Trois cartes territoriales de Brescia
Résumés
La première des cartes étudiées ici a été réalisée pour Pandolfo Malatesta, seigneur de Brescia (1406-14121). Encore au stade d’esquisse inachevée, elle a été jointe dans une copie, réalisée au milieu du XVe siècle, des estimi de 1406-1416, dans un double but : exposer visuellement le territoire à administrer ; célébrer la puissance du prince. La deuxième carte se trouve dans un recueil intitulé Privilegi concessi alla città, alle famiglie e al territorio di Brescia (1471-1472). Elle se trouvait à la fin de la partie consacrée aux privilèges de la famille Martinengo. Au-dessus des principaux lieux du contado sont dessinées des lettres qui correspondent aux initiales de grandes familles féodales. Un texte dans le folio qui précède l’endroit où elle se trouvait autrefois indique sa principale fonction : montrer les lieux où les Martinengo possèdent des droits. La carte, probablement copiée sur un modèle plus ancien, a donc été détournée de son usage premier (exposer la domination sur le contado) pour montrer l’implantation féodale des principales familles dans le territoire. La troisième carte, datant vraisemblablement de la deuxième moitié du XVe siècle, considérée par les historiens de la cartographie comme la plus exacte et la plus moderne, est dessinée sur parchemin. Souvent attribuée, sans preuve décisive, à la prescription du Conseil des Dix de Venise de faire dessiner des cartes des territoires administrés par Venise, elle laisse en réalité le chercheur sans éléments concrets pour apprécier ses usages.
Plan
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- 1 R. Almagià, Monumenta Italiae cartographica Riproduzione di carte generali e regionali d’Italia da (...)
- 2 Quelques études : R. Almagià, « Un’antica carta topografica del territorio veronese », Rendiconti (...)
1Les cartes territoriales à moyenne échelle sont nombreuses en Italie du Nord au XVe siècle. Elles ont depuis longtemps attiré l’attention des chercheurs1, sans susciter toutefois suffisamment d’études approfondies de cas pour permettre une synthèse informée et problématique, en mesure de dépasser l’opposition stérile entre Moyen Âge et Modernité, ou la dialectique « rupture/continuité »2. Il n’est plus suffisant aujourd’hui d’étudier cette cartographie régionale ou locale du seul point de vue de la progression vers une représentation plus exacte de la réalité géographique, études en général fondées sur des jugements plus ou moins implicites sur la qualité de ces cartes. Une telle attitude a principalement le défaut d’occulter des aspects importants de cette cartographie. En réduisant leur signification à une étape dans l’histoire d’une discipline, on oublie de les considérer pour ce qu’elles sont aussi, des représentations cartographiques nées d’une demande sociale et répondant à des usages précis. Les recherches devraient désormais porter essentiellement dans deux directions : une analyse fine des modalités de représentation du territoire (identification des toponymes et des éléments dessinés en confrontation avec l’histoire locale) ; une étude des contextes d’élaboration et des usages. C’est dans ce deuxième axe que se place l’étude que je propose ici de trois cartes du territoire de Brescia, réalisées à des moments différents du XVe siècle. Il s’agira d’une première approche destinée à éclairer les circonstances où ces cartes ont été réalisées et à proposer des éléments de réponse sur les motifs qui ont présidé à leur conception.
Une carte du territoire de Brescia liée aux estimi malatestiani (planche I)
- 3 G. Treccani degli Alfieri, Storia di Brescia, t. 1, Brescia, 1961, p. 870 ; Il Volto storico di Br (...)
2Cette carte, connue depuis longtemps, n’a suscité aucune d’étude d’ensemble. Comme les autres cartes du territoire brescian, elle est régulièrement reproduite et rapidement décrite sans analyse3. Il s’agit d’une ébauche dessinée à la plume, non finie, conservée sur deux morceaux de parchemin. Le premier mesure 385 x 290 mm, le second 300 x 85 mm. Sur le plus grand des morceaux, on trouve des marques de piqûre sur le côté gauche (avec des traces de fil de couture ?). L’état de conservation n’est pas bon, et si l’on en juge par la reproduction fournie par Treccani, le document s’est largement dégradé depuis 50 ans – notamment la couleur de l’encre. Il porte par ailleurs de nombreuses tâches d’encres et des déchirures.
Planche I : Carte du territoire de Brescia
Brescia, Archivio di Stato, Estimi Malatestiani b. 434/3.
- 4 En l’état actuel des connaissances, on ne trouve en effet aucune mention de la réalisation d’une c (...)
3Un demi-cercle à double trait, tracé au compas, délimite l’espace cartographique dans la partie supérieure et permet de penser que les deux morceaux étaient autrefois solidaires. La carte représente essentiellement des noms de lieux habités, en général fortifiés, signalés par leur toponyme et une vignette qui permet de les hiérarchiser (de la simple « maison » au dessin des enceintes). Dans le petit fragment, le territoire représenté, si l’on suit les principaux centres dessinés le long du double cercle, s’étend de Canet (aujourd’hui Canetto sul’Oglio) à Orzinuovi en passant par Quinzano (aujourd’hui Quinzano d’Oglio), c’est-à-dire les limites sud du contado. Le grand fragment, dessiné seulement en sa partie supérieure, présente en haut à droite Pontolo, Palazuolo (auj. Palazuolo sur l’Oglio) et à gauche Asola, Carpamedolo (auj. Carpenedolo) et Montegaro. Tout en bas, à droite, on distingue quelques localités en partie dessinées, dans lesquelles on reconnaît Pizoni et Gratachaso (auj. Gratacasolo). La carte, qui concerne pour l’essentiel le sud du territoire de Brescia, devait aussi remonter vers le quart nord-est du contado. Outre les toponymes et les vignettes, sont représentés des cours d’eau (l’Oglio par exemple, sur lequel est dessiné un pont au nord de Palazzolo) et probablement des routes. Cette carte nécessiterait une étude poussée avec édition des toponymes, que je me propose de faire ultérieurement. Je me cantonnerai pour l’instant à analyser dans quel contexte elle a été produite. Il convient également de noter qu’elle n’est pas finie, qu’elle constitue donc un projet qui n’a sans doute pas abouti4.
