arabes, s’est ensuite ralenti260 ; les années suivantes voient donc logiquement s’accroître les exigences de l’État en Sicile, surtout quand s’y ajoutent, sur place, les besoins des nouvelles villes fortifiées.

  • 261 Contra Zuckerman, « Learning from the Enemy », cité n. 1, p. 353.
  • 262 Voir infra et Cosentino, « Constans II », cité n. 3, p. 340, ici p. 593.

66Dans le même ordre d’idées, le coemptum frumenti cité par le Liber pontificalis dans les années 680 est couramment identifié à la sunonè. Reprenons le passage relatif à Constant II : Et tales afflictiones posuit populo seu habitatoribus vel possessoribus provinciam Calabriae, Siciliae vel Sardiniae per diagrafa seu capita atque nauticationes per annos plurimos, quales a seculo numquam fuerunt, ut etiam uxores a maritos vel filios a parentes separarent. Seu signifie clairement « ou » et exprime une équivalence, tandis que vel a le sens de « et » et exprime une accumulation. Le terme diagrafa a donc dans le texte la même acception que capita, c’est-à-dire « unités de répartition de l’impôt » (la jugatio/ capitatio). Je suppose donc qu’il s’agit d’une mise à jour des registres fiscaux, une opération qui, en ce qui concerne la toute nouvelle « Calabre », trouve sa justification dans le chaos qu’avait provoqué l’invasion lombarde et le démantèlement des organes de prélèvement dépendant des possessores ; il n’est donc pas besoin d’y voir une réorganisation du système d’imposition261. En même temps la taxe a été rétablie dans les régions où elle avait en partie été suspendue en raison des déplacements de la frontière et elle a certainement été augmentée262.

  • 263 J. Haldon rappelle cependant que Constant II a voulu déplacer le centre de l’Empire et possédait de (...)
  • 264 M. McCormick, « Bateaux de vie, bateaux de mort. Maladie, commerce, transports annonaires et le pas (...)

67Constant II a ainsi œuvré pour ravitailler Constantinople en grains263 et soutenir ses objectifs militaires ambitieux, ainsi que la restructuration de la défense. Le Liber pontificalis ne me semble donc pas apporter de preuve quant à l’introduction par cet empereur de l’impôt foncier en nature dans le sud de l’Italie. Quoiqu’il en soit, la Calabre a probablement participé elle aussi aux convois de blé dirigés vers Constantinople, et aux rapports commerciaux intenses entre les deux parties du bassin méditerranéen264.

68Une trentaine d’années plus tard, le Liber pontificalis cite cette fois des dégrèvements fiscaux concernant spécifiquement les patrimoines pontificaux, relativement épargnés par l’invasion de la fin du VIe siècle, mais qui commencent sans doute à connaître de réels problèmes économiques. Ces mesures touchent de près notre sujet car elles témoignent du développement d’une crise dans le sud de l’Italie, même si elles ne font que remédier à un précédent alourdissement des taxes, dont elles apporteraient ainsi la preuve indirecte.

  • 265 L. P. I, LXXXIII, p. 366.
  • 266 F. Marazzi voit d’ailleurs dans cette mesure impériale, comme dans la suivante, un exemple des acco (...)

69Elles s’articulent en deux volets concernant, on l’a vu, des entités géographiques différentes ; reprenons le texte pour 685-686 : et alias divales iussiones relevans annonocapita patrimonium Siciliae et Calabriae non parva, sed et coemptum frumenti similiter vel alia diversa quae ecclesia Romana annue minime exurgebat persolvere265. Le pape arrache à l’Empire la suppression d’un bon nombre d’unités d’imposition que rien d’explicite ne permet encore une fois de rattacher à la nouvelle imposition foncière ; il me semble que le terme même d’ annonocapita évoque l’imposition du Bas-Empire. Le patrimoine de Sicile et de Calabre est en même temps débarrassé de la coemptio du deuxième type : c’est, il me semble, le sens de coemptum frumenti266.

  • 267 Cf. supra n. 2, p. 362.
  • 268 L. P. I, LXXXV, p. 368-369 : […] et aliam iussionem direxit ut restituantur familia suprascripti pa (...)
  • 269 Haldon, Byzantium in the Seventh Century, cité n. 2, p. 333, ici p. 73-74.

70Un autre obstacle à l’idée de l’apparition du double impôt personnel et foncier dans ce texte est constitué par le fait que, dans ce cas, aucun grain n’aurait été fourni cette année-là au fisc par les massae pontificales, ce qui n’aurait pu manquer de créer de graves désordres en Calabre et en Sicile. Or la militia devait alors affronter une nouvelle offensive lombarde ; elle s’empara d’ailleurs, en garantie du versement de l’impôt, d’individus appartenant à la familia, c’est-à-dire de dépendants des patrimoines, ce qui préfigure mutatis mutandis le pillage du Latran un peu plus tard par la militia romaine267. En 686-687, une réduction de 200 unités fiscales fut concédée aux propriétés pontificales du Brittius et de la Lucanie, et les otages durent être libérés268. L’urgente nécessité où se trouvait alors Byzance de s’assurer la loyauté des troupes locales me semble confirmée par le fait que celles de Ravenne et de Rome empêchèrent peu après que le pape ne soit capturé sur l’ordre de Justinien II, après le concile Quinisext269.

71En conclusion, l’ordinaire et l’extraordinaire devenu plus ou moins annuel à partir du milieu du VIIe siècle se confondaient dans les achats publics de blé, ce qui n’est pas incompatible, loin s’en faut, avec l’apparition en Sicile des commerciaires qui en seraient chargés. En outre, ce rythme accéléré était dicté par des besoins nécessitant une régularisation des prélèvements en nature et annonçait donc la réforme de l’impôt. Enfin, les récoltes du sud de l’Italie ne suffisaient plus à satisfaire tout à la fois les exigences de Rome et celles de la politique militaire de Byzance : dès ce moment, la récupération des patrimoines à plus ou moins brève échéance devenait inéluctable.

  • 270 Burgarella, « Bisanzio in Sicilia », cité n. 6, p. 333, ici p. 184-185.
  • 271 Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 323, ici p. 935.
  • 272 Von Falkenhausen, La dominazione bizantina, cité n. 5, p. 345, ici p. 8.
  • 273 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 621.
  • 274 Prigent, « Les empereurs isauriens et la confiscation des patrimoines pontificaux d’Italie du Sud » (...)
  • 275 Ibid., p. 563-565.

72Que le mérite en revienne à la flotte locale ou à celle qui fut dirigée vers la Méditerranée occidentale en 697270, les littoraux de la Calabre furent libérés dès le début du VIIIe siècle : Amantea271 et Crotone avant 710-711272. Puis les Arabes revinrent à la charge sur tous les fronts : en dépit de la victoire qui mit fin au siège de Constantinople, le règne de Léon III fut marqué par leurs assauts réguliers. Carthage fut définitivement perdue et la conquête de la Tunisie permit à Kairouan d’organiser régulièrement contre la Sicile, à partir de 703, des expéditions maritimes victorieuses273, dont la cadence s’accéléra de 727 à 732274. Le financement de la guerre engendra alors, pour l’Italie, une pression fiscale sans précédent à laquelle s’opposa Grégoire II ; le transfert de la juridiction des évêchés calabrais et siciliens au patriarcat de Constantinople, qui apparaît déjà dans la Notice 2, pourrait d’ailleurs constituer à cet égard une mesure de rétorsion de Léon III275.

73La première moitié du VIIIe siècle marqua cependant une césure dans l’histoire de la Calabre byzantine où l’empereur put intervenir dans les affaires internes de l’Italie méridionale, entreprenant une véritable restructuration du territoire dans le cadre de l’administration thématique : des villes furent fondées, des évêchés furent créés, et le pays définitivement hellénisé ; enfin la défense fut organisée en profondeur. C’est dans ce contexte général que doivent être envisagées les fameuses mesures concernant les propriétés de l’Église de Rome.

  • 276 Théophane, cité n. 6, p. 344, ici p. 410, 1, 9-16.
  • 277 Prigent, « Les empereurs isauriens », cité n. 2, p. 323, ici p. 566-569, avec toute la bibliographi (...)

74Selon Théophane, Τότε ὁ θεομάχος ἐπὶ πλεῖον ἐκμανεὶς, Ἀραβικῷ τε φρονήματι κρατυνόμενος, φόρους κεφαλικοὺς τῷ τρίτῷ μέρει Σικελίας καὶ Καλαβρίας τοῦ λαοῦ ἐπέθηκεν276. Les phorous kephalikous représentent une taxe personnelle, mais le passage change de sens si l’on rattache tô tritô merei à ces derniers ou comme je le suppose au laou. Le patrimoine pontifical couvrant bien les deux tiers de la Calabre, on ne peut exclure l’hypothèse que cette taxe y ait déjà été imposée à un moment quelconque à la population, puis qu’elle ait été étendue aux occupants des territoires à peine repris aux Lombards. Cette hypothèse s’appuie sur le fait que Théophane passe ensuite explicitement auxdits patrimoines, mais elle ne prend pas la Sicile en compte. Un bon nombre de chercheurs optent pour une augmentation du tiers de la capitation en Sicile et en Calabre, et Vivien Prigent, démontrant brillamment qu’une augmentation d’un tiers aurait été minime, propose de multiplier la somme par deux, en supposant que Théophane avait omis de copier sur sa source le mot nomisma277.

  • 278 Noyé, « Byzance et l’Italie méridionale », cité n. 1, p. 343, ici p. 233 ; Noyé, « Economia e socie (...)
  • 279 Marazzi, « Roma, il Lazio, il Mediterraneo », cité n. 5, p. 342.

75Les mesures suivantes, qui concernent donc exclusivement les propriétés pontificales, sont moins sujettes à discussion : Τὰ δὲ λεγόμενα πατριμόνια τῶν ἁγίων καὶ κορυφαίων ἀποστόλων τῶν ἐν τῇ πρεσβυτέρᾳ Ῥώμῃ τιμωμένων, ταῖς ἐκκλησίαις ἔκπαλαι τελούμενα χρυσίου τάλαντα τρία ἥμισυ τῷ δημοσίῳ λόγῳ τελεῖσθαι προσέταξεν, ἐποπτεύειν τε καὶ ἀναγράφεσθαι τὰ τικτόμενα κελεύσας ἅρρενα βρέφη, ὡς Φαραώ ποτε τὰ τῶν Ἐβραίων. Il s’agit là clairement de rétablir la perception directe des impôts par l’État, ce qui implique une mise à jour du cadastre et un recensement des enfants mâles en vue d’établir les rôles de la capitation278. Ensuite, la baisse des métaux précieux qui s’enregistre à Rome après la confiscation de 742 doit sans doute être causée autant par la perte des mines calabraises et siciliennes que par la cessation des paiements. Les papes eurent alors recours aux ressources des domuscultae qui furent restructurées279.

  • 280 Prigent, « Les empereurs isauriens », cité n. 2, p. 323, ici p. 567 ; pour l’auteur, ce n’est pas u (...)
  • 281 H. Ahrweiler, Byzance et la mer. La marine de guerre, la politique et les institutions, Paris (Bibl (...)
  • 282 Cracco-Ruggini, « La Sicilia fra Roma e Bisanzio », cité n. 5, p. 348, ici p. 490 ; P. Guichard, «  (...)
  • 283 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 622 (Ibn al-Atir).

76Les mesures de 732 sont-elles destinées à financer la construction d’une escadre qui intercepte des flottes arabes dès 733 et 734280 ? Après l’expérience traumatisante du siège de Constantinople, la maîtrise des mers retint l’attention de Léon III281 et il fallait sans doute restaurer et étoffer la flotte de Constant II. Les difficultés internes connues par les Aghlabites de Kairouan, en permettant à Byzance d’instaurer avec eux des rapports pacifiques, ont dû cependant grandement contribuer à ramener la paix sur les côtes siciliennes282 et la première victoire navale succède trop vite à la mesure fiscale pour en représenter le résultat. Il me semble d’autre part que la confiscation des patrimoines (742) devrait précéder ou accompagner la construction des bateaux, car elle aurait facilité, en Calabre comme en Sicile, le ravitaillement des chantiers en bois et en poix pour le calfatage. La flotte qui patrouille effectivement ensuite au long des côtes siciliennes et calabraises283 est donc l’héritière de la nauticatio de Constant II et les mesures de 732 sont surtout destinées à financer la restructuration et la fortification de l’Italie méridionale.

  • 284 Cf. supra p. 349.
  • 285 Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 323, ici p. 939-947.
  • 286 Qui aurait fait carrière à Reggio, et en Sicile (en 736 ?) : ibid.
  • 287 Pour la fouille : Cuteri, « L’insediamento », cité n. 4, p. 350.
  • 288 Noyé, « Byzance et l’Italie méridionale », cité n. 1, p. 343, ici p. 240-241 ; Noyé, « Economia e s (...)

