Yves Mahyeuc (1462-1541). Rennes en Renaissance, éd. Augustin Pic et Georges Provost
Yves Mahyeuc (1462-1541). Rennes en Renaissance, éd. Augustin Pic et Georges Provost, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010, 365p.
ISBN 978-2-7535-0990-0.
Volltext
1Les actes du colloque organisé à l’occasion du cinquième centenaire du sacre d’Yves Mahyeuc à l’évêché de Rennes permettent d’actualiser les connaissances sur ce dominicain breton, confesseur d’Anne de Bretagne, qui a laissé un tel souvenir de sainteté qu’un procès en béatification a été instruit à son propos.
2La première partie est consacrée aux traces d’Yves Mahyeuc inscrites dans la mémoire collective. Jean-Christophe Cassard reconstitue sa biographie qui débute par sa formation à l’école épiscopale de Saint-Pol-de-Léon et ses études théologiques à Nantes. À 29 ans, il est nommé confesseur de la duchesse Anne, au moment où elle s’interroge sur la validité canonique de son mariage par procuration avec Maximilien d’Autriche. Après avoir démontré l’absence de fondement de ce mariage, il suit Anne, devenue reine de France, à Paris, puis il est nommé évêque de Rennes en 1507. Les témoignages les plus nombreux sur la vie d’Yves Mahyeuc sont donnés par les pièces de son procès en béatification engagé par son successeur, avec l’aide du chapitre cathédral, du couvent des dominicains et l’appui des États de Bretagne en 1637 et 1685.
3Augustin Pic présente la synthèse de ces cent quarante-sept dépositions, en s’attachant à la figure de l’évêque, sur le plan spirituel et dans son rôle de pasteur. Georges Provost montre que la lenteur de la procédure de ce procès, ainsi que la durée du chantier de la cathédrale, ont dissipé le souvenir d’Yves Mahyeuc. Gauthier Aubert termine cette première partie par l’étude du profil social des personnes qui ont déposé lors des deux enquêtes du procès. Les indications fournies lors des auditions permettent de tracer le portrait de « gens ordinaires », et de tenter ainsi l’esquisse d’une « histoire sociale du miracle ».
4Dans la seconde partie, consacrée au rôle de frère prêcheur d’Yves Mahyeuc, Paul-Bernard Hodel rappelle que les couvents bretons, rattachés à la congrégation de Hollande, suivaient la réforme dominicaine durant les années où le jeune moine était au service de l’Ordre. Deux personnes semblent avoir porté le nom d’Yves Mahyeuc, peut-être l’oncle et le neveu ; le plus âgé aurait été le confesseur de la reine, le plus jeune, l’évêque de Rennes. Lionel Rousseau présente la seule œuvre imprimée d’Yves Mahyeuc, la Questio perpulchra. Editée par Alphonse Ricius, et dédiée à Louise de Savoie, cette œuvre se réduit à un exercice scolastique où Yves Mahyeuc, fidèle à sa formation, montre un certain goût pour la théologie morale. Guy Bedouelle démêle les liens entre Yves Mahyeuc et le milieu humaniste parisien, où un rôle central est joué par Guillaume Petit, confesseur royal et dominicain comme Alphonse Ricius et Yves Mahyeuc lui-même. Yves Mahyeuc a sans doute partagé le désir de réforme de l’Église catholique par la piété et le retour aux sources, mais sans apparaître au premier plan, comme ses deux confrères. Sarah Toulouse fait état des résultats de sa recherche sur la bibliothèque d’Yves Mahyeuc, et Hervé Martin fournit des réflexions sur l’état de la pédagogie religieuse dans les années 1500.
5La troisième partie est consacrée à la mission épiscopale d’Yves Mahyeuc. Le visage que donnent à l’évêque les quelques documents fournis par les archives rennaises diffère de celui que présente le procès en béatification. Si l’évêque demeure admirable et vertueux, il est aussi un seigneur important, défendant ses droits. Bruno Restif le définit « plus comme un évêque réformé que comme un évêque réformateur », comme un bon administrateur de son diocèse, comme un promoteur d’œuvres au fait des innovations de la Renaissance, mais sans investissement dans la réforme pastorale. Homme du début du XVIe siècle, s’il reste attaché à sa formation scolastique, il sait se montrer ouvert à certaines nouveautés de l’humanisme.
6Roger Blot nous fait visiter la chapelle de Tous les Saints de la collégiale de La Guerche où, dans un vitrail, se trouve le seul portrait d’Yves Mahyeuc exécuté de son vivant. Pascal Collomb se penche sur le Pontifical portatif de l’évêque, et analyse son extraordinaire illustration, qui révèle le soin que l’évêque accorde à sa mission pastorale. Enfin, Jean-Marie Matz définit la sainteté épiscopale en France à cette époque, où des hommes vertueux et charitables partageaient une si haute idée de leur charge qu’ils apparaissent comme de véritables martyrs.
7La dernière partie du colloque replace Yves Mahyeuc en son temps. L’étude de Daniel Pichot commente une gravure de la ville de Rennes en 1543 qui témoigne du prestige de cette vieille cité. Daniel Leloup insiste sur le caractère encore gothique de la ville jusqu’au règne de François Ier. Malcolm Walsby montre la domination des libraires à Rennes jusqu’à l’installation de Jean Baudouyn, chargé par Yves Mahyeuc de l’impression du Liber Marbodi, qui permit l’implantation durable de l’imprimerie en Bretagne. Enfin, Marie-Blanche Cousseau déplore la faiblesse de la production enluminée rennaise dans les années 1530-1550, tandis que Philippe Hamon termine par la relation détaillée du dernier couronnement ducal en 1532, qui a donné à la Bretagne l’occasion d’affirmer son identité provinciale.
8En reprenant l’apport de chaque article, Jean-Marie Le Gall s’interroge en conclusion sur les raisons qui ont donné à Yves Mahyeuc, dès son décès, une image de sainteté qui n’a pas pu être officiellement reconnue à cause de la destruction de la cathédrale et de la perte de son tombeau. Cet ouvrage porte avec raison le sous-titre de « Rennes en Renaissance » car il fournit finalement plus d’informations à propos de la vie rennaise au XVIe siècle, qu’au sujet de la biographie, de l’œuvre et la pensée d’Yves Mahyeuc, sur lequel les documents restent rares.
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Jean-Paul Straetmans, „Yves Mahyeuc (1462-1541). Rennes en Renaissance, éd. Augustin Pic et Georges Provost “, Cahiers de recherches médiévales et humanistes [Online], Recensions par année de publication, Online erschienen am: 17 Juli 2010, abgerufen am 01 Dezember 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/11949; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crm.11949
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