Amour et sexualité dans l’univers « arthurien » de Michel Rio
Résumés
Dans cet article, il sera question de la façon dont Michel Rio joue, dans la partie médiévalisante de son œuvre, avec les fantasmes sexuels. La sexualité est très présente, souvent soulignée par une écriture au lexique osé, choquant parfois, dans l’œuvre moderne de M. Rio ; il s’agira de s’interroger sur la façon dont l’environnement arthurien mis en place dans la trilogie riesque utilise et module cette sexualité, en regard des autres romans de M. Rio.
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- 1 Merlin, Paris, Seuil, 1989, p. 126-7.
1« Et puis il y avait Viviane. Elle me faisait de fréquentes visites et, comme elle l’avait désiré, je me consacrais à sa chair et à son esprit, tirant des deux un plaisir sans cesse grandissant. Au fil du temps cette chair et cet esprit mûrissaient, et Viviane devenait plus voluptueuse et plus sage, c’est-à-dire plus inventive »1. Ainsi s’exprime Merlin dans le roman éponyme qui inaugure la série arthurienne de Michel Rio, composée d’une trilogie, Merlin, Morgane, Arthur à laquelle est venue s’ajouter, à la marge, La Terre gaste, sorte de continuation du Merlin tenant d’une certaine science-fiction, avec la mise en scène d’une machine parlante dialoguant avec un je qui se révèle être Merlin.
2Les propos de Merlin vieillissant cités ci-dessus pourraient à eux seuls suffire à développer le titre de ce travail, tant ils condensent la problématique érotique qui trame le monde arthurien de Michel Rio. On y trouve en effet les traits principaux de cet érotique, signifiés par quelques mots ou expressions : la chair et l’esprit, la recherche du plaisir, le rapport entre connaissance et désir sexuel, la puissance de la femme qui décide des règles du jeu (« comme elle l’avait désiré »), la force du temps qui mûrit et anéantit corps et âmes. Ces propos de Merlin font suite à un discours à caractère philosophico-scientifique – de ceux qui nourrissent, parfois jusqu’à saturation, toute l’œuvre romanesque de Michel Rio – que Merlin prononce et qui offre un témoignage, parmi tant d’autres chez Rio, d’un principe de ‘dualité ambiguë’ qui obsède l’auteur breton :
- 2 Ibid., p. 125.
J’étudiais la vie des plantes et leurs propriétés bénéfiques et maléfiques qui n’étaient parfois différenciées que par de subtiles questions de mesure, ce qui éclairait matériellement un banal conflit entre religieux et philosophes, les uns voyant dans le bien et le mal deux principes en guerre radicale, les autres un même principe dont l’ambiguïté était affaire de proportions2.
La dualité, l’oxymore, la vie et la mort
- 3 Merlin, p. 124.
3C’est cette dualité, que l’on peut définir, après Merlin, selon un principe paradoxal d’opposition et d’osmose, qui forme l’unité, l’axe central et le point d’accumulation des différents concepts qui sont en jeu dans les romans de Rio. C’est pourquoi la figure de rhétorique préférée de l’auteur breton est de toute évidence l’oxymore, et c’est pourquoi également une grande partie de son style repose sur une binarité syntaxique et une opposition sémantique. Quelques exemples parmi des centaines : discours à teneur philosophique : « Je vis ainsi que l’âme n’était pas égarée par l’opposition de l’ordre absolu de la pensée et du désordre absolu des choses »3 ; description du caractère de Morgane :
- 4 Arthur, Paris, Seuil, 2001, p. 51.
Et Arthur écouta avec avidité la chronique d’Avalon depuis son commencement, admirant le génie politique et scientifique de Morgane, perplexe devant l’illustration par ses actes de ce mélange en elle de tyrannie absolue et de sens de bien public, d’arbitraire et de justice, de responsabilité et d’indifférence, voire de cruauté, de spontanéité généreuse et de calcul impitoyable…4 ;
- 5 Manhattan terminus, Paris, Seuil, 1995, p. 27.
- 6 Archipel, Paris, Seuil, 1987, p. 77.
- 7 Jungles pensives, Paris, Seuil, 1997, p. 62.
- 8 La Statue de la liberté, Paris, Seuil, 1997, p. 139.
- 9 La Mort. Une enquête de Francis Malone, Paris, Seuil, 1998, p. 8.
portrait du professeur Wilde : « c’était une forme monstrueuse et baroque, d’où émanait une impression contradictoire et désordonnée de puissance, de caducité, d’intelligence et de laideur superlative »5 ; voici une femme entrevue en rêve dont la « parole était tissée des fils de la honte et du défi, du triomphe et de la servitude »6 ; voila encore une jungle qui offre un « mélange de paix immédiate et de tumulte »7, Reynolds regardant Laura avec « une expression montrant une sorte de tumulte figé de sensations violentes, mélange de folie, de félicité et de douleur »8. Quant au détective Malone, le Marlowe breton de Michel Rio, il est pourvu de « traits allongés [qui] semblaient faits d’intelligence cultivée et de défiance apprise, de volonté calme et d’ironie désabusée »9. On pourrait remplir des dizaines de pages à citer expressions oxymoriques et phrases binaires extraites de l’œuvre de Michel Rio !