77Une partie des terres récupérées fut concédée à la militia, et exemptée d’impôt contre un service militaire ; ainsi fut résolu le problème des soldes, qui avait acquis une acuité particulière. Un indice de cette opération est fourni par la présence à Tropea, vers le milieu du VIIIe siècle, d’un « corps de mercenaires d’élite284 » et par le développement rapide de Santa Severina, objet de toutes les attentions de la part des autorités. Ce chôrion, implanté au cœur de l’ancienne massa silana, devint ville épiscopale, puis siège d’archevêché dès avant la notice 3 sous le nom symbolique de Nikopolis285 ; on y observe la présence d’un haut dignitaire, spatharocandidat286 qui se fait en 736 le promoteur, avec l’évêque, de travaux dans la vieille cathédrale. Il s’agit d’une véritable campagne édilitaire, qui touche aussi peu après le baptistère et une petite église de pierre à une nef, qui a été mise au jour sous l’actuel château et est flanquée d’une nécropole où est enseveli un notable287. Enfin le titre d’éparque, qui apparaît sur une inscription, pourrait indiquer que la ville était le chef-lieu d’une circonscription, où résidait le fonctionnaire en charge de l’administration288 ; de nombreux silos y ont été retrouvés, où pouvait être stocké le grain fiscal.

  • 289 Noyé, « Quelques observations », cité n. 5, p. 330, ici p. 91-92.
  • 290 Ibid., p. 130-131.
  • 291 Ibid., p. 129-130.
  • 292 Amantea : Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 323, ici p. 935 ; Noyé, « La Calabre et (...)

78On observe aussi des transferts d’habitats, qui s’accompagnent sans doute d’un rassemblement de la population : c’est alors que le centre de l’ancienne massa pontificale de Nicotera est installé sur le site actuel289. Mais le phénomène touche toute la province : l’évêché de Locres-Paleapoli est déplacé et la ville « refondée » sous le nom de Hagia Kuriakè290 ; celui de Cirella est transféré sur un site éminemment défensif291. Comme l’indiquent les nouveaux toponymes, ces créations participent d’une œuvre d’hellénisation et de fortification de la province, pour lui permettre de résister efficacement tant aux Lombards qu’aux raids arabes. Amantea et Rossano, qui constituaient des places-fortes clé aux deux extrémités de la nouvelles frontière avec Bénévent, furent promues au rang de kastra, c’est-à-dire selon l’habitude byzantine, de villes murées chefs-lieux de diocèse292. Les nouveaux sites étaient des crêtes rocheuses aux parois abruptes qui s’élevaient un peu à l’intérieur des terres : on peut y voir la leçon des premières expéditions arabes contre la Sicile, mais aussi les prémisses d’une recolonisation de certaines zones de l’intérieur, préparée par la mise en place de ces cadres destinés à attirer et fixer les populations.

  • 293 Cf. supra, n. 3, p. 343.
  • 294 Von Falkenhausen, La dominazione bizantina, cité n. 5, p. 345, ici p. 6.
  • 295 G. Noyé, « Carlomagno e Benevento », à paraître dans les actes du colloque Arechi II e Benevento (B (...)
  • 296 I. P. X, p. 93 et 109 ; J. Darrouzès, Notitiae episcopatuum Ecclesiae Constantinopolitanae, texte c (...)

79La reconquête de la Calabre se poursuivit dans la seconde moitié du VIIIe siècle, grâce à une intervention du roi Didier contre Bénévent qui se solda en 758 par la restitution à l’Empire d’Otrante, où fut alors dirigée une expédition293 ; d’autres raids furent organisés sur les côtes en 760 et en 778294. Après la perte de l’exarchat, le sud de la péninsule représentait plus que jamais une tête de pont en Méditerranée occidentale et la base indispensable à une reconquête : en 788 l’envoi par la capitale, fait exceptionnel, d’une armée destinée à opérer aux confins nord du duché fut l’occasion, malgré son échec, de consolider la frontière sur une ligne qui passait désormais à l’est de la vallée du Crati, rejoignant la côte tyrrhénienne au nord d’Amantea295. Cet état se traduit, du côté latin, par la présence à Rome des évêques de Cosenza et Bisignano, tandis que Cassano devient siège de gastaldat, et, du côté grec, par la notice 3 et la liste conciliaire de 787, où apparaissent tous les autres évêques296 [Fig. 10].

  • 297 Cf supra.
  • 298 S. Antonino : un insediamento fortificato nella Liguria bizantina, éd. T. Mannoni, G. Murialdo, Bor (...)
  • 299 Voir supra ; M. S. Arena et al., Roma dall’antichità al medioevo. Archeologia e storia nel Museo na (...)
  • 300 Comacchio e il suo territorio tra la Tarda Antichità e l’Alto Medioevo, éd. S. Gelichi, dans Uomini (...)
  • 301 Précisément des aires campano-latiale et calabro-péloritaine.

80Les recherches de ces vingt dernières années ont mis en évidence l’existence, en Italie méridionale, d’une phase de prospérité qui s’étend du IVe au VIe siècle, reportant du coup la désormais canonique « crise du haut Moyen Âge » au siècle suivant, que la raréfaction de la documentation écrite et archéologique désignait comme obscur et dépeuplé. Mais il fallait alors expliquer pourquoi bon nombre d’habitats conservaient une richesse certaine, et comment s’y maintenait une hiérarchie sociale, même si les écarts de fortune se trouvaient considérablement atténués sur les sites archéologiques du VIIe siècle. Le meilleur exemple était constitué, en Calabre, par les nécropoles qui s’échelonnent sur des sites stratégiques de la côte ionienne au nord du Crotone et sont encore incluses, au VIIe siècle, dans le réseau d’échanges qui englobent les deux rives de l’Adriatique, depuis la Sicile jusqu’à la Pouille297. Il était d’autre part indéniable que de nouveaux habitats apparaissaient, précisément dans le courant du VIIe siècle, dont certains, comme celui de Santa Severina, étaient destinés à survivre. Enfin les fouilles de Perti298, de la Cripta Balbi299 et de Comacchio300 modifièrent considérablement l’image des VIIe et VIIIe siècles, révélant entre autres l’existence, à Rome et dans le nord de l’Adriatique, d’amphores globulaires de provenance méridionale301.

  • 302 Pour le Salento : P. Arthur, « L’archeologia del Villaggio Medievale in Puglia », Vita e morte dei (...)
  • 303 G. Stranieri, G. Fiorentino, A. M. Grasso, C. Napolitano, « Organizzazione e trasformazioni dei pae (...)
  • 304 Voir le monastère fortifié de Le Centoporte, aménagé au VIIe ou VIIIe siècle : P. Arthur, B. Bruno, (...)
  • 305 P. Arthur, G. Fiorentino, M. Leo Imperiale, « L’insediamento in Loc. Scorpo (Supersano, LE) nel VII (...)
  • 306 P. Arthur, « L’archeologia del Villaggio Medievale in Puglia », cité n. 2, p. 373, ici p. 97-121 ; (...)

81Ces phénomènes ont trouvé une confirmation archéologique éclatante dans les deux régions méridionales où ont été récemment effectuées des enquêtes systématiques de surface avec l’aide de la photographie aérienne, et où des fouilles programmées ont été réalisées. Il s’agit d’abord du Salento où, à la crise de la fin du VIe siècle, succède une nouvelle génération d’habitats des VIIe-VIIIe siècles ; le kastron édifié sur le site stratégique de Pagliarone, qui renfermait de nombreux silos, suggère l’hypothèse là aussi d’un programme de fortification du territoire en profondeur302. Le fameux « Limitone dei Greci », dont la partie la plus ancienne a été datée du VIIe siècle grâce aux analyses effectuées sur les sédiments piégés dans le remplissage du mur303, pourrait correspondre à un système de barrage de la péninsule évoquant la chaîne de forteresses qui jalonnent l’isthme de Catanzaro à la même époque. Dans cette nouvelle carte de l’occupation du sol, aux formes variées304, les villages jouent cependant un rôle de premier plan, comme celui de Scorpo, au VIIe siècle305 et ceux de Quattro Macine et Apigliano au VIIIe siècle306. La structure portante des maisons de Scorpo est faite de chêne, un bois de qualité, les parois de torchis reposent sur des solins de pierre, et les sols sont isolés de l’humidité ; la qualité de l’alimentation est satisfaisante et la céramique commune, comme les amphores à fond arrondi, proviennent de quatre ateliers du voisinage. Si les habitants utilisent surtout des instruments et objets en bois et en os de fabrication locale, le village importe un peu de vin d’Otrante, de la vaisselle de verre du nord de l’Italie et des meules de la Sicile et de l’Égée. Le passage à une agriculture peut-être plus « vivrière », et à l’élevage, comme les analyses du milieu l’ont montré au voisinage du « Limitone dei Greci » pourraient caractériser le VIIe siècle.

  • 307 G. Volpe, G. De Venuto, R. Goffredo, M. Turchiano, « L’abitato altomedievale di Faragola (Ascoli Sa (...)
  • 308 G. Volpe, « Paesaggi e insediamenti rurali dell’Apulia tardoantica e altomedievale », Paesaggi e in (...)

82Mêmes observations dans le nord de la Pouille, en zone lombarde, où la fouille de la luxueuse villa de Faragola a montré qu’après un abandon provisoire, le site était réoccupé vers la fin du VIe siècle par un groupe humain nombreux et socialement hiérarchisé et pourrait correspondre au centre administratif d’un grand domaine ou gaio307. Certaines des anciennes pièces de la villa sont de nouveau habitées, après avoir été couvertes d’un toit porté par des poteaux plantés, d’autres servent simplement d’enclos aux maisons de bois ; tous les espaces sont pavés de sols de terre battue installés à quelques centimètres au-dessus des luxueux pavements de la villa. Pendant tout le VIIe et le VIIIe siècle, ce gros établissement flanqué de son cimetière pratique l’artisanat du fer et du plomb. La prospection a révélé en outre l’existence, en Capitanate, de quelques grandes nécropoles et habitats datables du VIIe au IXe siècle308.

  • 309 Peu de progrès ont été faits de ce point de vue depuis les premières surveys des années 1980.

83Le repérage de ces sites est compliqué par le manque de lisibilité de vestiges se caractérisant par l’emploi de matériaux légers et périssables309 et leur étude a longtemps souffert aussi d’un discrédit lié justement à cette transformation du bâti et, d’une manière générale, à celle de la culture matérielle : pourtant, dans la majeure partie des cas étudiés, la typologie des techniques de construction est variée et la qualité en est élevée. Du coup, beaucoup d’entre eux ont été découverts au hasard des fouilles urbaines (c’est le cas de Santa Severina), ou de l’exploration des sites de villae, plus faciles à repérer (c’est le cas de Faragola).

84Quant à la Calabre elle-même, son histoire ne peut se concevoir, au VIIe siècle et au début du siècle suivant, sans le maintien d’un certain niveau démographique : la viticulture par exemple exige beaucoup de temps et de soins. Il fallait des gens pour édifier et peupler les praitôria et les kastra, payer les impôts, construire les navires et s’y embarquer, être enrôlés enfin dans la militia, même si les effectifs militaires s’étaient notablement réduits. On trouve donc en Calabre des artisans spécialisés dans de nombreux domaines, et de la main d’œuvre ; les fours à amphores et à céramique fonctionnent encore pour l’exportation et, comme sur les sites mérovingiens, le travail des métaux est intensif et décentralisé. Au total, l’image de l’économie calabraise est positive : même si comme partout ailleurs la population et le volume des échanges ont baissé, il n’y a pas de crise majeure au VIIe siècle.

  • 310 Casignana Palazzi, Quote San Francesco, Botricello : Noyé, « Economia e società nella Calabria biza (...)
  • 311 Ainsi Paul Arthur suppose l’existence d’une sorte de chaos dans l’occupation du sol (Arthur, « L’ar (...)

85La première invasion lombarde n’a donc pas inversé la tendance favorable mais elle a décapité la pyramide sociale, et la petite propriété, qui avait été englobée dans les massae, revit alors sans doute sous sa forme juridique antérieure. L’abandon des luxueuses villae rend apparentes des réalités matérielles jusque-là masquées, comme les maisons et les églises de bois et de terre. Les habitats ruraux du VIIe siècle sont peu connus, mais il semble que la population soit regroupée, si on pense aux stationes qui survivent310 ou au chôrion qui donne par exemple naissance au kastron de Nikopolis/Santa Severina. Les villages côtiers du versant est de la Sila, par leur hellénisation précoce et le caractère stratégique des sites, évoquent l’installation de groupes de « soldats-paysans » sous l’autorité d’une petite aristocratie militarisée. Ces observations, et la construction des grandes enceintes refuges, suggèrent que les autorités byzantines se sont intéressées aux chôria, ne serait-ce que comme unités fiscales, lorsqu’elles ont commencé à reprendre le contrôle de la province. Il reste maintenant à étudier ce siècle extrêmement riche en fonction de thématiques renouvelées et en nuançant l’idée de récession : on peut ainsi se demander quelle est la part d’initiative des communautés rurales ou urbaines dans le domaine économique311, en gardant à l’esprit le modèle – absence de l’aristocratie – mis en évidence à Comacchio.

