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Jus & Litterae
I. Quel rapport instaurer avec la loi à l’âge de la Contre-Réforme ?

La justice au banc d’essai des Histoires tragiques

Jean-Claude Arnould
p. 287-297

Résumés

La problématique de la justice constitue un fil conducteur des Histoires tragiques de Pierre Boaistuau. Les récits révèlent un intérêt soutenu pour les diverses formes de la justice humaine. Ils montrent également qu’entre les différentes espèces de loi – lois humaines, loi divine, loi naturelle –, se manifestent des contradictions, qui s’affirment pratiquement dans une mise à l’épreuve politique de la loi. Confrontés au doute, les héros tentent de le résoudre par la conscience de la justice, le sentiment d’« équité », qui ne fournit cependant pas de réponse certaine. La seule solution qui se profile est le recours à la justice divine, les récits contenus dans les Histoires tragiques constituant ainsi comme le cahier de travaux pratiques des discours philosophiques que Boaistuau publie simultanément.

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Texte intégral

1Si ce n’est pas la mission que lui assigne expressément Pierre Boaistuau, son recueil d’Histoires tragiques, le premier du nom, n’en constitue pas moins une mise à l’épreuve de la justice. Les deux premiers récits, avec un dénouement opposé, ont pour protagoniste un prince aux prises avec une passion qui le conduit au viol des lois. L’histoire de Roméo et Juliette est le centre de gravité de l’œuvre du fait de son emplacement (III), de sa longueur, – soulignée par la brièveté relative de celles qui l’entourent –, et surtout de sa consistance : autant qu’une affaire d’amour, elle développe un problème juridique (fixer et observer les normes du mariage) et un cas judiciaire complexe (déterminer la culpabilité de plusieurs personnages et son degré) doublé d’une énigme policière (expliquer un double meurtre). La vengeance d’un mari trompé (IV) donne ensuite lieu à l’application d’un châtiment privé qui pose, comme l’histoire de Didaco et Violente (V), la question de la relation entre vengeance et justice. Et l’ensemble se clôt sur un récit romanesque (VI), qui voit une dame injustement condamnée échapper, grâce à un duel judiciaire, à une accusation calomnieuse.

  • 1  L’importance de ce thème chez les conteurs a été montrée par Gabriel-A. Pérouse, Nouvelles françai (...)
  • 2  Michel Simonin, « Notes sur Pierre Boaistuau », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance XXVIII, 19 (...)

2L’importance de la question n’est pas pour surprendre chez un « conteur »1, a fortiori dans un ouvrage que son épître dédicatoire nomme un « traicté d’histoires » − qui ne saurait donc s’abstraire des problématiques contemporaines – et chez un polygraphe qui a suivi des études juridiques2. Force est de constater cependant qu’il ne s’agit pas ici d’une thématique parmi les autres, mais d’un fil conducteur étroitement noué avec celui qu’entretiennent les « sommaires », qui représentent la déchéance des hommes ravagés par la passion.

  • 3  Pierre Boaistuau, Histoires tragiques, Paris, Vincent Sertenas, 1559. Nous citons l’édition de R. (...)

3Le premier témoignage qu’apportent les Histoires tragiques est l’intérêt qu’éprouve le narrateur pour les formes diverses de la justice, comme le montre la dernière pièce du recueil. Cette histoire mentionne les peines prescrites en cas d’adultère par l’« ancienne coustume de Lombardie et de Savoye » : l’écartèlement pour le séducteur et le supplice du feu « pour toute dame qui sera trouvée en adultere […] si dedans l’an et jour elle ne trouve champion qui combatte pour son innocence » (1983). Le récit détaille les dispositions prises pour appliquer la loi : garde à vue de la coupable présumée (ibid.), établissement d’un procès verbal contresigné par les conseillers et les gardes (199), envoi de courriers aux autorités appelées à confirmer la procédure (199-200), enfin installation « suyvant l’ancienne coustume » d’« une colonne de marbre en la campagne pres de Turin » publiant l‘accusation (201). Le protocole du duel judiciaire sera précisément décrit (218-221) ; au préalable, la présentation du champion au pilier d’accusation (217) donne lieu à une querelle procédurale tranchée par une autorité judiciaire :

[l’accusateur] manda au chevalier qu’il eust à escrire son nom au perron. Auquel Mandozze feit response qu’il ne pouvoit sçavoir son nom, mais quant au reste, de ce qui estoit en luy, il luy feroit sentir avant jour couché. Le Comte de Pancalier faisoit difficulté de combatre si preallablement il ne sçavoit le nom de celuy à qui il avoit affaire. Et la matiere mise au conseil, il fut dict expressément par les juges que les statuts ne faisoient point de mention de nom, et par ainsi qu’il n’y estoit tenu, mais que le statut favorisoit expressément au deffenseur, luy octroyant l’election des armes. Et semblablement qu’il estoit requis que la personne accusée fust amenée en la presence deux combatans. (217-218)

  • 4  En particulier l’histoire de Roméo et Juliette, qui présente une forme de châtiment intéressante ( (...)

