Identité, espace, langue
Résumés
Les îles britanniques ont été occupées par des populations diverses. Aux temps historiques, Celtes, romains, Anglo-Saxons, Scandinaves et Normands s’y sont succédé tour à tour. Les Anglo-Saxons ont créé le regnum Anglorum, que les Normands ont conquis en 1066. Mais pour leurs voisins, les nouveaux arrivants sont très vite devenus des Anglais. Reconnaître ce fait permet d’oublier le vieux débat du XIXe siècle, mais oblige à considérer les implications de la domination, de la conquête et de l’impérialisme anglais dans l’espace britannique. Parallèlement, l’identité anglaise est renforcée par la construction de l’altérité des exclus, considérés comme des barbares. Et la langue joue ici un rôle important dans le processus, en permettant d’opérer la jonction entre le passé breton et anglo-saxon, d’une part, et le présent de l’Angleterre de la guerre de Cent Ans, de l’autre.
Texte intégral
1Le terme d’identité est un terme sinon dangereux, du moins de maniement délicat : il s’applique à l’individu, aussi bien qu’à une quelconque collectivité. De ce fait, il est inévitable qu’outre son identité individuelle, chaque membre d’un groupe donné ait plusieurs identités, en fonction des différentes collectivités auxquelles il est susceptible d’appartenir. Ces différentes identités peuvent ensuite se juxtaposer, se combiner et se hiérarchiser. Par ailleurs, l’identité, même quand elle est plus ou moins contrainte socialement et donnée à voir comme « naturelle », est toujours une construction, qui passe par un processus d’identification. Certains types d’identités, comme l’identité sociale ou l’identité religieuse, ne posent pas de problèmes théoriques particuliers, même si elles peuvent confronter l’historien à des difficultés techniques. D’autres types d’identité, au contraire, bien qu’utilisés fréquemment par les historiens et les anthropologues, sont beaucoup plus ambigus : ainsi qu’est-ce que, dans les conditions médiévales, une identité ethnique ? Une identité culturelle ? Une identité nationale ? Du coup, les sciences sociales peuvent avoir la tentation de se passer d’un concept que sa plasticité même rend flou : l’historien, en tous cas, ne peut s’en détourner car il est confronté à des identités revendiquées qui, quels que soient leurs fondements, sont toujours des représentations construites et, à ce titre, fournissent des informations précieuses sur les sociétés ou les groupes sociaux qui les revendiquent.
- 1 Pour le contexte historique du bref survol qui suit et des indications bibliographiques sommaires, (...)
2Les îles britanniques, en raison d’une histoire mouvementée, faite d’une série de ruptures éclatantes, nous offrent à cet égard un magnifique laboratoire d’études1. Peuplées anciennement, mais recouvertes par les glaces jusque vers 14000 av. J.C., elles n’ont été ensuite que lentement et progressivement réoccupées par des populations venues du continent qui n’ont pas atteint le Nord de l’île avant 6000 av. J.C. L’archéologie révèle qu’au cours d’une période troublée, de nouvelles populations néolithiques ont envahi les îles au milieu du troisième millénaire avant J.C. et s’y sont développées jusqu’à l’âge du bronze. Le passage à l’âge de fer coïncide avec l’arrivée des Celtes (Celtes Q de langue goïdelique plutôt à « Ierne » – l’Irlande – et Celtes P de langue britonique plutôt à « Albion » – la Bretagne, comme on appellera bientôt la plus grande des îles). Il ne s’agit, du moins au Nord de la Bretagne et en Irlande, que de la prise de contrôle de populations locales par des aristocraties celtiques ; en Angleterre même, bien des Celtes appartiennent aux tribus belges dont la proximité avec les peuples germaniques est souvent soulignée. Cette rapide évocation suffit à montrer la fragilité du concept d’identité ethnique : dans ces îles où Rome ne s’est pas encore manifestée, et longtemps présentées comme uniformément celtiques, la population est déjà très composite. Les Pictes qui peuplent le Nord de l’Écosse et dont le nom indique simplement que leur corps était peint, ne sont d’ailleurs plus vraiment considérés comme des Celtes.
- 2 Trois historiens français viennent de se pencher sur ce personnage : M. Aurell, La légende du roi (...)
- 3 Un point souligné par A. Gransden, Historical Writing in England c.550 to 1307, Londres, Routledge (...)
- 4 D.M. Wilson, éd., The Archaeology of Anglo-Saxon England, Cambridge, Cambridge University Press, 1 (...)
