1Les courants minimaliste et postminimaliste sont actuellement revisités dans la littérature spécialisée sur l’art moderne et contemporain. S’il est vrai que ces regroupements s’appuient sur une série de traits distinctifs – tels que le réductionnisme géométrique, l’autoréflexivité du fait artistique ou encore la critique du formalisme greenbergien –, la trajectoire de leurs protagonistes délie les poncifs du « style ». Dans ce contexte, le catalogue de l’exposition Robert Morris: The Perceiving Body (2020) qui s’est déroulée du 8 février au 26 avril 2020 au Mudam Luxembourg (musée d’Art moderne Grand-Duc Jean), puis du 6 juin au 27 septembre 2020 au musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Etienne, se penche sur cette œuvre singulière. Le texte du critique d’art et commissaire d’exposition indépendant Jeffrey Weiss contextualise les champs d’intérêt de l’artiste, en expliquant notamment de quelle manière le mouvement du corps est devenu une préoccupation centrale dans ses sculptures. Le texte de l’historienne de l’art Caroline A. Jones se focalise sur la dimension matérielle de l’œuvre, et plus particulièrement sur l’usage des miroirs, en expliquant que cet usage exacerberait les tensions entre les espaces physiques et mentaux. Un témoignage de Simone Forti (ex-femme de Robert Morris et chorégraphe émérite) fournit quelques éléments biographiques. Un entretien entre Bernard Ceysson (ex-directeur du musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne) et Alexandre Quoi (conservateur en chef du musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Etienne) revient sur sa première exposition personnelle dans un musée français, qui eut lieu justement à Saint-Etienne en 1974. Le texte de la doctorante en histoire de l’art Courtney Fiske analyse l’œuvre de façon transversale, en esquissant une chronologie préliminaire. Trois essais de Robert Morris complètent cette approche théorique et biographique : « Notes sur la sculpture : partie 1 » (1966), « Quelques notes sur la phénoménologie de la production : la recherche du motivé » (1970) et « Le présent de l’espace » (1978). Ne nous le cachons pas : une telle entreprise intervient à un point nommé, puisqu’elle canonise le parcours artistique d’une vie qui s’est éteinte le 28 novembre 2018. Véritable mine d’informations, ce catalogue est indispensable à quiconque souhaite s’intéresser à l’œuvre de Robert Morris.