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2019

Tessa Mars : Ile modèle, Manman zile, Island template

Solène Bollez
Tessa Mars : Ile modèle, Manman zile, Island template
Tessa Mars : Ile modèle, Manman zile, Island template

Paris : Naima ; Haïti : Le Centre d’Art, 2019, 154p. ill. en coul. 28 x 22cm, fre/eng

ISBN : 9782374400976. _ 29,00 €

Textes de Carlo A. Célius, Christopher Cozier, David Frohnapfel, T. Mars, Veerle Poupeye, Barbara Prézeau-Stephenson

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Texte intégral

1Le centre d’art de Port-au-Prince présente un catalogue monographique consacré au travail de Tessa Mars. Née à Haïti en 1985, elle voyagera beaucoup en tant que jeune adulte et ne retournera sur l’île qu’en 2006. A travers l’autoreprésentation, Tessa Mars exprime différentes facettes de l’« identité », pilier central de sa production artistique. Elle traite de son identité en tant que femme : enfant, elle subit des abus sexuels et comme toute femme de ce monde, elle est régulièrement sujette à des discriminations dues à son sexe. Elle exprime cette condition à travers des représentations de corps, presque exclusivement féminins, nus et en désaccord avec les canons de la beauté du XXIe siècle. Ou encore, en exposant des peintures de vagins au centre de la place publique pour dénoncer les tabous et la honte associés à la sexualité féminine dans la société haïtienne. Son interrogation identitaire passe aussi par son appartenance à un territoire. Tessa Mars donne une grande importance à l’histoire d’Haïti et des Caraïbes au sein de ses œuvres. Son alter ego Tessalines est d’ailleurs nommé ainsi en référence au héros de l’indépendance, Jean-Jacques Dessalines. La référence à la légende de Cappoix-la-Mort dans l’œuvre Dress Rehearsal – November Rituals, ainsi que la présence fréquente de motifs floraux et de couleurs vives, typiques de l’art haïtien, renforcent cette appartenance à une culture et à un territoire. L’identité familiale est un autre point essentiel dans la production artistique de Tessa Mars. Elle et sa mère écrivaine s’entraident, se conseillent et s’inspirent mutuellement au cour du processus de création. De plus, à travers la représentation de symboles vaudous, Tessa Mars donne une place non négligeable à cette pratique transmise par la famille. Ses parents ne sont pas vodouisants, mais il est important pour elle de pérenniser et transmettre ces connaissances qui souvent, sautent une génération. S’ajoute aussi à son interrogation identitaire, les événements imprédictibles de la vie. Tessa Mars a été victime d’un accident de voiture qui, à l’instar de Frida Kahlo, l’a immobilisée et a provoqué son envie de représenter si fréquemment son corps. Finalement, la production artistique de Tessa Mars est une critique sociale qui évolue au gré de la construction de son identité. Son alter ego Tessalines lui permet d’exprimer toutes les facettes de son identité sans limite. Personnage féminin « violent », « malicieux », « animal », « survivant » et « victorieux », Tessalines, telle une super héroïne, naît de traumatismes et représente Tessa Mars à son extrême puissance.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Solène Bollez, « Tessa Mars : Ile modèle, Manman zile, Island template », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 30 novembre 2021, consulté le 25 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/critiquedart/67731 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/critiquedart.67731

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