Dans une histoire tragique à forte coloration romanesque, cette attention minutieuse aux modalités d’exercice de la justice a une triple valeur : évidemment, une portée indicielle (les souffrances endurées par la dame, la perversité de son accusateur, l’héroïsme du chevalier…) ; du point de vue structurel, l’épisode judiciaire qui occupe toute la seconde moitié de ce récit complexe développe lentement sa trame avant de se dénouer en résolvant du même coup les errances et les aventures narrées dans la première moitié ; enfin, l’idiosyncrasie, fortement thématisée dans le récit, d’une forme de réalisation de la justice, confrontée aux différents cas présentés dans les autres pièces du recueil4, illustre l’hétérogénéité du droit.

  • 5 Autres occurrences : « […] la coustume d’Italie est que les cordeliers doivent prendre un compagnon (...)

4Aux avatars de la « coustume » ainsi mis en lumière s’ajoute une pluralité de la loi elle-même. Les histoires tragiques en font apparaître plusieurs sortes. Au premier rang vient donc la « coustume » : ce sont, comme on vient de le voir, les textes qui prescrivent la sanction de l’adultère, désignés comme des « statuts » à interpréter (VI, 217) ; ce sont aussi ceux qui déterminent l’enregistrement d’un mariage (« selon la coustume », I, 45). On doit cependant constater un affaiblissement du mot, qui dans beaucoup d’occurrences revêt son sens banal : « Or ont une coustume, qui est vulgaire en Italie, de mettre tous les plus apparents d’une lignée en un même tombeau… » (III, 107)5.

  • 6  Vérité Habanc, Nouvelles Histoires tant tragiques que comiques (1585), éd. J.-C. Arnould et R. A. (...)

5Cependant lorsqu’un personnage fait appel à la « loi », il peut s’agir de tout autre chose, par exemple quand Ælips accuse son père : « toutes les loix de nature sont esteintes et amorties en vous » dit-elle (I, 34), avant de mentionner la « loy de Dieu » (I, 36). On observe par ailleurs une intéressante sous-représentation du droit romain : la loi sur l’adultère est mentionnée dans un « sommaire » (IV, 121) et le père de Juliette invoque longuement la puissance paternelle exercée par ses « anciens peres Romains » (III, 96). Quand, à la fin du siècle, Vérité Habanc en détourne les textes à des fins satiriques et polémiques6, il semble que le fondateur des histoires tragiques ne lui a pas prêté une attention particulière : il préfère concentrer son intérêt sur la pluralité des espèces de loi, voire leurs contradictions.

6C’est ainsi que frère Laurent affirme user des « proprietez secrettes » des éléments naturels « contre la commune loy des hommes » – « specialement aux choses esquelles je cognois mon Dieu en estre moins offensé », ajoute-t-il (III, 99) ; quant à Ælips, elle adresse à son père le reproche suivant : « c’est tresmal consideré à vous quelle est la puissance que les peres ont sur leurs enfans, veu qu’elle est si bien bornée par la loy de Dieu qu’ils ne sont obligez à leurs parens en ce qui est contre ses divins commandemens. » ; elle résoudra cette divergence des lois par une solution particulière formulée en termes juridiques : « Et à fin de tirer le dernier arrest et conclusion de ce que j’ay arresté en moy avec une tresmeure deliberation et immuable conseil, c’est que… » (I, 36).

  • 7  Voir l’article fondateur de Lionello Sozzi, « Il racconto tragico in Francia alla fine del Cinquec (...)
  • 8  L’importance du thème et la fonction critique de la narration brève ont été particulièrement souli (...)

7Les contradictions opposant loi naturelle, loi divine et loi des hommes, exprimées ici aussi bien par un adepte de l’arrangement avec les lois que par une victime clamant justice, témoignent d’une problématisation sous-jacente de la loi qui complète l’affirmation de la diversité du droit. Les « histoires tragiques » seront donc légitimement lues comme des « histoires de loi », non seulement du fait de la valeur expressive de leur structure7, mais aussi parce que, dans le recueil qui nous occupe, elles représentent les variations et les incertitudes de la loi et de la justice8.