- 5 N. Bouloux, « Cartes territoriales et cartes régionales en Italie au XIVe siècle », Aufsicht-Ansic (...)
4La carte a été liée aux estimi réalisés sur l’ordre de Pandolfo Malatesta entre 1406-1416. Elle serait un témoignage précoce d’un usage administratif5. La seigneurie de Pandolfo Malatesta sur Brescia et son territoire est un court épisode où la cité échappe à la domination des Visconti avant de se donner à Venise. La mort de Gian Galeazzo Visconti en 1402 avait en effet conduit l’état milanais à une crise qui s’est traduite pour Brescia par sa soumission au condottiere Pandolfo Malatesta, d’abord en qualité de recteur des Visconti, puis par l’obtention de la régente Valentine Visconti d’un acte de concession temporaire (1404). Après la mort de cette dernière, Pandolfo Malatesta lutte contre Giovanni Visconti (1404-1406). Maître de Brescia, il s’établit dans la cité qui devient le centre d’une administration perfomante et d’une cour brillante. Il fait réviser l’estimo, achevé en 1411 pour le contado et en 1416 pour la cité, pour des raisons tant politique (affirmer la prise de possession du territoire) qu’économique (évaluer la capacité contributive de la ville et de son contado).
5Que la carte soit liée à la seigneurie de Pandolfo Malatesta ne fait aucun doute ; à l’arrière du document, on lit d’une main du début du XVe siècle : R D/ Pandulfus de Malatestis/Brixiae. Des traces de papiers attestent également que la carte était autrefois collée dans un registre, qui était, d’après l’inventaire des archives de Brescia, le registre 434/3. La carte était vraisemblablement collée à la fin du manuscrit. Elle est aujourd’hui conservée à part. Mais ce registre 434/3, qui conserve les estimi de 1406 à 1416, est une copie du milieu du XVe siècle. Il est donc probable que la carte territoriale de Brescia n’a été jointe aux estimi qu’au moment de la confection du registre. Le lien entre réalisation des estimi et carte territoriale s’en trouve affaibli.
- 6 G. Bonfiglio-Dosi, « Il variopinto mondo della cancelleria signorile », La signoria di Pandolfo II (...)
6En revanche, le nom de Pandolfo Malatesta, inscrit au verso, montre qu’elle a été réalisée – ou du moins qu’elle esquisse un projet cartographique à venir, dont on ne sait s’il a ou non été réalisé ‒ à l’intention du nouveau seigneur. Il me semble que cet essai cartographique peut être rattaché à deux aspects du gouvernement de Pandolfo Malatesta. Son administration et sa chancellerie sont essentiellement dirigées par des hommes de Fano qui l’avaient suivi dans son aventure bresciane, des hommes qui n’avaient pas de connaissances spéciales de l’espace brescian, des noms des lieux et des communautés d’habitants qui y vivaient, de leur situation topographique et des routes reliant les habitats les uns aux autres6. Or une carte du territoire permettait de disposer d’une représentation efficace de l’espace à administrer : de ce point de vue, elle avait un usage pratique, qui justifiait qu’elle soit ajoutée à la copie des estimi de 1406-1416 réalisée au milieu du XVe siècle.
- 7 Sur l’activité de Gentile da Fabriano à Brescia, A. De Marchi, Gentile da Fabriano : un voyage dan (...)
- 8 Voir J. Woods-Marsden, « Pictorial Legitimation of Territorial Gains in Emilia : The Iconography o (...)
- 9 Voir N. Bouloux, art. cit., n. 00.
7Elle pouvait aussi s’inscrire dans l’entreprise de célébration du dominium sur Brescia. Maître de Brescia de 1406 à 1421, Pandolfo Malatesta y installe une cour brillante, et entreprend, à défaut d’une politique d’urbanisme, d’y poser sa marque. Il fait notamment construire et décorer une chapelle, la chapelle Saint-George, à l’étage du Broletto, l’ancien palais public communal transformé en résidence seigneuriale. Le peintre Gentile da Fabriano est chargé de la décoration7. Une petite partie de ces fresques, qui ont disparu, a été dégagée en 1985. Il s’agit de deux fragments de vue urbaine qu’il est évidemment difficile d’identifier avec précision. L’une figure une enceinte que l’on peut interpréter comme l’image d’un des centres urbains du contado, l’autre représente un espace urbain. On peut penser que ces fresques avaient pour fonction d’illustrer la puissance du prince sur la ville et les principaux lieux fortifiés du contado, pratique déjà attestée. La Commune de Sienne faisait ainsi peindre des castelli dans le palais public. Plus proche dans le temps et dans l’espace, Pier Maria Rossi, après avoir fait reconnaître par Francesco Sforza son autorité sur des territoires au sud de Parme, usurpés lors de la vacance du pouvoir lié à la mort, en 1447, de Filippo Maria Visconti, duc de Milan, commandait une fresque pour son château de Torrechiara représentant les forteresses conquises, interprétée comme l’expression de sa légitime possession des territoires8. La carte du territoire de Brescia pourrait tout à fait participer d’une entreprise similaire, elle aussi déjà attestée : la Commune d’Asti faisait réaliser une carte de son contado (1292), insérée dans un liber iurium, dans un double enjeu d’illustrer sa puissance et d’exposer dans leur disposition topographique les lieux où elle s’exerce9. Carte territoriale et peinture de forteresses apparaissent comme deux modes complémentaires d’expression de la souveraineté exercée sur le territoire.