3En tous cas, si l’on excepte encore une fois l’Irlande et le Nord de l’île de Bretagne, ces populations ont été partiellement romanisées et christianisées, avant d’être attaquées par les Germaniques. Ici aussi, le mythe est tout proche : ce sont précisément les historiens bretons Gildas et plus tard Nennius (ce dernier avec l’introduction de « l’histoire » du roi Arthur2) qui introduisent la vision relativement monolithique du passé celtique des îles britanniques qu’ils contrastent avec le cataclysme germanique qui s’abat sur la Bretagne. Bède combine les sources bretonnes et les quelques récits germaniques qui sont à sa disposition pour produire ce dont le succès constant de son histoire religieuse du peuple anglais jusqu’à l’époque moderne va faire le récit canonique d’une invasion massive et rapide des Angles, des Jutes et des Saxons3, chassant devant eux les Bretons qui, de défaites en reculs finissent par se réfugier dans des réduits ethniques, la Cornouaille, le Galloway, le Pays de Galles. L’archéologie et l’interrogation patiente des sources écrites a conduit à réécrire cette histoire : la pénétration germanique a commencé très tôt, dès le IVe siècle, avec l’installation de marchands et surtout de mercenaires, dans le contexte du départ de l’armée romaine de la province, partie sur le continent pour prendre part à la compétition des chefs militaires pour s’emparer du trône impérial. Soit que ces mercenaires, de plus en plus nombreux, se soient révoltés, soit qu’ils aient profité de leur situation pour faire venir des congénères, une première phase d’occupation germanique est repérable au milieu du Ve siècle, suivie d’une accalmie sinon d’un retour en force des Bretons, et ce n’est qu’au VIe siècle que se produit une occupation relativement dense du territoire par les Germaniques. Chemin faisant, deux corollaires du mythe de l’invasion s’effondrent : tout d’abord, celui de la relative unité de ces peuples ; Angles, Jutes et Saxons sont différents les uns des autres, même s’il n’est pas facile de les distinguer, et de surcroît ils ne sont pas les seuls Germaniques en cause : les Francs, notamment, sont très présents dans le Sud-Est. Et, surtout, l’archéologie confirme que les populations bretonnes n’ont été éliminées que de façon exceptionnelle dans certaines zones, et qu’elles sont la plupart du temps restées sur place4, les nouveaux maîtres ne pouvant pas plus que les anciens se passer de main d’œuvre !
- 5 J. Campbell, The Anglo-Saxons, Harmondsworth, Penguin, 1991 [1982] ; P. Wormald, « Bede, Bretwalda (...)
- 6 J. Campbell, « TheLate Anglo-Saxon State: A Maximum View », Proceedings of the British Academy, 87 (...)
- 7 P. Wormald, The Making of English Law. King Alfred to the Twelfth Century, Oxford, Blackwells, 199 (...)
- 8 S. Foot, « The Making of Angylcynn : English Identity before the Norman Conquest », Transactions o (...)
- 9 Voir la thèse de l’école nationale des Chartes de Florent Lenègre, Recherches sur les ambassadeurs (...)
4Le mythe de l’invasion conduit à un nouveau mythe, celui de l’unité anglo-saxonne5 et donc à l’exaltation de l’identité anglo-saxonne, notamment à travers les mythes subsidiaires de l’exceptionnalité de l’État anglo-saxon6 et de la précocité du droit anglais7. C’est évidemment sous-estimer gravement la réalité des clivages entre au moins les trois plus grandes entités anglo-saxonnes, le Wessex, la Mercie et la Northumbrie, qui a perduré tout au long de l’histoire anglo-saxonne8. C’est aussi oublier et passer sous silence qu’une grande partie du royaume anglo-saxon a été progressivement investie par les Scandinaves qui s’y sont implantés en grand nombre, avec leur lois et leurs mœurs : le Danelaw est une réalité avec laquelle tout historien des Xe et XIe siècles anglais doit compter (le roi de Norvège Magnus est tué en Irlande en 1103) et la présence d’élites scandinaves dans l’Est de l’Angleterre facilite encore les relations avec la Norvège pendant tout le XIIe et le XIIIe siècle9. D’ailleurs le vieux royaume anglo-saxon a été intégré à l’empire, il est vrai très extensif, du roi danois Knut le Grand, dont la dynastie ne parvient cependant pas à s’y maintenir. Mais lorsque pendant l’été 1066 le futur Conquérant attend que le vent gonfle les voiles de ses navires, une flotte scandinave s’apprête aussi à envahir l’Angleterre : ce n’est qu’après avoir vaincu à Stamfordbridge le roi Harald Hardrada que l’Anglo-Saxon Harold redescendra vers le Sud pour sa rencontre fatale avec l’armée de Guillaume (dont les hommes étaient fort loin d’être tous des Normands !) qui a enfin pu passer la Manche. Avant d’être dans l’orbite du duc normand, l’Angleterre a été dans l’orbite scandinave, et elle y restera bien plus longtemps qu’on ne le pense.
- 10 S. Foot, « The Making … », art. cit., p. 49.
- 11 C’est le point de départ du débat normand : voir E.A. Freeman, The History of the English Norman C (...)
- 12 Lié à cette controverse est le problème de l’identité normande, exaltée entre autres par D.C. Doug (...)
