Les Versions en prose du Purgatoire de saint Patrice en ancien français, éd. Martina Di Febo
Les Versions en prose du Purgatoire de saint Patrice en ancien français, éd. Martina Di Febo, Paris, Champion (« Classiques français du Moyen Âge » 172), 2013, 294p.
ISBN 978-2-7453-2490-0
Texte intégral
1L’ouvrage est issu de la thèse de doctorat de Martina Di Febo. Il présente l’édition de versions en prose française du Purgatoire de saint Patrice, dont il faut rappeler la très large diffusion tout au long du Moyen Âge, depuis le texte latin d’H. de Saltrey, le Tractatus de Purgatorio sancti Patricii, jusqu’aux versions en prose de la fin de la période, en passant par différentes réécritures versifiées qui s’étendent du XIIe au XVe siècle, dont la plus connue est bien entendu L’Espugatoire seint Patriz de Marie de France – mon édition des sept réécritures versifiées françaises chez Champion fournira un pendant à l’admirable travail de Martina Di Febo.
2L’introduction mêle érudition et grande lisibilité. Elle présente l’histoire de la diffusion de la légende et motive les choix d’édition, à partir des quatre macro-rédactions en prose, dont Martina Di Febo a choisi deux versions, dont une sous deux formes : la version la plus ancienne et répandue, ɑ, « car elle est à la base d’une tradition complexe. Le choix de publier le remaniement ɑ1 et la version e, les deux remontant au XIVe siècle, est lié à leur degré d’innovation diégétique et stylistique, puisque elles donnent un aperçu des transformations anthropologiques et culturelles concernant la réception du Purgatoire. Les autres versions, qui sont des traductions fidèles du Tractatus latin, seront présentées et analysées […] dans l’introduction » (p. 11-12). « Parmi les versions en prose du Purgatoire il faut différencier les traductions dépendantes de la Legenda aurea, dont la plus connue a été effectuée par Jean Vignay, des traductions du Tractatus, toutes anonymes. Notre étude est consacrée entièrement aux rédactions qui découlent directement du Tractatus, rédactions qui n’ont pas été interpolées à l’intérieur d’œuvres plus vastes » (p. 19). L’auteur rappelle les raisons anthropologiques du succès de la légende, qui impliquent une perpétuelle réécriture de la matière, depuis les origines latines dont Martina Di Febo rappelle l’existence des deux grandes versions et leurs différences.
3Martina Di Febo présente les différentes macro-rédactions qu’elle a pu mettre en lumière :
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La version ɑ, hagiographie du Purgatoire
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La version b et ses remaniements : une traduction fidèle
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La version e : la crainte du Purgatoire
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La version picarde f
4Chaque étude se fait avec analyses textuelles précises à l’appui.
5On passe ensuite à l’édition de la version a, précédée d’une introduction propre. Cette dernière présente les manuscrits et en fait une description précise, pour aboutir à l’étude de la tradition manuscrite et aux rapports stemmatiques. L’ensemble s’appuie sur tous les outils d’analyse de la langue et des textes, utilisés avec précision et efficacité. Martina Di Febo étudie ensuite la langue du manuscrit qu’elle a choisi d’éditer : P4, c’est-à-dire le ms. Paris BNF fr. 412. Elle explique ensuite ses principes d’édition. Le texte s’étend des pages 91 à 112. On apprécie que la lecture ne soit pas gênée par des notes trop présentes ou par trop de signes critiques dans le texte. Toutes les questions de détail trouveront leur réponse dans l’abondant apparat critique fourni à la suite, au fil des très denses pages 113 à 136. Les notes plus littéraires sont renvoyées encore après, aux pages 137 à 148. Elles renvoient aux paragraphes et aux numéros de lignes puisque chaque paragraphe du texte est ainsi balisé. On regrettera cependant que rien ne semble indiquer la présence de l’une de ces notes dans le texte lui-même, en sorte qu’il faut s’y rendre pour revenir vers le texte, de façon un peu systématique pour en avoir une idée précise. Cela est d’autant plus gênant qu’elles sont toutes intéressantes mais qu’elles traitent de sujets très divers qui ne retiendront certainement pas tous les mêmes lecteurs.
6La version ɑ1 suit. Il s’agit d’un « remaniement de la version ɑ, composé vers le milieu du XIVe siècle. Il est conservé par un seul manuscrit, Paris, BNF naf 4464 » (p. 151). L’auteur en présente les singularités et la place dans le stemma global des versions ɑ. Elle étudie les traits de langue, notamment la coloration picarde, ce qui conduit à l’examen de la datation et de la localisation de la version, avant une brève présentation du texte, qui s’étend des pages 175 à 192. Les notes critiques sont à la page 193.
7La version e, « conservée dans trois manuscrits, est une traduction indépendante d’un modèle latin, effectuée vraisemblablement vers le milieu du XIVe siècle. Deux manuscrits datent de la première moitié du XVe siècle, tandis que le troisième remonte au XVIe siècle » (p. 197). Martina Di Febo présente les manuscrits et la question du modèle latin, avant d’étudier la langue du manuscrit de base (Paris, BNF fr. 25549), qui lui permet de revenir très brièvement sur la datation du texte. Le texte se trouve aux pages 223 à 241, suivi de l’apparat critique et des notes critiques, comme précédemment.
8Un glossaire, précédé d’une notice claire concernant son bon usage, permet une bonne mise en perspective des différents textes édités, ainsi qu’un index des noms propres. La bibliographie qui place les outils d’édition ou d’étude de la langue avant les études sur les textes rappelle qu’il s’agit bien là avant tout d’un travail philologique, dont il faut néanmoins saluer l’importance pour les recherches littéraires, au sens large, sur la légende du Purgatoire de saint Patrick.
Pour citer cet article
Référence électronique
Myriam White-Le Goff, « Les Versions en prose du Purgatoire de saint Patrice en ancien français, éd. Martina Di Febo », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], Recensions par année de publication, mis en ligne le 11 septembre 2014, consulté le 09 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/13274 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crm.13274
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