La carte liée aux Privilegi concessi alla città, alle famiglie e al territorio di Brescia (planche II)
- 10 Brescia, Biblioteca Queriniana, H.V. 5.
- 11 L. Lago, Imago Italiae, op. cit., planche IV ; Imago mundi et Italiae, op. cit., planche IV ; Il V (...)
8Cette carte du territoire de Brescia se trouvait autrefois dans un manuscrit réalisé vers 1471-1472 constituant un recueil des droits et des privilèges des principales case de Brescia et des communautés des habitants du contado10. Connue depuis longtemps, la carte a été reproduite et décrite à de nombreuses reprises sans toutefois avoir été étudiée de manière approfondie et non sans jugement péjoratif sur ses qualités géographiques : elle représenterait une survivance d’une tradition géographique déjà dépassée dans la seconde moitié du XVe siècle11. On verra qu’un tel jugement n’est pas sans influence sur l’interprétation du document.
Planche IIa : Carte du territoire de Brescia
Brescia, Bibl. Queriniana, M. S. H. V. 5 Privilegi di Brescia, anciennement fol. 282v-283.
Planche IIb : Paysage au recto de la carte du territoire de Brescia
Queriniana, M. S. H. V. 5 Privilegi di Brescia, anciennement fol. 282r, 283v.
9Comme la carte précédente, elle a été détachée, peut-être pour des raisons de conservation, du manuscrit dans lequel elle se trouvait originellement. Aquarelle sur parchemin, elle mesure 425 x 300 mm et s’étend sur un recto et un verso. Presqu’au centre se trouvre Brescia, désignée simplement comme Civitas et surdimensionnée par rapport au territoire, dessinée avec détail (notamment les enceintes et les portes) à la convergence des principales voies de communication. Le territoire représenté est délimité au sud et à l’ouest par l’Oglio, au nord par la petite ville d’Iseo, le sud du lac du même nom, et le Val de Sabia, à l’est par le lac de Garde et la petite ville d’Asola. Le relief, montagnes, plaine, collines, est dessiné et caractérisé par l’usage de la couleur (verdâtre pour les montagnes, ocre/marron pour la plaine, marron pour les collines). Les rivières et cours d’eau, colorés en bleu, tiennent une place privilégiée, constitutive du territoire de Brescia. Villages et quasi città fortifiés sont indiqués par leur toponyme et des vignettes, représentant essentiellement des enceintes, qui permettent de les hiérarchiser.
- 12 Sur ce sujet, voir par exemple la présentation de la planche IV reproduisant cette carte dans L. L (...)
10Le bi-feuillet, aujourd’hui conservé à part, s’ouvre (au premier recto) et se ferme (au dernier verso) sur un paysage soigneusement peint, qui encadre donc la carte territoriale peinte sur le verso et recto intérieur. En haut sont représentées des montagnes tandis que les deux-tiers du dessin sont consacrés à l’évocation d’un paysage heureux et fertile. Les hommes et les femmes sont surtout des paysans (hormis peut-être un marchand, tout de bleu vêtu, chevauchant). Ils conduisent des attelages remplis de produits de la terre (foin, céréales, tonneaux), tirent des chevaux ou des bœufs chargés de balles et de ballots, portent des paniers en tout genre, des volailles ou du gibier. Il est remarquable qu’aucun habitat, aucune scène de culture ou de chasse n’est représentée (sauf peut-être, en bas, par le dessin d’un homme vêtu de rouge qui pourrait porter sur le poing un faucon, évoquant ainsi une scène de chasse, et d’un chien qui batifole dans les champs mais qui peut tout aussi bien accompagner son maître). Le mouvement caractérise ces scènes, depuis l’attelage qui descend des pâturages des montagnes à l’ensemble des hommes, femmes et animaux de trait qui suivent tous la même direction. Cette peinture illustre, me semble-t-il, la richesse agricole du contado, en particulier les surplus destinés au commerce : tous se hâtent vers la même direction, dont on peut penser qu’il s’agit d’un marché urbain, peut-être de Brescia elle-même. La peinture réalisée de part et d’autre de la carte territoriale représente le contado nourricier, véritable lieu commun des descriptions urbaines. L’examen de ce bi-feuillet montre qu’il a été conçu comme un ensemble, pour ce manuscrit : les deux parties du paysage agreste encadrent la carte ; aucune trace de rognage ne laisse penser qu’on aurait pu réutiliser le bi-feuillet d’un autre manuscrit12.
- 13 Une bonne base de départ est cependant fournie par la description codicologique dans un catalogue (...)
- 14 Ibid., p. 169-170.
11Le manuscrit contenant les Privilegi concessi alla città, alle famiglie e al territorio di Brescia n’a pas bénéficié, malgré sa célébrité, d’une étude minutieuse qui aurait permis d’en expliquer les significations et les fonctions13. Il se présente sous la forme d’unités codicologiques irrégulières, qui regroupent les actes selon les communautés rurales ou les familles ayant obtenu des privilèges, en général depuis le début du XVe siècle. Ces cahiers s’ouvrent souvent sur un folio de parchemin parfois richement enluminé, suivi de plusieurs feuillets de papier sur lesquels les actes sont recopiés. Il arrive quelquefois que certains feuillets, à la fin du cahier, soient blancs. On distingue plusieurs numérotations et plusieurs mains. Les miniatures relèvent de plusieurs influences : décorations typiques des manuscrits humanistiques, traditions héraldiques, et livres enluminés ; elles sont de qualités très différentes. Le manuscrit ne présente aucune homogénéité, ce qui a conduit à penser que les divers fascicules ont été réalisés sous la responsabilité de ceux qui étaient concernés par le rappel de leurs droits, puis assemblés, d’où le caractère hétérogène de l’ensemble14. Il convient donc de tenter de situer la confection du manuscrit dans l’histoire bresciane avant de s’intéresser à la partie dans laquelle se trouve la carte.