4Une des conséquences de cet univers de concordia discordans où Bien et Mal luttent et s’accordent, se repoussent et s’attirent est la relation – vue par un homme – unissant l’amour à la mort, la femme à la destruction, la sexualité à l’abîme. L’homo duplex de Rio est le lieu d’une vie qui frôle la mort en permanence, dans les dangers du réel aussi bien que dans les tumultes de la fantasia, où l’esprit et la chair s’alimentent l’un l’autre en cherchant à se détruire. Les personnages principaux de Rio, hommes ou femmes, sont souvent des érudits hors norme, jusqu’à la caricature, et ils sont aussi dotés d’une puissante libido dont l’essence est représentée, de façon assez traditionnelle finalement, par la femme. Victime ou dominatrice, innocente (rarement) ou perverse, toujours sensuelle, la femme pose le douloureux problème du rapport de l’être humain à son corps et à son âme, question qu’il voudrait résoudre par une unité en dernier lieu impossible ; d’où l’obsession de la mort, de l’anéantissement liés au sexe, qui s’incarnent souvent, mais pas exclusivement, dans la femme venimeuse.
5Quelques couvertures des ouvrages de Rio, dont certaines rappellent étrangement l’œuvre de Félicien Rops, illustrent bien cette image d’une femme mortifère : on y trouve en effet la femme-putain, l’Ève éternelle et maudite, la Grande Prostituée en compagnie de la mort (La Mort, Manhattan Terminus), la femme dominatrice et séductrice ayant volé le flambeau de la liberté (La Statue de la Liberté) ou la femme elle-même en représentation spectrale (Les Jungles pensives).
6La couverture de La Mort introduit le lecteur à un monde dans lequel Eros et Thanatos font le meilleur des ménages, au milieu de scènes orgiaques en représentation picturale : ces dernières, assez osées, offrent un spectre à peu près complet de ce que la morale chrétienne considère comme perversions en matière sexuelle : sodomie, fellation, masturbation, saphisme et sadisme. En bref, un petit résumé de l’univers sexuel des romans de Michel Rio ; c’est que, dans la plupart de ses textes dont l’action se situe dans le monde contemporain, se côtoient d’une part des discours didactiques et encyclopédiques mettant en jeu des connaissances scientifiques et philosophiques, qui élèvent ainsi – ou sont censés élever – le lecteur vers une réflexion abstraite et, d’autre part, des scènes assez crues où les corps se mêlent de façons diverses dans une recherche de la jouissance la plus forte possible. Il s’agit là d’une sorte de bi-polarisation jouant d’un côté sur ce que l’on pourrait appeler un « effet de science », de l’autre sur une écriture très prosaïque, effet binaire qui, dans l’économie même du texte, entre en écho avec un discours récurrent sur l’esprit et la chair.
7L’œuvre arthurienne – même si elle peut apparaître la plus puissante, la plus évocatrice – n’occupant qu’une petite part dans la production riesque, délibérément tournée vers le monde moderne, je me propose de considérer en premier lieu l’amour et la sexualité tels que Michel Rio les exprime et les décrit dans ses romans ‘modernes’ pour ensuite, selon une technique d’‘encerclement des villes par les campagnes’, voir comment cet univers fantasmatique se projette sur le Moyen Âge revisité dans la trilogie riesque. Je voudrais en fait analyser comment la pression des légendes arthuriennes, même réinvesties avec une grande liberté que Michel Rio revendique explicitement, avec d’ailleurs une certaine provocation, agit sur l’univers de l’érotique riesque. Je partirai pour ce faire de l’hypothèse que, sur la base des connaissances de l’auteur et de sa fascination pour la légende du roi Arthur et de la Table Ronde, se cristallise un érotique ‘néo-arthurien’ empruntant à la vulgate de la libido riesque, tout en s’en détachant.
La mère, la femme, la putain
- 10 Faux pas, Paris, Seuil, 1991, p. 91.
- 11 Voir Archipel, Paris, Seuil, 1987.
