Antoine Idier, Pureté et impureté de l’art : Michel Journiac et le sida

Rennes : Sombres torrents, 2019, 65p. ill. en noir et en coul. 19 x 12cm
ISBN : 9782490241057. _ 8,00 €
Texte intégral
1L’impact du Sida sur la création et le milieu artistique français demeure un sujet quasiment inédit. Pour d’autres pays, en particulier les Etats-Unis ce même sujet a fait l’objet de plusieurs parutions et études. On ne peut ainsi que saluer la publication de Pureté et impureté de l’art. Michel Journiac et le Sida. Au cours des années 1980 et 1990, la France, dans le domaine médical, fut l’un des pays les plus actifs afin d’identifier le virus (1983), permettre son diagnostic (1985) et trouver un traitement (expérimentation autour de l’AZT et des trithérapies) repoussant la fatalité de la maladie sans pour autant la guérir. Mais qu’en est-il des réactions des artistes ? Antoine Idier s’intéresse dans cet ouvrage à la pratique de Michel Journiac des années 1980 jusqu’à sa mort en 1995. L’artiste, dont les recherches ont dès ses débuts porté un intérêt particulier au corps et à la sexualité, fut logiquement marqué par la crise engendrée par l’apparition du virus. Rituel de transmutation, œuvre de 1993 constituée de 12 étapes/rituels ayant pour thèmes le sang, la maladie et la mort, caractérise l’exemple type de l’influence du VIH dans la pratique de Michel Journiac à l’époque même du scandale du sang contaminé et d’une épidémie non maîtrisée en France. Outre sa propre production, Michel Journiac souhaitait rassembler des artistes autour d’un projet intitulé « Les créateurs face au Sida », mais l’exposition n’aura pas lieu. Pourquoi ? Antoine Idier évoque alors un monde de l’art français dépolitisé dans lequel Michel Journiac reste finalement marginalisé, à l’instar d’autres initiatives telles que celle du cinéaste Lionel Soukaz qui ne rencontrera que peu d’écho auprès des institutions et professionnels de l’art. En se focalisant sur Michel Journiac, Antoine Idier dévoile non seulement un pan méconnu de la carrière de l’artiste, une période moins étudiée par rapport aux années 1970, mais soulève aussi une réflexion salutaire sur l’art en France pendant les premières années du Sida.
Pour citer cet article
Référence électronique
Adam Evrard, « Antoine Idier, Pureté et impureté de l’art : Michel Journiac et le sida », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 04 juin 2021, consulté le 13 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/critiquedart/62141 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/critiquedart.62141
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