5Pour autant, et c’est le paradoxe majeur que relève Sarah Foot, la force du sens d’une identité commune, rêvée par Bède, mais créée par Alfred, est l’un des caractères dominants de cette société composite sur laquelle va bientôt régner Guillaume10. De fait, c’est véritablement la conquête normande qui pose de la façon la plus pressante le problème de l’identité anglaise, à travers la problématique de la continuité. Le débat sur la continuité (ou la discontinuité) de l’histoire anglaise a pris dès l’époque moderne un ton passionné, dans la mesure où il a souvent été mêlé à des considérations politiques immédiates, comme par exemple la théorie de la fondation d’Oxford par Alfred ou encore celle de l’origine saxonne du Parlement anglais sous Jacques Ier. Au temps des nationalismes européens triomphants, le succès littéraire d’Ivanhoe a lancé le débat dans le grand public. Qu’il s’agisse de la culture, des institutions (et avant tout du féodalisme11), des rapports sociaux ou même de la démographie des populations, l’articulation ou plutôt l’affrontement entre l’élément anglo-saxon et l’élément normand a été longtemps l’objet de polémiques extrêmement vives12. Ce débat obscurcissait les enjeux historiques réels, et il est aujourd’hui largement abandonné. Nous n’avons évidemment pas ici l’intention de ranimer ces querelles passionnées, mais, bien au contraire, de rouvrir la question de l’identité des populations dans les espaces britanniques en prenant appui sur les débats apparus dans l’historiographie récente : d’une part, l’identité anglaise a été replacée par les historiens dans son cadre britannique, tandis que le lien entre langue et identité a été réexaminé par les linguistes et les littéraires.
- 13 Outre le fait que la dynastie Plantagenêt avait son propre projet, la coupure effective au sein de (...)
- 14 La question est réexaminée à fond dans la remarquable synthèse de Hugh Thomas, The English and the (...)
- 15 Voir infra, p. 000.
- 16 M. Hechter, Internal Colonialism: The Celtic Fringes in British National Development, 1536-1966, B (...)
6En effet, depuis une bonne vingtaine d’années, les historiens – enfin, certains d’entre eux, nous allons le voir – ont décidé de prendre le risque d’appeler les habitants du regnum Anglorum comme leurs voisins les appelaient. Et il est ressorti clairement de cet examen que pour les Gallois – qui justement se nomment ainsi en cessant de s’appeler Bretons au XIIe siècle –, pour les Écossais, et pour les Irlandais, ces gens étaient des Anglais, voire même des Saxons (si l’on traduit ainsi le Sasanach des Gallois). Les perspectives s’en sont trouvées totalement transformées : l’identité « normande » qui, si elle a bien existé, n’a eu qu’une brève durée de vie, pour des raisons assez évidentes13, est passée au deuxième plan, ramenée à ses justes proportions14. Mais surtout, ce qui a volé en éclat, c’est toute cette terminologie dont se servaient les historiens, apparemment pour effacer le souvenir d’un débat un peu ridicule aujourd’hui, mais peut-être au fond pour ne pas en ouvrir un autre ; « Anglo-Normand », « Anglo-Français », ces mots utilisés par les historiens du XXe siècle pour se dépêtrer du débat normand du XIXe siècle, ne sont utilisés par aucun contemporain ! Le fait que ces pseudo-Normands étaient perçus par leurs voisins britanniques comme des Anglais pose évidemment un tout autre problème : le « joug normand » dédouanait en effet les Anglais de toute responsabilité directe dans les différentes expéditions de pillage ou de conquête menées au Pays de Galles, en Irlande et en Écosse. Mais si l’on supprimait les Normands, il fallait affronter la réalité, celle d’un impérialisme anglais précoce à l’œuvre dans les îles britanniques. Même si Fanny Madeline a raison de souligner le lien entre la redécouverte de la britishness par les historiens modernistes à la suite de John Pocock en 197515 et la nouvelle vision « britannique » des historiens médiévistes anglais, il n’en reste pas moins que leur redécouverte de l’ambition conquérante anglaise médiévale doit plus à une sensibilité à la rigueur du « colonialisme intérieur »16 qu’à un irénisme archipélagique.
- 17 Power and Identity in the Middle Ages. Essays in Memory of Rees Davies, éd. par H. Pryce et J. Watt (...)
- 18 Taliesin, 11, 1965, p. 68-75 et History, 52, p. 265-282.
- 19 R.R. Davies, Lordship and Society in the March of Wales, 1282-1400, Oxford, Clarendon Press, 1978 (...)
- 20 Voir notamment R.R. Davies, Conquest, Coexistence and Change : Wales 1063-1415, Oxford, Clarendon (...)
- 21 R.R. Davies, « Colonial Wales », Past and Present, 65, 1974, p. 3-23.
- 22 R.R. Davies, « In Praise of British History », The British Isles 1100-1500, Comparisons, Contrasts (...)
- 23 R.R. Davies, The First English Empire... op. cit., p. 196-197.
- 24 Parallèlement à l’œuvre galloise de Rees Davies, s’est édifiée celle de Robin Frame sur les rappor (...)
- 25 G.W.S. Barrow, Robert Bruce and the Community of the Realm of Scotland, Londres, Eyre and Spottisw (...)
- 26 J. Given, State and Society in Medieval Europe. Gwynedd and Languedoc under Outside Rule, Ithaca, (...)