8La justice subit dès l’ouverture du recueil une double mise à l’épreuve politique. Dans la première histoire, Edouard III d’Angleterre s’éprend d’Ælips, épouse d’un de ses sujets prisonnier en France. Se déroule alors, jusqu’au renversement final (« en un instant » I, 44), le programme énoncé dès les premières lignes : « la lasciveté » est devenue « le sceptre » de ce royaume (11). La vertueuse comtesse, jusque dans le veuvage, reste fidèle à sa chasteté. Le roi exige de son père, dans une « injuste et deshonneste requeste » (26) qu’il impose à la jeune femme de se rendre à ses désirs. Mais celle-ci reste inébranlable face aux pressions qu’on exerce sur elle de toutes parts. Conduite devant Edouard, elle affirme sa résolution de mourir sous le couteau qu’elle a caché en son sein. Ce dernier acte fait fléchir le roi, qui, brandissant l’arme comme symbole de la chasteté invincible d’Ælips, propose à celle-ci le mariage.

9Edouard est habité par la conscience de la justice, qu’il exprime au moment même où il présente au père sa requête injuste :

[…] cognois bien maintenant que celuy seul est heureux qui avecques raison peut gouverner ses sens sans se laisser transporter à ses effrenez desirs ; en quoy nous differons des bestes, lesquelles, conduictes seulement du naturel instinct, se precipitent indifferemment où leur appetit les guide, mais nous avec la mesure de raison pouvons et devons moderer noz actions avec telle providence que sans desvoyer nous elisions le sentier d’equité et de justice ; et si quelque fois la chair infirme succombe, nous n’en devons accuser que nous mesmes qui, deceuz par une ombre fuyarde et faulce apparence des choses, trebuchons en la fosse que nous nous estions preparée. (23)

Mais le père d’Ælips rappelle qu’il est le justicier, qui par le passé, « pour un simple soupçon d’adultere », sur des « couvertures legieres » et un « soupçon assez mal fondé », a condamné un homme à mort et fait mourir sa mère en prison (29), le récit montrant plus loin comment la passion le conduit à négliger non seulement « les armes » dans un pays en guerre et « le deduict de la chasse », mais aussi l’« administration de la justice » (37).

10La seconde histoire, qui met en scène Mahomet (Mehmet II), est la réplique inversée de la précédente. Ce monarque est également ravagé par la « corruption » de l’amour (II, 46), il montre la même négligence du commandement qui génère le même mécontentement de la part de ses sujets (49-50), il recourt à un intime, Mustapha, qui, comme le serviteur d’Edouard et le père d’Ælips, s’efforce d’éclairer sa conscience et il connaît comme le roi les fluctuations entre passion et raison (57-58). Mais la conclusion en est tout autre : devant la cour assemblée, il tranche la tête de la belle Grecque dont il s’était épris après l’avoir – détail significatif – trouvée dans Constantinople vaincue (49).

  • 9  Pour reprendre la distinction établie par Richard A. Carr, Pierre Boaistuau’s Histoires tragiques  (...)
  • 10  La tyrannie est ainsi dénoncée dans le Théâtre du monde : « leur cruauté », ils l’appellent « just (...)

11L’accouplement par Boaistuau de deux récits disjoints chez Bandello (IIe partie, nouvelle 37 et Ire partie, nouvelle X), l’un « sentimental », l’autre « tragique »9, est éclairant. Quand l’un montre le sursaut de conscience qui assure le triomphe de la loi sur la passion par un mariage dûment célébré et « enregistré » puis le couronnement de la nouvelle reine au grand bonheur de ses sujets (45-46), l’autre fait culminer en une scène d’horreur la passion du « barbare cruel », que sanctionne finalement sa défaite par Jean Huniade au siège de Belgrade (59-60). Il est significatif que la deuxième histoire n’envisage jamais le pouvoir sous l’angle de la loi, mais exclusivement sous celui de la puissance et de l’empire, dans une thématique lancinante de la conquête. La question de la tyrannie est d’ailleurs soulevée dans l’histoire I lorsque le père agite ce spectre aux yeux d’Edouard (30), qui se sent lui-même céder à la force du « tyran amour » (31) ; et, lorsqu’il menace Ælips de recourir à la force, c’est au nom du « juste dedaing d’un tel prince offensé » (39)10. Mais il saura, à la différence de Mahomet, ne pas succomber à la tyrannie.

12Les deux premières pièces du recueil mettent ainsi en scène dans une perspective politique l’éventail des attitudes humaines face à la loi, des incertitudes de sa réalisation dans une situation particulière à l’ignorance et à l’infraction délibérées.

13Toutefois l’histoire tragique ne se borne pas à affirmer la simple opposition entre le bon et le méchant ; elle exprime le conflit qui travaille l’homme de bien lui-même, ouvrant ainsi sur une autre dimension de la réflexion sur la justice, qui est celle de la souveraineté de la conscience dans la reconnaissance du juste. Si Mahomet balance entre la passion qui l’habite et la raison qui voudrait le voir se consacrer pleinement aux affaires politiques, l’alternative d’Edouard est l’assouvissement de sa passion ou la conduite juste. Ce fort contraste entre les deux princes souligne la nature profondément morale de la question.

