• 1 Franz Erhard Walther: Shifting Perspectives (sous la dir. de Jana Baumann), Berlin : Hatje Cantz, 2 (...)

1Le catalogue de l’exposition Franz Erhard Walther: Shifting Perspectives (2020) qui s’est tenue du 6 mars au 2 août 2020 à la Haus der Kunst de Munich, en partenariat avec la Franz Erhard Walther Foundation, est particulièrement dense. Tout d’abord, il documente méthodiquement l’œuvre de Franz Erhard Walther sur une période allant de 1958 à 2009, à l’aide de photographies, de dessins, de maquettes et de courts textes descriptifs. La structure chronologique et thématique de l’ouvrage rend véritablement justice à sa démarche artistique, en ceci qu’elle explicite comment les sujets phares de son œuvre se sont construits et mutuellement renforcés au fil du temps. Par exemple, ses positionnements en faveur d’une sculpture participative et sa problématisation subséquente du dualisme sujet/objet sont présentés avec une grande acuité. Trois textes rédigés par Gregor Quack, Jana Baumann et Gaëtane Verna, un entretien de Franz Erhard Walther avec Kolja Reichert, et quatre témoignages de ses anciens étudiants (à savoir Stef Heidhues, John Bock, Christian Jankowski et Peter Piller) sont au sommaire du catalogue. Des éléments biographiques et contextuels y sont retranscrits : son enfance dans la ville de Fulda, sa formation, la réception critique de son œuvre en Allemagne de l’Ouest, puis dans la ville de New York dans les années 1960 et 1970, sa pédagogie en tant que professeur à l’université des beaux-arts de Hambourg (HFBK), et bien d’autres aspects y sont abordés. A notre sens, le texte « The Social Fabric : Postwar Sociability and Textile Politics in the Work of Franz Erhard Walther » de Gregor Quack se démarque vis-à-vis des autres textes, puisqu’il introduit un ensemble de références directement tirées du contexte sociohistorique et politique dans lequel l’artiste s’est formé. Un contexte dans lequel « les intellectuels et les jeunes issus de l’Allemagne de l’Ouest étaient désireux de réévaluer et de remettre en question les institutions les plus fondamentales, les valeurs communes et l’attitude sociale qui caractérisent une société libérale et démocratique »1. Or, cet aspect de l’œuvre de Franz Erhard Walther, qui fait écho à un métarécit d’ordre libéral dans un monde de l’art allemand dominé par la radicalité discursive des avant-gardes historiques, est intéressant à plus d’un titre : d’une part, il met en lumière l’ambivalence de sa pratique artistique qui oscille entre la volonté de promulguer un art participatif et celle de canaliser chaque action à l’intérieur d’ensembles prescrits, d’autre part, cet aspect dévoile les failles de sa réception critique, suivant que l’on observe son parcours artistique depuis l’Allemagne ou les Etats-Unis. En outre, l’ouvrage comprend une bibliographie, une liste d’expositions et une liste d’œuvres qui permettent de compléter et d’enrichir nos connaissances et nos réflexions personnelles.