7Parmi les historiens qui se sont attelés à ces tâches, il faut surtout s’arrêter sur le travail de Sir Rees Davies et sur celui de John Gillingham. Sir Rees Davies, mort en 2005 au moment même où son œuvre obtenait une consécration amplement méritée, était un pur Gallois, et c’est peut-être cela qui lui a permis d’accomplir cette espèce de révolution qui consiste à étudier l’histoire galloise, non comme une partie intégrante de l’histoire anglaise, mais bel et bien comme une partie de l’histoire européenne, pour reprendre l’expression de l’un de ses premiers mentors, Alfred Cobban17. De fait, il a consacré deux de ses premiers articles à l’œuvre de Marc Bloch18, et sa thèse tranchait avec l’habituelle production anglaise en adoptant un point de vue régional plus proche du modèle français19 que de la monographie anglaise d’histoire domaniale fondée sur les archives d’une ou plusieurs familles. Historien du Pays de Galles20, il a pleinement réalisé que les rois et l’aristocratie féodale de l’Angleterre se sont lancés dans une série d’entreprises impérialistes et délibérément coloniales21. Solidement appuyé sur sa connaissance intime de la civilisation galloise, de l’histoire anglaise et de l’histoire européenne, il a pu à partir de 1988 édifier une œuvre considérable qui a totalement renouvelé la compréhension de l’histoire des îles britanniques22 : les contributions qui suivent, et notamment celles d’Olivier de Laborderie et de Fanny Madeline, sont d’éloquents témoignages de l’impact et de la fécondité de la vision nouvelle qu’il a développée. Il existe un royaume d’Angleterre, dont le maître est le rex Anglorum. Les « Anglais » ne sont rien d’autre que ceux qui appartiennent à cette structure politique : s’ils ne sont pas Anglais, ils sont soit assimilés, soit exclus. Les Normands ont, pour la plupart, été rapidement assimilés. Quant aux peuples « britanniques », il ne s’agissait pas de les assimiler, mais de les conquérir et, parce qu’ils étaient conçus comme « autres », de les dominer23. Les Gallois et les Irlandais24, plus encore, sont donc exclus ; le cas des Ecossais est plus compliqué, car une partie de l’aristocratie féodale (ou normande si l’on veut) a sans doute longuement hésité, Robert Bruce le premier25. La britishness du XIIe siècle, en ce sens, est l’inverse de celle du XVIIIe siècle. Il y a au moins deux raisons majeures à cette situation : d’une part, la force d’une idéologie constamment développée depuis Bède le Vénérable et reprise avec un formidable talent par la pléiade exceptionnelle d’historiens anglais du XIIe et XIIIe siècle qui réussissent le tour de force d’unifier au profit des Anglais l’histoire des trois dominations, celles des Bretons, des Anglo-Saxons et des Normands (ce que développe ici Olivier de Laborderie) ; et la puissance précoce de l’état anglais, même si c’est un état de type impérial (ce que développe ici Fanny Madeline). L’Angleterre est d’ailleurs un précurseur dans la genèse de l’État moderne, dont la Magna Carta est peut-être l’une des premières manifestations : mais la Magna Carta, acte de naissance de la communauté politique anglaise, exclut du même coup et avec vigueur toute perspective britannique ! De ce point de vue, la comparaison avec le royaume français paraît singulièrement éclairante : c’est la force même de la monarchie anglaise qui rend toute assimilation « britannique » impossible, alors que la relative faiblesse capétienne permet, dans des conditions au moins aussi conflictuelles, une lente acculturation sociale et, à partir de là, l’émergence des conditions d’une assimilation politique26.
- 27 J. Gillingham, The English in the Twelfth Century. Imperialism, National Identity and Political Va (...)
- 28 J. Le Patourel, The Norman Empire, Oxford, Clarendon Press, 1976.
- 29 J. Gillingham, The Angevin Empire, London, Arnold, 1984 [2e éd., 2001] ; Richard I, New Haven et L (...)
8C’est aux contenus idéologiques que s’est plus particulièrement intéressé John Gillingham27. Rees Davies part de la colonisation du Pays de Galles, John Gillingham part de la situation opposée : s’interrogeant, à la suite de John Le Patourel28, sur la validité du concept d’empire dans le cas normand et surtout angevin29, il en est venu à s’interroger sur la façon dont les Anglais avaient construit cet « autre » que, se refusant à l’assimiler et le rejetant dans la barbarie, ils pouvaient donc dominer, conquérir et coloniser. En même temps, ce processus favorisait l’intégration des élites unies dans cette démarche d’exclusion, autrement dit des élites normandes et françaises d’une part, et anglo-saxonnes de l’autre, devenues ainsi anglaises en un temps remarquablement bref. On retrouve ici le rôle des historiens, mais plus généralement, John Gillingham insiste sur des facteurs généraux comme l’adhésion de l’ecclesia anglicana à la réforme grégorienne, les pratiques guerrières et l’éthique morale de la chevalerie et le refus social de l’esclavage, coïncidant par ailleurs avec l’instauration du servage pour une bonne partie de la paysannerie anglo-saxonne. Enfin, soutenue par un processus dynamique de développement économique, une remarquable mobilité sociale a certainement facilité l’assimilation et contribué à créer des conditions propres à faire disparaître les clivages ethniques. Toujours est-il que l’opposition, difficile à justifier moralement, contre les Celtes en tant que Celtes laisse place à une opposition contre les Barbares, opposition dans laquelle tous, Anglo-Saxons comme Normands pouvaient se reconnaître sans mal en tant qu’Anglais. Le rôle identitaire des mores est d’ailleurs souligné ici même par Alban Gautier dans son étude sur l’impact des manières de boire prêtées aux Anglo-Saxons sur l’image que se font de ces derniers les conquérants normands ! Toujours est-il que la structure mise au jour par Rees Davies et John Gillingham aboutit à la définition de quatre espaces bien distincts, dont deux sont politiquement unifié (l’Angleterre) ou en voie d’unification (l’Écosse), les deux autres, le Pays de galles et l’Irlande, restant soumis à plusieurs pouvoirs en compétition, une compétition dans laquelle les Anglais sont partie prenante.