- 15 En 1469, Brescia et son territoire ont apporté à Venise un quart des revenus de terraferma tandis (...)
- 16 Cf. D. Montanari, Quelle terre di là dal Mincio. Brescia e il contado in età veneta,Brescia, 2005 (...)
- 17 Voir par exemple, J. M. Ferraro, Family and Public Life in Brescia, 1580-1650,Cambridge, 1993, p. (...)
- 18 G. Bonfiglio-Dosio, « Un bilancio degli studi sulla signoria Malatestiana : la storiografia otto-n (...)
- 19 Bowd, op. cit.,p. 30.
- 20 D. Montanari, op. cit., p. 41.
- 21 On lit sur la reliure : MELIVUS EST REI PV(BLICE) (PRO)VENTUS EXPILLARE SI NULLA PROSEQVATUR PENA (...)
12Depuis 1421, après le retrait de Pandolfo Malatesta, Brescia s’est d’abord trouvée sous la domination des Visconti, régime autoritaire et rapace, exécré par une partie des Brescians. En 1426, une révolte menée par Pietro Avogadro conduit Brescia à se donner à Venise, dédition confirmée par la paix de Ferrare de 1428. Dès lors Brescia devient la plus fidèle des villes sujettes à Venise. Brescia, un des territoires les plus éloignés de Venise, représente surtout une position militaire stratégique et une source de revenus fiscaux majeure pour les Vénitiens15. Si la Sérénissime tient solidement les territoires de Terre Ferme, notamment par la présence de ses représentants dans les cités et dans les contadi – c’est notamment le cas à Brescia ‒, elle laisse aux Brescians le soin de gérer les relations complexes entre les différentes puissances en action dans le territoire et la cité, notamment pour la répartition de l’impôt. Elle a cependant des représentants en ville comme dans les principaux lieux du contado et a reconnu une certaine autonomie, vis-vis de Brescia, aux familles les plus importantes et aux communautés du contado – notamment les vallées alpines au nord du territoire (Val Trompia, Val Sabbia, Val Camonica), à travers une série de privilèges. De ce point de vue, elle n’agit pas très différemment de Pandolofo Malatesta ou des Visconti, la reconnaissance des privilèges garantissant l’acceptation d’une autorité « seigneuriale » extérieure à la cité. Il convient également de noter que lorsqu’un accord est passé directement entre Venise et une communauté du territoire ou une grande famille seigneuriale, la cité de Brescia perd de facto tout contrôle sur cette portion de son contado. L’équilibre des forces dans le contadoest donc particulièrement complexe16. Dans la vie politique bresciane, la seconde moitié du XVe siècle se caractérise par un poids accru des familles socialement les plus puissantes, en particulier des grandes familles d’origine féodale que sont par exemple les case Martinengo et Gambara. Cette tendance culmine en 1470, lors de l’achèvement de la révision des statuts de Brescia, le plus souvent interprétée comme le point de départ d’une fermeture du conseil principal de la cité, effective en 1488. Un des changements importants tient en effet dans les nouvelles modalités qui régissent l’entrée de nouveaux citoyens en son sein, entrée jusque-là contrôlée par Venise, désormais dominée par les membres du conseil, jaloux d’en limiter strictement l’accès17 et de monopoliser les charges civiques. La concordance des dates a conduit à établir un lien entre la réalisation du manuscrit, daté de 1471-1472, et les transformations des institutions de Brescia. Le recueil des privilèges a été interprété par les spécialistes de l’histoire bresciane comme l’expression de l’acceptation par Venise des titres nobiliaires et des privilèges fiscaux des principales familles brescianes18 ou comme un « lieu de mémoire », réalisé au moment de la révision des statuts brescians19. Mais un autre fait doit, semble-t-il, être pris en compte : à partir de 1471, Brescia se voit grevée d’un subside de 10 000 ducats, en considération de sa capacité contributive. En octobre 1472, les récriminations des citoyens brescians envoyés à Venise n’y changèrent rien20. Or le manuscrit a été commencé en 1471 ; une inscription sur la reliure et la miniature du fol. 64 illustrent l’ambiguïté à l’égard de la fiscalité vénitienne21. Le contenu même du manuscrit, une série d’actes de privilèges fiscaux, renforce l’hypothèse selon laquelle sa réalisation relève autant d’un rappel des limites à la pression fiscale vénitienne que d’une réorganisation des équilibres politiques à l’intérieur de la cité. Les deux aspects ne sont d’ailleurs pas exclusifs : l’augmentation de la fiscalité vénitienne a fort bien pu s’accompagner d’une réfection des statuts destinée à renforcer les prétentions de la classe dirigeante bresciane à se réserver l’exercice des charges publiques.
- 22 Je n’ai pu consulter les ouvrages de A. A. Monti delle Corte consacrés aux familles nobles de Bres (...)