8Quels sont les éléments constitutifs de l’érotique de Michel Rio ? Il me semble que l’édifice repose sur une conception inquiète, voire angoissée de l’amour qui vise à être transgressée, sans guère de succès au demeurant, par la revendication de la jouissance physique la plus débridée. Les personnages de Michel Rio en effet ont des rapports très compliqués à l’amour : ils sont incapables de vivre un amour véritable, et ce pour diverses raisons ; ils ont tellement peur du sentiment amoureux –un « frein à l’abjection, donc au plaisir »10, selon le héros de Faux pas –. qu’ils se construisent une carapace empêchant tout épanchement du cœur, ce qui crée un vide que la chair tentera, en vain, de combler. Tel est le cas de l’inconnu du roman Faux pas. Le seul faux pas que ce tueur parfait et philosophe commet est, justement, d’être pris d’un sentiment paternel pour la fille de celui qu’il a exécuté et de se sentir un penchant pour la mère qu’il a prise, consentante, avec violence et une passion toute physique. Cet amour naissant le conduira évidemment à la mort. Soit ils sont, comme le professeur Wilde, rejetés de la sphère de toute réalisation possible de l’amour, à cause de leur difformité. Ce qui n’empêche pas Léonard Wilde d’aimer la belle et mystérieuse Alexandra Hamilton qui, se sachant observée, se montre nue à sa fenêtre le soir, exclusivement pour le grand érudit11. Le superflic Malone aime Laura Belmont, de façon semble-t-il sincère et tous deux s’en sortent bien, puisque Malone sauve Laura d’une tentative de meurtre. Mais tout cela reste tordu, Malone étant de facto l’exécuteur du mari de Laura, un ami d’enfance qu’il avait fait condamner et qui cherche à le détruire, tout en le considérant comme un de ses seuls amis. Et Malone couchera évidemment, de façon passionnée, avec celle qui tentera d’assassiner Laura et, au passage, avec sa voisine strip-teaseuse qui, innocemment ou pas (le lecteur hésite), sert de truchement pour une tentative d’élimination du policier.
- 12 Voir La Mort, op. cit., p. 65.
- 13 Ibid., p. 69.
- 14 Ibid., p. 101. En fait, Cybèle ne dit pas directement cela, mais acquiesce lorsque Malone lui dit (...)
- 15 Op. cit., p. 70.
- 16 Op. cit., p. 73.
- 17 Archipel, p. 135.
9L’univers riesque de l’amour est donc particulièrement trouble, émaillé de frustrations, de violence, d’interdits. L’inceste affleure toujours plus ou moins explicitement : dans Archipel, le jeune héros narrateur, étudiant dans un collège isolé, se voit d’abord initié par un camarade pervers qui a des relations incestueuses avec sa mère et à qui il sert de rabatteur pour de la chair fraîche ; puis il connaît la fellation grâce à cet artefact de mère qu’est Alexandra Hamilton, la directrice du collège et son amante d’une nuit. Les gigolos participent de la ronde endiablée, comme ceux que s’offre la libertine, corrompue et pleine d’humour, l’écrivaine de romans pornographiques Cythère du Bataillon, de son vraie nom Marie Raton, qui revendique ses frasques avec cynisme, en prétendant que le plaisir est son « dernier lien avec la vie »12. Mignard de Maugiron est un grand organisateur d’orgies, avec caméras à l’appui ; et tant de femmes des romans de Rio revendiquent un statut de putain dès qu’elles sont confrontées à l’acte sexuel. Cythère, avant de coucher avec le héros, lui rappelle qu’elle est telle « la grande Pute de Babylone »13 ; le petit génie de la biologie, Cybèle de Maugiron, promise au Collège de France, répond ainsi aux avances de son séducteur : « Tirez votre coup, Malone. Traitez-moi comme une pute ou un objet »14. Les femmes aiment également à se masturber, si possible devant un homme qui les observe, comme Lady Savile dans Les jungles pensives15ou Marie Belmont dans Faux Pas16. Les scènes d’homosexualité féminine ne sont pas rares non plus : ainsi Alexandra Hamilton aime à se faire caresser par sa bonne qui la conduit à l’orgasme dans son bain17.
10Cet univers se dit dans un langage dont la crudité peut choquer, semble même faite pour provoquer le lecteur, en particulier grâce au contraste existant, dans la bouche d’un même personnage, entre un discours au style très soigné véhiculant des concepts très abstraits et des propos à caractère pornographique. Il en va de même des descriptions, où l’on passe de celle d’une bibliothèque de rêve, d’une expérience de physique ou de biologie, d’une évocation poétique de la nature ou du paysage urbain à l’étalage brutal d’une scène de sodomie. Un seul exemple, parmi des dizaines, permettra de mesurer cette verdeur d’expression :
- 18 La Mort, p. 101.
Malone l’appuya contre la balustrade, releva sa robe jusqu’à ses hanches, abaissa son slip sur ses cuisses et commença à la pénétrer avec difficulté, presque avec douleur. Il se retira, mouilla ses doigts de salive et ouvrit avec précaution son sexe d’abord, ensuite, lui écartant les fesses, son cul. Il la pénétra à nouveau et la baisa. Puis il l’encula brutalement18.
- 19 Voir par exemple la description de Karen Kierkegaard (!) dans La Mort, p. 18.
- 20 Op. cit., p. 123.
