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Jean de Vignay : Actualités et perspectives

Tribulations hennuyères d’un manuscrit du miroir historial

À propos de trois bifeuillets conservés aux Archives départementales d’Indre-et-Loire
Ludovic Nys
p. 235-255

Résumés

Une quittance donnée en septembre 1439 à la comtesse douairière de Hainaut cite un manuscrit du Miroir historial commençant au temps de Charlemagne et s’achevant à l’époque de Philippe le Bel. Cette mention a pu être mise en relation avec trois bifeuillets aujourd’hui à Tours, qui proviennent d’un volume IV de ladite traduction française par Jean de Vignay du Speculum historiale. L’enquête, en outre, a permis de retracer l’itinéraire de ce manuscrit, de la bibliothèque du roi où il se trouvait à l’origine jusqu’à Château-Renault, en passant par les mains de Louis VII de Bavière, du cabochien Garnot de Saint-Yon, de Marguerite de Bourgogne, de Charles d’Orléans et de son demi-frère, Jean de Dunois, le célèbre compagnon d’armes de Jeanne d’Arc.

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Notes de la rédaction

Je tiens à remercier ici, pour leurs suggestions, Mattia Cavagna (université catholique de Louvain), Laurent Brun (University of Ottawa) et Thomas Falmagne (Handschriftenzentrum der DFG, Frankfurt-am-Main).

Texte intégral

  • 2 Ainsi, par exemple, de ces mentions de tapisseries dans la chambre de Marguerite de Bourgogne au c (...)
  • 3 Certificat de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, donnant connaissance que son secrétaire et trésor (...)
  • 4 Les biens de la vieille comtesse douairière furent mis sous scellés, sous la supervision du bailli (...)
  • 5 À ce propos notamment, voir la notice de L. Devillers, Biographie nationale de Belgique, 13, 1894- (...)
  • 6 Lille, ADN, B 1968, n° 57.975 ; édition partielle dans A. et J. Le Glay, A. Desplanque, Inventaire (...)

1Les dernières années de Marguerite de Bourgogne, comtesse douairière de Hainaut, ne furent à l’évidence pas de celles qui étaient propres à voir déployés des fastes de cour et passer dans la foulée des commandes ou réaliser des achats de grand prix. Le château du Quesnoy où elle s’était retirée à la mort de son époux, le comte Guillaume IV/VI de Bavière († 31 mai 1417), n’était plus depuis longtemps qu’un terne et triste refuge princier. Son unique fille Jacqueline de Bavière, qui était allée entre-temps s’établir en son comté de Hollande, était elle-même décédée depuis quelques années († 8 octobre 1436). Quant à ses relations avec son neveu Philippe le Bon, héritier du comté, elles étaient très tendues, des circonstances qui ne l’auront pas encouragée à fréquenter les milieux de la cour de Bourgogne, à Bruges et à Bruxelles, et l’auront incitée au contraire à vivre en recluse sur les terres de son douaire hennuyer. Sans doute, le mobilier du château conservait-il le souvenir du brio passé de la cour de Hainaut2. Partie de ses joyaux, de ceux hérités de ses prédécesseurs, la bibliothèque comtale surtout, dans laquelle le duc n’avait pas manqué dès 1435 de faire prélever quelques-uns des plus précieux manuscrits3, s’y trouvaient encore, conservés dans la tour dite « du trésor4 ». Pour autant, on l’imagine, l’heure n’était plus à de nouvelles acquisitions de prestige. Cloîtrée en sa demeure quercitaine, la vieille comtesse douairière ne vivait plus désormais qu’au rythme des offices et de ses austères méditations, toute à sa piété et à ses dévotions5. Aussi l’achat qu’elle fit à la fin de l’été de 1439, un an et demi avant son décès survenu le 8 mars 1441, d’un volume du Miroir historial ne peut-il qu’intriguer. Le document qui en fait foi, partiellement publié en 1865 par André et Jules Le Glay et Alexandre Desplanque, et récemment par Jacques Paviot6, mais resté ignoré des études monographiques consacrées à cette œuvre encyclopédique, est une quittance d’un montant de cinquante salus d’or rendue, en date du 9 septembre, à la comtesse douairière par un certain Garnot de Saint-Yon.

Je, Garnot de Saint Yon, congnois que de tres haulte et puissant[e] princesse madame Marguerite de Bourgongne, ducesse de Bayviere, comtesse de Haynnau, Hollande et Zeelande, pour le vendicion de ung livre nommé le Miroir hystorial, contenant pluiseurs hystoires commenchans au temps Charlemaigne et finissant au temps que le roy Phelippe le Bel fu couronné a Raims, ay recheu la somme de chinquante salus d’or par les mains de Colard de Haynin, conseillier a ma dicte tres redoubtee dame, dont de tant je me tiens pour content et bien payé et en quitte ma dicte tres redoubtee dame, ledit Colard et tous aultres qu’il appertient, et prommes a ma dicte tres redoubtee dame de li garandir son marchié envers et contre tous. Tesmoing mon signe manuel chi mis le. ixe jour du mois de septembre l’an mil. iiijc. et xxxix. G. de S. Yon

Identification du manuscrit

  • 7 À ce propos, voir D.A.Trotter, « Jean de Vignay, traducteur –et écrivain à part entière ? », Le mo (...)
  • 8 Ladite chronique de Primat couvre les règnes de Philippe III et de Philippe IV le Bel. Voir « Chro (...)
  • 9 Voir C. Chavannes-Mazel, « Problems in Translations, Transcriptions and Iconography : The Miroir h (...)
  • 10 Voir Brun, Cavagna, « Das Speculum historiale », p. 290.

2La mention, précise, d’un « Miroir hystorial contenant pluiseurs hystoires, commenchans au temps Charlemaigne et finissant au temps que le roy Phelippe le Bel fu couronné a Raims », renvoie aux livres XXV à XXXII de la traduction française par Jean de Vignay du Speculum historiale de Vincent de Beauvais7, suivis de la chronique latine de Primat elle-même traduite par ledit Jean de Vignay pour servir de suite chronologique au dernier livre s’arrêtant à saint Louis8. Ces huit livres formaient le quatrième et dernier volume d’une série que sa structuration probable en quatre volumes égaux conduit à identifier, ainsi que l’ont clairement établi Claudine A. Chavannes-Mazel et, à sa suite, Laurent Brun et Mattia Cavagna, à l’un des premiers exemplaires de cette traduction9. Pour rappel, les deux séries ainsi structurées les plus anciennes, aujourd’hui incomplètes, qui nous sont parvenues, désignées des lettres A et J, avaient été réalisées, vers 1332-1333, à la commande de la reine Jeanne de Bourgogne pour ses deux enfants, le duc de Normandie et futur roi Jean II le Bon et la jeune Marie de France (1326-† 22 septembre 1333)10.

  • 11 Ces trois artistes, qui travaillèrent pour l’entourage royal dans les années 1330-1340, paraissent (...)
  • 12 Paris, Arsenal, Ms 5080. Voir H. Martin, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de l’Arsenal, (...)
  • 13 Repris sous la cote 2.I.2 [A, B, C], ces trois bifeuillets centraux écrits sur deux colonnes, de q (...)
  • 14 Voir M. Cavagna, « Variantes d’auteur in absentia ? La version révisée du Miroir historial, encycl (...)
  • 15 Voir Chavannes-Mazel, « Problems in Translations », p. 347-348 ; et aussi L. Delisle, « Exemplaire (...)
  • 16 Voir l’inventaire : Paris, BnF fr. 2700, fol. 2-37 ; édité dans [J.-B. Van Praet], Inventaire ou c (...)
  • 17 Voir l’inventaire : Paris, BnF fr. 2700, fol. 53-133 ; Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 154, n° 880 ( (...)
  • 18 Voir l’inventaire : BnF fr. 9430 ; Delisle, Le Cabinet, t. 3, ibid. (sous E.4) ; Delisle, Recherch (...)
  • 19 Information d’après une note contenue dans l’inventaire BnF fr. 9430 : Mémoire que, avant ce que l (...)

3De la série A, dont les miniatures ont été attribuées à l’un des enlumineurs alors les plus prolifiques de la place parisienne, le Maître de Papeleu (Richard de Verdun ?), de même qu’à l’enlumineur Mahiet, l’auteur de certaines des miniatures du Bréviaire de Belleville (BnF, Lat. 10483-484), et au Maître de la Crucifixion du Missel de Robert de Coucy (Cambrai, Bibl. munic., Ms 157)11, on ne conserve plus que les volume I (Leiden, Bibliotheek der Rijksuniversiteit, Ms Vossianus Gallicus, in-folio, n° 3A) et II (Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, Ms 508012), de même que trois fragments du volume IV (Tours, Archives départementales d’Indre-et-Loire, 2.I.213). Cette série dérive probablement en ligne directe d’un original disparu, à identifier selon toute vraisemblance au manuscrit princeps de l’auteur. Le volume I de Leyde, en outre, comporte un certain nombre de corrections (remplacements de passages grattés), introduites pour partie à partir d’une version révisée [O’], nettement plus tardive, de l’original O14. Exécutée à l’intention du futur Jean le Bon ainsi que le confirme au dernier feuillet du volume I une note difficilement lisible (« Cest le livre est le duc de Normendie et de Guienne Jehan »)15, restée possession de la librairie royale, ladite série figure dans l’inventaire de la bibliothèque du Louvre dressé en 1373 par Gilles Mallet16, de même encore que dans ceux de 141117 et de 141318. Ayant été offerte au début de 1413 par Jean Maulin et J. Le Bègue, sur ordre du dauphin Louis de Guyenne, à Louis de Bavière, le frère de la reine Isabeau19, elle n’apparaît plus en revanche dans celui que fit dresser le régent Jean de Bedford, en 1424.

  • 20 Contrairement à ce qui a été prétendu, le mariage paraît bel et bien avoir été célébré. À ce propo (...)
  • 21 Paris, BnF fr 316. Voir Catalogue des manuscrits français – Bibliothèque impériale. Département de (...)
  • 22 L. M. C. Randall, Medieval and Renaissance Manuscripts in the Walters Art Gallery, 1 : France, 875 (...)
  • 23 Rouse, Illiterati et uxorati, t. 1, p. 212 ; t. 2, p. 195 et 198.
  • 24 Inventaire de 1413 : Paris, ANF, registre KK 258. Voir Delisle, Cabinet, t. 3, p. 187, n° 202 ; De (...)
  • 25 Ancien Paris, Bibl. de Sainte-Geneviève, Ms L 54 f, aujourd’hui Paris, BnF fr. 15.213. Voir Delisl (...)
  • 26 Randall, Medieval and Renaissance Manuscripts in the Walters Art Gallery, 1 : France, 8751420, p. (...)