13La carte de Brescia se situe aux folios 282-283, à la suite des actes de privilèges concernant la casa Martinengo, avant les actes concernant ceux des Avogadro. Si l’hypothèse d’une réalisation des différentes unités codicologiques sous le contrôle de ceux qui jouissent des privilèges qui y sont décrits est valable, il faut alors penser qu’il en va de même pour les illustrations et que la position de la carte est à mettre en relation avec la famille Martinengo, dont les privilèges sont transcrits à partir du fol. 265r. L’étude de la carte et du folio qui la précède confirme en tout point cette hypothèse. Sur la carte figurent des initiales au-dessus de certains toponymes, M, G, ou Li. Ce fait remarquable et, à ma connaissance, unique dans la cartographie territoriale italienne de la seconde moitié du XVe siècle, est à mettre en relation avec le texte, situé dans la partie inférieure du fol. 281r, écrit d’une main différente de celle qui a copié les actes relatifs aux privilèges de Martinengo, et qui ouvre sur ces mots : « Nota che casa Martinenga possede beni in tute le terre e lochi quale nel folio sequente se trouerano signate M ». Il ne fait aucun doute que la carte a pour fonction première de montrer les lieux du contado où la famille Martinengo possède des droits, principalement dans le quart sud-ouest du contado. La lettre G correspond vraisemblablement à une autre famille bresciane puissante, la casa Gambara. Il est plus difficile d’identifier les initiales Li22. Un dernier point mérite d’être mentionné : le texte qui mentionne la carte a pour fonction de rappeler les droits de la case Martinengo à organiser un marché à Urado sur l’Oglio, à la limite avec le territoire de Bergame : Urado est visible sur la carte ; deux ponts sont dessinés sur l’Oglio à cet endroit. Il ne faut pas manquer, pour finir, de noter la cohérence entre le texte (référence aux possessions des Martinengo en relation avec le marché d’Urado), la représentation du paysage (image de contadini se rendant au marché) et la carte.
- 23 A Melograni, « Quattro artisti all’opera nei corali inediti di S. Domenico e gli esordi bresciani (...)
- 24 A. Melograni, ibid.,p. 59.
14Est-il possible de proposer une identification de l’auteur de la carte ? La famille Martinengo, comme d’autres grandes familles brescianes, était en mesure de pratiquer un mécénat artistique, il est vrai surtout attesté pour la première moitié du XVIe siècle. La décoration du manuscrit a sans doute été réalisée par des artistes locaux qui sont difficiles à identifier. Néanmoins, deux peintres, connus par ailleurs, ont été reconnus comme les auteurs de quelques miniatures du manuscrit des Privilegi, le Maestro di Ippolita Sforza et Giovan Pietro Birago. Ce dernier a été notamment actif à Brescia au début de sa carrière, dans les années 1469-1474. À Brescia, on conserve de lui 18 livres de chants liturgiques23. Dans le recueil des Privilegi, on a récemment reconnu l’intervention de son atelier dans la décoration du fol. 178r (privilèges de la famille Lonato), fol. 211r (Cucchi) et du fol. 294r (Gambara). Le Maestro di Ippolita est l’auteur des décorations du fol. 265r où commencent les actes des privilèges de la famille Martinengo24. Il serait donc assez tentant de rapprocher la carte et le paysage de ce dernier peintre. Mais il faudrait examiner en détail l’activité du Maestro di Ippolita, qui n’est que très ponctuellement lié à Brescia et qui paraît exercer son art dans le seul champ de la peinture, alors que les auteurs de cartes que nous connaissons sont souvent aussi des architectes ou des ingénieurs.
- 25 La città nella storia,p. 52.
- 26 Ibid., p. 63.
15Il est de toute manière assez probable que la carte ait été copiée sur un modèle plus ancien, non tellement en raison de son aspect général et de son inexactitude supposée, mais à cause d’une particularité dans la représentation de la ville de Brescia : le dessin de la cité tend principalement à figurer les enceintes de la ville, en particulier celles liées à la construction de la Citadella nuova, achevées en 1361 par Bernabò Visconti25, qui divisaient la ville en deux parties et qui furent détruites peu après le passage de Brescia sous la domination vénitienne26. Ce détail conduit à supposer l’existence d’une carte du contado de Brescia, exprimant classiquement la souveraineté urbaine sur le contado, datée des premières décennies du XVe siècle, que la famille Martinengo aurait fait copier, en l’adaptant à son projet, à la fin de la partie du manuscrit consacrée à rappeler ses privilèges. Comment dès lors ne pas faire le rapprochement avec la carte étudiée précédemment ? Il faudrait, pour étayer l’hypothèse, étudier dans les plus extrêmes détails les deux cartes, tant dans les lieux mentionnés que dans leur disposition relative. Il n’est donc pas encore temps de conclure sur ce point.
- 27 R. Almagìa, op. cit., p. 12 : « La carte estense può infatti considerarsi come prodotto nuovo, men (...)
16L’étude de la carte a conduit à soulever plus de questions que de certitudes. Néanmoins, il n’est guère possible de la traiter comme l’ajout tardif et inexpliqué d’un modèle cartographique déjà dépassé au moment où elle aurait été reliée au manuscrit. La carte a été placée à cet endroit soit au moment de la réalisation du manuscrit, soit peut-être un peu après (si l’on tient compte du changement d’écriture du folio qui la précède), mais dans un objectif bien précis qui est de visualiser les lieux où la casa Martinengo tient des droits. C’est en quelque sorte détourner la carte de sa fonction classique d’expression du pouvoir de la cité – du moins de ceux qui en constituent l’incarnation politique ‒ sur le contado : la cité de Brescia est désormais (ou à nouveau) entre les mains des grandes familles autrefois tenues à distance par la Commune, et qui ont profité de la construction des états régionaux pour accentuer leur prérogative dans la direction des affaires locales et le contrôle de certains secteurs économiques. Dans l’espace du contado brescian, les Martinengo et les Gambara ont toute leur place : rien mieux que cette carte ne manifeste ce nouveau territoire de souveraineté. Il convient en outre de noter que cet usage moderne, et à ma connaissance unique, se réalise sur une carte que les historiens de la cartographie considèrent d’un type ancien, voire arriéré, systématiquement comparée sur un mode péjoratif à une autre carte du territoire brescian que je voudrais maintenant rapidement évoquer27.