11On pourrait penser de prime abord à une vision très machiste de la femme, femme objet et femme fatale à la fois, ingénue libertine et castratrice, perverse et faussement innocente, selon des poncifs éculés. L’idéal de beauté féminine qui se dessine au fil des romans correspond aussi aux clichés masculins en la matière : chevelure abondante, poitrine généreuse et ferme, fessier arrondi et ample sans excès, taille fine, etc.19 Mais tout cela n’est-il pas trop simpliste chez un auteur qui aime à jouer la difficulté, qui se joue sans cesse des évidences ? La femme riesque est souvent trop attendue pour ne pas être, de façon ironique, ce qu’elle ne montre pas. Les femmes de Michel Rio sont en général, comme les héros masculins, exceptionnelles, intellectuellement comme physiquement. Elles peuvent rivaliser sans complexe avec l’homme qui, certes, leur offre une immense jouissance physique en satisfaisant ses propres désirs, qui certes peut même les révéler à leur propre sexualité, mais qui finit presque toujours par tomber dans le piège de sa propre assurance ou de ses angoisses existentielles que, en retour, la femme conduit à révéler. La femme de Rio apparaît comme l’être qui ressent plus profondément que l’homme la lutte inexorable entre la nature et la culture, entre le cru et le cuit. Si elle est fatale à l’homme, ce n’est pas en tant qu’Ève maudite, mais en tant que révélation lumineuse de l’impossibilité de la condition humaine dont l’équilibre se situerait en un mariage, impossible, entre la chair et l’esprit. L’inconnu de Faux pas, le tueur cérébral, est conduit au néant parce qu’il s’est plongé dans la chair de Marie et les yeux de sa fille, sans comprendre qu’il y avait une issue, que seule Marie pouvait offrir : l’amour, cette « anomalie cernée par la violence de la loi naturelle »20 dont parle l’inconnu. Léonard Wilde, comme Alexandra Hamilton, sont condamnés à l’exil parce que l’union de la chair et de l’esprit ne peut se faire, pour des raisons finalement futiles et superficielles.
- 21 M. Rio se plaît à tisser des liens entre ses ouvrages, par des récurrences de personnages en parti (...)
12L’écriture romanesque de Michel Rio repose à mon sens sur quatre éléments fondamentaux que révèle et embrasse son érotique : une conception dualiste complexe de l’homme et de la nature, une obsession pour les rapports de l’homme naturel à la loi, une perception de complémentarité conflictuelle de la chair et de l’esprit, une vision eschatologique de la condition humaine, entre chaos et ordre parfait de la mort. L’orgie des corps transgresse la loi en cherchant la domination illusoire de la jouissance ; mais celle-ci ne peut s’inscrire dans la durée, dans l’histoire dans laquelle l’esprit, sous la métaphore de la bibliothèque, cherche à s’ancrer, d’ailleurs en vain. L’homme est alors condamné, dans l’attente de sa mort, au libertinage, au sens de la recherche du ‘moment’, selon l’acception du XVIIIe siècle. Hommes et femmes se croisent21 et s’unissent dans cette ronde, dans cette mascarade dans laquelle, même la loi, même la culture et la puissance de l’esprit finissent par s’abîmer, vers le plus profond d’un sublime que Rio identifie in fine avec l’abjection. Car, somme toute, l’essentiel réside dans ce que répète Malone : cogito ergo sum perversus.
L’érotique ‘néo-arthurien’
13L’examen des romans ‘modernes’ de Rio conduit à l’établissement de topoï riesques de l’amour et de la sexualité, topoï autour desquels l’auteur opère quelques variations et, comme on l’a vu, servis par un vocabulaire qui appelle un chat un chat. L’idéal physique de la femme est une créature à la peau blanche, à la poitrine généreuse, ferme, au fessier en rapport, à la taille fine, à la chevelure abondante. Elle est intelligente, voire surdouée, dotée d’une grande volonté, totalement libérée en matière sexuelle, parfois jusqu’à l’excès comme la Héra Napier de Tlacuilo. Elle sait à la fois provoquer comme subir les assauts de l’homme ; elle est habile ou, découvrant certaines pratiques, se prête immédiatement au jeu de la jouissance. À ce sujet, récurrente est la sodomie que toute femme riesque adore, en habituée de la chose ou bien dans le registre de la découverte récente. Certains héros, comme l’inconnu de Faux pas, n’accepte de posséder une femme que retrorsum. La femme de Rio apprécie également les pratiques lesbiennes, sans pour autant être homosexuelle. Le milieu mâle est composé de héros fortement charpentés, un tantinet macho pour certains, d’hommes efféminés mais grands amateurs de femmes, si possible perverses et immorales, et du cas exceptionnel de l’intellectuel sur-cultivé mais monstre de laideur, Léonard Wilde, non dépourvu pour autant de libido. On l’a vu, les rapports des personnages aux sentiments amoureux sont pour le moins tordus, mais tous sont unis par une recherche de la jouissance physique la plus forte.
- 22 Postface du Merlin.