4De la série J qui dérive elle-même en droite ligne de l’original O, probablement réalisée pour la jeune Marie de France mariée à Paris, le 8 juillet 1332, avec le fils du duc de Jean III de Brabant, Jean, duc de Limbourg20, nous sont parvenus les volumes I (Paris, BnF, fr. 31621) et III (Baltimore, Walters Art Gallery, W.14022), dont les miniatures furent quant à elles exécutées par le Maître de Fauvel, le Maître de Papeleu et deux autres enlumineurs, l’artiste du BnF, fr. 24388 (Roman de la Rose) et le premier artiste du BnF, fr. 17 000 (Sept Sages de Rome)23. La jeune princesse étant décédée dès l’année suivante, tout porte à penser qu’elle sera restée en possession de la reine Jeanne de Bourgogne. Étonnamment, elle ne figure pourtant dans aucun des inventaires du Louvre. Le volume de Baltimore (J3), par contre, a pu être identifié de façon certaine avec le troisième volume d’une série de trois Mirouer historial que mentionnent l’inventaire de la bibliothèque de Jean de Berry de 141324 de même que celui dressé après sa mort en 141625. Ces deux documents nous apprennent en effet que le troisième volume de cette série contenait 92 « histoires », indication qui se trouve confirmée par une note du XVe siècle sur le dernier feuillet blanc de l’exemplaire de Baltimore qui précise que « en ce livre a iiijxx xij ystoires » – ledit manuscrit ne comportant plus que 85 miniatures, il est probable que les sept miniatures manquantes ornaient à l’origine les huit débuts de chapitre aujourd’hui disparus. On notera néanmoins que les deux inventaires de 1413 et 1416 ne font pas mention d’un quatrième volume. Lilian Randall en a déduit que cette série ne fut sans doute jamais complétée, à moins, hypothèse tout aussi recevable, que ledit quatrième volume n’ait été soustrait très tôt, dès avant l’entrée de ladite série dans la bibliothèque de Jean de Berry, ou que, l’ayant entre-temps intégrée, il n’ait été prêté plus tardivement, avant 1413, et n’ait jamais été restitué26. Cette acquisition par le duc de Berry, quoi qu’il en soit, paraît avoir eu lieu très tôt, dès avant 1373, date de la rédaction du premier inventaire connu de la bibliothèque du Louvre, éventuellement lors du règlement de la succession de Jean le Bon, peu après 1364.

  • 27 En dernière instance, voir Brun, Cavagna, « Pour une édition du Miroir historial », p. 389 390 ; e (...)
  • 28 Voir notamment L. Delisle, « Notice sur un manuscrit des miracles de Notre-Dame conservé au Sémina (...)

5Il faut probablement ajouter à ces deux séries A et J commandées par Jeanne de Bourgogne la série à laquelle appartenait le volume IV dont la British Library conserve un fragment (chapitres 2-66 du dernier livre XXXII), lui-même datable des années 1330 (1333-1337), le BL Royal 19. D. I (ExL). De ce manuscrit dérive un autre fragment du même livre XXXII (chapitres 59 à 64), d’une écriture insulaire, le Bodley 761 d’Oxford (ExO), exécuté celui-ci dans les années 1360-137027. Il y a donc bel et bien lieu d’en déduire que le manuscrit de Londres (ExL) se trouvait en Angleterre dès avant le transfert des manuscrits de la librairie de Charles VI en Angleterre en 1429. Comment un tel manuscrit, lui-même probablement une commande du cercle royal vers 1333, aura-t-il pu prendre aussi tôt la route d’Outre-Manche ? Il est probable, ainsi que l’ont suggéré Laurent Brun et Mattia Cavagna, que ce manuscrit de Londres ait connu le même destin qu’une Bible moralisée (Londres, British Library, Royal 19. D. II) et un exemplaire des Miracles de Nostre Dame de Gautier de Coincy (Paris, BnF, n. acq. fr. 14.541), que l’on sait avoir été saisis par les Anglais lors de la défaite française à Poitiers en 135628.

  • 29 Voir l’inventaire BnF fr. 2700, fol. 2-37 (et le recollement de 1380 par Jean Blanchet : BnF, coll (...)
  • 30 Voir les inventaires BnF fr. 2700, fol. 53-133 et BnF fr. 9430. Voir Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. (...)
  • 31 Voir les inventaires Paris, Bibl. Ste-Geneviève, Q.5.f. et Paris, Bibl. Mazarine, H.1934 ; édité d (...)

6Dans l’inventaire de la librairie du Louvre de 1373 figurent en outre trois volumes correspondant aux volumes I, II et IV d’une série probablement contemporaine des séries A et J29. Le volume III manquant en avait de toute évidence été extrait avant cette date, ce que confirment les inventaires plus tardifs de 1411 et de 141330, de même que celui de 142431, qui ne signalent à leur tour que lesdits trois volumes. Envoyés en 1429 en Angleterre, sur l’ordre de Bedford, avec l’ensemble de la librairie de Charles VI, ces manuscrits n’ont pas été repérés. Il est tentant d’y reconnaître ici encore une série exécutée sous le règne de Philippe VI de Valois, peut-être celle du manuscrit princeps O de Jean de Vignay lui-même, dont dérivent la série A (Leiden, Arsenal 5080 et Tours, ADIL, 2.I.2) et la série J (BnF fr. 316, Baltimore), ou éventuellement la version de la série O’ de la révision de la traduction originale, sur laquelle se sont fondés le correcteur de A1 et le scribe de Or1 (infra).

  • 32 Voir le Catalogue des manuscrits français, t. 1, 1868, p. 25. Les quatre exemplaires de cette séri (...)
  • 33 Information fournie par l’inventaire de la bibliothèque des Orléans dressé à Chauny à la suite du (...)
  • 34 Ainsi que nous l’apprennent plusieurs quittances données par ledit Thévenin Angevin, du 12 février (...)

7Les autres séries conservées ou repérées dans des inventaires, structurées elles aussi pour certaines en quatre volumes, pour d’autres en trois ou deux volumes, sont plus récentes et ne relèvent pas de commandes issues du premier cercle royal. L’une des plus remarquables, identifiée sous les initiales Or, dérivait semble-t-il de la série princeps disparue, de même que de la révision de la traduction originale. Possession de la famille d’Orléans, elle était elle-même constituée de quatre volume égaux dont ne nous sont plus conservés que les volumes I (BnF, fr. 312) [Or1], II (BnF, fr. 313) [Or2] et IV (BnF, fr. 314) [Or4]32 – le volume III, encore signalé à la fin du XVe siècle dans la bibliothèque de François d’Orléans, comte de Dunois, n’a jamais été localisé33. Cette série fut copiée en 1396 sous la direction du libraire Étienne Thevenin, dit l’Angevin, par les scribes Raoul d’Orléans (volume I [Or1]) et Guillaume de Hervi (volume IV [Or4])34. À l’origine conservée en l’hôtel d’Orléans, en la rue de la Poterne à Paris, elle fut transférée en 1409 au château de Blois avec l’ensemble de la librairie de Louis d’Orléans et Valentine Visconti, qui finira par rejoindre sous Louis XII la bibliothèque royale.

  • 35 Voir l’inventaire BnF fr. 11.496 ; édité dans Guiffrey, Inventaires, t. 2, 1896, p. 123. Voir égal (...)
  • 36 Voir Brun, Cavagna, « Das Speculum historiale », p. 293.

8L’inventaire de la librairie du duc de Berry de 1402 signale par ailleurs une autre série elle-même formée de quatre volumes, aujourd’hui disparue, à identifier probablement à celle qui fut promise, et bel et bien offerte semble-t-il, à la Sainte-Chapelle de Bourges35. Cette série doit manifestement avoir été elle aussi plus tardive (seconde moitié du XIVe siècle) ; il n’est pas exclu qu’il puisse s’être agi de celle, identifiée par Laurent Brun et Mattia Cavagna par la lettre β, qui aurait dérivé tout à la fois de la série J (son premier volume pourrait avoir été copié de J1, à savoir le BnF, fr. 316) et de la série A’ remaniée de A (son deuxième volume aurait été copié quant à lui de A2’, soit le le Arsenal 508036).

  • 37 Voir le Catalogue des manuscrits français, t. 1, 1868, p. 25. Daté, à tort, du début du XVe siècle (...)
  • 38 Voir C. Bruun, Aarsberetninger og meddelelser fra det store Kongelige Bibliothek, t. 3, Kjǿbenhavn (...)
  • 39 Voir M. Thomas, « Nouvelles acquisitions latines et françaises du Département des Manuscrits de la (...)
  • 40 Dans l’inventaire BnF fr. 11.496 ; édité dans Guiffrey, Inventaires, t. 1, p. 258. Voir également (...)
  • 41 Voir l’inventaire de Jean de Berry de 1413 : Paris, ANF, registre KK 258 ; édité dans Guiffrey, In (...)
  • 42 Donné au duc de Bourgogne, en date du 9 février 1413. Voir l’inventaire de Jean de Berry de 1413 : (...)

9La généalogie des manuscrits plus récents est aujourd’hui controversée. Il n’est pas le lieu d’en reconstituer ici la stemma. Signalons, outre deux manuscrits de la fin du XIVe siècle, un P. 2, correspondant aux livres IX à XVI d’une série P à quatre volumes, le BnF, Paris, Fr. 31537, et un T2 (livres XVIII-XXXII), second volume d’une série T qui n’en comptait à l’origine que deux, le København, Kongelige Bibliothek, Thott 42938, une série B constituée quant à elle de trois volumes. Réalisée vers 13701380, elle fut elle-même la propriété du duc de Berry. Ses premier et deuxième volumes, regroupant respectivement les livres I à XIII (B1) et XIV à XXIV (B2), furent fractionnés chacun en trois volumes distincts, les manuscrits Paris, BnF, nouv. acq. fr. 15.939-15.941 et 15.942-15.94439. Quant au troisième volume, qui regroupait à l’évidence les livres XXV à XXXII, il n’en subsiste plus que quelques fragments manuscrits et quarante-huit miniatures, conservés à la British Library sous la cote Additional Ms 6416 (B3). Possession de Jean de Berry dès avant 140240, donné au grand maître de France Jean de Montaigu peu après cette date, récupéré à sa mort en 1409 par Jean de Berry41, cette série B fut offerte le 9 février 1413 au duc de Bourgogne Jean sans Peur42, probablement lorsque fut donnée, sur ordre de Louis de Guyenne, la série A à Louis de Bavière.