  • 312 Théophane, cité n. 6, p. 344, ici p. 422.

86C’est à la fin du VIIe siècle qu’apparaissent les signes de sérieuses difficultés économiques au travers du non-paiement de l’impôt ou du retard dans leur versement ; dans le cadre général de la crise financière de l’état, les patrimoines pontificaux ne pouvaient supporter la pression fiscale, qui augmente encore à partir des années 660. La province n’a cessé, depuis un siècle, de financer et d’assurer l’effort de guerre, et les péripéties de la deuxième vague d’invasion lombarde ont dû finir d’en user les forces : sans vouloir minimiser les autres explications, je pense que la récupération des années 740 est le meilleur indice de l’existence de cette crise. La Calabre est alors touchée par la dernière vague de la peste de Justinien312 qui frappe une population déjà certainement affaiblie : c’est dans ces années que doit être placé l’étiage démographique.

  • 313 Simples sols de terre battue et foyers en plein air à Scolacium, cabanes de dimensions réduites cre (...)
  • 314 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 621.

87La superficie des nouveaux kastra diminue de manière drastique et les anciennes villes se retirent sur la partie la plus haute de l’habitat ; on observe, sur les sites qui présentent une stratigraphie continue entre l’Antiquité tardive et le Moyen Âge central, une forte diminution de la céramique, réduite à quelques types morphologiques et un abaissement de la qualité des aménagements du bâti et de l’urbanisme313. On ne sait ce qu’il advient alors du village mais, même en faisant la part du regroupement des habitants, il n’en reste pas moins que les derniers sites de l’Antiquité tardive sont alors abandonnés314.

88Cependant, il faut souligner que la Calabre continue à exporter des amphores à Rome et dans l’Adriatique et que celles-ci sont présentes en nombre consistant à Tropea ; ce maintien d’une culture délicate comme la vigne, destinée au moins en partie à la commercialisation, et celui des réseaux d’échange de caractère public et/ou privé constituent un filon prometteur de la recherche. Les autorités byzantines tentent alors de rationaliser la fiscalité et de remédier au dépeuplement et à l’abandon des terres cultivées ; elles redistribuent ces dernières, et mettent en place un encadrement administratif, religieux et militaire, toutes choses parfaitement logiques, mais aussi paradoxales car l’impression est celle d’une carcasse, solide mais presque vide, qui devra être remplie lorsque s’amorcera une reprise.

Illustrations

Fig. 1 – Carte des principaux établissements cités dans le texte.

Fig. 1 – Carte des principaux établissements cités dans le texte.

Fig. 2 – Les territoires conservés par Byzance (en grisé)

Fig. 2 – Les territoires conservés par Byzance (en grisé)

Après la première invasion lombarde.

Fig. 3 – L’éparchie des Salines

Fig. 3 – L’éparchie des Salines

Domaine de Remindos dans la vie de saint Pancrace.

Fig. 4 – Le royaume d’Aquilinos dans la vie de saint Pancrace.

Fig. 4 – Le royaume d’Aquilinos dans la vie de saint Pancrace.

Fig. 5 – Les possessions byzantines (en grisé)

Fig. 5 – Les possessions byzantines (en grisé)

Au terme des campagnes de Constant II.

Fig. 6 – Les possessions byzantines (en grisé)

Fig. 6 – Les possessions byzantines (en grisé)

Après les dernières conquêtes de Romuald de Bénévent.

Fig. 7 – Carte des métaux et des aires métallurgiques.

Fig. 7 – Carte des métaux et des aires métallurgiques.

Fig. 8 – Carte des aires agricoles et du saltus montagneux.

Fig. 8 – Carte des aires agricoles et du saltus montagneux.

Fig. 9 – Cartes des zones viticoles

Fig. 9 – Cartes des zones viticoles

Des sites de fours et des sites de trouvaille d’amphores (triangles noirs : villae).

Fig. 10 – Carte de la Calabre à la fin du VIIIe siècle.

Fig. 10 – Carte de la Calabre à la fin du VIIIe siècle.
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Annexe

Abréviations

Ep.

S. Gregorii Magni registrum epistularum libri I-XIV, éd. D. Norberg, Turnhout (Corpus Christianorum, Series latina, 140-140 A), 1982.

G. goth.

Prokop Gotenkriege, éd. O. Veh, Munich (Tusculum-Bücherei, Prokop, II), 1966.

I. P. X

Regesta Pontificum Romanorum, Italia Pontificia. X, Calabriae-Insulae, éd. P. F. Kehr, W. Holtzmann, D. Girgensohn, Zurich, 1975.

L. P. I

Liber pontificalis, éd. L. Duchesne, I, Paris, 1955 2.

Paul Diacre

Pauli Historia Langobardorum, éd. L. Bethmann, G. Waitz, Monumenta Germaniae Historica, Scriptores rerum Langobardicarum et italicarum, Hanovre, 1878 (réimp. 1964), p. 12-187.

Var.

Magni Aurelii Cassiodori Senatoris opera. Pars I : Variarum libri XII, éd. A. J. Fridh, Turnhout (Corpus Christianorum, series Latina, 96), 1973.

Vie de Pancrace[BHG 1410a]

A. N. Veselovsky (éd.), Из истории романа и повести, II, Saint-Pétersourg (Сборникъ Отдѣленія русскаго языка и словесности Императорской Академіи Наукъ, 40-2), 1886, p. 73-110.

Vita S. Phantini[BHG 1508]

Vita S. Phantini confessoris a codice vaticano graeco n. 1989, éd. V. Saletta, Rome, 1963.

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Notes

1 V. Prigent, « Les évêchés byzantins de la Calabre septentrionale au VIIIe siècle », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 114, 2002, p. 931-953. On trouvera une liste des abréviations des sources en fin d’article.

2 V. Prigent, « Les empereurs isauriens et la confiscation des patrimoines pontificaux d’Italie du Sud », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 116-2, 2004, p. 557-594 ; Id., « Topotérètes de Sicile et de Calabre aux VIIIe-IXe siècles », Studies in Byzantine Sigillography, 9, 2006, p. 145-158 ; Id., « Le ‘ mythe du mancus’et les ‘ origines de l’économie européenne’ », texte du Oxford Medieval History Seminar, 2011.

3 Dénomination antique de l’actuelle Calabre, qui ne sera remplacée qu’à partir du milieu du VIIe siècle : voir infra n. 4, p. 334.

4 Paul Diacre, III, 32.

5 Ep. VII, 23.

6 Le propriétaire de plusieurs esclaves et d’un domaine où s’élève une église appartenant à ce diocèse est mort à Syracuse avant septembre 597 (Ep. VIII, 3) ; la fuite de ce possessor atteste une menace directe sur la région, qui a dû se concrétiser puisqu’il n’a pas regagné sa patrie. Cette date tardive suggère en outre que les Lombards n’ont pas suivi la via Popilia, mais sont remontés vers le nord une fois atteint le Savuto.

7 C’est du moins à lui que s’adresse Grégoire le grand (Ep. IX, 125) pour faire parvenir une lettre au duc Aréchis (Ep. IX, 127), mais peut-être n’y a-t-il là qu’une question de commodité.

8 Le toponyme désigne ici le castrum fondé par les autorités byzantines avant la fin du VIe siècle et où le siège épiscopal est transféré vers le début du siècle suivant, depuis le site romain de Scolacium, situé sur le littoral un peu plus au nord ; l’acropole a été fouillée en collaboration par la Surintendance aux Antiquités de la Calabre et l’École française de Rome de 1987 à 1999 : G. Noyé, « Les recherches archéologiques de l’École française de Rome sur la Calabre méridionale », Comptes rendus [de l’] Académie des inscriptions et belles lettres, nov-déc 1997 [1999], p. 1069-1100.

9 Voir en dernier lieu G. Noyé, « Aristocrazia, ‘Barbari’, guerra e insediamenti fortificati in Italia meridionale nel VI secolo », Atti del Convegno Aristocrazia e società tra transizione romano-germanica e altomedioevo (Cimitile-Santa Maria di Capua Vetere, 14-15 giugno 2012), éd. C. Ebanista, M. Rotili, Cimitile, 2014, p. 7-27.

10 Sur la construction du phrourion par les Grecs : G. got. III, 23.

11 Georgii Cypri descriptio orbis romani, éd. H. Gelzer, Leipzig, 1890, p. 28-29 et 90-91 ; E. Honigmann, Le Synecdémos d’Hieroclès et l’opuscule géographique de Georges de Chypre, Bruxelles, 1939, p. 51-52 ; IP X, p. 9-11 et 118. L’appellation est encore Βριττίων (no 532a) ou Βρεττανία (n o 567 et 572), de même que dans Ep. IX, 124, 125, 126 et 128.

12 Crotone n’est pas fortifiée au début de la guerre (G. got. III, 28 et 30), mais soutient ensuite un siège (ibid., IV, 25).

13 G. Noyé, « La Calabre et la frontière (VIe -Xe siècle) », Castrum IV. Frontière, peuplement et habitat dans le monde méditerranéen au Moyen Âge (Erice, 1988), éd. J.-M Poisson, Rome-Madrid, 1992, p. 277-308, ici p. 280-284 ; voir les sièges de Thurii (G. got. III, 30) et Reggio (ibid., III, 39).

14 Cf. supra n. 8, p. 324 et n. 1, p. 325.

15 G. got. III, 6 et 8.

16 G. Noyé, « L’espressione architettonica del potere. Praetoria bizantini e palatia longobardi nell’Italia meridionale », L’héritage byzantin en Italie, VIIIe -XIIe siècle. II, Les cadres juridiques et sociaux et les institutions publiques, éd. J.-M. Martin, A. Peters-Custot et V. Prigent, Rome (Collection de l’École française de Rome, 461), 2012, p. 389-451, ici p. 417-418.

17 Ibid.

18 G. Noyé, « Le città calabresi dal IV al VII secolo », Le città italiane tra la tarda Antichità e l’alto Medioevo. Atti del Convegno (Ravenna, 26-28 febbraio 2004), éd. A. Augenti, Florence, 2006, p. 477-517, ici p. 511.

19 Cf. supra n. 6, p. 324 ; il s’agit d’un site stratégique de hauteur aux puissantes défenses naturelles, qui domine l’ensemble du golfe de Catanzaro (l’actuelle Santa Maria del Mare) : G. Noyé, « Les Bruttii au VIe siècle », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 103, 1991, p. 501-551, ici p. 541-548 ; Ead., « Les recherches archéologiques de l’École française de Rome sur la Calabre médiévale », cité n. 6, p. 324, ici p. 1080-1096 ; Ead., « Economia e società nella Calabria bizantina (IV-XI secolo) », Storia della Calabria medievale. I, I quadri generali, dir. A. Placanica, Rome, 2001, p. 577-655, ici p. 624-628.

20 Ep. IX, 206 et 207.

21 Certains castra furent édifiés sur des propriétés ecclésiastiques, comme Gallipoli dans la massa pontificale homonyme (supra) et Squillace sur des terres appartenant au monastère Castellense (Ep. II, 31 ; Ep XIV, 9).

22 Celui d’Otrante est commandé par un tribun (Ep. IX, 206 et 207) et des magistri militum sont présents à Siponto (Ep. IX, 113 et 115) et à Naples (supra n. 5, p. 324).

23 Ep. III, 43 et Ep. IV, 5 (en 593) ; Ep. V, 55.

24 Ep. V, 9 (en 594).

25 Celui-ci réside, avec sa fille, dans la ville où il a affranchi deux esclaves en faveur desquels il dispose un legs, un autre étant prévu pour l’église de Saint-Georges ; il y meurt peu avant 599 (Ep. IX, 90).

26 A. M. Ardovino, « Edifici ellenistici e romani ed assetto territoriale a nord-ovest delle mura di Reggio », Klearchos, 19, 1977, p. 75-112 ; R. Spadea, « Lo scavo della stazione “Lido” (Reggio Calabria) », dans Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 103, 1991, p. 689-707.

27 Ep. V, 9 ; Vibona, sans doute protégée, comme la précédente, par une enceinte surmontée d’une acropole (supra n. 7, p. 325), s’est peut-être aussi sauvée : à la différence de presque toutes les autres villes, aucun problème n’y est en tout cas attesté (Ep. VI, 40 ; Ep. IX, 135).