- 30 Pour une mise en perspective d’ensemble du problème des langues en Angleterre, voir le chapitre 6, (...)
- 31 D.A. Trotter, « L’anglo-normand : variété insulaire ou variété isolée », Médiévales, 45, automne 2 (...)
- 32 Site de l’Anglo-Norman Texts Society : www.bbk.ac.uk/llc/forstudents/fs_fr/fr_interests_as
- 33 Il s’agit d’un projet développé par les universités d’Aberystwyth et de Swansea : voir le site www (...)
- 34 S. Lusignan, La langue des rois au Moyen Âge. Le français en France et en Angleterre, Paris, PUF, (...)
- 35 Sur cette problématique, Michael Richter, Sprache und Gesellschaft im Mittelalter. Untersuchungen (...)
- 36 Multilingualism in Later Medieval Britain, édité par D.A. Trotter, Cambridge, D.S. Brewer, 2000.
- 37 D.A. Kibbee, “For to speke Frenche trewely”. The French Language in England, 1000-1600 : its Statu (...)
- 38 C’est le chapitre 6 de M. Clanchy, From Memory to Written Record, Londres, Edward Arnold, 1979 [2e(...)
- 39 Voir aussi J. Beauroy, « Sur la culture seigneuriale en Angleterre : un poème anglo-normand dans l (...)
- 40 P. Damian-Grint, The New Historians of the Twelfth-Century Renaissance : Inventing Vernacular Auth (...)
- 41 W. Calin, The French Tradition and the Literature of Medieval England, Toronto, University of Toro (...)
9Et puis l’autre domaine sur lequel nous voulions attirer l’attention est celui du travail effectué tant par des linguistes et des littéraires que par des historiens sur les langues utilisées en Angleterre et dans les îles britanniques : le lien entre langue et identité n’est pas toujours leur objectif principal, mais il est éclairé de multiples façons par leurs recherches. Le rôle de la langue30 dans la constitution des identités est en effet essentiel et en général bien connu. Pour ne pas revenir toutefois par une autre route sur le pendant linguistique du débat Anglo-Saxons versus Normands, nous avons laissé de côté la confrontation du français et de l’anglais. D’ailleurs, si l’anglo-normand (ou l’anglo-français au sens de français parlé en Angleterre31) est le grand absent de ce numéro spécial, c’est qu’il n’a guère d’influence par rapport à l’espace. Son étude est d’ailleurs en plein renouveau, grâce notamment aux travaux de David Trotter, Ian Short et William Rothwell, les publications de texte continuent à un rythme soutenu32, le dictionnaire en ligne de l’anglo-normand progresse régulièrement33 et une brillante synthèse a éclairé les aspects les plus politiques de l’utilisation du français en Angleterre34. L’Angleterre a été un lieu de prédilection pour le multilinguisme35 jusqu’à la fin du Moyen Âge36, et le français a toujours occupé une place importante dans l’éventail des langues pratiquées37. Si l’usage du français marque une division, elle est surtout sociale ou, de façon d’ailleurs connexe, fonctionnelle. Michael Clanchy38 a été l’un des premiers à insister sur l’interchangeabilité des langues et sur la place très importante du français comme language of record, et à partir de là comme langue du management39. D’un certain point de vue, il n’y a pas de différence entre le français et l’anglais, du moins vis-à-vis du latin : ce sont deux vernaculaires40. Et l’on a pu aller jusqu’à prétendre, non sans de bonnes raisons, que littérairement parlant, il n’y avait pas de différences majeures entre les goûts et les aspirations des Français et des Anglais, la littérature anglaise se développant dans un vaste continuum qui la lie à ses racines françaises41.
- 42 Cf. Th. Turville Petre, England the Nation : Language, Literature and National Identity, 1210-1340(...)
10Aussi est-ce vers la langue anglaise que nous nous sommes tournés, à deux moments clés de son histoire. Le premier est ce que l’on pourrait appeler le moment du doute, qu’explore pour nous Marie-Françoise Alamichel. Doute, parce que la langue anglaise continue son chemin, mais sans bruit, si l’on peut dire, ne nous donnant que de maigres témoignages de sa survie. Elle change aussi, profondément, au point que pour certains il y a presque un fossé entre l’anglo-saxon purement germanique et l’anglais, fortement influencé, du moins dans son lexique, par les langues romanes. Quelques îlots émergent, certes : les rédactions tardives de l’Anglo-Saxon Chronicle, le Brut de La3amon, bien connus, trop connus peut-être, car ce n’est sans doute pas là que se joue l’essentiel, et Marie-Françoise Alamichel souligne avec raison l’importance de l’utilisation de l’anglais dans le domaine religieux, de la prédication à la prière. Mais comme elle le fait aussi remarquer, le retour à des formes anciennes et les connotations d’un vocabulaire venu du lointain passé anglo-saxon introduisent des changements sans doute inconscients, en tous cas une patine qui renoue avec un passé linguistique qui, pour être en grande partie oublié, n’en marque pas moins indubitablement une identité anglaise42. Elle termine d’ailleurs son article en évoquant William Caxton, le premier imprimeur anglais, et son choix de publier des best-sellers, le plus souvent traduit du français, permettant pour ceux qui ne possèdent que l’anglais courant d’accéder à un vaste fonds littéraire, français ou accessible par le français. Le lecteur anglais peut ainsi devenir un consommateur de l’imprimé et de ses larges diffusions.