  • 43 Voir A catalogue of the Lansdowne Manuscripts in the British Museum with indexes of persons, place (...)
  • 44 Voir Brun, Cavagna, « Das Speculum historiale », p. 294-295. Voir également C. Chavannes-Mazel, Th (...)
  • 45 À ce propos, voir en particulier M. Camille, The Master of Death. The Lifeless Art of Pierre Remie (...)

10Il faut enfin mentionner une autre série, désignée de la lettre C, copiée au début du XVe siècle. Structurée en quatre volumes de huit livres chacun, cette série fut, vers le milieu du XVe siècle, la propriété de l’amiral de France Prigent de Coëtivy (1439-1450). Seuls nous en sont conservés les volumes I (Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. Lat. 538), II (Londres, British Library, Lansdowne 1179)43 et IV (Paris, BnF, fr. 52)44. Leur décor constitué de petites miniatures en semi-grisailles a été attribué au Maître de la Mort (Pierre Remiet ?), secondé par un collaborateur45.

11Dès ici, les séries T et B, respectivement structurées en deux et trois volumes, peuvent être écartées. Les volumes IV de la série Or, restée la possession des Orléans jusqu’au début du XVIe siècle, et de la série C, propriété vers le milieu du XVe siècle de l’amiral de France Prigent de Coëtivy, ne peuvent eux-mêmes à l’évidence correspondre au volume vendu en septembre 1439 à Marguerite de Bourgogne. Il ne semble pas non plus qu’il faille retenir le quatrième volume de la série β disparue, mentionnée dans l’inventaire de Jean de Berry de 1402, offerte à la Sainte-Chapelle de Bourges. Seuls restent donc par hypothèse les exemplaires disparus J4 et P. 4 de même que l’exemplaire A4, dont trois bifeuillets sont aujourd’hui conservés aux Archives départementales d’Indre-et-Loire.

Les tribulations d’un manuscrit de la librairie du roi

  • 46 Voir Journal d’un Bourgeois de Paris 1405-1449, publié d’après les manuscrits de Rome et de Paris, (...)
  • 47 Voir B.-F. Pocquet du Haut-Jussé, « Anne de Bourgogne et le testament de Bedford (1429) », Bibliot (...)
  • 48 Voir Ad. Lecocq, « Lettres-patentes de Charles VI (septembre 1413) », Mémoires de la Société arché (...)
  • 49 Voir Journal d’un Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40.
  • 50 J.-C.-L. Sismonde de Sismondi, Histoire des Français, t. 12, Paris-Strasbourg-Londres, Treuttel et (...)
  • 51 Voir Journal d’un Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40, qui renvoie à la Chronique des Cordeliers(...)
  • 52 Renseignements signalés dans Mémoires pour servir à l’histoire de France et de Bourgogne contenant (...)
  • 53 Voir Coville, Les Cabochiens, p. 403 (d’après Monstrelet).
  • 54 Voir Journal d’un Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40.
  • 55 Voir Journal de Clément de Fauquembergue, greffier du parlement de Paris 1417-1435, t. 1 : 1417-14 (...)
  • 56 Voir Coville, Les Cabochiens, p. 406 ; J. Favier, Les Contribuables parisiens à la fin de la guerr (...)
  • 57 Voir Journal d’un Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40 n. 1, qui renvoie à ANF, Z1a 10, fol. 8v e (...)
  • 58 J. Boivin (le cadet), « Bibliothèque du Louvre sous les Rois Charles V, Charles VI & Charles VII. (...)
  • 59 Voir Longnon, Paris sous la domination anglaise, p. 39-40 n. (qui édite la lettre du 7 avril 1422 (...)
  • 60 Voir Journal d’un bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40 n. 1, qui renvoie à ANF, X1a 1482, fol. 4v(...)
  • 61 Voir Favier, Les contribuables, p. 351. À propos de sa nomination comme échevin le 22 juillet 1433 (...)
  • 62 Il figure en effet en qualité de bourgeois dans le rôle de la taille de Paris de cette même année. (...)

12Garnot (Garnier) de Saint-Yon est loin d’être un inconnu. Incarcéré à la Conciergerie en décembre 1408, échevin de Paris depuis 141146, approché la même année par Jean sans Peur qui lui fit don, de même qu’à d’autres bouchers parisiens, de vin de Beaune47, il fut en 1413 au nombre des « cabochiens » ou « écorcheurs » qui, ayant pris fait et cause pour le duc de Bourgogne avec l’équarrisseur Simon le Coutelier dit « Simon Caboche », le boucher Thomas le Gouez et le chirurgien Jean de Troyes, pénétrèrent le 23 avril en l’hôtel Saint-Pol, s’emparèrent du dauphin Louis de Guyenne et de plusieurs de ses proches et se firent livrer, outre plusieurs membres de la maison du roi, le propre frère de la reine Isabeau, Louis VII, duc de Bavière48. Il fut adjoint aux commissaires chargés d’instruire le procès dudit Louis de Bavière et des prisonniers armagnacs49. Mais en juillet, les princes du parti d’Orléans et le roi parvinrent à reprendre pied dans la capitale. Charles VI décida alors d’engager des négociations de paix qui aboutirent à la signature par les ducs de Bourgogne et de Berry à Pontoise, le 31 juillet, d’un traité qui prévoyait un pardon général. Dès le lendemain, cependant, Jean de Berry, le dauphin et une grande partie de la population parisienne excédée par les exactions des compagnons de Simon le Coutelier chassèrent les cabochiens de la ville. Garnot de Saint-Yon fut expulsé de l’échevinat de Paris avec Jean de Troyes et Robert du Belloy, remplacés par des « hommes qu’on disoit plus modérés50 », et fut banni le 12 décembre51 ; il trouva refuge en compagnie de son frère Jean auprès du duc de Bourgogne, qui le promut à l’office d’écuyer-panetier52. On sait qu’à l’automne de 1415, au lendemain d’Azincourt, il faisait partie de sa suite tandis qu’il s’apprêtait à réinvestir la capitale du royaume53. À l’été de 1418, à la faveur du retour des Bourguignons, Garnot de Saint-Yon revint à Paris et prêta serment au duc de Bourgogne le 24 août54 ; il y redevint échevin dès le début de 141955, un poste qu’il occupait encore sous l’occupation anglaise, de 1422 à 142956, tandis qu’avec son frère Jean, il était l’un des élus sur le fait des aides, assistant aux assemblées chargées des mesures de protection de la capitale57. Il avait en outre été réintégré, le 21 juillet 1418, en remplacement de Jean Maulin, dans la charge de garde de la librairie royale qu’il avait naguère occupée du 12 mai 1412 à la fin de l’été 1413, fonction qu’il conserva semble-t-il jusqu’en octobre 1429, lorsque le duc Jean de Bedford, qui s’en était porté acquéreur en 1425, la fit envoyer en Angleterre. C’est sous son mandat, après la mort de Charles VI, que furent inventoriés du 11 au 15 avril 1424 par trois commissaires de la chambre des comptes et prisés par trois libraires désignés pour la circonstance les livres de la bibliothèque du roi58. Son retour en grâce auprès du régent lui valut en outre de se voir attribuer l’hôtel que Jean de Taranne, décédé en août 1418, possédait en la rue Saint-Jacques de la Boucherie, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés ; il en revendiqua dès le début de 1421 la rétrocession en vertu du don que lui en avait fait le roi. Ce don, contesté par le receveur des confiscations de 1420-1421, fut confirmé par les commissaires chargés d’asseoir les 200 livres de revenu provenant de biens confisqués dans la prévôté de Paris qui lui avaient été accordés par lettre du roi donnée à Meaulx le 7 avril 142259. Lors de la reddition de Paris à Charles VII, il fut à nouveau expulsé sur ordre d’Arthur III de Bretagne, dit le « connétable de Richemont », mais fut rappelé peu après et admis, avec son parent Jacques de Saint-Yon, à prêter le serment de fidélité au roi60. Échevin à nouveau de 1433 à 143661, il résidait encore à Paris en 143862.

  • 63 Voir supra, note 12.

13L’office de garde de la librairie royale qu’occupa Garnot de Saint-Yon de 1412 à 1413, de même à nouveau que de 1418 à 1429, laisse peu de doute : le manuscrit vendu à Marguerite de Bourgogne en septembre 1439 appartenait selon toute vraisemblance à une série à l’origine conservée dans la bibliothèque du Louvre. L’en aura-t-il soustrait tandis qu’il était en charge des collections royales ? Les événements retracés ci-dessus suggèrent un tout autre scénario. Garnot de Saint-Yon, en mai 1413, avait été au nombre des commissaires siégeant au procès de Louis de Bavière, celui-là même à qui le dauphin, Louis de Guyenne, à la demande probable de sa mère, avait offert peu auparavant les quatre volumes de la série du Miroir historial identifiée à la série A. Se les sera-t-il alors fait restituer ? Tout porte a priori à le supposer. Ainsi donc le volume vendu à la comtesse douairière de Hainaut correspondrait-il au volume dont ne nous sont plus conservés que les bifeuillets de Tours, associés, sur la base d’arguments codicologiques et stylistiques (miniatures), aux deux manuscrits de Leyde (A1) et de l’Arsenal (A2), et que l’on sait avoir servi de couverture à un registre de la fin du XVIIIe siècle à Château-Renault63.

Du Quesnoy à Château-Renault

  • 64 Voir Morrison, Hedeman, Imagining the past, p. 147.
  • 65 Le compte de la prévôté du Quesnoy de 1451, qui fait suite à une lacune de plusieurs années, est d (...)
  • 66 Les Saint-Yon paraissent avoir été issus d’une famille de la vieille noblesse d’Île-de-France (un (...)
  • 67 Ainsi que le suggère Wright, Les Cent nouvelles nouvelles, t. 2, p. 259.