28 Ep. VII, 23.

29 La chronologie des mentions de la fuite du clergé ou des possessores, et celle des demandes de rançons transitant par le Saint-Siège suivent une logique topographique correspondant à l’itinéraire suivant : Tauriana est atteinte en 591 (Ep. I, 39 pour la fuite des moines ; Ep. II, 15 et 16 pour l’évêque Paulinus ; Ep. VII, 38 pour le prêtre Marcianus) ; Myria est prise avant 594 (Ep. V, 9 pour l’évêque Severinus qui se réfugie à Squillace, l’archidiacre Leo et certains clercs qui se trouvent à Reggio et Ep. VII, 35 pour une partie au moins des ministeria à Messine) ; Crotone, on l’a vu, en 596 et Cosenza quelques mois au moins avant 597 (Ep. VIII, 3 pour un possessor du diocèse mort à Messine).

30 Necropoli e insediamenti fortificati nella Calabria settentrionale. I, Le necropoli altomedievali, éd. G. Roma, Bari, 2001 ; G. Roma, « Nefandissimi Langobardi : mutamenti politici e frontiera altomedievale tra ducato di Benevento e ducato di Calabria », I Longobardi del Sud, éd. G. Roma, Rome, 2010, p. 405-463.

31 Il ne quitte guère les zones plates : déjà suivi par Bélisaire à peine débarqué de Sicile (G. got. I, 8), puis par les Ostrogoths revenant de l’île (ibid. III, 39), il sera également emprunté par Constant II (L. P. LXXVIII, p. 344).

32 Ep. II, 35 ; la vacance d’un siège n’est pas obligatoirement un signe d’invasion, mais tel est aussi le cas des très proches Velia et Buxentum, simultanéité qui pourrait, à ce moment précis, indiquer une crise.

33 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 580 et 590. Des analyses sont actuellement en cours pour déterminer la date d’ouverture des mines (voir aussi M. Matzke, « L’attività mineraria e la monetazione », Le zecche italiane fino all’Unità, éd. L. Travaini, Rome, 2011, p. 271-291, ici p. 282). Pour l’émission de fragments de siliques à Bénévent : C. Morrisson, « Le zecche nell’Italia bizantina : un quadro d’insieme », Le zecche italiane, op. cit., p. 415-425, ici p. 417-418 (au début du VIIe siècle, sous Heraclius).

34 La massa de Tropea apparaît dans le Liber pontificalis vers le milieu du même siècle (L. P. I, XXXIII, Vie de Silvester, 314-335).

35 Var. VIII, 32 et 33.

36 Noyé, « Aristocrazia », cité n. 7, p. 324, ici p. 7-11.

37 Il dirige la défense de Rome en 595 (Ep. V, 36) et s’y trouve encore en 598 (Ep. IX, 78).

38 Ep. IX, 61 (Campanie) ; Ep. IX, 62 et 126 (Bruttium).

39 Les forêts du Poro, qui ravitaillaient auparavant Rome et sans doute l’arsenal de Vibona, étaient en revanche épuisées (Ep. IX, 128).

40 C’est ce que suggère la description des nécropoles (supra n. 2, p. 327).

41 G. Noyé, « Economia e insediamenti nell’Italia meridionale tra VII e X secolo », L’héritage byzantin en Italie, VIIIe -XIIe siècle. IV, Habitat et structure agraire (Rome, 17-18 décembre 2010), éd. J.-M. Martin, A. Peters-Custot et V. Prigent, Rome (Collection de l’École française de Rome), à paraître.

42 Ils résistent pourtant sans doute, au moins pour certains, à Constant II et jouent un rôle dans les guerres « lombardes » de la deuxième moitié du VIIe siècle ; les toponymes d’origine prédiale semblent indiquer qu’il s’agit d’anciens centres domaniaux.

43 G. P. Givigliano, « La topografia della Calabria attuale in età greca e romana », AA. VV., Calabria bizantina. Istituzioni civili e topografia storica, Rome, 1986, p. 75-80 ; P. G. Guzzo, « Tracce archeologiche dal IV al VII sec. d. C. nell’attuale provincia di Cosenza », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 91, 1979, p. 21-39 ; Id., « Il territorio dei Bruttii », Società romana e produzione schiavistica. I, L’Italia : insediamenti e forme economiche, éd. A. Schiavone, Rome-Bari, 1981, p. 115-135.

44 Noyé, « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 507, avec bibliographie.

45 Noyé, « Economia e insediamenti nell’Italia meridionale », cité n. 1, p. 329.

46 Bien que cette massa n’apparaisse qu’au début du VIIe siècle dans la documentation écrite (F. Russo, Regesto vaticano per la Calabria, I, Rome, 1974, n o 83, p. 43), elle a dû se constituer bien avant (on ne voit guère à quelle occasion ce don aurait pu se produire à cette époque tardive).

47 Pour le ravitaillement de Rome : Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 584-585 ; voir aussi supra n. 6, p. 328.

48 Ep. I, 42 ; Ep. I, 70.

49 Ep. IX, 89 : Romain, qui possède des propriétés dans toutes les provinces méridionales, veut être recommandé aux recteurs des différents patrimoines, ce qui laisse supposer qu’il y exploite aussi des terres ecclésiastiques.

50 Ep. IX, 61 (litige avec l’évêque de Reggio) et Ep. IX, 126 ; sur sa carrière à Rome et ses démêlés avec l’envoyé de la capitale : Ep. III, 28 ; Ep. IV, 14 ; Ep. V, 36 ; Ep. IX, 4, 56 et 78.

51 M. Buonocore, Regio III. Regium Iulium. Locri. Taurianum. Trapeia. Vibo Valentia. Copia Thurii. Blanda Iulia, Bari (Inscriptiones Christianae Italiae septimo saeculo anteriores, V), 1987, n o 14, p. 24-25.

52 Qui se lit par exemple dans les nécropoles de Tropea et sur les sites d’habitat du promontoire : G. Noyé, « Quelques observations sur l’évolution de l’habitat en Calabre du Ve au XIe siècle », Rivista di studi bizantini e neoellenici, n. s. 25, 1988, p. 57-138, ici p. 89-91, et Ead., « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 602 ; G. Di Gangi, C. M. Lebole Di Gangi, C. Sabbione, « Scavi medievali in Calabria : Tropea I, rapporto preliminare », Archeologia Medievale, 21, 1994, p. 351-374 ; G. Di Gangi, C. M. Lebole Di Gangi, « Dal Tardoantico al Bassomedioevo : inquadramento storico, dati di scavo e materiali del sito urbano di Tropea », Scavi medievali in Italia 1994-1995. Atti della prima conferenza italiana di archeologia medievale (Cassino, 1995), éd. S. Patitucci Uggeri, Rome-Fribourg-Vienne, 1998, p. 93-122.

53 Ep. I, 42 ; Ep. VI, 4 pour la Sicile.

54 Le monastère sancti Archangeli in Tropeis est très appauvri (Ep. II, 1 en 591).

55 Cf. supra n. 7, p. 326.

56 Les lamentations de Grégoire-le-Grand à propos des sommes déboursées abondent dans son épistolaire : outre les lettres déjà citées, voir pour Rome Ep. V, 36 ; Ep. V, 46 ; Ep. V, 59.

57 Ep. V, 36 (à propos du siège de Rome) ; Ep. VI, 33.

58 Les édifices religieux étaient jusque là modestes, peu visibles et souvent réaménagés dans des bâtiments désaffectés (à Thurii, Locres et Scolacium : G. Noyé, « Les villes des provinces d’Apulie-Calabre et de Bruttium-Lucanie du IVe au VIe siècle », Early Medieval Towns in the Western Mediterranean (Ravello, 1994), éd. G. P. Brogiolo, Mantoue (Documenti di archeologia, 10), 1996, p. 97-120 ; Ead., « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 490 et 495-498).

59 À Vibona et Scolacium ; G. Noyé, « Social Relations in Southern Italy », The Ostrogoths from the Migration Period to the Sixth Century. An Ethnographic Perspective, éd. S. J. Barnish, F. Marazzi, San Marino (Studies in Historical Archaeoethnology, 7), 2007, p. 183-202, ici p. 191-193.

60 Ep. III, 41 ; Ep. IV, 6, 11 et 15 ; Ep. V, 9 ; Ep. VII, 35 ; Noyé, « Les villes des provinces », cité n. 2, p. 331, ici p. 107.

61 Buonocore, Regio III, cité n. 4, p. 330, n o 7 et 8 ; Ep. VII, 35 (Myria).

62 Ep. VII, 35 : […] ut de argento Meriensis ecclesiae cuius miles esse dinoscitur.

63 Scolacium et Reggio (supra n. 1, p. 327).

64 Ep. II, 15 ; Ep. II, 16.

65 Ep. IX, 30.

66 Vita S. Phantini, fol. 197 v, lignes 196-205.

67 Ep. VII, 35.

68 Le modèle est assez proche de ceux de Myria et Tauriana pour inciter à situer cet établissement dans le sud du Bruttium, d’autant que les Lombards n’ont pas atteint la Sicile : Ep. VI, 9 ; Ep. IX, 130 et 135 (l’évêque est soumis au jugement de ses collègues du Bruttium) ; Ep. XIII, 14 et 15 (pour des raisons de proximité, l’évêque doit visiter le diocèse de Palerme).

69 Occasione dispersi barbarica (Ep. I, 39).

70 Ceux de Myria entre Squillace et Messine (Ep. V, 9 ; Ep. VII, 35).

71 Ep. VII, 23.

72 En Campanie, les domini ruinés ne pouvaient racheter leurs propres esclaves (Ep. VI, 32).

73 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 586-587.

74 Le fait se déduit des mesures fiscales byzantines du VIIe siècle.

75 Les armées furent mobilisées contre les Perses, les Slaves, qui infiltraient les Balkans depuis la fin du siècle précédent (J. Haldon, Byzantium in the Seventh Century. The Transformation of a Culture, Cambridge, 1990, p. 35) et les Avars. La première moitié du VIIe siècle voit les guerres se succéder.

76 P. Lemerle, « Invasions et migrations dans les Balkans depuis la fin de l’époque romaine jusqu’au VIIIe siècle », Revue historique, 211, 1954, p. 265-308 ; Id., « Les répercussions de la crise de l’Empire d’Orient au VIIe siècle sur les pays d’Occident », Atti V Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto Medioevo (Spoleto, 1957), II, Spolète, 1958, p. 713-731 ; AA. VV., Byzantion in the Seventh Century = Dumbarton Oak Papers, 13, 1959 ; J. Haldon, « Some Considerations on Byzantine Society and Economy in the Seventh Century », Byzantinische Forschungen, 10, 1985, p. 75-112.

77 Si le but était d’organiser au mieux la défense, la réunion entre les mains d’un seul personnage des pouvoirs civils et militaires était potentiellement dangereuse.

78 En 616, 619 et 642 : Haldon, Byzantium in the Seventh Century, cité n. 2, p. 333, ici p. 62-63 ; Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323.

79 F. Burgarella, « Bisanzio in Sicilia e nell’Italia meridionale : riflessi politici », Storia d’Italia, III, éd. G. Galasso, Turin, 1983, p. 162-185 ; S. Borsari, « L’amministrazione del tema di Sicilia », Rivista storica italiana, 66, 1954, p. 133-203, ici p. 134-137.

80 Ep. VI 23 ; Ep. VI 32.

81 Ep. IX, 126, adressée à Aréchis : […] ut actionarii vestri qui in loco sunt deputetis, et plus loin […] ut homines qui sub eis sunt.

82 I. P. X, passim ; Noyé, « La Calabre et la frontière », cité n. 2, p. 325, ici p. 295.

83 Pour les conciles du VIIe siècle, I. P. X ; L. Duchesne, « Les évêchés de Calabre », Mélanges Paul Fabre. Études d’histoire du Moyen Âge, Paris, 1902, p. 1-16 ; réimpr. dans Id., Scripta minora. Études de topographie romaine et de géographie ecclésiastique, Rome, 1973, p. 439-454 ; J. Gay, « Les diocèses de Calabre à l’époque byzantine », Revue d’histoire et de littérature religieuse, 4, 1900, p. 234-260 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 617.

84 À propos de la captivité du pontife : Regesta pontificum romanorum ab condita ecclesia ad annum MCXCVIII, éd. P. Jaffé, G. Wattenbach, S. Loewenfeld, D. Kaltenbruner, P. Ewald, Leipzig, 1885-1888, 2079 (1608) ; Paul Diacre V, 11. Mais la première attestation remonte au début du VIIe siècle : Cronaca di Monemvasia, éd. I. Duicev, Palerme (Istituto siciliano di studi bizantini e neoellenici. Testi e monumenti. Testi, 12), 1976, p. 12 ; voir aussi infra n. 2, p. 341.