14Dès lors que l’appréciation de la justice ne peut s’opérer par l’application simple d’une loi qui ne laisserait pas place au doute, seule peut résoudre la question une instance de jugement que nous apercevions dans l’« arrêt » prononcé par Ælips pour trancher le dilemme auquel elle se trouvait confrontée : cette instance du jugement moral, tout intérieure, prend appui sur une norme transcendant toute loi et supposée résoudre les doutes portant sur la justice. Elle se nomme « équité » ; et c’est à elle que se réfère Ælips, dans son ultime prière au roi : « […] si ma demande vous semble raisonnable et fondée en quelque equité… » (42).

  • 11  Sur la conception héroïque du conflit entre amour et raison, v. R. A. Carr, op. cit., p. 187-190.
  • 12  C’est l’effet de toute passion (par la colère les femmes « degenerent de leur naturel », V, 137), (...)
  • 13  Propos d’Ælips à Edouard : « A ceste cause, mon tres-redouté seigneur, vous qui estes coustumier d (...)
  • 14  L'Histoire de Chelidonius Tigurinus sur l'institution des princes chrestiens et origine des royaum (...)

15L’application de cette « équité » repose sur une conception héroïque de la justice11, suggérée a priori par les « heroiques vertuz » de l’oncle du dédicataire (p. 4). Tous les personnages de la scène tragique qu’a fait « degenerer » la passion (52-5312) sont en effet appelés à laisser l’emporter en eux la raison, et invités dans des termes identiques à se faire « victorieux d’eux-mêmes » (I, 18 et 44, II, 5713), par un héroïsme intérieur qui tranchera positivement le conflit auquel ils sont soumis. Ce thème, éminemment politique en ce que le justicier est homme de pouvoir, était déjà largement traité dans le Chelidonius Tigurinus14, abondamment nourri de saint Augustin, et dont le chapitre IV montre notamment « Comme ceux qui commandent aux autres se doivent premier maistriser eux mesmes, et si bien moderer leurs desirs et passions, que par leur bonne vie ilz induisent leurs subjectz à la vertu ».

16C’est ainsi que le père d’Ælips, « reduit à deux si estranges et perilleux destroicts » (I, 27), apparaît pris entre son devoir de loyauté envers le souverain et l’impératif moral que constitue l’observation de ses devoirs paternels. La nature intérieure du conflit entre passion et justice conduit la victime à en appeler à la conscience du prince : « si vous voulez despouiller ceste desordonnée affection, je n’en demande que vostre invincible et genereux esprit pour juge » (28-29). Mieux encore, cette héroïne, qui se caractérise non seulement par sa vertu mais aussi par sa prudence, lui remontre qu’il « seroit [son] devoir » de la « punir selon [s]on demerite » si elle cédait à ses instances (18), s’efforçant ainsi habilement, quoiqu’en vain, de le placer en contradiction avec lui-même. Mais ce conflit est profondément ressenti par Edouard lui-même, sensible aux remontrances du père et habité par la culpabilité :

Les raisons du Comte gaignerent tant sur les affections du Roy passionné que, ne sçachant que dire, se condemnoit soy mesme, cognoissant fort bien non seulement qu’avec juste droit il avoir prononcé ces choses, mais encores qu’il avoit fait office de serviteur fidele et conseillier loyal ; de sorte que, se sentant pressé en son ame, il ne se pouvoit absoudre soy mesme d’avoir osé commettre une charge si deshonneste à un tant louable et vertueux père à l’endroit de sa fille. (31)

17Ses fluctuations de conscience, qui deviendront typiques du genre dont Boaistuau est en train de poser les fondements, sont amplement décrites (32). Au moment même où il s’efforce de convaincre le père de le seconder dans sa passion, Edouard exprime l’impératif moral dans les termes que l’on a vus (23) ; c’est une autre figure typique des histoires tragiques, que l’expression objective de propos édifiants par la bouche même du sujet passionné. Alors que le prince sans conscience de la IIe histoire et le justicier-accusateur calomnieux de la VIe restent totalement étrangers à ces considérations, l’expérience de ce héros témoigne de la dimension morale du conflit, de l’intériorisation de l’instance de jugement, et du même coup de la difficulté de juger et d’opter pour le juste.

18Mais il apparaît vite que la conscience de la justice ne peut suffire à décider justement. Les coutumes et les lois – loi des hommes, loi naturelle ou loi de Dieu –, peuvent connaître une réalisation problématique pour des personnages placés dans une situation déterminée sur le théâtre tragique. On vient de le voir avec les deux premières histoires, dont toute l’intrigue tient à la difficulté qu’un homme passionné éprouve à trouver la voie de la justice. L’histoire IV relève la « trop severe justice » qu’un mari applique à sa femme adultère (124) ; l’histoire VI dénonce la fausse justice d’un méchant, qui présente toutes les apparences de la vraie, alors qu’il ne s’agit, comme le dit sa victime, que de l’« iniquité » d’un « parricide » (198-199).