La carte du territoire de Brescia conservée à la Bibliothèque Estense de Modène (Planche III)
- 28 Modène, Bibl. Estense, C. G. A. 8. Pour une description détaillée de cette carte, voir M. Baratta, (...)
- 29 R. Almagìa, op. cit., p. 12 ; L. Lago, Imago Italiae, (cité note 1), p. 308.
- 30 R. Almagìa, ibid.,p. 12 ; L. Lago, ibid., p. 308.
- 31 G. Lorenzi, Monumenti per servire alla storia del Palazzo Ducale di Venezia,Venise, 1968, n° 184, (...)
17Cette troisième carte est peinte sur une feuille de parchemin (620 x 705 mm)28. Elle est dans un excellent état de conservation, dû, d’après Mario Baratta, au fait qu’elle était montée sur toile et conservée roulée. Elle a les caractéristiques habituelles des cartes territoriales : la cité, relativement détaillée, occupe une place centrale, vers laquelle convergent les routes. Comme sur la carte des Privilegi, les rivières et les canaux ont reçu une attention spéciale. Elle représente cependant un espace plus vaste, incluant entièrement le lac Iseo et le lac de Garde, débordant même vers le nord, sur le Trentin, c’est-à-dire en dehors de la zone soumise à Brescia ; de même, à l’ouest et au sud, quelques habitats sont dessinés au-delà de l’Oglio, qui constitue la limite du territoire de Brescia, dans le contado de Bergame ou de Crémone. D’une manière générale, les commentateurs en ont loué l’exactitude, tant dans la représentation des montagnes et des cours d’eau que dans celle des habitats : elle serait un produit neuf qui manifesterait une étape essentielle vers la production de cartes modernes caractérisées par l’exactitude et la scientificité29. Ce jugement entraîne certains a priori relatifs à sa datation. M. Baratta la date du début de la seconde moitié du XVe siècle, R. Almagìa de la « période 1469-1470 », sur la base d’un lien implicite établi entre l’ordre du Conseil des Dix à Venise, et la modernité de la carte30. En 1460 en effet, le Conseil des Dix de Venise donnait la prescription de faire dessiner des cartes des cités et châteaux de la Terre Ferme et formulait des recommandations sur leur réalisation. Il s’agissait d’avoir dans la salle du Conseil des Dix des modèles permettant d’avoir une connaissance rationnelle de ces territoires : elles devaient être orientées, représenter les châteaux, les fleuves, les distances entre les différents loci,les confins31.
Planche III : Carte du territoire de Brescia
Modène, Bibl. Estense, C. G. A. 8. « Su concessione del ministero per i Beni e le Attività culturali ».
- 32 La carte, conservée à la bibliothèque Ambrosienne de Milan, est en réalité une copie réalisée au X (...)
18Cette célèbre prescription du Conseil des Dix est souvent considérée comme le point de départ de la cartographie régionale et locale moderne dans l’espace vénitien, dont Brescia relève. Il y a par conséquent quelque logique à mettre cette carte en relation avec l’ordre du Conseil des Dix. Il reste cependant difficile d’étayer l’hypothèse, car la carte n’a pas toutes les caractéristiques demandées par le Conseil. Sans doute donne-t-elle à voir à ceux qui la consultent une représentation « véridique et précise ». Elle montre les forteresses, les fleuves, les voies de communication, mais il manque l’indication des distances (distantia de loco ad locum) que l’on trouve pourtant sur d’autres cartes. La carte de Padoue, réalisée par Annibal de Majis en 1449 (soit dix ans avant la prescription des Dix) porte des distances et correspond si bien au modèle idéal ordonné par les Dix que l’on peut se demander si ce n’est pas cette carte ou une autre du même type qui en serait à l’origine32. L’ordre de réaliser des cartes des territoires soumis à Venise pour les placer dans le palais public ne peut s’interpréter comme la prise de conscience de la nécessité d’une cartographie plus exacte pour mieux administrer le territoire, mais plutôt comme la volonté de systématiser des pratiques déjà répandues. Cette carte du territoire de Brescia peut avoir été dessinée en réponse à l’attente du Conseil des Dix ; elle peut tout aussi bien l’avoir précédée. De ce point de vue, il me semble abusif de vouloir la dater de 1459-1460 et il vaut mieux reconnaître que, en l’état actuel de la recherche, nous ne savons rien des effets concrets de la décision des Dix, ni quelles cartes aujourd’hui conservées pourraient en être le résultat.
19L’examen des trois cartes du territoire de Brescia a conduit à soulever plus de questionnements que de certitudes. Il me semble qu’il a cependant montré plusieurs difficultés relatives à l’étude de ce type de cartographie, en particulier les a priori d’une perspective étroite du progrès cartographique. Lorsque, sous l’impulsion de la famille Martinengo, une carte du territoire de Brescia est insérée dans le recueil des Privilegi, le modèle choisi, considéré comme archaïque par les historiens de la cartographie, ne l’est pas aux yeux des contemporains, qui l’ont, au contraire, jugé opératoire et l’ont utilisé d’une manière entièrement nouvelle, que l’on peut qualifier de moderne. L’importance du contexte dans lequel les cartes ont été élaborées et utilisées me paraît un acquis, mais il n’est pas toujours accessible, en raison de la manière dont ces documents sont parvenus jusqu’à nous. Deux cartes de Brescia ont été retirées de leur lieu naturel et si les archivistes et bibliothécaires n’avaient pas eu le réflexe d’indiquer l’origine de ces cartes, nous en aurions aujourd’hui perdu le souvenir. Or, une carte isolée perd beaucoup de sa signification et nous avons surtout conservé des cartes isolées. Celle aujourd’hui à la bibliothèque de Modène est de ce point de vue « muette ». Il est en particulier difficile d’affirmer avec certitude qu’elle était liée à la prescription du Conseil des Dix, surtout en usant de l’argument de sa modernité et de son excellence, d’autant que nous n’avons aujourd’hui guère d’éléments pour juger selon quels critères une carte était percue comme « bonne » ou non.