14Ce scénario soulève néanmoins plusieurs questions. Quelles motivations ont-elles pu conduire l’ancien cabochien et garde de la bibliothèque du roi, âgé à l’époque, dans les Pays-Bas bourguignons ? Il n’apparaît pas en tout cas que ce périple ait été sous-tendu par des intentions vénales, désireux qu’il aurait pu être d’y négocier au meilleur prix lesdits manuscrits en sa possession. L’exemplaire de l’Arsenal (A2), qui provient du couvent des Augustins déchaussés de Lyon, doit ne pas avoir été vendu dans le Nord, pas plus que celui de Leyde (A1) d’ailleurs, que l’on sait avoir été dès le XVe siècle la propriété d’un comte de la Roche […] Villers, peut-être Humbert de Villersexel, comte de la Roche, possessionné dans la comté de Bourgogne et décédé en juin 143764. Garnot de Saint-Yon, qui avait été échanson de Philippe-le-Bon, avait à l’évidence conservé quelques solides relations dans l’entourage ducal. Fut-ce là la raison de son voyage ? On ne manquera pas de noter à ce propos la coïncidence de ce passage tardif par le Quesnoy, à la fin de l’été de 1439, et de l’entrée en fonction comme prévôt du Quesnoy en 1442, au lendemain de la mort de Marguerite de Bourgogne, d’un certain Philippe de Saint-Yon65. Cet anthroponyme étant alors inconnu en Hainaut66, il apparaît plus que probable que celui-ci ait été apparenté (peut-être s’agissait-il de son fils67) à l’ex-bibliothécaire du roi. Le manuscrit offert par Garnot de Saint-Yon à la vieille comtesse douairière de Hainaut l’aura-t-il été dans l’intention de s’allier sa bienveillance et d’introduire à son service son fils ? L’hypothèse n’est pas à exclure.

  • 68 Concernant ces événements, voir en priorité P. Champion, Vie de Charles d’Orléans (13941465), Pari (...)

15Il reste surtout à expliquer comment, entre 1439 et la fin du XVIIIe siècle, le manuscrit a pu passer du Quesnoy à Château-Renault. La réponse, probablement, est à rechercher dans les événements de l’automne et de l’hiver de 1440. Cette année-là vit libérer Charles d’Orléans, retenu en otage en Angleterre depuis Azincourt. L’initiative en était revenue à Philippe le Bon qui, souhaitant réconcilier les maisons d’Orléans et de Bourgogne, accepta de prendre à sa charge la plus grande partie du paiement de la rançon, imputé sur les recettes de Flandre et de Hainaut. Les tractations avaient été engagées dès janvier 1439 à Gravelines ; interrompues, elles avaient été reprises en juillet 1440 et avaient permis à Charles d’Orléans, sous étroite surveillance anglaise, de rencontrer à Calais le 13 de ce même mois Isabelle de Portugal. C’est alors que cette dernière lui aurait fait entrevoir la possibilité d’un mariage avec sa jeune nièce, Marie de Clèves, la fille du duc Adolphe de Clèves et de Marie de Bourgogne, sœur de Philippe le Bon. La libération n’eut lieu toutefois que quatre mois plus tard, au début de novembre, peu après qu’eut été payée, le 3 novembre, la rançon. Ayant débarqué à Calais, où l’accueillirent le duc et la duchesse de Bourgogne, et rejoint Gravelines, toujours sous bonne escorte des Anglais, Charles d’Orléans arriva à Saint-Omer où fut signé le contrat de mariage le 16 novembre et où furent célébrées en grandes pompes les noces, les samedi et dimanche 26 et 27 suivants. Trois jours plus tard, le mardi 29 novembre, s’ouvraient les festivités du chapitre de la Toison d’or organisées à l’occasion de la cérémonie et le lendemain, mercredi 30 novembre, jour de la saint André, le duc d’Orléans se vit promu en l’église abbatiale de Saint-Bertin au titre de chevalier, recevant des mains mêmes du duc de Bourgogne le collier de l’ordre68.

  • 69 On sait par les contre sommes des dépenses de son hôtel que Marguerite de Bourgogne n’avait pas qu (...)
  • 70 Voir G. du Fresne de Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. 3 : Le réveil du roi, 1435-1444, Paris (...)
  • 71 Voir L. Gilliodts-van Severen, Inventaire des archives de la ville de Bruges publié sous les auspi (...)
  • 72 Voir A. de la Grange, Extraits analytiques des consaulx de la ville de Tournai, 1431-1476, Tournai (...)
  • 73 Valenciennes qui avait contribué à hauteur de 6.000 francs pour le paiement de sa rançon. Voir H. (...)
  • 74 Pour cet itinéraire, voir Champion Vie de Charles d’Orléans, p. 320-324 (qui fait plusieurs erreur (...)
  • 75 Voir Champion, VIe de Charles d’Orléans, p. 324.
  • 76 L. Lalanne, Dictionnaire historique de la France, t. 1, 2e éd., Paris, Hachette, 1877, p. 289. Éga (...)

16La comtesse douairière de Hainaut n’assista pas aux festivités de Saint-Omer69. On sait en revanche que Charles d’Orléans et sa jeune épouse, après s’être rendus en pèlerinage à Notre-Dame de Boulogne le dimanche 4 décembre70, puis à Bruges, où il furent reçus avec les honneurs par les autorités de la ville le dimanche 1171, à Gand ensuite, à Tournai le 24 décembre72 et à Valenciennes73, firent étape et furent hébergés au Quesnoy chez Marguerite de Bourgogne les samedi 31 décembre et dimanche et lundi 1er et 2 janvier jusque dans l’après-midi, avant de rejoindre dans la soirée Cambrai où les autorités de la ville leur firent donner un vin d’honneur74. Pierre Champion, sans citer ses sources hélas, nous apprend que la vieille comtesse douairière les « fêta joyeusement » et leur donna « certains présents75 ». Une telle visite de marque au retour des noces de Saint-Omer et la circonstance du premier de l’an et ses traditionnelles étrennes, assurément, se prêtaient à de telles libéralités. On sait par ailleurs que Charles d’Orléans, bibliophile averti, rapportait avec lui de sa captivité en Angleterre une soixantaine de manuscrits qu’il avait eu l’occasion d’y acquérir, dont certains, envoyés en Angleterre par Bedford en 1429, provenaient de la bibliothèque du roi76. On se prend à imaginer comment, accueilli par sa lointaine cousine, il se sera plu sans doute à les lui donner à voir et comment en retour, cette dernière, désireuse d’honorer son hôte, lui aura alors fait don de l’exemplaire acquis un an et demi plus tôt, lui-même rescapé de l’ancienne bibliothèque du roi.

  • 77 Champion, Vie de Charles d’Orléans, p. 671.

17La suite de l’itinéraire du manuscrit peut tout au plus donner lieu à des supputations. De Cambrai, Charles d’Orléans et son épouse prirent la route en direction de Paris, passant par Saint-Quentin, Noyon et Compiègne ; ils séjournèrent dans la capitale du royaume du 14 au 22 janvier. Le 24, ils étaient à Orléans et, du 11 au 19 février, faisaient étape à Blois77. C’est alors, manifestement, qu’auront été versés les quelque soixante volumes rapportés d’Angleterre dans la bibliothèque du château. Le volume du Miroir historial offert par Marguerite de Bourgogne intégra-t-il alors lui-même la librairie ducale, ou Charles, poursuivant sa route en direction de Tours, l’emporta-t-il avec lui jusqu’à son séjour d’étape du château des anciens comtes de Blois à Château-Renault ?

  • 78 Jean de Dunois acheta à son frère Charles la terre de Château-Renault pour 20 mille écus d’or. Voi (...)
  • 79 Voir A.-G.-P. de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, 1364-1477, t. 6, (...)
  • 80 Voir R. Garnier, Dunois, le bâtard d’Orléans, Paris, F. Lanore, 1999, p. 237.
  • 81 Voir supra, note 30.
  • 82 On le sait avoir lu par exemple les Antiquités juives de Flavius Josèphe. Voir Laborde, Les ducs d (...)
  • 83 Voir Garnier, Dunois, p. 293-294. Le testament de Jean de Dunois et sa seconde épouse, passé à Arl (...)

18La présence à la fin du XVIIIe siècle des bifeuillets des Archives d’Indre-et-Loire dans cette petite ville située à quelque trente kilomètres au nord de Tours laisse entrevoir une autre possibilité. La seigneurie de Château-Renault avait été vendue en date du 29 mars 1450 (n.st.) par Charles d’Orléans à son demi-frère, le Bâtard d’Orléans, Jean de Dunois78. Or les deux frères, on le sait, étaient étroitement liés. Dunois, au début de 1439, avait été de ceux qui négocièrent à la conférence de Gravelines la libération de Charles79 et, l’année suivante, il avait assisté aux festivités de Saint-Omer80. Il ne semble pas, en revanche, qu’il l’ait accompagné au long de son périple en Flandre et en Hainaut. De retour en Touraine, Charles d’Orléans lui offrit-il le volume du Miroir historial qu’il avait reçu de la vieille comtesse douairière au Quesnoy ? L’hypothèse apparaît d’autant plus plausible qu’il possédait lui-même déjà un exemplaire complet de cette traduction de Jean de Vignay, celui que son père, Louis d’Orléans, avait fait exécuter en 1396. Il n’est pas indifférent, à ce propos, que le troisième volume de cette même série, disparu, ait précisément appartenu à la fin du XVe siècle à François d’Orléans. Hérité de son père, Jean de Dunois, on peut raisonnablement supposer qu’il avait été emprunté par ce dernier et n’aura jamais été restitué81. D’aucuns, peut-être, objecteront que le Bâtard d’Orléans, curieux d’histoir82, possédait bien une bibliothèque, mais que celle-ci se trouvait au rez-de-chaussée de son château de Châteaudun, attenante à son cabinet d’études décoré de « tapisseries de Bruges83 ». Comment s’expliquer en ce cas que le fragment de Tours ait été retrouvé à Château-Renault et non à Châteaudun, sa résidence principale ? Cette provenance, quoi qu’il en soit, ne permet à notre avis pas d’en douter : ledit volume doit bel et bien avoir eu pour dernier propriétaire le célèbre compagnon d’armes de Jeanne d’Arc.