  • 15  Comme le montre Witold K. Pietrzak, « Le sang d’autrui dans la poétique édifiante des récits noirs (...)
  • 16  Suivant le jugement de Jean de Marconville, qui pour accréditer son propos altère considérablement (...)
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  • 18  Comme chez Henri Estienne : v. Bénédicte Boudou, « Le chroniqueur du temps présent dans l’Apologie (...)

19Quant à l’histoire de Violente, elle révèle, dans sa narration comme dans sa réception, l’ambivalence du jugement que l’on peut porter sur cette sauvage héroïne15, de la condamnation implacable de sa « cruauté »16 à une certaine forme d’indulgence inspirée par l’avis du peuple17, en passant par la reconnaissance à travers elle de la faiblesse universelle des hommes18. Les normes, on le voit bien, sont incertaines, soumises à une interprétation douteuse – voire à la manipulation, si l’on se souvient que c’est en invoquant la pression de la justice que Didaco explique sa trahison (159). L’impunité de Janique et la discussion à laquelle elle donne lieu dans les dernières lignes du récit (164-167) révèlent encore combien est problématique la détermination de la culpabilité. Et ces détails prennent tout leur relief dans une cité qui a dès l’exorde été qualifiée de « vray sejour de foy, de justice et d’humanité » (139).

  • 19  Sur les discours rapportés dans les histoires tragiques, voir les pages très justes de Witold K. P (...)

20Le cas de Violente est particulièrement intéressant en ce qu’il montre les limites de la solution morale. Cette héroïne choisit délibérément de se livrer à la vengeance, dans une conscience de son emportement comparable à celle de Mahomet sur le point de sacrifier la belle Grecque, et qui justifie les qualifications de « cœur felon » et « cœur simulé » (153 et 154). La coupable et celle dont elle fait sa complice développent rationnellement les motifs de cette vengeance, comprenant notamment une spéculation sur la mansuétude des juges (153). La coexistence, déjà entrevue, du discours rationnel et de l’emportement, qui fait parler tour à tour les personnages objectivement et subjectivement19, est invraisemblable au regard des normes modernes ; mais elle signifie bien la vérité que Boaistuau prétend suggérer : c’est une rupture volontaire avec la conscience morale et avec l’humanité que marque le crime, de même que c’est par un effort conscient sur soi-même que le héros fera l’emporter en lui la justice.

  • 20  Cette analyse va donc à l’encontre de celle que propose U. Langer, op. cit., p. 154-155.

21Pourtant, si Violente est condamnée, notamment pour avoir commis l’erreur fondamentale de substituer la vengeance à la justice (« parce que ce n’estoit à elle de punir la faute du chevalier », 167), la fin de l’histoire opère, par l’extrémité à laquelle parvient l’héroïne, une forme de rachat : contraignant moralement les juges à la condamner à mort, elle leur interdit en quelque sorte d’exercer la clémence que plusieurs circonstances pourraient leur inspirer, portant ainsi jusqu’à son point ultime le processus de justice particulière qu’elle veut faire prévaloir sur la justice légale. En menaçant de se suicider, c’est-à-dire de pousser la transgression à l’extrême, Violente parvient à faire triompher sa justice, dont on peut observer à la fois qu’elle est précisément le motif de sa condamnation et qu’elle remplit de manière satisfaisante la fonction de châtiment du coupable20. L’héroïsme ambigu de Violente, dont le nom seul porte pourtant la réprobation, n’est donc pas moralement étranger à l’attitude de la chaste Ælips, qui obtient justice par une voie comparable ; et ce rapprochement entre deux héroïnes qualifiées de manière antinomique pose un considérable problème moral.

22Il y a bien une difficulté de confier à la conscience la reconnaissance du juste ; cette issue, qui s’imposera « en un instant » (I, 44) chez le prince chrétien et que découvre d’emblée la chaste Ælips, est impossible au « barbare cruel » (II, 59), sur fond d’hostilité au Turc ravageur de la chrétienté (49), ou à l’accusateur mensonger (VI) ; quant à Violente, elle rejette le premier conseil de Janique, qu’elle reconnaît pourtant « equitable » (V, 151) et parvient cependant à une forme d’accomplissement de la justice.

  • 21  Theatre du monde, où il est faict un ample discours des miseres humaineset Bref discours de l’exce (...)