20Il semble enfin que ces cartes territoriales devaient avoir essentiellement deux fonctions, qui ne sont d’ailleurs pas antithétiques : exalter la puissance souveraine sur le territoire (quelles que soient les formes politiques prises par cette puissance) ; permettre d’accéder à une image d’ensemble où s’exerce cette souveraineté, où enfin elle agit, en accord avec les pratiques administratives du XVe siècle. De ce point de vue, il conviendrait d’étudier dans le détail ces cartes, c’est-à-dire d’en examiner les toponymes, les lieux représentés (et leur hiérachisation implicite par les vignettes), les voies de communication, en relation avec l’histoire locale, et en retour, contribuer ainsi à l’histoire de ces territoires.
Notes
1 R. Almagià, Monumenta Italiae cartographica Riproduzione di carte generali e regionali d’Italia dal secolo XIV al XVII, Florence, 1929 ; P. D. Harvey, « Local and Regional Cartography in Medieval Europe », History of Cartography, Cartography in Prehistoric, Ancient and Medieval Europe, t.I, D. Woodward, J. B. Harley, 1987, Chicago-Londres,p. 464-501 (sur les cartes produites en Italie du nord, p. 478-482) ; Imago mundi et Italiae. La versione del mondo e la scoperta dell’Italia nella cartografia antica (secoli X-XVI),L. Lago éd., Trieste, 1994, 2 vols ; L. Lago, Imago Italiae. The Making of Italy in the History of Cartography from the Midde Ages to the Modern Era. Reality, Image and Imagination from the Codices of Claudius Ptolemy to the Atlante of Giorvanni Antonio Magini,trad. de l’italien par C. Taylor et C. Garwood, Trieste, 2002 ; L. Rombai (éd.), Imago and descriptio Tusciae. La Toscana nella cartografia dal XV al XIX secolo, Venise, 1993. Sur les cartes d’Italie du Nord, voir également E. Casti, « State, Cartography and Territory in Renaissance Veneto and Lombardy », The History of Cartography, vol. III, Cartography in the European Renaissance, part. 1, dir. D. Woodward, Chicago-Londres, 2007, p. 874-908.
2 Quelques études : R. Almagià, « Un’antica carta topografica del territorio veronese », Rendiconti della R. Accademia Nazionale dei Lincei, classe di science morali, storiche e filologiche, 32, 1923, p. 63-82 ; V. Lazzarini, « Di una carta di Jacopo Dondi e di altre carte del Padovano nel Quattrocento », Scritti di paleografia e diplomatice, Padoue, 1969, p. 117-122.
3 G. Treccani degli Alfieri, Storia di Brescia, t. 1, Brescia, 1961, p. 870 ; Il Volto storico di Brescia, volume secondo. Brixia, le carte del territorio, le piante e le vedute, Brescia, 1980.
4 En l’état actuel des connaissances, on ne trouve en effet aucune mention de la réalisation d’une carte dans les archives concernant la seigneurie de Pandolfo Malatesta.
5 N. Bouloux, « Cartes territoriales et cartes régionales en Italie au XIVe siècle », Aufsicht-Ansicht-Einsicht. Neue Perspektiven auf die Kartographie an der Schwelle zur Frühen Neuzeit, éd. T. Michalsky, F. Schmieder et G. Engel, Berlin, 2009, p. 270-271.
6 G. Bonfiglio-Dosi, « Il variopinto mondo della cancelleria signorile », La signoria di Pandolfo III Malatesti a Brescia, Bergamo e Lecco, a cura di G. Bonfiglio-Dosio e A. Falcioni, Rimini, 2000, p. 72.
7 Sur l’activité de Gentile da Fabriano à Brescia, A. De Marchi, Gentile da Fabriano : un voyage dans la peinture italienne à la fin de la période gothique,Arles, 2009, p. 112-137 (reproduction des vues urbaines p. 116) ; A. Falcioni, « Brescia », Gentile da Fabriano : studi e ricerche,éd. A. De Marchi, L. Laureati, L. Mochi Onori, Milan, 2006, p. 116-120.
8 Voir J. Woods-Marsden, « Pictorial Legitimation of Territorial Gains in Emilia : The Iconography of the Camera Peregrina Aurea in the Castle of Torchiara », Renaissance Essays in Honor of Craig Hugh Smyth,Florence, 1985, vol. 2, p. 553-568.
9 Voir N. Bouloux, art. cit., n. 00.
10 Brescia, Biblioteca Queriniana, H.V. 5.
11 L. Lago, Imago Italiae, op. cit., planche IV ; Imago mundi et Italiae, op. cit., planche IV ; Il Volto storico, op. cit., B. 5 ; V. Fratti, R. Massa, G. Piovanelli, F. Robecchi, Brescia, Bari, 1989, (La città nella storia d’Italia), fig. 44.
12 Sur ce sujet, voir par exemple la présentation de la planche IV reproduisant cette carte dans L. Lago, Imago mundi et Italiae, op. cit. : la carte ne ferait pas partie du manuscrit, ce qui permet de justifier une datation antérieure à la réalisation du manuscrit (1471-1472), conforme à l’aspect général de la carte, jugé déjà dépassé pour cette époque.
13 Une bonne base de départ est cependant fournie par la description codicologique dans un catalogue d’exposition : Tesori miniati. Codici e incunaboli dei fondi antichi di Bergamo e Brescia, a cura di M. L. Gatti Perer e M. Marubbi, Milan, 1995, n. 61 p. 168-172.