85 G. Minasi, Le chiese di Calabria dal quinto al duodecimo secolo, Naples, 1896, p. 111 ; F. Russo, « La partecipazione dei vescovi calabro-greci ai concili (secc. VI-XIV) », La chiesa greca in Italia dall’VIII al XVI secolo (Bari, 1969), Padoue (Italia sacra. Studi e documenti di storia ecclesiastica, 21), 1972, p. 782-792 ; cette thèse avait été notamment combattue par Gay, « Les diocèses de Calabre », cité supra, p. 237).

86 M. Van Esbroeck, U. Zanetti, « Le dossier hagiographique de S. Pancrace de Taormine », Studi della Sicilia e tradizione agiografica nella tarda Antichità. Atti del Convegno di studi (Catania, 1986), éd. S. Pricoco, Catane, 1988, p. 155-171, ici p. 157.

87 Vie de Pancrace ; j’utilise ici l’édition de 1976 d’A. N. Veselovsky, et non l’édition critique de la Vie de Tauros éditée en 1994 par F. Angiò, « La Vita di Tauro dall’anonima Vita di S. Pancrazio di Taormina », Sileno, 20, 1994, p. 117-143, que je n’ai pu consulter.

88 A. Acconcia Longo, « La vita e i Miracoli di S. Fantino di Tauriana e l’identificazione dell’imperatore Leone ‘ eretico’ », Rivista di studi bizantini e neoellenici, n. s. 32, 1995, p. 77-90 ; Ead., « Tradizioni agiografiche di Calabria : la vita e i miracoli di S. Fantino di Tauriana », dans Calabria cristiana. Società. Religione. Cultura nel territorio della Diocesi di Oppido Mamertina-Palmi. I. Dalle origini al Medioevo. Atti del Convegno di studi (Palmi-Cittanova, 1994), éd. S. Leanza, Soveria Mannelli, 1999, p. 527-538.

89 S. Settis, « Tauriana (Bruttium) : note storico-archeologiche », Atti dell’Accademia nazionale dei Lincei, s. 8, Rendiconti, 19, 3-4, p. 117-144, p. 129, n. 66.

90 Vita S. Phantini, fol. 197 v, lignes 172-193.

91 Vie de Pancrace, p. 211.

92 Cf. supra n. 4, p. 335 : seul le fleuve a donc conservé le nom de la ville grecque disparue, qui s’étendait sur sa rive droite vers l’embouchure ; pour la topographie : R. Agostino, « Mètauros, il fiume e l’omonimo ὕφορμος (Strabo VI, 5 C 256) », Ricerche archeologiche e storiche in Calabria. Modelli e prospettive. Atti del Convegno in onore di Giovanni Azzimaturo, fondatore e presidente emerito dell’Istituto per gli Studi Storici di Cosenza (Cosenza, 24 marzo 2007), éd. G. Lena, Cosenza, 2008, p. 13-31.

93 Vita S. Phantini, fol. 197 v, ligne 194 sq.

94 Vie de Pancrace, p. 107.

95 Et ce sans préjuger de la forme urbaine ou non de l’oppidum des Tauriani qui aurait déjà acquis tous les caractères d’une ville (F. Costabile, « Le Origines dei Tauriani e dei Mamertini nel Bruzio. Fonti e dati archeologici », Calabria bizantina. L’eparchia delle Saline. Atti del XIII Incontro di studi bizantini (Reggio Calabria-Seminara, 23-24 oct. 2004), Soveria Mannelli, 2009, p. 271-290) ; Blanda offre un autre exemple de réduction progressive d’une ville à la condition de statio dans l’Antiquité tardive (Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 335, ici p. 607-608).

96 Noyé, « Quelques observations », cité n. 5, p. 330, ici p. 92-95 ; Ead., « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 599 (avec bibliographie) ; voir aussi R. Agostino, « Attestazioni di età romana da Taureana di Palmi », La Calabria Tirrenica nell’Antichità. Nuovi documenti e problematiche storiche. Atti del Conv. (Rende, 23-25 nov. 2000), éd. G. De Sensi Sestito, Soveria Mannelli, 2008, p. 519-546.

97 Noyé, « Les recherches archéologiques de l’École française de Rome », cité n. 6, p. 324, ici p. 1082-1085 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 589-591.

98 Pour la Sicile p. 323 : Prigent, « Le ‘mythe du mancus’ », cité n. 2, p. 323.

99 Noyé, « La Calabre et la frontière », cité n. 2, p. 325, ici p. 297-298.

100 Le « lieu glacé » doit correspondre aux hautes montagnes de l’Aspromonte.

101 Les variantes des différents manuscrits, pour la partie qui nous intéresse, se trouvent dans F. Angiò, « Tauro, Taureana e le Saline », Rivista storica calabrese, 18, 1997, p. 61-69, dont la traduction est par ailleurs, dans cet ouvrage, souvent différente de la mienne.

102 Il ne s’agit sans doute pas de Paleocastro (contra Angiò, « Tauro, Taureana e le Saline », cité supra, p. 64), mais d’un établissement de la vallée des Salines. Un palaion kastron existe vers le milieu du XIe siècle à côté de Hagia Agathè (près de l’actuelle Oppido), et désigne sans doute le site qui vient d’être abandonné au profit de la colline voisine où est alors refondée la ville sous un nom grécisé ; mais on précise encore : Hagia Agathè ègoun Oppidon, qui est le toponyme désignant l’habitat antique sans doute encore occupé durant le haut Moyen Âge) : A. Guillou, La Théotokos de Hagia-Agathè (Oppido) (1050-1064/1065), Cité du Vatican (Corpus des actes Grecs d’Italie du sud et de Sicile. Recherches d’histoire et de géographie, 3), 1972, n o 12 et 21.

103 Que je n’ai pu identifier.

104 Je pense qu’il faut choisir la variante τοῦ ῥοικοῦ, qui s’applique bien au tracé du Petrace pour l’identification duquel voir supra. Mais Turici est un toponyme attesté au nord-est de l’actuelle ville d’Oppido (contr. Molochio). Je ne suis pas d’accord avec la traduction « dell’Acqua Tirica e del Cerreto dei Sette Fratelli » (Angiò, « Tauro, Taureana e le Saline », cité n. 5, p. 337, ici p. 64).

105 Le toponyme désigne un bois de chêne : G. Rohlfs, Dizionario toponomastico e onomastico della Calabria, Ravenne, 1974, p. 52-53.

106 Vie de Pancrace, p. 95-96.

107 Le terme grec signifie « chaîne de montagnes aux pics dentelés » ; le toponyme Prionia se retrouve en 1031 : A. Guillou, Saint-Nicolas de Donnoso (1030-1060/1061), Cité du Vatican (Corpus des actes grecs d’Italie du Sud et de Sicile, 1), 1967, n o 1, p. 11.

108 Angiò, « Tauro, Taureana e le Saline », cité n. 5, p. 337, ici p. 64.

109 G. Noyé, C. Raimondo, A. Ruga, « Les enceintes et l’église du Monte Tiriolo en Calabre », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 110, 1998, p. 431-471.

110 J’avais d’abord attribué l’indécision des copistes à l’abandon définitif de l’établissement, que les listes épiscopales permettaient de situer vers la fin du VIIe siècle, car le toponyme aurait pu tomber dans l’oubli en l’espace d’un siècle, mais V. Prigent a depuis publié un sceau épiscopal du VIIIe siècle se rapportant à ce diocèse : Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 323.

111 Vie de Pancrace, p. 97.

112 Noyé, « La Calabre et la frontière (VIe-Xe siècle) », cité n. 2, p. 325, ici p. 298.

113 Cf supra n. 4, p. 337.

114 Vie de Pancrace, respectivement p. 102 et p. 94.

115 Noyé, « La Calabre et la frontière (VIe-Xe siècle) », cité n. 2, p. 325.

116 Qui est allé dans l’Aspromonte : Vie de Pancrace, p. 122-123.

117 Le premier après l’agression perpétrée par Aquilinos contre Rémindos, qui avait recueilli et élevé notre héros.

118 L. P. I, p. 343, repris par Paul Diacre, V, 11, p. 149-150 : […] omnia quae fuerant antiquitus instituta ex aere in ornamentum civitatis deposuit, in tantum ut etiam basilicam beatae Mariae, quae aliquando pantheum vocabatur […] discoperiret tegulasque aereas exinde auferret easque simul cum aliis omnibus ornamentis Constantinopolim transmitteret.

119 L. P. I, p. 346 et Paul Diacre, ibid. ; Noyé, « Les villes des provinces », cité n. 2, p. 331, ici p. 107 et 113.

120 Paul Diacre, V, 13 ; Gesta episcoporum Neapolitanorum, éd. G. Waitz, dans Monumenta Germaniae Historica, Scriptores rerum Langobardicarum et italicarum, Hanovre, 1878, p. 402-436, I, 31, p. 419 : auferentes quoque praedam nimiam et omne illud quod Constans augustus a Roma abstulerat ornatum in aere et diversis speciebus ; sicque Alexandria reversi sunt. Mais la réalité de cette expédition n’est pas acceptée par tous les historiens (S. Cosentino, « Constans II and the Byzantine Navy », Byzantinische Zeitschrift, 100, 2007, p. 577-630).

121 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 288 ; la production domine largement celle des autres ateliers italiens : C. Morrisson et V. Prigent, « La monetazione in Sicilia nell’età bizantina », Le zecche italiane fino all’unità, éd. L. Travaini, Rome, 2011, p. 427-434, ici p. 430.

122 Cette interprétation de la vie de Tauros a suscité une vive opposition de la part de Vera von Falkenhausen (V. von Falkenhausen, « L’ἐπαρχία delle Saline in epoca bizantina », Calabria bizantina XII e XIII. Luoghi e circoscrizioni amministrative. XIII. L’eparchia delle Saline [Reggio Calabria-Seminara, 23-24 ott. 2004], Reggio Calabria, 2009, p. 89-105), mais les arguments, tout à fait justifiés, qu’elle leur oppose, avaient déjà, il me semble, été réfutés dans mes précédents articles.

123 L. P. LXXVIII, vie de Vitalien (657-672), p. 343 : […] reversus Neapolim, inde terreno (Tyrreno) itinere perrexit Regio ; ingressus Sicilia per indictionem VII et habitavit in civitate Syracusana. Quelle que soit la lecture (terreno ou Tyrreno), l’empereur suivit la côte tyrrhénienne pour cheminer de concert avec sa flotte (Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 581). Dans la tradition de l’Antiquité tardive, cette dernière coopérait étroitement avec l’armée de terre (Cosentino, « Constans II », cité n. 3, p. 340, ici p. 578).

124 Sans doute postérieure à 650 puisqu’elle emploie le terme de « Calabre », elle est proche d’un catalogue du VIIe siècle conservé en annexe à l’Histoire des Lombards (Appendix I. Catalogus provinciarum Italiae, p. 188 ; autre édition : De provinciis Italiae, seu catalogus provinciarum Italiae, dans Itineraria et alia geographica, Turnhout, 1965) qui situe dans la Lucania, Pestus, Laynus, Cassanus, Cosentia, Malvitus et Regium et doit donc entériner les conquêtes effectuées par Romuald dans les années 680. Il faut noter à cette occasion que Reggio est systématiquement incluse dans les listes des deux bords.

125 Honigmann, Le Synecdémos d’Hieroclès, cité n. 9, p. 324, ici p. 53, n o 600. La leçon Kαλαβρίας τῆς κάτω du manuscrit le plus fiable de Georges de Chypre prouve qu’au moment de l’interpolation on distinguait une Calabre restée byzantine d’une Calabre devenue lombarde. L’interpolation est postérieure au milieu du VIIe siècle, car l’appellation « Calabre » y apparaît mais elle n’a pas encore remplacé Λοκροί par Ἅγια Κυριακή et ignore Amantea, qui apparaît au VIIe siècle dans l’Anonyme de Ravenne (Itineraria Romana. II, Ravennatis Anonymi Cosmographia et Guidonis Geographica, éd. J. Schnetz, Leipzig, 1940, IV, 30-32, p. 69).

126 La fidélité des habitants du golfe de Tarente est obtenue, durant la guerre gréco-gothique, grâce au refuge constitué par l’enceinte urbaine : G. goth. III, 24.

127 Cf. supra, n. 4 et 5, p. 336.

128 Pour la fouille : C. M. Lebole Di Gangi, « Saggio nell’abitato altomedievale di Paleapoli », Mélanges de l’École française de Rome, 103, 1991, p. 575-598 ; pour l’hypothèse : Noyé, « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 512-515.

129 Vie de Pancrace, p. 103 (il s’agit de la fondation de Taormina) ; pour Squillace : Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 624-627.

130 Voir les réflexions de F. Marazzi à propos de Rome (F. Marazzi, « Roma, il Lazio, il Mediterraneo : relazioni fra economia e politica dal VII al IX secolo », La storia economica di Roma nell’alto Medioevo alla luce dei recenti scavi archeologici. Atti del Seminario (Roma, 1992), éd. L. Paroli, P. Delogu, Florence (Biblioteca di Archeologia medievale, 10), 1993, p. 267-285, ici p. 268).