23Cet ensemble montre en acte le diptyque développé dans le Théâtre du monde et le Bref discours21 : l’homme, accablé des misères qui lui sont propres, peut se laisser emporter par elles et abdiquer sa dignité. La solution morale à l’incertitude de la justice ne peut donc opérer que si elle s’appuie sur la justice divine. Car la justice conçue par un homme déchu ne pourra être qu’injuste. En atteste la longue comparaison, évidemment défavorable à l’homme, qui occupe le Ier livre du Théâtre du monde, et qui montre notamment que la justice des animaux surpasse celle des hommes tombés dans l’indignité :

[…] en la contemplation des animaulx il se peult trouver une armonie de philosophie tant moralle que naturelle : car en contemplant les mœurs et actions d’iceux tant bien ordonnés selon les usages de nature, leur justice, leur temperance, fortitude, œconomie en l’administration de leurs petites republiques, leur continence aux œuvres de nature, et quelques autres parties de vertu qu’ilz exercent, par la diligente consideration desquelles l’homme descend et entre en luy mesme, et advisant, comme estant vaincu et surpassé d’iceux en plusieurs choses, et considerant sa misere et piteuse Metamorphose, et comme il degenere de son excellence et dignité, il est esmeu, et a sa vie en horreur, se trouvant inferieur d’iceulx, lesquels il doit autant exceller, qu’il les surpasse en honneur et dignité. (fol. 19v-20r)

C’est sur cette idée que s’appuie Ælips lorsqu’elle oppose la loi naturelle à son père qui l’invite à se rendre à Edouard :

[…] vous excedez et surpassez en cecy la cruauté des animaux, lesquels, quelque brutalité qu’ils ayent, si ne sont-ils point desnaturez de faire tort à leurs faons ou d’exposer leur fruict à la mercy d’autruy, comme vous faictes le vostre sous le plaisir d’un Roy. (I, 34)

24Dans les Histoires tragiques, face au doute que soulèvent la multiplicité des formes de la justice et l’incertitude de sa mise en œuvre, le seul fondement fiable serait une conscience, un sentiment du juste, dont le couple d’histoires initial puis la suite du recueil montrent de manière contrastée qu’ils sont l’apanage du juste, c’est-à-dire du chrétien. C’est pourquoi Ælips se tourne vers Dieu pour susciter chez le roi le salutaire sursaut héroïque :

Luy fist que non seulement elle priroit Dieu incessamment luy donner victoire de ses ennemis exterieurs, mais aussi luy faire la grace de dompter ceste passion charnelle qui le tourmentoit ainsi. (I, 19)

25À la fin du recueil, c’est Dieu qui tranchera en faveur de la dame injustement accusée : le « sommaire » de l’histoire a focalisé l’attention sur « sa misericorde et grace », c’est à lui que s’adresse la duchesse accusée (201), à lui que la renvoie sa servante au moment le plus désespéré (202 et 208), et lui qui décidera finalement de la sauver « car Dieu, qui est droicturier, ne permet jamais injustice sans vengeance, quoy qu’il tarde » dit Mandozze (228), la dame reconnaissant dans ce chevalier « celuy qui estoit esleu de Dieu pour estre [s]on liberateur » (230). L’échappée finale vers la justice de Dieu achève ce parcours commencé par le diptyque des « appetitz desordonnez » (I, 9), conformément à la dynamique du Théâtre du monde qui s’achève par la glorification de l’homme.

  • 22  Éd. cit., fol. 7, p. 43.

26Lorsque, dans le Bref discours22, Boaistuau associe les « miseres de l’homme » au « style tragique », ce lien a une profonde signification : la fonction des histoires tragiques est en effet de développer une image de l’homme déchu, dont les misères seront représentées dans de multiples configurations. La diversité géographique propre au recueil (et qu’élargira le continuateur Belleforest) reflète la diversité des choses humaines, et en particulier des lois, des conceptions de la justice, des cas où celle-ci entre en jeu, des postures vis-à-vis d’elles, mais aussi de l’universalité de l’incertitude qui les affecte. La pluralité essentielle des « histoires tragiques » – c’est de manière tardive et détournée, voire erronée que le syntagme se trouve au singulier – dit une multiplicité qui, en matière de justice, ne devrait pas être. La seule échappatoire à cette dispersion indue qui porte atteinte à l’essence même de la justice, est de s’en remettre à l’intervention divine.

  • 23  Sous la plume de Belleforest, elles deviennent incontestablement autre chose par sa pratique de la (...)