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Notes

2 Ainsi, par exemple, de ces mentions de tapisseries dans la chambre de Marguerite de Bourgogne au chapitre des travaux qui y furent entrepris à partir de 1440. Voir Lille, Archives départementales du Nord [ADN], B 9094, compte de la châtellenie du Quesnoy par Jean de Mons (1.XI.1439-1.IX.1440), fol. 45v (travaux – janvier) : A Jehan Poissant, carpentier, pour en le sepmaine dou lundi xje jour dou mois de jenvier avoir ouvré de sen mestier, sicomme a … faire et asseir en le cambre de madame pluisieurs quevillettez pour tenir arriere dez huis les tapisseries quant besoings est.

3 Certificat de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, donnant connaissance que son secrétaire et trésorier de Hainaut Jean Marlette a livré à son secrétaire et garde de ses joyaux Jean Lachenel, dit Boulogne, plusieurs livres provenant de la trésorerie du Hainaut (6 août 1435) : voir Mons, Archives de l’État à Mons [AEM], Trésorerie des chartes de Hainaut [TCH], Chartrier n° 1677 ; éditions dans A.-F. Lacroix, A. Matthieu, Livres de la trésorerie des chartes du Hainaut. 1435. Inventaire des meubles de l’hôtel de Guillaume IV, duc de Bavière, à Paris. 1409, Mons, 1842, p. 11-12 ; L. Devillers, Cartulaire des comtes de Hainaut de l’avènement de Guillaume II à la mort de Jacqueline de Bavière (1337-1436), t. 5, Bruxelles, F. Hayez, 1892, p. 334-335 ; A. Derolez (avec la coll. de J.W. Klein), Corpus catalogorum Belgii. The Medieval Booklists of the Southern Low Countries, 4 : Provinces of Brabant and Hainault, Bruxelles, Paleis der Academiën, 2001, p. 246-247 ; mentions dans T. Gottlieb, Über mittelalterliche Bibliotheken, Leipzig, O. Harrassowitz, 1890, n° 1278 ; R.-L. Plancke, « Middeleeuwse handschrifteninventarissen », De Gulden Passer, 27, 1949, p. 24-35, ici p. 35. Quittance de Jean Lachenel, dit Boulogne, garde des joyaux de Philippe le Bon, reconnaissant qu’il a reçu de Jean Marlette, trésorier de Hainaut, plusieurs livres de la Trésorerie de Hainaut (12 août 1435) : voir AEM, TCH, chartrier n° 1678 ; édition dans Devillers, Cartulaire, t. 5, p. 335-336. État des journées prestées par Jean Marlette, conseiller du duc Philippe le Bon et trésorier de Hainaut au Quesnoy, notamment pour le transport à Bruxelles de livres et papiers de la trésorerie de Hainaut (fin mars 1434-juin 1435) : voir AEM, TCH, Anciens recueils n° 87, pièce n° 41 ; édition dans A.-F. Lacroix, « Analectes pour servir à l’histoire des comtes et du comté de Hainaut », Bulletins de la Commission royale d’histoire, 2e s., 7, 1855, p. 360-362.

4 Les biens de la vieille comtesse douairière furent mis sous scellés, sous la supervision du bailli de Hainaut Jean de Croÿ, deux jours après son décès, le vendredi 10 mars 1441 ; l’inventaire desdits biens mobiliers (dont la bibliothèque), document qui ne nous a hélas pas été conservé, fut dressé les 11, 12 et 13 mars. Voir ADN, B 10405, compte du bailliage par Jean de Croy (1.I.1441-31.XII.1441), fol. 36r ; ADN, B 8026, Compte du receveur général de Hainaut Jean Rasoir (1.I.1441-31.XII.1441), fol. 70v ; ADN, B 1974, pièce n° 58.403.

5 À ce propos notamment, voir la notice de L. Devillers, Biographie nationale de Belgique, 13, 1894-1895, col. 604-611 (en particulier col. 661). L’une des dernières préoccupations de Marguerite de Bourgogne fut, à partir de 1440, de se faire construire sa chapelle funéraire, greffée sur le flanc de l’église paroissiale Notre-Dame du Quesnoy. Voir les comptes de construction dans ADN, B 9095, compte du domaine du Quesnoy par Jean de Mons (1.IX.1440-30.XI.1440), fol. 34r sq. ; B 9096, id. par Jean Maselant (1.XII.1440-31.XII.1440), fol. 27v sq. La fondation par Marguerite de Bourgogne de cette chapelle, dédiée à sainte Marguerite et saint Éloi, fut confirmée après sa mort par le duc Philippe le Bon. Vidimus de cette confirmation par Alard, abbé de Saint-Jean de Valenciennes, 13 septembre 1441 : ADN, B 3327, pièce n° 15.756. L’importance accordée par la comtesse douairière à cet ouvrage est confirmée par la qualité manifeste des vitraux que l’on fit exécuter en Hollande, et non en Hainaut, à Valenciennes, ainsi qu’il en avait toujours été jusqu’alors des verrières du château du Quesnoy. Voir ADN, B 9094, ibid., fol. 51r-v (travaux – mars) : Audit Poissant [charpentier], pour en le sepmaine dou lundi xxviije jour de march avoir fait j coffre ou on mist les voirierez qui estoient venues de Hollande pour le capielle Sainte Margherite et Saint Eloi, come avoir rengrangiet et reviestit tout autour des quignons le mur estans en une petite cambrette dalés le haulte cambre ma dame. Item, en le grande cuisine et es estaulez la tenant avoir retailliet bordures de nocquierez pour les replommer plus aisiement et a mains de frait, en coi il fu employés par le terme de ij jours demi, monte a sen pris xvij s. vj d.

6 Lille, ADN, B 1968, n° 57.975 ; édition partielle dans A. et J. Le Glay, A. Desplanque, Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790. Nord. Archives civiles – Série B. Chambre des comptes, n° 1 à 1560, t. 1, Lille, L. Danel, 1865, p. 392 ; édition in-extenso dans J. Paviot, « Mentions de livres, d’auteurs, de copistes, d’enlumineurs, de miniaturistes (“historieurs”) et de libraires dans les comptes généraux du duc de Bourgogne Philippe le Bon (1419-1467) », Miscellanea in memoriam Pierre Cockshaw (1938-2008). Aspects de la vie culturelle dans les Pays-Bas méridionaux (XIVe-XVIIIe siècle), 2, éd. F. Daelemans, A. Kelders, Archives et Bibliothèques de Belgique, n° spécial, 82, 2009, p. 413-446 (ici p. 425, n° 73).

7 À ce propos, voir D.A.Trotter, « Jean de Vignay, traducteur –et écrivain à part entière ? », Le moyen français. Le traitement du texte, éd. C. Buridant, Strasbourg, 2000, p. 209-221 ; et aussi C. Knowles, « Jean de Vignay. Un traducteur du XIVe siècle », Romania, 75, 1954, p. 353-383, en particulier p. 358-362 et 381.

8 Ladite chronique de Primat couvre les règnes de Philippe III et de Philippe IV le Bel. Voir « Chronique de Primat traduite par Jean du Vignay », éd. N. de Wailly, Recueil des historiens des Gaules et de la France, 23, Paris, 1876, p. 5-106.

9 Voir C. Chavannes-Mazel, « Problems in Translations, Transcriptions and Iconography : The Miroir historial, Books 1-8 », Vincent de Beauvais : Intentions et réceptions d’une œuvre encyclopédique au Moyen Âge, éd. S. Lusignan, M. Paulmier-Foucart, A. Nadeau, Saint-Laurent –Paris, Bellarmin-Vrin, 1990, p. 343-374, ici p. 345-346 ; L. Brun, M. Cavagna, « Das Speculum historiale und seine französische Übersetzung durch Jean de Vignay », Übertragungen. Formen und Konzepte von Reproduktion in Mittelalter und Früher Neuzeit, éd. B. Bussmann, A. Hausmann, A. Kreft, C. Logemann, Berlin-New York, De Gruyter, 2005, p. 279-302. Pour la liste des manuscrits du Miroir historial, voir Chavannes-Mazel, « Problems in Translations », p. 363-364 ; Brun, Cavagna, « Das Speculum historiale », p. 300-302 ; L. Brun, M. Cavagna, « Pour une édition du Miroir historial de Jean de Vignay », Romania, 124, 2006, p. 379428, ici p. 424-426. On évitera la liste établie par Thomas Kaeppeli et Emilio Panella (Th. Kaeppeli, E. Panella, Scriptores Ordinis Praedicatorum Medii Aevi, t. 4, Roma, Istituto storico domenicano, 1993, p. 447-448, n° 3991), incomplète et entachée de nombreuses erreurs.

10 Voir Brun, Cavagna, « Das Speculum historiale », p. 290.

11 Ces trois artistes, qui travaillèrent pour l’entourage royal dans les années 1330-1340, paraissent avoir collaboré à plusieurs reprises. À ce propos, voir G. Graf von Vitzthum, Die Pariser Miniaturmalerei von der Zeit des Ludwig bis zu Philipp von Valois und ihre Verhältnis zur Malerei in Nord-westeuropa, Leipzig, Quelle u. Meyer, 1907, p. 178-179 ; H. Martin, La Miniature française du XIIIe au XVe siècle, Paris-Bruxelles, G. Van Oest, 1923, p. 24, 93, pl. 40 ; H. Martin, P. Lauer, Les Principaux manuscrits à peintures de la bibliothèque de l’Arsenal, Paris, Société française de reproductions des manuscrits à peintures, 1929, p. 24-25, pl. XXVI ; Les Fastes du Gothique, le siècle de Charles V, Réunion des musées nationaux, 1981, p. 298-299, n° 245 ; E. Morrison, A.D. Hedeman et al., Imagining the past in France : History in manuscript painting 1250-1500, Los Angeles, J. Paul Getty Museum, 2010, p. 147-152, n° 17. À propos du Maître de Papeleu, voir R. H. Rouse, M. A. Rouse, Illiterati et uxorati. Manuscripts and their Makers. Commercial Book Producers in Medieval Paris. 1200-1500, t. 1, Turnhout, Brepols, 2000, p. 140-143, 145-150 ; J.D. Udovitch, The Papeleu Master. A Parisian Manuscript Illuminator of the early Fourteenth Century, 2 tomes en 1 vol., Ph. Dissertation, New York University, octobre 1979, ici en particulier p. 185-187 (attribution à un artiste proche du Maître de Papeleu, dit le « Mirror Master »). À propos du Maître de Fauvel, voir en particulier Rouse, Illiterati et uxorati, t. 1, p. 207-217. Voir également B. Roux, Mondes en miniatures. L’iconographie du Livre du trésor de Brunetto Latini, Genève, Droz, 2009, p. 36-38.

