Le Désordre des choses : l’art et l’épreuve du politique

Montréal : Esse, 2019, 239p. ill. en noir et en coul. 24 x 17cm
ISBN : 9782980905292
Sous la dir. de Marie-Eve Charron, Thérèse St-Gelais. Préf. de Sylvette Babin
Texte intégral
1Cet ouvrage renouvelle le sujet des relations entre art et politique, en posant la question de l’engagement citoyen quand celui-ci prend la forme d’une désobéissance civile. Le Désordre des choses accompagne l’exposition éponyme tenue à la Galerie de UQAM (2012), qui rassemblait les œuvres de jeunes artistes canadien∙ne∙s, agissant dans différents espaces institutionnels : la prison, l’entreprise et l’espace public. Organisée par Marie-Eve Charron et Thérèse St-Gelais, elle prenait, pour point de départ et comme moment de désobéissance civile, la révolte des étudiants contre la hausse brutale des frais de scolarité et son ampleur consécutive dans le débat public. Cet événement donna lieu à des positions anti néolibérales et prit le nom de Printemps érable. Alors que la première partie de l’ouvrage s’apparente à un catalogue exposition, la seconde réunit des essais. La question de la représentation de la diversité dans les institutions artistiques y constitue un fil rouge. Ainsi, Laura Morali restitue la vie de la poétesse innue Joséphine Bacon. Si la narration de soi constitue une façon de faire inscrite dans les avant-gardes européennes, son potentiel politique tiendrait à l’opposition que met en jeu la voix des opprimé∙e∙s à un système de représentation dans les sociétés postcoloniales occidentales basées sur l’exclusion des sujets dits racisés. Parmi les auteur∙e∙s sollicité∙e∙s et qui mettent en avant des cadres féministes et décoloniaux, Agnès Bertholot-Raffard s’intéresse au traitement du patrimoine subsaharien par l’Occident. Elle suggère qu’il existerait une position d’injustice épistémique au regard de l’Afrique. Le dilemme des artistes face à l’institution artistique, entre « retrait » et « engagement » (p. 113) constitue un autre questionnement récurrent dans l’ouvrage. L’essai de la philosophe Chantal Mouffe met ces positionnements en perspective des théories marxistes. Bien que considérant l’institution comme un espace hégémonique, elle interroge le paradoxal potentiel d’émancipation qui peut émerger des postures d’engagement quand les artistes se confrontent à l’institution. En somme, l’ouvrage, assez clair, présente d’intéressantes études de cas historiques, une pièce littéraire, un entretien, des essais théoriques, autant de textes qui sont informés par des outils théoriques rappelant l’importance outre-Atlantique des questionnements sur les politiques de l’identité.
Pour citer cet article
Référence électronique
Marine Schütz, « Le Désordre des choses : l’art et l’épreuve du politique », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 30 novembre 2021, consulté le 17 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/critiquedart/68381 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/critiquedart.68381
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