14 Ibid., p. 169-170.
15 En 1469, Brescia et son territoire ont apporté à Venise un quart des revenus de terraferma tandis que dans les années 1475-1476 les revenus issus de Brescia dépassent largement ceux de toutes les autres villes soumises à Venise (voir D. Bowd, Venice’s Most Loyal City. Civic Identity in Renaissance Brescia,Londres, 2010, p. 19).
16 Cf. D. Montanari, Quelle terre di là dal Mincio. Brescia e il contado in età veneta,Brescia, 2005 ; Bowd, op. cit., en particulier p. 231-235.
17 Voir par exemple, J. M. Ferraro, Family and Public Life in Brescia, 1580-1650,Cambridge, 1993, p. 56-59, Bowd, op. cit., p. 68-74, position plus nuancée de Daniele Montanari, qui y voit la rationalisation d’un système plutôt qu’une fermeture effective, qui ne commencerait qu’en 1488, p. 77.
18 G. Bonfiglio-Dosio, « Un bilancio degli studi sulla signoria Malatestiana : la storiografia otto-novecentesca », La signoria di Pandolfo III Malatesti a Brescia, Bergamo e Lecco, a cura di G. Bonfiglio-Dosio e A. Falcioni, Rimini, 2000, p. 24.
19 Bowd, op. cit.,p. 30.
20 D. Montanari, op. cit., p. 41.
21 On lit sur la reliure : MELIVUS EST REI PV(BLICE) (PRO)VENTUS EXPILLARE SI NULLA PROSEQVATUR PENA QVAM SINE PREMIO EO (S) (A)DAVGERE VELLE. Au fol 64, une miniature représente de jeunes garçons richement vêtus qui arrachent des poils de la fourrure d’un lion (Venise) impassible, avec une inscription « Pelemo tanto che el tempo avemo et che ne vien supportato. Pelati pian piano che la gazola non crida per che el se supportarà uno tempo ma non sempre ». Analyse et reproduction, Tesori miniati, op. cit.,fig. 60, p. 271.
22 Je n’ai pu consulter les ouvrages de A. A. Monti delle Corte consacrés aux familles nobles de Brescia (« Il registro veneto dei nobili estimati nel territorio bresciano tra il 1426 e il 1498 », dans Commentari dell’Ateneo di Brescia, 159, 1960, p. 165-274 ; Le famigli del patriziato Bresciano, Brescia, 1960).
23 A Melograni, « Quattro artisti all’opera nei corali inediti di S. Domenico e gli esordi bresciani del giovane Birago », Libri e lettori a Brescia tra Medioeve ed età moderna,a cura di V. Grohovaz, Brescia, 2003, p. 53 et 56-57.
24 A. Melograni, ibid.,p. 59.
25 La città nella storia,p. 52.
26 Ibid., p. 63.
27 R. Almagìa, op. cit., p. 12 : « La carte estense può infatti considerarsi come prodotto nuovo, mentre quella dell tav. VII [celle liée au mansucrit H.V. 5] a nostro aviso, il retaggio di un età ormai tramenta. » Je n’ai pas vu personnellement cette carte. Même idée dans L. Lago, op. cit., p. 308.
28 Modène, Bibl. Estense, C. G. A. 8. Pour une description détaillée de cette carte, voir M. Baratta, « Sopra un’antica carta del territorio bresciano », Bolletino della Reale società geografica italiana, ser. V, vol. 2, 1913 [année 47, vol. 50], partie 1, p. 514-526, partie 2, p. 1025-1031. Reproduction dans L. Lago, Imago Italiae, (cité note 1),fig. 300, p. 304.
29 R. Almagìa, op. cit., p. 12 ; L. Lago, Imago Italiae, (cité note 1), p. 308.
30 R. Almagìa, ibid.,p. 12 ; L. Lago, ibid., p. 308.
31 G. Lorenzi, Monumenti per servire alla storia del Palazzo Ducale di Venezia,Venise, 1968, n° 184, 27 février 1459 (more venetico). Pour une discussion, voir P. Gautier Dalché, « Limite, frontière et organisation de l’espace dans la géographie et la cartographie de la fin du Moyen Âge », Grenzen und Raumvorstellungen (11.-20. Jh.), dir. G. P. Marchal, Zurich, 1996, p. 114.
32 La carte, conservée à la bibliothèque Ambrosienne de Milan, est en réalité une copie réalisée au XVIIe siècle.
Haut de pageTable des illustrations
Titre | Planche I : Carte du territoire de Brescia |
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Crédits | Brescia, Archivio di Stato, Estimi Malatestiani b. 434/3. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/docannexe/image/12429/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 424k |
Titre | Planche IIa : Carte du territoire de Brescia |
Crédits | Brescia, Bibl. Queriniana, M. S. H. V. 5 Privilegi di Brescia, anciennement fol. 282v-283. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/docannexe/image/12429/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 516k |
Titre | Planche IIb : Paysage au recto de la carte du territoire de Brescia |
Crédits | Queriniana, M. S. H. V. 5 Privilegi di Brescia, anciennement fol. 282r, 283v. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/docannexe/image/12429/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 500k |
Titre | Planche III : Carte du territoire de Brescia |
Crédits | Modène, Bibl. Estense, C. G. A. 8. « Su concessione del ministero per i Beni e le Attività culturali ». |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/docannexe/image/12429/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 685k |
Pour citer cet article
Référence papier
Nathalie Bouloux, « Trois cartes territoriales de Brescia », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 21 | 2011, 103-118.
Référence électronique
Nathalie Bouloux, « Trois cartes territoriales de Brescia », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 21 | 2011, mis en ligne le 10 mai 2014, consulté le 20 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/12429 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crm.12429
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