- 43 Le locus classicus reste J. Burrow, Ricardian Poetry. Chaucer, Gower, Langland and the ‘Gawain’ Po (...)
- 44 J.-Ph. Genet, « English Nationalism: Thomas Polton at the Council of Constance », Nottingham Medie (...)
11C’est précisément sur cet aspect que revient Aude Mairey, pour le second moment que nous avons choisi d’étudier, qui est en fait la troisième phase de développement de la littérature médiévale anglaise, celui de la consommation. Entre les deux, entre le doute et la consommation, il y a eu la seconde phase, celle de l’affirmation et de la revendication : le moment ricardien43 (appelé ainsi parce qu’il se déroule pour l’essentiel sous le règne de Richard II auquel il ne doit par ailleurs pas grand-chose), c’est-à-dire le moment où la langue anglaise bascule des formes allitératives, à la fois archaïsantes et susceptibles de satisfaire un vaste public, socialement parlant, aux formes les plus raffinées qui, jusque là, n’étaient à la portée que d’un seul des vernaculaires usités en Angleterre, à savoir le français, socialement plus sélectif au fur et à mesure que passait le temps. Mais il s’est aussi passé autre chose, dans un tout autre domaine : dans les tourments de la Guerre de Cent Ans, les Anglais ont réalisé qu’ils devaient enfin tourner le dos aux visions grandioses de leurs souverains, même s’ils pouvaient encore se permettre d’y rêver44, et se rabattre sur une conception plus stricte, plus pointilleuse, plus juridique de la nationalité, ce qui n’empêchait d’ailleurs pas de continuer à la vivre sur un mode passionnel : c’est ce que met en évidence Christopher Fletcher, à partir d’un incident à première vue mineur, mais qui a empoisonné longtemps les rapports diplomatiques entre la monarchie anglaise et les maîtres de Milan, Visconti et Sforza. Il montre le poids de la xénophobie dans le nationalisme anglais de la fin du Moyen Âge, mais il montre aussi que cette définition est politique car justifiée par l’invocation du bien commun. C’est pourtant pour ces mêmes Anglais sourcilleux, qui détestent Italiens et Flamands, que William Caxton opère parmi les textes que sa fréquentation de la bourgeoisie urbaine de la Flandre et du Brabant lui a fait connaître, une sélection draconienne, coupant, réécrivant, traduisant, glosant et ajustant des textes fort variés : commerçant avisé, il réalise la seule success story de l’édition anglaise à la fin du Moyen Âge. Pour autant, l’étude minutieuse du vocabulaire des prologues montre bien que l’homme avait des ambitions autres que commerciales, et qu’il entendait bien influer sur la formation de la culture des laïcs anglais de son temps.
- 45 R.R. Davies, The First English Empire... op. cit., p. 199.
12Il est en tous cas clair qu’au XVe siècle, l’identité entre l’espace, la langue et la culture apparaît comme à peu près parfaite. C’est sans doute un piètre jeu de mot, mais c’est pourtant cette identité qui produit l’identité, une identité moins que jamais favorable à un développement de type « britannique » autre qu’une conquête pure et simple. Et pourtant, l’accession sur le trône d’Angleterre d’une dynastie galloise et la possibilité d’élargir la « politique galloise » d’Henry VIII45 à l’Irlande fait croire un court moment à une possibilité d’intégration : le rêve intégration achoppera sur l’Irlande, d’autant que les facteurs religieux qui influent en faveur du rapprochement anglo-gallois jouent en sens contraire dans une Irlande farouchement attachée au catholicisme, qu’il s’agisse de sa population gaëlique ou Old English. C’est donc une tout autre route vers la britishness qu’il faudra suivre, et l’empire y jouera à nouveau son rôle : mais un empire extérieur, et non plus intérieur, qui permettra effectivement de construire une identité britannique qui ne passe pas par la domination des nations britanniques. Il est clair aussi qu’aujourd’hui que l’Empire n’est plus, cette identité n’est peut-être plus si assurée que cela, et les médiévistes qui s’interrogent sur les rapports de l’identité, de l’espace et de la langue sont sans doute moins loin des attentes de la société contemporaine qu’ils ne se l’imaginent.
Notes
1 Pour le contexte historique du bref survol qui suit et des indications bibliographiques sommaires, voir J.-Ph. Genet, Les îles britanniques au Moyen Âge, Paris, Hachette, 2005.