14La légende arthurienne médiévale, que Michel Rio considère dans sa postface au Merlin comme la plus belle, la plus brouillonne et la plus inégale qui fût, offre à l’auteur breton un espace particulièrement riche pour y exposer ses idées sur l’homme, le monde, la littérature, le savoir, en compagnie de ses propres fantasmes. L’univers érotique riesque est alors confronté au poids de ce que l’histoire a légué. Même traitée avec la plus grande liberté, la légende arthurienne impose des cadres ; comme l’explique M. Rio lui-même, si sa « trahison » est « illimitée dans l’esprit », elle est « réduite dans l’espace »22.
15Or, ce que la légende arthurienne du Moyen Âge a légué de plus ‘massif’ en matière d’amour et d’érotisme, c’est évidemment la relation adultère et passionnée entre Guenièvre et Lancelot. La Guenièvre qui, dès le Chevalier de la charrette, se montre si autoritaire face à Lancelot, la reine sensuelle que Chrétien lui-même laisse deviner dans la fameuse scène où Lancelot la possède au royaume de Méléagant, la responsable de la guerre entre « le meilleur chevalier du monde » et Arthur, avait de quoi focaliser le regard de M. Rio qui pouvait aisément en faire une perverse dominatrice, ennemie de cette loi et de cet ordre qui obsèdent l’auteur breton et trament, en positif et négatif, son interprétation de la Table ronde et de l’entreprise de Merlin. C’est cependant Morgane qui se taille la part du lion en matière d’héroïne, un des ouvrages de la trilogie, le second, lui étant consacré de façon emblématique. La troisième femme est évidemment Viviane, la Dame du Lac. Ces trois femmes vont cristalliser et supporter les tensions amoureuses et érotiques de toute la trilogie, mais à des degrés divers liés à leur relation avec Arthur et Merlin. Ces femmes, comme les relations sexuelles et passionnelles qu’elles provoquent, obéissent certes aux règles obsessionnelles gérant le monde de Rio, mais elles subissent les contraintes d’un substrat littéraire qui impose ses limites à l’auteur.
Portraits de femmes
Au physique
- 23 Morgane, p. 72.
- 24 Ibid., p. 62.
- 25 Ibid., p. 86.
- 26 Ibid., p. 113.
- 27 Ibid., p. 116.
- 28 Ibid., p. 188.
16Le narrateur de Morgane affirme que la demi-sœur d’Arthur est « l’obsession des sens »23. Sa beauté est surhumaine, inquiétante avec des yeux verts qui signifient la clarté absolue et la profondeur abyssale des eaux les plus dangereuses. Mais Morgane n’est pas vraiment décrite ; le lecteur sait qu’elle est très belle, sans guère de détails : « elle était d’une beauté échappant aux mots et à l’expérience, créant seulement un bouleversement de l’esprit et des sens semblable à celui qu’on éprouve lorsqu’on est soudain en présence d’un morceau d’univers triomphal, unique et insoupçonné »24. Quand elle se dévêt pour la première fois devant Arthur, rien n’est dit de son physique. Lorsque Ban la découvre nue sur sa couche, aucune description ne vient non plus préciser la beauté de son corps : il est simplement question de la « perfection » de celui-ci25. La Morgane de la maturité, qui vient présenter Mordred à la cour est encore montrée dans une beauté resplendissante, mais avec des formules générales, sans même la moindre recherche d’originalité : « Sa beauté était telle que l’assemblée se tut, retenant son souffle. Elle condamnait les autres femmes à l’humilité et à l’effacement et voilait l’éclat de Guenièvre elle-même, dont elle avait le double de l’âge »26 ; et lorsqu’Arthur, délaissant le couche de Guenièvre s’en va la rejoindre, le narrateur note simplement que « Morgane femme était plus belle encore, et plus désirable, que Morgane jeune fille »27. La seule description un peu étoffée intervient lorsque Morgane est devenue très âgée : « Son corps droit, fragile et mince, semblable à une fleur desséchée, avait perdu toute sa splendeur et même la matérialité d’une chair qui avait été la plus belle et la plus désirable d’Occident, mais non sans élégance. Son visage était effrayant, raviné par le temps, la haine, la tristesse et le souci, auréolé d’une crinière longue et sauvage, d’un blanc de neige »28.
- 29 Ibid., p. 112. Description reprise à l’identique dans Merlin, p. 103.
- 30 Arthur, p. 93.
17Guenièvre quant à elle ne bénéficie pas de plus de faveurs descriptives que sa rivale, reine d’Avalon. À l’occasion de ses noces avec Arthur, le lecteur de Morgane apprend laconiquement qu’elle « était belle » : « Elle avait une longue et lourde chevelure d’or […] un visage d’une perfection un peu neutre. […] Elle donnait une idée de plaisir indolent et inaccessible »29. Lorsque Lancelot, dans le roman Arthur, contemple pour la première fois celle qui va devenir son amante, aucun détail physique n’est encore offert : « le temps, sans rien ôter à sa séduction de traits et de corps, l’avait au contraire enrichie d’une souveraine majesté de port »30. Seule, au début du roman d’Arthur, une évocation de ses seins lève un peu le voile sur son corps : « ses seins avaient la plénitude de la femme et la fermeté de l’adolescente », et ramène Guenièvre dans les stéréotypes riesques.