12 Paris, Arsenal, Ms 5080. Voir H. Martin, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de l’Arsenal, t. 5, Paris, Plon, 1889, p. 43-44 : 418 feuillets, 380 x 270 cm. Ce manuscrit a appartenu au roi Jean qui a mis, au dernier feuillet (fol. 418v), sa signature « Jehan ». Il faisait partie de la bibliothèque du Louvre sous Charles V et Charles VI. Propriété de la bibliothèque de M. de Paulmy, il avait appartenu auparavant à la bibliothèque des Augustins déchaussés de Lyon.

13 Repris sous la cote 2.I.2 [A, B, C], ces trois bifeuillets centraux écrits sur deux colonnes, de quarante-deux lignes (275 x 380 mm. ; justification : 180 x 257 cm.), avec titres rubriqués, initiales bleues et rouges filigranées, initiales bleues et rouges ornées et grandes miniatures sur la largeur de la justification, proviennent de Château-Renault. Voir Y. Le Sage de la Haye, Répertoire numérique de la série I. Feuillets et fragments de livres manuscrits avec et sans notation musicale (IXe-XVIe siècle) – Conseil général d’Indre-et-Loire. Archives départementales, Tours, Archives départementales d’Indre-et-Loire, 2000, t. 1, p. 263-264, qui ne reconnaît comme provenant du volume IV du Miroir historial que le seul fragment C, les fragments A et B ayant appartenu selon lui à deux exemplaires d’un De la vie spirituelle et d’un De la discipline des moines, tous deux non identifiés. Laurent Brun et Mattia Cavagna ont récemment reconnu dans les trois bifeuillets, dont celui repris sous la lettre C, qui comporte des miniatures attribuables à l’enlumineur Mahiet, les fragments du même volume IV d’un Miroir historial, qu’ils datent de la fin de la première moitié du XIVe siècle et associent aux volumes I et II de la série A de Leiden et de l’Arsenal à Paris. Voir Brun, Cavagna, « Pour une édition du Miroir historial », p. 386-388.

14 Voir M. Cavagna, « Variantes d’auteur in absentia ? La version révisée du Miroir historial, encyclopédie du XIVe siècle », Medioevo romanzo, 28/1, 2014, sous presse. Remerciements à mon collègue Mattia Cavagna, qui m’en a livré la primeur.

15 Voir Chavannes-Mazel, « Problems in Translations », p. 347-348 ; et aussi L. Delisle, « Exemplaires royaux et princiers du Miroir historial », Gazette archéologique, 11, 1886, p. 87-101, ici p. 89-90.

16 Voir l’inventaire : Paris, BnF fr. 2700, fol. 2-37 ; édité dans [J.-B. Van Praet], Inventaire ou catalogue des livres de l’ancienne bibliothèque du Louvre fait en l’année 1373 par Gilles Mallet, Paris, Bure Frères, 1836, p. 6, n° 17-20 ; également dans L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. 3, Paris, Imprimerie nationale, 1881, p. 154, n° 880 (sous A.17 et B.17) ; L. Delisle, Recherches sur la librairie de Charles V, t. 2 : Inventaire des livres ayant appartenu aux rois Charles V et Charles VI et à Jean, duc de Berry, Paris, H. Champion, 1907, p. 143.

17 Voir l’inventaire : Paris, BnF fr. 2700, fol. 53-133 ; Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 154, n° 880 (sous D.4) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 143.

18 Voir l’inventaire : BnF fr. 9430 ; Delisle, Le Cabinet, t. 3, ibid. (sous E.4) ; Delisle, Recherches, t. 2, ibid.

19 Information d’après une note contenue dans l’inventaire BnF fr. 9430 : Mémoire que, avant ce que le present inventoire feust fait, monseigneur duc de Guienne manda maistre Jehan Maulin et moy, qui avions chascun une clef de la dicte librairie, et nous fist bailler a mons. de Baviere ces quatre volumes de Vincent. Voir Delisle, Recherches, t. 2, p. 143, n° 880.

20 Contrairement à ce qui a été prétendu, le mariage paraît bel et bien avoir été célébré. À ce propos, voir Œuvres de Froissart. Chroniques, publiées avec les variantes des divers manuscrits, éd. J.-B.-M.-C. Kervyn de Lettenhove, t. 2 : 1322-1339, Bruxelles, Victor Devaux et Cie, 1867, p. 350 et 352.

21 Paris, BnF fr 316. Voir Catalogue des manuscrits français – Bibliothèque impériale. Département des manuscrits, t. 1 : Ancien fonds, Paris, Bibliothèque [nationale]. Département des manuscrits, 1868, p. 25. Erreur de lecture de la date inscrite à la fin : 1333 et non M.CCC LXX et III.

22 L. M. C. Randall, Medieval and Renaissance Manuscripts in the Walters Art Gallery, 1 : France, 875-1420, Baltimore-Londres, Johns Hopkins University Press, 1989, p. 165-173, n° W.140.

23 Rouse, Illiterati et uxorati, t. 1, p. 212 ; t. 2, p. 195 et 198.

24 Inventaire de 1413 : Paris, ANF, registre KK 258. Voir Delisle, Cabinet, t. 3, p. 187, n° 202 ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 255, n° 202 (sous B.96) ; J. Guiffrey, Inventaires de Jean, duc de Berry (1401-1416), t. 1, Paris, E. Leroux, 1894, p. 248.

25 Ancien Paris, Bibl. de Sainte-Geneviève, Ms L 54 f, aujourd’hui Paris, BnF fr. 15.213. Voir Delisle, Cabinet, t. 3, p. 187, n° 202 ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 255, n° 202 (sous C.1011) ; Guiffrey, Inventaires, t. 1, p. 248 ; [J. Barrois], Bibliothèque protypographique ou Librairies des fils du roi Jean, Charles V, Jean de Berri, Philippe de Bourgogne et les siens, Paris, Treuttel et Würtz, 1830, p. 91, n° 520.

26 Randall, Medieval and Renaissance Manuscripts in the Walters Art Gallery, 1 : France, 8751420, p. 171.

27 En dernière instance, voir Brun, Cavagna, « Pour une édition du Miroir historial », p. 389 390 ; et aussi C.W. Dutschke, « The truth in the book : the Marco Polo texts in Royal 19. D. I and Bodley 264 », Scriptorium, 52, 1998, p. 278-300, ici p. 297-298.

28 Voir notamment L. Delisle, « Notice sur un manuscrit des miracles de Notre-Dame conservé au Séminaire de Soissons », Gazette des Beaux-Arts, 23, 1867, p. 524-530, ici p. 529-530.

29 Voir l’inventaire BnF fr. 2700, fol. 2-37 (et le recollement de 1380 par Jean Blanchet : BnF, coll. Baluze, Ms n° 397) ; édité dans Van Praet, Inventaire ou catalogue, p. 64-65, n° 294-297, avec la note à la suite de la quatrième notice : Il n’y a point de iije, mais il y en a un quart volume en lieu. Voir également Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 154-155, n° 882 (sous A.294 et B.315) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 144. Incipit du volume I : Vincent le fist ; fin : et aucuns parfirent. Incipit du volume II : Quant Guyus qui estoit ; fin : de ce me met je plus en jeune. Incipit du volume IV (comprenant les livres XXV à XXXII) : Estancellans comme escharbocle ; fin : ne sera entre les presidens.

30 Voir les inventaires BnF fr. 2700, fol. 53-133 et BnF fr. 9430. Voir Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 154-155, n° 882 (sous D.384-386 et E.421-423) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 144.

31 Voir les inventaires Paris, Bibl. Ste-Geneviève, Q.5.f. et Paris, Bibl. Mazarine, H.1934 ; édité dans Inventaire de la bibliothèque du roi Charles VI fait au Louvre en 1423 par ordre du Régent, duc de Bedford, [éd. L. Douët-d’Arcq], Paris, Société des bibliophiles, 1867, p. 107108, n° 396-398. Voir Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 154-155, n° 882 (sous F.396-398) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 144, n° 882.

32 Voir le Catalogue des manuscrits français, t. 1, 1868, p. 25. Les quatre exemplaires de cette série sont signalés dans l’inventaire de la bibliothèque du château de Blois (la bibliothèque de feu Louis d’Orléans y avait été transférée de l’hôtel d’Orléans, situé rue de la Poterne à Paris, en 1409) dressé en 1417 (Paris, ANF, K 500, n° 5), de même que dans celui dressé au retour de captivité de Charles d’Orléans après 1440, sous la rubrique « Livres à recouvrer ». Voir Paris, ANF, K.500, n° 7 ; édition dans A. Le Roux de Lincy, « La bibliothèque de Charles d’Orléans à son château de Blois en 1427 », Bibliothèque de l’École des chartes, 5, 1844, p. 59-82 (ici p. p. 74-75, n° 32) et L. de Laborde, Les ducs de Bourgogne. Études sur les lettres, les arts et l’industrie pendant le XVe siècle, 2de partie : preuves, t. 3, Paris, Plon, 1852, p. 314-332, ici p. 331, n° 6632 : Le Livre de Mirouer historial, en quatre grans volumes, neuf, en françois, en lettre de forme, historiées, à mi couvert de velours noirs, chacun livre à deux fermouers esmaillés, armoriés. Voir également Delisle, « Exemplaires royaux », p. 99-101 ; Delisle, Rercherches, t. 1, p. 76-77 ; P. Champion, La Librairie de Charles d’Orléans, Paris, Champion, 1910, p. 110-112, 115. Voir, en dernière instance, G. Ouy, La Librairie des frères captifs. Les manuscrits de Charles d’Orléans et Jean d’Angoulême, Turnhout, Brepols, 2007, p. 37, n° 33 (inventaire de 1417), p. 53, n° 189 (inventaire d’après 1440), p. 74. Aucun des livres dits « à recouvrer » après 1440 n’est passé dans les mains de Jean d’Angoulême puisqu’il n’y est pas fait mention dans le catalogue de 1467 ; voir Ouy, La Librairie des frères captifs, sous « C ».