27Cette conclusion, qui n’est pas le fruit d’une démonstration, mais une évidence progressivement étayée par l’accumulation des histoires, a une conséquence de poids sur la manière de lire Boaistuau et le genre qu’il invente dans ce recueil. Les « histoires tragiques » sont alors moins un genre exemplaire qu’un genre expérimental23. Quand la « philosophie » apporte sa « vraye medecine aux plus cruelles passions de l’ame » et offre un « refuge » aux « aspres tribulations » (3), les Histoires tragiques proposent « je ne sçay quoy de plus gay » (5) : un bouquet de cas d’une diversité divertissante qui montre l’étrange conduite des hommes et en illustre la misérable condition. Il est donc impossible de lire ce recueil comme un simple nouvel épisode dans l’histoire de la narration brève, en le dissociant des deux discours qui affirment l’un la misère de l’homme, l’autre sa dignité : le projet de Boaistuau est de « donner quelque relasche » (5) aux ennuis du lecteur, la justification du recueil est de produire un cahier de travaux pratiques pour ces deux traités théoriques.

28Travaux pratiques d’une haute portée morale : si les traités offrent au « Chrestien diligent » « un assez ample suject en quoy s’exercer », le recueil des Histoires tragiques, ni « contrainct », ni « bref », ni mené « par bon ordre » contrairement à ceux-ci, offre un complément à cette pratique : on se contentera d’en ressentir tous les effets tragiques, comme on pourra aussi se demander pourquoi Edouard trouve la voie de la justice quand Mahomet plonge dans l’iniquité, à quel degré Violente est coupable, pourquoi Janique échapperait au châtiment, si les amants de Vérone ont mérité leur fin, si l’adultère d’une dame justifie une peine inhumaine, comment la perversité d’un justicier peut s’exercer avec tant d’efficacité, n’était la main de Dieu… Les incertitudes et les failles qui affectent la justice dans sa réalité sont la matière de ces premières histoires tragiques, qui offrent aux lecteurs qui le voudront bien, et en tous cas à des acteurs pourvus d’une intériorité plus complexe qu’on ne le dit, de multiples cas de conscience à dénouer, au bénéfice d’une justice qui reste à affirmer par l’expérience.

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Notes

1  L’importance de ce thème chez les conteurs a été montrée par Gabriel-A. Pérouse, Nouvelles françaises du XVIe siècle. Images de la vie du temps, Genève, Droz, 1977 ; voir notamment l’index p. 551.

2  Michel Simonin, « Notes sur Pierre Boaistuau », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance XXVIII, 1976, p. 323-333 ; republié dans L’Encre et la lumière, Genève, Droz, 2004, p. 3-14.

3  Pierre Boaistuau, Histoires tragiques, Paris, Vincent Sertenas, 1559. Nous citons l’édition de R. A. Carr, Champion, 1977 (histoire en chiffres romains, page en chiffres arabes).

4  En particulier l’histoire de Roméo et Juliette, qui présente une forme de châtiment intéressante (le ban) et deux épisodes judiciaires très riches : le procès de Roméo pour le meurtre de Thibault (III, 84-85) et le jugement final de l’affaire (114-119).

5 Autres occurrences : « […] la coustume d’Italie est que les cordeliers doivent prendre un compagnon à leur convent pour aller faire leurs affaires aux villes […] » (III, 106-107), et plus nettement encore : « L’ancienne et generale coustume des gentils-hommes Piedmontois et damoiselles a tousjours esté d’abandonner les villes fameuses […] pour se retirer aux champs […] » (IV, 123). Logiquement, cet affaiblissement du mot semble propre au contexte italien.

6  Vérité Habanc, Nouvelles Histoires tant tragiques que comiques (1585), éd. J.-C. Arnould et R. A. Carr, Genève, Droz, 1989 ; les épîtres initiales sont farcies de citations du code.

7  Voir l’article fondateur de Lionello Sozzi, « Il racconto tragico in Francia alla fine del Cinquecento », Sigma, n° 5, IX, 1-2, 1976, p. 43-81, repris dans L’« histoire tragique » nella seconda metà del Cinquecento francese, Turin, Genesi Editrice, 1991, p. 7-51.

8  L’importance du thème et la fonction critique de la narration brève ont été particulièrement soulignés par Ullrich Langer, « La justice, l’échange et la nouvelle », Vertu du discours, discours de la vertu, Littérature et philosophie morale au XVIe siècle en France, Genève, Droz, 1999, p. 130-131. Witold K. Pietrzak montre de son côté la confrontation entre les individus et les lois humaines dans Le Tragique dans les nouvelles exemplaires en France au XVIe siècle, Université de Lodz, 2006, p. 358-364. C’est vers ce sens de l’« histoire de loi » que s’est orienté Thierry Pech, Conter le crime. Droit et littérature sous la Contre-Réforme : les histoires tragiques, 1559-1644, Paris, Champion, 2000, chap. VIII, p. 205-212.

9  Pour reprendre la distinction établie par Richard A. Carr, Pierre Boaistuau’s Histoires tragiques : A Study of narrative form and tragic vision, University of North Carolina Press, Chapel Hill, 1979, p. 48-78.