2 Trois historiens français viennent de se pencher sur ce personnage : M. Aurell, La légende du roi Arthur, Paris, Perrin, 2007 ; A. Gautier, Arthur, Paris, Ellipses, 2007 ; A. Chauou, Le roi Arthur, Paris, Seuil, 2009).
3 Un point souligné par A. Gransden, Historical Writing in England c.550 to 1307, Londres, Routledge et Kegan Paul, Londres, 1974.
4 D.M. Wilson, éd., The Archaeology of Anglo-Saxon England, Cambridge, Cambridge University Press, 1985.
5 J. Campbell, The Anglo-Saxons, Harmondsworth, Penguin, 1991 [1982] ; P. Wormald, « Bede, Bretwaldas and the Origin of gens anglorum », dans Ideal and Reality in Frankish and Anglo-Saxon Society. Studies presented to J.M. Wallace-Hadrill, Oxford, Blackwells, 1983, p. 99-129.
6 J. Campbell, « TheLate Anglo-Saxon State: A Maximum View », Proceedings of the British Academy, 87, 1994, p. 39-65; repris dans J. Campbell, The Anglo-Saxon State, Londres, Hambledon Press, 2000, I.
7 P. Wormald, The Making of English Law. King Alfred to the Twelfth Century, Oxford, Blackwells, 1999.
8 S. Foot, « The Making of Angylcynn : English Identity before the Norman Conquest », Transactions of the Royal Historical Society, 6th series, 1996 (6), p. 25-49 et « The Historiography of the ‘Anglo-Saxon State’ », dans Power and the Nation in European History, dir. L. Scales et O. Zimmer, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, p. 125-142.
9 Voir la thèse de l’école nationale des Chartes de Florent Lenègre, Recherches sur les ambassadeurs ayant participé aux courriers entre la Norvège et les îles Britanniques, 1249-1319, soutenue en 2002.
10 S. Foot, « The Making … », art. cit., p. 49.
11 C’est le point de départ du débat normand : voir E.A. Freeman, The History of the English Norman Conquest of England, 6 vol., Oxford, Clarendon Press, 1870-1879 et J.H. Round, Feudal England, Londres, Sonnenschein and C°, 1895.
12 Lié à cette controverse est le problème de l’identité normande, exaltée entre autres par D.C. Douglas, The Norman Achievement, Londres, 1969. Voir à ce propos R.H.C. Davis, The Normans and their Myth, Londres, 1976, et les pages introductives de David Bates, Normandy before 1066, Londres et New York, Longman, 1982, p. xi-xx.
13 Outre le fait que la dynastie Plantagenêt avait son propre projet, la coupure effective au sein de l’aristocratie normande entre les familles installées en Angleterre et celles qui étaient restées en Angleterre est effective dès la seconde moitié du XIIe siècle : voir la thèse de doctorat de Maïté Billoré, Pouvoir et noblesse en Normandie (fin XIIe-début XIIIe siècles). De l’autocratie Plantagenet à la domination Capétienne, dirigée par Martin Aurell et soutenue à Poitiers en 2005.
14 La question est réexaminée à fond dans la remarquable synthèse de Hugh Thomas, The English and the Normans. Ethnic Hostility, Assimilation and Identity 1066-c. 1220, Oxford, Oxford University Press, 2003.
15 Voir infra, p. 000.
16 M. Hechter, Internal Colonialism: The Celtic Fringes in British National Development, 1536-1966, Berkeley, University of California Press, 1975 [réédité New Brunswick, 1999].
17 Power and Identity in the Middle Ages. Essays in Memory of Rees Davies, éd. par H. Pryce et J. Watts, Oxford, Oxford University Press, 2007, p. 6 : “I expect you would agree that Wales could more correctly be described as part of Europe than as part of England”, cité dans son appréciation par D.A.L. Morgan.
18 Taliesin, 11, 1965, p. 68-75 et History, 52, p. 265-282.
19 R.R. Davies, Lordship and Society in the March of Wales, 1282-1400, Oxford, Clarendon Press, 1978 : voir mon compte-rendu de cet ouvrage dans Le Moye Âge, 1980 (2).
20 Voir notamment R.R. Davies, Conquest, Coexistence and Change : Wales 1063-1415, Oxford, Clarendon Press-University of Wales Press, 1987 et The Revolt of Owain Glyn Dwr, Oxford, Oxford University Press, 1995.
21 R.R. Davies, « Colonial Wales », Past and Present, 65, 1974, p. 3-23.
22 R.R. Davies, « In Praise of British History », The British Isles 1100-1500, Comparisons, Contrasts and Connections, dir. R.R. Davies, Edinburgh, J. Donald, 1988, p. 9-26 ; Domination and Conquest: The Experience of Ireland, Scotland and Wales 1100-1300, [The Wiles Lectures given at the Queen’s University at Belfast, 1988] Cambridge (Cambridge University Press), 1990 ; les quatre conférences qu’il a adressées à la Royal Historical Society pendant qu’il en a été le président : « The Peoples of Britain and Ireland, 1100-1400 », publiées dans les Transactions of the Royal Historical Society, 6th ser. 4, 1994, p. 1-20 (« I. Identities »), 5, 1995, p. 1-20 (« II. Names, Boundaries and Regnal Solidarities »), 6, 1996, p. 1-23 (« III. Laws and Customs »), et 7, 1997, p. 1-24 (« IV. Language and Historical Mythology ») ; The Matter of Britain and the Matter of England, Oxford, Oxford University Press, 1996 ; The First English Empire. Power and Identities in the British Isle 1093-1343, [The Ford Lectures Delivered in the University of Oxford in Hilary Term 1998] Oxford, Oxford University Press, 2000 ; Heartlands and Outbacks: The Medieval English Empire, Oxford, Oxford University Press, 2000.