33 Information fournie par l’inventaire de la bibliothèque des Orléans dressé à Chauny à la suite du décès de Marie de Clèves († 1417). Voir Laborde, Les ducs de Bourgogne, t. 3, n° 7194 : Trois des quatre volumes du Miroer ystorial et MS. de Dunois a l’autre.

34 Ainsi que nous l’apprennent plusieurs quittances données par ledit Thévenin Angevin, du 12 février, du 3 juin et du 2 septembre 1396. Voir Laborde, Les ducs de Bourgogne, t. 3, 110, n° 5678 (achat de parchemin), p. 111 et 119, n° 5682 et 5709 (achat de parchemin) et p. 122, n° 5725 (40 francs, pour paier les escripvains, enlumineurs et autres ouvriers qui font pour le dit MS d’Orléans nommé le Mirouer hystorial …). Voir également A. Champollion-Figeac, Louis et Charles, ducs d’Orléans. Leur influence sur les arts, la littérature et l’esprit de leur siècle, d’après les documents originaux et la peinture des manuscrits, 1re et 2e parties, Paris, Comptoir des imprimeurs réunis, 1844, p. 125. Voir enfin Rouse, Illiterati et uxorati, t. 1, p. 278 ; t. 2, p. 27, 41 et 122.

35 Voir l’inventaire BnF fr. 11.496 ; édité dans Guiffrey, Inventaires, t. 2, 1896, p. 123. Voir également Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 187, n° 200 (sous A.960) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 255.

36 Voir Brun, Cavagna, « Das Speculum historiale », p. 293.

37 Voir le Catalogue des manuscrits français, t. 1, 1868, p. 25. Daté, à tort, du début du XVe siècle. Incipit : Quant Gayus, qui estoit emperere de Romme, fu revenu à Romme… ; finissant par : Cy fenist le xvje livre du Mirouoir hystorial.

38 Voir C. Bruun, Aarsberetninger og meddelelser fra det store Kongelige Bibliothek, t. 3, Kjǿbenhavn, Gyldendal, 1890, p. 127-129 (donné à tort pour une troisième partie).

39 Voir M. Thomas, « Nouvelles acquisitions latines et françaises du Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale pendant les années 1969-1971 », Bibliothèque de l’École des chartes, 130/2, 1972, p. 493-577 (ici p. 542-544). Le volume I (BnF, n. acq. fr. 15.939-15.941) réapparut au XIXe siècle entre les mains du baron Van Zuylen van Nijevelt, ambassadeur du roi de Hollande ; il passa ensuite par héritage à sa petite-nièce, Mme Van der Staal de Piershill. Il fut acheté chez Sotheby’s le 15 décembre 1906 (sous le n° 487) par le collectionneur Henry Yates Thompson (voir S. de Ricci, « Les manuscrits de la collection Henry Yates Thompson », Bulletin de la Société française de reproductions de manuscrits à peintures, 10, 1926, p. 42-72, ici p. 60-61, n° 79a) et, en 1920, par le célèbre collectionneur Alfred Chester Beatty, dont la collection fut vendue le 3 décembre 1968, date à laquelle il fut acquis par la Bibliothèque nationale de France (voir E.G. Millar, The library of A. Chester Beatty. A descriptive catalogue of the western manuscripts, Oxford, Oxford University Press, 1930, t. 2, p. 156-211). Le volume II (BnF, n. acq. fr. 15.942-15.944) appartenait au quatrième comte d’Ashburnham, à qui Henry Yates Thompson l’acheta en mai 1897. Voir de Ricci, « Les manuscrits de la collection Henry Yates Thompson », p. 61, n° 79. Il rejoignit lui aussi la collection de Chester Beatty en 1920. Quant au volume trois (BL, Add. 6416), sa provenance est inconnue.

40 Dans l’inventaire BnF fr. 11.496 ; édité dans Guiffrey, Inventaires, t. 1, p. 258. Voir également Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 187, n° 201 (sous A.943) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 255.

41 Voir l’inventaire de Jean de Berry de 1413 : Paris, ANF, registre KK 258 ; édité dans Guiffrey, Inventaires, t. 1, p. 258. Voir également Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 187, n° 201 (sous B.123) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 255.

42 Donné au duc de Bourgogne, en date du 9 février 1413. Voir l’inventaire de Jean de Berry de 1413 : Paris, ANF, registre KK 258 ; édité dans Guiffrey, Inventaires, t. 1, p. 258-259, n° 972 : … lequel livre fu de feu messire Jehan de Montagu, auquel Monseigneur le donna en son vivant ; et depuis, après son trespassement, mondit seigneur l’a recouvré, c’est assavoir les deux derniers volumes de monseigneur de Guienne, et le premier volume du prevost de Paris, par don du Roy nostre sire. Provenance confirmée par l’inventaire de la bibliothèque de Bourgogne dressée en 1420. Voir G. Doutrepont, Inventaire de la « librairie » de Philippe le Bon (1420), Bruxelles, Kiessling et Cie, 1906, p. 99, n° 149 : Item, ung autre livre du Mirouer historial, nommé Vincent, en trois volumes, dont le premier volume est escript en parchemin, de lettre ronde, à ij colonnes, historié de vc iiijxx et iiij histoires, enluminé de rose et d’asur, commençant ou ije fueillet La roye par quoy, et ou derrenier Mist en si grant, couvert de drap de damas vert, à ij fermouers d’argent dorez, esmaillez aux armes de Monseigneur de Berry. ; idem, n° 150 et n° 151. Également signalé dans l’inventaire de Marguerite de Bavière en 1423 (à l’exception du troisième volume, non disponible au moment de l’inventaire) : voir G. Peignot, Catalogue d’une partie des livres composant la bibliothèque des ducs de Bourgogne au XVe siècle, seconde édition revue et augmentée du catalogue de la Bibliothèque des Dominicains de Dijon, rédigé en 1307, Dijon, V. Lagier, 1841, p. 77 ; Doutrepont, Inventaire de la « librairie » de Philippe le Bon (1420), p. 99-100 (sous n° 151) ; et D. Jeannot, « Les bibliothèques de princesses en France au temps de Charles VI : l’exemple de Marguerite de Bavière », Livres et lectures de femmes en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, éd. A.-M. Legaré, Turnhout, Brepols, 2007, p. 191-210, ici p. 194 et édition de l’inventaire (Dijon, Archives départementales de la Côte-d’Or, B 302, n° 4097, fol. 9r) p. 202. Encore signalé dans l’inventaire dressé à la mort de Philippe le Bon en 1467 ; voir Barrois, Bibliothèque protypographique, p. 144, n° 886, 887 et 885. Absent par contre de l’inventaire du Coudenberg de 1487.

43 Voir A catalogue of the Lansdowne Manuscripts in the British Museum with indexes of persons, places and matters, s.l., 1819, p. 287.

44 Voir Brun, Cavagna, « Das Speculum historiale », p. 294-295. Voir également C. Chavannes-Mazel, The Miroir Historial of Jean le Bon : The Leiden Manuscript and its Related Copies, Ph. D. Dissertation, University of Leiden, 1988, p. 82, 85, 92-93, 97, 110, 115, 144, 164.

45 À ce propos, voir en particulier M. Camille, The Master of Death. The Lifeless Art of Pierre Remiet Illuminator, New Haven –Londres, Yale University Press, 1996, p. 120-121, 250, 269.

46 Voir Journal d’un Bourgeois de Paris 1405-1449, publié d’après les manuscrits de Rome et de Paris, éd. A. Tuetey, Paris, Champion, 1881, p. 40 n. 1. C’est lui, et non son frère Jean comme l’affirme Juvénal des Ursins, qui aurait succédé en 1411 à Denis de Saint-Yon, à l’évidence un sien parent. Il était encore échevin en 1413. Voir A. Coville, Les Cabochiens et l’ordonnance de 1413, Paris, Hachette, 1888, p. 178.

47 Voir B.-F. Pocquet du Haut-Jussé, « Anne de Bourgogne et le testament de Bedford (1429) », Bibliothèque de l’École des chartes, 95, 1934, p. 284-326, ici p. 291 n. 2 : « En 1411, Jean sans Peur donna du vin de Beaune au “maître des bouchers” (sans le nommer), de même qu’aux bouchers Thomas Legoix, Gros Guillot, Denisot de Chaumont, Simon Caboche et Saint-Yon » (très probablement ledit Garnot de Saint-Yon). Voir Dijon, Archives du département de la Côte d’Or, B 1570, fol. 242v.

48 Voir Ad. Lecocq, « Lettres-patentes de Charles VI (septembre 1413) », Mémoires de la Société archéologique d’Eure-et-Loire, 1, 1858, p. 62-69. Également : Chroniques d’Enguerrand de Monstrelet, nouvelle édition, éd. J.-A. Buchon, t. 3, Paris, Verdière, 1826, chap. cxiii, p. 67-82 (en particulier p. 77-78), qui cite en outre, au nombre des cabochiens qui investirent l’hôtel Saint-Pol, les chevaliers Élion de Jacqueville, Robinet de Mailly, Charles de Recourt, dit de Lens, le secrétaire Guillaume Barrau. Le nom de Garnot de Saint-Yon n’apparaît pas dans le récit des événements rapportés dans la version qu’a publiée Louis Douët-d’Arcq. Voir La Chronique d’Enguerran de Monstrelet en deux livres avec pièces justificatives 1400-1444, éd. L. Douët-d’Arcq, t. 2, Paris, Vve Jules Renouard, 1858, chap. cii, p. 343-348 (en particulier p. 344). Voir également Coville, Les Cabochiens, p. 188 sq.

49 Voir Journal d’un Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40.

50 J.-C.-L. Sismonde de Sismondi, Histoire des Français, t. 12, Paris-Strasbourg-Londres, Treuttel et Würtz, 1828, p. 432. Plus récemment, à propos de ces événements, voir B. Schnerb, Jean sans Peur. Le prince meurtrier, Paris, Payot, 2005, p. 549 sq. (chapitre 35 : « Un échec politique »).

51 Voir Journal d’un Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40, qui renvoie à la Chronique des Cordeliers, p. 219.