131 Gesta episcoporum Neapolitanorum, cité n. 3, p. 340, ici I, 31, p. 419 : gens Sarracenorum […] Siciliam invadunt, Syracusae ingrediuntur multamque stragem faciunt populorum, vix paucis evadentibus, qui per munitissima castra et iuga confugerant montium […].

132 Noyé, Raimondo, Ruga, « Les enceintes », cité n. 5, p. 338.

133 G. Noyé, « Byzance et l’Italie méridionale », Byzantium in the Ninth Century : Dead or Alive ?, éd. L. Brubaker, Aldershot, 1998, p. 229-243.

134 Haldon, Byzantium in the Seventh Century, cité n. 2, p. 333, ici p. 60-61.

135 Codex Carolinus, éd. W. Gundlach, dans Monumenta Germaniae Historica, Epistulae, 3, Berlin, 1892, p. 514-517.

136 C. Raimondo, « Aspetti di economia e società nella Calabria bizantina : le produzioni ceramiche del medio ionio calabrese », Histoire et culture dans l’Italie byzantine. Acquis et nouvelles recherches, éd. A. Jacob, J.-M. Martin, G. Noyé, Rome (Collection de l’École française de Rome, 363), 2006, p. 407-443 ; ce moment rend sans doute compte de l’appartenance de la ville au Bruttium lombard en 680 (voir infra).

137 Noyé, « Economia e insediamenti nell’Italia meridionale », cité n. 1, p. 329.

138 Pour Duchesne, « Les évêchés de Calabre », cité n. 3, p. 334, ici p. 5, et Gay, « Les diocèses de Calabre », cité n. 3, p. 334, ici p. 237, la ville aurait échappé à la première vague d’invasion et ne tomberait qu’avec Tarente.

139 Paul Diacre, VI, 1, p. 164, § 1 : et omnem illam quae in circuitu est latissimam regionem suae dicioni subiugavit (avant sa mort en 687).

140 L. P., I, LXXXI, p. 350.

141 Théophane, Theophanis chronografia, éd. C. de Boor, I, Leipzig, 1883, 22-23, p. 398. Les diverses traductions expriment clairement cet état de fait : H. Turtledove, The Chronicle of Theophanes, Philadelphie, 1982, p. 82 (« the Lombards who were nearby in Calabria »), Burgarella, « Bisanzio in Sicilia », cité n. 6, p. 333, ici p. 90 (« rifugiatosi presso i Longobardi della Calabria ») ; celle de L. Breyer, Bilderstreit und Arabersturm in Byzanz. Das 8. Jahrundert (717-813) aus der Weltchronik des Theophanes, 2e éd., Graz (Byzantinische Geschichtsschreiber, 6), 1964, p. 30 (« chez les Lombards, aux confins de la Calabre ») est plus neutre. Sur Serge et son candidat : V. Prigent, M. Nichanian, « Les stratèges de Sicile. De la naissance du thème au règne de Léon V », Revue des études byzantines, 61, 2003, p. 97-141, ici p. 103-105.

142 Cf supra n. 3, p. 341 ; l’expression pourrait même suggérer une datation un peu plus basse pour l’éparchie des Salines.

143 L. P. I, LXXXIII, p. 366.

144 L. P. I, LXXXV, p. 368-369.

145 Voir infra.

146 Borsari, « L’amministrazione del tema di Sicilia », cité n. 6, p. 333, ici p. 138-139 ; V. von Falkenhausen, La dominazione bizantina nell’Italia meridionale dal IX al XII secolo, Bari, 1978, p. 6-7 et 151.

147 Voir les réflexions de F. Marazzi, « Il Sud dell’Italia fra i secoli VII e VIII », 711. Arqueologia e historia entre dos mundos, II, Madrid (Zona arqueológica, 17), 2011, p. 385-401.

148 Noyé, « Les recherches archéologiques de l’École française de Rome », cité n. 6, p. 324 ; Ead, « Byzance et l’Italie méridionale », cité n. 1, p. 343 ; Ead, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325.

149 N. Novelli, R. Veneziano, « Mineralizzazioni cuprifere ed attività metallurgica in Calabria », Archeometallurgia : dalla conoscenza alla fruizione (Atti del workshop, 22-25 mai 2006, Cavallino, LE), éd. C. Giardino, Bari (Beni Archeologici ; Conoscenza e tecnologie, Quaderno 8), 2011, p. 267 sq. ; A. Quercia, « Forge e ferro nell’Italia meridionale in età romana », dans Archeometallurgia, op. cit., p. 193 sq.

150 P. G. Guzzo, « Due crogioli per oro da Scalea », Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, 87, 1975, p. 69-79.

151 M. Guarascio, « Un contributo di dati e metodi della ricerca geomineraria in archeologia : il caso di Temesa », Temesa e il suo territorio (Perugia-Trevi, 1981), Tarente (Magna Grecia, 2), 1982, p. 125-142 ; F. Cuteri, « Risorse minerarie ed attività metallurgica nella Sila Piccola meridionale e nella Pre-Sila del versante tirrenico. Prime osservazioni », Tra l’Amato e il Savuto, II. Studi sul Lametino antico e tardoantico, éd. G. De Sensi Sestito, Soveria Manelli, 1999, p. 193-317.

152 Noyé, « Les recherches archéologiques de l’École française de Rome », cité n. 6, p. 324, ici p. 1082-1083 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, Fig. 1, p. 580 et p. 590-592 ; Noyé, « Economia e insediamenti nell’Italia meridionale », cité n. 1, p. 329.

153 Var. IX, 3, supra, p. 331.

154 Ep. V, 9 et VII, 35 ; sur Myria : V. von Falkenhausen, « Ecclesia myriensis oppure ecclesia mystiensis », Archivio storico per la Calabria e la Lucania, 55, 1988, p. 47-55.

155 Cf. supra n. 2, p. 340.

156 R. Spadea, « Crotone : problemi del territorio fra tardoantico e medioevo », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 103, 1991, p. 553-573.

157 Vie de Pancrace, p. 103-105.

158 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 590.

159 L’or et l’argent étaient également travaillés en Sicile du VIe au IXe siècle : L. Cracco-Ruggini, « La Sicilia fra Roma e Bisanzio », Storia della Sicilia, III, éd. R. Romeo, Naples, 1980, p. 90-91, 134 et 201.

160 Morrisson et Prigent, « La monetazione in Sicilia », cité n. 4, p. 340 ; Prigent, « Le “mythe du mancus” », cité n. 2, p. 323.

161 Morrisson, « Le zecche nell’Italia bizantina », cité n. 5, p. 327, ici p. 418.

162 D. Castrizio, « La zecca bizantina di Reggio dopo la conquista araba di Siracusa », XII. Internationaler Numismatischer Kongress Berlin 1977. Akten, II, éd. B. Kluge, B. Weisser, Berlin, 2000, p. 859-861 ; Id., « I ripostigli di Via Giulia (RC) e del Kastron di Calanna e la zecca bizantina di Reggio sotto Basilio I e Leone VI », Revue Numismatique, 158, 2000, p. 209-219.

163 Prigent, « Le ‘mythe du mancus’ », cité n. 2, p. 323.

164 Voir supra n. 4, p. 340.

165 Noyé, « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 514-515.

166 Noyé, « Aristocrazia », cité n. 7, p. 324.

167 Il s’agirait d’une spécificité du thème de Sicile : Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2.

168 Ardovino, « Edifici ellenistici », cité n. 6, p. 326 ; Spadea, « Lo scavo », cité n. 6, p. 326.

169 L. Costamagna, « La sinagoga di Bova Marina nel quadro degli insediamenti tardoantichi della costa ionica della Calabria », dans Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 103, 1991, p. 611-630.

170 Spadea, « Lo scavo », cité n. 6, p. 326.

171 Pour la continuité de cette industrie jusqu’au XIe siècle : Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 590-591.

172 Cf. supra n. 6, p. 324 et 8, p. 325.

173 Lebole di Gangi, « Saggio nell’abitato altomedievale di Paleapoli », cité n. 3, p. 342. On ne dispose en revanche d’aucun élément permettant de supposer une exploitation privée.

174 Pour la trouvaille de scories : F. Cuteri, « L’insediamento tra VIII e XI secolo. Strutture, oggetti, culture », Il castello di Santa Severina : ricerche archeologiche, éd. R. Spadea, Soveria Mannelli, 1998, p. 49-91.

175 Les sociétés de publicains, puis les sénateurs qui y étaient largement possessionnés exploitaient à outrance le bois et la poix de la Sila, la seconde activité surtout étant extrêmement destructrice.

176 Cf. supra n. 6, p. 328 ; le port de la ville (Bivona) devint impraticable au Ve siècle (G. Lena, « Vibo Valentia. Geografia e morfologia della fascia costiera e l’impianto del porto antico », Annali della Scuola Normale Superiore di Pisa, classe di lettere e filosofia, s. 3, 19-2, 1989 [= Giornate di studio su Hipponion-Vibo Valentia ], p. 583-607 ; A. Rotella, F. Sogliani, « Il materiale ceramico tardoantico e altomedievale da contesti di scavo e dal territorio nella Calabria centro-meridionale », Ceramica in Italia, VI-VII sec. Atti del convegno in onore di J. Hayes [British School-American Academy, Rome, 1995], éd. L. Saguì, Florence [Biblioteca di archeologia medievale, 14], 1998, p. 769-776).

177 Le port de Sibari/Thurii s’ensable à partir du début de notre ère : Guzzo, « Il territorio dei Bruttii », cité n. 3, p. 329 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 582.

178 Voir infra.

179 Var. VIII, 31 ; Cassiodore, Institutiones, éd. R. A. B. Mynors, Oxford, 1937, p. 74 ; G. goth. III, 21 ; Vie de Pancrace, p. 96.

180 Ep. IX, 124, 125, 126 et 128.

181 L. P. I, LXXXVI, p. 375 : […] et trabes fecit de Calabria adduci et quae in eadem basilica vetustissimas invenit renovavit (il s’agit de la basilique de Saint-Paul sous Sergius, 687-701).

182 L. P. I, XCI : Hic maximam partem basilicae beati Pauli apostoli quae ceciderat, allatis de Calabria trabibus cooperit. Sancti Laurentii pariter ecclesiam foris muros sitam, quae trabibus confractis ruinae iam erat vicina, reparavit (Grégoire II, 715-731). Voir aussi la liste dressée par V. Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 588).

183 Codex Carolinus, cité n. 3, p. 343, no 65, p. 593.

184 Scolacium, Gerace, Santa Severina (Noyé, « Byzance et l’Italie méridionale », cité n. 1, p. 343, ici p. 238 ; Ead., « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 583 et 628).

185 C. F. Crispo, « I viaggi di M. T. Cicerone a Vibo », Archivio storico per la Calabria e la Lucania, 11, 1941, p. 1-20, 183-199, 225-233.

186 P. Orsi, « XVIII. Reggio Calabria. Scoperte negli anni dal 1911 al 1921 », Not. Scavi Antichità, 1922, p. 151-186, ici p. 28-29 ; Givigliano, « La topografia della Calabria », cité n. 3, p. 329, ici p. 61.

187 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 582.

188 On pense évidemment à la reconquête du littoral sud-est de la Calabre.

189 Haldon, Byzantium in the Seventh Century, cité n. 2, p. 333, ici p. 35.

190 L. P. I, LXXVIII, p. 344.

191 À cette époque des chelandie : Βίος καὶ πολιτεία τοῦ ὁσίου Πατρὸς ἡμών Νείλου τοῦ Νέου, éd. G. Giovanelli, Badia di Grottaferrata, 1972, c. 60.

192 C. Zuckerman, « Learning from the Enemy and More : Studies in “Dark Centuries” Byzantium », Millenium, 2, 2005, p. 79-135. Les Calabrais constituent une bonne partie des équipages lors des sièges de Bari en 1071 et de Palerme en 1072 : J.-M. Martin, G. Noyé, « Les façades maritimes de l’Italie du sud : défense et mise en valeur (IVe-XIIIe siècle) », Castrum 7. Zones côtières littorales dans le monde méditerranéen au Moyen Âge : défense, peuplement, mise en valeur (Rome, 1996), éd. J.-M. Martin, Rome-Madrid (Collection de l’École française de Rome, 105/7 – Collection de la Casa de Velázquez, 76), 2001, p. 467-519, ici p. 500 ; Storia de’Normanni di Amato di Montecassino, éd. V. De Bartholomaeis, Rome (Fonti per la storia d’Italia, 76), 1935, V, 26-27 ; D. P. Waley, « Combined Operations in Sicily », Papers of the British School at Rome, 22, 1954, p. 118-125.