23 R.R. Davies, The First English Empire... op. cit., p. 196-197.
24 Parallèlement à l’œuvre galloise de Rees Davies, s’est édifiée celle de Robin Frame sur les rapports des Anglais avec l’Irlande : R. Frame, Colonial Ireland, 1169-1369, Dublin, Helicon, 1981 ; English Lordship in Ireland, 1318-1361, Oxford, Clarendon Press, 1982 ; Ireland and Britain, 1170-1450, Londres, Hambledon Press, 1998.
25 G.W.S. Barrow, Robert Bruce and the Community of the Realm of Scotland, Londres, Eyre and Spottiswoode, 1965 [rééd. Edinburgh, Edinburgh University Press, 4e éd., 2005].
26 J. Given, State and Society in Medieval Europe. Gwynedd and Languedoc under Outside Rule, Ithaca, Cornell University Press, 1990.
27 J. Gillingham, The English in the Twelfth Century. Imperialism, National Identity and Political Values, Woodbridge, Boydell, 2000 regroupe les articles qu’il a sur le sujet publiés entre 1993 et 1998.
28 J. Le Patourel, The Norman Empire, Oxford, Clarendon Press, 1976.
29 J. Gillingham, The Angevin Empire, London, Arnold, 1984 [2e éd., 2001] ; Richard I, New Haven et Londres, Yale University Press, 1999.
30 Pour une mise en perspective d’ensemble du problème des langues en Angleterre, voir le chapitre 6, « Langues et langages », de J.-Ph. Genet, La genèse de l’État moderne. Culture et société politique en Angleterre, Paris, PUF, 2003, p. 139-170.
31 D.A. Trotter, « L’anglo-normand : variété insulaire ou variété isolée », Médiévales, 45, automne 2003, p. 43-54.
32 Site de l’Anglo-Norman Texts Society : www.bbk.ac.uk/llc/forstudents/fs_fr/fr_interests_as
33 Il s’agit d’un projet développé par les universités d’Aberystwyth et de Swansea : voir le site www.anglo-norman.net.
34 S. Lusignan, La langue des rois au Moyen Âge. Le français en France et en Angleterre, Paris, PUF, 2004.
35 Sur cette problématique, Michael Richter, Sprache und Gesellschaft im Mittelalter. Untersuchungen zur mundlichen Kommunikation in England von der Mitte des elften bis zum Beginn des 14 Jahrhunderts, Stuttgart, 1979 et ses articles réédités dans Studies in Medieval Language and Culture, Dublin, Four Courts Press, 1995.
36 Multilingualism in Later Medieval Britain, édité par D.A. Trotter, Cambridge, D.S. Brewer, 2000.
37 D.A. Kibbee, “For to speke Frenche trewely”. The French Language in England, 1000-1600 : its Status, Description and Instruction, Amsterdam-Philadelphie, 1991.
38 C’est le chapitre 6 de M. Clanchy, From Memory to Written Record, Londres, Edward Arnold, 1979 [2e éd., Oxford, Blackwell, 1993], p. 151-174.
39 Voir aussi J. Beauroy, « Sur la culture seigneuriale en Angleterre : un poème anglo-normand dans le cartulaire des barons de Mohun », dans Cl. Duhamel-Amado et G. Lobrichon, Georges Duby. L’écriture de l’histoire, Bruxelles, De Boeck, 1996, p. 341-364.
40 P. Damian-Grint, The New Historians of the Twelfth-Century Renaissance : Inventing Vernacular Authority, Woodbridge, Boydell, 1999. Cf. J.-Cl. Thiolier, Pierre de Langtoft: Le règne d’Édouard Ier. Édition critique, Créteil, Université Parix XII, I, 1989.
41 W. Calin, The French Tradition and the Literature of Medieval England, Toronto, University of Toronto Press, 1994.
42 Cf. Th. Turville Petre, England the Nation : Language, Literature and National Identity, 1210-1340, Oxford, Clarendon Press, 1996.
43 Le locus classicus reste J. Burrow, Ricardian Poetry. Chaucer, Gower, Langland and the ‘Gawain’ Poetry, Londres, Routledge and Kegan Paul, Londres; 1971 [nlle. éd. Harmondsworth, Penguin, 1992].
44 J.-Ph. Genet, « English Nationalism: Thomas Polton at the Council of Constance », Nottingham Medieval Studies, XXVIII, 1984, p.60-78.
45 R.R. Davies, The First English Empire... op. cit., p. 199.
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Référence papier
Jean-Philippe Genet, « Identité, espace, langue », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 19 | 2010, 1-10.
Référence électronique
Jean-Philippe Genet, « Identité, espace, langue », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 19 | 2010, mis en ligne le 12 août 2010, consulté le 13 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/11978 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crm.11978
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