52 Renseignements signalés dans Mémoires pour servir à l’histoire de France et de Bourgogne contenant un journal de Paris sous les règnes de Charles VI et de Charles VII, Paris, 1729, p. 140. Il sera promu par ailleurs au titre d’échanson du duc Philippe le Bon, par ses lettres du 20 février 1424 n.st., ses gages annuels s’élevant alors à 100 francs : voir Mémoires pour servir à l’histoire de France et de Bourgogne, p. 230 ; également A. Longnon, Paris pendant la domination anglaise (1420-1436). Documents extraits du registre de la chancellerie de France, Paris, Champion, 1878, p. 40 n.

53 Voir Coville, Les Cabochiens, p. 403 (d’après Monstrelet).

54 Voir Journal d’un Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40.

55 Voir Journal de Clément de Fauquembergue, greffier du parlement de Paris 1417-1435, t. 1 : 1417-1420, éd. A. Tuetey, Paris, H. Laurens, 1903, p. 243 (26 janvier 1419), 294 (5 mai 1419).

56 Voir Coville, Les Cabochiens, p. 406 ; J. Favier, Les Contribuables parisiens à la fin de la guerre de Cent ans. Les rôles d’impôt de 1421, 1423 et 1438, Genève-Paris, Droz, 1970, p. 351.

57 Voir Journal d’un Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40 n. 1, qui renvoie à ANF, Z1a 10, fol. 8v et X1a 1482, fol. 4v.

58 J. Boivin (le cadet), « Bibliothèque du Louvre sous les Rois Charles V, Charles VI & Charles VII. Dissertation historique », Mémoires de littérature tirez des registres de l’Académie royale des Inscriptions et Belles Lettres depuis le Renouvellement de cette Académie jusqu’en M.DCCX, t. 2, Paris, 1717, p. 758-760. Voir également Delisle, Le Cabinet des manuscrits, t. 1, 1868, p. 47 et, récemment, S. Balayé, La Bibliothèque Nationale des origines à 1800, Genève, Droz, 1988, p. 9-10 n. 40.

59 Voir Longnon, Paris sous la domination anglaise, p. 39-40 n. (qui édite la lettre du 7 avril 1422 d’après ANF, JJ. 172, n° 45 et 173 n. 4). Voir également H. Sauval, Histoire et recherche des antiquités de la ville de Paris, t. 3, Paris, 1724, p. 290, 308 et 590.

60 Voir Journal d’un bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40 n. 1, qui renvoie à ANF, X1a 1482, fol. 4v.

61 Voir Favier, Les contribuables, p. 351. À propos de sa nomination comme échevin le 22 juillet 1433 avec Jean de la Poterne, voir Journal de Clément de Fauquembergue, 3 : 1431-1436, éd. A. Tuetey (avec la coll. de H. Lacaille), Paris, H. Laurens, 1915, p. 180.

62 Il figure en effet en qualité de bourgeois dans le rôle de la taille de Paris de cette même année. Voir Favier, Les contribuables, p. 274 (n° 241).

63 Voir supra, note 12.

64 Voir Morrison, Hedeman, Imagining the past, p. 147.

65 Le compte de la prévôté du Quesnoy de 1451, qui fait suite à une lacune de plusieurs années, est donné pour le dixième rendu par ledit Philippe de Saint-Yon. Il en résulte que cet officier était entré en fonction vers 1442, soit peu de temps après la mort de Marguerite de Bourgogne. Voir J.-M. Cauchies, La législation princière pour le comté de Hainaut : ducs de Bourgogne et premiers Habsbourg, 1427-1506. Contribution à l’étude des rapports entre gouvernants et gouvernés dans les Pays-Bas à l’aube des temps modernes, Bruxelles, Facultés universitaires Saint-Louis, 1982, p. 486-487. C’est lui qui se trouve cité, en sa qualité de prévôt du Quesnoy, dans la vingt-cinquième nouvelle des Cent nouvelles nouvelles, dont on s’accorde à dater la rédaction dans les anciens Pays-Bas vers 1440-1450 : voir Les Cent nouvelles nouvelles, éd. Th. Wright, 2 tomes, Paris, 1857-1858, ici t. 1, p. 134-137.

66 Les Saint-Yon paraissent avoir été issus d’une famille de la vieille noblesse d’Île-de-France (un Philippe de Saint-Yon fut capitaine et comte de Montlhéry au début du règne de Jean II le Bon, vers 1350). Voir à ce propos le Verbal contenant la Noblesse & ancienneté de la Maison de Saint-Yon, in-4°, s.d. [début du XVIIIe siècle] (Paris, BnF, Imprimés Tolbiac).

67 Ainsi que le suggère Wright, Les Cent nouvelles nouvelles, t. 2, p. 259.

68 Concernant ces événements, voir en priorité P. Champion, Vie de Charles d’Orléans (13941465), Paris, H. Champion, 1911, en particulier les chapitres xi (La délivrance), p. 272-312 ; xii (Le retour en France), p. 313-328 ; L. Détrez, « Le mariage de Charles d’Orléans et de Marie de Clèves à Saint-Omer (26 novembre 1440), d’après les Archives du Nord », Le Livre du Centenaire (1853-1953). Flamands de France, [Lille, S.I.L.I.C.], 1954, p. 329-340.

69 On sait par les contre sommes des dépenses de son hôtel que Marguerite de Bourgogne n’avait pas quitté sa résidence du Quesnoy durant les semaines du dimanche 20 novembre au samedi 26 novembre 1440 et du dimanche 27 novembre au samedi 3 décembre. Voir ADN, B 3327, pièce n° 112.929 : (20-26 novembre 1440) … faite au Quesnoy … en le quelle sepmaine furent les grans comptes et se fu chy le famme messire Symon Dallaing … ; Id., pièce n° 112.930 : (27 novembre-3 décembre 1440) : … faite au Quesnoy … en le quelle sepmaine furent chy les conseillers de madamme de Mons au cause des grans comptes, deux jours.

70 Voir G. du Fresne de Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. 3 : Le réveil du roi, 1435-1444, Paris, Librairie de la Société Bibliographique, 1885, p. 162.

71 Voir L. Gilliodts-van Severen, Inventaire des archives de la ville de Bruges publié sous les auspices de l’administration communale, t. 5, Bruges, Edw. Gailliard, 1876, p. 194-196.

72 Voir A. de la Grange, Extraits analytiques des consaulx de la ville de Tournai, 1431-1476, Tournai, H. et L. Casterman, 1893, p. 85.

73 Valenciennes qui avait contribué à hauteur de 6.000 francs pour le paiement de sa rançon. Voir H. d’Outreman, Histoire de la ville et comté de Valentiennes, Douai, 1639, p. 173.

74 Pour cet itinéraire, voir Champion Vie de Charles d’Orléans, p. 320-324 (qui fait plusieurs erreurs de dates) et 672. Voir E. Gautier, A. Lesort, Inventaire sommaire des archives de Cambrai, Cambrai, F. Deligne, 1907, p. 98 : (2 janvier 1441) Ledit jour a monseigneur le duc d’Orleans iij muis de vin … 64 l. 16 s. Charles d’Orléans arriva probablement à Cambrai le soir, car quatre compagnons venus à sa rencontre portaient alors des torches devant le prévôt, les échevins et le conseil partis à sa rencontre. (Arch. Com. De Cambrai [détruit], CC.61). Voir ADN, B 3327, pièce n° 112.935 : (1er-7 janvier 1441) Contresomme de la depensse de ma tres redoubtee damme la ducesse faite au Quesnoy depuis le dimence premier jour de jenvier l’an xl jusques au samedi ensievant. C’est par le terme de vij jours enthirs. En le quelle sepmaine fu chy monseigneur le duc et madamme la ducesse d’Orliyens j jour et demi, et le samedi de l’autre sepmaine. Et furent despendues les prouvances qui s’enssievent….

75 Voir Champion, VIe de Charles d’Orléans, p. 324.

76 L. Lalanne, Dictionnaire historique de la France, t. 1, 2e éd., Paris, Hachette, 1877, p. 289. Également : Champion, La Librairie de Charles d’Orléans, p. xxv-xxix (qui édite la liste dressée le 5 novembre 1440 à Saint-Omer par Hugues Perrier et Etienne le Gout, son secrétaire).

77 Champion, Vie de Charles d’Orléans, p. 671.

78 Jean de Dunois acheta à son frère Charles la terre de Château-Renault pour 20 mille écus d’or. Voir J.-L. Chalmel, Tablettes chronologiques de l’histoire civile et ecclésiastique de Touraine, suivies de mélanges historiques relatifs à la même province, Tours, 1818, p. 199 ; A. Vallet de Viriville, « Documents relatifs à la biographie de Jean, bâtard d’Orléans, comte de Dunois et de Longueville », Le Cabinet historique, t. 3, 1re partie, Paris, 1857, p. 3-11 et 105-120, ici p. 112-113.

79 Voir A.-G.-P. de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, 1364-1477, t. 6, 7e éd., Paris, Le Normant-Garnier frères, 1854, p. 194.

80 Voir R. Garnier, Dunois, le bâtard d’Orléans, Paris, F. Lanore, 1999, p. 237.

81 Voir supra, note 30.

82 On le sait avoir lu par exemple les Antiquités juives de Flavius Josèphe. Voir Laborde, Les ducs de Bourgogne, t. 3, p. 317, n° 6497 (chambre des comptes de Blois) : Le Livre de Jozephus. Monseigneur de Dunois l’a en prest. Il s’agit à l’évidence du volume que signale l’inventaire de la bibliothèque du château de Blois ; voir Laborde, Les ducs de Bourgogne, t. 3, p. 289, n° 6327.

83 Voir Garnier, Dunois, p. 293-294. Le testament de Jean de Dunois et sa seconde épouse, passé à Arles en Provence le 3 octobre 1463, ne fait nulle allusion au moindre manuscrit. Édité dans « Testament de Dunois, selon la copie qui existe aux Archives de la Préfecture du département du Loiret », Mémoires de la Société archéologique de l’Orléanais, 4, 1858, p. 422-429.

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Pour citer cet article

Référence papier

Ludovic Nys, « Tribulations hennuyères d’un manuscrit du miroir historial »Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 27 | 2014, 235-255.

Référence électronique

Ludovic Nys, « Tribulations hennuyères d’un manuscrit du miroir historial »Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 27 | 2014, mis en ligne le 30 décembre 2017, consulté le 13 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/13447 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crm.13447

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Auteur

Ludovic Nys

Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis

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Droits d’auteur

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