Micrologus. Natura, scienze e società medievali, XIII. La pelle umana
Micrologus. Natura, scienze e società medievali, XIII. La pelle umana, Sismel, Edizioni del Galluzzo, 2005
Texte intégral
1Le numéro XIII de la revue Micrologus, consacré à la peau humaine, se distingue par la variété extraordinaire des angles d’approche au thème choisi. Une présentation rapide de tous les articles permet d’énumérer une quinzaine de disciplines, à savoir : la sociologie, avec Benjamin Braude qui étudie la perception de la différence entre peau blanche et peau noire dans le monde grec et dans le proche Orient ; l’anthropologie, avec Jackie Pigeaud qui analyse la conception de la peau comme frontière, une conception bien attestée à partir de la civilisation grecque jusqu’à l’époque de la Renaissance ; la médecine ancienne, avec Vincent Barras qui étudie la peau dans le système médical de Galien (fin du IIe siècle) ; la médecine médiévale occidentale, avec Danielle Jacquart qui étudie le discours sur la peau chez les médecins de la fin du Moyen Âge, et aussi la médecine médiévale orientale, avec Eric Marié qui propose une étude sur la dermatologie chinoise au XIVe siècle ; la science médiévale, avec Peter Boller qui étudie les théories formulées à propos des femmes à la peau noire ; l’histoire des costumes, avec Philippe Mudry qui propose une enquête sur le maquillage dans la Rome ancienne, à travers des sources latines, telles Pline l’Ancien, Juvénal, Martial, Pétrone et, bien évidemment, Ovide ; l’art, avec Jean Wirth qui étudie la représentation de la peau dans l’art médiéval ; la spiritualité, avec Niklaus Largier qui insiste sur l’articulation dynamique entre l’expérience sensorielle et le domaine de la prière et de la contemplation ; l’hagiographie, avec Jean-Yves Tilliette qui consacre son étude aux saintes pénitentes et à la représentation de leurs corps martyrisés, et Nicole Bériou qui présente les sermons du XIIIe siècle dédiés à saint Barthélemy, le saint qui a fait de la peau l’objet même de son martyre ; le domaine juridique et diplomatique, avec Michel Pastoureau qui présente un répertoire documentaire presque totalement inconnu, constitué de cent mille contre-sceaux constitués d’empreintes digitales ; la sémiotique, avec Danielle Chaperon qui étudie l’utilisation, en rapport au corps et aux gestes, des bijoux faits avec les cheveux au XIXe siècle ; la psychanalyse, avec Philippe Kaenel qui analyse l’interprétation freudienne du Moïse de Michel-Ange ; le folklore indigène amérindien, avec Luigi Lazzerini qui présente une pratique attribuée aux sorciers sud-américains consistant à sucer la graisse de la peau des victimes, une pratique qu’en réalité ils auraient héritée, d’après son hypothèse, des conquistadores. D’autres pratiques rituelles concernant la peau sont étudiées par Elisheva Baumgarte, notamment la circoncision dans la tradition juive, par Denis Bruna et Guido Guerzoni qui analysent les représentations et les documents concernant les tatouages au Moyen Âge. D’autres contributions sont concentrées sur l’analyse terminologique : Anne Grondeux présente les dénominations médiolatines de la peau humaine, cutis et pellis,auxquels s’ajoute corium, qui se réfère pourtant à la peau animale, et leurs différences de sens et d’emploi. À ces termes, Francesca Mencacci ajoute le mort scortum, lié à la racine indo-européenne *(s)ker-, « couper », racine commune à corium et cortex, en montrant comment la signification originaire de « peau » passe, à travers un glissement sémantique de caractère métonymique, à indiquer la « prostituée », c’est-à-dire « la personne qui met son propre corps à disposition des autres ».
2Le domaine de la littérature médiévale, enfin, occupe une place de tout premier plan. Danielle Régnier-Bohler traite les discours de la peau dans la littérature médiévale en langue vernaculaire ; Jacqueline Cerquiglini-Toulet étudie la symbolique du passage du temps chez le poète du Moyen Âge, un thème où la peau constitue le « support » matériel de ce passage, et donc le miroir de l’homme face à lui-même ; Yasmina Foehr-Janssens étudie les métaphores qui relèvent de la sémantique de la peau dans la poésie personnelle des XIIe et XIIIe siècles.
3Nous voudrions conclure cette brève présentation en reprenant une citation suggestive d’Odon de Cluny (Xe siècle), tirée de ses Collationes (PL 133, col. 556), un texte qui a été évoqué par Anne Grondeux (p. 124, note 52). Nous reprenons la citation dans la traduction française proposée par Louis Réau (Iconographie de l’Art chrétien, tome III, p. 59) : « La beauté du corps est tout entière dans la peau ; en effet, si les hommes voyaient ce qui est sous la peau, la vue seule des femmes leur serait nauséabonde. Considérez ce qui se cache dans les narines, dans la gorge, dans le ventre : saleté partout. Et nous qui répugnons à toucher même du bout du doigt de la vomissure ou du fumier, comment donc pouvons-nous désirer serrer dans nos bras le sac d’excréments lui-même ? ».
Pour citer cet article
Référence électronique
Mattia Cavagna, « Micrologus. Natura, scienze e società medievali, XIII. La pelle umana », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], Recensions par année de publication, mis en ligne le 01 septembre 2008, consulté le 16 mai 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/crmh/1023 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/crm.1023
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