- 31 Merlin, p. 112.
18Viviane laissera le lecteur amateur de descriptions un peu précises tout autant sur sa faim, si ce n’est que, comme dans le cas de Guenièvre, mais de façon encore plus discrète, une allusion aux seins de la jeune Diane vient un peu pimenter un portrait bien anodin : « le modelé ravissant et délicat de ses traits et de son cou, l’opulence de sa chevelure, la finesse longue et pleine de ses membres et l’épanouissement gracieux de ses seins faisaient triompher une idéale chair de femme »31. Lorsqu’elle se donne à Merlin, l’évocation de sa beauté demeure également allusive :
- 32 Merlin, p. 115.
Elle arracha ses vêtements, les jeta à ses pieds et se tint nue devant moi. Et je vis que son corps était plus beau, sa chair plus captivante encore que je ne l’avais soupçonnée. Elle était à la fois hautaine et comme effrayée de son propre geste32.
19Si l’on excepte donc leur chevelure, dont le narrateur souligne la lourdeur, l’opulence, les femmes de la trilogie arthurienne ne provoquent pas un art érotique de la description physique. Qu’en est-il alors de leur libido, de leurs fantasmes, de leur discours en matière de sexe ?
Au moral et intellectuel
- 33 Morgane, p. 152.
20Les femmes de M. Rio sont souvent surdouées. Morgane représente sans doute le paroxysme de l’intelligence féminine : dès le plus jeune âge, elle est capable de comprendre les notions les plus abstraites et de construire par la pensée de révolutionnaires théories : à douze ans, elle invente la théorie de la gravitation universelle, décrit l’atomisme et affirme l’héliocentrisme du système du monde ! Cependant, comme aucun personnage de Rio, elle ne s’immerge complètement dans le domaine de l’esprit ; car la chair est bien présente, omniprésente même, et Morgane affirme ses désirs sexuels sans la moindre vergogne et couche avec qui elle veut, quand elle en a envie. Lorsqu’elle est tentée par la beauté de Viviane, elle lui avoue sans ambages son désir homosexuel : « Pour le moment, ce que je veux, c’est toi »33.
- 34 Ibid., p. 166.
21Il en est de même de Viviane, que M. Rio présente, quant à l’intelligence, l’éducation et la beauté, comme une espèce de double, mais sans haine, de Morgane. Viviane, sauvée du sanglier par Merlin, se donne immédiatement à lui et, lorsqu’elle rencontre Morgane, elle avoue sans honte avoir offert son corps : « j’ai arraché mes vêtements de chasseresse et je lui ai offert par défi mon corps pour salaire »34.
- 35 Arthur, p. 12.
22Morgane comme Viviane ont ceci de particulier qu’elles obtiennent des hommes tout ce qu’elles veulent, au moment où elles le désirent. La Guenièvre de M. Rio est différente, dans la mesure où le libre cours donné à ses désirs est le fruit d’une frustration. Arthur en effet, tout habité de sa passion pour Morgane, délaisse sa jeune épouse. Ceci n’empêche cependant pas Guenièvre de savoir ce qu’elle veut et de tout mettre en œuvre pour conquérir, à défaut du cœur, le corps de son époux. Lorsqu’Arthur revient auprès d’elle, après l’arrivée de l’enfant Mordred, ses propos sont sans détour : « Me reviens-tu pour me prendre ? […] Ainsi, prends-moi, prends-moi si tu le veux » lance-t-elle au roi de Logres35. C’est donc pour retrouver son mari que Guenièvre se plonge dans la débauche et c’est aussi par frustration qu’elle aime finalement Lancelot.
23Il apparaît donc que les héroïnes de la trilogie arthurienne ressortissent bien à l’univers féminin traditionnel de M. Rio, mais avec beaucoup de nuances que l’on pourrait résumer par le terme « discrétion ». Les femmes médiévales discourent sur le topos riesque de l’alliance de la chair et de l’esprit, mais c’est somme toute, dans la narration, le cérébral et l’abstrait qui prédominent dans leur portrait. Ces femmes, cependant, comme toutes les héroïnes de M. Rio, ‘n’ont pas froid au yeux’ et n’hésitent pas à agir de forte volonté afin d’assouvir leurs désirs sexuels. Il reste donc à nous interroger sur les scènes d’amour que présente la trilogie.
Scènes d’amour
24Les rencontres d’ordre sexuel entre un homme et une femme ou deux femmes ne manquent pas dans la trilogie arthurienne : Merlin couche avec Morgane et Viviane, Arthur avec Morgane, Guenièvre et Bonduca, Morgane avec, en sus de Merlin et d’Arthur, Ban, Bonduca et Viviane, Guenièvre avec Lancelot et divers anonymes. Il y a donc matière à description de différents actes de chairs, pratiques et caresses diverses. Mais, ici encore, à l’unisson des descriptions des corps, c’est la sobriété qui domine. La scène la plus crue serait peut-être celle de la défloration de Viviane par Merlin :
- 36 Merlin, p. 115.