193 Zuckerman, « Learning from the Enemy and more », cité supra, n. 1, p. 297 ; ainsi se trouve d’ailleurs levée l’objection formulée par C. Zuckerman ; mais voir infra n. 4.

194 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 622.

195 Constant II est le seul empereur qui ait participé à une bataille navale, celle des Masts ; il était conscient de l’importance de la flotte musulmane et emmena d’ailleurs avec lui une partie au moins de la flotte centrale en Italie (Cosentino, « Constans II », cité n. 3, p. 340, ici p. 577, 585 et 593 ; selon le même auteur, on imagine difficilement que l’empereur ait pu s’inspirer des Musulmans).

196 Ce que ne font pas toujours les chercheurs qui ont relu ces sources : Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 295-296.

197 Var. VIII, 33.

198 Voir par exemple C. Beck-Bossard, A.-M. Flambard, E. Gareri, G. Noyé, « Nuovi scavi nel castello di Scribla in Calabria », Archeologia Medievale, 8, 1981, p. 527-548.

199 Notamment par les Aurelii (Var. I, 4 ; II, 31 ; XII, 4).

200 Vita S. Phantini, p. 40-42, 53, 55, 61 et 68-69.

201 Noyé, « Les villes des provinces », cité n. 2, p. 331, ici p. 101-103.

202 Ibid. ; Theodosiani libri XVI. II, Leges Novellae ad Theodosianum pertinentes, éd. T. Mommsen, P. M. Meyer, Berlin, 1905, XIV, 4, 4 ; J. Durliat, De la ville antique à la ville byzantine. Le problème des subsistances, Rome (Collection de l’École française de Rome, 136), 1990, p. 55, 74-75, 94 et 99 ; R. Delmaire, « Compte-rendu de Jean Durliat, De la ville antique à la ville byzantine », Antiquité tardive, 1, 1993, p. 253-257, ici p. 254-255.

203 Cette hypothèse se fonde sur le fait que tous les fours à amphore jusqu’ici identifiés sont situés à côté d’une grande villa flanquée d’un village pouvant rassembler la main d’œuvre ; fait exception le site de Pellaro, qui cesse justement de fonctionner à cette époque. Le délai avant la restauration d’un vignoble saccagé est important ; il fallait donc pour cela des réserves de numéraire.

204 Pour la viticulture et les amphores : Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 584-586, avec bibliographie.

205 L. P. I, XXXIII, p. 174 (Vie du pape Silvestre, 314-335) ; je pense que la mass. Trapeas, territurio Catinense est bien celle de Tropea, et que l’erreur de localisation résulte d’une erreur du copiste en raison de la présence du même mot à la ligne précédente. Voir Noyé, « Quelques observations », cité n. 5, p. 330, ici p. 89-91.

206 G. Di Gangi, C. M. Lebole, « La Calabria bizantina (VI-XIV secolo) : un evento di lunga durata », Histoire et culture dans l’Italie byzantine, cité n. 1, p. 344, ici p. 471-487 ; Di Gangi, Lebole di Gangi, Sabbione, « Scavi medievali in Calabria », cit n. 5, p. 330.

207 Rotella, Sogliani, « Il materiale ceramico », cité n. 6, p. 350.

208 Noyé, « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 484, avec bibliographie.

209 Rotella, Sogliani, « Il materiale ceramico », cité n. 6, p. 350.

210 Voir supra.

211 Voir le cas de Faragola, en Capitanate : Faragola. 1, Un insediamento rurale nella Valle del Carapelle. Ricerche e studi, éd. G. Volpe, M. Turchiano, Bari (Insulae Diomedeae. Collana di ricerche storiche e archeologiche, 12), 2009.

212 Novelle 9 de Valentinien III, en 440 (Code théodosien, cité n. 6, p. 354, ici p. 90).

213 L. Saguì, M. Ricci, D. Romei, « Nuovi dati ceramologici per la storia economica di Roma tra VII e VIII secolo », La céramique médiévale en Méditerranée. Actes du VIe Congrès de l’AIECM 2 (Aix-en-Provence, 1995), éd. G. Demians d’Archimbaud, Aix-en-Provence, 1997, p. 35-48 ; L. Saguì, « Il deposito della Crypta Balbi : una testimonianza imprevedibile sulla Roma del VII secolo ? », Ceramica in Italia, cié. n. 6, p. 350, p. 305-333.

214 G. Di Gangi, C. M. Lebole Di Gangi, « Anfore Keay LII e altri materiali ceramici da contesti di scavo della Calabria centro-meridionale (V-VIII sec.) », Ceramica in Italia, cité n. 6, p. 350, p. 761-768 ; Roma dall’antichità al medioevo. II, Contesti tardoantichi e altomedievali, éd. L. Paroli, L. Venditelli, Rome, 2004 ; Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 297.

215 P. Arthur et al., « Fornaci medievali ad Otranto. Nota preliminare », Archeologia Medievale, 19, 1992, p. 91-127.

216 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 297.

217 Ibid., avec citation de O. Karagiorgiou, « LR2 : A Container for the Military “Annona” on the Danubian Border ? », Economy and Exchange in the East Mediterranean during Late Antiquity : Proceedings of a Conference at Somerville College (Oxford, 29th May 1999), éd. S. Kingsley, M. Decker, Oxford, 1999, p. 129-166) ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 297.

218 C. Raimondo dans Noyé, Raimondo, Ruga, « Les enceintes », cité n. 5, p. 338.

219 G. Murialdo, « Le anfore di trasporto », S. Antonino : un insediamento fortificato nella Liguria bizantina, éd. T. Mannoni, G. Murialdo, Bordighera (Istituto internazionale di studi liguri. Collezione di monografie preistoriche ed archeologiche, 12), 2001, p. 255-299.

220 Cf. supra n. 6, p. 357 ; Raimondo, « Aspetti », cité n. 1, p. 344.

221 Pour la production d’amphores dans la zone Paleapoli-Gerace : Lebole Di Gangi, « Saggio nell’abitato altomedievale di Paleapoli », cité n. 3, p. 342 ; C. M. Lebole Di Gangi, « Gli scavi alla chiesa dell’Annunziatella a Gerace e considerazioni sulla ceramica altomedievale e medievale nella zona di Locri-Gerace », Calabria bizantina. Civiltà bizantina nei territori di Gerace e Stilo. Atti dell’XI Incontro di studi bizantini (Locri, Stilo, Gerace, 1993), Soveria Manelli, 1998, p. 573-610 ; Di Gangi, Lebole Di Gangi, « Anfore Keay LII », cité n. 2, p. 357.

222 Particulièrement Ep. I, 42 et IX, 15.

223 L. Ruggini, Economia e società nell’Italia annonaria. Rapporti fra agricoltura e commercio dal IV al VI secolo d. C., Milano, 1961 (réimp. Bari, 1995).

224 On ne possède pas toutefois de traces écrites à cet égard.

225 L. Cracco-Ruggini, « Vicende rurali dell’Italia antica dall’età tetrarchica ai Longobardi », Rivista storica italiana, 76, 1964, p. 261-286 ; Ead., « La Sicilia fra Roma e Bisanzio », cité n. 5, p. 348 ; Ruggini, Economia e società nell’‘Italia annonaria’, cité n. 4, p. 358.

226 […] et omnis tritici quantitas quae in horreis ecclesiae nostrae suscepta fuerat, vobis tradi per omnia debuisset et scripsistis [i. e. le curator sitonici], ut hoc ipsum parari in specie faceremus (Ep. IX, 15).

227 […] durum ac erat omnino difficile, ut res, quae nec servari, nec eo tempore ad emendum poterat inveniri, in specie restitui peteretur […] cum maiori omnino dispendio, frumenta ipsa […] in specie facere praeparari (Ep. IX, 15).

228 […] quae summa eiusdem sitonici ab horreariis ecclesiae sit suscepta, prodi inter acta publica debuisset (ibid.).

229 Ruggini, Economia e società nell’Italia annonaria, cité n. 4, p. 358, ici p. 211-220.

230 Durliat, De la ville antique à la ville byzantine, cité n. 6, p. 354, ici p. 271.

231 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 269 : « l’approvisionnement de la capitale revêtait une valeur politique et idéologique des plus fortes » et p. 289 : « Bien sûr l’État avait supprimé l’essentiel des versements gratuits de l’annone mais il ne pouvait se désengager totalement de l’approvisionnement de sa capitale dont la taille nécessitait que le pouvoir s’intéressât au problème ».

232 Marazzi, « Roma, il Lazio, il Mediterraneo », cité n. 5, p. 342, ici p. 271.

233 Durliat, De la ville antique à la ville byzantine, cité n. 6, p. 354, ici p. 123-160.

234 Di Gangi, Lebole Di Gangi, « Anfore Keay LII », cité n. 2, p. 357. Mais on se heurte à un vide documentaire pour la fin du VIe siècle et le VIIe siècle même si ce « conteneur fiscal » y est utilisé.

235 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323 ; voir infra.

236 Il vetro in Calabria. Contributo per una carta di distribuzione in Italia, éd. A. Coscarella, Soveria Mannelli, 2003 ; La conoscenza del vetro in Calabria attraverso le ricerche archeologiche. Atti della Giornata di Studio (Università della Calabria, 2004), éd. A. Coscarella, Soveria Mannelli, 2007.

237 Théophane, cité n. 6, p. 344, ici p. 296 (récit de la révolte d’Héraclius l’Ancien, qui bloque le départ des navires vers Constantinople).

238 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 289. Pour l’Égypte, ibid. n. 121 et les Miracles de saint Démétrius (P. Lemerle, Les plus anciens recueils des miracles de Saint Démétrius, I, Paris, 1979, p. 107-108, et traduction p. 103-105).

239 Voir infra.

240 En 639, les troupes de Rome pillent le Latran où l’argent de leur solde serait caché : Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 323, ici p. 571-572.

241 G. goth. III, 28.

242 Crotone : Noyé, « Les Bruttii », cité n. 8, p. 325, ici p. 508 ; Ead., « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 505 et 507 ; Scolacium : Var. II, 15.

243 La production de la région est assez connue pour que la Vita S. Phantini la mentionne (fol. 196 v, lignes 113 sq., p. 42).

244 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 587-588.

245 Var. VIII, 31.

246 D. Vera, « Aristocrazia romana ed economie provinciali nell’Italia tardoantica : il caso siciliano », Quaderni catanesi di studi classici e medievali, 10, 1988, p. 115-172, ici p. 164-167.

247 G. Noyé, « Anéantissement et renaissance des élites dans le sud de l’Italie, Ve -IXe siècles », Les élites au haut Moyen Âge. Crises et renouvellements (Rome, 6-8 mai 2004), éd. F. Bougard, L. Feller, R. Le Jan, Turnhout (Collection Haut Moyen Âge, 1), 2006, p. 167-205, ici p. 183-184.

248 Ruggini, Economia e società nell’Italia annonaria, cité n. 4, p. 358 ; L. Cracco-Ruggini, « Vicende rurali dell’Italia antica dall’età tetrarchica ai Longobardi », cité n. 2, p. 359.

249 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 588.

250 Dans les lexiques gréco-latins occidentaux ; cf. W. Brandes, Finanzverwaltung in Krisenzeiten. Untersuchungen zur byzantinischen Administration im 6.-9. Jahrhundert, Francfort-sur-le-Main (Forschungen zur byzantinischen Rechtsgeschichte, 25), 2002, p. 239-427.

251 M. F. Hendy, The Economy, Fiscal Administration and Coinage of Byzantium, Northampton (Variorum Reprints), 1989 ; J. Haldon, « Synônê : Re-Considering a Problematic Term of Middle Byzantine Fiscal Administration », Byzantine and Modern Greek Studies, 18, 1994, p. 116-153, ici p. 130-131, dont les conclusions sont largement acceptées par W. Brandes ; V. Prigent, « Le rôle des provinces d’Occident dans l’approvisionnement de Constantinople (618-717). Témoignages numismatique et sigillographique », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 118, 2006, p. 269-299, ici p. 293.

252 Ibid.

253 Ibid. ; contra Hendy et Haldon, cités supra, n. 1.

254 Années indiquées par le seul sceau de commerciaire qui ait pu être précisément daté (ibid.).

255 Diverses solutions ont été alors adoptées pour ce fret (par exemple des contrats passés avec des armateurs privés, dont certains étaient les capitaines de leurs navires) : Prigent, « Le rôle des provinces », cité n. 1, p. 364.

256 C. Morrisson, « La Sicile byzantine : une lueur dans les siècles obscurs », Numismatica e antichità classiche, 27, 1998 (= Quaderni Ticinesi), p. 307-334, ici p. 333-334 : la récession générale de l’économie monétaire à partir de Constant II y est très atténuée. Or pour J. Haldon, il s’agit justement du facteur accélérant l’évolution vers la sunonè médiévale.