10  La tyrannie est ainsi dénoncée dans le Théâtre du monde : « leur cruauté », ils l’appellent « justice » (éd. de Paris, Gilles Robinot, 1559, f° 49). Le Chelidonius Tigurinus (voir note 14) consacre dans son onzième chapitre un « traicté » à la cruauté et à la tyrannie, « qui sont capitales ennemies de la Justice », notamment illustré par le cas d’Héliogabale et de sa « vie tragique ».

11  Sur la conception héroïque du conflit entre amour et raison, v. R. A. Carr, op. cit., p. 187-190.

12  C’est l’effet de toute passion (par la colère les femmes « degenerent de leur naturel », V, 137), mais l’amour « entre toutes les plus griefves passions […] a tousjours tenu presques le premier lieu » (VI, 171). Cela signifie une dégénérescence du héros que Mustapha révèle à son maître : « ceste tant nouvelle mutation qui apparoist en vous, et dequoy vous avilissant ainsi, et degenerant de vostre ancienne generosité et grandeur […] » (II, 52).

13  Propos d’Ælips à Edouard : « A ceste cause, mon tres-redouté seigneur, vous qui estes coustumier de vaincre et subjuguer les autres, soyez maintenant victorieux de vous mesme, et rengez si bien ceste concupiscence (si aucune y en a) sous les resnes de raison que, demeurant assopie et vaincue, plus ne revive en vous ; et ayant vivement resisté à ses premiers assauts, la victoire en est aisée, laquelle sera mille fois plus glorieuse et avantageuse pour vous que si vous aviez conquis un royaume » (18).

14  L'Histoire de Chelidonius Tigurinus sur l'institution des princes chrestiens et origine des royaumes, Paris, Estienne Groulleau, 1556 ; nous citons l’édition de Paris, Vincent Sertenas, 1559, fol. 21.

15  Comme le montre Witold K. Pietrzak, « Le sang d’autrui dans la poétique édifiante des récits noirs à l’époque de la Renaissance », Les représentations de l'autre du Moyen âge au XVIIe siècle. Mélanges en l'honneur de Kazimierz Kupisz, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 1996, p. 136-138. Sur l’incertitude des jugements moraux qui ébranle l’exemplarité, voir l’ouvrage du même auteur, op. cit., p. 140-145.

16  Suivant le jugement de Jean de Marconville, qui pour accréditer son propos altère considérablement la fin du récit ; v. De la bonté et mauvaistié des femmes, éd. Richard A. Carr, Paris, Champion, 2000, p. 167-168.

17  « si agravé de pitié qu’il n’y avoit celuy qui ne pleurast à chaudes larmes l’infortune de ceste pauvre creature, remettant la faulseté sur ce chevalier deffunct, lequel, sous couleur de mariage, l’avoit deceue » (V, 166) ; le narrateur paraît l’entériner en concluant « Ainsi fina sa vie l’infortunée violente […] » (167) : il y a bien de ce fait, deux jugements contraires, l’un qui excuse Violente, et l’autre qui la condamne pour avoir exercé elle-même la vengeance, et pour s’être vengée avec excès (Ibid..).

18  Comme chez Henri Estienne : v. Bénédicte Boudou, « Le chroniqueur du temps présent dans l’Apologie pour Hérodote », Histoire et littérature au siècle de Montaigne. Mélanges offerts à Claude-Gilbert Dubois, Genève, Droz, 2001, p. 51-62.

19  Sur les discours rapportés dans les histoires tragiques, voir les pages très justes de Witold K. Pietrzak, op. cit., p. 270-278.

20  Cette analyse va donc à l’encontre de celle que propose U. Langer, op. cit., p. 154-155.

21  Theatre du monde, où il est faict un ample discours des miseres humaineset Bref discours de l’excellence et dignité de l’homme ont paru l’année précédentechez Vincent Sertenas (éditions par M. Simonin, Droz, Genève, 1981 et 1982). R. A. Carr fait à juste titre du premier traité un véritable guide de lecture pour les Histoires tragiques (op. cit., p. 165-179, et introduction à son édition, p. LV-LXII).

22  Éd. cit., fol. 7, p. 43.

23  Sous la plume de Belleforest, elles deviennent incontestablement autre chose par sa pratique de la narration contrôlée et commentée et l’énergique encadrement idéologique des récits, comme l’a montré la thèse de Michel Simonin, François de Belleforest et l’« histoire tragique » en France au XVIe siècle, Paris XII-Créteil, 1985.

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Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Claude Arnould, « La justice au banc d’essai des Histoires tragiques »Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 19 | 2010, 287-297.

Référence électronique

Jean-Claude Arnould, « La justice au banc d’essai des Histoires tragiques »Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 19 | 2010, mis en ligne le 30 juin 2013, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/12016 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crm.12016

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Auteur

Jean-Claude Arnould

Université de Rouen, CÉRÉdI

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Droits d’auteur

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