Et je la pris. Après la douleur initiale, elle s’abandonna au plaisir, provoquant le mien. Je vis un peu de sang rouge tacher l’albâtre de ses cuisses36.
- 37 Morgane, p. 71.
25Il semble que l’albâtre vienne ici compenser le réalisme du terme « cuisses », atténuant par un effet d’esthétique la sensualité violente de la scène. Dans Morgane, la nuit d’amour entre Arthur et sa demi-sœur est assez vite bâclée : « Et ils eurent toute la nuit, l’un de l’autre, un plaisir tel que Morgane elle-même s’y abandonna entièrement »37. Tournons-nous vers les ébats de Lancelot et de Guenièvre :
- 38 Arthur, p. 94-95.
Elle s’allongea sur sa couche et attira Lancelot à son côté, lui caressant les cheveux d’un geste doux et maternel. Il lui rendit cette caresse d’abord timidement, posant une main sur la stola qui la couvrait, puis avec une conviction grandissante et maladroite qui fit que le vêtement s’ouvrit et qu’il fut en contact avec sa peau nue. Ne cherchant nullement à le refermer, elle continua son geste affectueux, ambiguïté qui exaspéra le trouble désir de Lancelot, et il joignit à la caresse de sa main celle de ses lèvres. Elle affectait d’ignorer ce passage de la tendresse à la lascivité, ou tout au moins de l’absoudre comme sans conséquence, et cette attitude, mêlant une tolérance de mère et un abandon d’amante, porta Lancelot à un tel degré de lubricité sacrilège et délectable qu’il la prit et jouît d’elle avec une force qui le laissa un moment privé de sens. Puis il se sentit envahi par la honte et l’effroi. Mais Guenièvre, se révélant enfin, s’employa à faire renaître son désir par des attouchements délibérés, et elle lui enseigna le reste de la nuit tous les plaisirs, tirant de lui des jouissances aussi grandes que celles qu’elle lui donnait38.
- 39 Morgane, p. 104.
26Quant aux attouchements de Morgane et de Bonduca, le lecteur n’en saura que bien peu, apprenant simplement que la reine d’Avalon avait fait de sa servante « la compagne de ses nuits, car elle était belle et lascive »39.
- 40 Voir par exemple Le Ruistre.
27Il est donc inutile de multiplier les exemples pour mesurer la différence d’approche, dans l’écriture, de la sexualité des personnages de la légende arthurienne et de celle des héros contemporains de M. Rio. À la différence de certains auteurs de bande dessinée, qui profitent de la fantasmagorie médiévalisante pour étaler au grand jour leurs fantasmes sexuels40, M. Rio, en pénétrant dans l’univers du Moyen Âge, décline le sexe sur un registre essentiellement allusif. Ce registre se construit à partir de véritables motifs qui se répètent avec seulement quelques variantes. Ils se ramènent en fait à deux structures dans le cas, le plus fréquent, d’amours hétérosexuelles :
1) La femme se déshabille brutalement, l’homme la prend avec violence, la jouissance est extrême et réciproque.
2) La femme joue la lascivité, conduit l’homme au désir le plus fougueux. Les ébats s’ensuivent et, ici encore, la jouissance est extrême, surtout soulignée chez l’homme.
- 41 Voir la communication de F. Pomel dans le présent volume.
28Ces deux motifs sont à l’œuvre dans la trilogie, mais ne donnent pas lieu à description, ni à utilisation d’un vocabulaire cru. La sodomie qui, de toute évidence, obsède les personnages riesques, hommes et femmes, est bannie de l’univers arthurien. La fellation, elle aussi fréquente et très explicitement écrite, comme dans La Statue de la liberté, n’apparaît pas ici, sauf à retrouver cette pratique derrière des expressions feutrées mentionnant de lascives caresses. Quant à l’inceste, il est évidemment présent, avec en particulier une réinterprétation complète de la naissance de Merlin41. On n’en conclura certes pas que M. Rio a tenu à se conformer aux enseignements des Pénitentiels du Moyen Âge, mais force est de constater que la légende arthurienne, en quelque sorte, ‘écrase’ une sexualité explicite au profit d’un érotisme plus diffus, plus cérébral, bien que très puissant, violent même, quant à sa nature.
29L’approche de M. Rio apparaît donc, du point de vue de la sexualité, comme assez complexe ; d’une part en effet, il se livre à une véritable ‘sexualisation’ de la légende arthurienne en érotisant les personnages et leurs comportements, inventant scènes et fantasmes totalement absents des textes médiévaux. D’autre part, cet érotisme, qui engendre souvent la pornographie dans ses romans modernes, reste limité, comme ‘bloqué’ par le monde arthurien. La trame principale de la trilogie qui repose sur l’établissement par Merlin de la loi de la Table ronde, loi vouée à l’échec à cause des forces de la nature, telles qu’elles se cristallisent dans la nature humaine, de façon contradictoire dans le paradoxe violent des désirs des humains – désirs sexuels et désir de connaissance –, cette trame impose à l’auteur des cadres au traitement de la libido et de son expression la plus crue.