257 Ensuite en charge de l’exaction fiscale.

258 Prigent, « Le rôle des provinces », cité n. 1, p. 364, ici p. 291.

259 Des fosses silos ont été mises en évidence dans les praetoria des kastra de Squillace et de Hagia-Kuriakè/Gerace pour le VIIIe siècle : Noyé, « Les recherches archéologiques de l’École française de Rome », cité n. 6, p. 324, ici p. 1081-1082 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 628-632.

260 Prigent, « Le rôle des provinces », cité n. 1, p. 364, ici p. 294.

261 Contra Zuckerman, « Learning from the Enemy », cité n. 1, p. 353.

262 Voir infra et Cosentino, « Constans II », cité n. 3, p. 340, ici p. 593.

263 J. Haldon rappelle cependant que Constant II a voulu déplacer le centre de l’Empire et possédait de nombreux ennemis à Constantinople (J. Haldon, « Some Considerations on Byzantine Society and Economy in the Seventh Century », cité n. 3, p. 333).

264 M. McCormick, « Bateaux de vie, bateaux de mort. Maladie, commerce, transports annonaires et le passage économique du bas-Empire au Moyen Âge », Morfologie sociali e culturali in Europa fra tarda Antichità e alto medioevo (Spoleto, 3-9 aprile 1997), Spolète (Settimane di studio del centro italiano di studi sull’alto medioevo, 45-1), 1998, p. 35-122 ; Id., Origins of the European Economy : Communications and Commerce, c. 300-c. 900, Cambridge, 2001.

265 L. P. I, LXXXIII, p. 366.

266 F. Marazzi voit d’ailleurs dans cette mesure impériale, comme dans la suivante, un exemple des accords âprement négociés entre les deux puissances à propos de l’imposition (Marazzi, « Roma, il Lazio, il Mediterraneo », cité n. 5, p. 342 ; cf. supra).

267 Cf. supra n. 2, p. 362.

268 L. P. I, LXXXV, p. 368-369 : […] et aliam iussionem direxit ut restituantur familia suprascripti patrimonii et Siciliae quae in pignere a militia detinebantur. Familia est employé collectivement pour désigner les habitants du patrimoine pontifical depuis Grégoire-le-Grand (= ceux qui appartiennent à la familia ecclésiastique des massae). Si la leçon est familiae, on peut y voir soit un nominatif pluriel et l’entendre comme « les familles du patrimoine », soit un datif singulier et le traduire par « restituer des biens à la familia du patrimoine », solution que j’avais d’abord choisie. Mais la leçon la plus fiable est familia, nominatif ou ablatif singulier. Pour les éditeurs du texte, il semble donc que familia soit un terme collectif qui appelle en latin un verbe au pluriel.

269 Haldon, Byzantium in the Seventh Century, cité n. 2, p. 333, ici p. 73-74.

270 Burgarella, « Bisanzio in Sicilia », cité n. 6, p. 333, ici p. 184-185.

271 Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 323, ici p. 935.

272 Von Falkenhausen, La dominazione bizantina, cité n. 5, p. 345, ici p. 8.

273 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 621.

274 Prigent, « Les empereurs isauriens et la confiscation des patrimoines pontificaux d’Italie du Sud », cité n. 2, p. 323, ici p. 567, qui signale l’existence de onze sceaux de drongaires pour la Calabre et la Sicile.

275 Ibid., p. 563-565.

276 Théophane, cité n. 6, p. 344, ici p. 410, 1, 9-16.

277 Prigent, « Les empereurs isauriens », cité n. 2, p. 323, ici p. 566-569, avec toute la bibliographie concernant les diverses hypothèses.

278 Noyé, « Byzance et l’Italie méridionale », cité n. 1, p. 343, ici p. 233 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 621.

279 Marazzi, « Roma, il Lazio, il Mediterraneo », cité n. 5, p. 342.

280 Prigent, « Les empereurs isauriens », cité n. 2, p. 323, ici p. 567 ; pour l’auteur, ce n’est pas un hasard si la flotte de Sicile est régulièrement mentionnée à partir de son règne.

281 H. Ahrweiler, Byzance et la mer. La marine de guerre, la politique et les institutions, Paris (Bibliothèque byzantine. Études, 5), 1966.

282 Cracco-Ruggini, « La Sicilia fra Roma e Bisanzio », cité n. 5, p. 348, ici p. 490 ; P. Guichard, « Les débuts de la piraterie andalouse en Méditerranée occidentale (798-813) », Revue d’histoire de l’Occident musulman et de la Méditerranée, 35/1, 1983, p. 55-76.

283 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 622 (Ibn al-Atir).

284 Cf. supra p. 349.

285 Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 323, ici p. 939-947.

286 Qui aurait fait carrière à Reggio, et en Sicile (en 736 ?) : ibid.

287 Pour la fouille : Cuteri, « L’insediamento », cité n. 4, p. 350.

288 Noyé, « Byzance et l’Italie méridionale », cité n. 1, p. 343, ici p. 240-241 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 623.

289 Noyé, « Quelques observations », cité n. 5, p. 330, ici p. 91-92.

290 Ibid., p. 130-131.

291 Ibid., p. 129-130.

292 Amantea : Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 323, ici p. 935 ; Noyé, « La Calabre et la frontière (VIe -Xe siècle) », cité n. 2, p. 325, ici p. 296 ; Noyé, Raimondo, Ruga, « Les enceintes », cité n. 5, p. 338, ici p. 434-435 ; Rossano : Prigent, « Les évêchés byzantins », p. 935-938 ; Noyé, « Aristocrazia », cité n. 6, p. 324.

293 Cf. supra, n. 3, p. 343.

294 Von Falkenhausen, La dominazione bizantina, cité n. 5, p. 345, ici p. 6.

295 G. Noyé, « Carlomagno e Benevento », à paraître dans les actes du colloque Arechi II e Benevento (Benevento, 15-17 maggio 2014), éd. M. Rottili.

296 I. P. X, p. 93 et 109 ; J. Darrouzès, Notitiae episcopatuum Ecclesiae Constantinopolitanae, texte critique, introduction et notes, Paris (Géographie ecclésiastique de l’empire byzantin, 1), 1981, p. 31-33.

297 Cf supra.

298 S. Antonino : un insediamento fortificato nella Liguria bizantina, éd. T. Mannoni, G. Murialdo, Bordighera (Istituto internazionale di studi liguri. Collezione di monografie preistoriche ed archeologiche, 12), 2001.

299 Voir supra ; M. S. Arena et al., Roma dall’antichità al medioevo. Archeologia e storia nel Museo nazionale romano, Crypta Balbi, Milan, 2001 ; Roma dall’antichità al medioevo. II, Contesti tardoantichi et altomedievali, cité n. 2, p. 357.

300 Comacchio e il suo territorio tra la Tarda Antichità e l’Alto Medioevo, éd. S. Gelichi, dans Uomini, territorio e culto dall’Antichità all’Alto Medioevo, Comacchio, 2007 ; S. Gelichi, C. Negrelli, La circolazione delle ceramiche nell’Adriatico tra tarda Antichità e altomedioevo. III Incontro di studi del CCR. AM. IS. (Venezia, 2004), éd. S. Gelichi, C. Negrelli, Mantoue (Documenti di Archeologia, 43), 2007.

301 Précisément des aires campano-latiale et calabro-péloritaine.

302 Pour le Salento : P. Arthur, « L’archeologia del Villaggio Medievale in Puglia », Vita e morte dei villaggi rurali tra Medioevo ed Età Moderna. Dallo scavo della villa dei Geriti ad una pianificazione della tutela e della conoscenza dei villaggi abbandonati della Sardegna, éd. M. Milanese, Florence (Quaderni dei villaggi abbandonati della Sardegna, 2), 2006, p. 97-121 ; P. Arthur, « Per una carta archeologica della Puglia altomedievale : questioni di formulazione ed interpretazione », Bizantini, Longobardi e Arabi in Puglia nell’alto medioevo. Atti del XX Congresso internazionale di studio sull’alto medioevo (Savelletri di Fasano [BR], 3-6 novembre 2011), Spolète (Centro italiano di studi sull’alto medioevo, Atti dei Congressi, 20), 2012, p. 59-86.

303 G. Stranieri, G. Fiorentino, A. M. Grasso, C. Napolitano, « Organizzazione e trasformazioni dei paesaggi agrari medievali nel Salento. Un approccio archeologico e archeobotanico allo studio di una delimitazione agraria in pietra a secco (Sava-Taranto) », Archeologia Medievale, 36, 2009, p. 259-271.

304 Voir le monastère fortifié de Le Centoporte, aménagé au VIIe ou VIIIe siècle : P. Arthur, B. Bruno, Il complesso tardo-antico ed alto-medievale dei SS. Cosma e Damiano, detto Le Centoporte, Giurdignano (LE). Scavi 1993-1996, Martina Franca (Collana del Dipartimento di Beni culturali. Università del Salento, 17), 2009.

305 P. Arthur, G. Fiorentino, M. Leo Imperiale, « L’insediamento in Loc. Scorpo (Supersano, LE) nel VII-VIII secolo. La scoperta di un paesaggio di età altomedievale », Archeologia Medievale, 35, 2008, p. 365-380.

306 P. Arthur, « L’archeologia del Villaggio Medievale in Puglia », cité n. 2, p. 373, ici p. 97-121 ; P. Arthur, U. Albarella, U. Bruno, S. King, « ‘ Masseria Quattro Macine’. A Deserted Medieval Village and its Territory in Southern Apulia : an Interim Report on Field Survey, Excavation and Document Analysis », Papers of the British School at Rome, 64, 1996, p. 181-237.

307 G. Volpe, G. De Venuto, R. Goffredo, M. Turchiano, « L’abitato altomedievale di Faragola (Ascoli Satriano) », V Congresso nazionale di Archeologia medievale (Foggia-Manfredonia, 2009), éd. G. Volpe, P. Favia, Florence, 2009, p. 284-295.

308 G. Volpe, « Paesaggi e insediamenti rurali dell’Apulia tardoantica e altomedievale », Paesaggi e insediamenti rurali in Italia meridionale fra Tardoantico e Altomedioevo. Atti del Primo Seminario sul Tardoantico e l’Altomedioevo in Italia meridionale (Foggia, 12-14 febbraio 2004), éd. G. Volpe, M. Turchiano, Bari, 2005, p. 299-314 ; A. Valentino Romano, G. Volpe, « Paesaggi e insediamenti rurali nel comprensorio del Celone tra Tardoantico e Altomedioevo », Paesaggi e insediamenti rurali in Italia meridionale fra Tardoantico e Altomedioevo, cité supra, p. 241-259 ; G. Volpe, « Per una geografia insediativa ed economica della Puglia tardoantica », Bizantini, Longobardi e Arabi, cité n. 2, p. 373, ici p. 27-57, avec bibliographie.

309 Peu de progrès ont été faits de ce point de vue depuis les premières surveys des années 1980.

310 Casignana Palazzi, Quote San Francesco, Botricello : Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 618.

311 Ainsi Paul Arthur suppose l’existence d’une sorte de chaos dans l’occupation du sol (Arthur, « L’archeologia del Villaggio Medievale », cité n. 2, p. 373).

312 Théophane, cité n. 6, p. 344, ici p. 422.

313 Simples sols de terre battue et foyers en plein air à Scolacium, cabanes de dimensions réduites creusées dans la roche à Hagia-Kuriakè/Gerace.

314 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 621.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Carte des principaux établissements cités dans le texte.
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Titre Fig. 2 – Les territoires conservés par Byzance (en grisé)
Légende Après la première invasion lombarde.
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Titre Fig. 3 – L’éparchie des Salines
Légende Domaine de Remindos dans la vie de saint Pancrace.
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Titre Fig. 4 – Le royaume d’Aquilinos dans la vie de saint Pancrace.
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Titre Fig. 5 – Les possessions byzantines (en grisé)
Légende Au terme des campagnes de Constant II.
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Titre Fig. 6 – Les possessions byzantines (en grisé)
Légende Après les dernières conquêtes de Romuald de Bénévent.
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Titre Fig. 7 – Carte des métaux et des aires métallurgiques.
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Titre Fig. 8 – Carte des aires agricoles et du saltus montagneux.
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Titre Fig. 9 – Cartes des zones viticoles
Légende Des sites de fours et des sites de trouvaille d’amphores (triangles noirs : villae).
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Titre Fig. 10 – Carte de la Calabre à la fin du VIIIe siècle.
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Pour citer cet article

Référence papier

Ghislaine Noyé, « L’économie de la Calabre de la fin du VIe au VIIIe siècle »Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 28 | 2014, 323-388.

Référence électronique

Ghislaine Noyé, « L’économie de la Calabre de la fin du VIe au VIIIe siècle »Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 28 | 2014, mis en ligne le 31 décembre 2017, consulté le 11 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/13754 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crm.13754

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Auteur

Ghislaine Noyé

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