Branden W. Joseph, Random Order : Robert Rauschenberg et la néo-avant-garde
Bruxelles : (SIC), 2012, 332p. ill. 23 x 16cm
Index
ISBN : 9782930667027. _ 25,00 €
Trad. d’Anaël Lejeune, Olivier Mignon, Raphaël Pirenne
Texte intégral
1Traduction en français d'un ouvrage de Branden W. Joseph (enseignant d’art moderne et contemporain à l’Université de Columbia), édité en 2003 par le MIT Press, Random Order n’est pas à proprement parler un essai sur Robert Rauschenberg. Il s’agit bien plutôt d’une approche critique, à travers l’analyse des enjeux idéologiques présidant à l’avènement de ses œuvres des premières décennies (1950 et 1960), de la réception de l’œuvre de Robert Rauschenberg, ainsi que d’une tentative pour asseoir théoriquement le concept de néo-avant-garde et, plus largement, une subjectivité postmoderne.
2Prenant ses distances avec la ligne de pensée de l’Ecole de Francfort, Branden W. Joseph se tourne d’une part, vers Gilles Deleuze et Félix Guattari et, d’autre part, vers Michael Hardt et Toni Negri (et leur notion d’« empire ») pour envisager l’œuvre de Robert Rauschenberg non comme dernier avatar d’une histoire de l’avant-garde (et du capitalisme) mais comme symptôme du passage d’une société disciplinaire à une société de contrôle (et à un néo-capitalisme) caractérisée par l’absence d’extériorité stable et autonome. Robert Rauschenberg, dans son lien à John Cage, donnerait à voir la manière dont le principe de différence peut (et doit) être envisagé comme une force positive. Loin d’une esthétique du choc, Robert Rauschenberg privilégierait la négociation avec l’altérité, la combinaison, l’assemblage, l’interaction entre les domaines, ainsi qu’en témoignent exemplairement ses collaborations et ses performances au Black Mountain College. C’est alors vers Yvonne Rainer, et plus en amont vers Antonin Artaud, qu’il faut se tourner pour envisager les fondements critiques de l’art de Robert Rauschenberg : la pratique artistique comme « théâtre de la répétition » menant à bousculer la notion de représentation et rendant mouvante la frontière entre l’art et la vie. La thèse, assurément convaincante, suit un cheminement subtil qui permet, au détour, de redéployer des pans entiers de l’histoire de l’art moderne et de mettre en perspective nombre de pratiques contemporaines.
Pour citer cet article
Référence électronique
Anne Creissels, « Branden W. Joseph, Random Order : Robert Rauschenberg et la néo-avant-garde », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 01 juin 2014, consulté le 23 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/critiquedart/8057 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/critiquedart.8057
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