30Dans cet univers, l’on sera peut-être surpris de retrouver des interrogations profondes relevant de la pensée chrétienne, en particulier à propos du péché originel. Morgane, Viviane dans une certaine mesure, incarnent l’ambiguïté de la connaissance et la concupiscence, vecteur du péché originel selon saint Augustin, vient sans cesse troubler les règles d’une rationalité qui ne peut véritablement s’imposer. L’échec de la loi de Merlin est celui de la nature humaine, coincée entre un désir mortifère de perfection absolue (Mordred), une recherche éperdue du plaisir (Gauvain), entre amour, savoir et haine (Morgane), amour et connaissance (Viviane), amour et frustration (Guenièvre), amour, pouvoir et devoir (Arthur). L’homme est après tout, comme le dit Viviane à Merlin, le « lieu de tous les contraires », c’est-à-dire un rapport conflictuel entre chair et esprit que M. Rio ne cesse de vouloir entremêler, acceptant l’homo duplex platonicien et chrétien d’une part, mais en brisant d’autre part toute hiérarchie. Et seule la loi peut arriver à maintenir un équilibre fragile dans ce champ de tensions extrêmes ; équilibre qui vole en éclat dès que ne sont plus assumées les turbulences dont la racine est somme toute le désir sexuel : ce n’est finalement pas Morgane qui détruit le monde arthurien, mais bien Mordred, parce que, contrairement à sa mère, il est un être asexué.
Notes
1 Merlin, Paris, Seuil, 1989, p. 126-7.
2 Ibid., p. 125.
3 Merlin, p. 124.
4 Arthur, Paris, Seuil, 2001, p. 51.
5 Manhattan terminus, Paris, Seuil, 1995, p. 27.
6 Archipel, Paris, Seuil, 1987, p. 77.
7 Jungles pensives, Paris, Seuil, 1997, p. 62.
8 La Statue de la liberté, Paris, Seuil, 1997, p. 139.
9 La Mort. Une enquête de Francis Malone, Paris, Seuil, 1998, p. 8.
10 Faux pas, Paris, Seuil, 1991, p. 91.
11 Voir Archipel, Paris, Seuil, 1987.
12 Voir La Mort, op. cit., p. 65.
13 Ibid., p. 69.
14 Ibid., p. 101. En fait, Cybèle ne dit pas directement cela, mais acquiesce lorsque Malone lui dit que c’est ce qu’elle a envie de lui dire et qu’elle n’ose pas formuler.
15 Op. cit., p. 70.
16 Op. cit., p. 73.
17 Archipel, p. 135.
18 La Mort, p. 101.
19 Voir par exemple la description de Karen Kierkegaard (!) dans La Mort, p. 18.
20 Op. cit., p. 123.
21 M. Rio se plaît à tisser des liens entre ses ouvrages, par des récurrences de personnages en particulier (Léonard Wilde, Alan, Malone, le prénom Laura, etc.), en composant des ‘séries’ (par ex : La Mort est la suite de La Statue de la liberté, comme Tlacuilo pourrait être considéré comme une suite d’Archipel). Dans la trilogie, l’accrochage est encore plus marqué avec des reprises intégrales de passages assez longs, reprises revendiquées par l’auteur lui-même.
22 Postface du Merlin.
23 Morgane, p. 72.
24 Ibid., p. 62.
25 Ibid., p. 86.
26 Ibid., p. 113.
27 Ibid., p. 116.
28 Ibid., p. 188.
29 Ibid., p. 112. Description reprise à l’identique dans Merlin, p. 103.
30 Arthur, p. 93.
31 Merlin, p. 112.
32 Merlin, p. 115.
33 Morgane, p. 152.
34 Ibid., p. 166.
35 Arthur, p. 12.
36 Merlin, p. 115.
37 Morgane, p. 71.
38 Arthur, p. 94-95.
39 Morgane, p. 104.
40 Voir par exemple Le Ruistre.
41 Voir la communication de F. Pomel dans le présent volume.
Haut de pageTable des illustrations
Titre | Couverture de La Mort |
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URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/docannexe/image/12003/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 180k |
Titre | Couverture de Manhattan Terminus |
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Fichier | image/jpeg, 256k |
Titre | Couverture de La Statue de la Liberté |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/docannexe/image/12003/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 276k |
Titre | Couverture de Les Jungles pensives |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/docannexe/image/12003/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 264k |
Pour citer cet article
Référence papier
Bernard Ribémont, « Amour et sexualité dans l’univers « arthurien » de Michel Rio », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 19 | 2010, 177-189.
Référence électronique
Bernard Ribémont, « Amour et sexualité dans l’univers « arthurien » de Michel Rio », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 19 | 2010, mis en ligne le 30 juin 2013, consulté le 04 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/12003 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crm.12003
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